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vendredi 22 septembre 2023

COMMUNIQUE Programme PAPAGENO Harcèlement et suicide : des liaisons dangereuses ?

Source :  

Harcèlement et suicide : des liaisons dangereuses ?

Chaque année, selon les données officielles, entre 700 000 et 1 million de jeunes sont victimes de harcèlement scolaire en France. Si le sujet est préoccupant, il nest jamais mis autant en lumière qu’à la faveur dune issue fatale : celle du suicide dune victime.
 
Les médias se sont tous emparés du sujet ces derniers mois. Les prénoms et les photos des victimes font la Une, des jours durant, ainsi que les témoignages de leurs proches endeuillés.
 
Le plus souvent, le harcèlement est évoqué à l’occasion d’un suicide dont il est supposé avoir été la cause. Si ce lien de causalité directe peut concourir à un effet Werther, le traitement médiatique actuel pose d’autres questions déontologiques auxquelles il nest pas simple de répondre. Devoir dinformation, sentiment durgence à agir, à dénoncer…
 
Que lon soit professionnel.le des médias ou préventeur du suicide, il est important de nous questionner sur nos pratiques. Et le contexte actuel nous appelle à une exigence supplémentaire.
 
Pourquoi nous en inquiétons-nous au sein du programme Papageno ? Si la mobilisation en faveur de la prévention du suicide et de la dénonciation du harcèlement est une priorité, il nen demeure pas moins que le spectre dun effet Werther est bien présent.
 
Comment ? Voici quelques éléments de réponse en lien avec les recommandations éditées par lOMS sur la couverture médiatique du suicide :

  • 1 : Une sur-exposition médiatique sur le long terme qui génère un sentiment de fatalité. La couverture médiatique actuelle des suicides peut conduire à une normalisation du suicide comme moyen « acceptable » de faire face aux difficultés. Nous reprendrons ici les propos de la sociologue de l’éducation et du numérique, Margot Déage : " la surexposition des cas de harcèlement qui ont mené au suicide, par rapport aux autres cas, peut donner à certains et certaines victimes l'impression que le suicide est la seule issue possible, pouvant précipiter des suicides par mimétisme."
  • 2 : Un lien de causalité direct qui nuit aux efforts de prévention. Car rappelons-le, le suicide nest jamais le résultat dune cause unique. Il est la résultante dun parcours de vie dans lequel les situations vécues de harcèlement pèsent lourd. Si le suicide se produit dans un contexte de harcèlement, toute situation de harcèlement ne conduit pas au suicide. Agir sur le harcèlement et accompagner la période de crise suicidaire cest se donner les moyens de soulager la souffrance. Pour ce faire, il convient de rappeler en permanence quil existe des solutions et notamment des numéros de téléphone gratuits, anonymes et confidentiels : le 3020 (harcèlement à l'école), le 3018 (cyber harcèlement) et le 3114 (prévention du suicide).
  • 3 : L’évocation du moyen létal, que ce soit à l’écrit ou pour nourrir des iconographies en illustration du sujet. Or, toute représentation dune méthode de suicide dans les médias (par les mots ou par limage), fournit des renseignements qui peuvent influencer le scénario des personnes vulnérables par effet de mimétisme.
Si le suicide demeure un geste létal face à une souffrance ultime, on ne peut nier le poids de la part sociale dans cette souffrance. Tant individuellement - et les témoignages de victimes le retranscrivent avec détails - que collectivement. Le sentiment dune perte de sens dans linstitution et de confiance dans les adultes figurant parmi les facteurs de risque suicidaire, il convient dapporter une vigilance accrue aux victimes et davantage encore dans le contexte actuel.
 
Cest pourquoi, nous recommandons de contre balancer les faits par :
  • Le rappel que des solutions existent notamment celles mentionnées précédemment : le 3020 (harcèlement à l'école), le 3018 (cyberharcèlement) et le 3114 (prévention du suicide). En effet, citer un dispositif d'aide élargit le champ des possible en cas de désespoir et ouvre la voie à un soutien immédiat aux personnes en détresse.
  • Des témoignages de rétablissement après des vécus de harcèlement tels que ceux :
Sources:
  • Association between suicide reporting in the media and suicide: systematic review and meta-analysis. BMJ 2020;368:m575 
  • Effects of media stories of hope and recovery on suicidal ideation and help-seeking attitudes and intentions: systematic review and meta-analysis. Lancet Public Health. 2022 Feb;7(2):e156-e168.

L'équipe du Programme Papageno est à votre disposition si besoin :

Mail : papageno@f2rsmpsy.fr

Web : www.papageno-suicide.com

jeudi 14 septembre 2023

L'OMS lance de nouvelles ressources sur la prévention et la dépénalisation du suicide

L'OMS lance de nouvelles ressources sur la prévention et la dépénalisation du suicide

12 septembre 2023 https://www.who.int/*

Aujourd'hui, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) lance deux ressources conçues pour renforcer les efforts de prévention du suicide : Prévenir le suicide : une ressource pour les professionnels des médias (mise à jour 2023) et une note d'orientation sur les aspects sanitaires de la dépénalisation du suicide et des tentatives de suicide. (: Preventing suicide: a resource for media professionals (2023 update) ; policy brief on the health aspects of decriminalization of suicide and suicide attempts.)

Le suicide est un problème majeur de santé publique. Chaque année, plus de 700 000 personnes mettent fin à leurs jours. C'est la quatrième cause de décès chez les 15-29 ans. Non seulement chaque perte de vie est tragique en soi, mais elle a également des effets profonds et dévastateurs sur les familles et les communautés entières.

Le suicide peut être lié à des facteurs et défis sociaux, économiques, culturels et psychologiques multiples, complexes et croisés, notamment le déni des droits humains fondamentaux et de l'accès aux ressources, ainsi que des événements stressants de la vie tels que la perte des moyens de subsistance, les pressions professionnelles ou académiques, les ruptures relationnelles et la discrimination, entre autres.

La réduction d'un tiers du taux de suicide dans le monde d'ici à 2030 est l'une des cibles des objectifs de développement durable (ODD) des Nations unies et du plan d'action mondial pour la santé mentale de l'OMS. Une action urgente est nécessaire pour atteindre l'objectif de 2030, et les pays se sont engagés à prendre des mesures concrètes en ce sens.

"Chaque décès par suicide est une tragédie et il faut faire davantage pour renforcer la prévention du suicide. Les ressources lancées par l'OMS aujourd'hui fournissent des orientations importantes dans deux domaines essentiels pour les efforts de prévention du suicide : la dépénalisation du suicide et des tentatives de suicide et le traitement responsable du suicide par les médias", a déclaré Dévora Kestel, directrice du département Santé mentale et usage de substances psychoactives de l'Organisation mondiale de la santé.

Décriminaliser le suicide et les tentatives de suicide

Le suicide et les tentatives de suicide sont criminalisés dans les lois d'au moins 23 pays dans le monde et les tentatives de suicide continuent d'être activement punies dans certains d'entre eux. La criminalisation du suicide perpétue un environnement qui culpabilise les personnes qui tentent de se suicider et les dissuade de chercher une aide opportune par crainte des répercussions juridiques et de la stigmatisation.

S'appuyant sur l'expérience des pays qui ont récemment dépénalisé le suicide et les tentatives de suicide, notamment la Guyane, le Pakistan et Singapour, la note d'orientation de l'OMS sur les aspects sanitaires de la dépénalisation du suicide et des tentatives de suicide formule des recommandations à l'intention des responsables politiques, des législateurs et des autres décideurs qui envisagent une réforme dans ce domaine.

S'appuyant sur les expériences de pays qui ont récemment décriminalisé le suicide et les tentatives de suicide, notamment le Guyana, le Pakistan et Singapour, la note d'orientation de l'OMS sur les aspects sanitaires de la décriminalisation du suicide et des tentatives de suicide présente des recommandations à l'intention des décideurs politiques, des législateurs et d'autres décideurs. Les décideurs envisagent une réforme dans ce domaine.

Les principales recommandations portent sur l'élaboration de stratégies nationales de prévention du suicide, la budgétisation d'une formation "post-décriminalisation" pour les intervenants de première ligne, la mise en place de services de santé mentale communautaires axés sur les droits, la formulation de nouvelles lois et politiques relatives à la santé mentale qui favorisent la qualité des soins et les droits des personnes souffrant de troubles mentaux et de handicaps psychosociaux.

"La criminalisation du suicide ne fait qu'exacerber la détresse des gens. La dépénalisation du suicide et des tentatives de suicide est une mesure essentielle que les gouvernements peuvent prendre dans le cadre de leurs efforts de prévention du suicide. L'OMS s'est engagée à soutenir les efforts de dépénalisation du suicide", a déclaré Nathalie Drew Bold, responsable technique à l'OMS.

La note d'orientation explique également comment la dépénalisation permet de sauver des vies en réduisant la stigmatisation et la honte associées au suicide et en favorisant un environnement dans lequel les gens se sentent capables de demander de l'aide ; en permettant une meilleure collecte de données sur le suicide et les tentatives de suicide, ce qui peut mieux éclairer les interventions appropriées ; et en augmentant les possibilités de sensibilisation et de plaidoyer en faveur de la prévention du suicide.
 

Promouvoir une information responsable sur le suicide

La quatrième édition de Preventing suicide : a resource for media professionals, produite en collaboration avec l'Association internationale pour la prévention du suicide, résume les données actuelles sur l'impact de la couverture médiatique du suicide et fournit des conseils pratiques aux professionnels des médias sur la manière de rendre compte du suicide de manière responsable.

