D’après article New Understanding of Suicide Attempts Megan Brooks December 29, 2021 https://www.medscape.com*
Nouvelle compréhension des tentatives de suicide
Des chercheurs ont identifié un locus de risque sur le chromosome 7 contenant des variations d'ADN qui augmentent le risque qu'une personne fasse une tentative de suicide, même en l'absence de trouble psychiatrique.
Cette découverte suggère que les fondements génétiques des tentatives de suicide sont partiellement partagés et partiellement distincts de ceux des troubles psychiatriques connexes, notent les chercheurs.
"Cette étude nous rapproche un peu plus de la compréhension de la neurobiologie de la suicidalité, dans le but ultime de développer de nouveaux traitements et stratégies de prévention", a déclaré à Medscape Medical News Niamh Mullins, PhD, du département de psychiatrie et du département de génétique et de génomique de l'Icahn School of Medicine at Mount Sinai à New York.
L'étude a été publiée en ligne le 30 novembre dans Biological Psychiatry. La plus grande étude à ce jour
Dans la plus grande étude d'association génétique sur les tentatives de suicide publiée à ce jour, les chercheurs ont mené une étude d'association à l'échelle du génome (GWAS) sur 29 782 cas de tentatives de suicide et 519 961 témoins du Consortium international de génétique du suicide (ISGC).
Deux loci ont atteint une signification à l'échelle du génome pour les tentatives de suicide - le complexe majeur d'histocompatibilité et un locus intergénique sur le chromosome 7. Ce dernier est resté associé aux tentatives de suicide après conditionnement sur les troubles psychiatriques, et a été reproduit dans une cohorte indépendante de plus de 14 000 anciens combattants du Million Veteran Program.
"Il s'agit du premier locus génétique reproduit qui contribue davantage aux tentatives de suicide qu'aux troubles psychiatriques connexes", a déclaré Mullins à Medscape Medical News.
"L'étude a révélé un chevauchement entre la base génétique des tentatives de suicide et celle des troubles psychiatriques connexes, en particulier la dépression majeure, mais aussi avec celle des facteurs de risque non psychiatriques tels que le tabagisme, la douleur, les comportements à risque, les troubles du sommeil et une mauvaise santé générale", a ajouté Mullins.
"Ces relations génétiques entre la tentative de suicide et les facteurs de risque non psychiatriques n'étaient pas un sous-produit de la maladie psychiatrique comorbide, ce qui suggère qu'il existe une base biologique commune entre la tentative de suicide et les facteurs de risque non psychiatriques", a-t-elle ajouté.
Mullins prévient que les résultats n'ont pas d'impact immédiat sur les soins aux patients.
"Le but ultime de cette recherche est de mieux comprendre les voies biologiques sous-jacentes impliquées dans les tentatives de suicide ou les pensées suicidaires, fournissant ainsi des pistes potentielles pour les traitements et les stratégies de prévention", a-t-elle déclaré à Medscape Medical News.
"Les résultats de l'étude soulignent également l'importance d'étudier les liens de causalité directs potentiels entre ces facteurs de risque et les tentatives de suicide chez les patients atteints ou non de maladies psychiatriques", a ajouté dans un communiqué Douglas Ruderfer, PhD, cofondateur et coprésident du consortium et auteur principal de l'article du Vanderbilt University Medical Center, Nashville, Tennessee.
Biological Psychiatry. Published November 30, 2021. Full text.
Association Between the A118G Polymorphism of the OPRM1
Gene and Suicidal Depression in a Large Cohort of Outpatients with
Depression
Benedicte Nobile
1, 2, *
Emilie Olie
1, 2, 3
Nicolas Ramoz
4
Jonathan Dubois
1, 2
Sebastien Guillaume
1, 2, 3
Philip Gorwood
4
Philippe Courtet
1, 2, 3
*Auteur correspondant
1
CHRU Montpellier - Centre Hospitalier Régional Universitaire [Montpellier]
2
IGF - Institut de Génomique Fonctionnelle
3
Fondation FondaMental [Créteil]
4
IPNP - U1266 Inserm - Institut de psychiatrie et neurosciences de Paris
Abstract : Background: Growing
evidences suggest that depression with suicidal ideation (SI) could be a
specific phenotype with its own characteristics. Moreover, opioid
system deregulation might be implicated in suicidal behaviour (SB). The
aim of this study was to determine whether the A118G polymorphism
(rs1799971) in ORPM1 (the gene encoding opioid receptor mu 1) is
associated with suicidal depression (ie, moderate to severe depression
with SI) in a large cohort of outpatients with depression.
Methods: GENESE is a large, prospective, naturalistic cohort of French
adult outpatients with depression (DSM-IV criteria), treated and
followed for 6 weeks. Depression severity was assessed with the Hospital
Anxiety and Depression Scale (HADS), and SI with the suicidal item of
the Montgomery-Åsberg Depression Rating Scale (MADRS-SI). From this
cohort, patients with moderate or severe depression (HADS-D subscale
score >11) were selected and classified as without SI (MADRS-SI <
2), or with SI (MADRS-SI ≥ 2).
Results: The AA/AG genotypes of the A118G polymorphism were
significantly associated with suicidal depression in the non-adjusted
(OR = 2.32, 95% CI = [1.28; 4.18]; p-value = 0.005) and in the adjusted
models (OR = 2.54, 95% CI = [1.35; 4.78]; p-value = 0.004).
Conclusion: Outpatients with depression harbouring the A allele are at
higher risk of SI (and possibly SB) than those carrying the G allele.
More studies are needed to better understand the link between this
polymorphism and SB.
