Religiosity and prevalence of suicide, psychiatric
disorders and psychotic symptoms in the French general population
Running title: Religiosity and psychiatric disorders
Maria Alice Brito
1, 2
Ali Amad
3
Benjamin Rolland
4
Pierre Geoffroy
1, 5
Hugo Peyre
6, 1
Jean-Luc Roelandt
7
Imane Benradia
7
Pierre Thomas
3
Guillaume Vaiva
3
Franck Schürhoff
8, 9
Baptiste Pignon
2, 9, 8
1
UP - Université de Paris
2
Pôle de Psychiatrie [Hôpital Henri Mondor]
3
LilNCog (ex-JPARC) - Lille Neurosciences & Cognition - U 1172
4
CRNL - Centre de recherche en neurosciences de Lyon
5
CHRU Lille - Centre Hospitalier Régional Universitaire [Lille]
6
Hôpital Robert Debré
7
EPSM - Etablissements Public de Santé [Lille-Métropole]
Abstract : We aimed to examine
the association between religious beliefs and observance and the
prevalence of psychiatric disorders, psychotic symptoms and history of
suicide attempts in the French general population. The cross-sectional
survey interviewed 38,694 subjects between 1999 and 2003, using the
MINI. Current religious beliefs and observance were identified by means
of two questions: “are you a believer?” and “are you religiously
observant?”. We studied the association between religiosity and
psychiatric outcomes using a multivariable logistic regression model
adjusted for sociodemographic characteristics, including migrant status.
Religious beliefs were positively associated with psychotic symptoms
and disorders [OR = 1.37, 95% CI (1.30–1.45) and OR = 1.38, 95% CI
(1.20–1.58)], unipolar depressive disorder [OR = 1.15, 95% CI
(1.06–1.23)] and generalized anxiety disorder [OR = 1.13, 95% CI
(1.06–1.21)], but negatively associated with bipolar disorder
[OR = 0.83, 95% CI (0.69–0.98)], alcohol use disorders [OR = 0.69, 95%
CI (0.62–0.77)], substance use disorders [OR = 0.60, 95% CI (0.52–0.69)]
and suicide attempts [OR = 0.90, 95% CI (0.82–0.99)]. Religious
observance was positively associated with psychotic symptoms and
disorders [OR = 1.38, 95% CI (1.20–1.58) and OR = 1.25, 95% CI
(1.07–1.45)], but negatively associated with social anxiety disorder
[OR = 0.87, 95% CI (0.76–0.99)], alcohol use disorders [OR = 0.60, 95%
CI (0.51–0.70)], substance use disorders [OR = 0.48, 95% CI (0.38–0.60)]
and suicide attempts [OR = 0.80, 95% CI (0.70–0.90)]. Among believers,
religious observance was not associated with psychotic outcomes.
Religiosity appears to be a complex and bidirectional determinant of
psychiatric symptoms and disorders. In this respect, religiosity should
be more thoroughly assessed in epidemiological psychiatric studies, as
well as in clinical practice.
Keywords : Type de document : Article dans une revue Domaine : Sciences du Vivant [q-bio] / Médecine humaine et pathologie / Psychiatrie et santé mentale Sciences du Vivant [q-bio] / Santé publique et épidémiologie
Croyances religieuses des parents et risque de suicide des enfants
Stéphanie Lavaud, avec Pauline Anderson
24 août 2018 sur francais.medscape.com
New-York, Etats-Unis – Les
croyances religieuses/spirituelles influencent-elles le risque de
suicide chez les enfants ? Oui, à en croire une étude américaine publiée
dans JAMA Psychiatry qui montre que les jeunes vivant dans des
familles où la religion est importante sont moins à risque de pensées
ou de conduites suicidaires (odds ratio 0,61, IC95% : 0,41 -
0,91, P=0,02) [1]. Dans ces familles de composition
classique, et principalement chrétiennes, avec des antécédents de
dépression majeure, le fait que les parents attachent de l’importance à
la religion était lié à une diminution de 80% du risque d’idéation
suicidaire ou de tentatives de suicide chez les enfants par rapport à
ceux dont les parents n’attachaient pas d’importance à la
religion/spiritualité. Une piste à explorer par les psychiatres, qui
d’habitude, ne s’aventurent pas sur ce terrain, selon les auteurs issus
du New York State Psychiatric Institute et de Columbia University.
Interrogée par nos confrères de Medscape édition internationale, la chercheuse Myrna Weissman,
professeur d’épidémiologie et de psychiatrie (Columbia University
College of Physicians and Surgeons), membre du conseil scientifique de
l’American Foundation for Suicide Prevention, et auteur senior de
l’étude, explique que la « force intérieure » donnée par une religion ou
une spiritualité aiderait à structurer la vie de famille et donnerait
une « protection ». Etude observationnelle longitudinale sur 3 générations
Aux
Etats-Unis, le suicide est un phénomène en hausse ces dernières années.
Toutes les tranches d’âge sont concernées. Près de 12% des adolescents
dissent avoir eu des pensées suicidaires, et le suicide est la première
cause de mortalité chez les jeunes femmes entre 15 et 19 ans. Et toutes
les pistes pour essayer d’y faire face méritent d’être explorées. C’est
le cas des croyances religieuses, qui ont fait l’objet de plusieurs
études, mais peu se sont intéressées à celles des parents et à leur
influence potentielle sur le risque suicidaire de leurs enfants.
Pour étudier ce lien, les chercheurs se sont fondés sur
une cohorte portant sur trois générations suivies pendant 30 ans et ont
observé des enfants et des adolescents (Génération 3) dont les parents
(Génération 2) étaient potentiellement à risque de dépression majeure en
raison du statut dépressif des grands-parents (Génération 1).
