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lundi 20 novembre 2017

OUVRAGE Le Suicide en Tunisie aujourd’hui – un problème de société.

Le Suicide en Tunisie aujourd’hui – un problème de société.
(Année de publication : 2017)
Un livre bilingue rassemblant 9 feuilles de recherches sociologiques traitant l’acte suicidaire en Tunisie, 6 étant en langue française et 3 en langue arabe, s’est apparu en ce mois. 
C’est sous la direction de M. Chokri Memni que cet ouvrage, intitulé « Le Suicide en Tunisie aujourd’hui – un problème de société » a vu le jour.
Les recherches publiées ont été le sujet d’un séminaire organisé par l’Unité des Recherches ECUMUS qui a lieu à la Faculté des lettres et des Sciences Humaines de Sfax en 3 et 4 juin 2016.
Cette publication a été réalisée avec le concours de la Fondation allemande 
Hanns Seidel.
Ces enquêtes sociologiques menées par des chercheurs, principalement tunisiens avec une contribution algérienne est « Un appel à une mobilisation de la communauté scientifique, de la société civile et de l’État se fait dans l’urgence pour fonder des stratégies efficaces de lutte contre le suicide afin de sauver la vie humaine » ainsi Mr Chokri Memni, le coordinateur du séminaire, a introduit cet ouvrage.
La Fondation Hanns Seidel, dans une politique de valorisation des études scientifiques, continue à enrichir la bibliothèque universitaire tunisienne avec des ouvrages engagés et diversifiés.

 

vendredi 21 avril 2017

MANIFESTATION TUNISIE 13/05/2017 Rencontres médicales du centre de l’enfant et de l’adolescent

Rencontres médicales du centre de l’enfant et de l’adolescent

INVITATION
Au nom du comité d’organisation, nous avons l’honneur et le plaisir de vous inviter aux Rencontres médicales du centre de l’enfant et de l’adolescent qui aura lieu à Kairouan le Samedi 13 Mai 2017
Le lieu de la rencontre sera l’Hôtel LA KASBAH situé au cœur de la ville de Kairouan.
Le thème de cette première édition sera « la prévention du suicide de l’enfant et de l’adolescent ».
Le programme scientifique comportera des conférences abordant plusieurs axes :
· Épidémiologie du suicide
· Facteurs de risque
· Trajectoire de vie des adolescents décédés
· Comportement médiatique devant le suicide
· Le suicide et l’addiction.
Le programme comporte aussi des ateliers interactifs.
La soumission des résumés des E.POSTER est ouverte, la date limite de soumission est le 30 Mars 2017 à minuit. Les intentions d’inscription et les résumés des E.POSTER seront envoyés aux adresses suivantes ( mlayehsouheil@yahoo.fr ou jihennemannai@yahoo.fr). Les résumés porteront sur le thème principal de la journée et sur les pathologies liées à l’enfant et l’adolescent. Résumé : Police :Times New Roman, 14, 350 mots, structure IMRAD de préférence.
Les Frais d’inscription sont de 30 Dinars (assistance aux plénières, ateliers, pause-café et déjeuner).
Cette rencontre sera suivie par une visite touristique dans la ville de Kairouan, connue par son architecture arabo-musulmane sa médina et ses curiosités culturelles et culinaires.
Nous serons heureux de vous accueillir à Kairouan.
Nous vous prions également de diffuser l’information à vos contacts et à travers les différents réseaux auxquels vous appartenez.
Veuillez également retrouver ci-joint l’affiche de la journée.
Avec les amitiés du Comité d’Organisation.
A bientôt.
Président : Pr. Ag. Souheil MLAYEH
Vice-présidente : Dr. Jihenne MANNAI




source http://www.agendas.ovh/rencontres-medicales-du-centre-de-lenfant-et-de-ladolescent/

lundi 5 décembre 2016

TUNISIE PARUTION Suicide par auto-immolation par le feu chez les chômeurs tunisiens

"Etude : Le suicide en Tunisie : Mieux le comprendre, apprendre à le dépister, pour mieux le prévenir" 2 décembre, 2016 tunisienumerique.com*


Le Tunisie est bel et bien devenue un laboratoire à ciel ouvert. Un laboratoire où les chercheurs de tous bords convergent pour effectuer leurs études, notamment en matière des sciences humaines et sociales, et ce au bénéfice des mouvements sociaux qu’a connu le pays durant, et après, ce qu’il a été convenu de baptiser « la révolution du jasmin ».

C’est ainsi que plusieurs groupes d’études se sont intéressés à ces phénomènes sociaux qui ont émaillé les évènements de la révolution tunisienne, pour essayer de comprendre et disséquer les tenants et aboutissants de certains faits de société qui ont émergé à cette occasion.

Parmi ces groupes, le « Spring Arabe », un programme européen de recherches en sciences humaines, composé de chercheurs européens et maghrébins qui se sont unis aux chercheurs tunisiens pour profiter avec eux de leur expérience unique de par leur présence sur le terrain, au moment des faits, et leurs constatations en temps réel des changements sociaux opérés au cours de la révolution de janvier 2011.

Parmi les membres tunisiens de ce groupe, Donia Remili l’enseignante et chercheure en psychologie sociale, a retenu l’intérêt quasi général par ses études qui se sont intéressées au suicide par auto immolation chez les chômeurs tunisiens. Cet intérêt s’est traduit par la publication il y a quelques jours de son ouvrage portant le même intitulé, sponsorisé, entre autres, par le programme européen « Spring arabe ».

La rédaction de Tunisie Numérique a eu le privilège de s’entretenir avec Mme Donia Remili, pour discuter avec elle de ce phénomène du suicide qui ne cesse de prendre de l’ampleur en Tunisie.

T.N. : Pourquoi cet intérêt au sujet du suicide et quel lien avec le chômage en Tunisie ?