Soumis le : jeudi 4 novembre 2021 - 11:49:02 Dernière modification le : vendredi 5 novembre 2021 - 04:23:03 Lien texte intégral https://www.dovepress.com/getfile.php?fileID=74926 Citation Benedicte Nobile, Emilie Olie, Nicolas Ramoz, Jonathan Dubois, Sebastien Guillaume, et al.. Association Between the A118G Polymorphism of the OPRM1 Gene and Suicidal Depression in a Large Cohort of Outpatients with Depression. Neuropsychiatric Disease and Treatment, Dove Medical Press, 2021, 17, pp.3109-3118. ⟨10.2147/NDT.S324868⟩. ⟨hal-03414253⟩
Exploration de la relation entre inflammation et
intégrité de la barrière hémato-encéphalique dans les conduites
suicidaires Marine Bonnin
1 1
UM Médecine - Université de Montpellier -
Faculté de Médecine Montpellier-Nîmes Résumé : Depuis plusieurs
années, l’hypothèse inflammatoire est mise à l’honneur, permettant
d’affirmer qu’une inflammation de bas grade participe à l’apparition
d’un processus suicidaire, indépendamment des pathologies psychiatriques
associées. La barrière hématoencéphalique (BHE), entité indispensable
au maintien de l’homéostasie cérébrale, régule drastiquement le dialogue
cerveau-périphérie. Or, en condition pro-inflammatoire, cette fonction
barrière est altérée, entrainant l’entretien et la fuite de marqueurs
inflammatoires. Ainsi, nous pouvons formuler l’hypothèse qu’une
perméabilité de la BHE est impliquée dans la physiopathologie propre aux
conduites suicidaires. Méthodes : trois groupes de sujets ont été
recrutés : un groupe « primo-suicidants » ayant réalisé une tentative de
suicide (TS) récente, un groupe « témoins affectifs » ayant un
diagnostic de dépression sans antécédent de TS, et un groupe « témoins
sains » sans pathologie psychiatrique. Un prélèvement sanguin permettra
de mesurer le taux de protéine S100B, véritable reflet de la
perméabilité de la BHE. À cela s’ajoute le dosage des différents
marqueurs inflammatoires cellulaires, dont un phénotypage lymphocytaire
par cytométrie en flux. Résultats : 38 sujets ont été inclus dans
l’étude ; dont 10 « primo-suicidants », 19 « témoins affectifs » et 9 «
témoins sains ». Des contraintes organisationnelles ont retardé
l’obtention du taux de protéine S100B périphérique. Cependant, nos
résultats préliminaires ont permis d’identifier une augmentation de
cellules inflammatoires (leucocytes, polynucléaires neutrophiles (PNN),
plaquettes, rapport PNN/lymphocytes) dans le groupe de sujets déprimés
comparativement aux sujets sains. Une association entre ces marqueurs et
différents facteurs de vulnérabilité suicidaire (tels que la douleur
psychologique et le sentiment de solitude) a également été démontrée. De
façon intéressante, le phénotypage lymphocytaire a mis en évidence une
diminution globale des lymphocytes T, associée à une augmentation
concomitante de leur sous-type double positif CD4+CD8+ chez les sujets
déprimés. Conclusion : cette étude suggère l’existence d’un lien entre
inflammation cellulaire, dépression et suicidalité. La poursuite du
projet est nécessaire pour étayer le rôle de la barrière
hématoencéphalique dans les conduites suicidaires. Soumis le : mercredi 2 décembre 2020 - 17:09:35 Dernière modification le : samedi 8 mai 2021 - 03:12:38 Fichier BONNIN Marine_thèse.pdf Source https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-03036613
Can seizure therapies and noninvasive brain stimulations prevent suicidality? A systematic review
Yiming Chen, Shanghai Mental Health Center, Shanghai Jiao Tong University School of Medicine, Shanghai, China
Charline Magnin, Department of Emergency Psychiatry, Edouard Herriot Hospital, Hospices Civils de Lyon, Lyon, France
Jérome Brunelin, INSERM U1028, CNRS UMR5292, Lyon Neuroscience Research Center, PSYR2 Team, University of Lyon, CH Le Vinatier, Lyon, France
Edouard Leaune, INSERM U1028, CNRS UMR5292, Lyon Neuroscience Research Center, PSYR2 Team, University of Lyon, CH Le Vinatier, Lyon, France
Yiru Fang, Shanghai Mental Health Center, Shanghai Jiao Tong University School of Medicine, Shanghai, China CAS Center for Excellence in Brain Science and Intelligence Technology, Shanghai, China Shanghai Key Laboratory of Psychotic disorders, Shanghai, China Correspondence Yiru Fang, Shanghai Mental Health Center, Shanghai Jiao Tong University School of Medicine, Shanghai 200030, China. Email: yirufang@aliyun.com
Emmanuel Poulet, Department of Emergency Psychiatry, Edouard Herriot Hospital, Hospices Civils de Lyon, Lyon, France INSERM U1028, CNRS UMR5292, Lyon Neuroscience Research Center, PSYR2 Team, University of Lyon, CH Le Vinatier, Lyon, France
Suicide is a major public health issue and the
majority of those who attempt suicide suffer from mental disorders.
Beyond psychopharmacotherapy, seizure therapies and noninvasive brain
stimulation interventions have been used to treat such patients.
However, the effect of these nonpharmacological treatments on the
suicidal ideation and incidence of suicidality remains unclear. Here, we
aimed to provide an update on the effects of seizure therapies and
noninvasive brain stimulation on suicidality.
Methods
We conducted a systematic review of the literature in the PubMed, EMBASE, Cochrane Central Register of Controlled Trials, Elsevier ScienceDirect, and Wiley Online Library databases using the MeSH terms “Electroconvulsive Therapy”, “Magnetic Seizure Stimulation”, “repetitive Transcranial Magnetic Stimulation”, “transcranial Direct Current Stimulation”, “Cranial Electrostimulation” and “suicide”. We included studies using seizure therapies and noninvasive brain stimulation as a main intervention that evaluated suicidality, regardless of diagnosis. Results
Among 1,019 records screened, 26 studies met the inclusion criteria using either electroconvulsive therapy (n = 14), magnetic seizure therapy (n = 2), repetitive transcranial magnetic stimulation (n = 9), or transcranial direct current stimulation (n = 1).
We observed that studies reported significant results, suggesting these
techniques can be effective on the suicidal dimension of mental health
pathologies, but a general statement regarding their efficacy is
premature due to limitations.
Conclusions
Future enquiry is necessary to address methodological limitations and evaluate the long‐term efficacy of these methods both alone and in combination with pharmacotherapy and/or psychotherapy.
PREFRONTAL ACTIVITY DURING EXPERIMENTAL OSTRACISM AND DAILY PSYCHACHE IN SUICIDE ATTEMPTERS
Emilie OliéMD, PhD 12Mathilde Husky PhD 5 Emmanuelle Le Bars PhD 34 Jeremy Deverdun PhD 4 Nicolas Menjotde Champfleur MD, PhD 34Adrian Alacreu Crespo PhD 12 Joel Swendsen PhD 6 PhilippeCourtet MD, PhD12
1 PSNREC, Univ Montpellier, INSERM, CHU de Montpellier, Montpellier, France 2 Department of Emergency Psychiatry and Acute Care, Lapeyronie Hospital, CHU Montpellier, Montpellier, France 3 Department
of Neuroradiology, Academic hospital of Montpellier & U1051,
Institut of Neurosciences of Montpellier, Montpellier, France 4 I2FH, Institut d'Imagerie Fonctionnelle Humaine, Montpellier University Hospital, Gui de Chauliac Hospital, Montpellier, France 5 University of Bordeaux, CNRS UMR 5287, EPHE PSL Research University, Bordeaux, France 6 EPHE PSL Research University, University of Bordeaux CNRS 5287, Institut Universitaire de France
Received 6 November 2020, Revised 12 January 2021, Accepted 31 January 2021, Available online 9 February 2021. Journal of Affective Disorders Available online 9 February 2021
Highlights • Psychological pain is a salient dimension in past suicide attempters • fMRI scanner has a meaningful relationship with real-world experience in suicide attempters • Prefrontal activity during Cyberball Game is related to emergence of psychological pain
Abstract
Background
: Suicidal behaviors can result from a complex interaction between social stressors and individual vulnerability. Evidence suggests a specific neural processing of social cues in suicide attempters without knowledge of how it relates to real-world experiences.
Objective
: To investigate the association between brain activity during experimental social exclusion (measured by functional MRI) and psychological pain in daily life (assessed by Ecological Momentary Assessment) in patients with a lifetime history of suicide attempt.
Methods
: Thirty-three euthymic females with a history of a major depressive episode were recruited: 13 suicide attempters and 20 affective controls (no history of suicide attempt). Functional MRI scans were acquired while participants played the Cyberball game, a validated social exclusion paradigm. After fMRI, participants completed EMA for a one-week period. Five times per day, they were asked to rate their psychological pain, hopelessness and the negativity of daily events. EMA indices (psychological pain, hopelessness and their interaction with negative events) were correlated with cerebral activations using a ROI approach (orbitofrontal, dorsal and ventrolateral prefrontal cortices, anterior cingulate cortex and insula) in each group.
Results
: We found a negative correlation between daily ratings of psychological pain and orbitofrontal activation for exclusion versus inclusion during the Cyberball game in suicide attempters but not in affective controls. We did not find correlations between cerebral activation and daily hopelessness ratings.
Limitations : Small sample size
Conclusion
: Scanner-based orbitofrontal activity during social exclusion relates to psychological pain in daily life which participates in suicide risk among vulnerable individuals.
