mardi 30 août 2022

USA Programme de formation dans une université de médecin en Floride qui a intégré la prevention du suicide tout au long des quatre années du programme .

D'apres  Doctors Need to Learn to Talk about Suicide Par  sur  https://www.scientificamerican.com/article/doctors-need-to-learn-to-talk-about-suicide/

Les médecins doivent apprendre à parler du suicide

Les facultés de médecine ont négligé le suicide, l'une des principales causes de décès. L'enseignement de compétences spécifiques, y compris l'empathie, peut aider les médecins à sauver des vies

Les chiffres sont frappants en ce qui concerne le suicide : c'est l'une des principales causes de décès aux États-Unis et la deuxième cause de décès aux États-Unis pour les personnes âgées de 10 à 14 ans et de 25 à 34 ans en 2020. Cette année-là, des millions des adultes américains ont pensé, planifié ou tenté de se suicider , et près de 46 000 sont morts par suicide selon les Centers for Disease Control and Prevention.

La plupart des personnes qui se suicident reçoivent des services de soins primaires et d'autres milieux médicaux au cours de l'année précédant leur décès . Cela soulève de nombreuses questions cruciales : le médecin a-t-il noté des signes manifestes ou subtils d'idées suicidaires ? Le médecin a-t-il discuté du suicide avec le patient ? Et si non, pourquoi ? Le médecin était-il mal à l'aise pour aborder le sujet ? S'est-il senti mal préparé à parler de suicide ? Le patient hésitait-il à aborder le sujet ? Dans l'affirmative, l'interaction entre le médecin et le patient a-t-elle été à l'origine de l'hésitation du patient ?

Nous sommes un psychiatre universitaire certifié (Gralnik) et un psychologue expérimenté dans la formation de cliniciens (Bonnin) qui ont été témoins de patients, de médecins praticiens, de résidents et d'étudiants aux prises avec ce sujet. D'après notre expérience, ainsi que celle d'autres, les médecins de nombreuses spécialités ont de la difficulté à poser des questions importantes sur le suicide en raison de la longue histoire de stigmatisation, de stéréotypes et d'incompréhension à ce sujet. Cela doit changer.

À cette fin, nous avons mis en place un programme de formation innovant au Herbert Wertheim College of Medicine de la Florida International University qui est intégré tout au long des quatre années du programme .. L'importance de cette formation est qu'elle est une composante obligatoire de plusieurs cours de médecine, contrairement aux programmes de bien-être, qui sont généralement volontaires et conçus pour offrir un soutien émotionnel aux étudiants. Bien que les programmes de bien-être puissent aider les étudiants en médecine à gérer leurs propres sentiments de dépression, d'impuissance et de désespoir, ils ne leur donnent pas les compétences nécessaires pour parler de suicide à leurs futurs patients. Dans notre programme de formation, des sessions commençant en première année d'école de médecine informent les étudiants sur la prévalence du suicide, les forment activement à la manière d'interroger des patients suicidaires et les aident à développer de l'empathie comme une compétence clinique fondamentale. Les étudiants participent également à des sessions interactives où ils jouent le rôle de patient et de clinicien évaluant un patient suicidaire et créant un plan de sécurité.

D'après notre expérience, les médecins se montrent parfois plus maladroits qu'empathiques, en commençant cette conversation par un préambule ou même des excuses : par exemple, "Cette question peut sembler étrange", "Je dois vous poser une question que nous posons à tous les patients" ou "Je suis désolé si cette question semble trop personnelle". Ces types de déclarations, bien qu'elles soient censées mettre le patient à l'aise, peuvent en fait augmenter son anxiété, renforçant l'idée que le suicide est un sujet tabou. Comment pouvons-nous attendre de nos patients qu'ils fassent preuve de franchise dans la révélation de leurs pensées suicidaires si, en tant que médecins, nous continuons à appréhender le sujet ?

Une formation significative sur le suicide ne commence généralement pas avant la troisième année de médecine, pendant les stages psychiatriques en milieu clinique, ce qui donne le message que ce sujet est d'une importance limitée pour les médecins dans les domaines non psychiatriques. Limiter la formation sur le suicide aux stages en psychiatrie perpétue également l'idée fausse que le suicide ne se produit que dans le contexte d'une maladie mentale diagnostiquée. Nous pensons que tous les stages cliniques obligatoires, y compris en chirurgie, en pédiatrie, en médecine interne, en neurologie, en médecine familiale et en obstétrique et gynécologie, devraient intégrer une formation renforcée sur le suicide.

En incluant la formation sur le suicide comme partie intégrante du programme d'études, nous pouvons réduire la stigmatisation et le sujet du suicide devient alors considéré comme un élément essentiel de la formation médicale. La formation comprend également des informations sur le suicide car il affecte les étudiants en médecine, les résidents et les médecins praticiens, qui ont des taux élevés d'anxiété , d'épuisement professionnel et de dépression. Il est ironique que les étudiants en médecine négligent souvent leurs propres problèmes de santé mentale même lorsqu'ils reçoivent une formation sur les troubles psychiatriques.

Notre objectif à long terme est de préparer tous les médecins et autres professionnels de la santé à discuter ouvertement du suicide avec leurs patients, ouvrant ainsi la voie à de meilleurs soins et à une meilleure sécurité des patients. Au fur et à mesure de la mise en œuvre de ce programme, nous avons constaté une augmentation significative du niveau de confort, de confiance et de compétence des étudiants lors des entretiens avec de vrais patients ayant des pensées suicidaires.

Étant donné que de nombreuses personnes suicidaires consultent initialement un médecin qui n'est pas psychiatre, il est essentiel que les médecins d'autres spécialités soient prêts à détecter les idées suicidaires, à évaluer la personne et à prendre les mesures appropriées. Les patients peuvent se sentir intimidés de parler de suicide avec leur médecin et peuvent être plus à l'aise lorsqu'ils parlent avec un assistant médical, une infirmière ou un assistant médical. Il est crucial que ces professionnels de la santé reçoivent également une formation adéquate sur l'évaluation et la prévention du suicide.

Pour voir un changement tangible dans la prévention du suicide dans un avenir prévisible, la mise en œuvre de programmes améliorés de formation sur le suicide dans toutes les facultés de médecine devrait commencer dès maintenant. Une formation médicale continue sur ce sujet doit également être développée et mise en œuvre pour former les médecins praticiens actuels et pour maintenir les compétences cliniques liées à l'évaluation et à la prévention du suicide pour les futurs diplômés.

