vendredi 29 décembre 2023

Enquête Les suicides forcés, la face cachée des féminicides

 

Enquête

Les  suicides forcés, la face cachée des féminicides
https://www.lemonde.fr/* 26/12/23

En 2022, 759 femmes se sont suicidées ou ont tenté de le faireen raison du harcèlement de leur conjoint ou ex-conjoint. Une infraction en forte hausse, mais peu visible et difficile à prouver

Minh Dréan

Le 1er janvier 2021 au matin, les derniers fêtards arpentent la ville de Toulon, s’allongent sur la plage de la Mitre pour éponger une soirée trop arrosée, se serrent dans les bras pour fêter la nouvelle année. Ils ne voient pas, à quelques mètres d’eux, le corps d’Odile. Quelques heures plus tôt, Odile Nasri, 50 ans, a décidé de mettre fin à ses jours. A l’aube, elle descend sur cette plage, tout près de son domicile, pour une dernière balade. Elle sera retrouvée inanimée à 9 heures par un promeneur. Elle est prise en charge à l’hôpital en « urgence vitale » , son cœur lâche vers midi.

« Son mari était à l’hôpital, mais il ne nous a prévenus qu’une heure après son décès. Il ne nous avait pas non plus informés du fait qu’il n’avait plus de nouvelles d’elle depuis près de vingt-quatre heures », raconte Fadila Nasri, la sœur d’Odile, qui s’effondre. « Tout me semble encore surréaliste tant cette fin tragique est aux antipodes de la personne pleine de vie, pétillante, souriante et très indépendante, que tout le monde a connue,poursuit l’enseignante de 55 ans. Avec ma sœur, on a tout partagé, les fêtes, les sorties, les études. Et puis, elle l’a rencontré, son ex-mari. C’est lui qui va l’enfermer dans un huis clos machiavélique, toxique et qui va l’isoler de tout le monde. »

Le rapport de police indique qu’Odile Nasri est morte d’ « intoxication médicamenteuse » et d’ « hypothermie ». Avec ses trois frères, Messaoud, Karim et Francis, Fadila décide de porter plainte en juin 2021. Trois mois plus tard, la toute première information judiciaire en France pour « suicide forcé » est ouverte. « La route est longue,mesure Fadila Nasri, mais j’irai jusqu’au bout, je vais me battre pour elle. »

« Vide juridique »

La France est le premier pays en Europe et le deuxième dans le monde à reconnaître et condamner le suicide forcé. Le harcèlement par conjoint ou ex-conjoint ayant conduit la victime à se suicider ou à tenter de se suicider est une infraction inscrite dans la loi du 30 juillet 2020, issue du Grenelle des violences conjugales de 2019. Il est désormais puni de dix ans d’emprisonnement et de 150 000 euros d’amende.

Ce nouvel article 222-33-2-1 du Code pénal vise à incriminer l’une des faces cachées des féminicides. « Les suicides forcés correspondent à des situations où un partenaire, une femme dans la majorité des cas, victime de violences physiques et/ou psychologiques ne voit pas d’autre issue pour s’en sortir que de mettre fin à ses jours » , détaille Yael Mellul, avocate spécialiste des violences conjugales et qui a fait du « suicide forcé » son cheval de bataille depuis quinze ans. Pour elle, cette loi vient combler « un vide juridique » et permet la reconnaissance de ce « fléau sociétal ».

En parallèle, un nouveau chiffre est venu jeter une lumière crue sur les violences conjugales. Fin 2022, les suicides à la suite du harcèlement d’un conjoint ou ex-conjoint ont été recensés dans la lettre de l’Observatoire national des violences faites aux femmes. En 2021, 684 personnes dans cette situation se sont suicidées ou ont essayé de le faire, 759 en 2022 d’après les chiffres du ministère de l’intérieur, qui indique qu’il s’agit quasi exclusivement de femmes. Des chiffres bien supérieurs aux 118 féminicides dénombrés en 2022.

« Quand on dit qu’une femme meurt tous les trois jours en France, c’est donc faux,assène Ernestine Ronai, responsable de l’Observatoire départemental des violences envers les femmes de Seine-Saint-Denis. Ce sont trois femmes par jour qu’on tue, qu’on a voulu tuer, qui se suicident ou qui ont voulu se suicider. Si on ajoute les suicides forcés aux “féminicides”, la photographie du taux de mortalité lié aux violences conjugales n’est plus du tout la même. Un constat que la société et les pouvoirs publics ne sont pas prêts à accepter. » D’après les chiffres obtenus par Le Monde auprès du ministère de la justice, depuis l’entrée en vigueur de la loi en 2020, 20 procédures ont été transmises au parquet, dont deux poursuites correctionnelles en 2020, 190 procédures et 10 poursuites correctionnelles en 2021, 233 procédures et 25 poursuites correctionnelles en 2022. Depuis 2020, il y a eu une dizaine de condamnations.

L’avocat qui suit l’affaire d’Odile Nasri, Me Victor Zagury, explique que l’enquête « avance bien » et rappelle que l’ouverture d’une information judiciaire pour « suicide forcé » est déjà « une victoire ». Me Zagury affirme avoir déposé une plainte sous cette qualification juridique pour d’autres victimes.L’avocat de l’ex-mari d’Odile Nasri, Bertrand Pie, affirme que son client « nie tout ». Ce dernier a été auditionné une fois en janvier 2023. Il n’est pas, à l’heure actuelle, mis en examen.

« Ma sœur a cru qu’elle n’avait pas le choix », raconte Fadila Nasri, dont la voix se brise. L’enseignante commence à dérouler le fil de l’histoire. Odile, ses frères et sa sœur perdent leurs parents d’une longue maladie. La jeune femme a 23 ans lorsque sa mère meurt, 27 ans lorsque son père décède. Elle en gardera des « cicatrices ». « Elle avait ce besoin d’affection, cette peur d’être seule », rapporte Fadila Nasri.

« Toi tu cherches la merde »

Début 2010, Odile, qui approche des 40 ans, travaille en tant qu’agente administrative et décide de s’inscrire sur un site de rencontre. Elle y fait la connaissance d’Harold (le prénom a été modifié), son futur mari. Il est grand, peau blanche, cheveux châtain clair, « un physique de séducteur », décrit Fadila. Odile tombe immédiatement sous le charme. Lui, en recherche d’emploi, n’a pas de revenu stable ni de domicile et s’installe chez elle. C’est la première rupture avec ses proches. « A partir de là, je n’ai plus beaucoup vu ma sœur, mais je me disais que c’était normal, que c’était le tourbillon des débuts. J’avais surtout peur qu’elle ait un gros chagrin d’amour »,se souvient Fadila.

Cette dernière reçoit un coup de fil à l’été 2010 : « Elle était en pleurs, et m’a dit qu’il l’avait insultée, elle, sa famille, sa foi, et qu’elle était à la rue. » Odile raccroche et retourne auprès d’Harold qui prend Fadila Nasri en grippe. « Toi tu cherches la merde », lui dit-il au détour d’une conversation – l’enquête révélera d’autres épisodes de violences. Fadila Nasri, qui sent sa sœur s’éloigner, tente d’en parler à ses frères qui lui rétorquent : « Elle a 40 ans, qu’est-ce qu’on peut faire ? »

Odile et Harold se marient en 2011 et les échanges avec sa famille se raréfient. Elle déménage de Montpellier, s’installe à Toulon en 2018 et se coupe de ses rares amis. « L’enquête a révélé qu’à partir de cette période l’état mental et physique de ma sœur se dégrade de façon très alarmante. Après deux prises en charge aux urgences, il est mentionné dans son dossier : “Un amaigrissement important et des idées noires, la patiente a des propos qui sonnaient comme des appels aux secours” », avance la quinquagénaire. Un rapport d’expertise psychiatrique mentionne des « tensions conjugales importantes » évoquées par Odile.

A l’été 2020, Odile reprend timidement contact avec Fadila Nasri. Puis les SMS se font plus nombreux et plus normaux. Fadila se dit que sa sœur sort enfin d’un « long tunnel ». L’espoir est de courte durée. Le 30 décembre 2020, Odile rejoint Fadila Nasri et sa famille à Montpellier. « Elle est arrivée cernée, elle gardait la tête baissée, c’était un zombie. Elle nous a parlé de ses angoisses. Odile était encore en vie mais elle était déjà morte à l’intérieur,raconte l’enseignante. Deux jours avant sa mort, elle continuait à le défendre, elle ne se rendait pas compte que c’était son bourreau. Comme ils étaient tous les deux très croyants, je pensais qu’il l’avait embrigadée dans une secte, je ne pensais pas qu’une telle emprise psychologique pouvait exister au sein d’un couple. Ce n’est qu’après sa mort que j’ai fait tous les liens. »

« Mon client aimait passionnément son épouse, affirme Me Bertrand Pie. Odile était fragile psychologiquement depuis le début de l’âge adulte, Harold ne l’a jamais isolée. Il y avait des hauts et des bas, comme dans tous les couples », insiste-t-il en évoquant un rapport d’expertise qui atteste de phases « dépressives ».

L’ex-mari d’Odile reconnaît des relations distendues avec sa belle-famille et un cercle d’amis plus que restreint, mais assure que tous deux vivaient de « leur foi » et que le couple « allait bien ». Me Bertrand Pie indique que son client se réserve le droit de porter plainte pour dénonciation calomnieuse. Pourtant, en octobre, l’audition d’une ex-compagne avec qui Harold a vécu plusieurs années au cours de la décennie 2000 met en évidence une autre réalité : elle y évoque un homme « possessif » qui a pris le contrôle de sa vie.

