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lundi 26 décembre 2022

INTERVIEW de Laurentine Véron, psychologue, et co-directrice d’Apsytude

Laurentine Véron : "Des crises suicidaires conséquentes" chez les étudiants
Par Valérie Gauriat • Mise à jour: 23/12/2022 euronews.com




Laurentine Véron - Tous droits réservés euronews

Laurentine Véron est psychologue, et co-directrice d’Apsytude, association de psychologues créée pour prévenir et prendre en charge le mal-être psychologique des étudiants. Au micro de Valérie Gauriat, elle constate que la précarité matérielle ne fait qu’aggraver une situation de détresse déjà constatée depuis de nombreuses années.

Valérie Gauriat :

« On a énormément parlé de la détresse des étudiants pendant la période du vide. Deux ans plus tard, est ce que ça a changé? Est ce que ça s'est amélioré ou bien au contraire, est ce que ça s'aggrave?

Laurentine Véron :

« Effectivement, la période de la Covid a permis de mettre en exergue la souffrance des étudiants, les difficultés auxquelles ils font face. Mais en fait, ces choses existaient bien avant, puisque c'est même le présupposé qui fait qu'on a créé Apsytude il y a quatorze ans. Donc ça continue à exister, malheureusement.

C'est vrai que nous par contre, on constate avec cette rentrée universitaire une aggravation quand même des situations.

Donc on a toujours un focus un peu particulier puisque nous on voit que des étudiants qui sont en souffrance, c'est bien pour ça qu'ils font appel à un professionnel de santé mentale.
 
Néanmoins, on trouve que les situations sont particulièrement fortes cette année. Des crises suicidaires, on en a toujours, mais qui sont présentes et assez conséquentes avec des résolutions plus difficiles. Donc on a une inquiétude pour le public, effectivement. »

Valérie Gauriat :

« Est ce que c'est lié à la précarité croissante des étudiants? »

Laurentine Véron :

« Il y a la période à laquelle on est en octobre, novembre, décembre et jusqu'à février. C'est toujours une période très difficile dans la population étudiante parce que la rentrée s'est faite il y a un peu la lune de miel dont on parle parfois de l'entrée dans un nouveau cursus. Juste une nouvelle année qui s'estompe.

Il y a un effet très important sur le psychisme et sur l'humeur des conditions météorologiques tout simplement.

Il y a les premiers examens ou parfois les premiers échecs.

C'est aussi le moment ou on se rend compte qu’on commence à ne plus savoir si c'est vraiment l'orientation qu'on veut faire. Donc il y a beaucoup de choses qui se passent à cette période de l'année déjà très spécifiquement. Donc ça, c'est toutes les années, une période qui est difficile.

Après, par rapport à l'inquiétude qu'on a cette année, je pense qu'il y a peut-être eu des espoirs aussi de changement qui ne sont peut-être pas là, une fatigue qui s'est aussi constituée et a continué.

On a pris tous beaucoup sur nous pendant la Covid. La vie reprend et ce n'est pas si simple.

Il y a quand même malgré tout cette précarité qui est renforcée par l'inflation. [

Quand on est préoccupé, est ce que je peux manger à la fin de la semaine, à la fin du mois? C'est une vraie préoccupation quand je dois mener mes études, mais avoir un job étudiant pour arriver à mener mes études qui potentiellement viennent faire conflit.

Quand j'ai mon entourage, qui est lui aussi impacté par tout ça, c'est à dire qu'il y a tout un système autour des étudiants qui font que la vie est rude.

Et puis tout simplement si on ne peut pas se chauffer comme on a besoin parce qu'il y a toutes ces conditions-là. Comment j'étudie quand je suis complètement gelé ? Il y a tout cela qui est en jeu. »

https://fr.euronews.com/2022/12/22/laurentine-veron-des-crises-suicidaires-consequentes-chez-les-etudiants

jeudi 20 janvier 2022

ETUDE RECHERCHE Le risque suicidaire en population étudiante en France. Etude comparative et facteurs de risques spécifiques

Le risque suicidaire en population étudiante en France. Etude comparative et facteurs de risques spécifiques

Aristide Boulch 1 Léa Boutonnet 2 Cheikhou Oumar Cisse 3 Clara Girault 3 Aurélien Dasré 4 Julie Pannetier 5
1 UP1 - Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
2 Université Paris-Saclay
3 EUR REDPOP - École des hautes études en démographie
4 CRESPPA - Centre de recherches sociologiques et politiques de Paris
5 UPN - Université Paris Nanterre
Résumé : [Background] La population étudiante fait face à des problématiques spécifiques, comme le stress lié à leurs études, la précarité en l’absence d’aides familiales et/ou sociales et le harcèlement qui peuvent engendrer un ensemble de difficultés, altérer la santé mentale et mener au suicide. Cela dit, comparativement au reste des 18-24 ans, les étudiant.e.s forment également une population davantage issue de milieux sociaux privilégiés et sont entourés d’un réseau social plus dense pouvant les "préserver" du risque suicidaire. Dans cet article, nous mesurons l’effet du statut d’étudiant sur le risque suicidaire chez les 18-24 ans et nous analysons les déterminants sociaux du risque suicidaire en population étudiante. [Méthode] Nous avons étudié la population des 18 à 24 ans à partir des enquêtes Baromètres Santé 2010 (N=952 étudiant.e.s et 1965 non-étudiant.e.s), 2014 (627 et 1111) et 2017 (1164 et 1265). Nous avons considéré la présence de pensées suicidaires au cours des 12 derniers mois, la présence d’une ou plusieurs tentatives de suicide au cours de la vie, leur combinaison formant le risque suicidaire et la détresse psychologique. Nous avons évalué l’évolution de ces indicateurs entre 2010 et 2017 en population étudiante et non-étudiante ainsi que les différences entre ces deux populations. A partir de l’enquête 2017, nous avons investigué l’effet de l’origine sociale, de la précarité financière et résidentielle et de différentes formes de violences sur le risque suicidaire en population étudiante. [Résultats] Les résultats montrent une augmentation du risque suicidaire et une dégradation de la santé mentale des jeunes qu’il soient ou non étudiant.e.s et entre 2010 et 2017. Nos résultats montrent également qu’une fois contrôlés par les différences de caractéristiques socio-démographiques, le statut d’étudiant.e a un effet légèrement protecteur sur le risque suicidaire. Nous montrons également le rôle que les étudiants dont le chef de ménage est le plus éloignés de l’emploi, de la précarité financière et des violences sexuelles pour les femmes et physiques pour les hommes influe sur le risque suicidaire en population étudiante. [Conclusion] Les résultats montrent que le risque suicidaire des jeunes étant sortis du système éducatif est plus important qu’en population étudiante. Cependant, si les différences d’intensité de risque sont significatives entre la population étudiante et non-étudiante, les différences de niveaux absolus restent limitées. En raison de son hétérogénéité, la population étudiante ne peut être considérer comme étant à l’abri du risque suicidaire. L'association du risque suicidaire avec la précarité financière et les violences impose.
https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-03479412
Contributeur : Brian Chauvel Connectez-vous pour contacter le contributeur
Soumis le : lundi 17 janvier 2022 - 15:23:46
Dernière modification le : jeudi 20 janvier 2022 - 03:35:18

Citation

Aristide Boulch, Léa Boutonnet, Cheikhou Oumar Cisse, Clara Girault, Aurélien Dasré, et al.. Le risque suicidaire en population étudiante en France. Etude comparative et facteurs de risques spécifiques. Semaine Data SHS : Traiter et analyser des données en sciences humaines et sociales, Plateforme universitaire de données de Nanterre - MSH-Mondes, Dec 2021, Nanterre, France. ⟨hal-03479412⟩
 

ETUDE RECHERCHE Les conduites suicidaires chez les étudiants : analyse et modélisation du risque dans la cohorte i-Share.

Les conduites suicidaires chez les étudiants : analyse et modélisation du risque dans la cohorte i-Share.
Melissa Macalli 1
1 BPH - Bordeaux population health