"Une couverture médiatique responsable du suicide est un outil important dans nos efforts collectifs de prévention du suicide. En utilisant cette ressource, les professionnels des médias peuvent contribuer à minimiser les comportements imitatifs grâce à des reportages précis, appropriés et empathiques sur le suicide, et encourager les gens à rechercher une aide vitale", a déclaré le Dr Alexandra Fleischmann, scientifique à l'OMS.

Il existe des preuves irréfutables que les médias peuvent jouer un rôle important dans le renforcement ou l'affaiblissement des efforts de prévention du suicide.  Par exemple, il est prouvé que les personnes vulnérables (comme celles qui ont des antécédents de tentatives de suicide ou de pensées suicidaires, ou celles qui sont exposées au suicide) courent un risque accru d'adopter des comportements d'imitation à la suite de reportages sur le suicide dans les médias - en particulier si la couverture médiatique est étendue, importante, sensationnelle, décrit explicitement la méthode de suicide, fait apparaître le suicide comme normal, ou perpétue des mythes largement répandus au sujet du suicide. La ressource propose des conseils sur la manière de garantir que les reportages sur le suicide sont exacts, responsables et appropriés.

Elle met également en évidence les preuves de plus en plus nombreuses que les reportages axés sur la survie et la résilience peuvent conduire à des comportements d'imitation positifs et contribuer à la prévention du suicide. Elle donne également des conseils sur la manière de rendre compte des histoires de rétablissement et de bien-être mental et émotionnel.

Source https://www.who.int/news/item/12-09-2023-who-launches-new-resources-on-prevention-and-decriminalization-of-suicide

lundi 17 avril 2023

"Écrire sur le suicide sans en dire trop" Reportage dans les coulisses du quotidien régional La Voix du Nord, premier média français à ouvrir ses portes à « Papageno »

Écrire sur le suicide sans en dire trop

À La Voix du Nord, les journalistes sont de plus en plus convaincus que la couverture médiatique du suicide affecte le lectorat. Reportage dans les coulisses du quotidien régional, premier média français à ouvrir ses portes à « Papageno », un programme national de prévention contre la contagion suicidaire.

Peser ses mots pour éviter des morts ? Les journalistes de La Voix du Nord en sont de plus en plus convaincus : la couverture médiatique du suicide affecte le lectorat. Dans sa « charte fait-divers justice », le journal régional s’est imposé une règle d’or. Ne couvrir un suicide que lorsque ce dernier a une portée politique ou des répercussions sur la voie publique. Quand une série d’actes désespérés chez France Telecom défraie la chronique, ou lorsque la gare d’Arras se fige après le suicide d’un jeune sur ses rails, par exemple. De tous les drames survenus en mars 2023 dans les Hauts-de-France, l’une des trois régions françaises les plus touchées par ce fléau, seuls une dizaine trouvent ainsi une place dans les colonnes de La Voix du Nord.  

Un mode d’emploi « à trous », admet Benoît Deseure, rédacteur en chef adjoint du quotidien au million de lecteurs. Depuis le siège du journal, Grand Place de Lille, le cinquantenaire soutient : « S’il est primordial de savoir quand parler du suicide, savoir comment en parler l’est également ». Et pour cause. La manière de raconter un suicide peut inciter certains lecteurs au mimétisme. Un dangereux mécanisme appelé « l’effet Werther », que La Voix du Nord découvre en 2015.  

Cette année-là, l’unique programme français de lutte contre la contagion suicidaire voit le jour à Lille. Son nom, Papageno, fait référence au personnage de La Flûte enchantée, qui renonce au suicide à la fin du légendaire opéra. Né d’une collaboration entre des psychiatres et des communicants nordistes, le programme affiche un double objectif : parler davantage du suicide en société, et de manière plus consciencieuse dans les médias. Pilote du programme, Nathalie Pauwels se tourne alors vers La Voix du Nord.   


Fascination

Et quelle meilleure stratégie, pour convaincre des journalistes, que celle de leur raconter une histoire ? Quand elle rencontre Benoît Deseure, la conseillère évoque le jeune Werther, ce personnage qui met fin à ses jours dans le premier roman de Goethe, déclenchant une vague de suicide dans l’Allemagne du XVIIIe siècle. Un phénomène de mimétisme ensuite analysé dans pléthore de travaux internationaux. Le dernier en date est celui de Thomas Niederkrotenthaler. En 2020, le professeur autrichien pointe une augmentation de 8 à 18 % des suicides dans les deux mois suivant la médiatisation de celui d’une célébrité. Pour Benoît Deseure, c’est « une véritable découverte ».  

Nathalie Pauwels débarque néanmoins dans une rédaction réceptive. Voilà plusieurs années que le rédacteur en chef sent les lignes bouger en matière de faits divers. De ses premiers reportages, il garde le souvenir « d’un rapport sociétal plus dur à la mort », de pompiers qui l’avaient traîné, « presque fascinés », devant le corps d’un automobiliste carbonisé. Petit à petit, des réflexions éthiques infiltrent les conférences de rédaction. Benoît Deseure voit son journal abandonner certains récits morbides « par respect pour lectorat et les familles endeuillées ». Concerné, le rédacteur en chef se saisit du dossier Papageno. Un de plus sur la pile de son bureau.  


L’impact des mots

Il y restera deux ans. En 2017, le rédacteur en chef transmet, via une note de service, les coordonnées de Nathalie Pauwels à ses 300 journalistes, et les incite à décrocher leur téléphone en cas de doute sur la rédaction d’un papier. « À l’époque, on en est resté là », concède Benoît Deseure. Deux années passent avant que les fait-diversiers la rencontrent. À tous, la grande brune énergique remet un mode d’emploi clé en main inspiré des recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Premier conseil : éviter de citer le lieu précis et le mode opératoire d’un suicide. Selon elle, « cela peut inciter des gens à se tuer avec le même moyen létal, ou au même endroit ».  

Autre consigne véhiculée aux reporters : ne pas essentialiser la raison d’un passage à l’acte. « Lorsque l’on titre “Harcelé, ce collégien ne voulait plus vivre", cela peut amener d’autres adolescents en souffrance à voir le suicide comme la solution », explique Nathalie Pauwels. Devant l’assemblée, elle pointe aussi le danger de la « romantisation ». La conseillère déconseille par exemple l’emploi de l’expression « se donner la mort », qui valorise à ses yeux le passage à l’acte.  

Enfin, elle recommande de renvoyer systématiquement les lecteurs vers le 3114, numéro national de prévention contre le suicide. De la même manière, « l’interview d’un psychologue dans un article est souvent nécessaire pour démontrer que le suicide n’est pas une fatalité ». Derrière ses lunettes rondes, Samuel Cogez assiste à l’intervention, interloqué. « J’ai été bousculé », raconte le fait-diversier quatre ans après.  

« Au début, ce discours  m’a paru à contre-courant de ma formation de journaliste » 

Coureur de marathon et premier sur tous les faits divers d’Arras, Samuel Cogez se définit comme  « un passeur d’information ». « Notre credo, c’est d’être précis », souligne le journaliste. « Sur ce point, le discours de Nathalie m’a paru à contre-courant de notre formation. » Il adapte tout de même sa prose aux recommandations du programme. Celles-ci prennent tout leur sens un jour de décembre 2021.  

Samuel Cogez est en congé lorsqu’une notification de La Voix du Nord fait vibrer son téléphone. Une adolescente vient de se suicider dans l’enceinte du lycée Gambetta d’Arras.  À l’ouverture de l’article, le journaliste constate que son remplaçant y mentionne le mode opératoire du drame. Instantanément, il contacte sa rédaction afin de modifier le papier. Sur les conseils de Nathalie Pauwels, le 3114 est ajouté en bas de page. Les jours suivants, une vingtaine de lycéens traumatisés composent le numéro. Au bout du fil, des professionnels réalisent que plusieurs d’entre eux ont assisté à la scène. Une cellule d’urgence médico-psychologique est alors activée. Et l’efficacité du programme Papageno démontrée.  

« Le but est que les journalistes s’approprient eux-mêmes le modèle On est là pour les responsabiliser et les accompagner. Derrière, ils écrivent ce qu’ils veulent », expose Nathalie Pauwels, qui met un point d’honneur à respecter la liberté de la presse. 


Au cas par cas

Pour avoir réformé sa couverture du suicide, La Voix du Nord se voit décorée, en 2017, du Prix de l’initiative médiatique par la fondation Deniker. « On a revu notre copie , conclut Benoît Deseure, mais il reste encore du travail ». Une simple recherche sur Google suffit à le vérifier. Huit ans après  son premier contact avec Papageno, La Voix du Nord ne respecte pas toujours les recommandations du programme.  

La rédaction s’en détache même parfois complètement, encore tentée par le récit d’histoires extraordinaires. « Il devait être jugé prochainement, un détenu retrouvé mort pendu à la maison d’arrêt de Douai », peut-on par exemple lire sur le site du journal, le 2 mars 2023. Publié dans l’édition de Douai, l’article mentionne non seulement le mode opératoire du suicide, mais il en sous-entend aussi la cause principale.  

« On se permet encore du cas par cas », reconnait le rédacteur en chef, qui l’assure : « les recommandations de Papageno seront bientôt inscrites dans la charte du journal. » En attendant, Nathalie Pauwels continue de scruter les parutions médiatiques relatives au suicide. Habitée par son combat, elle toque sans relâche aux portes des rédactions françaises. À celles des écoles de journalisme, aussi. Son objectif : que « la nouvelle génération de reporters entre dans les rédactions plus sensibilisée à la question ». Pour elle, la crise sanitaire a révélé la santé mentale comme un sujet de société primordial. « Nous sommes dans un moment charnière où tous les médias ont un rôle à jouer. »

vendredi 9 septembre 2022

AVIS CRITIQUE ECLAIRAGE une campagne qui fait scandale

Prévention du suicide : une campagne qui fait scandale
Jacques CofardAuteurs et déclarations
8 septembre 2022 https://francais.medscape.com/*

France — Un clip de l’association Soins aux professionnels de Santé (SPS), dans le cadre d’une campagne de prévention du suicide chez les soignants, provoque un véritable tollé dans le monde de la santé. On vous explique pourquoi.