Après le décès de sa sœur, Fadila Nasri commence à mener sa « propre enquête ». « Quand j’ai découvert ce qu’était le “suicide forcé”, je me suis effondrée car j’ai compris que c’était exactement ce que ma sœur avait vécu. »Dénigrement quotidien, contrôle de sa vie, de ses finances, isolement social et familial… Autant de pressions qui ont entraîné une dégradation très importante de son état de santé, jusqu’au passage à l’acte.

Collecter les preuves

« Ce sont des mécanismes que l’on retrouve pour la plupart des victimes,expose l’ancienne avocate Yael Mellul qui a accompagné Fadila Nasri, par le biais de son association Femmes & Libres, dans ses démarches pour collecter les preuves avant le dépôt de plainte. « Il s’agit pour les suicides forcés de procéder par faisceau d’indices concordants et d’établir, à rebours, une autopsie psychologique : écrits de la victime, témoignages de proches, certificats médicaux, exploration du téléphone… » , détaille-t-elle.

Le suicide forcé reste une infraction difficile à prouver, rappelle Ombeline Mahuzier, présidente du tribunal de Colmar. « Il faut rentrer dans l’intimité du couple et réussir à comprendre des faits décryptés seulement par la victime comme des menaces. Tout ce qui relève du comportement non verbal : une serviette repliée un peu vite lors d’un dîner, un tapotement sec sur un verre… Or la victime n’est plus là pour en parler », indique l’ancienne procureure.

Faire du suicide forcé une infraction était une demande du groupe de travail sur les violences psychologiques, copiloté par Yael Mellul, réunit lors du Grenelle des violences conjugales en 2019. Le groupe réclamait une peine plus lourde (vingt ans de prison), ce qui en faisait une infraction criminelle. « Or, en cas de suicide, l’intention homicidaire aurait été impossible à prouver, précise Bérangère Couillard, rapporteuse du texte de loi et actuelle ministre de l’égalité entre les femmes et les hommes. Désormais, dans le cadre du harcèlement moral aggravé par le suicide ou la tentative de suicide intégré dans la loi de 2020, il n’est pas nécessaire de prouver que l’auteur ait eu l’intention de pousser la victime à mettre fin à ses jours. »

Les passages à l’acte interviennent souvent dans des contextes de séparation, la garde des enfants devenant un moyen de pression. Patricia (le prénom a été modifié), 47 ans, s’est pendue à son domicile le 22 juin. « Elle s’est suicidée le jour où elle n’avait pas son fils. Son fils, c’était tout pour elle », murmure, Sandrine, sa sœur (qui n’a pas souhaité donner son nom car la plainte n’a pas encore été déposée). « 82 % des victimes de violences conjugales sont des mères », avance Andreea Gruev-Vintila, chercheuse en psychologie sociale à l’université de Nanterre, qui recommande de renverser le paradigme et ne plus se dire : « Pourquoi elle ne part pas », mais « Qu’est-ce qu’il lui a fait pour qu’elle reste ? ».

Lorsque Patricia et son ancien mari se séparent en octobre 2022, après douze années de vie commune, ce dernier commence un chantage à la garde d’enfant. Ils passent devant le juge aux affaires familiales en 2023 qui se dit favorable à une garde partagée, le magistrat fixe une nouvelle audience fin juin. Aucune mention ne sera faite de la plainte pour violences conjugales déposée quelques mois plus tôt par Patricia. Plainte qu’elle finira par retirer pour « apaiser la situation », raconte Rita, sa mère.

« Ma sœur a eu l’impression que personne ne la croyait, elle n’a pas été écoutée par le juge, par l’expert, par personne »,dénonce Sandrine, qui retrace l’histoire d’un couple au parcours en dents de scie. Patricia et son ancien conjoint se rencontrent alors qu’elle fait ses études aux Beaux-Arts. Ils se séparent une première fois car elle le trouve « trop possessif ».Ils se retrouvent et entament une relation à distance, elle à Paris, lui à Evreux. Patricia travaille en tant que photographe, mais son contrat se termine, alors elle part s’installer en Normandie en 2012. Elle emménage chez lui, dans une maison à la campagne, et se retrouve isolée dans un endroit où elle n’a aucun repère : pas de famille, pas d’amis, ni même de voiture. Lui prend soin d’elle, elle se sent « comme une princesse », raconte Sandrine.

« Cycle de l’emprise »

« Il en imposait,se souvient Sandrine, il s’exprimait bien, était toujours habillé en costard. Il roulait dans des grosses voitures, c’était un charmeur. » Pendant plusieurs années, la vie se déroule sans accrocs, jusqu’en 2016, l’année où Patricia tombe enceinte. Son conjoint se met à la surveiller, à fouiller son téléphone… En parallèle commencent les salves continuent de reproches. Tout ce qu’elle fait n’est jamais assez bien, selon son conjoint. « Sur ta tombe sera marqué : “Toujours décevante mais jamais surprenante” », lui dit son ex lors d’un repas de famille. Patricia commence à culpabiliser tandis que lui boit trop.

« Dans les cas de violences conjugales, on retrouve le cycle de l’emprise,avance Théodora Barreau-Potier, porte-parole de l’association Nous toutes. Une phase de lune de miel, puis une phase de tensions où l’agresseur aura des comportements avec des micro-agressions quotidiennes. Vient ensuite la phase d’explosion avec différents niveaux de violences physiques, verbales et psychologiques, et enfin la phase d’inversion de la culpabilité. » L’une des manières de rompre ce cercle pour les victimes est alors de se suicider.

A l’automne 2021, alors que l’ancien mari de Patricia est ivre et se montre violent, elle appelle les gendarmes. Ce n’est pas la première fois, elle a déjà déposé des mains courantes – sans que sa famille soit alertée. Dans la foulée, elle contacte l’Association d’aide aux victimes, d’accès aux droits et de mesures sociojudiciaires d’Evreux. Un psychologue lui conseille de tout noter dans un « Mémo de vie ». Ce nouveau dispositif mis en place en 2020 et géré par l’association France Victimes permet de consigner et de sauvegarder, chronologiquement et en toute discrétion, des données sécurisées pour les victimes de violences : photos, documents, enregistrements audio…

« Je suis déjà à moitié morte »

« Une fois la justice saisie pour suicide forcé, le mémo de vie peut être utilisé pour objectiver les violences et caractériser le harcèlement quotidien dont la femme a été victime », précise Laetitia Dhervilly, haute fonctionnaire à l’égalité femmes-hommes. Au 28 septembre 2023, 5 000 comptes avaient été créés et plus de 49 300 fichiers sauvegardés sur la plate-forme. Un chiffre faible comparé au nombre de femmes âgées de 18 à 75 ans qui, au cours d’une année, sont victimes de violences physiques et/ou sexuelles commises par leur conjoint ou ex-conjoint, estimé en 2023 à 244 300 femmes, selon le ministère de l’intérieur.Un chiffre toutefois largement sous-déclaré. D’après l’enquête « Genre et sécurité », conduite par le service statistique ministériel de la sécurité intérieure etparue en novembre 2022, en 2021 une femme sur six âgées de 18 à 74 ans déclare avoir été victime de violences physiques par un partenaire au moins une fois depuis l’âge de 15 ans.

La sœur et la mère de Patricia, qui n’avaient pas connaissance de ce mémo de vie, découvrent des violences insoupçonnées. « Il la tirait par les cheveux, l’attrapait par le cou… », confie Rita. Elles retrouveront aussi dans une note sur son téléphone, un poème :

« A travers tes yeux rageurs je t’aimerai toujours

Le feu de tes yeux qui foudroient mon amour

Tes lèvres pincées, tes dents serrées, la rage de tes cris,

Tu dis que je suis folle, je suis folle de rester

Tu dis je suis le monstre de ta vie, tes mots sont des couteaux et je t’en veux je te hais mais quand je me retrouve seule je t’aime de nouveau.

Le rouge de tes verres tue nos moments

Ta main sur mon cou jette mon corps

Je suis déjà à moitié morte. »

Dans tous les cas évoqués, ce sont des femmes qui cherchent de l’aide mais n’en trouvent pas. Souvent, aussi, des femmes qui ont déjà effectué des signalements ou des tentatives de suicide. C’est le cas de Maëva Frossard, connue sous le nom de « Mava Chou » (nom donné à sa chaîne YouTube), qui s’est suicidée le 22 décembre 2021. Elle avait tenté deux fois de mettre fin à ses jours la même année et avait porté plainte à cinq reprises contre son ex-mari pour harcèlement et diffamation.

Selon la dernière étude nationale sur les morts violentes au sein du couple, menée par le ministère de l’intérieur, en 2022, sur 118 femmes tuées par leur conjoint, 31 % avaient subi des violences antérieures et 65 % avaient signalé ces violences aux forces de sécurité. Parmi elles, 79 % avaient déjà déposé une plainte.