Résumé : En France, le suicide est la deuxième cause de mortalité chez les 15-24 ans. Si le risque suicidaire au cours de l’adolescence est bien documenté, peu de données sont disponibles en France sur la santé mentale des étudiants et sur les conduites suicidaires en particulier. La vie étudiante s’accompagne pourtant d’un certain nombre de changements qui surviennent dans une période de transition vers l’âge adulte, connue comme représentant une période sensible pour le développement de troubles psychiatriques. L’objectif principal de cette thèse était d’analyser et de modéliser le risque suicidaire chez les étudiants, afin d’identifier les individus à risque, à travers deux objectifs spécifiques : 1) étudier l’association entre les conduites suicidaires et des facteurs auto-déclarés dans l’enfance et l’adolescence que sont le soutien parental perçu, la victimisation par les pairs et/ou la maltraitance parentale ; 2) développer un modèle de prédiction des comportements suicidaires chez les étudiants en utilisant des méthodes d’apprentissage automatique. Des analyses, menées à partir des données de la cohorte i-Share, étude prospective longitudinale qui inclut des étudiants volontaires depuis 2013, ont montré les résultats suivants : 1) un étudiant sur cinq (21%) a rapporté des pensées suicidaires au cours des 12 derniers mois et 6% ont déclaré des tentatives de suicide au cours de la vie ; 2) l’absence de soutien parental perçu dans l'enfance et l'adolescence était associée à une probabilité quatre à neuf fois plus élevée de présenter des pensées suicidaires occasionnelles (rapport des cotes ajusté RCa : 4,55 ; intervalle de confiance IC 95% : 2,97-6,99) ou multiples (RCa : 8,58 ; IC 95% : 4,62-15,96), par rapport aux individus qui ont perçu un soutien parental très important ; 3) les étudiants qui ont déclaré être victimisés par leurs pairs, sans maltraitance parentale associée, étaient plus susceptibles de présenter des idées suicidaires sans (RCa : 1,62 ; IC à 95% : 1,26-2,09) ou avec tentative de suicide (RCa : 2,70 ; IC à 95% : 1,51-4,85) ; 4) parmi plus de 70 prédicteurs mesurés à l’inclusion dans l’étude, quatre ont montré le pouvoir prédictif le plus élevé de conduites suicidaires : les précédentes pensées suicidaires, l’anxiété-trait, les symptômes de dépression et l'estime de soi. Dans des analyses secondaires menées à partir des données de la cohorte CONFINS, nous avons montré que les étudiants étaient plus susceptibles que les non-étudiants de présenter des troubles de santé mentale au cours de l’épidémie de COVID-19, notamment en période de confinements. Ces travaux soulignent la fragilité de la population étudiante et la nécessité d’y porter une plus grande attention. Plus spécifiquement, nos résultats montrent l’intérêt de renforcer des programmes portant sur le soutien à la parentalité et la lutte contre le harcèlement scolaire pour réduire le risque suicidaire à long terme du jeune adulte et ils ouvrent la voie à de nouvelles stratégies d’interventions, en lien avec le renforcement de l’estime de soi à l’université. Les conduites suicidaires sont fréquentes chez les étudiants et les recherches doivent être poursuivies afin de développer et évaluer des outils de dépistage pouvant être utilisés en routine, par exemple à l’entrée à l’université, pour identifier les étudiants les plus vulnérables.
https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-03534291
Contributeur : Abes Star : Contact
Soumis le : mercredi 19 janvier 2022 - 12:43:44
Dernière modification le : jeudi 20 janvier 2022 - 13:35:08
Fichier MACALLI_MELISSA_2021.pdf Version validée par le jury (STAR)

vendredi 26 novembre 2021

PARUTION ÉTUDIANTS EN SOUFFRANCE PSYCHIQUE Une jeunesse déboussolée, Clément Rizet

ÉTUDIANTS EN SOUFFRANCE PSYCHIQUE
Une jeunesse déboussolée
Clément Rizet
Avec la collaboration de Nelly Dubet-Levalet

Couverture Étudiants en souffrance psychiquePeu d’ouvrages se penchent spécialement sur les formes psychopathologiques de la souffrance d’une jeunesse, entre surenchère des écrans et sentiment de solitude, familles éclatées et institutions sans répondant.
Au regard du malaise de la société contemporaine, une génération entière est aujourd’hui concernée par la vie universitaire. Celle-ci participe à la fois de certaines difficultés et d’une construction sublimatoire nécessaire. Parce que cette construction a manqué dans le temps suspendu de la pandémie virale, elle a révélé ce paradoxe plus que jamais.
Cet ouvrage se donne pour objectif de décrire qui sont les étudiants, s’il existe chez eux une psychopathologie spécifique, quelle aide psychothérapique on peut leur apporter et quel travail de prévention peut être envisagé.
Un livre important pour les personnels de l’Éducation nationale et de l’enseignement supérieur, pour les professionnels de santé et les travailleurs sociaux qui prennent en charge les étudiants.
Clément Rizet, psychologue clinicien, docteur en psychologie clinique et psychopathologie, exerce dans le service de santé pour étudiants de l’université de La Rochelle et en privé.
Nelly Dubet-Levalet, psychologue clinicienne et psychologue de l’Éducation nationale, exerce dans une circonscription de La Rochelle et en tant qu’expert judiciaire près la Cour d’appel de Poitiers.
Tous deux sont formateurs agréés en prévention du suicide et ont mis en place des formations « Sentinelles » au repérage et à l’orientation des étudiants en difficulté pour les personnels des universités (enseignants, enseignants-chercheurs, administratifs et pairs).
Illustration de couverture : Nathan Rizet.
ISBN : 978-2-343-23882-1
26 €
Date de publication : 17 septembre 2021
https://www.editions-harmattan.fr/catalogue/couv/aplat/9782343238821.pdf

 

https://www.editions-harmattan.fr/livre-etudiants_en_souffrance_psychique_une_jeunesse_deboussolee_clement_rizet-9782343238821-71081.html 

jeudi 25 novembre 2021

INSERM Covid-19 : Le lourd impact de l’épidémie sur la santé mentale des étudiants, notamment pendant les périodes de confinements


Covid-19 : Le lourd impact de l’épidémie sur la santé mentale des étudiants, notamment pendant les périodes de confinements

Communiqué | 09 nov. 2021 - 11h00 | Par INSERM (Salle de presse)  https://presse.inserm.fr/*
 
La pandémie de Covid-19 s’est accompagnée d’une dégradation de l’état de santé mentale d’une grande partie de la population française. Afin de mettre en place des dispositifs de soutien adaptés, il est nécessaire de mesurer l’impact de l’épidémie et d’identifier les populations les plus exposées. Dans une nouvelle étude, des chercheurs et chercheuses de l’Inserm et de l’Université de Bordeaux au Bordeaux Population Health Center montrent que les étudiants sont particulièrement vulnérables. Pendant les deux premiers confinements, les prévalences des troubles anxieux et dépressifs, ainsi que des pensées suicidaires, étaient plus élevées dans cette population en comparaison à des non étudiants. Ces résultats, publiés dans la revue Scientific Reports mettent en lumière la nécessité d’une grande vigilance en ce qui concerne la santé mentale des étudiants en contexte épidémique ainsi que l’importance de mettre en place rapidement des interventions spécifiques pour les aider à surmonter les effets délétères de cette crise sanitaire.

Les épidémies sont connues pour exacerber les problèmes de santé mentale de la population. Ainsi, des travaux antérieurs, réalisés lors de l’épidémie de SRAS au début des années 2000, ont montré que l’anxiété, la dépression et le stress post-traumatique étaient plus fréquents pendant et plusieurs années après la fin de l’épidémie.

Par ailleurs, les données de la littérature scientifique montrent que les étudiants constituent une population particulièrement vulnérable aux problèmes de santé mentale, même hors contexte d’épidémie. En France par exemple, le suicide est la deuxième cause de décès chez les 15-25 ans et des résultats portant sur une cohorte nationale, la cohorte i-Share, ont montré un taux élevé d’anxiété et de dépression dans cette population.

Face à ces différents constats, des chercheurs et chercheuses de l’Inserm et de l’université de Bordeaux ont étudié de plus près la santé mentale des étudiants durant la pandémie de Covid-19 et lors des différents confinements. Les étudiants sont-ils plus à risque de développer des problèmes psychologiques dans ce contexte que les non-étudiants ?

Dépression, anxiété et pensées suicidaires

Les scientifiques ont recruté via les réseaux sociaux 3783 participants entre mars 2020 et janvier 2021, une période couvrant le premier et deuxième confinement, ainsi que la période intermédiaire de relâchement des restrictions à l’été 2020. Cette étude, désignée sous le nom de cohorte CONFINS, a permis de comparer deux groupes lors des analyses : les étudiants d’un côté et les adultes non-étudiants de l’autre. Au-delà de cette différence de statut et d’âge moyen, les deux groupes étaient très proches, avec des pourcentages similaires de femmes, de personnes ayant eu des antécédents de maladie mentale ou encore de personnes travaillant (ou étudiant) dans le domaine de la santé.

Chaque participant a été invité à remplir en ligne des échelles de référence pour l’évaluation de l’anxiété et de la dépression (le GAD-7, une échelle qui évalue les symptômes de l’anxiété et le PHQ-9, qui évalue la sévérité de la dépression) ainsi qu’à répondre à des questions sur la fréquence des pensées suicidaires au cours des 7 derniers jours.
Les analyses montrent que sur toute la période considérée, les étudiants sont plus touchés que les non étudiants par les problèmes de santé mentale. Ils sont ainsi 36,6 % à déclarer des symptômes dépressifs (contre 20,1 % des non étudiants) et 27,5 % des symptômes d’anxiété (contre 16,9 %). De plus, 12,7 % des étudiants ont rapporté des pensées suicidaires (contre 7,9 % des non étudiants).

Des inégalités importantes et qui se creusent

Les scientifiques se sont aussi penchés plus précisément sur chaque étape de la période considérée (premier confinement, déconfinement et deuxième confinement). Alors que la prévalence des troubles mentaux reste globalement stable dans le groupe des non-étudiants tout au long de la période, de grandes variations sont observées pour le groupe étudiant.

Ainsi, on observe que les fréquences des troubles de santé mentale sont beaucoup plus élevées en période de confinement que pendant le déconfinement dans ce groupe, et particulièrement lors du deuxième confinement. En effet, plus de la moitié des étudiants rapportaient des symptômes dépressifs lors du deuxième confinement (contre un quart des non étudiants), alors que cette proportion était de 36 % lors du premier confinement.