L’étude
observationnelle longitudinale a inclus 214 enfants, âgés de 6 à 18 ans
(12,5 ans en moyenne) issus de 112 familles blanches, originaires de la
région de New Haven dans le Minnesota. Les deux tiers venait de
familles à haut risque dépressif, l’âge des parents était de 39,8 ans
dont 80% était mariés ou remariés. Une majorité de familles de confession chrétienne
Environ
85% des enfants ont dit appartenir à une famille de confession
chrétienne : 59% de catholiques et 26% de protestants. Les participants
ont été interrogés sur leur présence aux services religieux et invités à
graduer l’importance qu’occupait la religion dans leur vie. Cet intérêt
pour la religion a été résumé dans l’étude sous le terme de
« religiosité ».
Plus de parents (45%) que d’enfants (25%) ont
rapporté que la religion/spiritualité était très importante pour eux. Et
plus d’enfants (15%) que de parents (4%) ont dit que c’était totalement
sans importance
Quand ils
ont ajusté sur l’âge, le sexe et le statut dépressif familial en termes
de risque, les chercheurs ont trouvé que le fait que la religion soit
importante pour les enfants était associée à un moindre risque
suicidaire chez les jeunes filles (odds ratio [OR] : 0,48; [IC95% : 0,33
– 0,70; P < 0,002]). Une corrélation non retrouvée chez les garçons (OR : 1,15; [IC95% : 0,74 – 1,80]). Question de croyance intérieure
Mais
quand les chercheurs ont refait les analyses statistiques en prenant en
compte les enfants (garçons et filles) en y ajoutant cette fois les
croyances religieuses/spirituelles parentales, il s’est avéré que plus
celles-ci étaient fortes, plus le risque de comportements suicidaires
chez les enfants était faibles (OR : 0.61; [IC95% : 0,41 – 0,91; P < 0,05]).
Les
chercheurs ont, par ailleurs, observé une diminution de 80% du risque
de comportement suicidaire chez les enfants dont les parents
rapportaient une forte « religiosité » comparé aux enfants pour lesquels
les croyances religieuses/spirituelles n’étaient pas importantes.
Dans
la plupart des cas, la corrélation inverse que l’on trouvait avec la
religiosité n’était pas vérifiée si l’on ne prenait en compte que le
fait de fréquenter un office religieux.
C’est
probablement ce qui fait dire à Myrna Weissman : « il y a quelque chose
chez les parents qui ont des croyances ou un engagement fort en dehors
de la famille ou bien d’eux-mêmes qui est aidant et protecteur pour les
enfants ».
La religion en elle-même
n’a, selon elle, que peu d’importance : « Ce n’est le temps que l’on
passe à la synagogue ou à l’église/temple, ni même la religion elle-même
qui fait la différence, ce n’est pas une question de présence à un
office mais de conviction intérieure ». Des différences filles/garçons
Quand
l’analyse a consisté à stratifier les enfants en fonction de leur sexe,
l‘importance de la religion pour les parents est clairement apparue
corrélée avec un moindre risque d’idées suicidaires et de tentatives de
suicides chez les filles (OR, 0.51; [IC95% : 0,29 – 0,90; P = 0,02]) mais pas chez les fils (OR : 0,75; [IC95% : 0,47 – 1,19; P = 0,22]).
Une
différence entre filles et garçons qui constitue « un mystère » pour
Myrna Weissman mais n’est pas une surprise puisqu’elle ajoute :« Si nous
étions les seuls à trouver cela, on pourrait parler de hasard, mais un
certain nombre d’études ont trouvé que les filles sont plus sensibles
aux croyances religieuses de leurs parents ».
Ce n’est pas une question de présence à un office mais de conviction intérieure
Myrna Weissman
Enfin,
quand on s’intéresse simultanément aux croyances des parents et des
enfants, on trouve là-encore un moindre risque quand la religion est
très importante pour les parents (OR : 0,61; [IC95% : 0.39 – 0,96]), et
ce indépendamment des croyances des enfants.
Par
ailleurs, les liens entre la religiosité parentale et le comportement
suicidaire des enfants étaient indépendants de la dépression parentale
et des idées suicidaires parentales – deux risques majeurs de
comportement suicidaire. Aborder la question de la religion/spiritualité
« Quand
cela semble indiqué, les psychiatres devraient interroger les parents
dont les enfants ont un comportement suicidaire sur leurs croyances
religieuses » propose Myrna Weissman.
« Nous
avons tendance, dans la profession médicale, à nous tenir éloigner de
ce type de considérations, considérées comme personnelles. Mais si vous
pensez que c’est important, alors vous devriez essayer d’en savoir plus,
ça ne devrait pas être tabou » ajoute-t-elle, tout en remarquant que
dans certaines religions, le suicide est considéré comme un péché et que
peut-être certains patients ne voudront pas aborder le sujet.
Un certain nombre d’études ont trouvé que les filles sont plus sensibles aux croyances religieuses de leurs parents
Myrna Weissman Sentiment de communauté
Dans un commentaire de l’étude pour Medscape Medical News, le pédopsychiatre David Fassler
(University of Vermont College of Medicine, Burlington) s’est dit en
accord avec cet éclairage, « les cliniciens vont peut-être vouloir
prêter plus attention aux croyances et à l’investissement religieux des
parents au moment de l’évaluation du risque de suicide chez un enfant ou
un adolescent.
Interrogé par Reuters, le Dr John Walkup,
professeur de psychiatrie (Northwestern University’s Feinberg School of
Medicine et Robert H. Lurie Children’s Hospital, Chicago) n’a pas été
surpris de ces résultats et considère de façon générale que « si les
familles ont un principe d'organisation qui définit qui elles sont et
comment elles vivent, et si elles ont élevé leurs enfants dans ce type
de construction, alors cela constitue une structure qui peut aider à
prévenir le suicide, car cela donne un but à la famille » [2].