Contrôle coercitif

« Pour les suicides forcés, les proportions doivent être les mêmes » , estime Ernestine Ronai de l’Observatoire départemental des violences envers les femmes de Seine-Saint-Denis, qui rappelle que les « violences révélées ne sont jamais les premières violences subies ».Elle plaide pour l’application du « principe de précaution ». « Dès qu’une victime vient témoigner, il faut la protéger et éloigner son conjoint ou ex-conjoint violent. En France, il y a 3 500 ordonnances de protection accordées par an, il en faudrait dix fois plus,souligne la spécialiste. La responsabilité de la société tout entière est énorme et les pouvoirs publics ferment les yeux. »

Afin justement de mieux appréhender les violences psychologiques, Isabelle Rome, ancienne ministre déléguée chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, souhaiterait inscrire « légalement »la notion de contrôle coercitif – une série de comportements répétitifs, exercés par un conjoint violent sur sa victime et qui viennent attenter à ses droits fondamentaux. « Le suicide forcé est l’un des résultats ultimes du contrôle coercitif,avance Isabelle Rome. Celui-ci produit une telle désintégration du sentiment de soi des victimes, un tel isolement, un tel désespoir, une telle captivité que le suicide semble préférable. Les agresseurs apparaissent alors comme les auteurs d’un “crime parfait”. »

Aussi paru dans

26 décembre 2023

https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/12/26/elle-etait-deja-morte-a-l-interieur-les-suicides-forces-la-face-cachee-des-feminicides_6207738_3224.html

JNPS 2024 MANIFESTATION 5/02/24 La Rochelle (17)

 🎗️Dans le cadre de la journée nationale de prévention du suicide (#JNPS), la Société Rochelaise d'Études en Psychiatrie (SREP) et la coordination promotion santé mentale, prévention suicide du Groupe Hospitalier Littoral Atlantique organisent une soirée dédiée le lundi 5 février de 18h à 20h30 à l’IFSI de La Rochelle.

✨LE PROGRAMME : 
🔹Introduction du médecin référent prévention du risque suicidaire | Dr Marion Turpin
📒Présentation du Projet Territorial de Prévention du Suicide Charente-Maritime
|Dr Emilie Sauvaget, psychologue
🧒« Le suicide chez l’enfant : mythe ou réalité ? » | Dr ROCCHESANI et Dr BOYER , psychiatres
💙Le rôle des associations en prévention du suicide | Association « Dites Je Suis Là »
🎗️Conclusion et buffet
🗣️En présence de Mme Catherine VAURE, directrice adjointe de la délégation départementale de la Charente-Maritime pour l’ARS Nouvelle-Aquitaine - Agence régionale de Santé et de mes collègues du 3114, de VigilanS, des coordinations prévention suicide de l’ex Poitou-Charentes.
📝L’inscription est ouverte à tous, gratuite : https://lnkd.in/eVzFmawu

 Source :




mardi 26 décembre 2023

MANIFESTATION 30/01/24, Saint benoit (86) 22ème journée d’études de la Coordination Territoriale de la Vienne Prévention du Suicide

22ème journée d’études de la Coordination Territoriale de la Vienne Prévention du Suicide le 30 janvier

L’équipe du Dr Jean-Jacques Chavagnat organise la 22ème journée d’études de la Coordination Territoriale de la Vienne Prévention du Suicide, qui se déroulera  à La Hune – Saint Benoît, le Mardi  30 Janvier 2024 avec pour thème “La crise suicidaire”.

Journée gratuite mais inscription obligatoire via le bulletin d’inscription en page 2 du programme

Source https://ch-laborit.fr/22eme-journee-detudes-de-la-coordination-territoriale-de-la-vienne-prevention-du-suicide-le-30-janvier/

vendredi 22 décembre 2023

ARS NORMANDIE COPIL régional de la prévention du suicide du 22 decembre 2023

ARS NORMANDIE COPIL régional de la prévention du suicide

 


USA ETUDE RECHERCHE Pourquoi il est important de dissiper le mythe du suicide pendant les vacances de la periode des fêtes

Le mythe éternel du suicide en vacances

d'apres article The Undying Holiday-Suicide Myth By Annenberg Public Policy Center  5 décembre 2022https://www.asc.upenn.edu*

Grâce à une analyse d'articles de journaux sur la période des fêtes 2021-22, l'Annenberg Public Policy Center aborde le mythe du suicide pendant les vacances.

Le mythe du suicide pendant les vacances, la fausse affirmation selon laquelle le taux de suicide augmente pendant la période des fêtes de fin d'année, a persisté dans certaines couvertures médiatiques pendant les vacances 2021-2022, selon les données des médias américains collectées et analysées par l'Annenberg Public Policy Center (APPC). ).

En fait, même si le taux de suicide aux États-Unis a augmenté en 2021 après deux années de baisse, le taux de suicide quotidien moyen pendant les mois de vacances est resté parmi les taux les plus bas de l'année.

L'analyse médiatique de l'APPC, basée sur des articles de journaux publiés au cours de la période des fêtes 2021-2022, a révélé qu'un peu plus de la moitié des articles traitant directement des vacances et du taux de suicide soutenaient le faux mythe, tandis que le reste le démystifiait.

Depuis plus de deux décennies, le Annenberg Public Policy Center cherche à corriger l’idée fausse populaire liant les vacances au suicide en analysant les articles de journaux pour voir s’ils perpétuent ou démystifient le mythe du suicide pendant les vacances. Au cours de la période des fêtes 2021-2022, seulement 25 histoires ont fait le lien, avec 14 d’entre elles perpétuant le mythe (56 %) et 11 le démystifiant (44 %) – parmi les décomptes totaux les plus bas depuis que l’APPC a suivi cela. ( Voir les figures 1 et 2. )

Graphique montrant le pourcentage de reportages soutenant ou démystifiant le mythe des vacances-suicide pendant les périodes de vacances de 1999-2000 à 2021-2022.
Fig. 1. Pourcentage d'histoires soutenant le mythe par rapport à celles qui le démystifient, de la période des fêtes 1999-2000 à 2021-2022. Source : Centre de politique publique Annenberg.

"Notre expérience en matière de suivi des reportages sur le suicide pendant les vacances montre à quel point il est difficile d'éradiquer ce mythe", a déclaré Dan Romer , directeur de recherche au Annenberg Public Policy Center. "Au cours des 23 années de notre étude, seules neuf années ont connu des taux plus élevés de démystification du mythe et seulement trois d'entre elles se sont produites au cours des 10 dernières années."

Graphique montrant le nombre de reportages soutenant le mythe des vacances-suicide depuis les périodes de vacances de 1999-2000 jusqu'en 2021-2022.
Fig. 2 : Nombre d'articles d'actualité soutenant le mythe du suicide pendant les vacances entre 1999-2000 et 2021-22. Source : Centre de politique publique Annenberg.

Le taux de suicide aux États-Unis augmente à nouveau

Les Données provisoires des Centers for Disease Control and Prevention (CDC) montrent que le nombre de suicides a augmenté en 2021, après des baisses en 2019 et 2020. Cependant, le taux de suicide national ajusté selon l'âge en 2021 n'était pas supérieur au récent pic de 2018 (14,0 pour 100 000 habitants en 2021 contre 14,2 en 2018).

En 2020, la pandémie de Covid-19 a été déclarée, suivie de confinements dans certaines parties des États-Unis. Selon les données provisoires publiées par le Centre national des statistiques de santé du CDC en septembre 2022, le nombre de suicides en 2021 était de 4 % plus élevé qu'en 2020.

Le CDC a noté que le nombre mensuel de suicides était inférieur en 2021 à celui de 2020 en janvier, février et juillet, et plus élevé dans tous les autres mois.

En 2021, le nombre moyen de décès par suicide aux États-Unis en janvier et décembre place ces deux mois parmi les plus bas des 12 mois – respectivement le 10e et le 12e. Le taux de suicide en novembre 2021 le place au 7e rang sur 12 mois. Le mois avec le taux de suicides le plus élevé en 2021 était août. ( Voir Fig. 3 et Tableau 1. )

Graphique du Annenberg Public Policy Center montrant les données du CDC sur les suicides quotidiens moyens par mois de 1999 à 2021.
Figure 3. Nombre moyen de suicides par jour et chaque mois de janvier 1999 à décembre 2021. Les mois de la période des fêtes, de novembre à janvier, sont ombrés. Données : Centre national des statistiques de la santé des Centers for Disease Control and Prevention. Les données 2021 sont provisoires. Graphique : Centre de politique publique d'Annenberg.

"Pour certaines personnes, cela peut être une période de l'année chargée en émotions", a déclaré Romer. « Avec des histoires axées sur le blues des fêtes, les troubles affectifs saisonniers et d’autres changements dans les saisons, de nombreux facteurs semblent étayer le mythe. Il y a également de l'inquiétude pour ceux qui ont perdu des amis et des membres de leur famille au cours de l'année et qui peuvent éprouver de la tristesse face à ces pertes. Mais nous ne devons pas supposer que ces expériences conduisent les gens au suicide.»

Graphique du Annenberg Public Policy Center montrant les données du CDC sur les suicides quotidiens moyens par mois de 1999 à 2021.
Tableau 1. Nombre moyen de suicides par jour et par mois en 2021. Les données 2021 sont provisoires. Données : Centre national des statistiques de la santé des Centers for Disease Control and Prevention. Tableau : Centre de politique publique Annenberg.

Dans le même temps, la pandémie a exacerbé les niveaux d’anxiété et de dépression, en particulier chez les jeunes.

Entre le 29 décembre 2021 et le 10 janvier 2022, par exemple, 47,5 % des 18 à 29 ans aux États-Unis ont présenté des symptômes de trouble anxieux ou de trouble dépressif, selon des enquêtes menées par le US Census Bureau et le Centre national des statistiques sanitaires . Cela se compare aux 32,1 % du taux global aux États-Unis au cours de cette période.


