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vendredi 16 août 2024

ETUDE RECHERCHE USA Un traitement non pharmacologique de l'insomnie axé sur le sommeil peut réduire le risque de suicide

D après article To Lower Suicide Risk, Treat Troubled Sleep  Clinique et recherche  Publié en ligne : 24 juillet 2024  Lynne Lamberg dans Publication: Psychiatric News* Volume 59, Number 08 https://doi.org/10.1176/appi.pn.2024.08.8.27


Pour réduire le risque de suicide, traitez les troubles du sommeil
De brèves conversations sur les problèmes de sommeil peuvent aider les gens à mieux dormir en quelques jours et à améliorer leur humeur.

Un traitement non pharmacologique de l'insomnie axé sur le sommeil peut réduire le risque de suicide chez les vétérans de l'armée et les civils, selon les résultats d'une étude présentés lors de la réunion annuelle de l'American Academy of Sleep Medicine et de la Sleep Research Society, qui s'est tenue à Houston en juin.
Les personnes ayant des idées suicidaires font plus souvent état d'insomnies, de cauchemars et d'horaires de sommeil variables que les personnes n'ayant pas d' idées suicidaires, a déclaré Rebecca Bernert, fondatrice du laboratoire de recherche sur la prévention du suicide de Stanford, lors d'un symposium sur le sommeil, les troubles psychiatriques et la suicidalité. Le manque de sommeil est un facteur de risque nouvellement reconnu pour les idées suicidaires, les tentatives de suicide et la mort par suicide, a-t-elle fait remarquer. Faire en sorte que les personnes présentant un risque de suicide bénéficient d'un traitement reste un défi majeur, a déclaré Mme Bernert, qui est également professeur adjoint de psychiatrie et de sciences du comportement à la faculté de médecine de l'université de Stanford. La crainte d'une hospitalisation d'office, la stigmatisation perçue et les répercussions professionnelles ou sociales dissuadent souvent les gens de demander de l'aide pour des problèmes de santé mentale.
En outre, les traitements sélectifs pour la prévention du suicide restent rares et mal adaptés au moment aigu d'une crise suicidaire, a-t-elle déclaré.
En comparaison, de brèves conversations sur les problèmes de sommeil peuvent aider les gens à mieux dormir en quelques jours et à améliorer leur humeur, a déclaré Bernert à Psychiatric News. « Cela fait du sommeil une nouvelle cible thérapeutique très prometteuse pour la prévention du suicide », a-t-elle déclaré. Les gens considèrent également le manque de sommeil comme un problème médical important et non stigmatisant qui justifie un traitement.
« Les taux de suicide ont augmenté ces dernières années chez les anciens combattants, qui meurent par suicide à des taux élevés par rapport à la population générale », a-t-elle fait remarquer. « Nous avons besoin de toute urgence de stratégies de prévention plus efficaces et plus largement disponibles.
Mme Bernert a dirigé deux équipes de chercheurs de la faculté de médecine de l'université de Stanford et du VA Palo Alto Health Care System, qui ont mis au point et testé de brèves interventions comportementales sur le sommeil, adaptées respectivement aux populations militaires et civiles. Les chercheurs ont eu recours à une surveillance des risques de pointe pour garantir la sécurité des participants dans les deux études.

Dans l'étude militaire, le projet SERVE (Sleep Enhancement for Returning Veterans), l'équipe de recherche a recruté 77 vétérans ayant servi en Afghanistan, en Irak et même au Vietnam. Les participants étaient âgés de 23 à 74 ans, avec un âge moyen de 45 ans. Le groupe était composé à 85 % d'hommes, à 57 % de Blancs et le reste d'autres ethnies. Tous les participants présentaient des troubles du sommeil cliniquement significatifs ainsi qu'une dépression définie par le DSM-5 ou des idées suicidaires.
Les chercheurs ont randomisé la moitié des participants pour qu'ils reçoivent quatre séances hebdomadaires de 90 minutes en personne d'un traitement actif, la thérapie cognitivo-comportementale pour l'insomnie (CBTi) accompagnée d'un traitement de répétition par l'imagerie (IRT). Les autres ont reçu le traitement de l'insomnie basé sur l'éveil (ABTI), précédemment identifié comme un contrôle actif fictif approprié. Les deux groupes ont suivi le même protocole et ont été appariés en termes de nombre de séances de traitement, de devoirs et de contacts avec le thérapeute. Après la levée de l'aveugle, les chercheurs ont proposé un traitement actif aux participants assignés au groupe témoin.
 
Le sommeil aide à réguler les fonctions neurobiologiques associées aux idées suicidaires, telles que l'humeur positive et négative, le contrôle cognitif et l'impulsivité, explique le docteur Daniel Buysse.
Les participants au traitement actif ont discuté des moyens d'améliorer leur sommeil et de réduire les rêves et les cauchemars dérangeants. Les cauchemars sont fortement associés au risque de suicide, au-delà de la dépression, a déclaré le Dr Bernert, et sont également très faciles à traiter. Le groupe de contrôle ABTI a reçu un traitement de pseudo-désensibilisation à l'insomnie, qui comprenait une éducation au sommeil sans aucune composante CBTi ou IRT.

À la fin du traitement, les participants du groupe CBTi-IRT ont montré une réduction significative des idées suicidaires. Ils ont également montré des améliorations globales du sommeil, de l'humeur et des indices de stress par rapport aux participants du groupe ABTI. Ces bénéfices ont persisté lors d'une visite de suivi de deux mois.