« La comparaison entre étudiants et non étudiants a rarement été étudiée jusqu’ici. Nous démontrons dans notre étude qu’il existe d’importantes inégalités de santé mentale entre ces deux groupes, et que l’écart s’est encore plus creusé avec le deuxième confinement. La vulnérabilité des étudiants n’a probablement pas une cause unique mais l’isolement et la solitude ont certainement beaucoup pesé. Les conditions matérielles et la difficulté de suivre les études sont également des facteurs importants. », explique Mélissa Macalli, première autrice de l’étude.


De l’observation à l’intervention

Ce travail de comparaison directe montre donc que, même si toute la population française a été affectée par la crise sanitaire et les restrictions associées, les étudiants sont une population particulièrement vulnérable. Ces chiffres devraient permettre d’orienter les stratégies de prévention et de renforcer les dispositifs d’accompagnement psychologique.

« Il est aussi important de réaliser que ce problème ne sera pas résolu simplement parce que les confinements ont cessé. La détresse d’un grand nombre d’étudiants est toujours très présente et beaucoup plus forte qu’avant l’épidémie. Il faut réaliser que les problèmes de santé mentale des étudiants ne sont pas derrière nous mais devant nous et qu’ils sont très diffus. Tous n’ont pas de maladie mentale sévère mais tous sont affectés, ont du mal à « fonctionner » correctement, et certains risquent de s’aggraver au cours du temps avec les risques de décrochage des études, de dépression, voire des comportements suicidaires dans le pire des cas », souligne le chercheur Christophe Tzourio, dernier auteur de l’étude.
Les scientifiques ont donc décidé d’aller au-delà du constat et du plaidoyer et ils travaillent désormais sur une intervention afin d’aider les étudiants sur ces questions complexes. Dans les mois qui viennent, l’équipe va développer une application mobile qui sera testée dans le cadre de la cohorte CONFINS, afin d’évaluer son impact réel lors d’une intervention contrôlée.

« Le but est que l’application, qui sera co-créée avec étudiants et professionnels de santé, apporte au plus grand nombre des connaissances sur les troubles mentaux et sur les dispositifs de soutien existants (professionnel de santé, numéros d’aide). D’autre part, pour ceux qui le souhaitent, elle leur permettra de mieux évaluer leur propre niveau de stress, d’anxiété et de dépression au cours du temps. Le plus souvent cela permettra de les rassurer et d’aider ceux qui en ont besoin à franchir le pas en sollicitant de l’aide de professionnels de la santé mentale dans une période de détresse », explique Mélissa Macalli.
POUR CITER CET ARTICLE :
Communiqué – Salle de Presse Inserm Covid-19 : Le lourd impact de l’épidémie sur la santé mentale des étudiants, notamment pendant les périodes de confinements Lien : https://presse.inserm.fr/covid-19-le-lourd-impact-de-lepidemie-sur-la-sante-mentale-des-etudiants-notamment-pendant-les-periodes-de-confinements/44052/

lundi 22 novembre 2021

ETUDE RECHERCHE Santé mentale chez les étudiants en médecine et intérêt de la méditation pleine conscience : une étude descriptive à partir de l'étude Must Prevent


Santé mentale chez les étudiants en médecine et intérêt de la méditation pleine conscience : une étude descriptive à partir de l'étude Must Prevent
Lise Mauvigney 1
1 AMU SMPM MED - Aix-Marseille Université - École de médecine

Résumé : Les étudiants en médecine, exposés à un environnement de travail épuisant, constituent une population à risque de développer des troubles psychiatriques. En 2017, une enquête nationale a montré que sur les 22 000 étudiants en médecine interrogés, 68,2% présentaient une anxiété (contre 26,2% en population générale), 27,7% avaient des symptômes dépressifs et 23,7% avaient des idées suicidaires (contre 4% des femmes et 3% des hommes du même âge dans la population générale) dont 5% avaient des idées suicidaires dans le mois précédent. Il est donc nécessaire de prévenir les problèmes de santé mentale ultérieurs en agissant sur la prévention des troubles psychiques des étudiants. L’étude Must Prevent est une étude multicentrique, randomisée, contrôlée, à deux bras parallèles, en simple aveugle dont l’objectif principal est d’évaluer l'efficacité à un an de la méditation pleine conscience versus la relaxation afin de prévenir le burnout chez les étudiants en médecine de quatrième et cinquième années. Cette étude a débuté en septembre 2019 et se poursuit après la réalisation de cette thèse. Les données post intervention ne peuvent donc être exploitées dans cette thèse compte tenu de la levée du simple aveugle. Ce travail de thèse décrit une étude transversale descriptive des 35 étudiants marseillais inclus dans l’étude Must Prevent. La visite d’inclusion comportait un entretien clinique associé à des auto et hétéro-questionnaires pour évaluer la santé mentale des étudiants (MINI, MADRS, CSSRS, test de Fagerstrom, AUDIT, DAST, CAST, HADS, Perceived Stress Scale, Jefferson Scale of Empathy, WHOQOL et l’échelle visuelle analogique de la douleur psychologique et des idéations suicidaires). Dans cette étude, nous avons constaté que 20% des étudiants avaient des symptômes dépressifs, plus du tiers ont eu des idées suicidaires dont 6% dans le dernier mois, un tiers des étudiants présentent un burnout et plus du tiers des étudiants ont un mésusage vis à vis de l’alcool. Notre étude a permis de montrer qu’il existe une réelle souffrance dans cette population et il est donc nécessaire de leur proposer une prise en charge adaptée.
https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-03436072
Contributeur : Faculté de Médecine Amu
Soumis le : vendredi 19 novembre 2021 
Fichier 
THESE FINALE sans remiercement...
Fichiers produits par l'(les) auteur(s)

vendredi 22 octobre 2021

AUSTRALIE : Partenariat des jeunes dans la recherche sur la prévention du suicide / un guide co-conçu pour les jeunes ayant des expériences d'automutilation ou suicidaires. " Visiter votre médecin généraliste : un guide pour les jeunes ayant vécu une expérience d'automutilation et de suicide

Partenariat des jeunes dans la recherche sur la prévention du suicide : un guide de médecine générale co-conçu pour les jeunes ayant des expériences d'automutilation ou suicidaires.
d’après article Youth partnership in suicide prevention research: A co-designed GP guide for young people with self-harm or suicidal experiences 11/10/201 http://www.powertopersuade.org.au


« Chaque enfant a le droit d'exprimer ses opinions, ses sentiments et ses souhaits sur toutes les questions qui le concernent, et de voir ses opinions considérées et prises au sérieux » (Convention des Nations Unies relative aux droits de l'enfant, article 12, 1989) .

Les jeunes ayant une expérience vécue de l'automutilation ou du comportement suicidaire devraient être au premier plan de la conception, de l'évaluation et de la mise en œuvre de la recherche sur la prévention du suicide.

Controversé ? Impossible à réaliser ? Risqué ? Vous l'avez dit. En tant que chercheur en prévention du suicide, j'ai tout entendu... de la part des bailleurs de fonds, des comités d'éthique, des comités de santé et de sécurité de l'enseignement supérieur, pour n'en citer que quelques-uns. Dans ce blog, je partage mon expérience de travail en partenariat avec des jeunes ayant une expérience vécue de l'automutilation et du comportement suicidaire pour la co-conception d'un guide intitulé « Visiter votre médecin généraliste : Un guide pour les jeunes ayant une expérience vécue d'auto- préjudice et suicidalité » .

De nombreux jeunes pensent à se faire du mal ou à mettre fin à leur vie. Ces pensées peuvent être très pénibles, déroutantes et contraignantes. Nous savons que de nombreux jeunes ont beaucoup de mal à trouver les mots justes pour décrire ce qu'ils ressentent et cherchent de l'aide et du soutien lorsqu'ils se sentent suicidaires. Notre recherche  à l'Université de Birmingham a montré que la peur d'être rejeté, la difficulté à comprendre et à articuler la détresse, et les inquiétudes concernant la confidentialité sont les obstacles les plus fréquemment signalés par les jeunes lorsqu'ils demandent de l'aide à un médecin généraliste. Nous avons été surpris de constater à quel point certains jeunes de notre étude étaient incertains quant au rôle du médecin généraliste en tant que source de soutien en matière de santé mentale. Certains jeunes, comme Hayley ci-dessous, se sont retrouvés dans la confusion quant à la raison pour laquelle ils étaient assis dans une salle d'attente du médecin généraliste :

« Je me souviens m'être assis dans la salle d'attente, et ce n'était pas agréable parce que les gens toussaient et éternuaient, et je me disais « pourquoi suis-je ici ? Je ne tousse ni n'éternue ». J'avais beaucoup de stigmatisation intériorisée à propos du médecin généraliste, sans vraiment le savoir. » (Hayley)

J'ai présenté les résultats de cette étude au Youth Advisory Group (YAG) de l'Institute for Mental Health de l'Université de Birmingham. Le YAG se compose de 18 jeunes âgés de 18 à 25 ans ayant une expérience ou un vif intérêt pour la santé mentale des jeunes, qui travaillent en collaboration avec des chercheurs pour créer, façonner et remettre en question la recherche sur la santé mentale des jeunes, y compris l'automutilation et la prévention du suicide.