Perpétuer ou démystifier le mythe du suicide pendant les vacances

APPC a analysé la couverture médiatique du mythe du suicide pendant les vacances au cours de 23 saisons de vacances, de 1999-2000 à 2021-2022. Au cours de la plupart de ces années, davantage d’articles dans les journaux ont soutenu le mythe plutôt que de l’avoir démystifié, comme ce fut le cas pendant les vacances 2021-2022.

Le faux lien entre les vacances et le suicide peut être vu dans des histoires comme celles-ci :

  • Dans une chronique de questions et réponses publiée le 22 décembre 2021 dans le Highland (Illinois) News Leader, le président de Focus on the Family, Jim Daly, a répondu à une question de quelqu'un qui ne se sentait pas particulièrement joyeux en disant : « Je reçois - pour chaque fête festive et chaque chant joyeux cette saison de Noël, il y aura quelqu'un qui, pour diverses raisons, s'en sortira à peine. Et malheureusement, certains NE s’en sortiront pas – les chiffres montrent que les taux de dépression et de suicide culminent à cette période de l’année.
  • Dans « The Bright Side: Happy Thanksgiving », paru le 23 novembre 2021 dans le Spencer (Ind.) Evening World, la chroniqueuse invitée Anne Bright a écrit sur les causes du stress des fêtes : « La plupart des experts s'accordent sur le fait que les attentes irréalistes sont un problème. contributeur majeur. La commercialisation excessive des vacances nous a amenés à croire que nos vies devraient être une émission spéciale « Hallmark ». Ajoutez à cela le stress financier, les situations familiales toxiques, la fatigue, la solitude et les habitudes alimentaires malsaines et la situation peut devenir critique. La dépression et le suicide augmentent considérablement pendant la saison « joyeuse ».

Les histoires démystifiant le mythe incluent celles-ci :

  • Une chronique invitée de Chris Schillig dans The (Ohio) Alliance du 11 décembre 2021 notait : « On dit souvent que les suicides augmentent à l’approche des vacances, mais ce n’est pas exact. Les tentatives de suicide diminuent à Noël et atteignent leur maximum pendant les mois d’été. Mais il ne faut jamais négliger les signes avant-coureurs.»
  • Un article du 18 décembre 2021 dans The (Va.) Winchester Star sur l'aide à la prévention du suicide disponible toute l'année disait : « Même si les gens peuvent penser que les suicides augmentent pendant les vacances, les statistiques montrent le contraire. L'article cite ensuite les données mensuelles du CDC sur le suicide et les conclusions de 2018 du Annenberg Public Policy Center.

Pourquoi il est important de dissiper le mythe du suicide pendant les vacances

Il est important que les journalistes et les agences de presse dissipent ce mythe, car permettre aux gens de penser que le suicide est plus probable pendant la période des fêtes peut avoir des effets contagieux sur les personnes qui envisagent de se suicider. Les recommandations nationales concernant les reportages sur le suicide conseillent aux journalistes de ne pas promouvoir des informations susceptibles d'accroître la contagion, telles que des reportages sur des épidémies ou des augmentations saisonnières, en particulier lorsque l'affirmation n'a aucun fondement factuel. Les recommandations nationales, élaborées par des groupes de journalisme et de prévention du suicide ainsi que par le Annenberg Public Policy Center, stipulent que les journalistes devraient consulter des sources fiables telles que le CDC sur les taux de suicide et fournir des informations sur les ressources qui peuvent aider les personnes dans le besoin.

Les journalistes qui contribuent à dissiper le mythe du suicide pendant les vacances peuvent fournir des ressources aux lecteurs qui se trouvent ou connaissent quelqu'un qui se trouve dans une crise potentielle. Ceux qui offrent des informations précieuses incluent the CDC, the Suicide Prevention Resource Center, the National Institute of Mental Health, and the Substance Abuse and Mental Health Services Administration (SAMHSA). En juillet 2022, la National Suicide Prevention Lifeline a été rebaptisée 988 Suicide & Crisis Lifeline, et le 9-8-8 a été officiellement mis en œuvre en tant que numéro de téléphone national à trois chiffres de la hotline.


Méthodologie

Des informations et des reportages liant le suicide aux vacances ont été identifiés grâce à des recherches dans les bases de données LexisNexis et NewsBank. Les chercheurs ont utilisé les termes de recherche « suicide » ou « suicides » avec des variantes des mots « vacances », « Noël », « Nouvel An », « augmentation », « pic » et « hausse », à partir du 15 novembre 2021. jusqu'au 31 janvier 2022. Les recherches de l'APPC utilisaient à l'origine la base de données LexisNexis, mais ont été étendues en 2019 pour inclure NewsBank pour une couverture plus large de la presse américaine. Une réanalyse des années passées depuis 2015-2016, incluant NewsBank, n’a pas sensiblement modifié la proportion d’articles démystifiant ou soutenant le mythe. Les chercheurs ont déterminé si les articles soutenaient le lien, le démystifiaient ou montraient une référence fortuite. Les histoires fortuites ont été éliminées. Seuls les suicides domestiques ont été comptabilisés ; les attentats-suicides à la bombe à l’étranger, par exemple, ont été exclus.

Lauren Hawkins et Madison Russ ont collecté et supervisé le codage des histoires, et Thomas Christaldi, Sienna Horvath, Tara Shilkret et Julia Van Lare ont réalisé le codage.

https://www.asc.upenn.edu/news-events/news/undying-holiday-suicide-myth

Le Gouvernement renforce l’accompagnement des étudiants en situation de mal-être grâce à la plateforme Cnaé

Communiqué de presse

https://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/*

Publié le 21.12.2023


Le Gouvernement renforce l’accompagnement des étudiants en situation de mal-être grâce à la plateforme Cnaé

Les étudiants partagent des préoccupations communes avec l’ensemble des Français, auxquelles peuvent se joindre des difficultés qui leurs sont propres : passage à la vie adulte, acquisition progressive de l’autonomie, éloignement familial et amical, construction et affirmation de son identité et de ses projets... 

Si le Gouvernement agit à la source sur de nombreux enjeux – en particulier sur le pouvoir d’achat et le logement – plusieurs accompagnements sont également proposés pour leur écoute et la prise en charge de leur santé mentale. Il s’agit notamment des services de santé étudiante récemment renforcés, des partenariats avec des associations telles que Nightline, ou encore du dispositif Santé Psy Étudiant qui offre la possibilité de bénéficier de huit consultations gratuites auprès d’un psychologue, sans avance de frais. Créé en 2021 en réponse aux besoins exprimés lors de la pandémie de Covid-19, il a déjà permis à ce jour de dispenser 283 000 séances à plus de 57 000 étudiants, grâce à 1 100 psychologues engagés pour les étudiants dans ce dispositif.

Pour mieux prévenir les sources de détresse psychologique et renforcer la prise en charge de la santé mentale des étudiants, le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, lance une plateforme gratuite et confidentielle d’écoute, d’accompagnement, d’information et de signalement.

Cette plateforme baptisée Cnaé (Coordination Nationale d’Accompagnement des Étudiantes et Étudiants) sera le point de contact de référence pour tous les étudiants éprouvant une situation de mal-être.

Elle permet d’entrer en contact avec des psychologues et des travailleurs sociaux qui assurent une écoute et accompagnent la libération de la parole des étudiants si nécessaire. Elle contribuera à guider les étudiants vers les ressources et parcours adaptés, et à améliorer leur orientation vers l’un des dispositifs existants et des acteurs de terrain.

Opérée par l'association « En Avant Toutes » sous l'égide du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, la plateforme Cnaé est joignable au 0 800 737 800 et ouverte de 10h à 21 en semaine et de 10h à 14h le samedi.

Alors que les fêtes de fin d’années peuvent constituer une période particulière pour les étudiants en situation de mal-être, la plateforme Cnaé est d’ores et déjà accessible.

Avec ce nouveau dispositif, le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche réaffirme son engagement en faveur de la vie étudiante, afin que chaque étudiante et chaque étudiant puisse s’épanouir et bénéficier d’un environnement d’études favorisant sa réussite.

https://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/fr/le-gouvernement-renforce-l-accompagnement-des-etudiants-en-situation-de-mal-etre-grace-la-plateforme-94134

EPIDEMIOLOGIES Données des suicides en France 2021 et des conduites suicidaires entre mars 2020 et janvier 2022

D’après BEH N° 26 | 19 décembre 2023
 26 | 19 décembre 2023 | 553
Grandes causes de mortalité en France en 2021 et tendances récentes
Extraits 

[..] Les suicides représentent 21,9% des causes externes avec 8 951 décès en 2021 (13,9 pour 100 000). Les trois quarts des décès par suicide concernent les hommes et les deux tiers sont des personnes âgées de moins de 65 ans.

[..]  La mortalité par suicide (taux de 13,9) est légèrement inférieure en 2021 à celle de 2020 (14,1), après des évolutions irrégulières entre 2017 et 2019.