De son côté, le Dr Emanuel Maidenberg,
professeur de psychiatrie (David Geffen School of Medicine, University
of California, Los Angeles) et directeur de l’UCLA Cognitive Behavioral
Therapy Clinic rappelle qu’il y a une théorie sur le suicide qui suggère
que trois composants conduisent les personnes à se suicider [2].
« Premièrement, ils se perçoivent comme un fardeau pour les autres ».
Ensuite, « ils ne ressentent aucun sentiment d'appartenance ». Enfin,
« le troisième élément est qu'ils ont appris à ne pas avoir peur de se
faire du mal ». Il est donc possible que l'attitude des parents
vis-à-vis de la religion soit protectrice parce que « cela donne un
sentiment de communauté », a déclaré le Pr Maidenberg. Un concept qui
convient au Pr Walkup : « La religion vous intègre dans une communauté
de personnes partageant les mêmes idées ».
Il est donc possible que l'attitude des parents vis-à-vis de la
religion soit protectrice parce que « cela donne un sentiment de
communauté »
Dr Emanuel Maidenberg
L’étude a été financée en partie par des
bourses de recherche de la Fondation John Templeton et le National
Institute of Mental Health.
Certains co-auteurs ont rapporté
des relations avec le National Institute of Mental Health, la Foundation
Sackler, la Fondation Templeton, et MultiHealth Systems.
Suicide, la religion est-elle toujours un facteur protecteur ?
Roxane Curtet - 02.07.2017 legeneraliste.fr*
Pratiquer une religion a été associé à des taux de suicides plus faibles dans différentes parties du monde comme aux États-Unis ou en Russie. Pourtant, appartenir à une religion ne réduirait pas le risque de suicide dans certaines régions d’Europe et d’Asie, selon des travaux de l’université d’État du Michigan et parus dans the Journal of Health and Social Behavior.
Alors que le lien entre religion et suicide est contesté
entre chercheurs, ces travaux sont parmi les premiers à analyser cette
association en dehors des pays occidentaux industrialisés. L’étude,
financée par the National Institutes of Health, analyse les données relatives au suicide et à la pratique religieuse entre 1981 et 2007 dans 42 pays, regroupant des personnes pratiquant sept religions distinctes. La pratique de la religion est mesurée en fonction du pourcentage de personnes assistant aux offices religieux au moins une fois par mois. Un facteur protecteur en Amérique latine, mais pas en Europe de l'ouest
D’après les résultats, la religion est liée à des taux de suicide
plus élevés dans certains pays du sud de l’Europe comme la Croatie, la
Grèce, l’Italie, le Portugal, la Slovénie ou l’Espagne. C’est également
le cas dans des territoires d’Europe de l’Ouest (Autriche, France,
Belgique, Allemagne ou Pays-Bas) et en Asie de l’Est (Chine, Corée,
Japon ou Taïwan).
En revanche, la pratique religieuse serait un facteur protecteur dans
d’autres régions notamment dans les pays anglophones ainsi qu’en
Amérique latine ou à l’est et au nord de l’Europe.
Dans l'Europe occidentale et méridionale a forte dominance catholique, les habitants semblent accorder moins d’importance à la religion et ont moins confiance dans les institutions religieuses. En Asie de l’Est,
les croyances traditionnelles telles que le bouddhisme et le
confucianisme se concentrent sur la spiritualité individuelle plutôt que
sur la spiritualité collective qui implique davantage de soutien
social. « La sécularisation et la recherche individuelle de la spiritualité
sont deux facteurs importants qui affaiblissent l'importance des
communautés religieuses locales, ce qui réduit le caractère protecteur
de la pratique religieuse contre le suicide », explique le sociologue Ning Hsieh
et principal auteur de l’étude. D'autres pays occidentaux en dehors de
l'Europe comme les États-Unis ont également connu la sécularisation,
bien que plus lentement que l'Europe occidentale et méridionale.
Cependant, et en particulier aux États-Unis, la population reste plus
religieuse que la plupart des sociétés occidentales. Ceci serait en
partie dû à l’immigration et aux systèmes politiques et éducatifs en
vigueur qui incluent les opinions religieuses.
Références étude mentionnée : Ning Hsieh 1. A Global Perspective on Religious Participation and Suicide. Journal of Health and Social Behavior, 2017; 1Michigan State University, East Lansing, MI, USA
Corresponding Author:
Ning
Hsieh, Department of Sociology, Michigan State University, 509 E.
Circle Drive, 317 Berkey Hall, East Lansing, MI 48824-1111, USA. E-mail:
hsiehnin@msu.edu
Titre original :Characteristics of Spirituality and Religion Among Suicide Attempters.
Mandhouj O1, Perroud N, Hasler R, Younes N, Huguelet P.
1*INSERM U699, Paris; †Centre Hospitalier André-Mignot de Versailles, Le Chesnay, France;
‡Department of Mental Health and Psychiatry, University Hospitals of
Geneva; and §Department of Psychiatry, University of Geneva, Geneva,
Switzerland. J Nerv Ment Dis. 2016 Nov;204(11):861-867.