Un nouveau numéro pour le service anciennement appelé National Suicide Prevention Lifeline a été activé récemment : 988 remplace l'ancien numéro, 1-800-273-8255 (TALK), pour ce qui est maintenant le 988 Suicide & Crisis Lifeline. Le numéro à trois chiffres, beaucoup plus simple, est une étape attendue depuis longtemps dans la bonne direction pour aider ceux qui en ont besoin. Faciliter l'accès aux services d'intervention de crise et sensibiliser au suicide sont importants, mais il demeure un réel besoin d'améliorer les compétences des médecins face aux personnes ayant des idées suicidaires.

L'objectif de la Fondation américaine pour la prévention du suicide est de réduire de 20 % le taux de suicide annuel aux États-Unis d'ici 2025. Le suicide est évitable, mais cela nécessitera un changement dans l'éducation médicale. Nous avons encore un long chemin à parcourir.

SI VOUS AVEZ BESOIN D'AIDE Si vous ou quelqu'un que vous connaissez éprouvez des difficultés ou avez des pensées suicidaires, de l'aide est disponible. Appelez le 988 Suicide & Crisis Lifeline au 988, utilisez le chat en ligne Lifeline ou contactez la Crisis Text Line en envoyant TALK au 741741.

Il s'agit d'un article d'opinion et d'analyse, et les opinions exprimées par l'auteur ou les auteurs ne sont pas nécessairement celles de Scientific American.

lundi 29 août 2022

USA Une enquête explore les pratiques de prévention utilisées par les hôpitaux à travers le pays

D’après article How Are Hospitals Helping Patients at Risk of Suicide?  https://www.pewtrusts.org

Comment les hôpitaux aident-ils les patients à risque de suicide ?
Une enquête explore les pratiques de prévention utilisées par les hôpitaux à travers le pays
Près de 46 000 personnes sont décédées par suicide aux États-Unis en 2020. Et près de la moitié de ceux qui meurent par suicide interagissent avec le système de santé dans les quatre semaines suivant leur décès , donnant aux prestataires de soins de santé la possibilité de dépister le risque de suicide et de se connecter aux patients à risque avec des soins potentiellement vitaux.
David Boulanger
Avec l'aimable autorisation de David Baker

De plus, les taux de suicide augmentent à l'échelle nationale depuis des années, ce qui a incité en 2019 la Commission mixte, un organisme indépendant d'accréditation des hôpitaux axé sur la qualité des soins de santé et la sécurité des patients, à mettre à jour ses objectifs nationaux de sécurité des patients en matière de prévention du suicide Ces objectifs exigent que les quelque 3 800 hôpitaux accrédités par la Joint Commission - soit environ 80 % de tous les établissements du pays - examinent tous les patients traités pour des troubles du comportement afin de déterminer s'ils présentent un risque de suicide, et qu'ils aient des politiques de sortie qui prévoient des conseils et des soins de suivi pour toute personne identifiée comme étant à risque.

Aujourd'hui, la Commission mixte et The Pew Charitable Trusts se sont associés pour mener une enquête nationale auprès des hôpitaux accrédités afin de mieux comprendre les pratiques de prévention du suicide qu'ils utilisent et d'évaluer si la Commission mixte devrait augmenter les exigences hospitalières afin de réduire davantage les suicides. Les résultats de l'enquête devraient être publiés début 2023.

Pew s'est entretenu avec le Dr David Baker, vice-président exécutif chargé de l'évaluation de la qualité des soins de santé à la Joint Commission, sur l'état actuel de la prévention des suicides dans les hôpitaux, les objectifs de l'enquête et la manière dont les données peuvent éclairer le travail de la Joint Commission en matière de prévention des suicides aux États-Unis.

Q : En attendant les résultats de l'enquête, que savons-nous déjà des pratiques de prévention du suicide dans les hôpitaux et les services d'urgence ?

R : Nous savons qu'au cours des 18 derniers mois, 89 % des hôpitaux agréés par la Joint Commission se sont conformés à nos exigences en matière de dépistage du suicide. Cela signifie qu'ils ont examiné tous les patients qui ont été évalués ou traités pour des problèmes de santé comportementale à risque de suicide à l'aide d'outils de dépistage et d'évaluation validésNous savons également que 97 % des hôpitaux se sont conformés à nos exigences en matière de planification de la sortie de l'hôpital, ce qui implique que les hôpitaux développent et respectent des politiques et des procédures écrites pour le conseil et le suivi des patients avant qu'ils ne quittent l'hôpital. Cette planification de la sortie peut impliquer l'identification de stratégies d'adaptation et de sources de soutien que les patients peuvent utiliser pendant une crise suicidaire et la fourniture des coordonnées du centre d'appel de crise.


Q : Êtes-vous satisfait de ces chiffres ?

R : Bien qu'il soit encourageant de constater un haut niveau de conformité à nos exigences, celles-ci ne sont pas de nature prescriptive. Par exemple, nous ne précisons pas ce que doivent contenir les politiques et procédures écrites des hôpitaux en matière de conseil et de suivi des soins. Et certains hôpitaux mettent en œuvre des efforts de prévention supplémentaires - à la fois dans le dépistage et l'évaluation du risque de suicide et dans la planification de la sortie.


Q : Pouvez-vous nous en dire plus sur ces efforts supplémentaires ?
R : En fait, pas autant que je le souhaiterais. Nous devons en savoir plus sur la nature de ces efforts, leur fréquence dans les hôpitaux agréés et leur effet sur l'amélioration des soins aux patients.

Nous savons que certains hôpitaux vont au-delà de nos normes de dépistage actuelles et mettent en place un dépistage universel du risque de suicide - c'est-à-dire que chaque patient, quelle que soit la raison de son séjour à l'hôpital, est soumis à un dépistage du risque de suicide. Nous aimerions savoir combien d'hôpitaux mettent en œuvre un protocole de dépistage universel ou d'autres pratiques de dépistage qui vont au-delà de nos exigences actuelles.

Certains hôpitaux collaborent avec les prestataires de soins ambulatoires pour accélérer les rendez-vous de conseil lorsqu'un patient suicidaire s'apprête à quitter l'hôpital et assurent le suivi des patients jusqu'à ce qu'ils se présentent à ce rendez-vous. Bien qu'elles ne soient pas actuellement requises pour l'accréditation, ces pratiques sont importantes car les études montrent que le risque de suicide reste élevé chez les patients qui quittent les établissements psychiatriques et les services d'urgence.

Notre enquête nous aidera à comprendre combien d'hôpitaux, et dans quelle mesure, mettent en œuvre ces pratiques et d'autres pratiques de pointe en matière de prévention du suicide, et si le fait d'exiger de tous les hôpitaux agréés qu'ils mettent en œuvre des pratiques similaires améliorerait les soins aux patients et réduirait le nombre de suicides.