Voir les tableaux :
https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/sites/default/files/2023-12/%5BEMBARGO%20MARDI%2019-12-2023%20-06H00%20%5D%20BEH_26.pdf

 

LA SANTÉ MENTALE DES FRANÇAIS PENDANT L’ÉPIDÉMIE DE COVID-19 :
PRINCIPAUX RÉSULTATS DE LA SURVEILLANCE ET DES ÉTUDES CONDUITES
PAR SANTÉ PUBLIQUE FRANCE ENTRE MARS 2020 ET JANVIER 2022
https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/sites/default/files/2023-12/%5BEMBARGO%20MARDI%2019-12-2023%20-06H00%20%5D%20BEH_26.pdf

extraits

Gestes suicidaires et pensées suicidaires
Prévalences et évolutions

En 2020, simultanément à la baisse de l’activité totale aux urgences observée lors du 1er confinement, une diminution moins marquée des passages aux urgences pour gestes et pensées suicidaires a été observée (respectivement -23% et -6% tousâges confondus et -47% et -48% chez les 11-17 ans).
Sur l’ensemble de l’année 2020, le nombre hebdomadaire de passages aux urgences pour geste suicidaire est resté inférieur au nombre moyen observé en 2018-2019, contrairement aux passages pour pensées suicidaires, qui étaient en hausse dans toutes les classes d’âges (+23%) (tableau 2).
En 2021, les augmentations des passages pour idées suicidaires se sont poursuivies dans toutes les classes d’âges (+75% par rapport à 2018-2019) mais se sont plus particulièrement intensifiées chez les adolescents de 11-17 ans (+128% en 2021 vs +18% en 2020) dès le début de l’année (figure 2). 
Après la baisse observée en 2020, les passages pour geste suicidaire étaient également en augmentation tout au long de l’année 2021, chez les 11-17 ans (+38%) et dans une moindre mesure chez les adultes de 18-24 ans (+16%) (figure 3).
Ces augmentations se sont encore intensifiées sur le début de l’année 2022 chez les 11-17 ans (+64% et +193% de passages hebdomadaires pour gestes et pensées suicidaires respectivement par rapport à 2018-2019) et les 18-24 ans (+19% et +185%). Chez les enfants de 0-10 ans et les adultes de 25 ans et plus, les passages pour geste suicidaire restaient, en 2021 et 2022, à des niveaux inférieurs à ceux observés en 2018-2019.
Enfin, le nombre d’hospitalisations pour tentatives de suicide enregistré sur l’année 2020 était inférieur celui des années précédentes (tous âges confondus).
Une analyse par sexe, âge et période a cependant montré une augmentation significative des tentatives de suicide chez les filles âgées de 10 à 14 ans lors du 2e confinement, ainsi que chez les filles de 10 à 24 ans et les garçons de 20 à 24 ans jusqu’à la fin de l’année 2020 et le 1er trimestre 2021 6 .
La prévalence des pensées suicidaires sur un an en population adulte a été mesurée dans les vagues 21 (mi-février 2021) à 31 (mi-janvier 2022) de l’enquête Covi prev (figure 4). En moyenne, la prévalence s’élevait à 9,4% [9,0-9,8], supérieure à celle observée hors épidémie (5% selon les données du Baromètre de Santé publique France 2017), mais sans évolution significative sur les vagues d’enquêtes concernées et sans différence entre les hommes et les femmes. Des écarts importants ont cependant été observés selon l’âge, avec une prévalence de pensées suicidaires nettement plus élevée parmi les 18-24 ans (18,6%) que parmi les tranches d’âge supérieures (tableau 3).

Facteurs associés
L’analyse des facteurs associés aux pensées suicidaires survenues au cours des 12 derniers mois dans l’enquête CoviPrev (analyses multivariées, tableau 3) conduite sur l’ensemble des vagues 21 à 31, suggère qu’indépendamment des autres facteurs analysés, le fait de déclarer des antécédents de troubles psychologiques avant la pandémie (ORa=4,8, p<0,001), de se déclarer dans une situation financière juste ou très difficile (1,3 et 2,3 respectivement, en référence à ceux se déclarant dans une bonne situation financière, p<0,001), d’avoir eu des symptômes de la Covid-19 (1,7, p<0,001), de vivre dans un logement à forte promiscuité (1,4, p<0,001) ou de vivre seul (1,4, p<0,001) augmentaient la probabilité d’avoir eu des pensées suicidaires au cours des 12 derniers mois. À l’inverse, les retraités étaient moins à risque de pensées suicidaires que les personnes qui travaillaient (0,6, p<0,001), tout comme les femmes (0,8, p<0,001) et les individus âgés de 35 ans et plus (tableau 3). Le niveau de diplôme, la catégorie d’agglomération et le fait d’avoir des enfants de 16 ans ou moins n’étaient pas associés aux pensées suicidaires dans l’année.

Voir les tableaux :
https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/sites/default/files/2023-12/%5BEMBARGO%20MARDI%2019-12-2023%20-06H00%20%5D%20BEH_26.pdf

jeudi 21 décembre 2023

JNPS 2024 BAR LE DUC (55) ciné-débat 5/02/24

5 février 2024 - Ciné débat - Journée Nationale de Prévention du Suicide


Le Centre de Prévention du Suicide Grand Est organise un ciné-débat autour du film "Au nom de la Terre" dans le cadre de la Journée Nationale de Prévention du Suicide le :

Lundi 5 février 2024
à 20h00

au cinéma Confluences
à Bar-le-Duc

En présence de :
- Pr Fabienne LIGIER
- Dr Crina PAPUC
- Xavier SIPP

http://www.cpn-laxou.com/+5-fevrier-2024-Cine-debat-Journee+.html

PROJET PAIRS Dispositif de prévention numérique du suicide par les Pairs, Candidat au Prix de l’innovation numérique en prévention

Pairs

source Agence du Numérique en Santé 15 décembre 2023  https://participez.esante.gouv.fr*

Description

Dispositif de prévention numérique du suicide par les Pairs. Un algorithme nous permet de détecter les messages publiés sur les réseaux sociaux lorsqu’ils expriment une détresse suicidaire. Un lien vers le message identifié est envoyée sous la forme d’une notification à une communauté de volontaires. Ces derniers ont accès à des ressources, un espace d’échange entre eux et peuvent se référer à un professionnel. Leur rôle est d’échanger avec la personne en souffrance et de la rediriger, au besoin, vers des professionnels.

mardi 19 décembre 2023

Une autre manière de sensibiliser à la prévention du suicide : Thriller psychologique : La souris qui voulait sauver l'ogre : une enquête de la cellule Cornelia à paraitre

Notes de l'auteure : "J'ai le plaisir de vous faire parvenir mon nouveau roman qui traite de prévention et postvention du suicide notamment chez les adolescents. Une manière à travers la fiction de sensibiliser à la santé mentale"
Françoise Guérin psychologue et écrivaine.

 
La souris qui voulait sauver l'ogre : une enquête de la cellule Cornelia
Françoise Guérin
Eyrolles Aparte a paraitre le 4 Janvier 2024
Littérature > Romans & Nouvelles

La souris qui voulait sauver l'ogre : une enquête de la cellule Cornelia



Résumé
Qu'est-ce qui a bien pu pousser Pauline, brillante étudiante en classe préparatoire, à mettre fin à ses jours dans son lycée ?

Maya Van Hoerenbeck, fine psychologue, est envoyée à Sète par la cellule Cornelia. Mais, à la Rédemption, on étouffe déjà l'affaire. La proviseure parle d'accident. Pire, le sinistre M. Bertholon professe sa haine des usurpateurs, ces élèves de basse extraction qui se mêlent à l'élite. Car Pauline n'avait pas les codes, la sécurité et la nonchalance de ses camarades des beaux quartiers. Pur produit de la méritocratie, elle a commis l'impensable : rêver d'un autre avenir.

Sidérée par ce qu'elle découvre, Maya voit ses propres fantômes ressurgir. Cette ville, ce lycée, cette petite souris broyée par le système, ravivent un passé presque englouti...

Thriller psychologique captivant, La souris qui voulait sauver l'ogre nous plonge sans répit dans un univers aussi exclusif qu'impitoyable. Suivez Maya et son équipe de choc dans une première enquête passionnante !
L'auteur - Françoise Guérin
Françoise Guérin est psychologue clinicienne, spécialisée dans les liens parent-bébé. Son premier roman, À la vue, à la mort (Editions du Masque) a remporté le Prix du roman policier du Festival du film policier de Cognac 2007, et a été adapté à la télévision.

https://www.eyrolles.com/Litterature/Livre/la-souris-qui-voulait-sauver-l-ogre-9782416013096/

 

ETUDE RECHERCHE Les cycles menstruels affectent le risque de suicide au quotidien, selon des chercheurs de l'UIC

Les cycles menstruels affectent le risque de suicide au quotidien, selon des chercheurs de l'UIC
14 décembre 2023 https://today.uic.edu/*

Selon une nouvelle étude réalisée par des chercheurs de l'Université de l'Illinois à Chicago, les patientes ayant des antécédents de tendances suicidaires présentent un risque accru d'idées suicidaires ou de planifications suicidaires dans les jours entourant leurs règles.  

Dans la première étude longitudinale sur la façon dont les pensées suicidaires et les symptômes associés fluctuent tout au long du cycle menstruel, les chercheurs de l'UIC ont identifié les moments où certaines patientes présentent le risque le plus élevé, offrant ainsi de nouvelles orientations aux cliniciens sur le moment où concentrer les interventions auprès des patientes suicidaires.  

Deux femmes se tiennent devant des buissons et un bâtiment en brique rouge.
Co-auteurs de l'UIC, Jaclyn Ross, chercheuse clinique, et Tory Eisenlohr-Moul, professeur agrégé de psychiatrie. (Photo : Jenny Fontaine/Université de l'Illinois à Chicago)

« En tant que cliniciens, nous nous sentons responsables de protéger nos patients contre une tentative de suicide, mais nous ne disposons souvent pas de beaucoup d'informations sur le moment où nous devons nous préoccuper le plus de leur sécurité », a déclaré Tory Eisenlohr-Moul, professeur agrégé de psychiatrie à l'UIC et auteur principal de l'article dans l'American Journal of Psychiatry. "Cette étude établit que le cycle menstruel peut affecter de nombreuses personnes ayant des pensées suicidaires, ce qui en fait l'un des seuls facteurs de risque récurrents prévisibles identifiés pour détecter le moment où une tentative de suicide pourrait survenir." 