D.R. : Le suicide, un acte, d’habitude de désespoir et de solitude, s’est transformé en Tunisie en emblème, avec le geste de Mohamed Bouazizi, puis en mythe avec sa répétition fréquente, même au-delà des frontières du pays, pour se muer, par la suite, en phénomène de société, puis en fléau qu’il devient difficile de contenir. Cette évolution, avec le rythme effréné que çà a connu, et ce malgré les interdits et les freins sociaux dont dispose notre société arabo-musulmane qui bannit ces gestes de désespoir, et surtout le moyen choisi par ces nombreux malheureux, qu’est le feu, avec ce que çà implique comme souffrance et ce que çà signifie comme symbolique, de même que les lieux, généralement publics et à grande affluence qu’ils ont choisi pour le perpétrer, nous a fait nous pencher sur le sujet, pour le décortiquer, pour en connaitre les soubassements, mais aussi pour tenter d’identifier la ou les solutions les plus adaptées pour le prévenir, ou du moins, le dépister, c’est-à-dire, dépister le moment où le personne suicidaire est en train de virer vers la prise de décision et du passage à l’acte. Quand au lien du suicide avec le chômage, cela s’est imposé comme une réalité au vu des données statistiques aux quelles nous avons eu accès et qui démontrent sans équivoque, une corrélation étroite entre les deux phénomènes, bien que, comme nous le disons dans l’ouvrage, le chômage ne peut en aucun cas, expliquer à lui tout seul le suicide.

T.N. : Comment vous êtes-vous prise pour aborder ce sujet et parvenir aux réponses à vos questions ?

D.R. : Notre ouvrage s’appuie sur une étude scientifique rigoureuse à l’aide de plusieurs outils d’exploration psychologique, entreprise auprès de nombreux suicidants, des rescapés, en quelque sorte.

Cette approche nous a permis d’identifier une sorte de profil type du jeune tunisien chômeur susceptible de passer à l’acte, et qui mériterait, de ce fait, un meilleur suivi et un soutien rapproché. Comme çà nous a permis d’individualiser les meilleures stratégies de défenses aussi bien individuelles que collectives mises en œuvre par des sujets dans des situations semblables, pour éviter le pire. Une sorte d’arsenal défensif psychologique et social, important à connaitre, pour prémunir notre jeunesse contre cette tentation morbide.

T.N. : Que pensez-vous de la stratégie nationale mise en place par l‘Etat pour contrer ce fléau, comme vous le qualifiez ?

D.R. : La prévention et la lutte contre le suicide qui s’est transformé en phénomène de société, ne peut en aucun cas, être le rôle d’un seul département, ni de l’Etat tout seul. Autant le phénomène est multifactoriel, autant sa prise en charge et son abord gagneraient à être multidisciplinaires, où chacun a son rôle à jouer, et où tous les efforts doivent se conjuguer pour espérer arrêter ce flot incessant de catastrophes.

Je voudrais profiter de cet entretien pour mettre l’accent sur le rôle primordial des médias dans la lutte contre ce mal, en invitant les professionnels à se poser des questions sur la meilleure façon de traiter ce sujet, sans tomber dans le voyeurisme, sans faire des pauvres victimes de ce phénomènes des « héros » que d’aucuns seraient tentés d’imiter, mais sans, non plus, basculer, à l’opposé, dans l’indifférence et le black out total envers le phénomène.

T.N. : Cet ouvrage que vous avez édité va, donc, constituer un premier pas, très important pour comprendre ce phénomène du suicide. Il sera, donc, utile qu’il soit mis à la disposition du grand public, qui va pouvoir profiter de ses enseignements.

D.R. : Ce livre est déjà en vente dans les bac des grandes librairies de la capitale et des grandes villes. Il va, même, être diffusé dans les pays du Maghreb et certains pays d’Europe.



http://www.tunisienumerique.com/etude-le-suicide-en-tunisie-mieux-le-comprendre-apprendre-a-le-depister-pour-mieux-le-prevenir/313685

lundi 3 octobre 2016

Fatma Charfi : « Le nombre de suicides en Tunisie est en augmentation depuis plus de dix ans »

Fatma Charfi : « Le nombre de suicides en Tunisie est en augmentation depuis plus de dix ans » Par Rebecca Chaouch sur www.jeuneafrique.com*
Sous-estimé, encore tabou, le suicide en Tunisie est un fléau qui touche toutes les tranches d’âge. Un mal-être de plus en plus palpable et des chiffres en hausse ont poussé le gouvernement à s’intéresser plus sérieusement au problème. Fatma Charfi, présidente du comité technique de lutte contre le suicide auprès du ministère de la Santé, a répondu aux questions de Jeune Afrique.
Informer, prévenir et guérir. Tels sont les mots d’ordre du comité technique de lutte contre le suicide auprès du ministère de la Santé, créé en février 2015. Le 10 septembre, à l’occasion de la journée internationale de lutte contre le suicide, sa présidente Fatma Charfi a présenté un premier bilan inquiétant, soulignant notamment une augmentation des suicides dits « violents » (immolation, pendaison…) et un taux de suicide s’élevant à 3,3 pour 100 000 habitants sur l’année 2015. Interrogée par Jeune Afrique, elle revient sur les résultats de ce rapport et les moyens d’action du comité de lutte contre le suicide.
Jeune Afrique : Qu’est-ce qui a motivé la création de ce comité technique de lutte contre le suicide ?
Fatma Charfi : Ce comité a été constitué sur décision ministérielle, dans un projet global autour de la santé mentale en Tunisie, déjà initiée auparavant mais balbutiante jusque-là. Les décideurs politiques ont alors pris conscience de la nécessité d’un programme de prévention. À noter que la Tunisie est le deuxième pays africain, après la Namibie, et le premier pays du monde arabe à élaborer une stratégie de lutte contre le suicide.
La Tunisie est le premier pays du monde arabe à élaborer une stratégie de lutte contre le suicide
Quel est le rôle de ce comité, concrètement ?
Nous sommes chargés de mettre en place un programme national de lutte contre le suicide selon les axes suivants : formation des intervenants et des sentinelles pour améliorer le dépistage des sujets à risque et la prise en charge des personnes suicidaires, sensibilisation du grand public, et mise en place d’un système d’information et de surveillance épidémiologique en matière de suicide.
Au cours du premier semestre 2016, 360 professionnels de la santé primaire ont été formés à la gestion de la crise suicidaire. Un programme national de sensibilisation est également en cours d’élaboration. De même que des recommandations en matière de couverture médiatique, en partenariat avec les professionnels des médias et la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (HAICA).
Peut-on parler d’une réelle augmentation du nombre de suicides et de tentatives de suicides ces dernières années, ou sont-ils simplement d’avantage médiatisés ?
Les deux à la fois. Le nombre de suicides en Tunisie est en augmentation depuis plus de dix ans, comme en témoigne les statistiques de plusieurs services de médecine légale.* Il existe une sous déclaration, certainement non négligeable, et c’est pourquoi instaurer un système d’information et de collecte de données plus fiables fait partie des priorités de ce comité.
Concernant la médiatisation des comportements suicidaires, elle est devenue possible avec la liberté d’expression, un acquis important de la révolution de 2011. Ceci a permis de lever le tabou, et de parler du suicide, un problème de santé publique jusqu’alors méconnu par le grand public en Tunisie. Mais malheureusement, cette médiatisation a été parfois excessive et répétée, entraînant des vagues de suicides, surtout chez les plus jeunes.
Notre défi est de sensibiliser les Tunisiens pour changer leur regard sur le suicide et la pathologie mentale en général
Comment est perçu le suicide dans la société tunisienne justement ?
En Tunisie, on peut aujourd’hui parler du suicide, ce qui est positif, mais c’est parfois fait de manière inappropriée, en banalisant très souvent cette problématique préoccupante et malheureusement encore très stigmatisée. Notre défi est de sensibiliser les Tunisiens pour changer leur regard sur le suicide et la pathologie mentale en général. Le fait que le suicide soit un interdit religieux suscite aussi parfois des réactions inadaptées de la part de l’entourage et augmente le sentiment de culpabilité du suicidaire. Globalement, on peut dire que grâce à la liberté d’expression, le suicide est de mieux en mieux compris comme l’expression d’une maladie mentale ou d’une souffrance psychique et sociale, et non plus simplement comme la transgression d’un interdit religieux.