Q : Y a-t-il autre chose que vous espérez apprendre de l'enquête ?

R : Absolument. Pour les hôpitaux qui ont choisi d'adopter des pratiques de dépistage allant au-delà de nos exigences, nous espérons comprendre quels sont les obstacles et les difficultés liés au dépistage d'un plus grand nombre de patients. Nous avons également besoin de connaître les défis auxquels les hôpitaux ont été confrontés dans la mise en œuvre des protocoles de planification des sorties et, plus important encore, comment ils ont surmonté ces obstacles et déployé avec succès ces initiatives. Nous aimerions également savoir quelles sont les pratiques de prévention qui semblent poser les défis les plus importants sur le terrain afin de pouvoir déterminer la meilleure façon de relever ces défis.


Q : Que peut faire votre organisation avec ces informations ?

R : Les données de l'enquête peuvent nous aider à déterminer si la Commission mixte peut faire plus pour atteindre nos objectifs nationaux de sécurité des patients en matière de prévention du suicide et quelles interventions supplémentaires de prévention du suicide, le cas échéant, devraient être nécessaires. Cela peut également mettre en lumière les opportunités d'améliorer davantage la sécurité, la qualité des soins de santé et les efforts de prévention du suicide dans l'ensemble de notre réseau hospitalier.

Et dans le cadre de la mission de notre organisation, nous fournissons une multitude de ressources conçues pour aider et soutenir nos organisations accréditées à atteindre nos objectifs de sécurité des patients. En fin de compte, les données de l'enquête peuvent aider à éclairer ces efforts.


Q : Une dernière réflexion ?

La Commission mixte s'engage à faire en sorte que les hôpitaux fournissent les meilleurs soins de prévention du suicide à leurs patients. Nous espérons donc pouvoir en faire davantage en matière de prévention du suicide et inclure éventuellement dans nos exigences d'accréditation certaines des pratiques de pointe que les hôpitaux ont déjà mises en œuvre pour améliorer la prise en charge du suicide chez leurs patients.

https://www.pewtrusts.org/en/research-and-analysis/articles/2022/08/26/how-are-hospitals-helping-patients-at-risk-of-suicide

MANIFESTATION Saint Avé (56) 13/09/22 Soirée ciné débat

Dans le cadre de la journée mondiale de prévention au suicide, l'EPSM Morbihan organise une « Soirée ciné débat » gratuite et ouverte à tous, le 13 septembre dès 19h30, à l’espace Jean Le Gac de Saint-Avé. #préventionsuicide #morbihan Gratuit et ouvert à tout public
Sur réservation à l'adresse mail : service.communication@epsm-morbihan.fr

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USA : L'accompagnement de l'auto mutilation et des idées suicidaires chez les adolescents : La thérapie comportementale dialectique

USA D’après article  ‘The Best Tool We Have’ for Self-Harming and Suicidal Teens"

« Le meilleur outil que nous ayons » pour les adolescents qui s'automutilent et qui se suicident.

Des études indiquent que la thérapie comportementale dialectique offre de plus grands avantages que la thérapie plus généralisée. Mais le traitement est intensif et coûteux.

"Il n'y a pas de médicament pour le comportement suicidaire", a déclaré Michele Berk, psychologue à l'Université de Stanford.  "Le patient doit apprendre d'autres compétences comportementales que le médicament ne vous enseigne pas."
Crédit :Anastasia Sapon pour le New York Times

Les parents qui cherchent une thérapie pour des adolescents qui s'automutilent ou qui souffrent d'anxiété, de dépression ou de pensées suicidaires sont confrontés à un imposant maquis d'options de traitements et d'acronymes : thérapie cognitivo-comportementale (TCC) [(cognitive behavioral therapy (C.B.T.)], formation à la gestion parentale [parent management training (P.M.T.)] , évaluation et gestion collaborative de la suicidalité  [collaborative assessment and management of suicidality (CAMS)], thérapie d'acceptation et d'engagement [acceptance and commitment therapy (ACT)] et autres...

Chaque approche peut bénéficier à un sous-ensemble particulier de personnes. Mais pour les adolescents à risque aigu d'automutilation et de suicide, les experts de la santé et les chercheurs désignent de plus en plus la thérapie comportementale dialectique,  [dialectical behavior therapy, or D.B.T.], comme un traitement efficace.

"Pour le moment, c'est probablement le meilleur outil dont nous disposons", a déclaré Michele Berk, psychologue pour enfants et adolescents à l'Université de Stanford.

Dans une étude publiée en 2018 dans le Journal of the American Medical Association, le Dr Berk et ses collègues ont découvert que la D.B.T. entraînait une baisse plus marquée des tentatives de suicide et de l'automutilation chez les adolescents qu'une thérapie plus globale. Une étude réalisée en 2014 par des chercheurs norvégiens a trouvé un effet similaire , notant que la thérapie a également un taux d'abandon relativement faible, et a conclu qu '"il est effectivement possible pour les adolescents d'être engagés, retenus et traités" en utilisant la D.B.T. La thérapie est également identifiée comme un traitement clé fondé sur des preuves par l'American Academy of Pediatrics. A contrario, a déclaré le Dr Berk, la D.B.T. "n'est pas suffisamment disponible".


Comment fonctionne la D.B.T.

La thérapie comportementale dialectique est un sous-ensemble de la thérapie cognitivo-comportementale, qui vise à recadrer les pensées et le comportement d'une personne. La D.B.T. se concentre d'abord sur le comportement et les émotions brutes, en aidant l'individu à surmonter les moments de crise et à comprendre ce qui a provoqué le comportement en premier lieu.

La D.B.T. est intensive. La version la plus complète du programme, qui peut prendre de six mois à un an, comporte quatre volets : une thérapie individuelle pour l'adolescent ; une thérapie de groupe; une formation pour les adolescents et leurs parents afin d'enseigner la régulation émotionnelle et l'accès par téléphone à un thérapeute pour les aider en cas de crise.

La première étape consiste à apprendre au patient à reconnaître les sensations dans le corps lorsque des impulsions dangereuses surviennent, comme "une boule dans la gorge, un pouls rapide, des épaules tendues", a déclaré Jill Rathus, psychologue exerçant à Long Island. Dans les années 1990, le Dr Rathus a fait partie d'une équipe qui a adapté la version adulte du D.B.T. aux adolescents et à leurs familles.

Les patients apprennent ensuite à mettre des mots sur ces sentiments. Il est essentiel, selon le Dr Rathus, de "mettre un langage" sur une expérience physique et émotionnelle ; cela fait appel à des parties du cerveau, comme le cortex préfrontal, qui aident à réguler les émotions. Chez les jeunes, ces régions du cerveau ne sont pas entièrement développées et peuvent facilement être débordées.