Étude de l'American Journal of Psychiatry, codirigée par la chercheuse postdoctorale Jaclyn Ross et L'étudiant en médecine/doctorat Jordan Barone a suivi 119 patientes qui ont répondu à une enquête quotidienne visant à suivre les pensées suicidaires et autres symptômes de santé mentale sur au moins un cycle menstruel. La conception a permis aux chercheurs de collecter des données détaillées sur les changements dans la santé mentale des patients au cours de leur cycle. Les recherches précédentes ne disposaient pas de ce type de suivi et ne visaient qu’à estimer le moment de l’état du cycle menstruel d’une personne à un seul moment après une tentative de suicide.  

Ces études antérieures ont observé une tendance selon laquelle les tentatives de suicide augmentaient dans les jours juste avant ou après le début des règles – la phase « périmenstruelle ». La nouvelle étude UIC a reproduit ce schéma, révélant que les idées suicidaires étaient plus graves et que la planification suicidaire était plus susceptible de se produire à ce stade du cycle par rapport aux autres phases. 

Les données quotidiennes ont également permis aux chercheurs d’approfondir les différences entre les individus dans la manière dont le cycle affecte les symptômes et les tendances suicidaires. 

Une femme aux cheveux blonds se tient devant une scène floue de lac et de montagne.
Jordan Barone, étudiant UIC MD/PhD et co-auteur principal de l'étude.

"Auparavant, il n'y avait pas de bons prédicteurs pour savoir pourquoi ou quand la personne A est susceptible de faire une tentative de suicide par rapport au moment où la personne B va faire une tentative", a déclaré Barone. « Tout le monde n’est pas sensible aux hormones au cycle de la même manière, et nous avons pu démontrer statistiquement l’intérêt d’inclure les différences individuelles dans nos modèles. » 

La plupart des patientes de l'étude ont signalé une augmentation significative des symptômes psychiatriques tels que la dépression, l'anxiété et le désespoir au cours des phases prémenstruelles et précoces, tandis que d'autres ont signalé des changements émotionnels à différents moments de leur cycle. Les individus variaient également dans les symptômes psychiatriques spécifiques qui apparaissaient parallèlement aux pensées suicidaires. 

"Les gens différaient quant aux symptômes émotionnels les plus corrélés à la tendance suicidaire", a déclaré Eisenlohr-Moul. "Ce n'est pas parce que le cycle rend quelqu'un irritable, présente des sautes d'humeur ou est anxieux que cela aura nécessairement le même effet sur la création de tendances suicidaires pour chaque personne." 

Cette observation s'inscrit dans le cadre de recherche plus large du groupe d'Eisenlohr-Moul, le CLEAR lab. . Le laboratoire étudie également le trouble dysphorique prémenstruel, une condition associée à un risque accru de pensées et de comportements suicidaires. Des études observationnelles et des essais cliniques menés par Eisenlohr-Moul ont montré que le TDPM peut résulter de la sensibilité accrue de certaines personnes aux hormones reproductives, l'œstrogène et la progestérone, et que la stabilisation de ces hormones peut atténuer les symptômes. 

Une dynamique similaire de sensibilité hormonale peut être en jeu dans l’influence du cycle menstruel sur les pensées suicidaires chez les personnes sans TDPM, ont indiqué les auteurs. Mais des recherches supplémentaires sont nécessaires pour déterminer comment ces facteurs s’influencent mutuellement chez chaque patient et comment ces informations pourraient être utilisées au mieux en clinique pour prévenir les tentatives de suicide. 

Une idée est que les patients suivent leurs symptômes de santé mentale au cours de leur cycle – comme l’ont fait les sujets de la présente étude – pour permettre à leurs cliniciens de faire des recommandations personnalisées concernant leurs soins. 

"Nous sommes ravis d'utiliser les meilleures méthodes disponibles pour essayer de créer des modèles de prédiction individuels pour chaque personne, afin de ne pas mettre les gens dans une boîte", a déclaré Eisenlohr-Moul. « Nous voulons vraiment comprendre : le cycle est-il important pour cette personne, puis exactement en quoi cela est-il important et comment nous pouvons intervenir au mieux sur la base de ces informations. » 

Contact Rob Mitchum rmitchum@uic.edu
https://today.uic.edu/menstrual-cycles-affect-day-to-day-suicide-risk-uic-researchers-find/


lundi 18 décembre 2023

CANADA NOTICE ARTICLE FORMER À L’ÉVALUATION DU RISQUE SUICIDAIRE EN TRAVAIL SOCIAL : LA SIMULATION PAR LES PAIRS

FORMER À L’ÉVALUATION DU RISQUE SUICIDAIRE EN TRAVAIL SOCIAL : LA SIMULATION PAR LES PAIRS[Notice]
Sébastien Simard

ETUDE RECHERCHE Psychiatric trainees as second victims after exposure to patient suicide: a French qualitative study

Psychiatric trainees as second victims after exposure to patient suicide: a French qualitative study
Christine Durif-Bruckert1 Bruno Cuvillier1 Maxime Vieux2,3 Benoit Chalancon2,3 Philippe Villeval1 Edouard Leaune2,3,4*
1Université Lumière Lyon 2, Bron, France
2Center for Suicide Prevention, Centre Hospitalier le Vinatier, Bron, France
3Groupe d’Etude et de Prévention duSuicide, Saint-Benoit, France
4RESHAPE, Inserm U1290, Université Claude Bernard Lyon 1, Lyon, France

Front. Psychiatry, 18 December 2023
Sec. Social Psychiatry and Psychiatric Rehabilitation
Volume 14 - 2023 | https://doi.org/10.3389/fpsyt.2023.1308021

Background: The exposure to patient suicide (PS) has been identified as one of the most frequent and troubling professional experience for psychiatric trainees. Further studies are needed to better understand how residents cope with these experiences and the association between perceived support and the impacts of PS.

Method: In this qualitative study, we aimed to assess the impact of exposure to PS during psychiatric residency on trainees’ professional career and practical experience. A total of 19 French psychiatric residents participated in 4 focus-groups performed between November 2017 and May 2019.

Results: A total of 4 thematic clusters were identified through a five-step content analysis, namely: (a) reactions to the exposure; (b) coping strategies; (c) professional impact; and (d) prevention and postvention proposals. All participants described the critical impact of the support provided after PS, especially by their senior staff. Those who felt supported by their superior reported less negative impact, both in emotional and professional dimensions. Participants also shared proposals to improve the prevention and postvention issues related to the exposure to PS.

Conclusion: We performed the first qualitative study based on focus groups on the impact of PS on psychiatric residents, which allowed for an in-depth understanding of the participants’ lived experiences of the exposure to PS. The narratives inform the need and means to implement prevention and postvention strategies designed to buffer the negative impact of the exposure to PS in psychiatric trainees.

https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fpsyt.2023.1308021/full

ARTICLE NOTICE Idées suicidaires : un lien porteur pour qui n’en peut plus de soi

Idées suicidaires : un lien porteur pour qui n’en peut plus de soi
Michèle Gennart, Marco Vannotti
Michèle Gennart
Dr phil. psychologue-psychothérapeute au Centre médical de la Source, formatrice au Centre de recherches familiales et systémiques (Cerfasy), Neuchâtel, Suisse
Cette publication est la plus récente de l'auteur sur Cairn.info.
Marco Vannotti
Professeur, psychiatre-psychothérapeute FMH, Centre de recherches familiales et systémiques (Cerfasy), Neuchâtel, Suisse ; Scuola di Psicoterapia Mara Selvini, Milan, Italie


Dans Thérapie Familiale 2023/4 (Vol. 44), pages 271 à 293

Le suicide est souvent appréhendé comme un droit individuel, comme une décision à laquelle le sujet aboutirait par une délibération de soi à soi. La clinique nous donne tout autre chose à voir et à penser. D’une part, le suicide apparaît comme l’une des plus douloureuses blessures affectant les liens et la fiabilité dans les familles. D’autre part, il survient très souvent là où l’appartenance du sujet à son contexte interhumain est « mortellement » touchée. Plutôt que d’en appeler à l’autre auquel il ne croit plus, le sujet blessé se retourne contre lui-même, mais meurtrit indirectement les siens. L’un des enjeux de l’intervention thérapeutique vise alors à retrouver le champ interhumain originaire du mouvement suicidaire, et à y travailler les vécus d’injustice sans créer de nouvelles victimes. Il s’agit encore de mobiliser concrètement les proches – dont la présence s’estompe dans l’horizon suicidaire – en sorte de ré-affirmer les liens d’attachement, la solidarité et le soutien mutuel. Les auteurs s’interrogent enfin sur la manière de tenir bon, en tant qu’intervenants, face à ces confrontations éprouvantes à la proximité – ou à l’effraction – de la mort.

https://www.cairn.info/revue-therapie-familiale-2023-4-page-271.html?contenu=auteurs


ETUDE RECHERCHE AUSTRALIE Avons-nous essayé, à tort, de prévenir les suicides pendant tout ce temps ?