Que voulez-vous dire par moyens suicidaires violents, et que signifie cette tendance ?
L’immolation par le feu, par exemple, est devenue plus fréquente et concerne 15% des cas de suicides. Depuis l’immolation de Mohamed Bouazizi, et bien que des cas similaires se soient produits avant, nous avons observé une augmentation de ce type de comportement suicidaire dans un contexte de protestation et de conflit avec l’autorité.
Le suicide est de mieux en mieux compris comme l’expression d’une maladie mentale ou d’une souffrance psychique et sociale
Le suicide est un phénomène complexe, pour lequel les problèmes de santé mentale et les facteurs biologiques individuels sont à prendre en considération, de même que les déterminants socio-économiques, les changements sociétaux et politiques et les événements récents qui ont frappé la Tunisie. Malheureusement, de plus en plus d’adolescents tentent aussi de mettre fin à leur vie par pendaison avec souvent de graves séquelles. Des cas d’enfants tentant de se suicider à l’école ont par ailleurs été signalés, de même que dans des internats pour élèves du secondaire.
Avec la sortie de votre premier rapport, que recommandez-vous à la population tunisienne et au gouvernement ?
Le comité appelle à impliquer davantage de partenaires et de professionnels afin de mettre en place une stratégie multi-sectorielle, où toutes les dimensions évoquées seront prise en considération.La prévention primaire et l’amélioration du bien-être des Tunisiens sont une nécessité, et elles ne peuvent être envisagées sans la relance économique, la lutte contre le chômage et l’amélioration de la qualité de vie des citoyens. Les médias doivent aussi évoquer ce phénomène en dehors des faits divers, en donnant par exemple plus d’informations sur les centres de soins et les réseaux d’aide. Exprimer et mettre des mots sur la souffrance psychique ou briser l’isolement d’un sujet déprimé peuvent être salutaire et conduire à éviter l’issue fatale. Si certaines actions peuvent donc s’avérer efficaces, d’autres sont étroitement liées à la volonté politique et l’action gouvernementale menée pour gérer la crise actuelle que traverse la Tunisie.
Pour consulter le rapport du comité technique de lutte contre le suicide pour l’année 2015, cliquez ici.

http://www.jeuneafrique.com/359922/societe/fatma-charfi-nombre-de-suicides-tunisie-augmentation-plus-de-dix-ans/

jeudi 14 avril 2016

TUNISIE Rapport annuel sur le suicide et les tentatives de suicide en 2015


par  FTDES * le 25 février 25, 2016
L’Observatoire social tunisien qui relève du Forum tunisien des droits économique et sociaux vient de publier son rapport annuel sur le suicide et les tentatives de suicide en 2015.
L’observatoire a recensé 549 cas de suicide et tentatives de suicide sur toute la République, contre 203 recensé en 2014.
Le gouvernorat de Kairouan est en tête de liste (89 cas) soit 16,21% du nombre total. En deuxième position vient le gouvernorat de Bizerte avec (71 cas) soit 12,93% et en troisième position, le gouvernorat de Gafsa avec (61 cas), soit 11.11%. Les 549 cas se repartissent entre 302 cas de suicide et 247 tentatives de suicide.
Le rapport indique une nette augmentation du nombre de suicides et tentatives de suicide par rapport 2014. Cette augmentation est estimée à 170,4%. L’année 2015 a connu 45 cas de suicides et tentatives de suicide chaque mois. Soit trois cas de suicide et une tentative de suicide tous les deux jours. De même, cinq cas de suicide ont été recensés chaque deux jour pendant septembre et mars. Par ailleurs, une régression du nombre de cas de suicide et de tentatives de suicide a été remarquée durant le mois d’août.
Les mois d’avril, mai, juillet et septembre sont les mois qui ont enregistré le plus grand taux de suicides et tentatives en 2015, alors que ces mois ont enregistré les taux les moins élevé en 2014. Il est à noter que par genre, 412 cas concernent des hommes (75,05%) et 137 des femmes (24.95%).
Le suicide chez les enfants
Le phénomène n’exclut pas les enfants. L’observatoire a en effet recensé 54 cas de suicide et tentatives de suicide, contre 18 cas en 2014 chez les enfants. Les cas se repartissent comme suit : 20 garçons et 34 filles.
Toutes les tranches d’âge sont concernées
93 personnes font partie de la tranche d’âge (16-25) soit 16,94% du nombre total. En 2014, la même tranche d’âge comptait 52 personnes.
En ce qui concerne, la tranche d’âge (26-35), le rapport a recensé 224 personnes (40,80%) contre 69 personnes en 2014 (33.99%).
La tranche d’âge (36-45) a connu 100 cas (18,21%), contre 36 en 2014 (17,73%). Pour la tranche d’âge (46-60) le rapport a recensé 55 cas (10.02%) contre 24 personnes (11.82%) en 2014.
Pour ceux qui ont dépassé 60 ans, le rapport a recensé 27 cas (4,92%) contre quatre personnes en 2014 (1.97%)
 

lundi 23 novembre 2015

TUNISIE : MOBILISATION DES PROFESSIONNELS SUR LA COUVERTURES MEDIATIQUES DES SUICIDES

Articles   "La couverture médiatique du suicide pose problème
20 nov 2015 - kapitalis.com *

Les professionnels tunisiens en psychiatrie et pédopsychiatrie appellent les médias à plus d’attention dans leur couverture du suicide.