L'étape suivante consiste à apprendre à abaisser l'état d'ébullition par des techniques spécifiques, souvent simples : asperger le visage d'eau froide, faire des exercices brefs mais intenses, mettre un sac de glace sur les yeux - pour "faire basculer la chimie du corps", dans la langue de la D.B.T.

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Jill Rathus, a psychologist in Great Neck, N.Y. “The mistake parents make, even well-meaning and loving parents, is to minimize the feelings,” she said.
Le crédit...Gabby Jones pour le New York Times

Le cerveau débordé

La nature intensive du D.B.T. reflète la difficulté du défi auquel il est confronté : réguler les émotions des adolescents qui sont tellement dépassés qu'ils ont du mal à raisonner. À cet âge, a déclaré le Dr Rathus, le cerveau des adolescents n'est souvent pas assez développé pour traiter le flot de nouvelles et d'informations sociales qui leur parvient.

"Le cerveau est simplement surchargé, inondé d'une forte ébullition émotionnelle", a déclaré le Dr Rathus, "et vous ne pouvez rien apprendre de nouveau, ne pouvez pas traiter les informations entrantes et donc les suggestions sur ce qu'il faut faire ou essayer rebondissent tout de suite."

C'est pourquoi les adolescents semblent incapables d'entendre les suggestions de leurs parents pour freiner leurs impulsions dangereuses, même si elles sont bien intentionnées ou empreintes de compassion, a noté le Dr Rathus. Certains adolescents sont incapables de commencer la D.B.T. sans médicament, comme un antidépresseur ou un anxiolytique, pour calmer suffisamment le cerveau afin que le traitement se mette en place.

Les médicaments sont une source de tension chez les experts en santé mentale des adolescents, qui notent que les médicaments peuvent être trop facilement prescrits ou prescrits en combinaison avec des effets secondaires inconnus. Mais ils peuvent être vitaux comme un outil pour stabiliser un adolescent.

"Le médicament aide vraiment à prendre le dessus", a déclaré le Dr Berk de Stanford. « Mais il n'y a pas de médicaments pour les comportements suicidaires. Le médicament est pour la dépression et l'anxiété, et le patient doit acquérir d'autres compétences comportementales que le médicament ne vous apprend pas.

Non sans coût

Les thérapeutes formés à la thérapie comportementale dialectique peuvent être coûteux et difficiles à trouver, et sont souvent complets.

Les tarifs varient selon l'État et le fournisseur, mais les cliniciens ont déclaré qu'il n'est pas rare qu'une seule heure de conseil individuel coûte entre 150 et 200 dollars ou plus, la thérapie de groupe représentant environ la moitié de ce coût. Sur six mois, le traitement peut coûter jusqu'à 10 000 $ pour quelqu'un qui paie de sa poche. Mais les frais remboursables peuvent également varier considérablement selon le type de régime d'assurance utilisé et si le traitement est couvert ou non par Medicaid, le régime d'assurance de l'État.

Seuls deux États - le Minnesota et le Missouri - soutiennent largement la D.B.T., selon Anthony DuBose, responsable de la formation pour Behavioral Tech, une organisation qui forme des thérapeutes en  D.B.T. Il a cité une autre raison expliquant la relative rareté des conseils en D.B.T.. : Certains thérapeutes craignent que la thérapie ne soit trop intensive et ne prenne trop de temps. "Nous devons convaincre les prestataires de santé mentale qu'ils peuvent le faire", a-t-il déclaré.

Les coûts initiaux peuvent en valoir la peine à long terme : plusieurs études compilées par des chercheurs de l' Université de Washington suggèrent que les interventions D.B.T. , bien qu'initialement coûteuses, peuvent réduire le besoin de visites coûteuses et répétées aux urgences. Selon le Centre de technologie comportementale de l'université, la D.B.T. est rentable et "l'accumulation de preuves indique que la D.B.T. réduit le coût du traitement".

Différentes versions

Il existe des versions allégées du D.B.T., et elles peuvent également être efficaces pour les adolescents qui s'automutilent et ont des tendances suicidaires, selon les experts. Toutefois, ces experts ont mis en garde contre le fait que bon nombre de ces nouvelles variantes n'ont pas été étudiées avec la même rigueur que le traitement complet.

Anecdotiquement, les adolescents qui ont suivi une formation D.B.T. ou C.B.T. semblent mieux équipés pour faire face à la détresse et aux sentiments suicidaires, selon le Dr Stephanie Kennebeck, pédiatre urgentiste à l'hôpital pour enfants de Cincinnati, qui a étudié les approches thérapeutiques des impulsions suicidaires.

Le Dr Kennebeck a déclaré qu'elle avait été témoin de l'utilité de cette formation dans des cas où des adolescents arrivaient aux urgences, dépassés par leurs émotions intenses. Les adolescents qui n'avaient pas suivi de thérapie et qui n'avaient pas de formation sur laquelle s'appuyer devaient souvent être gardés plus longtemps aux urgences, jusqu'à ce qu'ils puissent être placés dans un programme de traitement, a déclaré le Dr Kennebeck. Elle a ajouté qu'elle se sentait plus à l'aise de renvoyer un enfant chez lui s'il savait comment gérer des situations émotionnelles difficiles.

"Les patients qui ont déjà eu une TCC ou une D.B.T. ont la capacité de nommer leur émotion, et de me dire comment cette émotion peut se traduire dans ce qu'ils vont faire ensuite", a déclaré le Dr Kennebeck. "C'est inestimable".

Il existe de nombreux modèles thérapeutiques qui aident à résoudre différents problèmes émotionnels, notamment l'anxiété, la dépression et les traumatismes. Lorsque le risque comportemental aigu, comme l'automutilation et le suicide, est une préoccupation, la Fondation américaine pour la prévention du suicide recommande un certain nombre d'options au-delà de la D.B.T,notamment le CAMS, qui s'est avéré, d'après les études, efficace dans la réduction des pensées suicidaires, et la thérapie cognitivo-comportementale pour la prévention du suicide CBT-SP, , qui s'est avérée efficace dans la prévention de nouvelles tentatives de suicide chez les adultes ayant déjà fait au moins une tentative.

Thérapie pour les parents aussi

Dans la D.B.T., l'adolescent n'est pas le seul à apprendre. Les parents sont formés pour valider les sentiments de leurs adolescents, aussi irrationnels que ces sentiments puissent paraître.

"L'erreur que commettent les parents, même les parents bien intentionnés et aimants, est de minimiser les sentiments", a déclaré le Dr Rathus. Dire à un adolescent désemparé "d'aller se promener ou de se concentrer sur son travail scolaire, c'est comme lui dire d'escalader l'Everest".

