Pour quelle raison le suicide est-il une priorité de santé publique ?
Isabelle MOURIC, psychiatre à l’hôpital de Jury : « C’est une priorité de santé publique depuis plus de dix ans. Le suicide touche toutes les populations. C’est la deuxième cause de mortalité chez les adolescents de 15 à 24 ans. »
Concerne-t-il plutôt les hommes ou les femmes ?
« Nous n’avons pas de réponse formelle. Mais les moyens utilisés par les hommes sont plus violents. En général, ils portent encore l’image culturelle d’être solide et de toujours faire face à toutes les situations. Du coup, il y a des choses plus difficiles à supporter. Ne dit-on pas encore Sois fort mon fils. »
Comment expliquer ces gestes ?
« Il n’y a pas de cause unique. C’est une accumulation d’événements. La personne est dans une telle souffrance, qu’elle veut que ça s’arrête. »
Le suicide est-il une conséquence de certaines pathologies ?
« Il intervient fréquemment dans des épisodes dépressifs. On sait aussi que les maladies psychiatriques augmentent les risques. »
Qu’est-ce qu’une dépression ?
« Ce n’est pas être triste suite à une mauvaise nouvelle. C’est la tristesse dans sa durée, liée à des troubles du sommeil, la perte d’appétit. Les personnes dépressives perdent le plaisir à faire les choses. »
Peut-on prévenir ?
« Il faut connaître les facteurs de risques. La vigilance revient à tout un chacun, dans le domaine familial, professionnel, des loisirs. Ne pas négliger des phrases anodines du genre « Si je partais, ce serait une bonne chose ». Prêter attention aux personnes en situation de rupture : perte d’emploi, d’un conjoint, rupture amoureuse. »
Il paraît difficile d’évaluer les risques ?
« Difficile quand on ne sait pas évaluer. D’où l’importance d’une formation à la prévention du suicide, qui s’adresse aux professionnels de santé, de l’éducation, de la gendarmerie, de la police à l’administration pénitentiaire. »
En quoi consiste cette formation ? 
« À repérer et gérer la crise suicidaire. On apprend les facteurs de risques et le processus de suicide, à dépister des scénarios établis. On met en place des stratégies pour prévenir. »
Comment repérer les souffrances ?
« Ce sont des changements de comportements. Une personne calme qui devient subitement agressive ou triste alors qu’elle est habituellement enjouée. »
Si on dépiste, comment agir ?
« Écoute et soutien sont fondamentaux. On peut conseiller un professionnel de santé, voire un médecin généraliste qui oriente la personne vers un psychiatre. L’entourage familial, le milieu associatif peut être un soutien. »
Les médecins généralistes sont-ils assez formés ?
« Ils ont besoin de formation car les prises en charge tout comme les traitements médicamenteux ont évolué. C’est d’autant plus important que les médecins généralistes sont les premières personnes à qui on évoque ses soucis. »
Comment agir face à une tentative de suicide ?
« Ce n’est pas un acte anodin, il impose donc une prise en charge médicale et une hospitalisation d’au moins 24 heures. Il ne faut jamais banaliser un geste suicidaire. »
Des populations plus fragiles
La France présente, parmi les pays européens, un des taux de suicide les plus importants derrière les pays de l’Est, la Finlande et la Belgique. Qui sont les personnes les plus vulnérables ?
• Personnes âgées : « Elles sont particulièrement touchées par la volonté de mettre fin à leur jour », précise Isabelle Mouric, psychiatre. Maladie, perte d’autonomie ou simple désir de rejoindre un conjoint peuvent être à l’origine de cette décision. Pour l’année 2014, le taux de suicide chez les plus de 74 ans s’élève à 59,4 cas pour 100 000 hommes.
• Les jeunes : le suicide est la deuxième cause de mortalité chez les 15-24 ans (7,5 pour 100 000). Le nombre de tentatives est nettement supérieur. L’Observatoire national des suicides (ONS) constate que les pratiques numériques peuvent jouer « dans l’amplification du phénomène » pour les plus fragiles.
• Les agriculteurs et le personnel pénitentiaire sont les professions les plus à risque (plus de 20 % de la moyenne nationale). Pour la seconde catégorie, de gros efforts ont été faits pour la formation à la prévention du suicide.


Stopblues, une application pour reconnaître les signes de la dépression
La ville de Metz a été sollicitée par l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) pour participer à un projet de recherche sur la prévention de la souffrance psychique et du suicide », détaille Catherine Morel, adjointe chargée de la santé à la mairie de Metz. Cette démarche s’inscrit dans un axe du contrat local de santé de Metz, qui vise l’amélioration du bien-être psychique. « Metz, reprend l’adjointe au maire, compte 225 hospitalisations pour tentatives de suicide entre 2013 et 2015. » Des chiffres inquiétants puisqu’ils dépassent la moyenne nationale.
L’application Stopblues est disponible depuis le mois de février. Elle permet à toute personne majeure en souffrance psychique ou présentant un risque suicidaire à rechercher de l’aide.
En effet, Stopblues permet de définir le blues, la déprime, le mal-être, la dépression. Des vidéos informent sur les signes et les causes. Des quiz permettent d’évaluer l’état psychologique de la personne qui consulte. Comment en parler ? À qui ? L’application évoque des solutions et renvoie par le biais d’une carte vers des structures d’aide sur le bassin messin. Elle fournit encore des outils pour que chacun puisse créer son propre plan d’action, gérer son moment d’angoisse par des exercices de relaxation, voire appeler les urgences. « Ce programme d’études sera disponible jusqu’en juillet 2019 », précise Catherine Morel. Les élus estimeront ensuite s’il sera pérennisé. Ou non.
Le chiffre : 8 885
C’est le nombre de décès par suicide et par an en France. Le nombre de tentatives de suicide est bien supérieur : 78 000 personnes hospitalisées. Et on ne parle pas des personnes qui n’ont pas recours aux soins.
Propos recueillis par Anne RIMLINGER-PIGNON 
https://www.republicain-lorrain.fr/edition-de-metz-agglo-et-orne/2018/04/05/isabelle-mouric-psychiatre-a-jury-le-suicide-2e-cause-de-mortalite-chez-les-15-24-ans 

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Stopblues, un nouvel outil de prévention du suicide présenté à Metz
La semaine dernière, la Ville de Metz a présenté le premier dispositif d'e-santé gratuit de prévention du suicide en France.
Publié le mercredi 04 avril 2018  par La rédaction de http://www.lorfm.com/*
La semaine dernière, la Ville de Metz a présenté le premier dispositif d'e-santé gratuit de prévention du suicide en France. Un outil qui s’appelle Stopblues et a été développé par l’ISERM. Il est destiné à toutes les personnes majeures qui se trouvent en souffrance psychique ou souhaitant soutenir un proche. 
 
Stopblues, s’inscrit dans le cadre du Contrat Local de Santé de la Ville de Metz, car la prévention du suicide fait parti des priorité en matière de santé publique. 
 
Précisions de Catherine Mergen-Morel, Conseillère municipale déléguée à la Santé :
 
Priorite sante publique
 
Le fait que ce soit un outil numérique permettra à ceux qui ont besoin d’obtenir de l’aide à n’importe quel moment.
 
Précisions de Précisions de Catherine Mergen-Morel, Conseillère municipale déléguée à la Santé :
 
E sante
 
Il est déjà possible de s’inscrire sur le site www.stopblues.fr et l’application sera bientôt disponible sur smartphone.


Anne-Sophie Gross