Des associations tunisiennes de psychiatrie, pédopsychiatrie et de pédiatrie ont appelé les médias, aujourd’hui, dans un communiqué commun, à tenir compte des recommandations établies par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en matière de couverture médiatique du suicide.

Exprimant leurs préoccupations face à la récurrence de reportages couvrant le phénomène du suicide, les signataires ont appelé les médias à la nécessité de respecter ces recommandations afin d’éviter les effets d’imitation et de contagion par identification chez le public, peut-on lire dans ce communiqué.

Parmi ces directives, il est important de rappeler que les comportements suicidaires ont un déterminisme complexe et ne peuvent être expliqués par des raisons simplistes.

Les associations signataires ont, en outre, affirmé la nécessité de se conformer aux recommandations de la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (Haica), qui déconseille l’exposition des enfants et adolescents dans certains reportages. Cette catégorie demeure, en effet, la plus exposée au phénomène de contagion suicidaire, indiquent les associations.

Les signataires ont, par ailleurs, appelé les médias à collaborer avec les professionnels de la santé mentale afin d’éviter de nouvelles vagues de suicide.

Le communiqué est signé par la Société tunisienne de psychiatrie, la Société tunisienne de pédiatrie et la Société tunisienne de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent."

* http://kapitalis.com/tunisie/2015/11/20/la-couverture-mediatique-du-suicide-et-ses-risques/


"Des psychiatres, pédopsychiatres et pédiatres tunisiens s’inquiètent de la couverture médiatique des cas de suicide
tuniscope **

Les psychiatres, pédopsychiatres et pédiatres tunisiens signataires expriment leurs préoccupations devant la récurrence de reportages, concernant les comportements suicidaires, réalisés sans le respect des précautions permettant d’éviter les effets négatifs de telles couvertures médiatiques.

Comme cela a été observé fin 2014 en Tunisie, les médecins signataires constatent une nouvelle vague de tentatives de suicide.

La couverture médiatique et inappropriée de cas de suicide peut être à l’origine d’effets d’imitation et de contagion par identification chez les consommateurs vulnérables, surtout quand le reportage facilite l’identification. Psychiatres, pédopsychiatres et pédiatres appellent les professionnels des médias à tenir compte des recommandations internationales en matière de couverture médiatique quand le suicide est évoqué, recommandations établies par

L’Organisation Mondiale de la Santé et adoptées par de nombreux pays. Parmi ces directives, il est important de rappeler que les comportements suicidaires ont un déterminisme complexe et ne peuvent être expliqués par des raisons simplistes, par exemple d’ordre économique, qui participent en outre à stigmatiser une frange de la population. De même, certaines images et reportages sont déconseillés pour les enfants et les jeunes adolescents, tranches d’âge particulièrement propices à la contagion suicidaire, conformément aux recommandations de la HAICA.

Les médias sont des partenaires privilégiés dans la lutte contre le suicide, et il est primordial de continuer à informer le grand public sur les mesures préventives et thérapeutiques chez les personnes à risque. Dans ce domaine sensible, une étroite collaboration entre professionnels de la santé mentale et de la communication permettrait d'éviter de nouvelles vagues secondaires à une médiatisation excessive et inappropriée et constituerait un véritable levier vers une action de promotion de la santé de nos concitoyens.

Signataires :

• Société Tunisienne de Psychiatrie
• Société Tunisienne de Pédiatrie
• Société Tunisienne de Psychiatrie de l’Enfant et de l‘Adolescent
• Société Tunisienne de Psychiatrie Hospitalo-Universitaire
• Association Tunisienne des Psychiatres d’Exercice Privé
• Association de Recherche et de l’Etude en Santé Mentale à Sfax
• Association des Psychiatres d'Exercice Privé de Sfax et du Sud
• Association des jeunes médecins et résidents en psychiatrie
• Association Tunisienne des Thérapies Comportementales et Cognitives
• Forum Bipolaire Tunisien
• Association Tunisienne de Prévention de la Santé Mentale

** http://www.tuniscope.com/article/82771/actualites/tunisie/psychiatres-medias-suicide-215315


vendredi 16 octobre 2015

POINT DE VUE Immolations en Tunisie : donner « une forme spectaculaire à un ressenti aigu d’injustice »

Immolations en Tunisie : donner « une forme spectaculaire à un ressenti aigu d’injustice »

Par Frida Dahmani - à Tunis
Un jeune homme de 22 ans est décédé le 12 octobre après s’être immolé par le feu quelques jours plus tôt à Sfax. Comme Mohamed Bouazizi, dont le geste avait déclenché en décembre 2010 la révolution tunisienne, il voulait protester contre la confiscation des cigarettes de contrebande qu’il revendait à la sauvette. Le psychiatre, Zine El Abidine Ennaifer, livre sa lecture de ce phénomène.

Jeune Afrique : Depuis 2011, de plus en plus de Tunisiens s’immolent par le feu. Outre le côté protestataire, que révèle ce phénomène ? 