Elle ajoute que l'adolescent n'est pas en mesure d’entendre les mots et qu'il "apprend rapidement à ne pas faire confiance" aux sentiments ou aux émotions fortes. Les parents suivent des cours de groupe où ils sont guidés pour comprendre ce que vivent les adolescents et dans lesquels on leur enseigne des moyens spécifiques pour répondre à leur détresse.

Valerie, cadre dans la Silicon Valley, a décrit l'expérience de sa famille avec D.B.T. (Elle a demandé à ce que son nom de famille ne soit pas utilisé pour protéger leur vie privée.) Au milieu de l'année 2021, la fille de Valerie, âgée de 12 ans, était de plus en plus désemparée ; autrefois une bonne élève, elle a commencé à faire des caprices à l'école, à souffrir de crises de nerfs apparemment incontrôlables et à être obsédée par son apparence et son poids.

La jeune fille a commencé à suivre le programme D.B.T., et Valérie a suivi l'instruction parentale, qui lui a appris des façons plus efficaces de répondre à sa fille, dit-elle - par exemple, en validant d'abord les sentiments douloureux de la jeune fille plutôt qu'en proposant immédiatement une solution.

Si sa fille a peur d'aborder une matière ou un professeur difficile à l'école, Valérie tente de recadrer sa peur : "Je lui dis : "OK, tu vas avoir cette mauvaise expérience. Alors, avant, dors bien, prends de bonnes collations, organise un rendez-vous avec un ami après, apporte un petit ours en peluche en classe".

Valérie a ajouté : "C'est comme faire le plein d'essence avant de partir pour un long voyage." Elle a dit que les concepts étaient ceux qu'elle avait commencé à adopter dans sa propre vie alors qu'elle examinait les «pensées inquiétantes», telles que «Vais-je me sentir seule après avoir vendu mon entreprise?»

Elle a dit que sa fille allait mieux. "Cela l'a aidée à ne plus se sentir désespérée ou coincée", a déclaré Valérie. "Elle catastrophise moins les choses" et " ne s'enfonce plus dans des trous de lapin dont elle ne peut pas sortir.

Correction : 27 août 2022

Dans une version antérieure de cet article, la profession de Michele Berk a été mal identifiée. Elle est psychologue, et non psychiatre.

https://www.nytimes.com/2022/08/27/health/dbt-teens-suicide.html

Relecture de la traduction infosuicide : Roseline Bourdarias.

vendredi 26 août 2022

FORMATIONS ALPES MARITIMES (06) DE SEPTEMBRE A DECEMBRE 2022

 
Formation Evaluation du potentiel suicidaire et orientation

FORMATION COMPLETE; Session de 2 jours de formation, les 26 et 27 septembre 2022
Cette formation permet de repérer les signes de souffrance psychique chez un individu... Information https://www.codes06.org/formations/formations-2022/formation-evaluation-du-potentiel-suicidaire-et-orientation-2

Formation Evaluation du potentiel suicidaire et orientation 
Session de 2 jours de formation, les 14 et 15 novembre 2022
Cette formation permet de repérer les signes de souffrance psychique chez un individu...
En savoir plus https://www.codes06.org/formations/formations-2022/formation-evaluation-du-potentiel-suicidaire-et-orientation-1 
 
Formation "Intervention de crise - Desescalader la crise suicidaire"
Session de 2 jours - Les 21 et 22 novembre 2022
La formation vise à améliorer les compétences cliniques et les habiletés du participant en intervention ponctuelle de crise suicidaire.


Formation Sentinelles au repérage de la crise suicidaire
Session de 1 jour de formation, Le 05 décembre 2022
Cette formation permet de Repérer les personnes en souffrance au sein de son milieu de vie ou de travail...
En savoir plus https://www.codes06.org/formations/formations-2022/formation-sentinelles-au-reperage-de-la-crise-suicidaire-1

FORMATION Grenoble (38) Du 20/10/2022 au 21/10/2022 Formation : Prévention du suicide : Module Sentinelles au repérage de la crise suicidaire


Formation

    
​Formation à destination de tout professionnel ou citoyens non soignants présentant une disposition spontanée à l’aide et au souci pour autrui.
Binôme de formateurs, professionnel de santé ayant une expertise dans le domaine de la prise en charge des personnes suicidaires : Marie-Atéa DE POURTALES, psychologue, Etienne VACHER, psychiatre.
La formation aura lieu en Isère mais le lieu sera défini ultérieurement en fonction de de l’origine géographique des participants inscrits.
Durée et horaires : 2 jours, soit 14h au total, de 9h à 12h30 et de 13h30 à 17h.
Tarif : Sans frais pédagogiques Grâce au soutien financier de l’ARS ARA.
Bulletin d'inscription en document joint.
Site Web : http://www.ireps-ara.org
Contacts et adresse :
A définir - 38000 Grenoble
Horaires :
9h-12h30 et 13h30-17h
Documents joints Prog_bulletin-inscript-S-20-21.10.22.pdf560,8 Ko
Détail d'un événement