C’est un clip de campagne de prévention contre le suicide, où l’on voit un médecin se tirer une balle en pleine tête au chevet du lit de son patient, un autre soignant passer par la fenêtre d’une chambre d’hôpital, et un dernier se pendre au même endroit. Ce film est accompagné d’un message clair : « Avant d’en arriver là, des solutions existent, plus de 100 psychologues pour vous accompagner. » Cette vidéo a donc été produite dans le cadre d’une campagne de prévention contre le suicide de l’association SPS, un organisme, présidé par un médecin, le Dr Éric Henry, dont l’objectif est de « défendre la santé des étudiants et des professionnels de santé. »

Pour ce faire, l’association « réalise des enquêtes, met en œuvre des actions et développe des outils innovants pour améliorer la qualité de vie des étudiants et professionnels de la santé, prévenir et protéger leur santé, optimiser leur activité et la prise en charge des patients. »

Boycott de la journée de débats

Dans le cadre de cette campagne de prévention du suicide des soignants, SPS a organisé une journée de débats, le 30 août, à laquelle étaient conviés des membres de l’association de Papageno, « un programme national intégré à la stratégie globale de prévention du suicide ». Soutenu par la direction générale de la santé, Papageno « repose sur un partenariat entre le Groupement d’Études et de Prévention du Suicide (GEPS) et la Fédération Régionale de Recherche en Psychiatrie et Santé Mentale (F2RSM Psy) Hauts-de-France. »

Les membres de Papageno invités à cette journée de débats, précédée d’une conférence de presse de SPS, ont dû décliner l’invitation car le film de la campagne de SPS a suscité de nombreuses réactions scandalisées dans le monde de la santé.

« Je ne nie pas l’utilité d’avoir une campagne de prévention puisque les soignants sont touchés de plein fouet par le suicide, et cela mérite que l’on se mobilise. Mais cette campagne choc n’est pas du tout une force de mobilisation, mais une force de sidération. L’exposition à une représentation explicite de suicide peut générer de la détresse chez les personnes déjà endeuillées par le suicide, cela peut aussi provoquer des troubles [de stress] post-traumatiques chez des soignants qui ont déjà vécu le suicide d’un de leurs patients. Les revues de littérature, les méta-analyses notamment dans le domaine de la sécurité routière montrent que ce type de communication génère de la peur, de la tristesse, du regret, de la honte... Il est préférable d’éviter ce type de campagne choc », explique Nathalie Pauwels, chargée du déploiement du programme Papageno en France.

Effet Werther

D’après Nathalie Pauwels, le film de l’association SPS pourrait générer, chez ceux qui le visionnent, un effet Werther : « L’effet Werther (du nom du roman de Goethe, Les Souffrances du jeune Werther), est l’augmentation du nombre de suicides induite par une exposition médiatique à ce geste la publication du roman de Goethe a coincidé avec une augmentation du nombre de suicides en Europe. Les personnes qui se suicidaient étaient de jeunes hommes, utilisaient le même moyen létal que le jeune protagoniste, et avaient lu cet ouvrage, c'est ainsi qu'un lien a été fait entre les deux. On doit au sociologue américain David Philipps qui, en 1974, a constaté une augmentation des suicides dans la population générale lorsqu’il y avait une médiatisation de suicides, l'appelation donnée à ce phénomène. »

Le film de SPS aurait donc des effets contre-productifs, pour ne pas dire délétères, auprès d’une population de soignants où le taux de suicide est plus important que dans la population générale : « je ne peux qu’exprimer des regrets qu’une association qui a des moyens financiers pour lancer une telle campagne fasse ce choix-là. SPS se justifie en affirmant qu’il y a moins d’impact puisque leur spot est fictionnel et ne reflète pas la réalité. Il est vrai que des études ont montré que les œuvres de fiction montrant le suicide ont moins d’impact que les faits réels. Mais on ne peut pas non plus dire que cela n’a aucun impact. L’OMS a d’ailleurs émis des recommandations pour les auteurs de fiction. De notre côté, nous prônons dans un premier temps l’avis des personnes concernées. Nous faisons régulièrement des focus groupes, en travaillant en amont la littérature », ajoute Nathalie Pauwels.

Vidéo choquante

Un avis partagé par la Dre Marine Lardinois, vice-présidente de l’association des jeunes psychiatres et addictologues, et par ailleurs psychiatre au CHU de Lille.

« Les réactions que cette vidéo a suscitées ont été multiples et plutôt négatives. Cette campagne est qualifiée, par les soignants que nous avons interrogés, de « choquante, violente, dangereuse, inadaptée, horrible, pitoyable, culpabilisante, sensationnaliste, problématique, stupide, contre-productive, irresponsable, inconséquente. Elle a suscité un profond malaise et des sociétés savantes, notamment le groupement d’études et de prévention du suicide, s’est positionné contre cette campagne. Ce groupement a qualifié la démarche de cette campagne contraire aux données scientifiques de ces cinquante dernières années, qu’elle pouvait réactiver la douleur chez les endeuillés... », analyse-t-elle.

L’association des jeunes psychiatres et addictologues a demandé à SPS le retrait de cette vidéo, mais son président, le Dr Éric Henry, reste droit dans ses bottes, et n’a semble-t-il pas l’intention de faire amende honorable : « C’est vrai que le président de SPS a donné une interview dans un journal de la presse professionnelle, où il campe sur ses positions. Pourtant comme je vous le disais, il y a eu de nombreuses alertes à la fois de soignants et de sociétés savantes, pour demander le retrait de cette vidéo contre-productive », explique la Dre Marine Lardinois.

Pour autant, la jeune psychiatre ne baisse pas les bras : « Nous continuons de faire de la veille, pour savoir quelles sont les réactions des soignants à son visionnage. Nous continuons à la signaler par ailleurs, puisqu’elle est opposée à tout ce qui est recommandé. Nous avons déjà réagi sur le compte de l’association en les incitant à s’informer pour mieux faire de la prévention suicidaire. Toutefois, le président de l’association a déclaré lors de son interview qu'il était tout à fait en respect avec les principes de Papageno... »

Papageno

A contrario de l’effet Werther, il existe l’effet Papageno, vertueux en matière de prévention du suicide : « l’effet Papageno est l’augmentation des traitements de prévention du suicide lorsqu’il y a exposition à un traitement médiatique responsable du suicide. L’OMS recommande ainsi de réduire l’effet Werther et de promouvoir l’effet Papageno. L’effet Papageno est inspiré d’une œuvre artistique, La Flûte enchantée de Mozart. Dans cette œuvre, au moment où Papageno pense se suicider, on lui rappelle qu’il a dans sa poche des clochettes magiques, lesquelles lui permettent de faire revenir l’être aimé, Papagena, et de renoncer à se suicider. La symbolique est claire : lorsque l’on est animé par des pensées suicidaires, on ne voit plus de solutions à notre mal, car on est envahi par la souffrance. L’effet Papageno, c’est de dire : « regardez à côté de vous, il y a encore des aides ». C’est pour cela que l’on indique souvent dans ces campagnes de prévention un numéro de téléphone gratuit et ouvert 7j/7 », explique Nathalie Pauwels.

L’effet Papageno, c’est de dire : « regardez à côté de vous, il y a encore des aides » Nathalie Pauwels

« S’agissant de la population des soignants au sens large, la prévalence des troubles psychiques, quels qu’ils soient (troubles du sommeil, anxiété, dépression) est plus importante que dans la population générale. La létalité est aussi plus importante pour des professionnels qui ont accès à certains moyens, donc faire de la prévention, cela semble évident, encore faut-il le faire avec énormément de précaution. Il faut travailler en focus groupe, en réunissant des personnes concernées », abonde Marine Lardinois.

Cette dernière recommande également de « suivre les données de la science : toutes les études montrent que le sensationnalisme ne fonctionne pas. En revanche, il existe des ressources disponibles : pour les soignants l’association MOTS œuvre en faveur de la santé des soignants, il y a aussi le numéro de téléphone gratuit 3114. Par ailleurs, certains spécialistes comme les anesthésistes-réanimateurs proposent des ressources spécifiques comme ce dépliant ». Contacté par Medscape, l’association SPS n’a pas donné suite.

https://francais.medscape.com/voirarticle/3609011#vp_1

 

jeudi 18 août 2022

jeudi 14 avril 2022

RETOURS SUR : Traiter du suicide dans les médias, conférence au club presse Auvergne

Traiter du suicide dans les médias, conférence au club

Les journalistes Eloise Bajou et Guillaume Bouvy étaient au Club ce vendredi 8 avril pour un exposé sur le traitement du suicide dans les médias. Ils participent au programme national Papageno de prévention du suicide. Nous les remercions vivement, eux et les collègues venus les entendre. Il a été très utilement montré que l’information bien conduite contribue à prévenir les conduites suicidaires.

Le podcast de la rencontre

En savoir plus

Source https://www.clubpresseauvergne.fr/traiter-du-suicide-dans-les-medias-conference-au-club/

lundi 29 novembre 2021

RETOURS SUR MANIFESTATION Club de la Presse : Les journalistes ont une responsabilité dans le traitement médiatique du suicide

Les journalistes ont une responsabilité dans le traitement médiatique du suicide

26 novembre 2021, par Club de la Presse *.