Caractéristiques de la spiritualité et la religion parmi les tentatives de suicide. La spiritualité et la religiosité sont associées à un risque moindre de suicide.Une
évaluation détaillée de la spiritualité parmi 88 tentatives de suicide
hospitalisé après une tentative de suicide a été effectuée.Les facteurs associés à la récurrence des tentatives de suicide sur 18 mois ont été examinés.La spiritualité était faible parmi la plupart des tentatives de suicide par rapport à la population générale.Deux
groupes ont été identifiés: ceux avec un score élevé de dépression
caractérisés par une «faible» spiritualité et ceux ayant un profil plus
hétérogène, par exemple, impliquant des troubles de la personnalité,
caractérisés par une «haute» spiritualité.Lors du suivi, le score «sens dans la vie» semblait corréler avec la récurrence du suicide.Les implications cliniques sont discutées ici. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/26963748
D'après article Où la religion protège du suicide
Publié le 24/06/2016 sur jim.fr*
Excepté le cas particulier du fanatisme sectaire ou idéologique pouvant s’appuyer sur des conceptions prétendument religieuses pour inciter au suicide des adeptes influençables, les croyances religieuses ont généralement un effet protecteur en matière de comportements suicidaires. Sans doute grâce à une résignation fataliste, consubstantielle au sentiment religieux, puisque le croyant s’en remet toujours à Dieu, même pour l’acceptation des souffrances et des avanies de l’existence. L’apaisement psychique lié à la religion tiendrait aussi à l’idée d’une harmonie préétablie, selon la volonté divine (valorisée implicitement par l’adage leibnizien « tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes ») où les aléas malheureux de la destinée ne seraient qu’épiphénomènes transitoires, avant l’accomplissement d’un avenir radieux, dans le monde terrestre ou céleste... Même à valeur d’utopie, cette croyance d’un « lendemain qui chante » ou d’un « monde meilleur » apporte un antidote probable contre les déconvenues et les humiliations d’un destin adverse. Affirmant, dans son célèbre « pari », comment le croyant a tout à gagner si Dieu existe, mais rien à perdre dans l’hypothèse inverse, Pascal résume cette conception « probabiliste » de l’apport des croyances, laquelle rappelle aussi l’attitude à l’égard des jeux de hasard : pour un inconvénient modeste (perte de la mise), le loto procure ainsi du rêve au joueur et lui permet de fuir un moment la morosité du quotidien, même si le gros gain reste en général inaccessible...
Un taux de suicide 6 fois plus élevé chez les non religieux
Réalisée en Israël sur une cohorte de 19 000 sujets nés entre 1949 et 1958 pour évaluer la fréquence des idées et réalisations suicidaires en fonction des profils religieux (« laïque », « observant partiellement », « pratiquant »), une étude longitudinale a été menée dans les années 1980, puis 25 ans plus tard. Comportant ainsi des informations sur les options religieuses des intéressés[1], elle confirme que le sentiment religieux exerce un « effet protecteur contre les tentatives de suicide, indépendamment du fonctionnement social, du contexte psychopathologique et de l’usage de substances » (cannabis, cocaïne, amphétamines). Plus précisément, si les taux d’idées suicidaires restent « similaires » (9,4 % chez les laïques, 6,7 % chez les sujets observant partiellement, et 6,2 % chez les pratiquants), les taux de suicides accomplis se révèlent par contre « significativement plus faibles » parmi les sujets religieux (0,4 %), alors qu’ils sont environ six fois plus élevés (environ 2,5 %), chez les sujets laïques, comme chez ceux observant partiellement. Mais comme cette étude « ne porte que sur des Juifs » et qu’il n’est pas certain (quoique fort probable) que le judaïsme soit représentatif de l’ensemble des religions, les auteurs mettent en garde contre un possible « biais d’échantillonnage. »
[1] Les fichiers contenant des données relatives aux appartenances religieuses étant interdits en France, une telle étude y serait impossible et condamnée, en particulier sur la base d’une protection contre l’antisémitisme, là où paradoxalement les chercheurs israëliens ne voient aucun mal !
Dr Alain Cohen
Référence
Burshtein S et coll.: Religiosity as a protective factor against suicidal behaviour. Acta Psychiatrica Scandinavica 2016 ; 133: 481–488.
Original Article :Religiosity as a protective factor against suicidal behaviour
S. Burshtein 1, B. P. Dohrenwend 2, I. Levav 3, N. Werbeloff 1, M. Davidson 1 and M. Weiser 1,*
1 Psychiatry, Chaim Sheba Medical Center, Tel Hashomer, Israel 2 Department of Psychiatry and Mailman School of Public Health, Columbia University, New York, NY, USA3 Mental Health, Ministry of Health, Jerusalem, Israel* Mark Weiser, Psychiatry, Chaim Sheba Medical Center, Psychiatry C, Sheba Road 2, Ramat Gan 5265601, Israel. E-mail: mweiser@netvision.net.il
Objective Data suggest that adherence to religious beliefs is associated with lower rates of suicide. A number of mediating factors have been hypothesized to explain this association, including enhanced social support, less substance abuse, and lower rates of psychopathology.
Method We utilized data from a two-phase population-based, epidemiological study of mental disorders among young Jewish Israel born in a 10-year birth-cohort conducted in the 1980s. This study included data on religiosity and suicidal behaviour. Twenty-five years thereafter, mortality data were obtained from a national vital statistics registry.
Results Rates of suicidal ideation were similar among secular, partially observant, and religious subjects (9.4%, 6.7%, and 6.2%, respectively; adjusted OR for linear trend: 0.80, 95% CI: 0.58–1.09). Rates of suicide attempts were significantly lower among religious subjects (2.4%, 2.5%, and 0.4% for secular, partially observant, and religious, respectively; adjusted OR for linear trend: 0.62, 95% CI: 0.43–0.88). Of the 4914 subjects, eight died by suicide: Seven of them were secular and one was partially observant (χ2 = 2.52, P = 0.09). There were no differences in social functioning or rates of psychopathology among the study groups.
Conclusion Religiosity has a protective effect against suicide attempts, which is independent of social functioning, psychopathology, and substance use.