Dans la seconde étude, iSleep (Insomnia Treatment for Improved Well-Being), les chercheurs ont cherché à réduire les idées suicidaires chez les civils à haut risque dans le cadre d'un essai clinique ouvert. Après avoir sélectionné plusieurs centaines de personnes, ils ont enrôlé 35 participants, qui présentaient tous des idées suicidaires. Tous étaient qualifiés pour des troubles du sommeil cliniquement significatifs et une dépression définie par le DSM-5.
Les participants à iSleep étaient âgés de 20 à 70 ans, avec un âge moyen de 42 ans. Le groupe était composé à 60 % de femmes, 57 % de Blancs et le reste d'autres ethnies.Ce groupe a bénéficié de cinq séances hebdomadaires de 90 minutes comprenant la TCCi et l'IRT, ainsi que le traitement des rythmes sociaux (SRT), une thérapie axée sur le renforcement de la régularité du sommeil, de l'alimentation et des activités sociales.Les participants à l'étude iSleep ont montré une réduction significative des idées suicidaires et de la dépression après le traitement, ainsi qu'une amélioration du sommeil et du bien-être général. Les premiers résultats des effets thérapeutiques ont montré des réductions post-traitement de plus de 85 % des symptômes suicidaires. Les participants ont conservé ces avantages au cours des trois mois de suivi de l'étude.Ces études sont les premiers tests connus d'un traitement bref, multicomposant et non médicamenteux de l'insomnie évalué dans le cadre d'un essai clinique de prévention du suicide chez des vétérans militaires et des civils à haut risque, a noté Bernert. Les deux études montrent que les personnes ayant des idées suicidaires peuvent être traitées efficacement et en toute sécurité dans le cadre d'un essai clinique ambulatoire, a-t-elle ajouté. Aucun événement indésirable n'a été signalé dans les deux études, ce qui confirme la faisabilité et l'innocuité des interventions.
Le sommeil et les rythmes circadiens aident à réguler les fonctions neurobiologiques clés qui sous-tendent les idées suicidaires, telles que l'humeur positive et négative, le contrôle cognitif et l'impulsivité, a déclaré à Psychiatric News le docteur Daniel Buysse, président de la Sleep Research Society. Il est logique, selon lui, que l'amélioration du sommeil et des rythmes perturbés puisse élever l'humeur et réduire les pensées et les comportements suicidaires. Le professeur Buysse est professeur émérite de psychiatrie, de médecine et de sciences cliniques et translationnelles, et titulaire de la chaire de médecine du sommeil du centre médical de l'université de Pittsburgh. Il n'a participé ni au projet SERVE ni à iSleep.Ses principales sources de financement ont été les National Institutes of Health et le ministère de la défense.

Ressources

Psychiatric News
Volume 59 • Numéro 08 • 1er août 2024 – 31 août 2024
Histoire
Mise en ligne : 24 juillet 2024
Publié sous forme imprimée : 1er août 2024 – 31 août 2024

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https://psychiatryonline.org/doi/10.1176/appi.pn.2024.08.8.27 

lundi 10 juin 2024

ETUDE RECHERCHE Grande interview : etude sur les tentatives de suicide chez les moins de 15 ans

« 80% des tentatives de suicide chez les moins de 15 ans sont réalisées par des jeunes femmes. »

Grande interview
« 80% des tentatives de suicide chez les moins de 15 ans sont réalisées par des jeunes femmes. »
Publié le 3 juin 2024 https://www.fondation-fondamental.org*

Richard Delorme, responsable du centre d’excellence pour l’autisme et les troubles du neurodéveloppement (InovAND) et du service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent de l’hôpital Robert Debré à Paris, et chercheur à l’Unité de Génétique Humaine et Fonction Cognitive à l’Institut Pasteur à Paris.
Pouvez-vous nous parler de votre étude récente sur le suicide chez les jeunes et de ce qui l’a motivée ?

Tout a commencé avec la pandémie de Covid-19. En tant que pédopsychiatre, j’étais préoccupé par le nombre croissant de passages aux urgences. Il était surprenant de constater l’absence de données chiffrées, malgré la sensation qu’il se passait quelque chose d’inhabituel chez les enfants. L’enjeu majeur était de comprendre la réalité des faits.

C’est ainsi qu’est né le projet QIM Cassandre, Question d’Intérêt Majeur pour la santé mentale des jeunes franciliens (Région Île-de-France), visant à obtenir des informations fiables et, dans une deuxième phase, à prévenir et accompagner les jeunes en situation de vulnérabilité.
À ce moment-là, des études internationales émergeaient, notamment d’Asie et des pays anglo-saxons, confirmant nos intuitions en France. Elles signalaient une augmentation marquée des tentatives de suicide chez les jeunes, tout particulièrement les 18-25 Ans mais aussi les moins de 15 ans.

Pour répondre à ces enjeux, nous avons collaboré avec la région Île-de-France, l’AP-HP, Santé Publique France, les pouvoirs publics, et la Fondation FondaMental. Nous avons mené en premier lieu l’étude ENABEE pour évaluer la prévalence des troubles chez les 6-11 ans et créer un baromètre de santé. Nous avons également analysé les données hospitalières avec les ingénieurs de l’entrepôt de données de santé de l’AP-HP pour vérifier s’il y avait une augmentation des passages aux urgences et des hospitalisations liées aux tentatives de suicide.

Avec la Fondation FondaMental, nous avons également participé au développement d’outils digitaux disponibles en ligne - pour informer et soutenir les jeunes. Nous avons également créé avec l’institut Robert Debré du Cerveau de l’Enfant, le site clepsy.fr

pour accompagner les familles et les enfants à risque suicidaire ou ayant des idées suicidaires.
Comment collecter et analyser les données relatives à ce phénomène ? Quelle a été la méthodologie utilisée ?


Nous avons publié plusieurs études à ce sujet. Une première étude pilote, publiée en 2021 dans la revue JAMA Network, s’est concentrée sur les urgences. Nous avons examiné la prévalence des passages et leurs caractéristiques en tenant compte des effets de saisonnalité, car certaines périodes de l’année enregistrent plus de tentatives de suicide.

Notre objectif était de comprendre si la crise du Covid-19 avait engendré un phénomène indépendant ou si ce que nous observions s’inscrivait dans une simple continuité d’une tendance préexistante d’augmentation des tentatives de suicide chez les jeunes.

Une seconde étude, basée uniquement sur les données de l’entrepôt de santé de l’AP-HP, a été publiée récemment. Sans prérequis ni cohorte définie, nous avons analysé les données recueillies dans le parcours de soin des patients hospitalisés à l’AP-HP pour identifier les caractéristiques des patients et mesurer l’augmentation des tentatives de suicide ayant entraîné une hospitalisation à l’AP-HP durant cette période.

Nous avons utilisé les dossiers d’hospitalisation et les comptes rendus textuels des patients, intégrant l’intelligence artificielle (IA) pour rechercher des informations sur les tentatives de suicide, leurs antécédents personnels et familiaux. Cette analyse textuelle a permis d’identifier les cas de patients hospitalisés avant et pendant la crise du Covid-19.

Nous avons étendu l’étude à 3 millions de comptes-rendus pour étudier la prévalence des tentatives de suicide et les facteurs associés. Bien que nous n’ayons pas identifié de nouveaux facteurs de risque, nous avons confirmé des risques accrus chez les 13-20 ans, notamment chez les jeunes femmes :

Cette étude souligne que 80% des tentatives de suicide chez les moins de 15 ans sont réalisées par des jeunes femmes. Notre étude souligne par ailleurs que les femmes victimes de violences sont particulièrement à risque, faisant de la prévention des violences un enjeu majeur de santé publique. Les violences physiques, morales ou sexuelles subies durant l’enfance sont des déterminants critiques de la santé mentale et physique, en particulier chez les femmes, mais aussi chez les jeunes gens. Evidemment, certains jeunes hommes peuvent avoir d’autres comportements à risque comme lorsqu’ils ont un trouble d’utilisation de drogues ou d’alcool, et doivent bénéficier d’une attention particulière.
En quoi les résultats de votre étude peuvent-ils nous aider à mieux comprendre les causes de l’augmentation du taux de suicide, en particulier chez les jeunes femmes ?