Avons-nous essayé, à tort, de prévenir les suicides pendant tout ce temps ?
Publié : 17 décembre 2023 https://theconversation.com*
Auteurs  Michael Kyron, Chercheur, École des sciences psychologiques, Université d'Australie occidentale
André Page Vice-chancelier professionnel (recherche), Université d'Australie occidentale
Déclaration de divulgation
Andrew Page est consultant en recherche à la Perth Clinic où la recherche a été menée. La recherche a été soutenue par le programme de liaison du Conseil australien de la recherche, dont Perth Clinic était le partenaire industriel.
Michael Kyron ne travaille pas, ne consulte pas, ne détient pas d'actions ni ne reçoit de financement d'une entreprise ou d'une organisation qui bénéficierait de cet article, et n'a divulgué aucune affiliation pertinente au-delà de sa nomination universitaire.
Les partenaires
L'Université d'Australie occidentale fournit un financement en tant que partenaire fondateur de The Conversation AU.

Les approches traditionnelles de prévention du suicide se sont concentrées sur « qui est à risque ? » L’objectif est d’identifier une personne et de l’aider à obtenir du soutien.

Mais cette approche ne semble pas fonctionner. Les taux de suicide en Australie restent obstinément élevés. Il y a eu une augmentation du taux de suicides entre 2012 et 2022.

Souvent, nous ne savons pas qui est le plus vulnérable au suicide, et si nous le savons, nous avons du mal à leur consacrer efficacement les ressources au moment où elles en ont le plus besoin. Nous avons donc besoin d’une nouvelle approche.

Peut-être avons-nous posé la mauvaise question pendant tout ce temps. Plutôt que de se demander « qui est à risque ? » nous devrions également nous demander : « quand une personne est-elle à risque ? »

Comprendre les nouveaux développements en science, santé et technologie, chaque semaine

Nous savons que la dépression augmente le risque de suicide, mais un jour donné, la plupart des personnes déprimées n'envisageront pas de se suicider. Nous devons savoir quand le risque d'une personne a augmenté pour l'aider à accéder immédiatement à une aide.

Nos recherches préliminaires menées dans un hôpital psychiatrique de Perth et publiées récemment suggèrent que cela pourrait valoir la peine d'être poursuivi.

Ce que nous avons fait

Nous avons mené une étude de « preuve de concept » impliquant des patients hospitalisés à l’hôpital psychiatrique Perth Clinic. Les patients ont été invités à remplir des questionnaires sur iPad dans chaque chambre. Pendant plus d'une décennie, plus de 20 000 patients ont participé à l'étude, ce qui a donné lieu à environ 350 000 questionnaires remplis.

Nous avons ensuite examiné les données d'un questionnaire provenant de 110 patients hospitalisés ayant tenté de se suicider à l'hôpital sur une période moyenne de 25 jours. Ces patients étaient généralement des femmes (78 %) et avaient reçu un diagnostic de dépression majeure ou de trouble anxieux. Ils avaient entre 14 et 77 ans.

Il convient de noter que les infirmières avaient évalué environ la moitié des patients comme présentant un risque de suicide « non » ou « faible », sur la base d'entretiens avec des patients.

Nous avons ensuite recherché des tendances dans les données pour voir si nous pouvions voir qui et quand quelqu'un courait un risque accru à court terme de tenter suicide.

Nous avons demandé aux patients de remplir des questionnaires dans leur chambre d'hôpital pour déterminer qui présentait un risque immédiat de suicide.
 
Ce que nous avons trouvé

Nous avons constaté que le jour d'une tentative de suicide, la perception d'une personne était un fardeau aux amis et à la famille ont considérablement augmenté.

La veille d’une tentative de suicide, les patients rapportaient une perte d’espoir accrue dans leur vie. Ils percevaient qu’ils ne pouvaient pas changer les choses qui comptaient pour eux.

Nous avons utilisé ces données pour développer un algorithme permettant de surveiller les pics de ces facteurs de risque ainsi que d'autres facteurs de risque clés pouvant signaler un risque accru de tentatives de suicide à court terme.

Cet algorithme, désormais opérationnel à l'hôpital, alerte le personnel des patients à risque afin de faciliter des interventions ciblées et immédiates lorsque le risque de tentative de suicide est à son plus haut.

Comment pouvons-nous appliquer ces résultats ?

Les signaux clés que nous avons identifiés comme indicateurs du risque de suicide à court terme (les perceptions de fardeau ou de désespoir) sont souvent ne correspondent pas à la réalité.

Même si les gens pensent qu'ils sont un fardeau, leurs amis et les membres de leur famille ne sont pas d'accord. Loin d’être accablés, ce sont ces amis et cette famille qui ont du mal à savoir comment et quand apporter l’aide qu’ils souhaitent désespérément apporter. De même, une perception de désespoir est souvent passagère et ne reflète pas toujours la réalité.

Le personnel clinique peut donc travailler avec les patients pour les aider à réévaluer ces croyances erronées et à développer en collaboration des stratégies d’adaptation.

Par exemple, la croyance fondamentale « Je suis un fardeau » est remplacée par « Je ne penserais pas qu’un être cher serait un fardeau s’il souffrait ».

Quelle destination maintenant?

L’objectif est désormais de tester notre approche auprès d’un plus grand nombre de patients psychiatriques, sur plusieurs sites à travers l’Australie, pour voir si cela donne au personnel suffisamment de temps pour intervenir et prévenir des suicides imminents.

Nous espérons également tester nos méthodes dans la communauté. Cela inclut la prévision du risque de suicide chez les élèves et la surveillance à distance des personnes à risque de suicide qui se présentent aux soins primaires, comme leur médecin généraliste.

Par exemple, nous travaillons avec des médecins généralistes pour étendre le système de surveillance quotidienne de la clinique de Perth afin de suivre les symptômes des patients généralistes entre les rendez-vous. Grâce à cette approche, les médecins généralistes peuvent surveiller l'efficacité des médicaments ou identifier les périodes de risque accru qui peuvent être abordées lors de rendez-vous futurs.

Notre approche n’est qu’un aspect de la prévention du suicide. Nous devons également nous attaquer à l’ensemble complexe de facteurs sociétaux, socioéconomiques et autres qui contribuent au type de détresse que nous constatons chez les personnes qui envisagent le suicide.

Si cet article vous a posé des problèmes ou si vous vous inquiétez pour quelqu'un que vous connaissez, appelez Lifeline au 13 11 14. En cas d'urgence, appelez le 000.

https://theconversation.com/have-we-been-trying-to-prevent-suicides-wrongly-all-this-time-218022

TEMOIGNAGE... enfants d'un parent suicidé, ils se sont construits dans la culpabilité

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"Elle ne m'aimait pas assez pour rester en vie" : enfants d'un parent suicidé, ils se sont construits dans la culpabilité
Par Gwendoline Beauchet  Publié le

Manon avait 10 ans quand son père s'est suicidé en se jetant sous un train. Hugo en avait 7, quand, à la sortie de l'école on lui a annoncé que sa mère venait de se défenestrer. Si le deuil d'un parent est presque impossible, celui d'un parent qui s'est donné la mort semble insurmontable. Ils nous racontent comment ils se sont construits, malgré le vide béant et les questionnements qui s'amoncellent.

Ce jour-là, Hugo faisait sa rentrée en CE1 et Manon passait son mercredi après-midi à s’amuser avec ses cousines, quand on leur a annoncé l'innommable : "Maman est morte", pour le premier, "Papa s’est suicidé", pour la seconde. 

Si le deuil parental est une épreuve qui laisse à jamais des traces, quand ce parent s’est lui-même donné la mort, l’horreur et le questionnement se décuplent chez l'orphelin. "Est-ce qu’il ne m’aimait pas assez pour rester en vie ?". "Est-ce qu’elle est morte à cause de moi ?"... 

Des interrogations qui nourrissent une carapace sur laquelle se colle, au fil des années, des regards et des excuses gênées, puis une étiquette d’enfant de suicidé.e

Dans une vidéo YouTube publiée le 5 mars 2023, la vidéaste Ésile l’évoque avec émotion. Alors que cinq ans auparavant, elle confiait avoir perdu sa mère dans une première vidéo intitulée “perdre un parent”, sa suite “perdre un parent d’un suicide” vient lever un tabou. 


De l’annonce du suicide alors qu’elle n’a que 17 ans et qu’elle se retrouve figée dans une cour de récré, à la kermesse de son petit frère, à son premier cours de philo de terminale, terriblement consacré à la question : "que pensez-vous du suicide ?", en passant par sa colère, sa culpabilité puis enfin, le pardon.

Un chemin déchirant qu’elle a finit par raconter, comme nos deux témoins ont décidé de le faire, "parce qu’il y a un après qui peut être positif, malgré tout".

"Ton père est mort, il s’est jeté sous un train"

Manon a 28 ans, le regard doux et le rire franc. Quand elle évoque son père, elle remonte un fil de souvenirs doux-amers.

Née d’une relation extra-conjugale, la petite fille grandit auprès de sa mère, sans aucun secret. Acceptée par la famille de son père, elle est entourée de quatre demi-frères et sœurs. "Je n’ai pas vécu avec lui, mais il était quand même souvent à la maison".  

Si ses visites se font de plus en plus rares, rien n’entache l’amour que la fillette porte à son paternel. Alors, ce mercredi après-midi où tout bascule, c’est le choc. 

"Ma mère devait être en déplacement à Paris, donc j’étais chez des cousins. Quand je l’ai vue arriver, j’étais super contente, c’était comme une surprise. Sauf qu’elle m’a prise à part, m’a demandé de m'asseoir car elle avait quelque chose à me dire", se souvient-elle.

"Ton père est mort, il s’est jeté sous un train". Manon a 10 ans. Elle tombe dans les pommes à la violence de l’annonce. 