© IREPS ARA - IREPS ARA

Source https://www.isere.fr/mda38/pages/detail-agenda.aspx?EventId=606













































JMPS DU JEUDI 8 SEPTEMBRE AU SAMEDI 10 SEPTEMBRE 2022, LE 31 14 DONNE UN VISAGE A LA PREVENTION DU SUICIDE

DU JEUDI 8 SEPTEMBRE AU SAMEDI 10 SEPTEMBRE 2022, LE 31 14 DONNE UN VISAGE A LA PREVENTION DU SUICIDE
Du 08 septembre 2022 Au 10 septembre 2022
Évènement 
Le 3114 donne un visage à la prévention du suicide · Journée internationale de prévention du suicide
Le 3114, bien plus qu’un numéro · Journée internationale de prévention du suicide
🎗️ 10.09 À 10H09 | 10 ARTISTES | 10 VILLES | 1 OBJECTIF COMMUN 🎗️
À l’occasion de la journée internationale de la prévention du suicide, qui aura lieu le 10 septembre 2022, le 3114 souhaite donner un visage à la prévention du suicide.​
En collaborant avec un artiste qui réalisera le portrait d’un ou de plusieurs répondants sur un mur dédié dans 10 villes de France, nous souhaitons mettre en lumière les professionnels qui, chaque jour, répondent à la détresse de celles et ceux qui ont des pensées suicidaires.​
Le work-in-progress débutera les 08 et/ou 09 septembre avec la présence de stands animés par des professionnels du 3114, ainsi que leurs partenaires locaux, afin de répondre aux questions du grand public.
Le dévoilement final des œuvres aura lieu en même temps, dans les 10 villes, le 10 septembre à 10h09.
Dans chaque ville, l’équipe du 3114 a travaillé avec un artiste local venu rencontrer les équipes de répondants afin de mieux comprendre leur mission et leur savoir-faire. De cet échange est née une œuvre qui sera exposée à la population à l’occasion de la journée internationale de prévention du suicide.
Pour découvrir ces performances artistiques et échanger avec nos professionnels sur les stands d’information, rendez-vous à :
📍Ajaccio, sur la place du marché, du 8 au 10 sept, en présence des professionnels du 3114 de l’EPS Castelluccio. Artiste : Mako Deuza
📍Bordeaux, sur le parvis de la gare Saint-Jean, du 9 au 10 sept, en présence des professionnels du 3114 du Centre Hospitalier Charles Perrens. Artiste : Jean Rooble
📍Brest, sur la placette Jean Jaurès (place de la liberté), du 8 au 10 sept, en présence des professionnels du 3114 du Centre Hospitalier Universitaire de Brest. Artiste : Faki
📍Le Port (île de La Réunion), avenue Raymond Vergès (rond-point de la rose des vents), en présence des professionnels du 3114 de l’établissement public de santé mentale de la Réunion (pas de stand d’information compte tenu du lieu). Artiste : Méo
📍Lille, boulevard Jean-Baptiste Lebas (à côté de St So), du 9 au 10 sept, en présence des professionnels du 3114 du Centre Hospitalier Universitaire de Lille. Artiste : LaDame QUICOLLE
📍Lyon, au centre nautique Tony Bertrand, du 8 au 10 sept, en présence des professionnels du 3114 du Centre Hospitalier Le Vinatier et des Hospices civils de Lyon. Artiste : Don Mateo
📍Nancy, sur la place de l’église Saint-Sébastien, le 10 sept, en présence des professionnels du 3114 du Centre psychothérapique de Nancy-Laxou. Artistes : collectif Spraylab
📍Poitiers, entre la place Charles de Gaulle et l’église Notre-Dame-la Grande, du 8 au 10 sept, en présence des professionnels du 3114 du Centre Hospitalier Henri Laborit et du Centre Hospitalier Universitaire de Poitiers (8 et 9 sept, de 9h30 à 14h et le 10 sept, de 9h30 à 16h). Artiste : Piko Paseos
📍Rouen, quais bas rive-gauche entre le pont Guillaume-le-Conquérant et le pont Jeanne-d’Arc, du 9 au 10 sept, en présence des professionnels du 3114 du Centre Hospitalier du Rouvray et du Centre Hospitalier Universitaire Rouen Normandie. Artiste : Evok
📍Saint-Étienne, au kiosque de la place Jean Jaurès, du 8 au 10 sept, en présence des professionnels du 3114 du Centre Hospitalier Universitaire de Saint-Étienne. Artiste : Viza
info + https://3114.fr/actualite/le-3114-donne-un-visage-a-la-prevention-du-suicide-%c2%b7-journee-internationale-de-prevention-du-suicide/

jeudi 25 août 2022

Guyane présentation du programme Bien-être des populations de l’intérieur (BEPI)

 

Bien-être des populations de l’intérieur (BEPI)

 
 Ce programme de santé communautaire a pour missions de réduire le mal-être et de renforcer les facteurs protecteurs du suicide au sein des populations de Camopi à Trois Sauts pour le moyen et Haut-Oyapock et du bourg de Maripasoula à Pidima pour le Haut-Maroni.

« BEPI » a pour principe d’action de susciter des idées, identifier de possibles porteurs de projets locaux, leur proposer un accompagnement afin de construire leur projet, le financer s’il est accueilli favorablement.

Pour mettre en place ce dispositif opérationnel, l’ARS a donc choisi depuis 2018 le Groupe SOS Jeunesse (GSOSJ).

Le programme permet le conventionnement entre l’ARS, le Groupe SOS et le porteur de projet afin de lui permettre de mettre en œuvre des actions tout en limitant au maximum les obstacles habituels dans l’accès aux financements publics (littératie, exigences juridiques et techniques, formulaires CERFA etc.)

L’originalité de ce programme tient également dans sa gouvernance au plus près des populations :

  • Chaque projet est présenté, débattu et validé en comité de suivi local, dans la village concerné par l’action et en présence des habitants, de l’ARS, de l’opérateur, du Grand Conseil Coutumier, des mairies, des chefs coutumiers du village, des représentants associatifs locaux, Centre de Ressources Prévention Suicide, CDPS,  etc.
  • Un comité de pilotage annuel est dédié aux orientations du dispositif et compte l’ensemble de ces acteurs.
  • Un comité scientifique annuel avec des experts et représentants des populations concernées par le programme pour apporter un soutien méthodologique.

Les comités locaux sont organisés dans chaque village au moins 3 fois par an afin de permettre le financement constant des projets et de maintenir en lien fort avec la population.

Liens utiles :

https://www.guyane.ars.sante.fr/programme-bien-etre-des-populations-de-linterieur-de-guyane-bepi-0

En concertation avec les porteurs de projets sports et le groupe SOS, le pôle sport accompagne la mise en place de projets pour une présentation aux différents comités de suivis.

 

Contact

Pour tout contact en lien avec le BEPI : pole-sport-dcjs@guyane.pref.gouv.fr

Source https://www.guyane.gouv.fr/Politiques-publiques/Jeunesse-sports-cohesion-sociale/Sport/Bien-etre-des-populations-de-l-interieur-BEPI 

ETUDE RECHERCHE Impact de la formation à l’intervention de crise suicidaire sur la confiance et les aptitudes des professionnels hospitaliers des Hauts-de-France


Article de recherche Impact de la formation à l’intervention de crise suicidaire sur la confiance et les aptitudes des professionnels hospitaliers des Hauts-de-France
a Fédération régionale de recherche en santé mentale et psychiatrie (F2RSMPsy) Hauts-de-France, Saint-André-lez-Lille, France
b Université de Lille, Inserm, CHU de Lille, U1172 - LilNCog - Lille Neuroscience & Cognition, 59000 Lille, France
c Département de psychiatrie, CHU de Lille, 59000 Lille, France
d Établissement Public de santé mentale de l’agglomération Lilloise (EPSM-AL), Saint-André-lez-Lille, France
e Centre National de Ressources et Résilience (CN2R), 59000 Lille, France
L'Encéphale
Available online 16 August 2022
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Résumé

Introduction

Le programme de formation à l’intervention de crise suicidaire (FICS) a été déployé auprès de personnels hospitaliers des Hauts-de-France. Le but de cette étude était d’évaluer ce programme.