Zine El Abdine Ennaifer : D’abord le phénomène en lui-même n’est pas nouveau, ce qui est nouveau, c’est que l’on en parle. Avant Bouazizi, un homme s’était immolé à Monastir (Centre Est). Ceci étant, nous n’avons aucune statistique en la matière et il  y a lieu de s’assurer que le jeune homme ait commis cet acte en pleine possession de ses moyens. Certains, sous l’effet de l’alcool et des stupéfiants, dont l’usage augmente, peuvent accomplir des gestes aussi spectaculaires, d’autres peuvent être manipulés. Il est d’ailleurs désormais établi que Bouazizi l’a été. Reste que ceux qui s’immolent volontairement éprouvent une souffrance mentale plus grande que les douleurs induites par le feu. Parfois cette souffrance relève de formes pathologiques telles que la mélancolie, la paranoïa ou la schizophrénie. Mais tous ceux qui tentent de s’immoler ne sont pas forcément des malades, ils donnent une forme spectaculaire à un ressenti aigu d’injustice.
Les femmes ont plus rarement recours à l’immolation, pourquoi?
Les femmes font généralement preuve de plus de résilience que les hommes. Depuis l’indépendance du pays en 1956, à des moments de crise grave, ce sont les Tunisiennes qui ont porté en avant le pays. L’immolation chez les femmes en Tunisie est exceptionnelle.
Quel lien entre les désordres psychiques en recrudescence et l’instabilité de la Tunisie ?
Les situations d’instabilité sont perçues avec plus d’acuité par les personnes à l’équilibre fragile ou celles qui sont dans la précarité. Dans tous les cas, la perte d’espoir engendre une situation de désespoir, pathologique ou réel.
26 cas de suicides en décembre 2014, 52 au mois de mai 2015. Les gestes désespérés sont-ils en recrudescence ?
Globalement, on ne constate pas une recrudescence de ce type de geste mais c’est un sujet qui doit être abordé publiquement et sans tabou. Banaliser ou cacher cette réalité ne résout rien, au contraire. Il faut mettre sur pied une campagne nationale de sensibilisation, notamment auprès des jeunes, que ce soit en matière d’usages des stupéfiants ou de suicide.
Ce geste n’est-il pas  en contradiction avec  les préceptes de l’islam ?
L’islam, comme d’autres religions, condamne le suicide. La religion reconnaît leur existence, tente de les prévenir mais demeure impuissante tant ces situations personnelles sont difficiles à contrôler. Il ne faut pas oublier que cet acte est une délivrance pour le suicidant qui est dans une position d’aliénation sociale, économique, ou familiale.

vendredi 27 février 2015

TUNISIE Suicide des jeunes: Un tabou s’est brisé !