Les tentatives de suicide sont une réalité fréquente, résultant souvent d’une combinaison de facteurs sociaux, biologiques, génétiques, endocriniens et environnementaux. Au-delà des violences, les femmes présentent une vulnérabilité accrue par rapport aux hommes. Dès leur plus jeune âge, elles sont souvent sollicitées pour accomplir des tâches domestiques, s’occuper des plus jeunes de la famille et assumer une charge mentale plus élevée.

En outre, elles subissent plus de violences, y compris le harcèlement et les nouvelles formes de violences en milieu scolaire. Ces vulnérabilités s’accumulent, amplifiant leur risque. Les jeunes femmes peuvent également être plus sensibles à certains phénomènes environnementaux ou sociaux, comme les réseaux sociaux ou les conflits. Il est bien établi que les femmes possèdent généralement une empathie plus développée que les hommes, ce qui peut les rendre plus vulnérables à la dépression et à l’anxiété.

Cette différence de vulnérabilité est visible dès l’école primaire et augmente avec l’âge. Dans l’étude Enabee, on a vu que les jeunes filles avaient très précocement une réduction forte de l’estime de soi en comparaison aux jeunes hommes. En CP, elles ont une estime de soi similaire à celle des garçons, mais en fin de primaire, il existe déjà une différence significative.
Quels mécanismes psychologiques et troubles sont impliqués ?

Les enfants traversent, notamment durant l’adolescence, de nombreux changements physiologiques, affectifs, scolaires, qui sont déterminants dans l’émergence des troubles psychiatriques. Durant cette période, l’entourage joue un rôle crucial de vigilance, de surveillance et d’accompagnement, et permet d’enclencher les actions de prévention primaire ou secondaire. Il est essentiel pour les parents ou l’entourage d’être vigilants aux changements perceptibles chez leur enfant. Il est important d’interroger son enfant. Si vous pensez que votre enfant peut avoir des idées suicidaires, alors interrogez-le. Repérer ces phases de changement est fondamental pour la prévention des tentatives de suicide.
Que dit cette étude de la vulnérabilité des jeunes face au suicide ? En quoi le Covid est-il impliqué dans ce phénomène ?

La pandémie de Covid-19 a été un accélérateur majeur et une phase critique pour la santé mentale. Cette crise a épuisé le système de soin en santé mentale – qui était déjà à l’agonie et induit l’émergence, la récidive ou l’aggravation de troubles psychiatriques chez un certain nombre d’individus.

Cette période a été particulièrement difficile pour les jeunes, qui sont déjà vulnérables en termes d’accès aux soins. Moins autonomes financièrement, ils ont plus de difficultés à obtenir l’aide nécessaire. De plus, les jeunes traversent des phases de changement importantes et de découvertes, telles que la consommation d’alcool et de drogues, les relations amoureuses, et les questionnements existentiels, ce qui les rend encore plus vulnérables.

La pandémie a souligné l’importance des stratégies de prévention en santé mentale, comme celles étudiées par le projet QIM Cassandre. la crise Covid a renforcé les convictions qu’il est nécessaire d’agir tôt et efficacement pour le bien être des générations à venir. Les jeunes ont été très touchés par la crise Covid, et je ne suis pas persuadé que nous ayons complètement tiré les enseignements des effets délétères de cette crise.
Quels sont les outils disponibles pour évaluer le risque suicidaire chez les jeunes et prévenir le passage à l’acte ?

Il existe plusieurs outils sur le site de la Fondation FondaMental conçus pour aider à la prévention du suicide, comme Ecoute Etudiants Ile-de-France, une plateforme numérique développée en 2021 avec le soutien de la Région Île-de-France, ou encore Simple+, une application de psychoéducation et d’auto-évaluation à destination des personnes vivant avec un trouble bipolaire qui permet de détecter les modifications de l’humeur et les situations d’urgence.

Dans le cadre de l’étude QIM Cassandre, une phase est dédiée aux jeunes, aux adolescents, et aux jeunes adultes pour comprendre comment les accompagner lorsqu’ils sont confrontés à des idées suicidaires.

L’application «Before Anyone Else», développée par l’équipe de Montpellier en collaboration avec la Fondation FondaMental, offre un plan d’urgence pour les jeunes, et permet un soutien aux personnes ayant des idées suicidaires. Elle propose des solutions à mettre en œuvre par soi-même, avec l’aide de l’entourage et en fonction de son environnement. Il a été prouvé que ce type d’application est efficace dans la réduction du risque suicidaire chez les jeunes.

Enfin, le site internet clepsy.fr, vise à répondre aux besoins de santé mentale des jeunes en impliquant les parents. Il fournit des outils et des ressources pour aider les parents à mieux gérer les situations de vulnérabilité mentale rencontrées par leurs enfants, améliorant ainsi leurs compétences dans ce domaine clé.
Comment pouvons-nous mieux sensibiliser le public et les professionnels de santé à l’importance de la prévention du suicide chez les jeunes ?

C’est une grande partie de la mission de la Fondation FondaMental, qui œuvre pour briser les préjugés sur la santé mentale et pour améliorer le diagnostic, la prise en charge et le traitement des maladies psychiatriques. Pionnière en France de la médecine de précision en psychiatrie, elle fait bénéficier les patients des Centres Experts qu’elle coordonne des dernières avancées de la recherche.

La santé mentale est un enjeu majeur de santé publique, dont nous souhaitons faire la Grande cause nationale en 2025. Les maladies mentales touchent 20% des Français, nous sommes donc tous concernés. Mais la notion de santé mentale ne se limite pas aux maladies mentales. Elle concerne aussi l’équilibre psychique, lui-même indissociable de la santé somatique. Chacun souhaite être bien dans sa peau et heureux dans sa vie, ce qui fait de la santé mentale une préoccupation fondamentale pour tous.

Cependant, lorsque la santé mentale se détériore, un sentiment d’exclusion peut surgir, paradoxalement, puisque 1 personne sur 5 éprouve des troubles au cours de sa vie. L’objectif est donc de combattre la stigmatisation, de libérer la parole, de développer des organismes dédiés à la santé mentale pour aider les gens à sortir de leur isolement.