La place de la spiritualit e dans la prise en charge des maladies mentales et des addictions Olfa Mandhouj Ecole doctorale 3 C Département de psychiatrie et d’addictologie - Hôpital Paul Brousse THESE DE SCIENCES pour obtenir le grade de DOCTEUR DE L’UNIVERSITÉ Paris IV Spécialité : Médecine - Psychiatrie Présentée et soutenue publiquement : Le 23 Janvier 2015 Psychiatrics and mental health. Universit e Pierre et Marie Curie - Paris VI, 2015
Résumé : Cette thèse est le fruit d'un questionnement
sur le rôle de la religiosité et de la spiritualité dans les maladies
mentales et les addictions. Elle vise à explorer la dimension
spirituelle et religieuse dans le contexte français, laïque,
multiculturel et multi-religieux. Après une étude de validation de
l'échelle WHOQOL-SRBP (World Health Organization Quality Of Life -
Spirituality, Religiousness and Personal Beliefs) en langue française,
quatre études ont été menées dans différentes populations: une
population de référence, une population de suicidants, une population de
détenues et une population d'alcooliques anonymes. Les résultats ont
montré que la spiritualité est une ressource importante pour faire face
aux difficultés de la vie, pour donner de l'espoir et de l'optimisme et
pour donner un sens à la vie. Le manque du sens à la vie était le
principal facteur de récurrence suicidaire, de récidive carcérale et de
consommation d'alcool et de drogues. L'ensemble de ces travaux participe
à une meilleure connaissance du lien entre la spiritualité et la
psychiatrie ainsi que les addictions, particulièrement difficile à
aborder en France compte tenu des réserves de nombreux praticiens par
rapport à ce champ. *** Avec chapitre Spiritualité/Religiosité et suicide une partie de l'étude porte sur des patients suicidants recrutés à l’unité 72h de psychiatrie au CH André - Mignot.
Recherche La résilience au suicide , vulnérabilité chez les adultes afro-américains Date: 27 octobre 2014 d'après un article University of Houston. "Suicide resilience, vulnerability among African-American adults focus of new research." ScienceDaily. ScienceDaily, 27 October 2014. <www.sciencedaily.com/releases/2014/10/141027145058.htm>
Résumé: Les croyances et les pratiques religieuses peuvent réduire des pensées de suicide parmi les adultes afro-américains dans des événements de vie stressants induits par discrimination raciale, selon une nouvelle étude de recherche de l'Université d'Houston.
Ceci est Rheeda Walker (debout), professeur agrégé et directeur de la Culture, des risques et de la résilience Lab de l'Université de Houston. Crédit: Université de Houston [Cliquez pour agrandir l'image]
Les croyances et les pratiques religieuses peuvent réduire les pensées suicidaires chez les afro-américains adultes dans les événements stressants de la vie induits par la discrimination raciale, selon une nouvelle étude de recherche menée à l'Université de Houston (UH). articles connexes
Les « Afros-Américains éprouvent une quantité excessive de tensions psychologiques induisent par la discrimination raciale, menant à la dépression, désespoir et d'autres facteurs à haut risque pour le suicide, mais démontrent des taux sensiblement inférieurs de suicide par rapport aux Américains d'origine européenne», a déclaré Rheeda Walker, professeur et directrice associé du laboratoire de la Culture, des risques et de la résilience de l'Université de Houston
Walker est la chercheuse principale d'une nouvelle étude de recherche, "Perception du racisme et idéation suicidaire: rôle de médiation de la dépression mais rôle de modération de la religiosité chez les adultes afro-américains", publié dans le journal Suicide and Life-Threatening Behavior. L'objectif de l'étude est d'évaluer l'idéation suicidaire (penser, considérant ou planifiant un suicide), les symptômes dépressifs, la religiosité intrinsèque / extrinsèque (orientation religieuse) et le racisme perçu dans un échantillon de la communauté des 236 hommes et des femmes afro-américains.
Walker note que le suicide existe pour les Afro-Américains, mais il est rarement remarqué et peu étudié. Elle cite le suicide comme une des principales causes de décès chez les Afro-Américains, et cela approximativement, 1.900 adultes afro-américains et jeunes se meurent par suicide tous les ans.
« Il y a une croyance que si on crée une science psychologique et une connaissance, une telle connaissance doit s'appliquer universellement à chacun. Ce n'est simplement pas le cas, » , a déclaré Walker. «Nous devons passer plus de temps à trouver ce que signifie la dépression pour les Afro-Américains et les groupes ethniques. Que signifie le suicide pour les Afro-Américains? Y a t-il des comportements autodestructeurs qui sont suicidaires, mais non considérés comme un suicide?"
Les résultats de la recherche de Walker fournissent la preuve que le racisme perçu peut jouer un rôle dans la vulnérabilité de suicide . Les contributions de l'étude sont importantes dans le fait de fournir la preuve que, malgré les effets néfastes du racisme, la religiosité extrinsèque (motivation externe pour être religieux, comme rencontrer des gens, se conformer à la communauté, le patrimoine culturel, etc.) protègent. Les gens de l'étude qui ont déclaré des niveaux plus élevés de se consacrer davantage socialement, la religiosité extrinsèque ne signalent pas d'idées suicidaires lorsque il y a des symptômes de dépression.
"A notre connaissance, c'est la première étude à examiner la capacité de modération de la religiosité dans le contexte de la discrimination perçue et la dépression symptomatologie afin que nous puissions comprendre comment la vulnérabilité et la résilience opèrent en tandem. Bien que la discrimination peut avoir des conséquences émotionnelles défavorables, les conclusions suggère que «l'utilisation» de la religion peut-être de se connecter avec d'autres ou afin de répondre à d'autres besoins peuvent être émotionnellement utile chez les personnes victimes de racisme », a déclaré Walker.