Suicide des jeunes: Un tabou s’est brisé !
Au mois de décembre dernier, 26 cas de suicide ont été recensés en Tunisie, à raison d’un suicide par jour. D’après le rapport du Forum tunisien des droits économiques et sociaux publié récemment, six cas ont été commis par des jeunes, âgés entre 6 et 19 ans. Ils se sont donné la mort par strangulation ou en se jetant du haut d’un établissement scolaire. Lors d’une conférence de presse tenue il y a deux mois, le ministre de la Santé, Mohamed Saleh Ben Ammar confirme ce constat en  affirmant  que les tentatives de suicide sont particulièrement élevées chez les adolescents.
Le phénomène de suicide n’est pas nouveau en Tunisie. Il est souvent occulté par la famille, caché au sein de la société, car interdit par la religion et traqué par la législation. Ce qui est nouveau, ce sont les tentatives de suicide de jeunes  qui se suivent et se ressemblent, tel un effet domino,  comme si la mort n’était qu’un jeu  d’enfant….Ce qui est nouveau également, c’est la prise de conscience générale d’un fléau qui touche petits et grands, familles pauvres et familles riches,  au pays de la Révolution. Pour la première fois, le ministère de la Santé va élaborer un registre de suicide comportant toutes les données et les statistiques. Ce qui est nouveau enfin,c’est la médiatisation d’un acte suicidaire, irréfléchi ou prémédité,  au risque de le sublimer….ou  de le banaliser.
Bouazizi aurait-il contaminé toute une génération ? Serait-il responsable de cette épidémie comme veulent le croire certains ? Mettre fin à sa vie serait-il un acte héroïque, une passerelle vers un mode meilleur ?
Elèves suicidaires, djihadistes, « harragas » …. : des jeunes qui  se jettent dans l’inconnu ;  une envie irrésistible de changer, une course folle à la recherche d’une identité, d’une valorisation,  d’un statut…Une souffrance, une détresse que l’entourage ne pouvait comprendre ou digérer. L’acte est souvent irréversible ; la « délivrance » est aussi tragique que prohibée. « Se donner la mort, n’est pas chose facile », souligne Pr Asma Bouden, chef de service de pédopsychiatrie à l’hôpital Razi en rappelant que des facteurs sociaux et psychiatriques sont à l’origine de la conduite suicidaire (voir interview).
Que cherche le jeune à travers cette conduite, à travers ses SOS ? Doit-on le condamner et juger sa souffrance ?  Une tentative ratée, faut-il aussi en parler ? Autant de questions alors que le tabou du suicide est brisé. Faut-il rester vigilant car les risques de contagion et de récidive seront toujours vivants.
Pr Asma Bouden, chef du service  pédopsychiatrie à l’hôpital Razi
« Ne jamais banaliser une tentative de suicide »
Le phénomène de suicide en Tunisie prend de l’ampleur.  Il a comme un effet boule de neige surtout chez les jeunes…
Nous observons en effet  une augmentation très importante des cas de suicide.  La consultation pour conduite suicidaire a quadruplé  ces quatre  dernières années. Nous  assistons  à une véritable épidémie.  Il est vrai que  les adolescents s’imitent beaucoup.  Ils veulent se ressembler même dans le pire.  Il est tout aussi vrai qu’à l’adolescence, le jeune est confronté à  un véritable  bouleversement psychique qu’on appelle  la crise de l’adolescence.  Pour dépasser cette crise, le jeune va se défendre à travers des mécanismes: la mise en acte (agir ) et la toute puissance (mégalomanie, égocentrisme..).. On le voit excessif dans sa conduite. Il trouve plaisir à prendre des risques parfois au péril de sa vie (excès de vitesse, conduire une moto sans casque, overdose…). L’adolescent aime bien flirter avec la mort.
Certains jeunes vont passer à l’acte. Quels sont les facteurs de risque ?
Les facteurs de risque  sont environnementaux et psychologiques. Les facteurs environnementaux sont multiples:  la précarité sociale, les problèmes familiaux (conflit, divorce, familles désunies), la délinquance, le décrochage scolaire par manque d’encadrement familial et pédagogique, il y a aussi le harcèlement scolaire, l’élève est harcelé par ses pairs à l’école et via les réseaux sociaux…L’initiation par le groupe à la prise de produits toxiques avec des conséquences néfastes sur le fonctionnement du sujet pouvant l’inciter au vol, sevrage , décrochage scolaire est aussi un facteur de risque,…Sans oublier l’idéalisation des conduites suicidaires dans certaines séries télévisées:  le jeune en quête d’identification va chercher à ressembler à ces acteurs qui se donnent la mort dans la fiction.
Parmi les facteurs psychologiques, on note toutes les fragilités de la personnalité qui vont  s’exprimer à l’adolescence sous forme de troubles psychologiques: schizophrénie, bipolarité, épisode dépressif majeur…)
Les facteurs environnementaux  interagissent avec les facteurs psychologiquesdans la conduite suicidaire. Parfois on décèle un facteur banal (une dispute familiale, une mauvaise note, une déception amoureuse, des moqueries, une gifle). Le geste suicidaire est alors impulsif et non prémédité.
Le geste suicidaire n’est donc pas toujours réfléchi ?
Il faut d’abord faire la différence entre le suicide et la tentative de suicide, entre un sujet qui rate son geste et un sujet qui se donne la mort réellement : dans le cas d’une tentative de suicide , il s’agit d’un adolescent en crise présentant quelques troubles psychiques qui, a la suite d’un évènement stressant, va de manière impulsive et non réfléchie passer à l’acte en utilisant généralement des moyens (doux) : une prise médicamenteuse , des produits ménagers, …  Ils auraient déjà soit menacé soit prévenu  leur entourage.  Le geste suicidaire revêt alors l’aspect d’un appel à l’aide ou d’un chantage affectif. L’adolescent cherche en quelque sorte à relancer la communication entre lui et son entourage. Dans ce contexte, le désir de mort n’est pas profond et réel, d’ailleurs il est très fréquent que l’ado banalise cette conduite par des propos tels que « normal », « je n’ai pas voulu me suicider » ,« je voulais dormir ». Il banalise son geste parfois  avec la connivence des parents qui redoutent des poursuites judiciaires  et aussi pour des raisons purement religieuses alors qu’il ne faut jamais banaliser une tentative de suicide. Le risque de récidive est toujours important.
Le suicide réussi est différent : le désir de mort est profondément ancré dans la pensée du sujet qui présente souvent des troubles graves de la personnalité et certaines pathologies mentales avérées. Dans ce cas, le geste suicidaire est réfléchi et prémédité.  Le sujet utilise des moyens violents tels que la défénestration, la phlébotomie, la pendaison, la noyade, l’immolation… Tous ces gestes touchent à  l’intégrité du corps. Autant de gestes irréversibles.
Les cas d’immolation par le feu  se sont multipliés depuis le geste de Bouazizi, que cache cette forme de suicide ?
La personne qui s’immole est généralement  en souffrance psychique.La personne cherche à travers le caractère de ce  geste suicidaire à défier la société, le pouvoir, l’autorité.  Dans l’immolation, il y a le défi mais il y a aussi le spectacle. La personne s’immole devant tout le monde pour exposer sa souffrance et sa détresse.
Quels sont les signes qui peuvent alerter l’entourage ?
Il ne faut pas banaliser les menaces et les pensées suicidaires.  L’entourage doit intervenir lorsqu’il note un changement dans le fonctionnement du sujet : un état dépressif, un trouble psychique… Il faut être aussi vigilant par rapport aux ados  impulsifs qui passent facilement  à l’acte, les ados anxieux qui s’isolent, qui montrent des signes de tristesse…Pour des considérations religieuses ou pénales, le suicide est souvent dissimulé.  Nous savons tous qu’un suicide est considéré comme tel jusqu’à preuve du contraire…
En Syrie, en Irak,  en mer méditerranée …De jeunes djhadistes et des « haragas » se jettent dans l’inconnu au risque de leur vie. N’est ce pas aussi une forme de suicide?
Ce sont des  équivalents suicidaires: pour les « harragas », ça passe ou ça casse, comme une roulette russe. En se jetant dans la mer, ils jouent leur vie à tombeau ouvert.
Le djihad est une forme d’endoctrinement qui cible des  sujets  fragiles à la recherche d’une valorisation : des délinquants parfois et des personnalités psychotiques. Le djihad leur permet de se revaloriser et d’acquérir un statut dans la vie et dans l’au-delà : le statut de caïd, de héros, de martyr…
Ces personnes fragiles subliment un mal être par la conduite « djihadiste ».  Ils vont transformer un souhait de mort en un acte héroïque. Ils vont sacraliser et  sublimer l’idée de la mort.
Quelle prise en charge pour les conduites suicidaires et comment éviter surtout  les récidives ?
La conduite suicidaire surtout celle qui nécessite des soins médicaux est systématiquement orientée en psychiatrie.  Il arrive toutefois que les parents du jeune suicidaire banalisent son geste et refusent pour telle ou telle considération (religieuse, sociétale…) la consultation; ils ne viennent pas consulter alors que les risques de récidive  sont fréquents. Lorsque le patient suicidant consulte,  nous évaluons son degré de dangerosité pour lui-même ; nous proposons soit une hospitalisation soit une prise en charge en ambulatoire avec des rendez-vous rapprochés en préférant des techniques psychothérapeutiques et en évitant la prescription de médicaments, car il est classique que le sujet utilise les médicaments prescrits par le médecin pour passer à l’acte une nouvelle fois. Dans tous les cas, l’intervention évaluative et thérapeutique doit se faire dans les trois jours qui suivent l’acte suicidaire. C’est primordial pour le diagnostic et la vie du sujet.
Propos recueillis par    Sarra Rajhi

06 fév 2015

mardi 24 février 2015

TUNISIE RETOUR SUR MANIFESTATION Séminaire sur la médiatisation du suicide

Retours sur Séminaire sur la médiatisation du suicide pour une diffusion plus appropriée du 11 FEVRIER 2015 http://blogdinfosuicide.blogspot.fr/2015/01/tunisie-seminaire-sur-la-mediatisation.html

Fatma Charfi (pédopsychiatre): "Il faudrait communiquer autrement sur les conduites suicidaires" Ajouté le 23 Février, 2015 - http://www.espacemanager.com/fatma-charfi-pedopsychiatre-il-faudrait-communiquer-autrement-sur-les-conduites-suicidaires.html



Dans le cadre d’un séminaire sur la médiatisation du suicide organisé par le CAPJC en partenariat avec l'UNICEF et le Ministère de la Santé Publique, le Docteur Fatma Charfi, pédopsychiatre à l’hôpital Mongi Slim, était l’une des conférenciers qui a expliqué aux journalistes et professionnels le rôle actif de l’homme de médias dans la prévention du suicide.