Bien qu’il y ait une prise de conscience, l’accès aux soins reste difficile. Le digital joue un rôle croissant en santé et en santé mentale. Pour les personnes isolées qui peinent à consulter des professionnels formés, le digital offre un accès direct à des informations de qualité chez soi, ainsi qu’à des outils utiles pour soi-même ou pour ses proches.

https://www.fondation-fondamental.org/actualites/80-des-tentatives-de-suicide-chez-les-moins-de-15-ans-sont-realisees-par-des-jeunes

 

AUTOUR DE LA QUESTION AUTRE ARTICLE  :


Les outils numériques au service du suivi des tentatives de suicide
 
L'équipe de rédaction de MEDADOM*
30 mai 2024

Saviez-vous que la France présentait l’un des taux de suicide les plus élevés en Europe ? C’est dire combien ce sujet représente un enjeu majeur de santé publique, particulièrement depuis la pandémie de Covid-19 qui a eu un impact considérable sur le moral des français. D’où l’importance de suivre de près l’état de santé mentale de la population. C’est le sens des travaux menés par des chercheurs parisiens qui ont développé de nouveaux outils numériques pour mieux suivre la santé mentale des habitants de la région Île-de-France. Zoom sur les résultats de leur étude récemment publiée dans la revue NPJ Mental Health Research.

Tentatives de suicide : un réel problème de santé publique

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), plus de 700 000 personnes se suicident chaque année dans le monde. Et à l’échelle européenne, la France présente l’un des taux de suicide les plus élevés. Ce constat est d’autant plus inquiétant que le suicide concerne toutes les tranches d’âge y compris les jeunes de 15 à 24 ans chez qui il représente aujourd’hui la seconde cause de mortalité.

C’est dire combien ce sujet représente un enjeu majeur de santé publique, particulièrement depuis la pandémie de Covid-19 qui a eu un impact considérable sur le moral des français. D’où l’importance de suivre de près l’état de santé mentale de la population.

De l’importance de surveiller les tentatives de suicide

Pandémie de Covid-19 : quel impact sur le risque suicidaire ?

C’est le sens des travaux menés par des chercheurs de l’institut Pasteur et des équipes de l’AP-HP qui ont tenté d’identifier de nouveaux paramètres épidémiologiques relatifs à la santé mentale des populations en temps de crise. L’objectif affiché ? Mieux comprendre l’impact de la pandémie de Covid-19 sur le risque suicidaire des habitants d’Île-de-France.

De nouveaux outils numériques pour suivre les tentatives de suicide

Pour cela, les chercheurs ont mis au point de nouveaux outils numériques exploitant les capacités d’un algorithme d’intelligence artificielle développé par un « data scientist ». Ces outils numériques ont ainsi été capables d’analyser de façon automatique des millions de données contenues dans près de trois millions de dossiers médicaux informatisés issus de 15 hôpitaux différents de l’AP-HP.

Ces données figuraient dans « l'entrepôt de données de santé » de l'AP-HP. Il s’agit d’une plateforme sécurisée hébergeant des données collectées dans le cadre des soins hospitaliers.

Grâce à ces données, les chercheurs ont pu dresser la dynamique des tentatives de suicide ayant eu lieu avant et durant la pandémie de Covid-19. Au total, 14 023 hospitalisations pour tentative de suicide ont été répertoriées sur les deux sous-périodes d’étude : Avant la pandémie : du 1er août 2017 au 29 février 2020.

Durant la pandémie : du 1er mars 2020 au 31 juin 2022.

Les femmes particulièrement touchées par le risque suicidaire

Il en ressort que la majorité de ces hospitalisations a eu lieu durant la période 2020-2022 avec une augmentation de la tendance suicidaire pendant la période de Covid-19 en population générale. Et ils se trouve que les femmes ont été particulièrement touchées. Deux tiers de tentatives de suicide concernaient en effet les filles de 8 à 17 ans et les jeunes femmes de 18 à 25 ans.

Parmi les facteurs de risque identifiés pour ces tentatives de suicide, on retrouve de façon fréquente les violences domestiques, physiques et sexuelles, en nette augmentation depuis la crise du Covid-19. Un constat jugé alarmant par le professeur Richard Delorme, chercheur à l’Institut Pasteur et chef du service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent à l’hôpital Robert-Debré AP-HP. D’autres facteurs de risque ont également été relevés parmi lesquels l’histoire personnelle des tentatives de suicide ainsi que l’isolement social chez les femmes et les hommes, indépendamment de la période Covid-19.

Vers un meilleur suivi des personnes à risque ?

Publiés dans la revue NPJ Mental Health Research, les résultats de cette étude rétrospective font prendre conscience de l’impact considérable de la pandémie de Covid-19 sur la santé mentale des populations, particulièrement des femmes. Ils soulignent également l’ampleur des violences commises envers les femmes en temps de crise.


Nul doute que ces nouveaux outils d’analyse massive des données développés par les chercheurs permettront un meilleur suivi de la santé mentale des populations et des tentatives de suicide ainsi qu’un meilleur repérage des personnes à risque.

Sources : De nouveaux indicateurs de surveillance épidémiologique développés pour mieux suivre les tentatives de suicide. AP-HP.
Natural language processing of multi-hospital electronic health records for public health surveillance of suicidality. 

https://info.medadom.com/blog/suivi-numerique-tentatives-suicide 

lundi 27 mai 2024

ETUDE RECHERCHE AUSTRALIE Le fardeau des troubles mentaux et du suicide attribuables à la maltraitance dans l'enfance.

40 % des maladies mentales seraient directement attribuables à la maltraitance subie dans l’enfance, d’après une étude parue dans le JAMA. Les campagnes universelles de prévention étant peu efficaces, l’identification des facteurs de risque est essentielle pour mettre en place des interventions plus ciblées.C’est chose faite grâce à un travail d’une équipe française publié dans le Lancet.

20 % des dépressions et 40 % des suicides seraient directement attribuables à la maltraitance subie dans l’enfance

Dépression, anxiété, addiction, tentative de suicide… De nombreuses maladies mentales, ou comportements en résultant, sont liés à des traumatismes vécus durant l’enfance. Toutefois, la part de causalité entre ces événements infantiles et des affections mentales présentes à l’âge adulte reste inconnue. 