Méthodes

Le programme FICS s’est déroulé entre novembre 2020 et janvier 2021 auprès de personnels hospitaliers en contact avec des patients en situation de crise suicidaire. Les participants étaient interrogés avant (T0), juste après (T1) et à un mois de la formation (T2). Le degré de satisfaction et le degré de confiance en leurs capacités professionnelles étaient notés sur dix. Leurs habiletés à répondre à une personne en crise suicidaire étaient évaluées par la SIRI-2-VF (version française du Suicide Intervention Response Inventory-2).

Résultats

Parmi les 141 participants à la formation, 139 ont répondu au moins une fois au questionnaire (13 psychologues, 22 médecins, 97 infirmiers et 7 cadres). Les taux de participation étaient de 99,3 % à T0, 96,4 % à T1 et 46,0 % à T2. Les participants attribuaient une note de 8,6 sur 10 à la formation. La capacité ressentie à prendre en charge une crise suicidaire était notée à 6,8 sur 10 en moyenne à T0, vs 8,1 à T1 (p < 0,001) et 8,1 à T2 (p < 0,001). Le score à la SIRI-2-VF était de 15,0 sur 30 à T0, vs et 17,5 à T1 (p < 0,001) et 17,0 T2 (p < 0,001).

Conclusion

Le programme FICS a montré des résultats encourageants dans l’amélioration de la confiance et des aptitudes des professionnels hospitaliers à intervenir en cas de crise suicidaire.

REPORTAGE Immersion au sein du service pédiatrique de l'hôpital Mignot, au Chesnay (Yvelines)

Le Covid augmente le mal-être des adolescents : reportage dans un hôpital psychiatrique

Le Covid-19 et ses restrictions ont été un accélérateur d'idées noires pour certains. Immersion au sein du service pédiatrique de l'hôpital Mignot, au Chesnay (Yvelines).
Les troubles psychiques sont en forte augmentation chez les jeunes. Certains sont hospitalisés au sein de l’hôpital Mignot. C’est le cas de Chloé, arrivée suite à une tentative de suicide.

Chloé, 14 ans, est hospitalisée au sein du service pédiatrique de l’hôpital Mignot, dans les Yvelines après une tentative de suicide. (©Manon Varaldo)
 

En cette période estivale, ces jeunes ne partent pas en vacances. Ils sont hospitalisés au sein du service pédiatrique de l’hôpital Mignot, au Chesnay-Rocquencourt (Yvelines), dans une unité spécialisée.

Dans le secteur des adolescents, âgés de 12 à 16 ans, c’est l’effervescence. Ils sont de plus en plus nombreux. Une autre conséquence du Covid-19.

« Là, ça explose »

Tous les lits sont pourvus. « Sur un total de 12 places pour adolescents, dont 8 sont normalement prévues pour la médecine pédiatrique et 4 pour des lits de pédopsychiatrie, toutes sont occupées par de la psy. Il y a aussi des enfants qui attendent en amont aux urgences, parfois plusieurs jours, pour une place en hospitalisation au sein de l’unité », témoigne le docteur Sylvie Nathanson, cheffe du service de pédiatrie depuis 2013.

Ces jeunes en détresse, des filles en prédominance, arrivent en premier lieu aux urgences pédiatriques.

Entre 60 et 80 adolescents consultent les urgences pédiatriques chaque mois pour un motif psychiatrique, c'est-à-dire des adolescents qui ont fait une tentative de suicide, pour la majorité par une intoxication médicamenteuse volontaire. Nous rencontrons des tentatives de phlébotomie (s'ouvrir les veines), de défenestration, de pendaison. Nous accueillons aussi ceux qui ne sont pas passés à l'acte mais ont des idées suicidaires très actives, très scénarisées.

Sylvie Nathansoncheffe du service de pédiatrie depuis 2013

« Nous avons aussi des troubles du comportement alimentaire, les anorexies, en augmentation chez les jeunes filles », note la cheffe de service qui dirige également le pôle enfant. « Pendant les confinements, elles ne mangeaient plus par peur de prendre du poids sans sortir. Les ados étaient très connectés pendant cette période et les réseaux sociaux prennent une part importante. Ils catalysent le mal-être de certains jeunes. Ça ne s’arrête pas ! Depuis 2015, on a vu chaque année une augmentation des hospitalisations à cause de cela. Puis il y a eu la crise sanitaire, c’est monté en flèche et là, ça explose. »

Selon la Haute autorité de santé (HAS), le suicide représente la deuxième cause de mortalité chez les 15-24 ans en France. La cinquième chez les moins de 13 ans.


« Un mal-être renforcé pendant le Covid »

Un autre constat inquiète l’équipe médicale. « Il y a un rajeunissement de l’âge de la première tentative de suicide. À présent, on voit des enfants de 12 ans contre 14-15 ans auparavant », alerte le docteur Imane El Aouane, pédiatre dans le secteur des adolescents. « Avant le Covid, on avait des périodes identifiées, notamment avant les examens, mais les vacances étaient relativement calmes. À présent, le pic est continu. C’est souvent un appel à l’aide. »

Dans ce service, tous sont unanimes. « Le confinement a majoré les problématiques, avec un mal-être renforcé pendant la période du Covid. Il y a un besoin d’hospitalisation mais pas assez de places », se désole Catherine Hollick, cadre supérieur de santé du pôle enfant.

« Il y a une telle accélération du flux de ces patients en mal-être que nous sommes obligés de faire une sélection assez drastique pour les hospitalisations. Les critères de la Haute autorité de santé ont été vraiment mis à mal avec ce flux de patients important », partage le docteur Sylvie Nathanson.

Pour faire cette sélection, une évaluation du patient est effectuée aux urgences. Les formes les plus sévères sont alors hospitalisées au 7e étage. C’est le cas de Zoé*, 15 ans. « Ça fait deux semaines que je suis là, c’est ma première hospitalisation. Je n’ai pas passé mon brevet. »

Comme elle, beaucoup d’adolescents ont décroché au niveau scolaire, dépassés par les cours en visio et une motivation perdue.


Difficulté de construction de son identité

La crise sanitaire est ressentie comme un retour en arrière pour les jeunes rencontrés.

« Les structures familiales fragiles ont volé en éclat pendant le Covid. Le télétravail et le fait de se retrouver sous le même toit ont été compliqués. L’adolescence est une période de construction avec ses pairs, où on acquiert une autonomie. Les jeunes n’ont pas pu rencontrer leurs pairs avec les confinements. C’est un moment alors très compliqué pour l’ado en pleine construction de son identité », développe le docteur Sylvie Nathanson.