« Que faisons-nous des résultats de cette étude ? », « Quelles devraient être nos prochaines étapes ? » étaient quelques - unes des questions soulevées lors de nos réunions du YAG. Les jeunes ont clairement indiqué dès le départ que les résultats de notre recherche ont ouvert des opportunités pour fournir un soutien et des conseils pratiques aux jeunes lorsqu'ils parlent à leur médecin généraliste d'automutilations et d'expériences suicidaires. Sur une période de six mois, nous avons travaillé en partenariat avec des jeunes pour co-concevoir un guide pour faire exactement cela : apporter un soutien aux jeunes ayant vécu une expérience d'automutilation ou de comportement suicidaire lorsqu'ils demandent de l'aide à leur médecin généraliste ; et, les préparer à leur consultation de médecin généraliste.

Bien qu'il n'y ait pas de règles strictes sur la manière d'impliquer les jeunes dans la recherche, le fait d'avoir des termes de référence clairement définis et mutuellement convenus garantit que les jeunes sont impliqués de manière sûre, inclusive, solidaire et respectueuse tout au long du processus. À ce stade, je dois mentionner qu'il est essentiel d'avoir un responsable de la participation des jeunes qui peut aider les jeunes et les chercheurs à naviguer dans le processus de participation des jeunes et de co-conception. Ceci est pertinent pour toutes les activités de recherche, mais particulièrement pour celles qui pourraient être perçues comme sensibles ou potentiellement pénibles. Notre responsable de la participation des jeunes, qui était présent lors de nos ateliers, a offert un soutien et des conseils précieux en matière de protection, en veillant à ce que les activités et le processus soient sûrs et éthiques.

Notre approche de co-conception du guide GP a été fortement influencée par les modèles internationaux de partenariat et de co-conception des jeunes, y compris les principes clés de co-conception d'Orygen et la boîte à outils du Partenariat de la jeunesse. Au cœur de notre approche, il y avait :
 i) reconnaître que chacun d'entre nous apporte un ensemble différent de compétences et d'expériences qui sont uniques, respectées et de valeur égale ; ii) avoir des attentes claires concernant les objectifs du guide et le processus de co-conception ; et des rôles clairement définis. En raison des restrictions imposées par le COVID-19, nos ateliers se sont déroulés à distance, ce qui signifie que deux éléments étaient importants pour garantir que la participation des jeunes soit faisable, acceptable et significative : la flexibilité et la créativité. Nous avons proposé aux jeunes un certain nombre de moyens différents pour partager leurs idées, notamment le courrier électronique, les outils médiatiques et les chats en ligne. Nous avons reconnu que les jeunes s'engageraient à des degrés divers en fonction de leur disponibilité, de leurs capacités et de leurs intérêts. Certains jeunes ont souhaité contribuer à l'élaboration du contenu en fournissant des citations ou en rédigeant des ébauches, tandis que d'autres ont choisi de s'impliquer dans les activités de diffusion et de sensibilisation, comme ce podcast animé par l'un des membres de notre YAG.

Une fois le contenu du guide finalisé, les jeunes ont soulevé la question suivante : Comment donner vie à ce guide ?  L'idée de créer une vidéo pour soutenir une diffusion plus large du guide a été très populaire au sein de notre groupe et nous nous sommes rapidement retrouvés à travailler avec un consultant en création numérique. L'objectif principal était de s'assurer que les voix non filtrées des jeunes transparaissaient dans la vidéo.

À l'occasion de la Journée mondiale de prévention du suicide (10 septembre 2021), nous avons officiellement lancé notre nouveau guide  Visiting your General Practitioner: a guide for young people with lived experience of self-harm and suicidality  et une video pour soutenir la diffusion du guide. Les deux ressources ont été conçues par des jeunes pour des jeunes dans le but de fournir un soutien et des conseils pour faire le premier pas vers l'aide d'un médecin généraliste.

Le guide offre des informations et des conseils essentiels sur

    Ce qu'il faut envisager avant de consulter votre médecin généraliste, y compris la préparation des questions, la prise de rendez-vous et la présence d'une personne pour vous soutenir.

    Comment gérer la consultation, quels sont vos droits en matière de confidentialité, quelles sont les questions que votre médecin peut vous poser, et comment gérer les discussions sur les médicaments, comment co-créer un plan de sécurité avec votre médecin ; et, l'orientation vers des services de santé mentale.

    Que faire après la consultation avec le médecin généraliste, y compris comment accéder à un soutien et à des ressources professionnelles, comment obtenir le soutien de la famille et des amis, et que faire si vous n'êtes pas satisfait du déroulement de la consultation.

Des progrès dans la recherche et la mise en œuvre de la prévention du suicide ne peuvent être réalisés sans la participation significative de la voix des jeunes. Faire participer les jeunes à des recherches qui les concernent peut enrichir de manière tangible la qualité de notre travail et créer des opportunités de changement transformationnel.
 

Ce blog a été rédigé par le Dr Maria Michail qui passera deux ans à travailler avec Orygen dans le cadre d'une bourse mondiale de trois ans Marie Skłodowska-Curie Actions visant à étendre la prévention du suicide .

Source http://www.powertopersuade.org.au/blog/youth-partnership-in-suicide-prevention-research-a-co-designed-gp-guide-for-young-people-with-self-harm-or-suicidal-experiences/11/10/2021

FSEF et Université Paris Dauphine – PSL : Dispositif D-Passe pour les étudiants de l'Université Paris Dauphine

FSEF et Université Paris Dauphine – PSL
18 oct. 2021



Fondation Santé des Etudiants de France

L’objectif du dispositif D-Passe est de renforcer les facteurs de résilience, individuels et collectifs : prévenir l’anxiété et la dépression, lutter contre les addictions et les risques suicidaires, identifier et éviter les situations d’isolement ou de grande précarité, les décrochages… Le partenariat entre Dauphine - PSL et la FSEF, est coordonné par le Dr D. Monchablon, psychiatre Chef de Service du Relais Etudiants Lycéens 75. Il s’appuie sur les ressources et le savoir-faire de la FSEF, et se décline autour de quatre dispositifs : · Contribuer au repérage précoce de la souffrance psychologique et à la prise en charge brève (y compris les premiers soins psychiatriques) des étudiants de l’Université. · Faire bénéficier les étudiants d’un accès aux soins spécialisés facilité grâce au maillage territorial de santé de la FSEF. · Accompagner et former les « Veilleurs », ces étudiants volontaires identifiés par Dauphine - PSL pour être lanceurs d’alerte sur les problèmes de santé rencontrés au sein de l’Université. Celle-ci communiquera avec eux sur l’existence de ce dispositif et ses modalités d’accès et organisera un temps de réunion collective visant à la sensibilisation de ces étudiants-veilleurs en lien avec l’équipe de la Clinique FSEF Paris 13 - Aider les professionnels et personnels à repérer, analyser et orienter si nécessaire les situations problématiques rencontrées par les étudiants. Cette aide s’appuie sur une coordination des acteurs concernés et sur une formation spécifique pour les personnels identifiés au sein de l’université.

lundi 4 octobre 2021

ETUDE RECHERCHE CANADA Suicide et toxicomanie chez les jeunes: deux phénomènes interreliés

Centre de recherche lundi 4 octobre 2021
Communiqué de presse
Suicide et toxicomanie chez les jeunes: deux phénomènes interreliés
Source https://recherche.chusj.org/*

MONTRÉAL, le 4 octobre 2021 – L'idée parfois véhiculée voulant que les troubles d’abus et de dépendance à l’alcool, au cannabis, et à d’autres drogues conduisent à des tendances suicidaires chez les adolescents et les jeunes adultes est remise en question par les résultats d’une nouvelle étude menée au CHU Sainte-Justine et à l’Université de Montréal (UdeM) et publiée dans la revue PLOS ONE.

«Pour la toute première fois, notre méta-analyse révèle que les probabilités que la tendance suicidaire précède les troubles liés à l'utilisation de substances sont tout aussi fortes», indique Charlie Rioux, diplômée du programme de doctorat au Département de psychologie de l’UdeM et au Centre de recherche du CHU Sainte-Justine, et première auteure de l’étude.
Adolescence : une période difficile

L'adolescence est souvent une période de grande vulnérabilité, de découverte et de recherche d’autonomie. Certains jeunes, pour diverses raisons, se tourneront vers la consommation de substances et se verront également aux prises avec des pensées et des comportements suicidaires.

La consommation problématique de substances chez les jeunes et les troubles concomitants ont de multiples conséquences néfastes physiques et psychologiques. En parallèle, les tendances suicidaires, qui apparaissent et culminent généralement à l'adolescence, sont souvent le reflet d'autres problèmes de santé mentale.

Plusieurs études ont montré que le lien entre la consommation de substances et la vulnérabilité aux idées suicidaires chez les populations adolescentes et adultes pourrait s'expliquer sur le plan du développement par quatre hypothèses.

Ici, l'équipe de recherche s’est concentrée sur 1) l’hypothèse que les troubles liés à la consommation de substances conduisent aux tendances suicidaires par une augmentation de la détresse psychologique et de l'impulsivité, ou une dépression induite par une substance, entre autres, et 2) l’hypothèse de l’automédication ou de l'utilisation de substances pour se faire accepter par ses pairs, afin de faire face aux idées suicidaires.

«Bien que plusieurs méta-analyses portant sur l'association entre la consommation de substances et les tendances suicidaires aient été menées récemment, aucune n’a permis d’établir comment elles peuvent s’influencer mutuellement», précise Natalie Castellanos-Ryan chercheuse au CHU Sainte-Justine et professeure agrégée à l’École de psychoéducation de l’UdeM.
25 études sous la loupe

La méta-analyse a examiné 25 études publiées portant sur ces associations.