Keywords Social exclusion Ecological Momentary Assessment psychological pain suicide fMRI
Review article : Cerebrospinal fluid levels of monoamines among suicide attempters: a systematic review and random-effects meta-analysis
Author links open overlay panelNicolas Hoertel 123 Hélène Cipel 1 Carlos Blanco4 Maria A. Oquendo 5 Pierre Ellul 6 Edourd Leaune 7 Frédéric Limosin 123 Hugo Peyre 6 Jean-François Costemale-Lacoste 89 1Université de Paris, Faculté de Santé, UFR de Médecine, Paris, France 2AP-HP, Hôpital Corentin-Celton, DMU Psychiatrie et Addictologie, Département de Psychiatrie 3INSERM, Institut de Psychiatrie et Neurosciences de Paris (IPNP), UMR_S1266, Paris, France 4Division of Epidemiology, Services, and Prevention Research, National Institute on Drug Abuse, Bethesda, Maryland 5Perelman School of Medicine, University of Pennsylvania 6Child and Adolescent Psychiatry, Robert Debré Hospital, Paris Diderot University, Sorbonne Paris Cité, Paris, France 7CPS/Psymobile - CH Le Vinatier / IRPhiL - Université Lyon 3, France 8GHU Paris, Psychiatrie et Neurosciences, Paris University 9INSERM UMRS 1178, CESP, Team « MOODS » Le Kremlin-Bicêtre, France
Journal of Psychiatric Research Available online 3 February 2021
It
remains unclear whether the dopaminergic and noradrenergic systems may
be implied in suicide attempt risk. In addition, although the
serotonergic system has been extensively studied, no formal
meta-analysis has been performed to examine its association with suicide
attempt.
Methods
Using
PRISMA methodology, we performed a systematic literature review and
random-effects meta-analyses of the differences in cerebrospinal fluid
(CSF) levels of 5-HIAA, HVA and MHPG between suicide attempters and
individuals who never attempted suicide.
Results
We
identified 30 studies including 937 suicide attempters and 1128
non-attempters; 29 of them measured CSF levels of 5-HIAA, 22 measured
CSF levels of HVA and 14 measured CSF levels of MHPG. CSF levels of
5-HIAA and HVA were significantly lower in suicide attempters than in
non-attempters [SMD= -0.43 (95% CI: -0.71 to -0.15; p<0.01) and SMD=
-0.45 (95% CI: -0.72 to -0.19; p<0.01), respectively]. We did not
find a significant association between CSF MHPG levels and suicide
attempt.
Limitations
Our analyses relied on a limited number of studies of good quality and most studies included small sample sizes.
Conclusion
Both
serotonin and dopamine systems may play a role in suicide attempt risk.
Our findings suggest that a silo approach to biomarkers should be
phased out in favor of the study of multiple systems in parallel and in
the same populations to progress in the identification of the biological
components independently associated with suicide risk, with the goal of
identifying new treatment targets and improving suicide risk
prediction.
Article : Les hommes décédés par suicide auraient un point commun, une composition du cerveau différente Par Mathilde Ragot le 8 février 2021 https://www.maxisciences.com*
Une dépression chronique pouvant mener au suicide a de nombreux causes psychologiques et physiologiques différentes. Des scientifiques canadiens viennent d'en identifier une nouvelle : un "dysfonctionnement astrocytaire" dans le cerveau.
Le trouble dépressif majeur, ou dépression clinique, se caractérise un sentiment persistant de tristesse et de perte d'intérêt pour le quotidien, pouvant provoquer des problèmes émotionnels et physiques graves allant jusqu'au suicide.
Alors afin de mieux comprendre ce qu’il se passe chimiquement dans la tête des personnes affectées, les chercheurs de l’Institut universitaire en santé mentale Douglas (Canada) ont étudié la composition cellulaire du cerveau d’hommes dépressifs décédés par suicide. Or d’après leurs conclusions, publiées dans la revue Frontiers in Psychiatry ce 4 février 2021, ceux-ci partageaient un point commun. Une diminution du nombre d’astrocytes
Les scientifiques ont identifié, à travers d’analyses post-mortem sur les tissus, une différence notable entre la composition cellulaire du cerveau chez les individus qui se sont suicidés en comparaison à celle d'individus décédés subitement d'autres causes : le nombre d’astrocytes, des cellules en forme d’étoiles indispensables pour un fonctionnement optimal des neurones, était réduit chez ces premiers.
Mais si ce nombre diffère, les personnes dépressives présentaient toutefois des astrocytes avec une structure similaire à celle des personnes en bonne santé psychiatrique, ce qui signifie que ces cellules ne seraient pas directement altérées par la dépression. Naguib Mechawar, professeur de psychiatrie à l’Université McGill (Canada) et auteur principal de cet article, indique ainsi dans un communiqué : Cette recherche indique que la dépression peut être liée à la composition cellulaire du cerveau. La nouvelle prometteuse est que contrairement aux neurones, le cerveau humain adulte produit continuellement de nombreux nouveaux astrocytes. Des traitements pour cibler le phénomène Trouver des moyens de renforcer ces fonctions cérébrales naturelles peut améliorer les symptômes chez les personnes dépressives, continue-t-il.
Les chercheurs préconisent de développer des médicaments qui pourraient neutraliser cette perte d'astrocytes. Pour le moment, aucun antidépresseur ne cible spécifiquement ces cellules. Mais la kétamine, traitement relativement nouveau et salvateur chez les patients pour lesquels aucun autre ne marche, corrige indirectement les anomalies astrocytaires.
Les auteurs de l’étude soulignent toutefois les limites de leurs recherches, notamment le fait que les échantillons aient été issus de patients masculins exclusivement. Ils souhaitent ainsi élargir les données, "car il est désormais connu que la neurobiologie de la dépression diffère de manière assez significative entre les hommes et les femmes", écrivent-ils.
#PsyJournalClub 3 : Quels sont les corrélats cérébraux du risque suicidaire chez les patients ayant une schizophrénie débutante ?
Publié
le mercredi 6 janvier 2021 https://www.encephale.com/*
L'Encephale online@encephaleonline
Dans ce thread, Lucie Berko vous invite à échanger autour d'une étude
explorant l'activité du cortex préfrontal chez des patients ayant une
schizophrénie débutante avec ou sans antécédent de tentative de suicide.
N'hésitez pas à poursuivre la conversation sur Twitter !
La découverte génétique pourrait permettre de mieux évaluer le risque de suicide au sein des familles titre original Genetic Discovery Could Lead to Better Prediction of Suicide Risk Within Families Media Contacts Doug Dollemore Senior Science Writer, University of Utah Health Email: doug.dollemore@hsc.utah.edu
25 nov. 2020 https://healthcare.utah.edu/*
Les chercheurs de l'Institut de santé mentale Huntsman de l'Université de l'Utah ont détecté plus de 20 gènes qui pourraient jouer un rôle dans la mort par suicide.
Toutes les 11 minutes, un Américain se suicide. Cela représente 132 personnes par jour, soit plus de 48 000 par an. Pour ceux qui restent, la question obsédante est de savoir pourquoi.
Un facteur émergent est l'histoire de la famille. L'exemple le plus célèbre est peut-être la famille d'Ernest Hemingway. En plus de son propre suicide en 1961, le père, la soeur, le frère et la nièce du romancier se sont suicidés - en tout, cinq décès par suicide en trois générations. Mais il existe aussi des milliers de familles dans le monde entier qui ont un passé similaire et qui obligent les chercheurs à étudier la génétique des actes suicidaires.
Dans une nouvelle analyse de ce risque, des chercheurs de l'Institut de santé mentale Huntsman de l'Université de l'Utah ont détecté plus de 20 gènes qui pourraient jouer un rôle dans ces décès. L'étude, qui est l'une des premières analyses complètes du décès par suicide à l'échelle du génome, a également mis en évidence d'importantes interconnexions génétiques avec des maladies psychiatriques et des comportements associés au suicide, notamment le trouble bipolaire, la schizophrénie et les troubles du spectre autistique.
"Cette étude et d'autres qui suivront vont nous permettre de mieux comprendre la constellation des facteurs de risque associés au suicide et de contribuer à réduire la stigmatisation qui y est associée".