  • l’Australian Child Maltreatment Study (ACMS, 2021), qui estimait la prévalence de la maltraitance infantile dans le pays (54 %) grâce à l’interrogatoire d’un échantillon représentatif de 8 500 participants âgés de 16 ans et plus (auto-déclaration de diverses maltraitances subies pendant l’enfance, validée par des psychologues) ;
  • le National Study of Mental Health and Wellbeing (NSMHW, 2020 – 2022), qui renseignait sur le nombre de cas de diverses pathologies psychiatriques en Australie ;
  • enfin, l’Australian Burden of Disease Study de 2023, qui renseignait sur le fardeau des maladies psychiatriques en termes de morbidité et mortalité.
Quelles mesures de prévention ?
  • la précarité économique de la mère, qui double le risque par rapport à un revenu maternel d’au moins 2 000 €/mois : aHR = 1,91(IC95 % : 1,67 - 2,18) ;
  • un âge maternel < 20 ans, qui multiplie le risque par 7 par rapport à un âge entre 35 et 40 ans : aHR = 7,06 (IC95 % : 6,00 - 8,31) ;
  • des troubles de l’usage des substances chez la mère : aHR = 1,85 pour l’alcool (IC95 % : 1,48 - 2,31) et aHR = 1,90 pour les opioïdes (IC95 % : 1,41 - 2,56) ;
  • les violences conjugales  : aHR = 3,33 (IC95 % : 2,76 - 4,01) ;
  • un diagnostic chez la mère (avant, pendant ou après la grossesse) de pathologie psychiatrique (aHR = 1,50 ; IC95 % : 1,14 - 1,97) ou somatique chronique (aHR = 1,55 ; IC95 % : 1,32 - 1,83), ou un antécédent d’hospitalisation pour pathologie psychiatrique (aHR = 1,88 ; IC95 % : 1,49 - 2,36) ;
  • grande prématurité (< 32 SA) : aHR = 2,15 ; IC95 % : 1,68 - 2,75) ;
  • diagnostic de trouble neurocognitif sévère chezl’enfant, qui multiplie le risque par 14 : aHR = 14,37 (IC95 % : 11,85 - 17,44).
Encadre

Recommandations de l’Académie pour améliorer la prise en charge des enfants maltraités



lundi 13 mai 2024

ETUDE RECHERCHE CANADA Pourra-t-on prévenir le suicide à l’aide de l’intelligence artificielle?

Pourra-t-on prévenir le suicide à l’aide de l’intelligence artificielle?

L'intelligence artificielle pourrait aider des intervenants en centres de crise à mieux intervenir auprès de personnes ayant des idées suicidaires.
Alain Labelle

L’analyse de la parole au moyen d’un outil d’intelligence artificielle permettra d’évaluer les risques de suicide, affirme l’ingénieur en science des données Alaa Nfissi, qui prépare actuellement un doctorat à l’Université Concordia à Montréal.

Son projet doctoral porte sur le développement de techniques d’intelligence artificielle permettant la détection automatique d’émotions à partir de conversations téléphoniques.

L’idée, c’est de détecter les émotions à partir de la parole des personnes qui appellent régulièrement les centres d’appel de soutien en raison d’idées suicidaires, explique M. Nfissi, qui est aussi membre du Centre de recherche et d’intervention sur le suicide, enjeux éthiques et pratiques de fin de vie (CRISE).

Pour y arriver, il a créé un modèle d’apprentissage profond. À terme, le chercheur espère que son modèle mènera à la création d’un tableau de bord en temps réel dont les téléconseillères et téléconseillers pourront se servir dans leurs interventions auprès de personnes appelantes aux prises avec l’émotion et qui les aidera à choisir la bonne stratégie.

Le modèle du chercheur Alaa Nfissi pourrait aider les téléconseillers à choisir la bonne stratégie d'intervention.

La parole, miroir de l’âme

La parole est essentielle à la compréhension de l’état émotionnel d’une personne en crise. Pour cette raison, elle joue un rôle majeur dans la détection des pensées suicidaires.

Les gens qui répondent au téléphone dans les lignes d’aide sont formés pour comprendre les émotions des interlocuteurs et savent très bien comment les détecter.

Mais aucun système n’étant parfait, l’interprétation des paroles d’une personne suicidaire peut parfois se révéler erronée.

La réalité, c’est qu’une intervention de ce type demande beaucoup d’expertise. Ce que nous voulons faire, c’est de standardiser une partie du procédé de détection d’émotions pour aider tous les agents, dont ceux qui sont moins expérimentés, à prendre les meilleures décisions pour aider les personnes qui appellent.

Une citation de Alaa Nfissi, doctorant à l’Université Concordia

Repères

  • Environ 4500 personnes se suicident chaque année au Canada, ce qui équivaut à 12 personnes par jour.
  • Au Québec, 1030 personnes s’enlèvent la vie annuellement, ce qui équivaut à 3 personnes par jour.
  • Plus de 200 personnes font une tentative de suicide chaque jour au pays.
  • Il existe une trentaine de centres de prévention du suicide au Québec.

La parole joue un rôle majeur dans la détection des pensées suicidaires.

Le modèle utilisé dans l’étude

Pour créer le modèle, Alaa Nfissi a utilisé une base de données constituée d’appels réels enregistrés par des organismes voués à la prévention du suicide, et une compilation d’enregistrements utilisés en recherche faits par des acteurs qui expriment des émotions précises.

Dans le cadre d’un protocole adapté à ce type de tâche, les deux ensembles ont été segmentés puis annotés par des chercheuses et chercheurs de formation du CRISE ou par les intervenants ayant procédé eux-mêmes aux enregistrements, précise M. Nfissi.

Chaque segment annoté reflète ainsi un état d’esprit particulier tel que la colère, l’indifférence, la tristesse, la peur, le souci ou l’inquiétude.

Les données ont ensuite été analysées à l’aide du modèle d’apprentissage profond d’Alaa Nfissi.

On prend un segment [vocal] tel quel et on le passe dans le modèle qui s’occupe d’extraire les caractéristiques de la voix qui sont nécessaires pour détecter l’émotion.

Une citation de Alaa Nfissi, doctorant à l'Université Concordia

Selon le chercheur, les résultats de son modèle sont encourageants. Le modèle a correctement identifié :

  • la peur, le souci ou l’inquiétude dans 82 % des cas;
  • l’indifférence dans 78 % des cas;
  • la tristesse dans 77 % des cas;
  • la colère dans 72 % des cas.

Le modèle a été très efficace dans la reconnaissance des segments enregistrés par des comédiennes et comédiens, son taux d’exactitude allant de 78 % pour la tristesse à 100 % pour la colère.

Notre modèle est plus efficace que les autres modèles qui sont développés par d’autres chercheurs, et nous travaillons toujours à l’améliorer. C’est un travail continu, puisque c’est important d’avoir plus de données pour être plus précis, insiste le chercheur.