Elle met en évidence un biais dans la recherche, celui d’avoir négligé le fait que les jeunes peuvent utiliser des substances pour faire face à leurs pensées suicidaires. L'étude met également en lumière le fait que les modèles de recherche de la grande majorité des études actuelles ne permettent pas de clarifier de quelles manières les troubles liés à l'utilisation de substances et aux tendances suicidaires peuvent se développer ensemble.

Selon Jean Séguin, chercheur au CHU Sainte-Justine et professeur titulaire au Département de psychiatrie et d'addictologie de l’UdeM, «si l’on veut diagnostiquer et traiter de manière appropriée et efficace le jeune en détresse, il est primordial de clarifier ces questions. En clinique, les intervenants ont tendance à se concentrer sur un problème ou l'autre, car les services de santé mentale et de toxicomanie ne sont souvent pas bien intégrés dans les soins d’urgence ou de première ligne».
Une vigilance s’impose

L'étude suggère que les troubles associés doivent être évalués et traités de manière concomitante et que les cliniciens doivent être vigilants quant à l'initiation à la consommation de substances chez les jeunes patients présentant des pensées ou des tentatives suicidaires.

«Une meilleure compréhension de l'association développementale et bilatérale entre la consommation de substances et les tendances suicidaires et comment celles-ci peuvent changer au cours des périodes de développement permettra d’améliorer les programmes de prévention et d'intervention selon le groupe d’âge», conclut Charlie Rioux.

À propos de l’étude

L’article «Substance use disorders and suicidality in youth: A systematic review and meta-analysis with a focus on the direction of the association», écrit par Charlie Rioux, est paru en août 2021 dans la revue PLOS ONE. L’étude a été soutenue par le Fonds Monique Gaumond pour la recherche en maladies affectives, les Instituts de recherche en santé du Canada, le Fonds de recherche du Québec – Santé, la Fondation américaine pour la prévention du suicide et le Réseau québécois sur le suicide, les troubles de l’humeur et les troubles associés.

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À propos du Centre de recherche du CHU Sainte-Justine

Le Centre de recherche du CHU Sainte-Justine est un établissement phare en recherche mère-enfant affilié à l’Université de Montréal. Axé sur la découverte de moyens de prévention innovants, de traitements moins intrusifs et plus rapides et d’avenues prometteuses de médecine personnalisée, il réunit plus de 210 chercheurs, dont plus de 110 chercheurs cliniciens, ainsi que 450 étudiants de cycles supérieurs et postdoctorants. Le centre est partie intégrante du Centre hospitalier universitaire Sainte-Justine, le plus grand centre mère-enfant au Canada.

recherche.chusj.org

@CR_CHUSJ


Source CHU Sainte-Justine
Renseignements

Maude Hoffmann
Communications, Centre de recherche du CHU Sainte-Justine
maude.hoffmann.hsj@ssss.gouv.qc.ca

Personne-ressource auprès des médias :

Florence Meney
Conseillère-cadre – médias externes
CHU Sainte-Justine
Tél. : 514-755-2516
florence.meney.hsj@ssss.gouv.qc.ca

Personnes nommées dans le texte Natalie Castellanos RyanJean R. Séguin


https://recherche.chusj.org/fr/Communications/Nouvelles/2021-(1)/Suicide-et-toxicomanie-chez-les-jeunes-deux-phen

Revues Le Journal des psychologues Numéro 2021/9 (n° 391) Le suicide des jeunes : penser l’impansable

Le suicide des jeunes : penser l’impansable 
Revue Le Journal des psychologues
Numéro 2021/9 (n° 391)






Sommaire de ce numéro

Édito

Dossier - Le suicide des jeunes : penser l’impansable

Page 12  Comprendre et prévenir l’impensable du suicide des jeunes
Jean-Christophe Janin, Nathalie de Kernier
Page 14 à 18  « Je ne voulais pas mourir, je voulais juste me tuer » Xavier Pommereau
Page 19 à 23  Qu’est-ce qui empêche un adolescent de se suicider ? François Ladame
Questions à… Alberto Eiguer  

Source https://www.cairn.info/revue-le-journal-des-psychologues-2021-9.htm








samedi 21 août 2021

ETUDE RECHERCHE A machine learning approach for predicting suicidal thoughts and behaviours among college students


A machine learning approach for predicting suicidal thoughts and behaviours among college students
Melissa Macalli 1 Marie Navarro 1 Massimiliano Orri 1 Marie Tournier 1 Rodolphe Thiebaut 1 Sylvana M. Cote 1 Christophe Tzourio 1

1 BPH - Bordeaux population health

Abstract : Suicidal thoughts and behaviours are prevalent among college students. Yet little is known about screening tools to identify students at higher risk. We aimed to develop a risk algorithm to identify the main predictors of suicidal thoughts and behaviours among college students within one-year of baseline assessment. We used data collected in 2013-2019 from the French i-Share cohort, a longitudinal population-based study including 5066 volunteer students. To predict suicidal thoughts and behaviours at follow-up, we used random forests models with 70 potential predictors measured at baseline, including sociodemographic and familial characteristics, mental health and substance use. Model performance was measured using the area under the receiver operating curve (AUC), sensitivity, and positive predictive value. At follow-up, 17.4% of girls and 16.8% of boys reported suicidal thoughts and behaviours. The models achieved good predictive performance: AUC, 0.8; sensitivity, 79% for girls, 81% for boys; and positive predictive value, 40% for girls and 36% for boys. Among the 70 potential predictors, four showed the highest predictive power: 12-month suicidal thoughts, trait anxiety, depression symptoms, and self-esteem. We identified a parsimonious set of mental health indicators that accurately predicted one-year suicidal thoughts and behaviours in a community sample of college students.
Sciences du Vivant [q-bio] / Médecine humaine et pathologie / Psychiatrie et santé mentale
Sciences du Vivant [q-bio] / Santé publique et épidémiologie
Informatique [cs] / Apprentissage [cs.LG]
Soumis le : vendredi 20 août 2021 - 11:16:06
Dernière modification le : samedi 21 août 2021 - 03:28:01

Fichier



BPH_SR_2021_Macalli.pdf
Fichiers éditeurs autorisés sur une archive ouverte
Source https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-03323054

samedi 31 juillet 2021

La nouvelle étude d'i-share sur la réduction du stress et la prévention des idées suicidaires chez les étudiant.es en médecine est lancée !

La nouvelle étude d'i-share sur la réduction du stress et la prévention des idées suicidaires chez les étudiant.es en médecine est lancée !

PUBLIÉ LE : 7 juillet 2021 https://www.i-share.fr*

Qu’est-ce qu’INFORMed ?

Il s’agit d’un programme interventionnel numérique pour la réduction du stress et la prévention du suicide chez les étudiant.es en médecine financé par la Direction Générale de l’Offre de Soins (DGOS) du ministère de la santé et des solidarités, porté par le CH Charles Perrens et mené par Marie Tournier. Son acronyme veut dire INternet-based programmes FOR the prevention of suicidal ideation in MEDical students.
Quel est l’objectif ?

L’objectif est de tester et évaluer l’efficacité des programmes de réduction du stress et de prévention des idées suicidaires contre placebo (intervention neutre vis-à-vis de la santé mentale) :
l’un basé sur la gestion du stress via les techniques de thérapie comportementale et cognitive (TCC),
l’autre sur la promotion de la santé.

On ne le répète jamais assez mais la recherche c’est aussi de concevoir et tester des interventions pour améliorer la santé et le bien-être des étudiant.es !
 

Concrètement, comment va se dérouler INFORMed ?

Ce projet a été lancé en juin 2021. Il sollicitera environ 2 500 étudiant.es à partir de la 3ème année de médecine des universités et hôpitaux en France.
Chacun de ces 2 programmes de prévention des idées suicidaires consistent en deux phases : une phase web de formation pendant 2 mois (19-20 vidéos de 3 min) puis une phase booster par SMS qui durera 4 mois.

Les conditions pour participer sont :
être étudiant.e en médecine à partir de la 3ème année,
être Sharer et avoir rempli le premier questionnaire,
avoir au moins 18 ans,
avoir donné son consentement éclairé à l’étude.

Plus précisément, il sera demandé aux participant.es de :
s’inscrire à l’étude i-Share et de remplir le questionnaire « Qui es-tu l’étudiant ? » (vous pouvez le retrouver ici) si ce n’est pas déjà fait.
se rendre sur le site Internet du projet INFORMed : https://informed.clinfile.com/
lire la note d’information,
cocher les cases dédiées pour accepter les conditions de l’enquête et les conditions générales d’utilisation de l’application INFORMed,
valider,
remplir le formulaire d’inscription et le valider.

Leur profil s’affichera et il faudra alors :
cliquer sur « suivant »,
lire le consentement et l’accepter en cochant la case dédiée,
cliquer sur « suivant »,
compléter le questionnaire d’inclusion INFORMed en trois parties « Idées et conduites suicidaires », « Qualité de vie » et « Mode de vie » (10 min) et valider.

Pendant les 18 mois du programme, le/la participant.e devra répondre, tous les 6 mois, à des questionnaires en ligne sur son bien-être.
L’ensemble du processus sera simple d’utilisation, entièrement accessible en ligne. Le/la participant.e sera libre de choisir le moment auquel il/elle souhaitera répondre aux questionnaires, visionner les vidéos etc.