Dans ce contexte, Walker espère que la religion peut être utilisée pour obtenir la cohésion sociale et le soulagement de la détresse émotionnelle qui pourrait être vécue par d'autres dans des circonstances semblables. Des recherches antérieures ont observé que les personnes qui éxpérimente des niveaux élevés de stress expérience trouve un soutien dans les milieux religieux.
Journal Reference: Rheeda L. Walker, Temilola K. Salami, Sierra E. Carter, Kelci Flowers. Perceived Racism and Suicide Ideation: Mediating Role of Depression but Moderating Role of Religiosity among African American Adults. Suicide and Life-Threatening Behavior, 2014; 44 (5): 548 DOI: 10.1111/sltb.12089
Où aller à la messe protège du suicide Publié le 22/06/2014 sur http://www.jim.fr/medecin/actualites/medicale/21_psy/e-docs/ou_aller_a_la_messe_protege_du_suicide_146047/document_actu_med.phtml
Cathédrale mosquée de Cordoue
« La religion est l’opium du peuple » estimait Karl
Marx. Si certaines dérives (intégristes ou sectaires) sont certes
condamnables, cet aphorisme est cependant excessif, car la religion
peut contribuer à apaiser les souffrances psychiques, comme
l’indique une étude réalisée aux États-Unis à l’Université George
Mason de Fairfax (Virginie) à partir de données issues de l’enquête
épidémiologique NHANES III[1] pour évaluer si des sujets
participant souvent à des offices religieux se révèlent « moins
enclins à se suicider » que d’autres sans pratique fréquente
d’une religion.
Cette recherche s’inscrit dans la lignée de travaux antérieurs
tendant à « montrer que la pratique d’une religion peut
constituer un facteur de protection contre le suicide. » Mais
comme ces recherches précédentes restaient de nature rétrospective,
elles méritaient d’être complétées par une étude prospective.
S’appuyant sur une régression de Cox (modèle à risque
proportionnel)[2], cette analyse confirme les résultats des études
rétrospectives : après prise en compte d’autres critères pertinents
(sexe, âge, importance de la famille, usage d’alcool ou de drogues,
antécédents de troubles dépressifs ou de tentative de suicide...),
les sujets assistant fréquemment à des services religieux «
sont moins susceptibles de mourir par suicide » que
d’autres sans cette implication religieuse. Autrement dit, la
pratique d’une religion s’avère « un facteur de protection à
long terme contre le suicide. »
Ce constat n’est guère étonnant, dans la mesure où les religions
offrent des réponses pré-établies (vraies ou fausses, c’est un
autre débat) pouvant combler le vide existentiel ressenti par
maints candidats au suicide, et l’angoisse liée à certaines «
questions métaphysiques » vieilles comme l’humanité : quel
est le sens de la vie, comment supporter la souffrance, la
vieillesse, la maladie, la mort ?… Certains n’ont d’ailleurs pas
manqué de comparer la psychanalyse (voire toute psychothérapie) aux
religions en disant que Freud avait réintroduit une forme de
confession dans le judaïsme (à l’image du christianisme) et dans
l’entretien médico-psychologique.
[1] National Health and Nutrition Examination Survey
(Enquête nationale sur la nutrition et la santé) : cf. http://www.cdc.gov/nchs/nhanes/nh3data.htm
[2] http://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9gression_de_Cox Dr Alain Cohen
Cet article a été publié dans notre Fil Expert le 17 janvier 2014.
Les Israéliens qui ont décidé de quitter le monde religieux ou
ultra-orthodoxe sont trois fois plus nombreux à manifester des tendances
suicidaires comparés aux autres segments - laïc, traditionaliste ou
strictement pratiquant - de la société. Tel est le principal résultat
d'une étude, la première du genre, réalisée auprès de 170 ex-religieux, à
la demande de l'association pour la prévention du suicide, Bishvil
Hahayim - « pour la vie » en hébreu.
Réalisée voilà près d'un an par l'association, en partenariat avec le
centre académique Ruppin, l'étude a été rendue publique cette semaine,
suite à la récente médiatisation de deux cas de suicides ayant touché de
jeunes ex-religieux dans le centre du pays. Au cours des dix-huit
derniers mois, la communauté ultra-orthodoxe a totalisé sept cas de
suicides, selon les médias israéliens. Une situation qui a poussé le
ministre des finances laïc Yair Lapid à allouer 500.000 euros à Hillel,
une association qui aide les ex-ultrareligieux à se réinsérer dans la
société.
Fondée en 1991, l'organisation Hillel, qui compte
450 adhérents, est contactée en moyenne tous les mois par une vingtaine
de personnes désireuses de quitter le monde « haredi » - ultra-orthodoxe. Trois des sept ex-religieux ayant récemment mis fin à leurs jours s'étaient rapproché de ses équipes. « Une tragédie pour une petite communauté comme la nôtre », a confié au quotidien Haaretz, Yair Hass, le directeur de l'organisation.
Selon les chercheurs de l'étude commanditée par Bishvil Hahayim, les
ex-religieux présentent de nombreux facteurs de risque, au même titre
que la communauté des immigrants, en raison de leur changement
identitaire. La plupart des personnes interrogées ressentent une perte
de leur sentiment d'appartenance, un manque de sens existentiel ainsi
que les effets de la solitude. De fait, 90% de ceux qui ont quitté la
communauté religieuse font état d'un faible niveau de soutien social,
contre 17% en moyenne au sein des groupes de contrôle, selon l'étude.
Israël recense chaque année près de 500 suicides, rappelle Bishvil
Hahayim, dont un cinquième concerne des jeunes de moins de 25 ans.