Après le séminaire, Docteur Fatma Charfi a accepté de nous donner cette longue interview dans laquelle elle a analysé de façon pointue ce phénomène.

Face à une personne suicidaire, chacun peut faire quelque chose. Quel rôle peut avoir le journaliste ?

D’abord face à tous les comportements suicidaires d’une manière générale, le journaliste devrait trouver le bon équilibre pour en parler. Il s’agit de parler de comportements suicidaires quand c’est nécessaire et de manière appropriée en proposant aussi des solutions aux personnes qui se trouvent en détresse.

Il est aussi recommandé d’avoir de la « retenue » si cette information peut avoir des effets négatifs. Enfin, comme cela a été recommandé par l’Organisation Mondiale de la Santé, il est très important de vérifier les sources des informations qui portent sur le suicide, surtout quand il s’agit de données statistiques, il faut vérifier au préalable la fiabilité de ces données.

Lors d’un séminaire, vous avez indiqué qu’après la médiatisation d’un cas, le taux de suicide augmente. Expliquez à nos lecteurs ce phénomène d’imitation ?

Ce phénomène d’imitation ou de « contagion » a été décrit par un sociologue américain au cours des années soixante-dix, sous le nom d’effet « Werther » en référence à un roman de Goethe qui été suivi d’une vague de suicide en Europe. Il s’agit d’une augmentation significative des taux de suicide (par rapport à des données antérieures) qui survient à la suite d’une médiatisation excessive de cas de suicide notamment de personnes célèbres.

Cette augmentation significative a été vérifiée par plusieurs études faites par des scientifiques depuis plus d’une vingtaine d’années dans plusieurs pays, et survient de manière proximale dans le temps et dans l’espace, essentiellement des les deux à quatre semaines qui suivent la médiatisation de tels cas.

Les lecteurs vulnérables qui ont accès à ce type d’information peuvent s’identifier à la victime s’ils ont des caractéristiques communes, par exemple issus d’une même région ou ayant le même âge, et peuvent ainsi passer à l’acte par mimétisme, surtout si le suicide a été décrit en terme positif (suicide « réussi »,..).

Comment expliquer qu’un enfant puisse mettre fin à ses jours? Peut-on parler de suicide chez les enfants ?

Le suicide chez l’enfant est un comportement qui reste très exceptionnel, aussi bien en Tunisie, qu’ailleurs. Il faut rappeler que ces rares cas d’enfants suicidés ont malheureusement concerné nos jeunes et ce depuis plusieurs années, mais ceci était un sujet tabou. Je tiens à souligner que, malgré les situations rapportées récemment, cela reste extrêmement rare, puisqu'en Tunisie, à l’instar de ce qui est retrouvé dans les autres pays, le suicide touche essentiellement l’adulte jeune. Les conduites suicidaires chez l’enfant sont souvent la conséquence d’un état dépressif, ou un autre trouble mental.

Qu'est-ce qui pousse une personne à se suicider ?

C’est un comportement qui survient suite à l’accumulation de plusieurs facteurs. Une souffrance psychologique où une maladie mentale est très souvent en cause associée à des facteurs d’environnement : des évènements de vie négatifs, ou un contexte de vie difficile. Le suicide est un phénomène complexe et multifactoriel et ne peut être expliqué par un seul facteur de stress, et survient après un échec de plusieurs tentatives de recherche d’aide. Toutefois, chez les adolescents, les tentatives de suicide peuvent être impulsives, survenant rapidement après un facteur de stress. 

Le FTDES parle de 153 cas de suicide en Tunisie pour la seule année passée et une cinquantaine de tentatives. Vous estimez que le chiffre est trop élevé ? Comment peut-on prévenir ?


Ces chiffres ne sont pas le fruit d’une enquête sur le terrain ni de statistiques fiables, l’auteur s’est référé uniquement à des cas médiatisés. Ce travail n’étant pas basé sur une méthodologie scientifique, on ne peut pas interpréter ces résultats. Seule une comparaison statistique avec des données fiables des années précédentes peut nous donner une tendance, car il faut rappeler que le suicide a toujours existé en Tunisie. D’ailleurs, les premières études concernant la population tunisienne en matière de suicide remontent aux années soixante-dix réalisées à l’époque par le Professeur Sleim Ammar.

Le même rapport indique que le mois de février 2014 a connu un pic avec 31 cas suivi de décembre et de janvier. Est-ce qu’il y a des périodes privilégiées pour les suicidés?


Ce résultat comme je viens de le préciser, n’est pas issu d’une enquête nationale, donc difficile à affirmer. Si cette tendance se précise, ce pic peut refléter un effet « contagion » lié à une médiatisation excessive et malheureusement non conforme dans plusieurs cas aux recommandations internationales établies par l’OMS et par plusieurs associations de professionnels dans le journalisme et la communication dans le monde.

En effet, la plupart des cas rapportés ont eu recours à la même méthode, ce qui est le cas quand il s’agit d’effet « Werther ». Dans un premier temps, il faudrait communiquer autrement sur les conduites suicidaires, et continuer à sensibiliser les professionnels de la santé, l’éducation nationale, etc sur le dépistage des personnes ayant des souffrances psychiques.

Comment l’entourage peut-il réagir face à une tentative de suicide ?

Face à une tentative de suicide, il faut éviter de banaliser cet acte, prendre en compte la souffrance psychique sous-jacente et tenter de comprendre les facteurs ayant précipité ce passage à l’acte. Une prise en charge psychologique ou même psychiatrique est indiquée, ou même une consultation avec médecin de première ligne afin de faire un diagnostic d’un éventuel trouble psychiatrique. Ceci permettra de mettre en œuvre des mesures nécessaires pour éviter la récidive.

Comment comprendre ce phénomène chez les personnes âgées ?

Les personnes âgés sont aussi soumises à des facteurs de stress et peuvent souffrir de dépression qu’il est important de diagnostiquer et de prendre en charge. La dépression du sujet âgé peut se manifester de manière insidieuse et parfois atypique, et rester longtemps méconnue par l’entourage.

Au cours de la crise suicidaire, existerait-il des signaux qui peuvent être sentis ou envoyés à l'entourage ?