Pour les remercier, les participant.es recevront à la fin du programme une e-carte cadeau d’une valeur de 40€.

Ce projet ne pourra voir le jour qu’avec l’engagement et la participation accrue des étudiant.es. alors on compte sur vous !

Retrouvez toutes les études ancillaires de la cohorte i-Share ici et toutes ses publications scientifiques dans la rubrique dédiée ici.

EM

https://www.i-share.fr/actualite/informed/

jeudi 17 juin 2021

ETUDE RECHERCHE Prédire les comportements suicidaires chez les étudiants grâce à l’intelligence artificielle

Prédire les comportements suicidaires chez les étudiants grâce à l’intelligence artificielle

Communiqué | 15 juin 2021 - 11h00 | Par INSERM (Salle de presse)
Santé publique

Alors même que le nombre d’étudiants vulnérables augmente sous l’effet de la crise sanitaire, détecter les individus en grande détresse et à risque suicidaire est essentiel pour permettre d’intervenir le plus précocement possible.

Comment prédire le risque suicidaire chez les étudiants ? C’est une question d’actualité, alors que les effets délétères de la crise sanitaire sur la santé mentale des étudiants sont de plus en plus visibles, et que l’on connait l’importance d’une détection et d’une prise en charge précoce de ce risque. Une équipe de chercheurs de l’Inserm et de l’Université de Bordeaux, en collaboration avec les universités de Montréal et McGill au Québec, ont identifié, grâce à l’intelligence artificielle, un ensemble restreint d’indicateurs de santé mentale qui prédisent avec précision les comportements suicidaires des étudiants. Les résultats sont publiés dans la revue Scientific Reports.

Le suicide est la deuxième cause de mortalité chez les 15-24 ans et les étudiants sont particulièrement exposés au risque de comportements suicidaires. Plusieurs facteurs connus peuvent contribuer à l’augmentation des risques chez cette population : le passage du lycée à l’université, l’augmentation de la charge de travail, l’augmentation du stress psychosocial et des pressions scolaires, et l’adaptation à un nouvel environnement. Ces risques ont par ailleurs été exacerbés par la situation de crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19.

Une détection précoce des comportements suicidaires (les pensées suicidaires et les tentatives de suicide) est primordiale afin de permettre l’accès à une prise en charge adéquate. Grâce à une méthode d’apprentissage automatique[1], ou « machine learning method » en anglais, les chercheurs de l’Inserm et de l’Université de Bordeaux ont développé un algorithme permettant d’identifier de façon précise les principaux facteurs prédictifs des comportements suicidaires parmi une population étudiante.

Suivi sur un an de plus de 5 000 étudiants français

Les résultats de cette étude portent sur l’analyse de données recueillies auprès de 5 066 étudiants qui ont été suivis sur une période supérieure ou égale à un an, entre 2013 et 2019. Tous appartiennent à la cohorte i-Share qui porte sur la santé des étudiants, dirigée par Christophe Tzourio, professeur d’épidémiologie à l’université de Bordeaux, praticien au CHU de Bordeaux et directeur du centre de recherche Bordeaux Population Health.   

Les participants sont âgés de plus de 18 ans, francophones et inscrits dans une université française. Ils ont rempli deux questionnaires en ligne détaillés : un au moment de leur inscription, l’autre un an plus tard. Les informations recueillies par ce biais renseignent les chercheurs à la fois sur la santé des participants, leurs consommations de drogue et d’alcool, leurs antécédents médicaux et psychiatriques ainsi que sur leur état psychique.

Ce suivi a révélé qu’environ 17% des étudiants participants, filles (17,4%) comme garçons (16,8%), ont présenté des comportements suicidaires au cours de l’année qui s’est écoulée entre les deux questionnaires.

Avant d’initier le travail de modélisation s’appuyant sur l’intelligence artificielle, les chercheurs ont d’abord identifié 70 facteurs prédictifs potentiels, recueillis dans le questionnaire d’inclusion, ayant une influence sur les comportements suicidaires selon les données de la littérature scientifique. Il s’agit notamment des données sociodémographiques, de certains paramètres de santé physique et mentale, des antécédents personnels et familiaux de comportements suicidaires, des conditions et habitudes de vie, de la consommation de substances et des traumatismes liés à l’enfance.

La méthode d’apprentissage automatique, qui consiste à analyser simultanément de nombreux facteurs associés au risque suicidaire, a ensuite permis de dresser un classement de ces 70 facteurs prédictifs potentiels, selon leur importance dans la prédiction des comportements suicidaires des étudiants.

Les résultats de l’étude révèlent que parmi ces 70 prédicteurs potentiels mesurés à l’inclusion, quatre permettent de détecter environ 80% des comportements suicidaires lors du suivi. Il s’agit des pensées suicidaires, de l’anxiété, des symptômes de dépression et de l’estime de soi.

Pour les chercheurs, ces résultats suggèrent que des échelles psychologiques validées et couramment utilisées comme l’échelle de Rosenberg qui mesure l’estime de soi, l’échelle STAI-YB de Spielberger pour l’anxiété et la PHQ-9 pour la dépression, seraient suffisamment informatives pour identifier les étudiants susceptibles de présenter des comportements suicidaires.

« Ces travaux demandent confirmation mais ils ouvrent la possibilité de dépistage à grande échelle en identifiant, grâce à des questionnaires courts et simples, les étudiants à risque de suicide pour les orienter vers une prise en charge adéquate », explique Christophe Tzourio, coordinateur de l’étude.

L’estime de soi : un marqueur important et jusqu’alors méconnu

Dans des analyses secondaires effectuées sur un sous-échantillon incluant uniquement les participants qui ne présentaient pas de comportements suicidaires à leur entrée dans la cohorte, soit 3946 étudiants, les principales variables prédictives qui se sont démarquées dans l’analyse statistique étaient les symptômes dépressifs, l’estime de soi et le stress académique chez les filles et majoritairement l’estime de soi chez les garçons. L’estime de soi représenterait donc un marqueur prédictif indépendant et important du risque suicidaire.

« Les spécialistes de santé mentale dans nos équipes ne s’attendaient pas à ce que l’estime de soi fasse partie des quatre facteurs prédictifs majeurs des comportements suicidaires », souligne Mélissa Macalli, doctorante en épidémiologie et auteure de l’étude. « Ce résultat, qui n’aurait pas été obtenu sans l’utilisation de techniques d’intelligence artificielle, qui ont permis de croiser un grand nombre de données de façon simultanée, ouvre des nouvelles perspectives aussi bien de recherche que de prévention », conclut-elle.

L’impact de l’épidémie de COVID-19 chez les étudiants

L’épidémie de COVID-19 a eu un impact considérable sur la santé mentale des étudiants, une population déjà connue pour ses hauts niveaux de stress, d’anxiété, de symptômes dépressifs et de conduites suicidaires. Les causes ont été identifiées : l’isolement social, en lien avec la fermeture des universités, l’effondrement des ressources financières avec la disparition des jobs étudiants, les inquiétudes sur le déroulement des études et les perspectives d’avenir. L’étude CONFINS (www.confins.org, équipe i-Share et Kappa Santé) lancée en Avril 2020 pour mesurer l’impact de l’épidémie sur le bien-être et la santé mentale, a montré que 33% des étudiants présentaient des symptômes dépressifs contre 16% chez les non étudiants. Alors même que le nombre d’étudiants vulnérables augmente sous l’effet de la crise sanitaire, détecter les individus en grande détresse et à risque suicidaire est essentiel pour permettre d’intervenir le plus précocement possible.

[1]L’apprentissage automatique, également appelé apprentissage machine ou apprentissage artificiel et en anglais machine learning, est une forme d’intelligence artificielle (IA) qui permet à un système d’apprendre à partir des données et non à l’aide d’une programmation explicite.

POUR CITER CET ARTICLE :
 
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Articles sur le sujet

Identification de quatre facteurs prédictifs du risque suicidaire chez les étudiants

Publié le mercredi 16 juin 2021

PARIS, WASHINGTON, 15 juin 2021 (APMnews) - Une équipe de chercheurs français et canadiens a identifié, grâce à l'intelligence artificielle, quatre facteurs prédictifs du risque suicidaire chez les étudiants, selon des résultats publiés par Scientific Reports, a annoncé l'Inserm dans un communiqué.

"C'est une question d'actualité alors que les effets délétères de la crise sanitaire sur la santé mentale des étudiants sont de plus en plus visibles et que l'on connaît l'importance d'une détection et d'une prise en charge précoce de ce risque", note l'organisme de recherche.

Dans cette étude, Melissa Macalli et Marie Navarro du centre de recherche Bordeaux Population Health (Inserm/université de Bordeaux) et leurs collègues ont développé un algorithme utilisant une méthode d'apprentissage automatique (machine learning) afin d'identifier les principaux facteurs prédictifs des comportements suicidaires chez les étudiants et l'ont appliqué à la cohorte i-Share.

Coordonnée par l'université de Bordeaux, cette cohorte a pour ambition de suivre sur plusieurs années l'état de santé de plus de 20.000 étudiants inclus dans différentes universités. De précédents résultats ont déjà montré qu'environ un quart de cette population présentait un risque suicidaire de manière générale  et que la pandémie de Covid-19 et en particulier le confinement avaient dégradé leur santé mentale.