Les chercheurs affirment que l'étude établit que la mort par suicide est partiellement héréditaire et qu'elle suit dans les familles indépendamment des effets d'un environnement commun. L'identification de ces facteurs de risque génétiques, disent-ils, pourrait permettre de mieux évaluer qui pourrait être exposé au risque de suicide et d'élaborer de nouvelles stratégies pour empêcher le pire de se produire.
"Ce qui est important dans cette étude, c'est que, en utilisant l'ensemble du génome, nous avons créé un score de risque génétique de suicide qui prédit le statut de cas-témoins en laboratoire", explique Anna R. Docherty, Ph.D., auteur principal de l'étude, généticienne quantitative à l'Institut de santé mentale Huntsman et professeur adjoint de psychiatrie à l'Université de la santé. "Cela peut également nous aider à étudier comment la génétique et l'environnement interagissent pour augmenter le risque de suicide. Nous sommes loin d'utiliser un quelconque score de risque génétique dans la clinique, mais c'est la première étape pour quantifier le risque biologique de suicide chez un individu".
Bien que le stress, la solitude, les difficultés financières, les traumatismes de l'enfance et d'autres problèmes environnementaux puissent contribuer à la mort par suicide, les scientifiques pensent depuis longtemps que d'autres facteurs doivent intervenir.
"Lorsque je dis aux gens que le risque de suicide est estimé entre 45 et 55 % d'origine génétique, ils ont l'air très surpris", déclare le docteur Douglas Gray, co-auteur de l'étude et professeur de pédopsychiatrie spécialisé dans la prévention du suicide. Ils disent : "Non, c'est dû à la perte d'un emploi, à un sentiment d'impuissance ou à une rupture amoureuse". Si la rupture romantique était la cause du suicide, nous serions tous morts".
Auparavant, l'équipe de l'université de l'Utah Health avait identifié quatre variantes de gènes susceptibles d'amplifier le risque de suicide, sur la base d'un examen approfondi de 43 familles à haut risque. Mais cette recherche, comme beaucoup d'autres études sur le suicide génétique, s'est concentrée sur des segments génétiques spécifiques du génome humain.
Pour obtenir une image plus complète des gènes potentiellement impliqués dans le suicide, Docherty et ses collègues ont utilisé la technologie informatique pour analyser des millions de variantes d'ADN dans 3 413 échantillons obtenus auprès du bureau du médecin légiste de l'Utah. Certains de ces sujets qui s'étaient suicidés avaient des antécédents familiaux de suicide, mais d'autres n'en avaient pas.
Il s'agit du plus grand échantillon de décès par suicide au monde, ce qui constitue une amélioration majeure par rapport aux études génétiques précédentes. Ces échantillons ont été comparés à l'ADN de plus de 14 000 personnes ayant des ascendances correspondantes en dehors de l'État et qui ne sont pas mortes par suicide. Ils ont également examiné les dossiers médicaux pour déterminer les conditions de santé mentale et physique.
En utilisant une procédure appelée genome-wide association study (GWAS) , les chercheurs ont examiné les variantes génétiques connues sous le nom de SNP (prononcer "snips"), qui sont essentiellement des morceaux du code génétique. Ces millions de SNPs les ont aidés à identifier 22 gènes potentiellement impliqués dans un risque accru de décès par suicide, situés sur quatre chromosomes. Mais en utilisant ces millions de SNP dans une même formule, ils ont également été en mesure d'évaluer et d'évaluer le statut de suicide à partir de deux ensembles de données distincts.
Ils ont ensuite noté les décès par suicide en fonction des risques génétiques liés à d'autres problèmes, afin de voir si les personnes décédées par suicide pouvaient avoir des risques liés à des affections non mentionnées dans leur dossier médical. Les personnes décédées par suicide présentaient des risques génétiques significativement élevés d'impulsivité, de schizophrénie et de dépression majeure - des facteurs de risque critiques pour les décès par suicide.
Toutefois, les chercheurs soulignent que la génétique n'est qu'un des nombreux facteurs qui peuvent contribuer à la mort par suicide.
"La mort par suicide nécessite généralement une cascade d'événements", explique M. Gray. "Cette cascade pourrait inclure une prédisposition génétique combinée à une maladie mentale non traitée ou insuffisamment traitée, à la toxicomanie, aux tensions de la vie quotidienne lorsque le cerveau ne fonctionne pas bien, à la disponibilité des armes à feu et à un dernier facteur de stress instigateur, comme une rupture romantique, qui conduit à une tragédie".
Parmi les limites de l'étude, il faut noter que la majorité des cas de suicide sont d'origine nord-européenne. Tous les individus ayant un échantillon d'ADN dans l'analyse n'avaient pas de données disponibles dans leur dossier médical pour clarifier la présence ou l'absence d'un diagnostic de santé mentale. Les données manquantes peuvent signifier l'absence de diagnostic en raison de soins en dehors de l'État, d'un manque d'assurance, de facteurs culturels ou d'une stigmatisation.
À l'avenir, les chercheurs prévoient de mener des études plus vastes et plus diversifiées sur les décès par suicide, qui incluront des personnes d'origine mexicaine et amérindienne.
"Cette étude et d'autres qui suivront vont nous permettre de mieux comprendre la constellation des facteurs de risque associés au suicide et de contribuer à réduire la stigmatisation qui y est associée", déclare M. Docherty. "Nous espérons qu'elle encouragera les familles ayant des antécédents de suicide à en apprendre davantage et à discuter des facteurs de risque et de protection, comme elles le feraient pour d'autres affections médicales telles que l'hypertension ou les maladies cardiovasculaires".
Etude Citée : Genome-Wide Association Study of Suicide Death and Polygenic Prediction of Clinical Antecedents Anna R. Docherty, Ph.D., Andrey A. Shabalin, Ph.D., Emily DiBlasi , Ph.D., Eric Monson, M.D.,Niamh Mullins , Ph.D.,Daniel E. Adkins, Ph.D., Silviu-Alin Bacanu , Ph.D.,Amanda V. Bakian, Ph.D.,Sheila Crowell, Ph.D., Danli Chen, Ph.D.,Todd M. Darlington, Ph.D.,William B. Callor, M.S., Erik D. Christensen, M.D., Douglas Gray, M.D.,Brooks Keeshin, M.D.,Michael Klein, M.S.,John S. Anderson, B.S.,Leslie Jerominski , M.S.,Caroline Hayward, Ph.D.,David J. Porteous, Ph.D.,Andrew McIntosh, M.D.,Qingqin Li, Ph.D.,Hilary Coon, Ph.D.
Death
by suicide is a highly preventable yet growing worldwide health crisis.
To date, there has been a lack of adequately powered genomic studies of
suicide, with no sizable suicide death cohorts available for analysis.
To address this limitation, the authors conducted the first
comprehensive genomic analysis of suicide death using previously
unpublished genotype data from a large population-ascertained cohort. Methods:
The
analysis sample comprised 3,413 population-ascertained case subjects of
European ancestry and 14,810 ancestrally matched control subjects.
Analytical methods included principal component analysis for ancestral
matching and adjusting for population stratification, linear mixed model
genome-wide association testing (conditional on genetic-relatedness
matrix), gene and gene set-enrichment testing, and polygenic score
analyses, as well as single-nucleotide polymorphism (SNP) heritability
and genetic correlation estimation using linkage disequilibrium score
regression. Results:
Genome-wide association analysis
identified two genome-wide significant loci (involving six SNPs:
rs34399104, rs35518298, rs34053895, rs66828456, rs35502061, and
rs35256367). Gene-based analyses implicated 22 genes on chromosomes 13,
15, 16, 17, and 19 (q<0.05). Suicide death heritability was estimated
at an h2SNP value of 0.25 (SE=0.04) and a value of 0.16 (SE=0.02) when
converted to a liability scale. Notably, suicide polygenic scores were
significantly predictive across training and test sets. Polygenic scores
for several other psychiatric disorders and psychological traits were
also predictive, particularly scores for behavioral disinhibition and
major depressive disorder. Conclusions:
Multiple genome-wide
significant loci and genes were identified and polygenic score
prediction of suicide death case-control status was demonstrated,
adjusting for ancestry, in independent training and test sets.