Après s’être penché(e)s sur la question du Burn-out dans nos professions le mois dernier, le Club de la presse de Bordeaux – Nouvelle-Aquitaine organisait hier sa deuxième rencontre de la santé mentale sur le thème du « traitement médiatique du suicide ».

Comment parler du suicide dans les médias ?

Hier soir, le Club recevait Eloise Bajou, journaliste santé-société, référente et chargée du déploiement de l’axe média du Programme Papageno et le Dr Nicolas Lecat, chef de Clinique Assistant à l’UNIVA (Pôle UNIVersitaire de psychiatrie Adulte – CH Charles Perrens), également intervenant du programme sur la sensibilisation des étudiant(e)s journalisme, notamment à l’Institut de Journalisme de Bordeaux Nouvelle-Aquitaine (IJBA).
Tous deux s’accordent : « Les journalistes ont une responsabilité dans le traitement médiatique du suicide. »
Quels réflexes adopter en tant que professionnel de l’information ?

Une des premières règles d’or énoncées par nos expert(e)s : « Le mode opératoire est à bannir dans le titre et le chapô d’un article afin de ne pas inciter à l’acte un public sensible. »
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🎧 Écoutez le replay :  http://www.club-presse-bordeaux.fr/journalistes-ont-responsabilite-traitement-mediatique-suicide/

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💡 Rappelons le N° national de prévention : 3114 (gratuit)
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Merci à notre journaliste adhérent Gabriel Taïeb, animateur et initiateur du cycle des rencontres de la santé mentale au Club. D’autres conférences sont à venir dès janvier, suivies d’ateliers en petit comité.

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Plus d’informations sur le programme Papageno pour les journalistes : https://papageno-suicide.com/vous-etes-journaliste/suicide-et-medias-quels-enjeux/

 

Source http://www.club-presse-bordeaux.fr/journalistes-ont-responsabilite-traitement-mediatique-suicide/ 

vendredi 5 mars 2021

SUISSE Guide “Parler du suicide et de la santé mentale sur les réseaux sociaux”


Documents
Guide “Parler du suicide et de la santé mentale sur les réseaux sociaux”

 

Ces dernières semaines la question du suicide et de la santé mentale a pris de l’ampleur dans le débat public comme sur les réseaux sociaux. Face à la crise du COVID, nombre d’entre nous sont confronté.e.x aux défis qui affectent de plus en plus le moral et les émotions.

Les témoignages à ce sujet se multiplient, et des personnalités très suivies sur les réseaux sociaux se sont également fait le relai de ces messages poignants.

Briser le tabou sur le suicide est bénéfique pour la prévention. Mais il s’agit d’un sujet sensible, qui doit être abordé avec la plus grande délicatesse pour éviter tout risque d’incitation.

Pour soutenir le travail des utilisateur.ice.x et créateur.ice.x de contenu sur les réseaux sociaux, STOP SUICIDE a créé ce guide, qui présente quelques points de repère pour parler du suicide avec bienveillance. Il est destiné à toute personne qui souhaite s’exprimer en ligne sur le suicide et la santé mentale. À partager à volonté !

STOP SUICIDE peut également vous aider et vous conseiller dans la production de contenus sur ces sujets. N’hésitez pas à nous contacter !

Télécharger le guide !

lundi 8 février 2021

De l’importance du traitement médiatique du suicide en période de crise

De l’importance du traitement médiatique du suicide en période de crise
Nathalie Pauwels
Chargée de déploiement du programme Papageno
papageno@f2rsmpsy.fr

Dans L'information psychiatrique 2021/1 (Volume 97), pages 9 à 10

Il nous a semblé important de vous relayer quelques informations utiles en cette période de crise sanitaire. Pourquoi ? Parce que les médias s’alarment en ce moment de l’impact psychique du confinement, de la crise et de l’augmentation des suicides. La probabilité que vous soyez contactés en tant qu’acteur de la prévention du suicide est donc forte.
Vous savez que nous incitons toujours à ce que les experts de la prévention du suicide répondent et accompagnent les journalistes mais jamais sans préparation au préalable.
Ce mail se veut donc un récapitulatif de quelques conseils en vue d’impulser une réponse appropriée face aux angoisses de certains journalistes (révélatrice des angoisses en population générale).
Ces recommandations sont issues de l’association internationale de prévention du suicide avec laquelle notre programme travaille et qui est particulièrement mobilisée en ce moment.
Si vous êtes contacté.e par un journaliste, n’oubliez pas de :
Vous concentrer sur les risques psychologiques potentiels de Covid-19 pour la santé mentale, reconnaître qu’il est important de soutenir la santé mentale des gens en ce moment de façon générale.
Profitez de cette occasion pour encourager les gens à se rapprocher les uns des autres en utilisant le téléphone ou les réseaux sociaux, à participer à des activités qui les aident à gérer leur santé mentale et à donner de l’espoir.
Évitez de faire directement référence au suicide ou une corrélation entre pandémie et suicide … 

https://www.cairn.info/revue-l-information-psychiatrique-2021-1-page-9.htm

jeudi 14 janvier 2021

TEMOIGNAGE Alice, 25 ans : « J’ai longtemps eu honte de mes tentatives de suicide. Mais j’ai toute une vie pour me reconstruire »

Alice, 25 ans : « J’ai longtemps eu honte de mes tentatives de suicide. Mais j’ai toute une vie pour me reconstruire »

 Le Monde (site web)
campus, mardi 12 janvier 2021
Léa Iribarnegaray

Entre ses 20 ans et ses 23 ans, Alice, alors étudiante, a commis quatre tentatives de suicide. Burn-out, dépression sévère… une descente aux enfers qu’elle raconte, aujourd’hui épanouie.

Alice a 25 ans et « un CV aux allures de tableau impressionniste ». Discrète mais déterminée, elle se fait le porte-voix de ces jeunes qui, après avoir voulu mourir, sont désormais heureux de vivre. « C’est fou de me dire qu’il y a deux ans, je faisais ma quatrième tentative de suicide, observe-t-elle. J’ai longtemps considéré cette période comme un truc honteux, cauchemardesque. Aujourd’hui, je me dis que j’ai eu une maladie ponctuelle – une dépression – pas quelque chose que je vais traîner ma vie entière. En plus, je l’ai eue jeune, alors j’ai toute une vie pour me reconstruire ».

Sans banaliser ni héroïser, le journaliste a une responsabilité dans le récit d’un passage à l’acte. Des dizaines d’études ont démontré l’existence d’un phénomène de suicide par imitation : c’est ce qu’on appelle « l’effet Werther », en référence au roman de Goethe, Les souffrances du jeune Werther, dans lequel le protagoniste met fin à ses jours, en proie à un amour impossible. Suite à la publication de l’ouvrage, en 1774, les spécialistes avaient constaté une multiplication des suicides de jeunes hommes.

Mais ces mêmes mécanismes peuvent aussi, à l’inverse, promouvoir la prévention. C’est « l’effet Papageno » - d’après le personnage de l’opéra de Mozart, La flûte enchantée. Alors que Papageno envisage de se pendre, imaginant avoir perdu sa promise, trois génies l’invitent à réfléchir à une autre voie. L’évocation du suicide se révèle alors protectrice : il s’agit de rappeler que grâce à l’entraide et aux soins, une personne en grande souffrance peut s’en sortir.

Juste après le bac, Alice choisit d’étudier en Ecosse, mais prend part à « la grande culture de la fête et du “binge drinking” »

Avant de s’enfoncer « plus bas que terre », Alice était, selon sa mère, « une jeune fille enthousiaste, attachée à faire plaisir aux autres ». Pendant ses années de lycée, elle avait préparé les concours pour entrer à Sciences Po, passé son permis, travaillé l’été en tant que monitrice de voile, participé à une régate entre établissements… Juste après le bac, celle qui a grandi dans une famille d’expatriés (un père cadre et une mère formatrice) choisit d’étudier à l’étranger. Direction l’Ecosse, pour une licence bidisciplinaire, en histoire et littérature anglaise, à l’université de Glasgow.