Pendant ce temps d’hospitalisation, le mal-être de l’enfant est décortiqué.

Nous abordons de manière globale l'adolescent, mais nous avons très vite des entretiens familiaux pour comprendre dans quel environnement il vit, quelle est la source de son mal-être et comment on peut l'aider dans son environnement familial, amical et scolaire. On constate qu'à chaque fois que l'on reprend l'histoire du patient, il y a cette période de Covid, de confinement, traduite par de l'anxiété qui revient.

Imane El AouanePédiatre dans le secteur des adolescents

Parmi les adolescents, Chloé*, 14 ans, est arrivée il y a plus d’un mois pour une tentative de suicide. « Plein de petits problèmes se sont accumulés et ça a fait déborder le vase. Je n’étais pas prise dans l’école où je voulais être, puis j’ai ressenti de la honte envers moi-même, et un grand événement m’a bouleversé : la mort de mon meilleur ami », raconte la jeune fille, vêtue de noir.

20 lettres de suicide préparées

Tous ces événements se sont produits entre 2020 et 2022. « Au début, je vivais le confinement comme des vacances. Mais après, c’est devenu étrange. J’étais chez moi et je pensais. Mes problèmes ont refait surface, et d’autres se sont ajoutés avec le Covid. Cette période a été l’accumulation de trop », confie-t-elle.

De retour à l’école, en présentiel, Chloé a remis à son professeur d’arts plastiques sa lettre de suicide. « Des lettres préparées, j’en avais plus de vingt à donner. »

C'est énorme oui, je m'en rends compte maintenant, mais j'ai un mal-être et ces lettres étaient un moyen d'exprimer mes sentiments. Mon professeur d'arts plastiques en a parlé avec la directrice de mon établissement scolaire. Elle a appelé les pompiers. Ils m'ont amenée ici.

Chloé, 14 ans

Ces adolescents sont pris en charge par une équipe pluridisciplinaire, dont Lila Akeb, éducatrice spécialisée depuis 2007 dans l’établissement. Elle encadre des activités mises en place au sein de cette unité pour les 12-16 ans, une façon de comprendre et voir comment ils fonctionnent.

Après plus d’un mois d’hospitalisation, Chloé s’est de nouveau sociabilisée. « On fait des jeux. Je me suis même fait des amis. J’ai appris à rigoler ici, de nouveau. Je me reconstruis. Le reste du temps, je dessine, ça m’aide à enlever des pensées », témoigne l’adolescente.

Plus de passage dans les hôpitaux pour mal-être

Selon Santé publique France, les passages aux urgences pour geste suicidaire, idées suicidaires et troubles de l’humeur chez les 11-17 ans ont augmenté avec le Covid-19, jusqu'en 2021. En 2022, la situation tend à se stabiliser même si les chiffres restent à un niveau élevé. Toutefois, Santé publique France ne communique aucun chiffre sur le nombre d'hospitalisations. Dans 80% des cas de comportements suicidaires, ce sont les jeunes filles qui sont concernées.

À la question « Est-ce que tes idées noires sont parties à présent ? », Chloé répond avec beaucoup de recul. « Rien ne part jamais à 100 %, je suis sûre qu’au fond de moi, ça peut rester quelque part, mais je fais plus face. Oui j’ai vécu des choses, mais ça ne veut pas dire que tout ça c’est moi à présent. »

L’hospitalisation est une étape dans le processus de soin. « C’est un temps de pause. On évalue et met en place une stratégie pour après. On l’explique aux parents et aux enfants : ce mal-être psychologique, ce n’est pas comme une angine, sept jours de médicaments, et c’est réglé. Non. Cela prend du temps. C’est complexe, donc il faut une prise en charge, notamment toute l’année qui suit la tentative minimum », notifie la pédiatre Imane El Aoune.


Structures saturées

À leur sortie, les jeunes sont orientés vers des centres médico-psychologiques (CMP). « Ces structures sont totalement saturées. Ils ne peuvent plus recevoir de nouveaux patients ou alors avec beaucoup d’attente. Il y a un vrai problème d’aval », avertit le docteur Imane El Aouane.

Un problème déploré en amont aussi. « Il y a une démographie qui malheureusement pèse en défaveur de la prise en charge des adolescents. On manque cruellement sur l’ensemble du territoire de pédopsychiatres, il n’y en a plus assez. Les psychologues commencent aussi à être saturés. Ces jeunes arrivent donc ici, par manque de prises en charge », se désole le docteur Sylvie Nathanson.

Au sein du service pédiatrique de l’hôpital Mignot, les jeunes rencontrés sont en hospitalisations complètes. « L’ouverture vers l’extérieur est plutôt en fin d’hospitalisation, pour qu’ils reprennent pied progressivement avec leur environnement. Mais nous avons des intervenants », explique la cheffe du service pédiatrique.


Soigner les maux sans médicaments

Valérie Maillot est l’une des intervenantes. Elle est socio-esthéticienne, un métier peu connu, apporté comme soin de support auprès des personnes fragilisées. Elle va à la rencontre des différents enfants présents dans cette unité.

J'apporte une aide. J'essaye de pallier leurs souffrances. Si on les aide à l'enfance, cela les aide pour plus tard. C'est un bienfait instantané. C'est un métier riche humainement. Le financement de ces soins bien-être pour le service pédiatrique a été réalisé en premier lieu par l'association Solidarité enfance dévouement. Puis, l'hôpital est venu compléter le financement.

Valérie MaillotSocio-esthéticienne
Valérie Maillot est socio-esthéticienne.
Valérie Maillot est socio-esthéticienne. Elle va à la rencontre des différents enfants présents dans cette unité (©Manon Varaldo)

La socio-esthéticienne rencontre Chloé dans sa chambre. Ses dessins sont affichés au mur. « C’est mon échappatoire. Je fais aussi du diamond painting (broderie avec des strass, Ndlr), ça occupe », raconte la jeune fille qui a opté pour un massage du dos.

Les langues se délient pendant le soin, sur un fond de musique douce.

« Quand vous me massez, cela me détend. Je m’imagine en Thaïlande pour continuer mes études. Mon père est là-bas. C’est mon projet après ici. Si je devais retenir une chose, après tout ce que j’ai vécu, c’est qu‘il y a toujours un espoir, une solution, même si on ne dirait pas comme ça », conclut Chloé avec l’esquisse d’un sourire pour la première fois.

La socio-esthéticienne a réussi sa mission : soigner, le temps d’un instant, ces âmes troublées.

* Les prénoms ont é modifiés.

https://actu.fr/societe/post-covid-les-tentatives-de-suicide-sont-en-forte-augmentation-chez-les-12-16ans_53284850.html