En effet, au cours de la crise suicidaire, qui peut durer des semaines, il existe des signaux d’alerte, comme des propos faisant allusion à la mort, un isolement social, un désinvestissement des activités habituelles, des crises de colère excessives ou une tristesse ou même des réactions agressives peuvent être des signes avant-coureur.

Ne trouvez-vous pas que la multiplication des cas de suicide en Tunisie nécessite la mise en place d’un plan d’action urgent visant à lutter contre ce phénomène ?


Un comité dont la mission est d’établir une stratégie de lutte contre le suicide à court, moyen et long terme au niveau national a été mis en place par le Ministère de la Santé depuis fin décembre 2014. Ce comité vise notamment à systématiser les actions de prévention à l’échelle du pays, car il a y eu plusieurs actions précédentes locales et circonscrites dans le temps. A titre d’exemple, les multiples sessions de formation dans ce domaine à l’attention des médecins scolaires et de première ligne, ont été réalisées dans le passé par le Ministère de la Santé, de même les actions de sensibilisation sur la dépression, etc. Dans, l’avenir, il est question de former plusieurs professionnels en dehors de la santé sur cette problématique.

Propos recueillis par Cheker Berhima

jeudi 12 février 2015

Rapport suicide en Tunisie 2014


Rapport suicide en Tunisie 2014
  • By FTDES
  • On février 11, 2015
  • Le rapport est en langue arabe


Articles sur le sujet :
Tunisie : 203 cas de suicide en 2014, l'OST s'inquiète
Publié le Mercredi 11 Février 2015 http://www.gnet.tn/temps-fort/tunisie-203-cas-de-suicide-en-2014-l-ost-s-inquiete/id-menu-325.html
Selon l’Observatoire Social Tunisien, 203 cas de suicide ont été enregistrés en 2014, dans tout le pays. Un chiffre alarmant d’après Abdessatar Sahbani, responsable à l’Observatoire.  Le mois de février a connu 31 cas de suicides, 26 au mois de mars, 23 cas au mois d’août et 27 au mois de décembre 2014.  Les  hommes représentent 74% des victimes, et les femmes 27%. Lors du point de presse périodique de l’observatoire, tenu ce mercredi, les responsables ont tiré la sonnette d’alarme.

«Il existe encore le chiffre noir, celui des cas non déclarés comme étant des suicides pour des raisons culturelles ou sociales…Dans les meilleurs mois il y a eu en moyenne un suicide ou tentative de suicide chaque 4 jours, et dans les pires mois, un suicide par jour, comme au mois de février, mars et décembre », a-t-il expliqué.

La tranche d’âge la plus touchée par ces actes de détresse, est celle des 26 - 35 ans, avec 69 cas l’année dernière. Viennent ensuite les jeunes âgés entre 16 et 25 ans, avec 52 cas, et 24 cas parmi les adultes âgés entre 36 et 45  ans. Dix huit suicides ont été observés chez les enfants, avec plus de filles que de garçons. « L’échec personnel, le chômage, les problèmes économiques et sociaux, le manque d’encadrement et l’insécurité, sont les principales causes du passage à l’acte », explique Sahbani.

Selon cette enquête, les enfants se donnent la mort par pendaison dans la totalité des cas. Les jeunes et les adultes, choisissent la pendaison, l’immolation par le feu, ou d’ingurgiter des substances toxiques. « Il existe même des cas de personnes âgées, 4 cas l’année dernière, dont un homme de 85 ans. D’ailleurs au mois de janvier 2015, un homme âgé de 75 ans s’est donné la mort parce qu’on lui avait suspendu sa pension de retraite qui était de 110dt », a souligné Sahbani. Le gouvernorat qui a connu le plus de cas de suicides est celui de Kairouan, et plus précisément la commune d’Al Alaa. L’Observatoire s’inquiète à ce propos, du silence des autorités qui n’ont toujours pas étudié les raisons d’un tel phénomène dans la région.

Au premier mois de cette année, 27 cas de suicide ont été enregistrés, selon L’OST, avec une prédominance dans la région de Kairouan où 11 cas ont été observés. Une femme dans la quarantaine s’était pendue à cause de querelles conjugales, un homme de 72 ans se suicide pour des raisons non élucidées, un jeune de 16 ans se pend à cause de ses résultats scolaires, un jeune de 30 ans fait une tentative en se taillant les veines, un homme dans la trentaine se jette dans le barrage de Sidi Saad…pour ne citer que ces quelques cas.

677 mouvements sociaux

L’Observatoire s’intéresse également aux mouvements sociaux, qui ont été au nombre de 677 au mois de janvier de cette année.

Les différentes protestations qui ont lieu, ont touché différents domaines, pour arriver jusqu’au palais de Carthage en janvier, où les familles des martyrs ont exprimé leur mécontentement quant au traitement auquel ils ont eu droit.

Il y a eu également des manifestations pour la libération du blogueur Yassine Ayari, des rassemblements pour la libération des journalistes Chourabi et Ketari kidnappés en Libye, des protestations contre la composition du gouvernement, des appels à adopter la loi anti-terroriste, une protestation contre les diplômes d’ingénieur des universités privées, des manifestations contre les nouvelles dispositions pour l’examen du  baccalauréat, des protestations pour la régularisation des ouvriers de chantiers, pour l’obtention d’autorisations de boulangeries, une protestation en refus de la mutation d’un certain nombre d’agents de l’ordre…et la liste et longue.

Les mouvements sociaux ont touché différents institutions, notamment les lycées, les universités, le ministère de l’Education, le ministère de l’Enseignement supérieur, les tribunaux, des sièges de partis politiques, l’ambassade d’Egypte, le ministère de l’Intérieur, des municipalités, La Compagnie Phosphate Gafsa, La STEG, la SONEDE, selon le rapport de l’Observatoire…

Par ailleurs, le Forum Tunisien des Droits Economiques et Sociaux, dénonce l’absence de sécurité dans les villages, surtout dans les gouvernorats de Kairouan et Sidi Bouzid, où les habitants sont la cible de groupes armés de fusils de chasse, qui les menacent et les délestent de leur bétail. A Utique du gouvernorat de Bizerte, un éleveur n’a pas réussi à empêcher un groupe armé d’emporter 275 têtes de bétail. Un autre agriculteur, à Bouhajla, de Kairouan, avait reçu une balle dans le ventre de la part d’un inconnu qui lui vole 20 têtes de bétail.
Chiraz Kef