Affichage des articles dont le libellé est EPP. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est EPP. Afficher tous les articles

lundi 17 octobre 2022

MàJ Haute Autorité de Santé Flash sécurité patient - Suicide Mieux vaut prévenir que mourir - MESURER & AMÉLIORER LA QUALITÉ

Professionnels  Sécurité du patient  S’engager dans un dispositif  Flash sécurité du patient
Flash sécurité patient - Suicide Mieux vaut prévenir que mourir
Date de validation : avril 2022
Documents : 2
Flash sécurité patient - Mis en ligne le 08 sept. 2022 has-sante.fr

La France fait partie des pays européens les plus touchés par le suicide. En effet, en 2016, on comptait 9 300 décès par suicide en France métropolitaine. A ce chiffre s’ajoutent environ 200 000 tentatives de suicide par an donnant lieu à un contact avec le système de soins. Le suicide est la première cause de mortalité chez les 25-34 ans et la deuxième chez les 15-24 ans, après les accidents de la voie publique.
Objectifs
En partageant le retour d’expérience des professionnels confrontés à ces évènements indésirables graves associés aux soins (EIGS), ce flash permet : d’alerter les professionnels de santé et les équipes de soin de la survenue d’EIGS qui auraient été évités par une évaluation du risque suicidaire ;
de sensibiliser les professionnels de santé à la prévention des suicides de patients ;
de contribuer à la diminution des risques d’erreurs liées à la prise en charge des patients suicidaires ;
de renforcer l’information et la formation des personnels de soin sur les bonnes pratiques d’évaluation et de prise en charge des patients suicidaires.

Pour que cela ne se reproduise pas :

L’analyse des EIGS fait apparaitre plusieurs causes profondes principales à ces évènements : le défaut de sécurisation des locaux, la surcharge de travail, le manque de formation en psychiatrie et santé mentale des professionnels de santé, le défaut d’organisation du service et le défaut de communication entre les équipes.

Pour aider à prévenir et à prendre en charge les patients ayant un risque suicidaire : Penser à repérer systématiquement le risque suicidaire ;
Penser à repérer les troubles de l’humeur ;
Penser à informer sur les dispositifs de soutien existants (exemples : VigilanS, SOS Amitié France[1]…) ;
Ne pas négliger la postvention[2]. .

[1] 31 14
Numéro SOS Amitié France : 01 40 09 15 22.
[2] La postvention comprend les actions développées par, avec ou pour les survivants d’un suicide, dans le but de faciliter leur rétablissement, et pour prévenir les issues négatives, incluant les tentatives de suicide – www.infosuicide.org/guide/postvention/
Documents Flash sécurité patient - " Suicide Mieux vaut prévenir que mourir "
Documents complémentaires Note de cadrage Flash Sécurité Patient - Février 2021
Service Évaluation et Outils pour la Qualité et la Sécurité des Soins (EvOQSS) 

Source https://www.has-sante.fr/jcms/p_3363656/fr/flash-securite-patient-suicide-mieux-vaut-prevenir-que-mourir 

 

ARTICLES SUR LE SUJET


Suicides en structures médico-sociales : agir avec des mesures préventives

Publié le 28/09/2022 • Par Laure Martin •
Ma Gazette
La Haute Autorité de santé (HAS) a publié en septembre des préconisations afin de réduire le nombre de suicides et tentatives de suicides au sein des établissements médico-sociaux et sanitaires. Des mesures préventives sont à instaurer.

Le processus suicidaire est parfois considéré comme énigmatique, imprévisible, inéluctable au point de ne pas être inscrit dans la prévention, alors même qu’il est classé de façon universelle dans les morts évitables ou du moins partiellement.

Par ailleurs, le suicide occupe une position particulière parmi les Événements indésirables graves associés aux soins (EIGS) pouvant survenir lors de la prise en charge d’un patient car il génère souvent un sentiment d’échec et de culpabilité chez les professionnels de santé et incite parfois à une remise en question professionnelle et institutionnelle.