« J’avais vécu aux Etats-Unis, au Brésil, j’avais l’habitude de m’adapter à différentes cultures, raconte-elle. Mais en arrivant, ça a été un choc auquel je ne m’attendais pas. » Pour s’intégrer à cette vie nouvelle d’étudiante, la jeune femme prend part à « la grande culture de la fête et du binge drinking » : « Je ne mangeais pas bien, je ne dormais pas bien, mes études passaient au second plan. »

Elle réalise alors que depuis le lycée, tout s’est empilé comme un mille-feuille trop lourd. « J’ai toujours été très bosseuse, précise Alice. Je pensais que si je n’avais pas de bonnes notes, je n’avais pas de valeur. » En deuxième année à l’université, elle commence à développer des crises d’angoisse, ainsi qu’une trichotillomanie (un trouble psychologique qui fait qu’on s’arrache les cheveux de manière compulsive). Elle perd la capacité de lire, d’écrire, de se concentrer – syndrome connu de burn-out. « Je ne savais pas ce qui se passait, souffle-t-elle. Je me suis dit que c’était juste une phase. J’en ai parlé à personne et je me suis isolée de plus en plus. »

« Une souffrance qui va croissant »

Les idées suicidaires ne surviennent jamais du jour au lendemain : « C’est un processus lié à une souffrance qui va croissant, explique Charles-Edouard Notredame, psychiatre de l’enfant et de l’adolescent et cofondateur du programme de prévention Papageno. Plus la souffrance avance, moins je perçois de solutions à sa résolution. Le suicide m’apparaît progressivement comme la seule option pour alléger cette souffrance. »

M. Notredame décrit « une certaine progressivité » – depuis la simple idée de la mort, à l’élaboration d’un scénario et d’une manière de faire, jusqu’au passage à l’acte. Entrer dans cet engrenage implique des « biais cognitifs » : comme si l’on portait des lunettes noires, on perçoit le monde tout en noir. Pour changer de lunettes, il faut réussir à en parler, consulter un professionnel de santé, soigner les troubles psychiques. « On peut intervenir à toutes les étapes, rappelle le chef de clinique au CHU de Lille. Dès qu’on apaise la souffrance, les solutions réapparaissent. »

« Je voyais bien qu’elle portait une tristesse, que physiquement ça n’allait pas », se souvient sa mère

Le jour où Alice se décide à prendre rendez-vous avec un psychologue de son université écossaise, la liste d’attente est longue comme le bras. Ses parents l’appellent chaque semaine sur Skype : « Je voyais bien qu’elle portait une tristesse, que physiquement ça n’allait pas, se souvient Agnès, sa mère [le prénom a été changé]. Mais en pleine période d’examens, d’une certaine façon il était normal qu’elle soit stressée. » Inquiète, Agnès lui rend visite à la Toussaint et découvre sa fille « dans un piteux état ». Après ses partiels, Alice accepte de prendre le premier vol pour la France.

S’ensuit un long parcours contre un mal invisible. De généralistes en psychologues et en psychiatres. « Mes parents faisaient de leur mieux mais ils n’avaient pas les bonnes infos pour me diriger, relate Alice. Mon état empirait… » Un psychiatre finit par diagnostiquer un burn-out et une dépression sévère. La jeune femme adopte « un traitement très lourd » et dort « vingt heures par jour ». Elle se rappelle : « On perd la capacité de réfléchir, on n’est qu’une version légume de soi-même. »

« L’impression d’une déchirure à l’intérieur de moi »

A 20 ans, Alice fait sa première tentative de suicide. Une crise d’angoisse surgit alors que ses parents ne sont pas là : « Ce n’était pas planifié. Pendant mes crises, j’avais très, très mal. L’impression d’une déchirure à l’intérieur de moi. Je me donnais des coups de poing. Il fallait faire taire ces voix qui me disaient que j’étais un poids pour les autres, que je méritais de ne pas vivre… La seule manière de mettre fin à la souffrance, c’est de s’attaquer à soi-même, puisque c’est de là qu’elle venait. » Alice avale une grande quantité de médicaments et s’effondre dans sa chambre.

« Je me comparais beaucoup à mes amis, qui avançaient dans leur vie »

Hospitalisée, la jeune femme retrouve une routine qu’elle avait torpillée. On lui impose un réveil à 8 heures et des séances de sport quotidiennes. Au bout de trois mois, Alice se sent guérie. Elle veut reprendre une vie normale : diminuer son traitement, avoir une vie sociale, donner des cours d’anglais. Mais le monde ne s’est pas arrêté de tourner : « Mes amis avançaient dans leur vie, faisaient des études… choses que j’étais incapable de faire. Je me comparais beaucoup à eux. »

Alors les symptômes reviennent, d’autant plus forts. Nouvelle crise d’angoisse seule à la maison et encore le besoin de « se libérer ». Dans un état second, par ailleurs sédatée par les médicaments, Alice prend la voiture de ses parents avec l’idée folle de recouvrer son souffle en Bretagne. Elle frôle l’accident. Seconde hospitalisation et souvenirs brumeux.

Maladie floue à durée indéterminée

Cette fois-ci, Alice prend le temps de la convalescence. « On était dépassé, souligne sa mère. Quand on a le bras cassé, on sait que ça va se résorber après tant de semaines. Mais comment voulez-vous soigner l’âme cassée de quelqu’un ? » Maladie floue à durée indéterminée, la dépression d’Alice « désorganise toute la vie familiale » : « Sur le qui-vive, vous redoutez à tout moment que le téléphone sonne. Vous lâchez tout et partez au secours de votre enfant, en espérant ne pas arriver trop tard, décrit Agnès, maman de deux autres filles. Je m’étais préparée à accepter de la perdre. A la troisième tentative de suicide, vous savez que la suivante risque d’être la dernière. »

Alice reprend des études : une formation d’un an en graphisme. Lorsqu’elle apprend le cancer de sa mère, Alice file en douce à une soirée et boit jusqu’au coma. Contrairement aux tentatives précédentes, elle se réveille « très énervée » face aux pompiers : « Je n’en pouvais plus de cette bataille qui commençait à durer. J’avais fait un choix, on m’empêchait de le faire et moi j’empêchais les autres d’avancer. »

« Comprendre que j’étais peut-être surdouée m’a aidée à m’accepter »

La troisième hospitalisation est plus longue, mais l’étudiante poursuit ses cours à distance. Elle termine avec les félicitations du jury et réussit un travail sur elle-même. « J’ai confronté les fantômes qui m’empêchaient d’avancer » – elle évoque un viol qu’elle a subi à 18 ans, et longtemps nié. On la diagnostique comme personne hypersensible, au quotient émotionnel élevé. « Jusque-là, je pensais être folle, incapable de m’intégrer. Comprendre que j’étais peut-être surdouée m’a aidée à m’accepter. »

Parce que sa maladie fait peur, que ses crises peuvent paraître impressionnantes, Alice n’ose jamais en parler. En dehors de ses parents et de l’ami qui l’a retrouvée inanimée en soirée, personne ne sait. « J’avais toujours honte d’aller mal, de replonger. J’avais cette culpabilité de ne pas réussir à aller mieux toute seule, d’être faible, égoïste… »

Un pêcheur la découvre sur la plage

En sortant pour la troisième fois de l’hôpital, Alice vit un « gros chagrin d’amour » et se dit que personne ne pourra l’aimer. « J’ai tout planifié, c’est la seule fois où j’avais vraiment en tête de mettre fin à mes jours ». Elle fait un plein d’alcool et de médicaments qu’elle prévoit d’ingérer face à la mer, en Bretagne, avant d’aller se noyer – « j’ai perdu connaissance avant de pouvoir me jeter à l’eau ». Au petit matin, un pêcheur la découvre sur la plage et appelle les secours.

« En hôpital psychiatrique, on voit des personnes qui ne s’en sortent jamais et reviennent indéfiniment »

Pendant une dernière hospitalisation « plus violente », environ trois ans après la première, Alice côtoie des patients qui lui permettent de relativiser. « En hôpital psychiatrique, on voit des personnes qui ne s’en sortent jamais et reviennent indéfiniment. Ce cycle infernal, c’était mon futur. » C’est à ce moment-là qu’elle décide d’aller mieux, d’abord pour ses proches, puis pour elle. Petit à petit, Alice remonte la pente, sort de son brouillard, reprend « l’espoir qu’il existe un après ». « J’ai été plus gentille et clémente avec moi-même », explique-t-elle.

Alice a l’envie de devenir professeure d’anglais. Elle commence une formation d’un an, se découvrant à la fois un talent et un horizon. Son hypersensibilité se transforme en atout : empathique et patiente, la jeune femme peut devenir une excellente enseignante. Plus sereine, elle reprend une licence d’anglais à l’université. Là voilà aussi bénévole pour l’association Nightline, un service d’écoute nocturne destiné aux étudiants. Très au fait des questions de santé mentale, Alice prête son oreille attentive aux jeunes qui en ont besoin.

Etre utile en aidant les autres

« Si mon histoire a été si longue, si tortueuse, c’est parce que je n’avais pas d’infos. Je veux empêcher les autres de tomber aussi bas que je suis tombée. » Après un stage, Nightline lui propose un contrat en tant que chargée de communication. Elle a enfin trouvé sa place. « Dans le futur, je pourrai toujours devenir prof d’anglais, dit-elle. Pour l’instant, c’est là que je suis la plus utile. »

« J’ai été obligée de faire un travail sur moi que certains ne prennent jamais le temps de faire au cours d’une vie »

Passée la honte, et même si elle n’a pas le diplôme bac + 5 de ses amis, la rescapée se dit qu’elle a traversé « l’école de la vie ». « J’ai été obligée de faire un travail sur moi que certains ne prennent jamais le temps de faire au cours d’une vie, souligne-t-elle. En licence d’anglais, je savais pourquoi j’étais là. » Si cela semble miraculeux, bien d’autres jeunes réussissent à s’extraire du mal qui les ronge.

« Dire qu’elle a souffert est un euphémisme, articule sa mère. Je suis admirative de la façon dont elle a rebondi. Elle a trouvé un sens à sa vie. » « Une maladie psy peut arriver à tout le monde, à tout moment. Il faut en parler, s’informer, consulter… », martèle Alice, encore sous traitement, mais épanouie. « Très contente d’être ici » – en vie –, la jeune femme n’a plus d’animosité. Un « dernier truc » la titille : retrouver ce pêcheur, le long d’une côte bretonne, pour lui dire merci. Cet article est paru dans Le Monde (site web)

jeudi 10 décembre 2020

SUISSE STOP SUICIDE OEUVRE À LA PRÉVENTION DU SUICIDE DES JEUNES EN SUISSE ROMANDE. DEUX REPRÉSENTANTS DE L'ASSOCIATION ONT RÉPONDU À VOS QUESTIONS SUR CET ENJEU DE SANTÉ PUBLIQUE

« LES MÉDIAS DOIVENT PARLER DU SUICIDE »
CÉDRIC GARROFÉ  Le temps, mercredi 9 décembre 202

STOP SUICIDE OEUVRE À LA PRÉVENTION DU SUICIDE DES JEUNES EN SUISSE ROMANDE. DEUX REPRÉSENTANTS DE L'ASSOCIATION ONT RÉPONDU À VOS QUESTIONS SUR CET ENJEU DE SANTÉ PUBLIQUE

Si le suicide est toujours difficile à aborder, c'est pourtant une thématique qui nous concerne tous. En Suisse, près d'un millier de personnes décident de mettre fin à leur jour chaque année. Pour autant, ces décès ne représentent que la pointe de l'iceberg, les tentatives de suicide touchant plus de 3 personnes sur 100 au cours de leur vie. Comment prévenir le suicide? Pour en discuter, nous avons ouvert le dialogue avec Raphaël Thélin, coordinateur de l'équipe de Stop Suicide et Abbas Kanani, chargé des actions de terrain ciblées sur les jeunes à risque. L'association oeuvre depuis vingt ans à la prévention du suicide des jeunes en Suisse romande. Découvrez les réponses à vos questions.

