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12 avril 2018 /www.leparisien.fr*
Touchés
par de nombreuses crises, les agriculteurs sont souvent en grande
détresse, à la fois financière et humaine. Pour les aider, Réagir 60
voyait le jour il y a un an. Son but : éviter les drames de vie.
C’est
un sujet tabou. Chez les agriculteurs, encore plus. Pourtant, peu
importe leur secteur d’activité, beaucoup sont concernés, notamment en
raison des crises économiques par lesquelles ils sont frappés. Prix du lait, désastre des moissons de 2016…
Mais c’est chez les éleveurs que l’inquiétude est la plus grande : «
plus de 30 d’entre eux ont dû arrêter leur exploitation l’an dernier
dans le département », déplore Régis Desrumeaux, secrétaire général de
FDSEA 60 (Fédération départementale des syndicats d’exploitants
agricoles de l’Oise) et éleveur à Offoy.
« On a laissé nos collègues aller trop loin dans la difficulté », regrette l’un d’entre eux. Une situation que confirment les chiffres de la MSA (mutualité sociale agricole) : entre 2014 et 2016, le taux d’exploitants picards ayant un revenu inférieur à 4 315 € par an a plus que doublé. C’est pourquoi, il y a un an, la chambre d’agriculture de l’Oise créait l’association Réagir 60. Pour apporter une aide, à la fois psychologique et organisationnelle.
Réagir 60 ne dispose toutefois d’aucun moyen financier. Son mode d’action ? L’échange et le collectif. Ainsi, pour éviter d’en arriver au drame, l’association a regroupé tous les acteurs du secteur. Coopératives, fournisseurs, clients, banquiers, syndicats et MSA se retrouvent autour de la table pour réfléchir aux solutions à proposer à l’agriculteur ayant eu le courage de déposer son dossier.
Dans les cas les plus extrêmes, lorsque certains ne « peuvent plus payer les tickets de bus de leurs enfants », l’association agit dans l’urgence. « S’il faut arrêter l’élevage pour sauver les agriculteurs, nous le ferons », assure un responsable de Réagir. Cela pour éviter burn-out, tentatives de suicide ou divorces, auxquels sont bien plus confrontés les agriculteurs. Selon une récente étude de la MSA, la surmortalité par suicide chez les agriculteurs est par exemple 20 à 30 % supérieure à la moyenne de la population.
Ce suivi et cet accompagnement humain peuvent ainsi se traduire par une renégociation de prêts, des conseils de ventes… Des actions concrètes, réalisables en quelques jours. « Ils sont très efficaces. Il existe peu de structures comme ça en France », apprécie Régis Desrumeaux. Pour faire face aux demandes, l’association devrait augmenter son nombre de salariés.
Réagir 60 : 06.33.40.44.29
« On a laissé nos collègues aller trop loin dans la difficulté », regrette l’un d’entre eux. Une situation que confirment les chiffres de la MSA (mutualité sociale agricole) : entre 2014 et 2016, le taux d’exploitants picards ayant un revenu inférieur à 4 315 € par an a plus que doublé. C’est pourquoi, il y a un an, la chambre d’agriculture de l’Oise créait l’association Réagir 60. Pour apporter une aide, à la fois psychologique et organisationnelle.
150 agriculteurs dans le besoin
Cet
« Agri’collectif », comme l’appelle Guillaume Chartier, président de
l’association, a pu répondre à 17 sollicitations d’agriculteurs durant
sa première année d’existence. « Trois ont pu être réorientés avec
succès, tente-t-il de se féliciter. Mais on estime qu’au moins 150 de
nos collègues ont besoin de soutien… » Sauf que, « dans notre métier, la
honte et l’amour d’un patrimoine souvent hérité empêchent ceux en
difficulté d’en parler », témoigne un agriculteur.Réagir 60 ne dispose toutefois d’aucun moyen financier. Son mode d’action ? L’échange et le collectif. Ainsi, pour éviter d’en arriver au drame, l’association a regroupé tous les acteurs du secteur. Coopératives, fournisseurs, clients, banquiers, syndicats et MSA se retrouvent autour de la table pour réfléchir aux solutions à proposer à l’agriculteur ayant eu le courage de déposer son dossier.
Des dossiers anonymes
«
Lorsqu’un cas nous est signalé, tout se fait anonymement. On propose
des actions et un calendrier à tenir. Là, nous avons deux employées
chargées du suivi, décrit Christophe Beeuwsaert, agriculteur bénévole à
Réagir 60. Avec tous les acteurs, on a une vision globale et on dispose
de tous les leviers. On réalise un diagnostic sous un mois. »Dans les cas les plus extrêmes, lorsque certains ne « peuvent plus payer les tickets de bus de leurs enfants », l’association agit dans l’urgence. « S’il faut arrêter l’élevage pour sauver les agriculteurs, nous le ferons », assure un responsable de Réagir. Cela pour éviter burn-out, tentatives de suicide ou divorces, auxquels sont bien plus confrontés les agriculteurs. Selon une récente étude de la MSA, la surmortalité par suicide chez les agriculteurs est par exemple 20 à 30 % supérieure à la moyenne de la population.
Ce suivi et cet accompagnement humain peuvent ainsi se traduire par une renégociation de prêts, des conseils de ventes… Des actions concrètes, réalisables en quelques jours. « Ils sont très efficaces. Il existe peu de structures comme ça en France », apprécie Régis Desrumeaux. Pour faire face aux demandes, l’association devrait augmenter son nombre de salariés.
Réagir 60 : 06.33.40.44.29
Des chiffres inquiétants
88 agriculteurs ont cessé leur activité dans l’Oise entre 2015 et 2017 selon la MSA. Et 307 exploitations ont disparu en Picardie entre 2015 et 2016.
47. L’élevage de bovins a été particulièrement affecté dans l’Oise avec 47 éleveurs en moins entre 2014 et 2016, passant de 333 à 286 selon la MSA.
82 exploitants ont bénéficié en Picardie du dispositif « Remplacement » de la MSA. Mis en place en 2017, il permet d’octroyer 7 ou 14 jours de répit à un agriculteur.
70 agriculteurs ou éleveurs picards ont été accompagnés par la cellule « Horizon » de la MSA Picardie en 2017. Elle intervient en cas de risque suicidaire.
http://www.leparisien.fr/oise-60/oise-l-association-contre-le-blues-des-agriculteurs-ne-chome-pas-12-04-2018-7661010.php
88 agriculteurs ont cessé leur activité dans l’Oise entre 2015 et 2017 selon la MSA. Et 307 exploitations ont disparu en Picardie entre 2015 et 2016.
47. L’élevage de bovins a été particulièrement affecté dans l’Oise avec 47 éleveurs en moins entre 2014 et 2016, passant de 333 à 286 selon la MSA.
82 exploitants ont bénéficié en Picardie du dispositif « Remplacement » de la MSA. Mis en place en 2017, il permet d’octroyer 7 ou 14 jours de répit à un agriculteur.
70 agriculteurs ou éleveurs picards ont été accompagnés par la cellule « Horizon » de la MSA Picardie en 2017. Elle intervient en cas de risque suicidaire.
http://www.leparisien.fr/oise-60/oise-l-association-contre-le-blues-des-agriculteurs-ne-chome-pas-12-04-2018-7661010.php