Face à ces constats et après l’analyse de 795 cas déclarés de suicides et tentatives de suicide de patients dans le cadre du dispositif de déclaration des EIGS (mars 2017-juin 2021), la HAS en a identifié les circonstances et les causes, à la fois générales et propres à certaines catégories de la population et partage des recommandations, notamment pour les personnes âgées.

Des caractéristiques propres aux personnes âgées

D’après les données de l’Observatoire national des personnes âgées, un suicide sur trois concerne une personne âgée, majoritairement des personnes de 75 ans ou plus.

« Dans cette tranche d’âge, la mort par suicide a plus de chances d’être imputée, à tort, à une cause naturelle ou accidentelle (erreurs dans la prise de traitement, chutes par exemple) », met-il en garde. Des caractéristiques spécifiques aux personnes d’âge avancé ont été mises en évidence telles que des crises suicidaires plus insidieuses que chez les sujets plus jeunes ; un effet masquant des affections somatiques qui prennent le devant de la scène conduisant à moins explorer d’autres causes au mal-être ; une détermination importante ; des tentatives plus planifiées ; une moindre résistance physique ; et un recours à des moyens plus létaux.

En plus des facteurs de risque de suicide communs aux autres âges de la vie, d’autres sont spécifiques aux personnes âgées tels que les expériences de deuil, de perte, de séparation et de solitude ou encore les symptômes physiques continus tels que les maladies en phase terminale, les maladies physiques aiguës et les douleurs chroniques.

Des périodes à risque ont également été identifiées, dont le mois qui précède l’entrée dans un Ehpad et le mois suivant l’admission.
Des mesures à mettre en place

Pour agir, la HAS préconise d’abord de travailler sur les idées reçues, qui peuvent constituer un frein à la mise en place de politique préventives. Parmi elles, le fait de penser que les personnes parlant du suicide ne vont pas passer à l’acte et inversement, que le suicide est un acte de liberté à respecter, notamment pour les sujets d’âge avancé ou encore que de poser des questions sur le suicide peut l’inciter.

Par ailleurs, elle recommande de mettre en place des mesures concernant la sécurisation de l’environnement (locaux et matériel). Certes la limitation de l’accès aux moyens ne réduit pas la souffrance du patient mais elle lui indique qu’il est dans un lieu où la protection est une valeur concrète. D’autant plus que la crise suicidaire est souvent temporaire. A titre d’exemple, les mesures de prévention de la pendaison et de la strangulation – premier moyen utilisé en population générale – doivent porter sur les points de fixation (porte-manteaux, potences, poignées de porte et de fenêtres, entrées de serrure, montants de lit, robinets) ou les objets pouvant servir de lien (vêtement, ceinture, lacets, drap, cordon électrique, cordon de sonnette, tuyau de douche).

Il faut aussi envisager la prévention de la chute d’un lieu élevé, deuxième moyen utilisé, en limitant l’accès aux terrasses, aux escaliers de secours, aux balcons ou encore aux fenêtres qui peuvent être ouvertes ou brisées. De fait, la conception d’unités de soins situées en rez-de-chaussée pour les patients suicidaires ou suicidants est recommandée.

Autre recommandation : élaborer un plan personnalisé de sécurité, tenant compte de la mise en sécurité de la personne quant à l’accès aux moyens de suicide et visant à préparer le parcours du patient dans les heures et jours qui viennent. Cette anticipation porte sur les souffrances que pourrait éprouver le patient et vise à développer les stratégies pour faire face aux difficultés et à l’aggravation de la crise suicidaire.

Enfin, un point d’attention doit être porté sur l’organisation des soins et du service avec notamment l’évaluation du risque suicidaire ou la surcharge de travail ou encore l’isolement du patient.