Le modèle est toujours au stade de prototype et n’est pas utilisé dans les centres d’appels. Et pour y parvenir, des investissements financiers seront nécessaires pour peaufiner l’outil et créer un tableau de bord fiable.

La recherche et la production d’un outil prêt pour les centres d’appels sont deux mondes différents. Implanter un modèle comme le nôtre nécessite un investissement important dans l’intelligence artificielle.

Une citation de Alaa Nfissi, doctorant à l’Université Concordia

Le chercheur estime que si un financement adéquat était obtenu prochainement, le modèle pourrait parvenir aux centres d’appel dans un an ou deux.

Le modèle d’Alaa Nfissi a été présenté pour la première fois en février 2024, lors du 18e congrès de l’IEEE (Nouvelle fenêtre) (International Conference on Semantic Computing), qui se tenait à Laguna Hills, en Californie.

Le modèle d'IA pourrait parvenir aux centres d’appel dans un an ou deux.

Des défis

L'utilisation de l'intelligence artificielle pour la reconnaissance des émotions vocales comporte des défis, tels que la protection de la vie privée et le risque de biais, estime l’ingénieur.

Le risque de biais dans l'intelligence artificielle se réfère à la tendance des systèmes d’apprentissage profond à développer des préjugés qui peuvent provenir des données sur lesquelles ils sont entraînés.

Si les données contiennent des représentations inégales ou stéréotypées de certains groupes de personnes, l'IA pourrait être moins précise pour ces groupes. Par exemple, si un système est majoritairement entraîné avec des voix de certaines régions ou groupes ethniques, il pourrait être moins capable de reconnaître correctement les émotions exprimées par des personnes d'autres régions ou origines. Cela peut entraîner une discrimination involontaire et affecter l'équité de l'application de la technologie.

Une citation de Alaa Nfissi, doctorant à l'Université Concordia

Il est donc essentiel d'adopter des mesures de protection des données et de surveiller attentivement les biais pour exploiter au mieux ces technologies tout en respectant les normes éthiques et légales, ajoute Alaa Nfissi, qui insiste sur le fait que l'IA offre aussi des occasions significatives pour améliorer la communication et l'interaction humaine.

D’autres utilisations

L’analyse de la parole au moyen d’un outil d’intelligence artificielle pourra aussi être utile dans de nombreux domaines, dont dans les services à la clientèle téléphoniques ou dans l’enseignement à distance.

C’est vraiment un domaine très vaste de recherche que l’on peut appliquer dans plusieurs aspects de la société, conclut Alaa Nfissi.

Vous avez besoin d'aide pour vous ou pour un proche?

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2071447/intelligence-artificielle-emotions-prevention-suicide

lundi 18 mars 2024

RECHERCHE Appel à projet dispositif ExposUM Doctoral Nexus Société & environnement social face aux conduites suicidaires

Qu’est-ce que le dispositif ExposUM Doctoral Nexus ?

Source https://www.umontpellier.fr/wp-content/uploads/2024/03/SECS-sujet-2-Courtet-FR.pdf
Les Doctoral Nexus proposés par l’Institut ExposUM sont des réseaux de 3 à 4 doctorantes et doctorants, issus de disciplines différentes et affiliés à au minimum deux unités de recherche différentes.
Par rapport à une thèse classique, participer à un Doctoral Nexus favorisera la capacité à travailler en équipe et à concevoir des projets de manière transdisciplinaire tout en approfondissant son propre champ d’expertise.

Un programme pédagogique spécifique sera proposé et les doctorant(e)s concerné(e)s auront également l’opportunité d’organiser un séminaire au sein du réseau Nexus.
Les thèses sont financées d’emblée pour 4 années, comprenant le salaire du doctorant ou de la doctorante ainsi qu’une enveloppe d’environnement.

Résumé du Projet NEXUS
SECS. Société & environnement social face aux conduites suicidaires
En lire plus https://www.umontpellier.fr/wp-content/uploads/2024/03/SECS-sujet-2-Courtet-FR.pdf


Sujet de thèse :
Neurosciences sociales. Réponse inflammatoire et algique aux stress sociaux dans les
conduites suicidaires

En lire plus https://www.umontpellier.fr/wp-content/uploads/2024/03/SECS-sujet-2-Courtet-FR.pdf

Modalités de candidature
La candidature doit être composée des éléments suivants :
- Un CV
- Une lettre de motivation
- De la copie du diplôme permettant l’inscription
- Des éléments spécifiques demandés par l’école doctorale Sciences Chimiques et
Biologiques pour la Santé CBS2 (https://edcbs2.umontpellier.fr/)
Si vous souhaitez postuler sur ce sujet, adressez au plus vite un mail à :
philippe.courtet@umontpellier.fr
e-olie@chu-montpellier.fr
en mettant en copie exposum-aap@umontpellier.fr afin de les informer de votre intérêt.
Avant le dimanche 21 avril, 20h CET
The University of Montpellier  RESEARCH CENTERS

Source https://www.umontpellier.fr/wp-content/uploads/2024/03/SECS-sujet-2-Courtet-FR.pdf

lundi 4 décembre 2023

ETUDE RECHERCHE Idéations suicidaires chez les internes de médecine générale

Idéations suicidaires chez les internes de médecine générale
Tanguy Mercier-Albanel
Université de Picardie Jules Verne
THÈSE POUR LE DOCTORAT DE MÉDECINE GÉNÉRALE (DIPLÔME D’ÉTAT)  PRÉSENTÉE ET SOUTENUE PUBLIQUEMENT LE 3 OCTOBRE 2023

Résumé
Introduction : le risque suicidaire des internes de médecine français est une problématique souvent évoquée, se pose la question de l'incidence des idéations suicidaires (IS) chez les internes de médecine générale français (IMG). Matériel et méthode : étude quantitative transversale descriptive par questionnaire anonyme diffusé en ligne sur des réseaux sociaux à destination des IMG français durant les Étés 2021 et 2022. Résultats : 532 réponses ont été recueillies dont 79.1% de femmes avec un âge médian de 27 ans, 31.8% ont déjà eu des IS dont 58% les ont confiés (plus souvent chez les femmes) et 22.6% ont eu des IS durant l'année. 13.2% ont imaginé un scénario suicidaire, 3.4% disent avoir déjà fait une tentative de suicide (TS) et 0.9% une TS dans l'année, 2.1% auraient déjà été hospitalisés pour une TS. Discussion-conclusion : les IMG français semblent plus à risque d'IS que la population générale française d'IS mais proches du risque des internes de médecine ou de la population étudiante française, il semble utile de faire la promotion des numéros d’aide gratuits et anonymes et des services et professionnels de santé mentale auprès des IMG.