Maria: Etes-vous favorable ou hostile à ce que les médias communiquent autour des suicides?

Raphaël Thélin: Il est très important que les médias parlent du suicide car c'est un grave enjeu de santé publique en Suisse mais qui est très tabou! On en parle peu, et, par conséquent, les personnes qui vivent des idées suicidaires peuvent penser qu'elles sont « défaillantes » . Elles peuvent avoir de très forts sentiments de honte et une perte de confiance en soi, alors qu'en réalité les idées suicidaires sont relativement communes! Donc il est vraiment important de pouvoir parler du suicide, de faire connaître les différentes ressources d'aide, mais aussi les signaux d'alerte, et des conseils sur comment faire pour accompagner une personne pour qui on se ferait du souci. Mais, en même temps, il y a un très fort risque d'effet d'incitation au suicide selon comment les médias communiquent sur celui-ci. Il faut en parler, absolument, mais pas n'importe comment. C'est pourquoi nous sommes beaucoup en lien avec les rédactions et les journalistes, pour les alerter sur ce risque, les conseiller, parfois pour réagir lorsque des articles incitatifs sont publiés.

Laurent: Quels sont les principaux signaux d'alerte?

Abbas Kanani: Les principaux signaux d'alerte que nous observons sont une altération de la quantité ou de la qualité du sommeil, l'isolement, des changements dans les habitudes alimentaires, des sautes d'humeur qui semblent déplacées ou disproportionnées, la consommation de substances de manière répétée, ou encore une perte d'intérêt. Il faut également rappeler que l'accumulation des facteurs va amener la personne à passer à l'acte. Il est donc essentiel de pouvoir poser des questions directes et sans jugement à la personne qui nous inquiète. Par exemple: est-ce que tu as déjà eu des idées suicidaires? Cette question est préventive et soulage la personne qui se sent isolée. En fonction de la réponse, vous pourrez alors l'orienter vers des ressources adaptées.

Hervé: Que faire si on rencontre une personne qui est à deux doigts de commettre l'irréparable?

Raphaël Thélin: Il n'y a pas de marche à suivre, c'est une situation très compliquée. Si vous pensez qu'une personne de votre entourage (ou même un inconnu dans la rue) pourrait passer à l'acte dans les heures à venir, il ne faut pas la laisser seule. Il faut rester avec elle et ne pas hésiter à appeler l'ambulance ou la police, car cette personne aura sans doute besoin d'une aide professionnelle. Pensez aussi à alerter la famille, les amis, le médecin traitant, les personnes qui pourront vous aider dans cette situation d'urgence et de crise. Si vous, sur le moment, ne savez plus quoi faire ou si vous n'êtes pas sûr que la situation est urgente, appelez le 143 [La Main Tendue]! Ils pourront vous aider à gérer cette situation et vous guider dans le soutien à apporter. Donc appelez du secours, informez la personne que du secours arrive et, dans l'intervalle, discutez avec elle, écoutez-la et essayez aussi de transmettre un peu d'espoir. Il faut éviter de minimiser ce que la personne vit ou de proposer des solutions à l'emporte-pièce.

Nathalie: Quand faut-il intervenir si une personne poste des messages suicidaires sur les réseaux sociaux? Et comment?

Abbas Kanani: L'évocation d'idées suicidaires sur les réseaux sociaux est à prendre au sérieux. Il s'agit d'une manifestation d'un mal-être important de la personne. Il faut prendre contact rapidement avec elle et ne pas rester seul-e face à cette situation. Le fait d'être plusieurs est primordial afin de ne pas se sentir débordé face à une situation complexe.

Catherine: Chez les jeunes qui traversent une période de leur vie remplie de changements, qu'est-ce qui amène au suicide et comment le prévenir?

Abbas Kanani: Cette question est essentielle. L'adolescence est une phase de changements importants pour les jeunes. Ainsi, cette période est accompagnée de nouvelles expériences mais aussi de nouvelles responsabilités. La pression des études, la pression professionnelle, la découverte d'un nouveau corps et de nouvelles envies provoquent des problématiques qui sont difficiles à négocier pour l'adolescent. Ainsi, l'accompagnement du jeune sera encore plus important afin de lui expliquer ces changements. Pendant cette période importante, les ressources et les appartenances seront des facteurs de protection majeurs. Par exemple: les ressources familiales et amicales, l'appartenance à de nouveaux groupes de sport ou de musique ou encore la participation à des activités caritatives.

HPB: A Lausanne, le pont Bessières est connu pour être un lieu où se suicident beaucoup de jeunes. Comment l'expliquer? Un filet ne serait-il pas possible?

Raphaël Thélin: Un des facteurs de risque du suicide est d'avoir accès à une méthode pour le faire, car cela rend plus facile le passage à l'acte et diminue le temps qu'a une personne en crise suicidaire pour trouver une autre issue à sa souffrance que la mort. Si un lieu est connu comme un lieu de suicide, cela augmente son accessibilité en tant que méthode, y compris dans l'imaginaire des personnes suicidaires. Il y a donc un enjeu à ne pas alimenter la réputation et la symbolique d'un endroit comme lieu de suicide. En ce qui concerne les filets ou les barrières sur un pont, c'est une mesure efficace. Les personnes suicidaires ne sont pas décidées à mourir, elles sont au contraire très ambivalentes! Elles ont tellement de souffrances qu'elles pensent que la mort est la seule issue, mais en fait elles cherchent l'arrêt de la souffrance plus que la mort. Et donc les obstacles comme des barrières ou des filets peuvent tout à fait sauver une personne ambivalente, simplement en lui faisant gagner du temps pour « redescendre d'un pic de souffrance » ou permettre l'intervention d'un passant ou de la police.

https://www.pressreader.com/switzerland/le-temps/20201209/281543703502856

lundi 30 novembre 2020

CANADA De nouvelles éditions de guides sur la santé mentale proposent aux journalistes de nouvelles recommandations sur la couverture médiatique des suicides

De nouvelles éditions de guides sur la santé mentale proposent aux journalistes de nouvelles recommandations sur la couverture médiatique des suicides


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Le Forum des journalistes canadiens sur la violence et le traumatisme

Nov 30, 2020 sur https://www.newswire.ca*


LONDON, ON, le 30 nov. 2020 /CNW/ - Offrir des recommandations plus nuancées et mises à jour sur la couverture des suicides: voilà le point central des troisièmes éditions de En-Tête : reportage et santé mentale et de Mindset: Reporting on Mental Health, qui sont publiés aujourd'hui. Disponibles depuis six ans, ces guides écrits par des journalistes, pour des journalistes, sont devenus des références dans le domaine au Canada.

Le chapitre consacré à la couverture journalistique des suicides a été revu, augmenté et mis à jour au cours de la dernière année, avec la collaboration de journalistes chevronnés et de plusieurs spécialistes en prévention du suicide. Il propose une nouvelle approche afin de trouver l'équilibre entre le bien et le mal, entre les bénéfices associés à un journalisme éthique et audacieux, et les risques de causer des préjudices involontairement.

«Il y a six ans, nous plaidions pour la fin du tabou entourant la couverture des suicides. À l'époque, et encore tout récemment, les seules recommandations existantes à ce sujet ne portaient que sur les couvertures de cas de suicides isolés», explique Cliff Lonsdale, à la tête de l'équipe éditoriale du Le Forum des journalistes canadiens sur la violence et le traumatisme, responsable du contenu de ces guides.

«Mais ces dernières années, nous avons vu l'apparition de reportages d'enquête d'envergure, audacieux et courageux, qui se sont intéressés en profondeur au sujet du suicide, pour le plus grand bénéfice du public. Mais ces journalistes disposaient de peu de lignes directrices pour les aider à faire leur travail de la façon la plus éthique et responsable qui soit.

Basé sur leur expérience, et en collaboration avec des sommités en prévention du suicide, nous avons conçu de nouvelles recommandations afin d'encourager la production de ce genre de reportages, tout en tenant compte des recommandations antérieures présentant d'autres perspectives.»

Le chapitre du guide portant sur le suicide insiste sur l'importance du contexte, et plutôt que de dicter une ligne de conduite inflexible, il propose une base de réflexion pour aider les journalistes à soupeser les risques et les bienfaits de tout reportage portant sur le suicide. Il confirme par ailleurs la vertu suprême qu'est le jugement journalistique, exercé de façon éthique et indépendante. 

Les versions française et anglaise du guide sont disponibles gratuitement pour les médias, les journalistes indépendants, les écoles de journalisme et les étudiants. Ces nouvelles éditions comprennent également un nouveau chapitre portant sur les problèmes de santé mentale des jeunes, une mise à jour des chapitres portant sur les dépendances et les aspects légaux, ainsi qu'un rafraichissement des statistiques utilisées.