Références Pour lire l'intégralité du rapport : https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2022-09/rapport_les_sucides_et_tentatives_de_suicide_de_patients_juillet_2022.pdf

Source https://www.lagazettedescommunes.com/826820/suicides-en-structures-medico-sociales-agir-avec-des-mesures-preventives/

***

Analyser les suicides et tentatives de suicides en milieu de soins

A partir de l’analyse des 795 cas de suicides et tentatives de suicides déclarés dans le cadre du dispositif national de déclaration des événements indésirables graves associés aux soins entre mars 2017 et juin 2021, la HAS publie aujourd’hui :

  • le rapport d’analyse des circonstances et des causes de ces 795 évènements assorti d’enseignements et préconisations aux établissements en vue de réduire leur survenue ;
  • un nouveau « Flash sécurité patient », illustré par 4 cas pour sensibiliser les professionnels de santé à la gestion des risques de suicides et tentatives de suicide.

Les suicides et tentatives de suicide occupent par leur nature une position particulière parmi les événements indésirables pouvant survenir lors de la prise en charge d’un patient en établissement de santé ou lors de l’accompagnement d’une personne en structure sociale ou médico-sociale. Par cet acte, la personne se met en effet en danger intentionnellement en vue de mettre fin à une souffrance insoutenable.

Ces événements génèrent souvent un sentiment d’échec et de culpabilité chez les professionnels. Tous les secteurs délivrant des soins sont concernés par la survenue de suicides et tentatives de suicides : les établissements de santé, les institutions médico-sociales et la ville. Aucun secteur n’échappe à ce risque, même si les services de psychiatrie sont les premiers déclarants de suicides et tentatives de suicide.

La nature intentionnelle du geste conduit souvent à considérer la prévention du risque de suicide comme quasi-impossible. Pourtant le suicide est classé de façon universelle dans les morts évitables ou, tout du moins, partiellement évitables. Même si les meilleurs résultats obtenus par les programmes de prévention ne permettront jamais d’éviter tous les suicides, il est établi que la mise en œuvre d’un programme (ou projet) d’établissement, de moyens et de formations et une meilleure connaissance des contextes de survenue des suicides permettent de prévenir ces événements.

Le suicide ou tentative de suicide, un événement sentinelle

Le suicide ou la tentative de suicide d’un patient doit être considéré comme un événement sentinelle[1]. A la fois grave et fréquent au sein des établissements sanitaires et médico-sociaux, il doit, lorsqu’il survient, faire l’objet d’une analyse approfondie par les équipes.

Avec l’analyse des 795 cas qui lui ont été déclarés, la HAS a poursuivi quatre objectifs :

  • identifier les circonstances et les causes de ces événements ;
  • en tirer des enseignements ;
  • proposer des préconisations afin de réduire leur survenue ;
  • initier une communication sur ce sujet sensible, notamment par l’illustration de situations concrètes dans le Flash Sécurité Patient.

Tout ceci afin de stimuler une réflexion des professionnels et de l’ensemble des personnels des établissements et structures.

Des préconisations à plusieurs niveaux pour réduire le nombre de suicides et tentatives de suicides

Les trois causes profondes récurrentes identifiées par les équipes dans les déclarations de cas de suicides et tentatives de suicide sont le manque de sécurisation des locaux, l’absence d’évaluation du risque suicidaire et les défauts organisationnels.

Pour y répondre, la HAS rappelle les préconisations qui s’appliquent à tous :