Cette fois, les chercheurs ont analysé les données recueillies auprès de 5.066 étudiants (20,7 ans en moyenne, 79,1% de filles et 20,9% de garçons) qui ont été suivis sur une période supérieure ou égale à un an, entre 2013 et 2019. Ils ont rempli deux questionnaires en ligne détaillés, l'un au moment de leur inscription et l'autre un an plus tard, sur leur état de santé physique et mentale, leurs antécédents médicaux et psychiatriques, ainsi que leurs consommations d'alcool et d'autres substances psychoactives.

Il apparaît tout d'abord qu'environ 17% des étudiants, filles (17,3%) comme garçons (17,1%), ont présenté des pensées et/ou des comportements suicidaires au cours de l'année écoulée entre les deux questionnaires. Parmi les 874 étudiants déclarant des pensées et/ou comportements suicidaires, 14,6% en particulier ont rapporté avoir déjà fait une tentative de suicide au cours de leur vie.

Les chercheurs ont d'abord identifié, selon les données de la littérature scientifique, 70 facteurs ayant une influence potentielle sur les pensées et/ou des comportements suicidaires, à la fois des données sociodémographiques, des paramètres de santé physique et mentale, des antécédents personnels et familiaux de comportements suicidaires, des conditions et habitudes de vie, des usages de substances, des traumatismes liés à l'enfance.

L'algorithme a analysé simultanément l'ensemble de ces facteurs pour ensuite les classer selon leur force à prédire les comportements suicidaires. Les résultats indiquent que quatre seulement permettent de détecter environ 80% des pensées et/ou comportements suicidaires dans l'année qui vient: les pensées suicidaires, l'anxiété, des symptômes de dépression et l'estime de soi.

Des échelles psychologiques validées et couramment utilisées comme l'échelle de Rosenberg qui mesure l'estime de soi, l'échelle STAI-YB de Spielberger pour l'anxiété et la PHQ-9 pour la dépression, seraient suffisamment informatives pour identifier les étudiants susceptibles de présenter des pensées et/ou comportements suicidaires, estiment les chercheurs.

Des analyses secondaires montrent par ailleurs que chez les étudiants ne présentant pas de pensées et/ou de comportement suicidaire à leur entrée dans la cohorte, l'estime de soi en particulier était retrouvée comme un marqueur prédictif indépendant et important du risque suicidaire à la fois chez les filles et les garçons, un résultat qui a surpris les chercheurs.

"Ce résultat, qui n'aurait pas été obtenu sans l'intelligence artificielle, […], ouvre des nouvelles perspectives aussi bien de recherche que de prévention", commente Mélissa Macalli, citée dans le communiqué de l'Inserm.

"Ces travaux demandent confirmation mais ils ouvrent la possibilité de dépistage à grande échelle en identifiant, grâce à des questionnaires courts et simples, les étudiants à risque de suicide pour les orienter vers une prise en charge adéquate", ajoute le Pr Christophe Tzourio, directeur de Bordeaux Population Health et coordinateur de l'étude.
https://www.encephale.com/Actualites/Breves/2021/Identification-de-quatre-facteurs-predictifs-du-risque-suicidaire-chez-les-etudiants

 

lundi 31 mai 2021

RETOURS SUR MANIFESTATIONS Rencontres Santé Publique France 26 mai 2021 : Hospitalisations pour tentative de suicide Chez les 10-14 ans et les 15-18 ans en 2020 & Santé Mentale et Prévention du Suicide : impact sur les comportement d’offre et de recherche d’aide chez les étudiants.

Rencontres Santé Publique France 26 mai 2021

Extraits :

Session : Service sanitaire des étudiants en santé : panorama des travaux scientifiques

Thématique Santé Mentale et Prévention du Suicide : impact sur les comportement d’offre et de recherche d’aide chez les étudiants.
Charles-Edouard Notredame, psychiatre | MCU-PH, CHU Lille
Télécharger la présentation

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Session Enfants et adolescents en période de COVID-19 : quelles conséquences sur la santé mentale et leur bien-être ?

Hospitalisations pour tentative de suicide Chez les 10-14 ans et les 15-18 ans en 2020. Données du PMSI
Philippe Pirard, Santé publique France
Télécharger la présentation
Rencontres Santé Publique France 26 mai 2021


Retrouvez toutes les informations des rencontres https://www.rencontressantepubliquefrance.fr

vendredi 28 mai 2021

Libourne (33) OUTIL PEDAGOGIQUE Un escape game cible les troubles dépressifs

Un escape game cible les troubles dépressifs

Sud Ouest  ; Gironde mercredi 19 mai 2021 Jean-Charles Galiacy

Découvrir le trouble dépressif sous la forme d'un jeu d'énigmes peut paraître saugrenu. C'est pourtant l'ambition d'un escape game (jeu d'évasion) proposé depuis cette semaine par la Mission locale du Libournais, à destination de ses jeunes bénéficiaires mais également du grand public. Créé par la société Tricky, qui l'a déjà mis en place sur le campus universitaire bordelais, ce dispositif vise à éclairer la jeunesse sur une problématique tenace: 32% des 18-24ans seraient victimes de troubles de santé mentale, selon la fondation Fondamental.Cela prend la forme d'un escape game classique, à l'atmosphère dystopique. Trois participants investissent une petite pièce, l'appartement d'un jeune homme appelé Thomas, dans un futur indéterminé. Ils suivent son compagnon virtuel avec pour objectif de réunir les symptômes dont il souffre et d'établir ainsi un diagnostic pour lui permettre de reprendre une vie normale. À cette heure de jeu, s'ajoute une heure de débriefing, avec la volonté de libérer la parole sur un mal peu enclin aux mots.«Il s'agit de désacraliser le recours au psychiatre, au psychologue ou au médecin pour des consultations liées au syndrome dépressif. Chez les jeunes, on observe parfois un enfermement, et les maladies mentales sont un frein considérable à l'insertion sociale et professionnelle. On les amène à avoir une vigilance sur ces troubles, pour eux mais également pour leur entourage», explique le jeune médecin David Labrosse, à l'origine de la création de Tricky. Sa société multiplie les escape games, physiques ou digitaux, dans le domaine de la prévention de la santé, abordant les thèmes de l'hésitation vaccinale dans les Ehpad ou les troublesmusculo-squelettiques.Hier, la Mission locale du Libournais, qui aide à l'insertion sociale et professionnelle des 16-25ans et regroupe 2800jeunes sur l'arrondissement, a inauguré son espace de jeu. Cinq conseillers ont été spécialement formés pour en assurer l'animation. Trois bénéficiaires en Garantie jeunes, âgés de 16à 20ans, ont étrenné le dispositif. Ils ont rempli leur mission en cinquante minutes et découvert comment reconnaître certains symptômes du syndrome dépressif : «La tentative de suicide, bien sûr, mais aussi la perte de poids ou d'appétit notamment», cite Thomas, le plus âgé.Quelques adultes se sont également prêtés au jeu. Marie Queraz, cadre de santé aux urgences pédiatriques, reconnaît volontiers son scepticisme avant de l'avoir expérimenté. «Le jeu est sympa, mais nous avons surtout observé ce qu'il pouvait se passer durant le débriefing, dit-elle. Le ludopédagogique permet d'aborder certains sujets délicats et de déstigmatiser - ici, les troubles de la dépression. En règle générale, on manque d'empathie en ce qui concerne les troubles psychiatriques. On montre plus d'affect pour quelqu'un qui s'est cassé le bras, par exemple. Alors que beaucoup de jeunes sont confrontés à la dépression, sans qu'ils ne le sachent eux-mêmes.»Cet escape game innovant et gratuit, proposé dans les locaux de la Mission locale à Libourne, doit rester en place une année au moins. Des sessions sont organisées chaque mardi dans un premier temps. Réservées prioritairement aux jeunes bénéficiaires de l'espace d'intervention, elles sont ouvertes au grand public sur inscription en ligne(1). Pour sa première année, il est financé à hauteur de 46000euros, bénéficiant de subventions de la Région et de l'État. Une demande d'aides a également été adressée à l'Agence régionale de santé.

«Il s'agit de désacraliser le recours au psychiatre, au psychologue ou au médecin»

«Beaucoup de jeunes sont confrontés à la dépression, sans qu'ils ne le sachent eux-mêmes»

Aussi paru dans
18 mai 2021 -

lundi 17 mai 2021

VIDEO OUTIL PEDAGOGIQUE Medical Cultures : Suicide & Idées reçues

Medical Cultures : Suicide & Idées reçues
•11 mai 2021



Fondation des États-Unis

En France, le suicide est la seconde cause de mortalité chez les 15-24 ans et la première chez les 24-35 ans. Dans cette vidéo, première d’une série sur les idées reçues et la souffrance psychique réalisée dans le cadre des "Medical Cultures", Quentin Gallet, interne en psychiatrie et boursier Harriet Hale Woolley 2020-2021 décortique six idées reçues sur le suicide.

RECHERCHE ETUDE : ECLIPSE, projet d'i-share sur l’impact de l’épidémie sur les conduites suicidaires chez les étudiant.es

Source https://www.i-share.fr*

"ECLIPSE, notre nouveau projet sur l’impact de l’épidémie sur les conduites suicidaires chez les étudiant.es, va être financé par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DRESS) du ministère des Solidarités et de la Santé.

C’est l’aboutissement d’un gros travail de conception de projet et de montage de dossier et toute l’équipe i-Share est très fière de ce succès ! Cerise sur le gâteau : c’est l’intégralité du financement demandé à l’appel à projet 2020 « Le suicide et sa prévention » de la DREES, soit presque 100 000€, qui a été obtenu.