Source et acces https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-04309367

vendredi 13 octobre 2023

ETUDE RECHERCHE USA SUICIDE chez les JEUNES : Crise de santé mentale ou progrès des diagnostics ?

SUICIDE chez les JEUNES : Crise de santé mentale ou progrès des diagnostics ?

Publié le 11 octobre 2023 par Santelog @santelog

De nombreux rapports et études épidémiologiques, notamment à la sortie de la pandémie de COVID ont fait état d’une forte progression de la dépression et de « l’idéation suicidaire » chez les adolescents et les jeunes. Cette nouvelle étude, menée à Université de Caroline du Nord souhaite faire la part des choses sur cette augmentation des rapports de comportements suicidaires et de TS chez les jeunes. L’analyse, publiée dans le Journal of Human Ressources, met notamment en lumière les changements dans la manière dont les professionnels de la santé détectent, signalent et codifient ces comportements et ces pensées suicidaires chez les jeunes.

Les auteurs rappellent les rapports et les données faisant déjà état, avant la pandémie, d’une tendance à la hausse de ces comportements suicidaires chez les jeunes, suggérant ainsi l’existence antérieure d’une crise de santé mentale chez les adolescents et les enfants. Les dernières augmentations mises en lumière dans les études plus récentes, après la pandémie, pourraient s’expliquer, au moins en partie, par des changements de pratiques des professionnels de santé.

« Nous avons herché mieux comprendre cette augmentation signalée des comportements suicidaires chez les jeunes », explique Adriana Corredor-Waldron, co-auteur de l’étude et professeur d’économie à l’Université : « nous pensons qu’il existe une crise de santé mentale de longue date chez les jeunes et que le taux de comportements suicidaires est élevé, cependant


Le taux de consultation à l’hôpital pour automutilation et tentatives de suicide (TS) est resté stable au cours des 12 années étudiées.

« Pourtant, nous enregistrons une augmentation significative du nombre d’enfants et d’adolescents diagnostiqués avec des pensées suicidaires. Et cette augmentation des diagnostics nous apparaît plutôt associée à des changements de protocoles dans les diagnostics et les soins de santé, quant à ces comportements ».

L’étude menée sur les données de toutes les consultations effectuées à l’hôpital d’enfants âgés de 10 à 18 ans dans le New Jersey de 2008 à 2019, révèle en effet de profonds changements dans la détection et le diagnostic de ces pensées et comportements suicidaires :

  • elle confirme une augmentation significative des consultations largement liées au suicide sur une  période de 12 ans ;
  • cette tendance s’explique presque totalement par l’augmentation des diagnostics de pensées  suicidaires (et non de comportements ou de TS), ces diagnostics accrus étant liés à 2 facteurs, de nouvelles directives en termes de dépistage et une nouvelle codification pour la prévalence de pensées suicidaires ;
  • il s’agit notamment des lignes directrices publiées en 2011 par le ministère américain de la Santé et des Services sociaux, qui encouragent les professionnels de soins primaires à effectuer un dépistage annuel de routine de la dépression chez les filles et les jeunes femmes ;
  • la codification fait référence au système standardisé permettant d’enregistrer les diagnostics et, aux Etats-Unis, de nouvelles directives de codage sont entrées en vigueur en 2016 : les professionnels de santé doivent désormais saisir un code « idées suicidaires » même si le diagnostic principal du patient est un trouble de l’humeur- ou une dépression ;
  • une augmentation significative du signalement de pensées suicidaires est donc relevé depuis les nouvelles directives de 2011, ainsi qu’une augmentation encore plus spectaculaire après la mise en œuvre de la nouvelle codification de 2016.

Il faudra encore valider ces constats à l’échelle des pays et des systèmes de santé, et faire plus précisément l’analyse de ces données depuis la période de la pandémie de COVID, mais ce constat, réalisé à l’échelle d’un État, soutient plutôt

l’hypothèse d’une tendance de fond, débutée bien avant la pandémie et qui se poursuit depuis plusieurs décennies.

Source: Journal of Human Resources 6 Sept, 2023 DOI: 10.3368/jhr.0423-12854R1 To What Extent Are Trends in Teen Mental Health Driven By Changes in Reporting? The Example of Suicide-Related Hospital Visits

Équipe de rédaction SantélogOct 11, 2023Équipe de rédaction Santélog https://www.paperblog.fr/10021912/suicide-chez-les-jeunes-crise-de-sante-mentale-ou-progres-des-diagnostics/

lundi 9 octobre 2023

ETUDE RECHERCHE The specifics of homicide-suicide in France

Research Paper
The specifics of homicide-suicide in France

Keltoume Larchet
Deputy Head of the Criminological Research and Analysis Unit (CRAC), Sub Directorate for the Fight Against Organized Crime (SDLCO), Central Directorate of the Judicial Police (DCPJ), 101 Rue des Trois Fontanot, 92000, Nanterre, France Corresponding author. DCPJ/SDLCO/Etat-major/CRAC, 101 rue des Trois Fontanot, 92000, Nanterre, France. keltoume.larchet@interieur.gouv.fr

Aurélien Langlade
Head of the Criminological Research and Analysis Unit (CRAC), Sub Directorate for the Fight Against Organized Crime (SDLCO), Central Directorate of the Judicial Police (DCPJ), Associate Researcher at the Research Center of the Ecole Nationale Supérieure de La Police (ENSP), 101 Rue des Trois Fontanot, 92000, Nanterre, France aurelien.langlade@interieur.gouv.fr
 
Mathieu Lacambre
View the author's ORCID record
Department of Emergency Psychiatry and Acute Care, CHU, Hopital Lapeyronie, INSERM Unit 1061, University of Montpellier, 371 Avenue Du Doyen Gaston Giraud, Montpellier, 34090, France m-lacambre@chu-montpellier.fr


Journal of Forensic and Legal Medicine
Available online 5 October 2023, 102596
In Press, Journal Pre-proofWhat’s this?

Received 20 February 2023, Revised 21 September 2023, Accepted 3 October 2023, Available online 5 October 2023.  Handling Editor: Wilma Duijst

https://doi.org/10.1016/j.jflm.2023.102596Get rights and content


Abstract

Background
Homicide and suicide are two causes of violent death. This study focuses on situations in which these two types of violent death occur at the same time, known as homicide-suicide.