A
l’occasion de la conférence « Surveillance et Prévention du suicide
dans la région du Pacifique occidental » organisée ces jeudi et vendredi
à Tahiti, une quarantaine de professionnels de la santé du Pacifique se
pencheront sur ce fléau, première cause de mortalité chez les jeunes
polynésiens.
Cette préoccupation majeure sera au cœur d’une réflexion avec
d’éminents spécialistes de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).
Stéphane Amadéo est psychiatre au centre hospitalier du Taaone et
président de l’association SOS Suicide. Il nous présente les
intervenants de ces journées :
Selon les chiffres de l’OMS, le nombre de décès dus au suicide dans le monde pourrait passer à 1 million d’ici 2020.
Sur le fenua, entre 2008 et 2010, ce sont 93 personnes en détresse
qui ont mis fin à leurs jours, selon la direction de la Santé. Des
chiffres en deça de la réalité pour le docteur Stéphane Amadéo et qui
restent difficile à estimer.
Par ailleurs, cette conférence symbolise la prise de conscience de
l’État comme du Pays invités à y participer. Une mobilisation où les
nouvelles thérapies proposées selon la pathologie et les besoins des
personnes dépressives doivent être harmonisées et partagées dans le tout
le Pacifique. On écoute les explications de Stéphane Amadéo :
Depuis 6 ans l’association SOS Suicide a ouvert une ligne gratuite et directe le : 444 767. 500 appels sont reçus chaque année.
***
Geffry Salmon à l’ouverture de la conférence « Prévention suicide »
Ce jeudi matin, à 8h30; s’ouvrait la
conférence intitulée « Prévention du suicide et santé mental dans la
région du Pacifique occidental » qui se tient dans l’enceinte de l’hôtel
Méridien à Punaauia ces 25 et 26 Juillet. Le ministre Geffry Salmon
représentait le président et le gouvernement.
Le suicide et la santé mentale sont des problèmes majeurs de santé
publique dans les pays de la région Asie/Pacifique qui subissent depuis
quelques années une augmentation sensible de la morbidité et de la
mortalité qui y sont directement liés.
La Polynésie française n’est hélas pas une exception, et l’un des
objectifs de cette conférence sur deux jours est de mettre en œuvre et
de coordonner les initiatives régionales et nationales dans ces
domaines, afin d’une part de favoriser les partenariats, mais surtout
d’optimiser les actions.
Geffry Salmon a pu, lors de l’ouverture de la conférence ce matin,
prononcer un discours au nom du gouvernement de la Polynésie française
afin de rappeler le soutien que le Pays continuera à apporter aux
actions de prévention du suicide, engagées notamment par l’association
SOS Suicide, mais également dans le cadre des programmes élaborés par
l’Organisation Mondiale de la Santé.
Le suicide reste la première cause de mortalité chez les adolescents
et les jeunes adultes en Polynésie française avec 93 décès sur la
période 2008-2010. Cette conférence, qui réunit des experts
internationaux de la région (l’Australie, la Nouvelle-Zélande, la Chine,
les Philippines, Tonga, Guam, la Nouvelle Calédonie ou encore la Corée
du Sud sont représentés) sera l’occasion de faire un état des lieux de
cette problématique et de partager les expériences et les approches.
C’est aussi l’occasion de réfléchir avec tous les partenaires, aux
moyens à mettre en œuvre pour prendre en soin ces personnes qui
souffrent et leur venir en aide de la façon la plus adaptée au contexte
socio-culturel des Pays du Pacifique, et évidemment la plus efficace qui
soit.
Le colloque portant sur la « Surveillance et Prévention du suicide
dans la région Pacifique Occidentale », s’est terminé ce vendredi à
Tahiti.
Alors, qu’en est-il de la prise en charge de ces personnes pour qui
la vie n’a plus de sens. Quelles sont les structures et les thérapies
mises en place?
Pour ce qui est du Centre hospitalier du Taaone l’unité de
psychiatrie a son propre bâtiment. A l’intérieur treize lits, une équipe
spécialisée et des lieux où sont proposés de nouvelles thérapies dites
de « pleine conscience ».
Ergothérapie, réflexologie ou bien encore yoga et médiation
corporelle. Autant de pistes pour apprendre à mieux vivre malgré son
mal-être, car il ne s’agit plus seulement de traitements médicamenteux
mais bien de réapprendre à se faire plaisir.
Le suivi des patients est donc un des éléments clés pour éviter de
nouvelles tentatives de suicides. On écoute les précisions de Stéphane
Amadéo, psychiatre au Centre hospitalier du Taaone mais également
président de l’association SOS Suicide
Difficulté donc pour assurer le suivi des patient…d’où l’importance
du centre de prévention du suicide installé au dispensaire de Punaauia.
Celui-ci vient compléter depuis 2012, le dispositif de soin.
Souvent mieux accepté pour des personnes en souffrances sans troubles
mentaux, il est pour l’instant à l’échelle embryonnaire : une seule
psychologue prend en charge, deux fois par semaine, soit des groupes de
parole soit des personnes individuellement.
Les bénévoles du fare Tama Hau et de l’association SOS suicide sont,
quant à eux, sur le terrain pour des actions de prévention et d’écoute.
Annie Meunier, vice présidente de l’association SOS Suicide revient pour
nous sur l’utilité de ces actions.