En-Tête et Mindset reçoivent depuis leurs débuts le soutien de la Commission de la santé mentale du Canada, grâce à des fonds provenant de Santé Canada, et par CBC News en tant que partenaire médiatique officiel.

«C'est encourageant de voir des journalistes continuer à faire évoluer la discussion et la compréhension des problèmes de santé mentale. Le suicide en particulier est un sujet difficile à traiter, car il est souvent le résultat d'une combinaison de facteurs biologiques et sociaux complexes» soutient Karla Thorpe, directrice, Programmes de prévention et de promotion à la Commission de la santé mentale du Canada.

«Avoir une base de réflexion commune pour échanger sur les points de vues et les priorités constitue un pas important pour une meilleure compréhension mutuelle entre les journalistes et les experts en prévention du suicide. La Commission de la santé mentale du Canada reconnaît le rôle primordial que les médias jouent dans la sensibilisation à la santé mentale grâce à des reportages engagés et responsables, et nous sommes heureux d'apporter notre soutien à ce processus.»

Les guides En-Tête et Mindset sont disponibles à la fois en version papier et en version PDF, sur les sites En-Tête : reportage et santé mentale et Mindset: Reporting on Mental Health. Ces sites internet proposent également des informations supplémentaires, des études de cas et des extraits vidéo qui pourront enrichir la réflexion de journalistes souhaitant développer des reportages approfondis sur la question du suicide ou de la santé mentale. 

Le Forum des journalistes canadiens sur la violence et le traumatisme est un organisme de bienfaisance dédié au bien-être physique et émotionnel des journalistes, de leur auditoire et de ceux qui font l'objet de leurs reportages. Nous remercions de leur soutien le Globe and Mail, CBC News, Radio-Canada et Cision.

Nous remercions Cision pour la publication de ce communiqué.

SOURCE Le Forum des journalistes canadiens sur la violence et le traumatisme

For further information: Pour plus d'informations, n'hésitez pas à visiter notre site internet www.en-tete.ca, ou encore à communiquer avec Lise Villeneuve, au 514-895-2106, lise.mesdixdoigts@gmail.com, ou encore Jane Hawkes, coordonnatrice en chef, Forum des journalistes canadiens sur la violence et le traumatisme, au 1-519-852-4946, jane.hawkes@journalismforum.ca

Related Links

http://www.journalismforum.ca/

 

Source https://www.newswire.ca/news-releases/de-nouvelles-editions-de-guides-sur-la-sante-mentale-proposent-aux-journalistes-de-nouvelles-recommandations-sur-la-couverture-mediatique-des-suicides-852717282.html

mercredi 6 mai 2020

NOUVELLE-ZELANDE La Fondation pour la santé mentale estime qu'une rumeur selon laquelle le taux de suicide aurait atteint un niveau d'alerte est "irresponsable et fausse"

D'apres article NEW ZEALAND Covid 19 coronavirus: 'No evidence' suicide rate up during lockdown
https://www.nzherald.co.nz/*
3 mai, 2020
Shaun Robinson, directeur général de la Fondation pour la santé mentale, se dit profondément déçu que de fausses informations circulent en ligne. Photo / Fournie
Par : Dubby Henry journaliste au New Zealand Herald
Coronavirus Covid 19 : Le taux de suicide "sans preuve" en hausse suite au confinement

- Cet article porte sur le suicide et peut être bouleversant pour certains lecteurs.

La Fondation pour la santé mentale estime qu'une rumeur selon laquelle le taux de suicide aurait atteint un niveau d'alerte 4 est "irresponsable et fausse", tandis que le ministère de la santé affirme que cette affirmation est "absolument fausse".

Les deux organisations affirment que si le Covid-19 peut avoir des effets importants sur la vie des gens, une augmentation des problèmes graves de santé mentale ou des suicides n'est pas inévitable.

Cela vient alors que la police affirme que les appels liés à la santé mentale et à l'automutilation sont restés stables.

La police s'attendait à une augmentation du nombre d'appels liés à la santé mentale, car les gens luttent contre l'isolement et le stress général de la pandémie, a déclaré le commissaire adjoint de police Sandy Venables.

Mais s'il est trop tôt pour donner des données officielles, il n'y a pas eu de hausse ou de baisse significative des appels liés à la santé mentale et à l'automutilation, a déclaré M. Venable.

"Nous savons que la situation actuelle sera source de stress et d'incertitude pour beaucoup. Nous voulons rappeler à tous qu'il est normal de demander de l'aide pour soi-même ou pour quelqu'un d'autre. De l'aide est disponible".

La rumeur largement répandue a fait état de suicides en une semaine, ce qui équivaudrait à près de cinq fois la moyenne. En 2018-19, il y a eu 685 suicides, soit un peu plus de 13 par semaine.

Le Dr Caroline McElnay, directrice de la santé publique, a été interrogée lors d'une conférence de presse la semaine dernière sur les taux de suicide pendant le confinement, mais elle a déclaré qu'elle n'avait pas les chiffres sous la main.

Le ministère de la santé a déclaré aujourd'hui que les spéculations sur le nombre de suicides présumés étaient inexactes et inutiles.

Le bureau de prévention du suicide et le coroner en chef surveillent le nombre de suicides suspects, et des données mensuelles sont publiées chaque année par le coroner en chef.

Toute décision sur la publication de données en dehors de ce cycle serait prise par le coroner en chef, mais aucune donnée n'a été publiée, selon une déclaration conjointe de Robyn Shearer, directrice générale adjointe de la santé mentale et de la toxicomanie, et de Carla na Nagara, directrice du Bureau de prévention du suicide.

"Nous avons tous la responsabilité de promouvoir et d'encourager le bien-être mental - le nôtre et celui des autres. Il est trop tôt pour dire quels seront les effets de la réponse à Covid-19 sur la santé mentale des gens ou sur le taux de suicide", ont-ils déclaré.

"Se focaliser sur les pires scénarios et en parler comme s'ils étaient inévitables est contre-productif et ne soutient pas nos personnes les plus vulnérables".

Le nombre de suicides pourrait augmenter ou diminuer suite à la réponse du Covid-19 - les données des crises internationales précédentes ont montré les deux résultats, a déclaré le ministère.

"Parfois, les gens réalisent à quel point la vie est précieuse après une crise et le nombre de suicides diminue. Chaque vie compte ; il est vital que nous nous concentrions sur la préservation de la vie plutôt que de spéculer sur la probabilité d'y mettre fin".

Agir maintenant, prêter attention au bien-être mental et avoir accès à un soutien en cas de besoin permettrait d'éviter un pic de détresse dans les mois à venir, selon la déclaration du ministère.

Nombreux sont ceux qui ont partagé la rumeur en ligne et qui ont attribué la prétendue augmentation des suicides à l'impact de l'isolement, des pertes d'emploi et d'autres facteurs de stress induits par la pandémie.

La Fondation pour la santé mentale a déclaré dans un communiqué qu'elle était profondément déçue de voir la rumeur circuler - et qu'elle était particulièrement inquiète de l'impact que cela pourrait avoir sur les personnes qui sont actuellement vulnérables au suicide.

"Chaque fois que nous avons une discussion publique sur le suicide, les personnes qui sont actuellement suicidaires ou qui sont vulnérables au suicide sont toujours à l'écoute", a déclaré le directeur général de la fondation, Shaun Robinson.

"Il est souvent impossible de dire qui sont ces personnes, en particulier en ligne. Mais elles sont là et, souvent, elles cherchent des raisons pour justifier ou rationaliser leurs sentiments - elles sont très vulnérables à l'idée que si d'autres personnes prennent cette voie, elles pourraient la prendre aussi. Nous ne devrions pas aggraver ce risque grave.

"Ces rumeurs et les commentaires qui les accompagnent impliquent que le suicide est une réponse attendue, compréhensible et proportionnée à Covid-19, et c'est à la fois faux et extrêmement inutile de le suggérer".
La directrice de la santé publique, le Dr Caroline McElnay, s'adresse aux médias le 30 avril, plusieurs jours après la fin du confinement. Photo / Mark Mitchell

Le 23 avril, le ministère de la santé a déclaré au Herald qu'une enquête quotidienne sur la santé était menée, comprenant des questions sur l'anxiété et la dépression. Le ministère était également en communication régulière avec les conseils de santé et les prestataires de soins pour obtenir des informations sur les facteurs de risque, la réponse aux crises et les taux d'admission.

Il n'y avait pas de données à ce moment-là suggérant une augmentation de ces chiffres suite à Covid-19, mais il y avait parfois eu une demande accrue sur les lignes d'assistance nationales.

Outre l'investissement record du gouvernement actuel dans le bien-être mental, des programmes de soutien supplémentaires ont été lancés pendant la crise du Covid-19, notamment des applications et un programme d'e-thérapie.

Selon M. Robinson, de la Fondation pour la santé mentale, très peu de personnes en Nouvelle-Zélande sont en mesure d'évaluer avec précision et en temps réel le nombre de suicides au niveau national.

"Il est essentiel de ne pas contribuer aux malentendus et aux fausses informations sur le suicide en Nouvelle-Zélande.

"Alors que les travailleurs de la santé mentale, la police et d'autres personnes font partie intégrante des efforts de prévention du suicide en Nouvelle-Zélande, les individus ne seront pas en mesure de donner une image précise des suicides nationaux.

"C'est une période difficile pour les Néo-Zélandais, mais nous constatons beaucoup de bonne volonté à travailler ensemble et à se soutenir mutuellement pour passer au travers", a déclaré M. Robinson.