Additionally, the suicide death sample was found to have increased
genetic risk for behavioral disinhibition, major depressive disorder,
depressive symptoms, autism spectrum disorder, psychosis, and alcohol
use disorder compared with the control sample. https://ajp.psychiatryonline.org/doi/10.1176/appi.ajp.2020.19101025
La neuroimagerie : un aperçu du cerveau des personnes suicidaires
18 novembre, 2020 https://www.leroyal.ca/*
De gauche à droite, Patricia Burhunduli, la Dre Jennifer Phillips et Katie Vandeloo, des chercheuses du Royal.
Comprendre l’évolution de la dépression réfractaire aux traitements
Le suicide est la deuxième cause de décès chez les adolescents et les jeunes adultes au Canada. Chaque année, 4 000 personnes se suicident au Canada seulement. Les idées suicidaires, c’est-à-dire penser au suicide, l’envisager ou le planifier, sont un symptôme courant chez les patients atteints de dépression majeure.
Pourtant, malgré la forte prévalence du suicide, nous en savons très
peu sur ses fondements biologiques et il existe peu de traitements.
La Dre Jennifer Phillips est chercheuse associée à l’Unité de
recherche sur les troubles de l’humeur de l’Institut de recherche en
santé mentale (IRSM) du Royal. Avec son équipe de recherche, elle étudie
actuellement les biomarqueurs cérébraux qui sont associés aux personnes
atteintes de dépression réfractaire aux traitements et qui présentent
le plus grand risque de suicide.
En utilisant les techniques d’imagerie par résonance magnétique (IRM)
du Centre d’imagerie cérébrale du Royal, l’équipe de recherche examine
la structure du cerveau en mesurant le volume de diverses régions
cérébrales, l’épaisseur du tissu cérébral et les trajets de la substance
blanche qui relient les différentes zones du cerveau. Elle étudie
également l’activité cérébrale afin d’identifier les réseaux ou circuits
qui peuvent être associés aux pensées suicidaires et aux tentatives de
suicide.
Les données d’imagerie des participants à l’étude sont ensuite
combinées aux facteurs cliniques et aux traits comportementaux associés
au suicide, notamment l’impulsivité, le désespoir, le stress ressenti et
les traumatismes subis pendant l’enfance.
« L’un des plus grands défis de la recherche en santé mentale est la
prévention du suicide », déclare la Dre Phillips. « Les pensées
suicidaires peuvent être très courantes chez les personnes atteintes
d’une maladie mentale, mais toutes ne progresseront pas vers une
tentative de suicide. Apprendre à identifier les personnes les plus à
risque est un objectif clé dans ce domaine. »
Les biomarqueurs
En plus d’examiner la neuroimagerie et les facteurs de risque
cliniques, l’équipe combine les données d’imagerie sur le suicide avec
des marqueurs d’inflammation dans le sang des participants, qui se sont
révélés élevés chez les personnes qui s’étaient suicidées. Il s’agit de
l’une des premières études du genre à combiner ces facteurs. L’équipe
espère découvrir de précieux biomarqueurs des idées suicidaires chez les
patients atteints de dépression réfractaire aux traitements, afin
d’identifier d’éventuelles cibles de traitement.
« La dépression est si complexe et difficile à comprendre, et il
existe de nombreux facteurs qui peuvent conduire à la dépression et aux
idées suicidaires », explique Patricia Burhunduli, une étudiante en
médecine (M.D./Ph.D.) qui travaille sur l’étude aux côtés de la Dre
Phillips. « Cette étude nous fait progresser vers une meilleure capacité
à identifier les patients atteints d’un trouble dépressif majeur et qui
présentent le plus grand risque de suicide, ce qui peut ouvrir la voie à
des traitements plus efficaces et à de meilleures mesures de
prévention. »
« Apprendre à identifier les personnes les plus à risque est un objectif clé dans ce domaine. »
– Dre Jennifer Phillips, chercheuse associée à l’Unité de recherche sur les troubles de l’humeur du RoyalLes
personnes atteintes d’une dépression réfractaire aux traitements
peuvent avoir une structure ou une fonction cérébrale différente des
autres, mais les chercheurs ne savent toujours pas pourquoi. Katie
Vandeloo, une autre étudiante diplômée qui travaille sur cette étude, a
examiné les scintigraphies cérébrales de personnes en bonne santé, de
personnes ayant des pensées suicidaires et d’autres encore ayant fait
des tentatives de suicide, afin de caractériser un spectre de
biomarqueurs cérébraux et de déterminer ce qui est unique chez les
personnes atteintes de dépression, d’idées et de comportements
suicidaires.
« Nous n’avons pas vraiment de traitements personnalisés en santé
mentale pour l’instant », explique-t-elle. « Les personnes atteintes de
dépression consultent un médecin et commencent à prendre des
médicaments, mais le même traitement est administré à tout le monde. »
Cette étude multidimensionnelle permet à l’équipe de recherche d’examiner le suicide depuis les perspectives biologique, clinique et psychosociale, ce qui est essentiel pour progresser vers la prévention du suicide.
L’étude compte actuellement 50 participants, dont 38 personnes
atteintes de dépression réfractaire aux traitements et 12 sujets témoins
en bonne santé. Les participants ne viennent au Centre d’imagerie
cérébrale du Royal qu’une seule fois, pour effectuer une scintigraphie
cérébrale de 45 minutes qui permet d’obtenir des images de différentes
régions du cerveau. Une fois l’étude terminée, tous les participants
atteints de dépression réfractaire aux traitements reçoivent une
consultation, au cours de laquelle un clinicien établit un plan de
traitement personnalisé.
L’objectif final de l’étude est de définir à quoi ressemble
réellement un cerveau suicidaire et de comprendre la progression des
idées suicidaires aux tentatives de suicide, afin de renseigner et de
cibler plus efficacement le traitement des personnes ayant des idées
suicidaires et une dépression réfractaire aux traitements.
« Cette étude nous fait progresser
vers une meilleure capacité à identifier les patients atteints d’un
trouble dépressif majeur et qui présentent le plus grand risque de
suicide, ce qui peut ouvrir la voie à des traitements plus efficaces et à
de meilleures mesures de prévention. »
– Patricia Burhunduli, étudiante en médecine (M.D./Ph.D.) à l’Unité de recherche sur les troubles de l’humeur du Royal
Candidate Biomarkers of Suicide Crisis Syndrome: What to Test Next? A Concept Paper
Raffaella Calati
1, 2, 3
Charles Nemeroff
Jorge Lopez-Castroman
4
Lisa Cohen
1
Igor Galynker
1
1
MSSM - Icahn School of Medicine at Mount Sinai [New York]
2
University of Milan - Bicocca
3
CHRU Nîmes - Centre Hospitalier Régional Universitaire de Nîmes
4
Neuropsychiatrie : recherche épidémiologique et clinique
Abstract : BACKGROUND:
There has been increasing interest in both suicide-specific diagnoses
within the psychiatric nomenclature and related biomarkers. Because the
Suicide Crisis Syndrome-an emotional crescendo of several interrelated
symptoms-seems to be promising for the identification of individuals at
risk of suicide, the aim of the present paper is to review the putative
biological underpinnings of the Suicide Crisis Syndrome symptoms
(entrapment, affective disturbance, loss of cognitive control,
hyperarousal, social withdrawal).
METHODS:
A PubMed literature search was performed to identify studies reporting a
link between each of the 5 Suicide Crisis Syndrome symptoms and
biomarkers previously reported to be associated with suicidal outcomes.