Annoncer le suicide à l'enfant ou cacher les causes de la mort

Si la vingtenaire garde peu de souvenirs de ce moment tragique, elle apprend plus tard que sa mère a hésité à lui dire la vérité quant aux circonstances de la mort de son père. "C'est l'entourage qui l'a poussée à me dire la vérité. Avec le recul, je pense que ça m’a été très bénéfique", reflète-t-elle. 

Un avis que partage Anne-Sophie Chéron, psychologue. "On sent quand il y a un secret, des chuchotements. Il faut dire que le parent est mort et qu’il aimait beaucoup sa petite fille mais qu’il n’arrivait pas à être heureux. Il faut faire attention à ce que l’enfant ne veuille pas le suivre. Ça peut faire peur, mais grandir sans secret, c'est la moins mauvaise des deux solutions". 

Après deux semaines hors-sol (le temps de l’enquête de police), où la fillette ne se rend pas compte des choses, elle éclate en sanglots aux funérailles, quand le cercueil de son père arrive. "Je savais que je ne pouvais pas le voir, parce que son corps était déchiqueté à l’intérieur. Je l’imaginais". 

C’est alors que les questionnements commencent. 

"Est-ce que moi aussi je vais me suicider ?"

Au fil des conversations familiales, elle comprend que le suicide a déjà emporté deux membres de la famille de son père. Son grand-père et une tante, qui se sont eux aussi jetés sur le même passage à niveau (pour d’autres raisons, à des années d’intervalles) qui a vu les derniers instants de son père. 

"Ma première inquiétude a été de penser que j'allais moi aussi me suicider, que j'allais un jour me jeter sous un train", confie-t-elle. Les premières fois où elle remonte dans un train sont d'ailleurs difficiles pour elles, mais "nécessaires" pour apaiser le traumatisme. 

Quand quelqu’un se plaignait pour un retard de train après un accident de personne, je pouvais leur clouer le bec rapidement.

Sans lettre de suicide, Manon pense aussi un temps être à l’origine de la volonté d’en finir de son père. "Forcément, à 10 ans on se dit, est-ce que je n’ai pas été assez gentille avec lui ?". Elle apprendra plus tard qu’il avait de gros problèmes d’argent et que deux AVC l’avaient beaucoup diminué.  Mais toutes ces inquiétudes, Manon les enfouies. Elle refuse de parler du suicide avec sa famille. 

"Ma mère a eu beaucoup de mal, alors je ne voulais pas en rajouter". Pourtant, au collège, elle n’hésite pas à "en jouer". "Quand quelqu’un se plaignait pour un retard de train après un accident de personne, je pouvais leur clouer le bec rapidement". 

Se construire en tant qu'"enfant de suicidé"

La colère, la culpabilité, le retour de bâton, l’étiquette à l’école… Des résonances qu’on retrouve aussi dans l’histoire d’Hugo, 44 ans, professeur de SVT et auteur. 

Il a "7 ans et 6 jours" quand sa mère se donne la mort, en se défenestrant du 5ème étage. C’est la rentrée des classes et à la sortie du CE1, quand les autres parents viennent avec le goûter, le père d’Hugo le récupère pour lui annoncer la mort de sa mère. 

On s'endurcit, on devient moins empathique parce qu'on aura toujours vécu pire que les autres.

"Ça faisait un an qu’elle était un peu plus triste, déprimée, plus à fleur de peau… Depuis que mes parents s’étaient séparés. Mais il n’y avait pas eu de signes avant-coureurs, de tentatives, de mes yeux d’enfant en tout cas…". 

Ce dont Hugo se souvient le plus, ce sont la colère et la culpabilité, qui se sont muées en "coquille dure". "On ne se construit pas comme les autres dans la culpabilité, on intègre très tôt cette violence du décès et on porte une identité d'enfants de suicidé. On s'endurcit, on devient moins empathique parce qu'on aura toujours vécu pire que les autres". 

Un sentiment d'abandon collé à la peau

"Pourquoi tu as fait ça ? Pourquoi tu n'as pas pu te raccrocher à moi ? Est-ce que tu ne m'aimais pas assez pour ne pas avoir envie de mourir ?". 

Tant de questions qui alimentent la tourmente du garçon, de l'adolescent, puis de l'adulte. "Le sentiment d'abandon c'est terrible. On ne veut plus faire confiance. Ça m'a longtemps empêché d'avoir des enfants, parce que je me disais que de toute façon, les enfants ne font pas vraiment le bonheur des parents, car sinon, aucun d'eux ne se suicideraient jamais". 

"En vouloir à son parent, c'est normal. D'autant que dans la société, le suicide apparaît encore une 'solution facile'. Pour l'enfant, ce n’est pas la même colère que quand on est dans le processus de deuil, on se dit que la douleur a été supérieure à l’amour que le défunt portait à ses proches. Puis vient la culpabilité, qui est le pan inverse. Parfois, ressentir ces émotions lourdes, c’est un moyen de retenir le parent, pour ne pas oublier qu’on a souffert", décrypte Anne-Sophie Chéron. 

Comment construire sa vie malgré la transmission du traumatisme

Des émotions refoulées qui rongent Hugo jusqu'au "retour de bâton". Dix-sept ans après sa mère, c'est son frère qui met fin à ses jours, nouvel uppercut. Puis quelques années plus tard, en classe, il est confronté à une fratrie de sœurs, dont l'aînée se suicide, un "KO" pour le professeur. 

"Voir leur peine, ça a été comme un déclencheur. Je ne pouvais pas encaisser cette douleur tous les jours, parce qu'elle me ramenait à la mienne, qui était enfouie. À ce moment-là, j'ai compris que j'avais besoin d'aide". 

De son côté, si Manon n'a jamais eu besoin de voir un.e spécialiste, elle admet avoir eu besoin de dix ans pour faire son deuil et être à l'aise avec le sujet. "Je suis apaisée, mais il y a encore des moments que je n'ai pas vécus, comme me retrouver dans un train arrêté pour suicide. Je ne sais pas comment je réagirais", partage-t-elle. 

Je me suis posé la question. Est-ce que j'allais devenir fou aussi ?

Au fil de la thérapie, Hugo se détache de son histoire familiale tragique et comprend qu'il n'en est pas tributaire. "Mais je me suis posé la question. Est-ce que j'allais devenir fou aussi ?", admet-il. Une réaction à normaliser, selon Anne-Sophie Chéron. 

"C'est une question qui revient souvent. Est-ce que moi aussi je vais être comme ça ? Parfois, on reproduit même les symptômes préalables au suicide, que l'on a repéré a posteriori chez notre proche. On pense que le traumatisme va être transmis".  

Trouver l'apaisement avec le temps

Après une longue thérapie et l'arrivée de son fils, Hugo témoigne d'un "apaisement". Il a même écrit un livre Survivre au suicide ou Sisyphe heureux (Ed. La boîte de Pandore), pour "proposer des clés aux gens qui sont confrontés à ce genre d'épreuves et qui ne savent pas où chercher". "Quand on grandit avec un suicide parental, je pense qu’on a plus de mal que les autres à se projeter. On se construit avec beaucoup de 'et si'".

Manon, elle, travaille désormais dans le funéraire. Une vocation qu'elle a depuis petite et qui n'a pas été déboutée par la mort de son père.

"Je me sens presque une légitimité en plus. Je sais aussi me protéger, donc je ne suivrais pas forcément un dossier de suicide comme mon père par exemple. Mais ça m'a appris un profond respect pour toutes ces personnes de l'ombre, qui ont aidé à mon travail de deuil, en rendant le rite funéraire possible. Au hasard d'une visite au cimetière, à mes 20 ans, j'ai rencontré l'homme qui est allé chercher le corps de mon père sur les rails. Ça a été un grand moment d'émotion, comme un point final à la douleur". 

Pardonner le suicidé pour enfin avancer

Mais toutes ces réalisations passent aussi (et surtout) par le pardon. Dernier échelon à gravir pour arriver à l'apaisement, même si la tristesse restera. Après la colère des premières années, puis la culpabilité des suivantes, Hugo et Manon ont "compris". 

Pourquoi est-ce que je l'aurais forcé à vivre ? Pour qu'il soit malheureux ? C'est ça qui est égoïste.

"On est loin de l'acte égoïste. Je ne peux pas en vouloir à mon père, car je pense qu'à part dans des circonstances très particulières, on ne peut pas sauver quelqu'un qui souffre a vouloir en mourir. Pourquoi est-ce que je l'aurais forcé à vivre ? Pour qu'il soit malheureux ? C'est ça qui est égoïste", souligne Manon. 

"Il faut aussi remettre les choses dans leur contexte. On n'est pas le centre du monde. Chaque personne a ses démons et on ne choisira pas comment elle y fera face. Je comprends le geste, je ne pourrai jamais le blâmer", ajoute Hugo. 

"C'est en se reconnectant à la vie de son parent, en se mettant à sa place, qu'on fini par comprendre. C'est pour ça que la vérité est importante. Lorsque l'on se retrouve face à un enfant qui vient de perdre son père ou sa mère d'un suicide, créer une narration va aider au processus de deuil", martèle Anne-Sophie Chéron. 

Aujourd'hui plusieurs décennies après les suicides, Manon et Hugo vont "bien". "J'ai grandi, certes, pas de la même manière que les autres, mais aujourd'hui je suis apaisée. Je n'en veux ni à la maladie, ni à la vie, ni à mon père. Je suis même heureuse qu'il aille mieux, de là où il est", termine même la jeune femme, émue.  

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