  • Définir les objectifs de prévention du suicide au sein de l’établissement (projet ou programme d’établissement).
  • Sécuriser l’environnement en limitant notamment l’accès aux moyens possibles de suicide comme :
    • les points de fixations et liens pour la pendaison ou la strangulation,
    • l’accès aux terrasses, escaliers et fenêtres,
    • les sacs plastiques et sacs poubelles pouvant servir d’objet de suffocation,
    • les médicaments, objets coupants ou en verre cassable, briquets et sèche-cheveux.
  • Évaluer le risque de suicide du patient sur la base de facteurs multidimensionnels comme les antécédents personnels (anciennes tentatives de suicides, addiction en phase de sevrage, dépression, troubles de la personnalité…) ou la survenue d’événements négatifs (perte, conflits, problèmes financiers, dates anniversaires traumatiques, annonce d’un diagnostic ou de soins lourds…).
  • Évaluer la situation clinique du patient.
  • Construire un plan personnalisé de sécurité quant à l’accès aux moyens de suicide et au parcours du patient dans l’immédiat et dans les jours à venir.
  • Savoir gérer l’événement quand il survient (postvention).
  • Gérer la sortie d’hospitalisation d’un patient qui a fait une tentative de suicide avec par exemple le dispositif VigilanS.
  • Penser aux secondes victimes, les soignants, en les formant, les informant, les accompagnant.
  • Améliorer la culture sécurité, notamment par l’utilisation du guide d’évaluation du risque de suicide ou la déclaration des cas.
  • Rappeler les droits des personnes malades et en fin de vie.

Ces préconisations sont déclinées par secteur d’activité de façon plus spécifique : établissements de santé mentale (avec des préconisations particulières pour les soins sans consentement et le recours à la chambre d’isolement), établissements Médecine, chirurgie, obstétrique (MCO) et Soins de suite et de réadaptation (SSR), établissements d’hébergement de personnes âgées dépendantes (EHPAD).

En synthèse de ces préconisations, 4 messages-clés sont diffusés via un Flash Sécurité Patient consacré à cette thématique :

  • Penser à repérer systématiquement le risque suicidaire;
  • Penser à repérer les troubles de l’humeur;
  • Penser à informer sur les dispositifs de soutien existants (exemples : VigilanS, SOS Amitié France …);
  • Ne pas négliger la postvention (la gestion de l’événement quand il survient).

Retrouvez sur le site internet de la HAS, l’intégralité du rapport et le « Flash sécurité patient » relatifs au suicide.

[1] Guide pédagogique de l’OMS pour la sécurité des patients – traduction HAS

 https://www.santementale.fr/2022/09/analyser-les-suicides-et-tentatives-de-suicides-en-milieu-de-soins/

Acces au rapport https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2022-09/rapport_les_sucides_et_tentatives_de_suicide_de_patients_juillet_2022.pdf

 

vendredi 17 juin 2022

Pratiques prfessionnelles : La crise suicidaire, une urgence psychiatrique


Pratiques
La crise suicidaire, une urgence psychiatrique
17 juin 2022 |  | Rédaction ActuSoins |

Sommaire
Le contexte de l’arrivée aux urgences
Évaluation de l’état somatique du patient et avis psychiatrique
La crise suicidaire : définition
La crise suicidaire : le rôle infirmier
Hospitalisation sous contrainte
Entretien infirmier
Bibliographie

La crise suicidaire est l’une des situations auxquelles les services d’urgence sont régulièrement confrontés. Elle constitue une urgence psychiatrique et implique donc une prise en charge spécifique. Au croisement de facteurs psychiques, familiaux, sociaux et médicaux, elle demande au personnel paramédical une grande capacité d’écoute et d’adaptation.