RESULTS:
Disturbances in the hypothalamic-pituitary-adrenal axis, with
dysregulated corticotropin-releasing hormone and cortisol levels, may be
linked to a sense of entrapment. Affective disturbance is likely
mediated by alterations in dopaminergic circuits involved in reward and
antireward systems as well as endogenous opioids. Loss of cognitive
control is linked to altered neurocognitive function in the areas of
executive function, attention, and decision-making. Hyperarousal is
linked to autonomic dysregulation, which may be characterized by a
reduction in both heart rate variability and electrodermal activity.
Social withdrawal has been associated with oxytocin availability. There
is also evidence that inflammatory processes may contribute to
individual Suicide Crisis Syndrome symptoms.
CONCLUSION:
The Suicide Crisis Syndrome is a complex syndrome that is likely the
consequence of distinct changes in interconnected neural,
neuroendocrine, and autonomic systems. Available clinical and research
data allow for development of empirically testable hypotheses and
experimental paradigms to scrutinize the biological substrates of the
Suicide Crisis Syndrome.
RAPPORT de I 'Académie nationale de médecine dans sa séance du mardi 26 novembre 2019 Les Biomarqueurs en Psychiatrie
MOTS-CLEFS : Biomarqueurs, Trouble Bipolaire, Schizophrénie, Conduites Suicidaires, Autisme, TroubleObsessionnel Compulsif, Troubles du Comportement Alimentaire, Maladie d'Alzheimer, Inflammation Chronique en Psychiatrie. Bernard Bioulac, Patrice Debré, Jean-Jacques Hauw, Francis Galibert (rapporteurs)Au nom de la commission I (Biologie - Génétique - Technologie biomédicale)
Ce que la neurobiologie peut nous dire sur le suicide
Les mécanismes biochimiques dans le cerveau qui sous-tendent le comportement suicidaire commencent à apparaître, et les chercheurs espèrent qu'ils pourraient un jour conduire à de meilleures stratégies de traitement et de prévention.
Lire la suite en anglais What Neurobiology Can Tell Us About Suicide, Jan 13, 2020 Catherine Offord https://www.the-scientist.com/features/what-neurobiology-can-tell-us-about-suicide-66922
1 Department of Psychiatry, Mount Sinai Beth Israel, New York, NY, USA.
2 Icahn School of Medicine at Mount Sinai, New York, NY, USA.
3 Department of Psychology, University of Milano-Bicocca, Milan, Italy.
4 Department of Adult Psychiatry, Nîmes University Hospital, Nîmes, France.
5 Department of Psychiatry, University of Texas Dell Medical School, Austin, TX, USA.
6 INSERM, University of Montpellier, Neuropsychiatry: Epidemiological and Clinical Research, Montpellier, France.
Int J Neuropsychopharmacol. 2019 Nov 29.
Abstract
BACKGROUND:
There has been increasing interest in both suicide-specific diagnoses within the psychiatric nomenclature and related biomarkers. Because the Suicide
Crisis Syndrome (SCS)--an emotional crescendo of several interrelated
symptoms--seems to be promising for the identification of individuals at
risk of suicide,
the aim of the present paper is to review the putative biological
underpinnings of the SCS symptoms (entrapment, affective disturbance,
loss of cognitive control, hyperarousal, social withdrawal).
METHODS:
A
PubMed literature search was performed to identify studies reporting a
link between each of the 5 SCS symptoms and biomarkers previously
reported to be associated with suicidal outcomes.
RESULTS:
Disturbances
in the hypothalamic-pituitary-adrenal axis, with dysregulated
corticotropin-releasing hormone and cortisol levels, may be linked to a
sense of entrapment. Affective disturbance is likely mediated by
alterations in dopaminergic circuits involved in reward and anti-reward
systems, as well as endogenous opioids. Loss of cognitive control is
linked to altered neurocognitive function in the areas of executive
function, attention, and decision-making. Hyperarousal is linked to
autonomic dysregulation, which may be characterized by a reduction in
both heart rate variability and electrodermal activity. Social
withdrawal has been associated with oxytocin availability. There is also
evidence that inflammatory processes may contribute to individual SCS
symptoms.
CONCLUSION:
The SCS is a complex syndrome that
is likely the consequence of distinct changes in interconnected neural,
neuroendocrine and autonomic systems. Available clinical and research
data allow for development of empirically testable hypotheses and
experimental paradigms to scrutinize the biological substrates of the
SCS.
Biological bases of suicidal behaviours: a narrative review.
Lengvenyte A 1,2, Conejero I 3,4, Courtet P1,3, Olié E 1,3.
1 Department of Emergency Psychiatry & Acute Care, CHU Montpellier, University of Montpellier, Montpellier, France.
2 Vilnius University, Faculty of Medicine, Institute of Clinical Medicine, Psychiatric Clinic, Vilnius, Lithuania.
3 Inserm, Unit 1061 "Neuropsychiatry: Epidemiological and Clinical Research", Montpellier, France.
4 Department of Psychiatry, CHU Nimes, University of Montpellier, Montpellier, France.
Eur J Neurosci. 2019 Dec 2.
Abstract
Suicidal
behaviour is a multifaceted phenomenon that concerns all human
populations. It has been suggested that a complex interaction between
the individual genetic profile and environmental factors throughout life
underlies the pathophysiology of suicidal
behaviour. Although epidemiological and genetic studies suggest the
existence of a genetic component, exposure to biological and
psychosocial adversities, especially during critical developmental
periods, also contributes to altering the biological responses to threat
and pleasure. This results in amplified maladaptive cognitive and
behavioural traits and states associated with suicidal behaviours. Alterations in the cognitive inhibition and decision-making capacity have been implicated in suicidal
behaviours. Structural and functional changes in key brain regions and
networks, such as prefrontal cortex, insula and default mode network,
may underlie this relationship. Furthermore, the shift from health to suicidal
behaviour incorporates complex and dynamic changes in the immune and
stress responses, monoaminergic system, gonadal system, and
neuroplasticity. In this review, we describe the major findings of
epidemiological, genetic, neuroanatomical, neuropsychological,
immunological and neuroendocrinological studies on suicide behaviours to provide a solid background for future research in this field. This broad overview of the biological bases of suicide should promote neuroscience research on suicidal
behaviours. This might lead to improved biological models and to the
identification of evidence-based biomarkers, treatment options, and
preventive strategies.
Des interactions entre certains réseaux neuronaux du cerveau augmentent le risque qu'une personne ait des pensées suicidaires et tente même de se suicider, affirme une équipe internationale de psychiatres et de neuroscientifiques.
Pour arriver à ce constat, la Dre Anne-Laura Van Harmelen de l’université britannique de Cambridge et ses collègues ont analysé la littérature scientifique des deux dernières décennies au sujet du suicide. Cet exercice leur a aussi permis de constater le peu de recherches menées sur le sujet.
Il est difficile d’imaginer que nous ne puissions pas comprendre, encore de nos jours, pourquoi certaines personnes sont plus vulnérables au phénomène qui tue près d'un million de personnes par année, dont un quart avant l'âge de trente ans, explique la Dre Van Harmelen.
Nous en savons très peu sur ce qui se passe dans le cerveau. Pourquoi il y a tant de différences entre les sexes? Qu’est-ce qui rend les jeunes particulièrement vulnérables au suicide?Dre Anne-Laura Van Harmelen
Le cerveau suicidaire
L’équipe de recherche s’est particulièrement intéressée aux travaux réalisés à l’aide d'imagerie cérébrale. Au total, elle a analysé 131 études portant sur plus de 12 000 personnes.
L’objectif était de détecter des preuves d'altérations structurelles, fonctionnelles et moléculaires dans le cerveau susceptibles d'accroître le risque de suicide.
C’est donc en combinant les résultats de ces études d'imagerie cérébrale que les chercheurs ont réussi à identifier deux réseaux cérébraux – et les connexions entre eux – qui joueraient un rôle important dans l’apparition de la pensée suicidaire.