Toutes les infos sur l’appel à projets « Le suicide et sa prévention » sur https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/article/le-suicide-et-sa-prevention


ECLIPSE OU LA RECHERCHE AU SERVICE DE LA LUTTE CONTRE LE SUICIDE DES ÉTUDIANT.ES

Le projet ECLIPSE pour Épidémie à Coronavirus : Étude de L’Impact et des Profils à risque Suicidaire en population Étudiante est porté par Mélissa Macalli, Ilaria Montagni et Christophe Tzourio et en collaboration avec Marie Tournier, Shérazade Kinouani et Emmanuel Langlois.

L’objectif du projet ECLIPSE est d’évaluer l’impact de l’épidémie sur le risque suicidaire chez les étudiant.es qui sont considérablement fragilisés par l’épidémie de COVID-19 du fait de leur isolement et des inquiétudes sur le déroulement de leurs études et sur leurs ressources financières. Plus spécifiquement, il vise à identifier des profils à plus grand risque suicidaire afin de mettre en place des mesures préventives ciblées. Les étudiant.es en santé seront particulièrement étudié.es du fait de leur implication dans les équipes soignantes qui peut être traumatisante.

Les méthodes utilisées sont résolument pluridisciplinaires, et font appel aussi bien à des questionnaires sur des échantillons importants qu’à des entretiens individuels et au recueil de données en vie réelle (émotions, activités, humeur) via une application smartphone. Nous proposerons ce bilan aux participant.es de l’étude CONFINS mise en place au début de l’épidémie par l’équipe i-Share en collaboration avec les sociétés Kappa Santé et Kap Code.

La durée du projet s’étendra sur 18 mois d’avril 2021 à octobre 2022.

Les résultats attendus sont de mieux identifier les profils à risque et les facteurs de vulnérabilité afin d’intervenir en amont de la crise suicidaire. ECLIPSE permettra également de donner une plus grande visibilité sur ces questions de détresse psychologique majeure et de lutter contre la stigmatisation et les idées reçues autour du suicide chez les étudiant.es.

On vous tient au courant de la suite !
EM"
source https://www.i-share.fr/actualite/eclipse-remporte-lappel-a-projet-drees-le-suicide-et-sa-prevention/

jeudi 11 mars 2021

DOCUMENTAIRE. En Vie ! reprendre l’école après l’hôpital psychiatrique, lundi 15 mars à 23h

DOCUMENTAIRE. En Vie ! reprendre l’école après l’hôpital psychiatrique, lundi 15 mars à 23h
 https://france3-regions.francetvinfo.fr*
pays de la loire

Au Centre Soins-Etudes Pierre Daguet de Sablé-sur-Sarthe, des élèves souffrant de troubles psychiques poursuivent leur scolarité avec courage. Leurs parcours se racontent dans un documentaire touchant de Réjane Varrod

Au centre soins-études Pierre-Daguet de Sablé-sur-Sarthe
Au centre soins-études Pierre-Daguet de Sablé-sur-Sarthe © 10point7 Productions

Il et elles sont jeunes, entre 15 et 25 ans et nous apparaissent aussi divers que peuvent l’être leurs parcours de vie, mais avec un point commun : la maladie psychique et la fragilité qui en résulte les a éloignés de la scolarité. Ce n’est pas de vague à l’âme passager dont il est question ici, mais de douleur profonde, persistante, incapacitante. De handicap.

Cette douleur psychique insupportable qui fait qu’on se scarifie, pour qu’une douleur physique prenne le dessus, ou pour extérioriser ce que les mots ne savent pas dire. Ce sont aussi les idées suicidaires, les hallucinations, ou la dépression sévère, celle qui, comme l’explique Corentin filmé durant son année de terminale, fait que "tout devient compliqué à faire, se lever, s’habiller, voir des gens. C’est une sensation de vide, on ne ressent rien, et quand on ressent quelque chose, ce n’est que du mal-être." Ce sont encore des histoires familiales où rôde la mort brutale, ou le suicide d'un parent.

En classe au centre soins-études Pierre-Daguet
En classe au centre soins-études Pierre-Daguet © 10Ppoint7 Productions

Le Centre Soins-Etudes Pierre Daguet de Sablé-sur-Sarthe est l’un des 13 établissements de ce type géré par la Fondation des Etudiants de France. Il accueille des patients des régions Pays de la Loire, Bretagne, Centre Val de Loire et du nord de la Nouvelle Aquitaine.

C’est un établissement de post-cure psychiatrique qui intègre dans ses murs un lycée. D’une capacité de 105 lits et places, le Centre accueille des élèves ayant présenté des troubles psychiatriques aigus : psychoses, névroses, états limites, troubles du comportement alimentaire qui ont entraîné déscolarisation. Le Centre leur propose une double prise en charge : thérapeutique avec des professionnels de santé mentale propres à l’établissement, et pédagogique, assurée par des enseignants de l’Éducation Nationale.

Corentin, élève de Terminale au Centre soins-études Pierre Daguet de Sablé-sur-Sarthe
Corentin, élève de Terminale au Centre soins-études Pierre Daguet de Sablé-sur-Sarthe © 10point7 Production

Réalisatrice de nombreux documentaires sur l’enfance et l’adolescence, Réjane Varrod a tourné au Centre Pierre-Daguet durant plusieurs mois en 2020.

On y rencontre Charlotte, qui ne veut pas qu’on l’appelle Charlotte mais Charlie. L’ado se définit comme non-binaire, c’est-à-dire ni fille ni garçon. C’est un sujet de conflit avec ses parents au début du tournage du film. Une fragilité qui s’ajoute à de longues années de harcèlement scolaire puis à l’apparition d’hallucinations. "Ma vie c’était ma chambre et mes visites chez mon psychiatre. Ici, j’ai l’impression qu’on me comprend, et qu’on m’accepte comme je suis".

Charlie/Charlotte a de très bons résultats, mais craint que de ce fait, on s'occupe moins de sa situation. Lors d’une rencontre entre l’équipe médicale, pédagogique et ses parents, on la rassurera.

Le centre soins-études Pierre-Daguet de Sablé-sur-Sarthe
Le centre soins-études Pierre-Daguet de Sablé-sur-Sarthe © 10Point7 Productions

Tout autre est le parcours d’Éloïse. Elle croise la drogue et l’alcool sur son chemin à l’âge de 12 ans. D’abus en abus, des joints aux toxiques les plus forts, Héloïse a fini par demander son admission "pour reprendre un mode de vie sain, et continuer ma vie sans avoir besoin de quelque chose en plus." Le chemin d’Éloïse, poursuivie par ses démons est semé d’embûches. Mais elle le pressent, "la liberté, on la trouve parfois dans les choses les plus simples".

En Vie ! Un documentaire en immersion au centre soins-études Pierre Daguet de Sablé-sur-Sarthe ©10Point7 Productions - France Télévisions

Avec délicatesse, franchise mais sans brusquerie, Réjane Varrod mène les entretiens, filme les cours et les soins, assiste aux rencontres entre parents, soignants et enseignants. Sa patience et son sens de l’écoute permettent aux lycéens du Centre de se raconter. Que d’épreuves, de violences, de douleur dans ces vies jeunes qui n’ont jamais connu l’insouciance, submergés par l'angoisse et taraudés par la peur de l'échec. Et pourtant, ils et elles se reconstruisent. Mieux : se réparent.

On est ici pour reprendre sa scolarité, mais aussi sa jeunesse.

Eloïse, élève de Terminale au centre soins-études Pierre-Daguet
Eloïse, élève de Terminale au centre soins-études Pierre-Daguet © 10Point7 Productions

Au Centre Pierre-Daguet, le rythme scolaire se module en fonction de l’état de santé. Trop de fatigue ou de stress, désorientation ? On peut souffler et suspendre la classe le temps de se rétablir. Corentin en fait l’expérience et confie à son prof principal : "je n’arrive plus à me concentrer, et ça me frustre car j’adore apprendre mais là en ce moment je ne suis pas capable. Et je ne suis pas toujours capable d’évaluer ce que je suis capable de faire ou pas."

Documentaire tourné et monté avec tact, accompagné par les notes méditatives d’un piano qui sonnent juste, En Vie ! suscite l’émotion et l’empathie, et surtout la compréhension de la réalité concrète des maladies psychiques, tellement méconnues ou pire, caricaturées.

L’année scolaire avancera, les progrès acquis avec courage porteront leurs fruits. Un beau jour de juin au Centre soins-études Pierre-Daguet, on affiche les résultats du bac. Les mentions sont nombreuses, les équipes soignantes et éducatives sont fières. C'est l'heure des félicitations, des applaudissements, des accolades et des embrassades. Sur les visages des patients-élèves se bousculent larmes et sourires comme une grosse vague d'émotion. Ce diplôme, leur réussite, ils et elles en connaissent le prix.

En Vie, un documentaire de Réjane Varrod co-produit par Cathy Palumbo et Victor Robert 10Point7 Production et France 3 Pays de la Loire 

Lundi 15 mars 2021 à 23h

https://france3-regions.francetvinfo.fr/pays-de-la-loire/sarthe/sable-sur-sarthe/documentaire-en-vie-reprendre-l-ecole-apres-l-hopital-psychiatrique-lundi-15-mars-a-23h-1992460.html