Le contexte de l’arrivée aux urgences

Le contexte d’arrivée aux urgences du patient en crise suicidaire est important pour la suite de la prise en charge. Il peut recouvrir plusieurs cas de figure : La personne vient de manière volontaire aux urgences, par ses propres moyens, ou avec l’aide de pompiers ou d’ambulanciers. Elle est parfois accompagnée de son entourage. Elle est en demande d’aide, angoissée par la présence d’idées suicidaires contre lesquelles elle souhaite se protéger.
La personne est accompagnée aux urgences contre son gré, souvent par des services de secours ou parfois par l’entourage. Il s’agit de situations délicates, avec une instabilité comportementale et souvent des atteintes somatiques associées. Le patient doit être gardé aux urgences, par contrainte si nécessaire, jusqu’à ce que son état somatique et psychiatrique ait pu être convenablement évalué et traité.
La personne se présente d’elle-même aux urgences et tient des propos suicidaires, avec une détresse psychologique mais parfois aussi une ambivalence vis-à-vis de la prise en charge. Cela se produit parfois en lien avec des prises de toxiques (alcool et/ou stupéfiants), des troubles du comportement et des situations de précarité et/ou de marginalité. Ces différents facteurs sont souvent imbriqués les uns aux autres.
Des propos suicidaires peuvent apparaître fortuitement chez des patients qui consultent pour d’autres motifs. Il s’agit souvent de personnes traversant des périodes difficiles cumulant plusieurs facteurs de stress ou ayant des problèmes médicaux chroniques impactant leur qualité de vie.

Dans tous les cas, des propos suicidaires doivent toujours être explorés et entraîner une prise en charge adaptée.


Nombre de séjours hospitaliers pour tentative de suicide, nombre de patients hospitalisés et pourcentage de femmes, France, 2008-2017 (Source : Santé Publique France)
Évaluation de l’état somatique du patient et avis psychiatrique

La prise en charge d’un patient venant de faire une tentative de suicide (TS) doit d’abord passer par une évaluation de son état somatique. Un geste suicidaire implique souvent une atteinte corporelle : intoxication médicamenteuse volontaire (IMV), phlébotomie, cervicotomie ou strangulation…

Toute atteinte somatique doit être explorée et traitée préalablement à l’aspect psychiatrique. Le patient sera alors dans un premier temps mis en sécurité (prévention des risques associés à la crise suicidaire, traitement de l’angoisse ou de l’agitation psychomotrice, si nécessaire) avant d’être orienté dans le secteur ou le service de soins adapté. Il faut aussi prendre en compte une éventuelle consommation d’alcool ou de stupéfiants qui nécessitera un temps de dégrisement.

Après la prise en charge somatique, vient l’avis psychiatrique. Le psychiatre des urgences doit déterminer l’importance du risque suicidaire chez le patient, son état psychique et l’orientation qui lui sera la plus adaptée. Il va chercher à joindre l’entourage du patient afin de faire le point. A l’issue de l’évaluation, le patient pourra : rentrer chez lui si son état psychique le permet : souvent accompagné de personnes de son entourage et avec un rendez-vous de suivi rapproché ;
être hospitalisé à sa demande : en milieu psychiatrique, afin de se mettre à l’abri et initier un traitement psychiatrique et/ou psychothérapique ;
être hospitalisé sans son consentement : cela peut être envisagé si le patient s’oppose aux soins malgré la persistance d’un risque suicidaire immédiat (voir encadré).

La crise suicidaire : définition

Selon la Haute Autorité de Santé, « il s’agit d’une crise psychique dont le risque majeur est le suicide […] Un état d’insuffi sance de ses moyens de défense et de vulnérabilité place la personne en situation de souffrance et de rupture d’équilibre relationnel avec elle-même et son environnement. Cet état est réversible et temporaire. […] Elle s’accompagne d’idées suicidaires de plus en plus prégnantes et envahissantes jusqu’à l’éventuel passage à l’acte. La tentative de suicide ne représente qu’une des sorties possibles de la crise, mais lui confère sa gravité. La crise suicidaire (est) variable en fonction des sujets, des pathologies associées, des facteurs de risque et des conditions d’observation. Elle peut être difficile à identifier. »

Un patient dit suicidaire est un patient qui a des idées suicidaires actives. Un patient dit suicidant est un patient qui a fait une tentative de suicide (TS).
La crise suicidaire : le rôle infirmier

Certains services d’urgences disposent de secteurs psychiatriques, avec des infirmiers possédant une expérience du soin en santé mentale. Mais ce n’est pas toujours le cas et les personnels paramédicaux des urgences se doivent d’acquérir certaines bases pour appréhender ces situations.