Le premier réseau associe des zones situées à l'avant du cerveau dans le cortex préfrontal avec d'autres régions du cerveau impliquées dans les émotions. Les altérations de ce réseau peuvent entraîner des pensées négatives et des difficultés à réguler les émotions, ce qui stimule les pensées suicidaires.
Le deuxième réseau associe d’autres régions du cortex préfrontal avec le gyrus frontal inférieur situé dans le cortex. Des modifications apportées à ce réseau pourraient mener aux tentatives de suicide, en partie en raison de son rôle dans la prise de décisions, dans la recherche de solutions aux problèmes et dans le contrôle du comportement.
Les chercheurs pensent que si ces deux réseaux connaissent des modifications dans leur structure, leur fonction ou leur biochimie, cela peut influencer négativement les pensées d’une personne et la rendre incapable de les contrôler. Cette personne a ainsi plus de risques de présenter des comportements suicidaires.
Notre travail d’analyse des études existantes pourrait mener à l'élaboration de nouvelles stratégies de prévention du suicide plus efficaces.Hilary Blumberg, Université Yale
Des limites
La majorité des études menées sur le cerveau et le suicide ne permettent que de prendre une image instantanée d'une situation. Cette image ne permet donc pas d’observer le cerveau sur une longue période ni de pouvoir étudier le lien entre ces réseaux et les pensées ou des comportements suicidaires. Apparaissent-ils avant les pensées négatives ou en sont-ils une conséquence?
Les auteurs de ces travaux publiés dans la revue Molecular Psychiatry (Nouvelle fenêtre) (en anglais) affirment qu'il est urgent d'effectuer d'autres recherches pour mieux répondre à ces questions et peut-être mener à la création de traitements modifiant ces réseaux cérébraux pour réduire le risque de suicide.
D'apres article Biomarker reveals PTSD sufferers at risk of suicidePar Bill Hathaway Le 13 mai 2019 source https://news.yale.edu/*
Le risque de suicide chez les personnes atteintes du syndrome de stress post-traumatique (TSPT) est beaucoup plus élevé que dans la population générale, mais il a été difficile d'identifier les personnes les plus à risque. Cependant, une équipe de Yale a découvert un marqueur biologique lié aux personnes atteintes du TSPT qui sont les plus susceptibles de penser au suicide, rapportent les chercheurs le 13 mai dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences.
Les chercheurs ont utilisé l'imagerie TEP pour mesurer les niveaux du récepteur métabolotropique glutamatergique 5 (mGluR5) - qui a été impliqué dans les troubles anxieux et les troubles de l'humeur - chez les personnes souffrant de TSPT et de trouble dépressif majeur. Ils ont trouvé des niveaux élevés de mGluR5 dans le groupe TSPT avec des pensées suicidaires actuelles. Ils n'ont trouvé aucun taux aussi élevé dans le groupe TSPT sans pensées suicidaires ou chez les personnes souffrant de dépression, avec ou sans pensées suicidaires actuelles.
Les cerveaux des personnes atteintes de TSPT et de pensées suicidaires (en haut) présentent des taux plus élevés de mGluR5 que ceux des témoins sains (en bas).
Il existe deux traitements approuvés par la FDA pour le TSPT, qui sont tous deux des antidépresseurs. Cela peut prendre des semaines ou des mois pour déterminer si elles sont efficaces. Cela peut être trop tard pour ceux qui sont suicidaires, notent les chercheurs.
"Si vous avez des personnes qui souffrent d'hypertension artérielle, vous voulez réduire ces niveaux immédiatement ", a déclaré Irina Esterlis, professeure agrégée de psychiatrie à Yale et auteur principal de l'étude. "Nous n'avons pas cette option avec le TSPT"
M. Esterlis a indiqué que le dépistage des taux de mGluR5 chez les personnes ayant subi un traumatisme grave pourrait aider à identifier les personnes qui courent le plus grand risque de se blesser et à intervenir rapidement en psychiatrie. De plus, les chercheurs pourraient étudier des moyens de réguler les niveaux de mGluR5 dans l'espoir de minimiser le risque de suicide chez les patients souffrant de TSPT, dit-elle.
Margaret T. Davis de Yale est l'auteure principale du document.
Le Centre national d'Anciens Combattants Canada pour le SSPT (R.H.P., R.S.D., J.H.K.) a fourni un soutien financier, et I.E.), les subventions K01MH09292681 et R01MH104459 (à I.E.) et K08 MH117351-01 (à M.T.D.) du National Institute on Drug Abuse Grant T32 DA022975-9 (à M.T.D.), une subvention de la Fondation Dana (à I.E.) et le YCCI.
Des chercheurs américains se sont penchés sur le cas d’un biomarqueur présent dans toutes les régions du cerveau. Celui-ci, jouant un rôle dans la mémoire et le sommeil, pourrait également révéler les pensées suicidaires des personnes !
Un biomarqueur révélant les personnes suicidaires
Dans leur communiqué publié le 13 mai 2019, des scientifiques de l’Université de Yale (États-Unis) ont évoqué le biomarqueur nommé mGluR5 (metabotropic glutamate receptor 5). Celui-ci – présent dans chaque zone du cerveau – est en réalité un récepteur de glutamate, autrement dit un neurotransmetteur. Le mGluR5 joue un rôle à différents niveaux, notamment concernant le sommeil et la mémoire.
L’étude rappelle que les personnes atteintes du trouble de stress post-traumatique (SSPT) présentent un potentiel plus élevé de passer à l’acte. Néanmoins, il n’est pas évident d’identifier ces personnes à risque. Selon les chercheurs, un taux élevé de marqueurs mGluR5 pourrait permettre un dépistage bien plus efficace de ce trouble.
Régler le problème du suicide ?
Une expérience a été menée sur trois groupes de 29 personnes. Le premier contenait des patients atteints de SSPT, le second des personnes présentant un trouble dépressif majeur, et le troisième des patients sans aucun symptôme. Deux découvertes ont été faites. Les neurotransmetteurs s’accumulent davantage à l’extérieur des cellules du cerveau chez les personnes atteintes, alors que d’ordinaire il s’agit de l’inverse. En revanche, près d’un tiers de ces récepteurs s’accumulent tout de même à l’intérieur des cellules chez ces mêmes patients.
Le National Institude of Mental Health estime qu’aux États-Unis, le suicide représente la deuxième cause principale de décès chez les 15-34 ans. Le bilan est encore plus lourd chez les personnes atteintes de SSPT. Le harcèlement – notamment sur les réseaux sociaux – est une des principales causes de suicide chez les jeunes. Citons également les traitements actuels : les antidépresseurs. Ceux-ci prennent un temps considérable à faire effet, et peuvent à terme affecter la santé mentale des patients. Selon les chercheurs ayant mené l’étude, mesurer le taux de mGluR5 pourrait représenter une nouvelle façon d’identifier et traiter ces personnes à risque avant qu’il soit trop tard.