Conférence internationale de surveillance et de prévention dans la région Pacifique
Les différentes confessions religieuses du fenua ont été invitées à
s’exprimer, hier, dans le cadre des ateliers rythmant, depuis jeudi,
les débats de la conférence de surveillance et de prévention du
suicide dans la région qui se tient à Punaauia. Si, à Guam, par exemple,
ces communautés participent activement aux programmes mis en place par
le gouvernement, tout reste à faire en Polynésie française. L’idée
d’un comité de travail sur le sujet, qui réunirait les instances de
toutes les confessions locales, a germé au terme d’un débat qui a mis
tout le monde d’accord : il faut aider ces personnes en souffrance en
remontant un maximum d’informations aux spécialistes de la question, les
taote. Rencontre avec Frédéric Hapairai, directeur national de la
communication de l’Eglise de Jésus-Christ des Saints des derniers
jours.
Comment se positionne votre Église sur la question du suicide ?
"Le
problème de la prévention et de la surveillance du suicide est un
problème de société. La société, c’est tout le monde, y compris
l’église. Dans sa présentation, le docteur venu de Guam a parlé de ce
groupe de soutien mis en place au niveau du Pays pour ces personnes qui
ont fait une tentative de suicide. Là-bas, et ils sont 180 000
habitants, c’est l’affaire de toute la communauté et pas seulement des
spécialistes, des taote. Elle dit même que la présence des travailleurs
sociaux, des membres de l’Église pourrait être un précieux soutien."
Qu’en est-il à Tahiti ?"Hélas,
c’est embryonnaire. Je ne vois rien. La présidente de l’association SOS
Suicide est venue me voir pour évoquer la création d’un comité
interconfessionnel aux côté des spécialistes, de taote Amadeo, je suis
tout à fait ouvert à cela."
Vous avez des fidèles qui confient leur malaise, vous pourriez être un relais ?"À
ma connaissance, au niveau de l’église, sur nos 15 à 16 000 fidèles
nous avons peut-être eu 2 ou 3 cas. Mais c’est effectivement un problème
de société. Les Églises parlent de l’Évangile et l’Évangile c’est le
respect, l’amour du prochain, le partage."
Dans la
religion catholique, le suicide est un péché mortel ce qui peut
expliquer que les gens n’en parlent pas. Qu’en est-il pour vous ?"Nous
n’avons pas cette conception. Il y a plus de quarante ans, quand
j’avais une quinzaine d’années, j’ai déjà entendu que quelqu’un qui
s’était donné la mort par pendaison était simplement décroché et enterré
dans un trou. On ne se compliquait pas la vie. Je pense qu’on a évolué
dans la conception du “suicidé”. On ne parlera plus jamais comme ça.
C’est une personne qui aura toujours sa dignité et qui aura des
funérailles comme n’importe quelle autre personne, dans le respect et
l’amour." La problématique du suicide est-elle abordée dans votre Église ?"Oui.
Dans nos conférences de jeunesse, on ouvre des ateliers où l’on peut se
parler, expliquer. Il y a des groupes de personnes qui viennent en aide
au niveau de l’Église." Y a-t-il un mal être spécifique à la société polynésienne qui pourrait expliquer certains passages à l’acte au fenua ?"Je
pense que les causes sont identiques quels que soient les pays. Ce
n’est pas propre à la Polynésie. La drogue, l’alcool, l’isolement, les
conflits parentaux, selon moi les maux sont les mêmes partout."
Propos recueillis par Raphaël Pierre
Croire en Dieu n'empêche pas d'avoir des idées noires ou de déprimer. En revanche, la foi permet de mieux répondre aux traitements des dépressions ou de repousser les tentatives de suicide.Dans les épreuves de la vie, croire en Dieu est souvent présenté
comme une chance pour faire face. Les maladies ne font pas exception à
la règle. Une étude américaine
qui vient d’être publiée dans le Journal of affective disorders prouve
que la foi serait efficace contre les maladies psychiatriques. En fait,
une croyance religieuse, ce n’est évidemment pas le remède miracle
contre les dépressions. En revanche, « croire en dieu est associé à une
meilleure évolution des troubles psychiatriques ». Concrètement, les
patients inclus dans cette étude qui étaient peu ou non croyants avaient
deux fois plus de risque de ne pas répondre au traitement par rapport
aux patients croyants. Les auteurs de l’étude estiment que les ressorts
qui font qu’une personne croit en Dieu pourraient être les mêmes que
ceux qui font que l’on a confiance dans les traitements. Ce qui les
rendrait en quelque sorte plus optimiste.
Une telle association entre croyance religieuse et meilleure
santé psychologique n’est pas inédite. Plusieurs travaux scientifiques
l’ont déjà suggéré. Dans une autre étude américaine où les patients
avaient été suivis pendant dix ans, on a observé que le fait d'accorder
de l'importance à la religion diminuerait le risque de rechuter d'une
dépression. Et tout particulièrement pour les personnes à hauts risques
qui ont une histoire familiale de dépression. Et les dépressifs ne sont
pas les seuls à bénéficier d’un tel avantage. Une autre étude, toujours
américaine, publiée l’année dernière, semblait montrer que la pratique
religieuse pouvait jouer un rôle de paravent contre le suicide. En fait,
un système de valeurs qui rejette le suicide, conduirait à faire moins
de tentatives de suicide, même si les personnes ont des idées noires.
Cependant, cet effet doit être relativisé. D’une part, il est
possible que l’effet « croyance » soit moins perceptible en France
qu’aux Etats-Unis - où sont menés ces travaux – et où un quart des
personnes souffrant de troubles psychologiques va chercher de l'aide
auprès d'un représentant de l'église. D’autre part, les croyants peuvent
avoir tendance à ne pas oser déclarer des tentatives de suicide.
Bien sûr, les médecins ne vont pas prescrire pour autant, à leurs
malades, d’être croyants mais les psychiatres recommandent de demander à
leurs patients s’ils le sont ou pas. Pour si nécessaire, s’appuyer sur
cette foi.