Les actions à mettre en place par l’IDE au cours de la prise en charge sont les suivantes : L’évaluation de l’état psychique du patient : qualité du contact, humeur, angoisse, propos délirants, verbalisation d’idées noires ou suicidaires, tension interne, agitation psychomotrice…
L’écoute et la réassurance, telles que définies dans le cadre de la relation d’aide. La crise suicidaire est un moment où la souffrance morale est souvent aiguë. Cela entraîne parfois un investissement relationnel un peu plus intense qu’habituellement. Il faut donc, à partir du principe de neutralité bienveillante, trouver un positionnement suffisamment aidant sans laisser le facteur émotionnel altérer la qualité de son jugement et de ses actes.
Le rôle sur prescription : administration de thérapeutiques médicamenteuses (traitements à visée anxiolytique et/ou sédative, principalement des benzodiazépines et des antipsychotiques). Certaines situations peuvent amener le médecin à prescrire un traitement par voie injectable et une mise sous contentions physiques, en cas d’agitation et/ou de mise en danger.
La prévention du risque de fugue : ce risque est prégnant chez un patient à risque suicidaire refusant les soins. Le retrait des vêtements et affaires personnelles et le contrôle des allées et venues permet généralement de le prévenir. Parfois les velléités de fugue persistent et peuvent amener à un état d’agitation. Il peut alors être nécessaire de lui administrer un traitement sédatif, voire de pratiquer une contention.
La prévention du risque de violence envers soi-même : il faut toujours l’envisager chez un patient suicidaire. Il faut alors retirer tout objet pouvant être utilisé pour se faire du mal (piquant/tranchant, objets permettant la strangulation, médicaments et substances toxiques, briquets et allumettes), si le patient est potentiellement instable. Le plus sécurisant est souvent le retrait de principe de toutes les affaires personnelles. L’environnement du patient doit aussi être sécurisé. Ce qui implique le retrait des flacons, des fils électriques, des boîtes à aiguilles et de tout ce qui représente un danger potentiel.

Dans les services d’urgences psychiatriques, l’IDE peut être amené à procéder, en amont de l’entretien psychiatrique, à un recueil de données auprès du patient. Il mène alors un entretien infirmier en vue de mieux évaluer les modalités de la crise et de faire des liens avec le contexte personnel et l’histoire du patient.

Hospitalisation sous contrainte

Une hospitalisation sous contrainte se décide dans le cadre de l’article L 3212-1 du Code de la santé publique. Elle est organisée par le psychiatre avec le soutien de l’entourage du patient (famille, conjoint, amis proches). Il s’agit alors de Soins psychiatrique à la demande d’un tiers (SPDT). Si l’entourage est indisponible ou ne souhaite pas appuyer la décision, le psychiatre peut invoquer la notion de Péril Imminent (SDTPI).

L’annonce au patient d’une hospitalisation sous contrainte est toujours le fait du psychiatre qui la décide. C’est un moment délicat, au cours duquel l’anxiété et le risque d’agitation peuvent être majorés. Par ailleurs, les démarches administratives et l’attente d’une place en psychiatrie peuvent durer. Il faudra surveiller le patient pendant ce laps de temps. Il faudra aussi s’assurer que son état psychique et comportemental est compatible avec un transfert en ambulance dans des conditions optimales de sécurité.
Entretien infirmier

L’entretien infirmier porte sur plusieurs axes : Les informations de vie du patient : sa situation professionnelle, familiale et sentimentale ; ses habitudes et son mode de vie, ses consommations de toxiques (alcool et stupéfiants).
Ses antécédents médicaux, psychiatriques, familiaux et addictologiques, ses antécédents de TS, l’existence d’un suivi avec un professionnel de santé mentale et la prise d’un traitement.
Le contexte de survenue de la crise : le lieu et l’endroit, les éléments déclencheurs, les facteurs de stress, son état psychologique actuel et des jours précédents, la nature et l’intensité des idées suicidaires (scénario et intentionnalité), s’il y a eu planification, messages d’alertes ou lettres de suicide.