Brain region-specific alterations of RNA editing in PDE8A mRNA in suicide decedents Fabrice Chimienti ,1 Laurent Cavarec, 2, Laurent Vincent , 3 Nicolas Salvetat, 1 Victoria Arango, 4,5 Mark D. Underwood, 4,5 J. John Mann, 4, 5 Jean-François Pujol 1 & Dinah Weissmann 1
1 ALCEDIAG/ Sys2Diag, CNRS UMR 9005, Parc Euromédecine, Montpellier, France 2 Genomic Vision, Green Square, 80-84 rue des Meuniers, 92220, Bagneux, France 3 Commissariat à l’Energie Atomique, Fontenay aux Roses, France 4 Division of Molecular Imaging and Neuropathology, New York State Psychiatric Institute, New York, NY, USA 5 Department of Psychiatry, Columbia University College of Physicians and Surgeons, New York, NY, USA
Phosphodiesterases
(PDE) are key modulators of signal transduction and are involved in
inflammatory cell activation, memory and cognition. There is a two-fold
decrease in the expression of phosphodiesterase 8A (PDE8A) in the
temporal cortex of major depressive disorder (MDD) patients. Here, we
studied PDE8A mRNA-editing profile in two architectonically distinct
neocortical regions in a clinically well-characterized cohort of age-
and sex-matched non-psychiatric drug-free controls and depressed suicide
decedents. By using capillary electrophoresis single-stranded
conformational polymorphism (CE-SSCP), a previously validated technique
to identify A-to-I RNA modifications, we report the full editing profile
of PDE8A in the brain, including identification of two novel editing
sites. Editing of PDE8A mRNA displayed clear regional difference when
comparing dorsolateral prefrontal cortex (BA9) and anterior cingulate
cortex (BA24). Furthermore, we report significant intra-regional
differences between non-psychiatric control individuals and depressed
suicide decedents, which could discriminate the two populations. Taken
together, our results (i) highlight the importance of
immune/inflammatory markers in major depressive disorder and suicide and
(ii) establish a direct relationship between A-to-I RNA modifications
of peripheral markers and A-to-I RNA editing-related modifications in
brain. This work provides the first immune response-related brain marker
for suicide and could pave the way for the identification of a
blood-based biomarker that predicts suicidal behavior.
"Vrai et faux.
"La recherche a démontré que nous ne sommes pas tous égaux
face au risque suicidaire : certaines personnes, du fait de leur
patrimoine génétique et de facteurs environnementaux auxquels ils ont
été exposés, se révèlent plus vulnérables que d’autres." Pr Philippe Courtet (Equipe de recherche soutenue par FondaMental). Plus de 90% des personnes qui attentent à leur vie souffrent de troubles psychiatriques (trouble
bipolaire, dépression, schizophrénie…). La recherche clinique et
biologique permet désormais de considérer que seuls les individus
porteurs d’une vulnérabilité spécifique réaliseront un geste suicidaire,
lorsqu’ils sont soumis à ces situations de stress interne ou externe.
Quelques résultats préliminaires de la recherche nous apportent des pistes prometteuses pour mieux détecter les sujets à hauts risques avant qu’ils ne passent à l’acte.
En
effet, tout le monde ne réagit pas de la même façon face à des
événements de vie similaires. Fort heureusement, les difficultés de la
vie ne mènent pas systématiquement au geste suicidaire. Une personne est
plus vulnérable face au risque suicidaire lorsque plusieurs facteurs
sont associés :
des facteurs génétiques : plusieurs gènes liés aux conduites suicidaires ont déjà été identifiés
des facteurs environnementaux : situations de maltraitance dans l’enfance, altérations du sommeil, trouble du stress post-traumatique, etc.
Cette vulnérabilité peut s’exprimer et se traduire par un geste
suicidaire sous l’effet d’un stress important tel qu’une rupture
sentimentale, la perte d’un emploi…
Pour aller plus loin :
Salle de presse | Inserm Résistance aux antidépresseurs : des neurones capables de s’autoréguler
PAR INSERM (SALLE DE PRESSE)*
25/07/2018
Neurones
de l’hippocampe d’une souris observés en microscopie confocale à
fluorescence puis reconstruits en 2D.
Crédits: Inserm/CNRS/IGMM/Loustalot,Fabien/Kremer,Eric
Pourquoi
certains patients déprimés présentent-ils une résistance quasi-totale
aux antidépresseurs les plus courants ? C’est sur cette question que se
sont penchés des chercheurs de l’Inserm et de Sorbonne Université au
sein de l’Institut du Fer à Moulin qui ont pu mettre en évidence le rôle
majeur des neurones sécréteurs de sérotonine – la cible médicamenteuse
privilégiée dans les dépressions – dans la régulation de leur propre
activité. En cause, un récepteur à la sérotonine porté par ces neurones
dont la déficience pourrait être déterminante dans l’absence de réponse
aux antidépresseurs les plus prescrits. Ces travaux, parus dans la revue
Neurospychopharmacology ouvrent la voie à une meilleure compréhension de l’implication de la sérotonine dans les maladies psychiatriques.
La
sérotonine est un neurotransmetteur – une substance chimique produite
par certains neurones pour en activer d’autres – impliqué dans de
nombreuses maladies psychiatriques telles que la dépression,
l’addiction, l’impulsivité ou la psychose. Elle est sécrétée par des
neurones spécifiques appelés neurones sérotoninergiques.
La
libération de sérotonine hors de la cellule neuronale permet d’activer
des neurones possédant des récepteurs spécifiques à ce
neurotransmetteur. Lorsque ces récepteurs détectent une quantité
suffisante de sérotonine dans le milieu extracellulaire, ils envoient un
message d’activation ou d’inhibition au neurone qui les exprime. Les
neurones sérotoninergiques possèdent également plusieurs types de
récepteur à la sérotonine, qu’on appelle alors autorécepteurs et qui
leur permettent d’autoréguler leur activité.
Des chercheurs de
l’Inserm et de Sorbonne Universités/UPMC au sein de l’Institut du Fer à
Moulin (Inserm, UPMC), se sont intéressés au rôle d’un des
autorécepteurs des neurones sérotoninergiques appelé 5-HT2B, dans la
régulation de leur activité, afin de mieux comprendre l’absence d’effet
de certains traitements antidépresseurs.
En temps normal,
lorsqu’un neurone sérotoninergique sécrète de la sérotonine dans le
milieu extracellulaire, il va être capable d’en recapturer une partie
qu’il pourra de nouveau relarguer a posteriori. Ce mécanisme assuré par
un transporteur spécifique lui permet de réguler la quantité de
sérotonine présente dans le milieu extracellulaire. Le transporteur est
la cible privilégiée des médicaments antidépresseurs utilisés pour
traiter les pathologies psychiatriques impliquant la sérotonine. Ceux-ci
sont appelés « inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine »
(ISRS) car ils empêchent la recapture par le transporteur. Dans le
contexte de la dépression où la sécrétion de la sérotonine est trop
réduite, les ISRS permettent donc de conserver une concentration normale
de sérotonine dans le milieu extracellulaire.
L’équipe de
recherche est partie de l’observation que, chez la souris, lorsque le
neurone sérotoninergique ne porte pas d’autorécepteur 5-HT2B, d’une part
l’activité des neurones sérotoninergiques est inférieure à la normale
et d’autre part les molécules bloquant l’activité du transporteur comme
les antidépresseurs ISRS sont sans effet sur la quantité extracellulaire
de sérotonine. Les chercheurs ont ainsi montré que pour avoir un effet,
ces molécules nécessitaient la présence et une expression normale du
récepteur 5-HT2B à la sérotonine.
Ils ont également découvert que
lorsqu’un neurone sécrète de la sérotonine, son autorécepteur 5-HT2B
détecte la quantité présente dans le milieu extracellulaire et envoie un
signal au neurone pour qu’il sécrète d’avantage de sérotonine. Pour
éviter une sécrétion excessive de sérotonine, le neurone
sérotoninergique possède un régulateur négatif : l’autorécepteur 5-HT1A
qui détecte également la quantité de sérotonine extracellulaire et va
envoyer un signal d’inhibition de la sécrétion au neurone
sérotoninergique. Afin de conserver une activité neuronale normal,
5-HT2B permet de maintenir ainsi un certain niveau d’activité, en
agissant comme un autorégulateur positif.
Ces résultats, à
confirmer chez l’humain, mettent en évidence un mécanisme
d’autorégulation fine des neurones sérotoninergiques avec une balance
entre des autorécepteurs activateurs et des autorécepteurs inhibiteurs.
Ils constituent une avancée dans l’identification de nouvelles cibles
médicamenteuses, dans la compréhension de l’implication de la
sérotonine dans certaines pathologies psychiatriques et dans
l’appréhension de l’inefficacité de certains traitements
antidépresseurs.