OÙ TROUVER DE L'AIDE :

Si vous êtes inquiet pour votre santé mentale ou celle de quelqu'un d'autre, le meilleur endroit où trouver de l'aide est votre médecin généraliste ou votre prestataire de soins de santé mentale local. Toutefois, si vous ou quelqu'un d'autre êtes en danger ou met en danger d'autres personnes, appelez immédiatement la police au 111.

OU SI VOUS AVEZ BESOIN DE PARLER À QUELQU'UN D'AUTRE :

0800 543 354 (0800 LIFELINE) or free text 4357 (HELP) (available 24/7)
https://www.lifeline.org.nz/services/suicide-crisis-helpline
YOUTHLINE: 0800 376 633
• NEED TO TALK? Free call or text 1737 (available 24/7)
KIDSLINE: 0800 543 754 (available 24/7)
WHATSUP: 0800 942 8787 (1pm to 11pm)
• DEPRESSION HELPLINE: 0800 111 757 or TEXT 4202

Source https://www.nzherald.co.nz/nz/news/article.cfm?c_id=1&objectid=12329202

lundi 20 avril 2020

ETUDE RECHERCHE INTERNATIONALE Association entre le reportage sur le suicide dans les médias et le suicide: revue systématique et méta-analyse

Y a-t-il plus de suicides après le suicide d’une célébrité ?
Niederkrotenthaler T & al. BMJ
18 mars 2020 Par Nathalie Barrès
Résumé d’articles
10 avr. 2020

À retenir

Les annonces par les médias du suicide d’une célébrité auraient un impact non négligeable puisqu’elles sont associées à une augmentation de 13% du risque de suicide et de 30% du risque de suicide par la même méthode, dans le mois qui suit au sein de la population générale. Pour juger de l’impact de cette association, en comparaison, les auteurs mentionnent que la crise financière de 2008 a été associée à une augmentation de 6% du taux de suicide dans le mois qui a suivi. Ces données renforcent les preuves de la nécessité d’une communication responsable et encadrée de la part des médias lorsqu’ils relatent de tels événements.

Protocole de l’étude

Une revue de la littérature a mis en évidence les études publiées jusqu’en septembre 2019 ayant évalué l’association entre le taux de suicide avant et après la communication par les médias du décès d’une célébrité par suicide. Les données de ces études ont ensuite été incluses dans une méta-analyse.

Quel est l’intérêt de cette étude ?

Ce phénomène encore appelé l’effet Werther du nom de protagoniste principal du roman de Goethe paru en 1774, les Souffrances du jeune Werthermettant en scène le suicide d’un jeune homme. Une vague de suicide a pu être constatée à la sortie de cet ouvrage. La reconnaissance de ce phénomène a conduit les organisations de santé mentale et de prévention du suicide, ainsi que l’OMS a établir des recommandations pour les médias lors de la diffusion d’informations sur le suicide de célébrités. Ces recommandations soulignent l’importance de rappeler le rôles des maladies mentales traitables, les rappels des moyens et des lieux d’aide aux personnes ayant des pensées suicidaires, ainsi qu’un message d’espoir valorisant le côté évitable de l’acte. Cependant, de nombreux médias n’en tiennent pas compte arguant que les niveaux de preuves de ces associations sont insuffisants, d’où l’intérêt d’une méta-analyse.

Principaux résultats

Au total les données de 20 études jugées comme à risque de biais modéré ont été incluses dans la méta-analyse. Les résultats montrent :
Qu’il n’y aurait pas d’augmentation significative du taux de suicide suite à l’annonce par les médias du suicide d’une personne non publiquement connue. La durée médiane du suivi dans les études en question était très courte.
En revanche l’annonce du suicide d’une célébrité augmenterait de 13% (ratio de taux poolée 1,13 [1,08-1,18], p<0,001) le risque de suicide dans la population générale au cours des 28 jours suivants l’annonce.
Le fait de communiquer sur la méthode de suicide utilisée par la célébrité augmentait de 30% (ratio de taux poolé 1,30 [1,18-1,44], p<0,001) les suicides par cette même méthode.
Principales limitations
Forte hétérogénéité entre les études incluses.
Voir l'abstract
Références
Disclaimer

Niederkrotenthaler T, Braun M, Pirkis J, Till B, Stack S, Sinyor M, Tran US, Voracek M, Cheng Q, Arendt F, Scherr S, Yip PSF, Spittal MJ. Association between suicide reporting in the media and suicide: systematic review and meta-analysis. BMJ. 2020;368:m575. doi: 10.1136/bmj.m575. PMID: 32188637

https://www.univadis.fr/viewarticle/y-a-t-il-plus-de-suicides-apres-le-suicide-d-une-celebrite-717254?

vendredi 13 mars 2020

ETUDE RECHERCHE Acculturation des étudiants journalistes à la prévention du suicide

Acculturation des étudiants journalistes à la prévention du suicide
URL d'accès à la thèse : http://pepite-depot.univ-lille2.fr/nuxeo/site/esup...

Droits d'auteur : Ce document est protégé par le Code de la Propriété Intellectuelle.
Droits d'accès : Accès libre au texte intégral
Langue : Français
Auteur : Slavin, Théodore
Date de soutenance : 18/10/2019
Directeur(s) de thèse : Porte, Amélie
Type de thèse : Doctorat de médecine
Discipline : Médecine. Psychiatrie
Résumé : INTRODUCTION : Le suicide est un problème à l’échelle mondiale avec près de 800 000 décès par an. Le suicide est à la fois un sujet tabou, encore pénalisé dans 25 pays, et l’objet régulier de productions journalistiques. La communication autour des faits suicidaires comporte un potentiel de contagion, via l’effet Werther, ou de prévention, via l’effet Papageno. La diminution de l'effet Werther implique une modification des pratiques journalistiques, dépendant des connaissances et des représentations individuelles. Ces dernières sont les cibles du Programme Papageno via des rencontres-interventions dans des écoles de journalisme. Après une étude sur un premier modèle d'intervention, cette thèse s'intéresse aux résultats du programme selon un deuxième modèle d'intervention. MATERIEL ET METHODE : La rencontre-intervention se déroule en une session unique. Les étudiants journalistes bénéficient de l'intervention d'un psychiatre expert, d'internes psychiatres et d'une professionnelle de la communication. Au cours de cette demi-journée, ; les étudiants rédigent un article court traitant d'un fait suicidaire en se basant sur une dépêche fictive. L'efficacité de l'étude est évaluée par une comparaison avant-après des résultats à deux questionnaires évaluant les connaissances sur le suicide (QECS) et la stigmatisation du suicide (SOSS) RESULTATS : De 2015 à 2018, le Programme est intervenu à 12 reprises auprès de 366 étudiants en journalisme. 212 étudiants ont été inclus. La comparaison avant-après des questionnaires QECS et SOSS retrouve une amélioration significative des résultats au QECS (+1,06 ; p<0,001) tant au niveau épidémiologique (+0,23 ; p=0,016) qu'à propos des effets Werther et Papageno (+0,68 ; p<0,001), sans progression vis à vis des mythes autour du suicide (+0,15 ; p=0,583). Une amélioration des résultats au SOSS (-0,06 ; p=0,011) notamment aux sous-échelles de stigmatisation (-0,05 ; p=0,023) et d'isolement (-0,06 ; p=0,023) est retrouvée ainsi qu'une corrélation négative modérée avec le QECS (r=-0,40 ; p<0,001). DISCUSSION : Cette intervention amène une augmentation des connaissances autour du suicide et une diminution à la limite de la significativité de la stigmatisation, correspondant aux résultats de l'étude préliminaire. Il n'y a cependant pas d'impact significatif sur les mythes autour du suicide, discordant avec l'étude préliminaire. Ces résultats encourageants appellent à la multiplication d'études sur le sujet.

Mot(s)-clé(s) : suicide; contagion; comportement imitatif; Werther; Papageno; journalisme; éducation; prévention, Suicide -- Prévention; Imitation sociale; Suicide--Dans la presse; Écoles de journalisme; Suicide--prévention et contrôle; Mass-médias; Comportement d'imitation

Identifiant : 2019LILUM427
source http://pepite.univ-lille2.fr/notice/view/UDSL2-workflow-13913

lundi 2 mars 2020

ETUDE RECHERCHE Identification aux personnages de fiction : comment standardiser le risque de contagion suicidaire ?

Identification aux personnages de fiction : comment standardiser le risque de contagion suicidaire ?
Christophe Gauld 1

1 CHU - Centre Hospitalier Universitaire [Grenoble]
Résumé : La représentation cinématographique d'un suicide pourrait influencer le taux de suicide, par le biais d'un phénomène d'identification au personnage visualisé à l'écran. Lorsqu'elle conduit à l'imitation du geste suicidaire, cette projection identificatoire, par contagion suicidaire, est nommée « effet Werther » (EW) ; son corollaire, responsable d'une prévention potentielle du phénomène suicidaire, s'intitule « l'effet Papageno » (EP). Cet article a pour but d'analyser le rôle de l'identification au cinéma dans l'appropriation émotionnelle et cognitive de scènes de suicide, et son implication dans les EW et EP. Pour cela, nous nous sommes appuyés sur trois bibliographie scientifiques : celle portant sur la contagion suicidaire, celle portée par les études de communication, et celle offerte par les études sur le cinéma.
Pré-publication, Document de travail

Domaine :   Sciences de l'Homme et Société / Psychologie
Liste complète des métadonnées
Contributeur : Christophe Gauld <chrisgauld@hotmail.fr>
Soumis le : mardi 25 février 2020