Aim
The aim of this study is to review the circumstances surrounding homicide-suicides as well as the features of the victims and perpetrators in France at a recent period. The article characterizes homicide-suicides by comparing them with simple homicides in order to determine whether they exhibit distinctive characteristics and significant links.

Methodology
The data analyzed are based on detailed police operational information collected about 1622 homicides that occurred in France in 2019 and 2020. After presenting the characteristics of all homicide-suicides, this article specifically compares those that take place within the family, whether they result in the suicide of the perpetrator or not, using bivariate tests (chi-square). The tests are based on a distinction between domestic homicide-suicides within a couple and between other family members.

Results
Analysis shows that 7 % of them were followed by the suicide of the perpetrator (203 cases). Almost all of them take place within family (91 %), and most often within the couple (60 %). Apart from couple configurations, familial homicide-suicides target the children (21 %) or parents (5 %) of the perpetrators. The perpetrators are mainly men, while most of the victims are women. Analysis revealed significant links between certain variables and suicide (or attempted suicide by the alleged perpetrator) in the context of couple homicide: the modus operandi, the spatio-temporal setting, the gender and average age of the victim and history of domestic violence suffered by the victim, as well as all the variables relating to the alleged perpetrator (age, gender, police and psychiatric history, alcohol consumption, etc.). Among other family members, these variables do not have a significant influence on whether the perpetrator commits suicide following the homicide. Perpetrators of domestic homicide-suicides are less likely to be under the influence of alcohol (8 %), to be known to the police (19 %), and to have a psychiatric history (11 %) than those who do not commit suicide following the homicide (respectively 41 %, 54 %, 22 %). There is also less record of domestic violence when the perpetrator commits suicide (20 %) than when they do not (48 %).

Conclusions
Homicide-suicides are to some extent similar to simple couple homicides. Women are therefore overrepresented among domestic homicide victims; likewise, they are also overrepresented among the victims of homicide-suicides, which are mostly committed in family circumstances. The most significant risk factors are the presence of firearms in the household and history of domestic violence within the couple.

Recommendations
The results suggest two areas for action: the screening (interpersonal conflicts, alcohol, depression, domestic violence, presence of a firearm) and the prevention of intra-family homicides. Prevention should focus on screening specific elements: the presence of a firearm, domestic violence, interpersonal conflicts, depression, and alcohol. Prevention could also take place with elderly people at the end of their lives.
https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S1752928X23001142

lundi 18 septembre 2023

ETUDE RECHERCHE Relation entre la consommation d'alcool et le comportement suicidaire : une étude de cohorte

Relation entre la consommation d'alcool et le comportement suicidaire : une étude de cohorte
María del Carmen Marmolejo Sánchez
UNIROUEN - UFR Santé

Mémoire D'étudiant Année : 2023 THÈSE POUR LE DOCTORAT EN MEDECINE

Résumé

Introduction
Le suicide est un grave problème de santé publique. Selon l'OMS, plus de 700 000 personnes se suicident par an et beaucoup plus tentent de se suicider. La mise en évidence du lien entre la consommation d'alcool et les comportements suicidaires a été rapportée dans plusieurs études. Les facteurs de risque de tentative de suicide (TS) chez les toxicomanes sont pour la plupart les mêmes que dans la population générale, cependant, il est bien connu que la consommation d'alcool augmente le risque de comportement suicidaire chez les alcoolodépendants et non alcoolodépendants.
Méthode
Cette est une étude de cohorte rétrospective, observationnelle, de soins courants, monocentrique. Son objectif est de déterminer le rôle de la consommation d’alcool dans les TS et le risque qui entraine la consommation d'alcool et la dépendance à l'alcool pour faire une TS grave.
Résultats
Sur les 122 patients inclus, il a été constaté qu'en moyenne 1 TS sur 2 est faite sous l'influence de l'alcool. Que les patients qui le font de cette façon ont tendance à être plus âgés, professionnellement actives, moins susceptibles d'avoir un suivi psychiatrique et avec une forte prévalence de dépendance à l'alcool. Enfin, il a été démontré que les patients ayant une dépendance à l'alcool ont un risque plus élevé de faire une TS grave.
Discussion et conclusion
Ces résultats confortent l'hypothèse selon laquelle le suicide est la conséquence de troubles mentaux indépendamment de la consommation d'alcool, alors que celle-ci en est un précipitant. Cependant, et dû aux limites de puissance statistique de l’étude, la généralisation des résultats à la population générale pourrait être hâtive. 

 María del Carmen Marmolejo Sánchez. Relation entre la consommation d'alcool et le comportement suicidaire : une étude de cohorte. Médecine humaine et pathologie. 2023. ⟨dumas-04208153⟩

vendredi 15 septembre 2023

ETUDE RECHERCHE The capacity to consent to treatment is altered in suicidal patients

 The capacity to consent to treatment is altered in suicidal patients

Résumé

Background: Many patients with depression refuse treatment. Moreover, suicide attempters often display low perceived need of treatment and impaired decision-making. These observations raise questions about the capacity to treatment consent in depressed suicide attempters (SA). Methods: In patients with current depressive episode (N = 33 SAs and N = 27 non-SAs), consent capacity was evaluated with the MacArthur Competence Assessment Tool for Treatment (MacCAT-T), insight with the Beck Cognitive Insight Scale, and depression severity with the Beck Depression Inventory (BDI). Results: The median BDI score in the whole sample (N = 60) was 21 [10;36], and was higher in SAs than non-SAs (27 [11;36] vs. 15 [10:33], p < 0.001). Consent capacity was impaired in 30% (appreciation), 53% (reasoning) and 60% (understanding) of all patients. MacCAT-T sub-scores were lower in SAs than non-SAs (understanding: 4.4 [2.35;5.8] vs. 5.3 [3.13;6]); appreciation: 3 [1;4] vs. 4 [2;4]); reasoning (4 [1;7] vs. 7 [3;8]), and ability to express a choice: 1 [0;2] vs. 2 [0;2]; all p < 0.001). In multivariate analyses, suicide attempt history and depression severity (but not insight) were negatively associated with MacCAT-T sub-scores. Conclusion: More research is needed on the capacity to consent to treatment of patients with depression, particularly suicidal individuals, to make informed choices about their treatment. Trial registration The Montpellier University Hospital Institutional Review Board approved the study (No. 202100714).
Emilie Olié, Thomas Catanzaro, Manon Malestroit, Julio Guija, Lucas Giner, et al.. The capacity to consent to treatment is altered in suicidal patients. Annals of General Psychiatry, 2023, 22 (1), pp.35. ⟨10.1186/s12991-023-00459-w⟩. ⟨hal-04206736⟩ 


https://hal.science/hal-04206736