En conclusion, la crise suicidaire peut donc prendre de nombreuses formes. Ce n’est jamais un moment anodin dans le parcours de vie d’un patient. La qualité relationnelle des soins apportée par l’IDE au patient y est primordiale, et il ne doit jamais en perdre les fondamentaux de vue : rassurer, expliquer et apaiser.
Bibliographie

Haute Autorité de Santé (2000, octobre). La crise suicidaire : reconnaître et prendre en charge. recommandation de bonne pratique. https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/suicilong.pdf

Arthur BILLON
Infirmier libéral, anciennement infirmier des urgences psychiatriques
au GHU Paris - Psychiatrie et neurosciences 

https://www.actusoins.com/363714/la-crise-suicidaire-une-urgence-psychiatrique.html

lundi 21 mars 2022

PRATIQUES PROFESSIONNELLES : OUTILS FORMATION : Formation des Hôpitaux universitaires Paris Centre " CHBRE DES ERREURS VIRTUELLE-PSYCHATRIE"

Plan de formation 2022

Hôpitaux universitaires Paris Centre
BRC - CCH - HTD
CCH CHBRE DES ERREURS VIRTUELLE-PSYCHATRIE 1
Qualité et gestion des risques / Autres risques
Généralités:
CCH CHAMBRE DES ERREURS VIRTUELLES EN PSYCHATRIE 1

Formation continue

Objectifs:
Développer une culture de la gestion du risque pour les professionnels de santé:
- Identifier des situations à risque pour le patient et le soignant
- Remédier à ces situations
Pré-requis:
Etre formé à la prise en charge des patients en centre de soin psychiatrique.
Public: Tout professionnel de santé étant en contact des patients hospitalisés en psychiatrie
Contenu: Formation délivrée à travers un casque de réalité virtuelle
L'agent doit :
Patient 1 :
- S'informer sur le patient
- Rechercher les erreurs liées au risque suicidaire
- Comprendre pourquoi ce sont des erreurs
- Comprendre comment y remédier

Source : http://plandeformation.aphp.fr/pedago.php?code_stage=012285492&gh=1&as=

mardi 1 février 2022

MàJ Haute Autorité de Santé Recommandation de bonne pratique : Idées suicidaires chez l’enfant et l’adolescent : repérer, évaluer et orienter la prise en charge

Idées suicidaires chez l’enfant et l’adolescent : repérer, évaluer et orienter la prise en charge
Communiqué de presse - Mis en ligne le 30 sept. 2021 30 septembre 2021

En France, le suicide est la deuxième cause de mortalité chez les jeunes. Les tentatives de suicide ont un retentissement psychologique et social très lourd, en plus des blessures et de la potentielle invalidité à long terme auxquelles il faut faire face. Pour tenter de prévenir ces événements, il est important de ne pas banaliser les idées suicidaires et d’y apporter une écoute attentive pour trouver une réponse rapide et adaptée. La HAS publie des recommandations de bonne pratique pour les professionnels chargés de repérer, évaluer et orienter les enfants et adolescents pouvant présenter un risque suicidaire à court, moyen ou long terme.

Depuis plus de 30 ans, le suicide représente la deuxième cause de mortalité chez les 15-24 ans et la 5ème cause de mortalité chez les moins de 13 ans. En 2016, 26 décès par suicide ont été enregistrés chez les moins de 15 ans et 352 chez les 15-24 ans, soit des taux respectifs de 0,3 et 4,5 pour 100 000 habitants.
Les professionnels en contact quotidien avec des enfants et adolescents se posent de nombreuses questions concernant les idées suicidaires : quels sont les principes généraux pour le repérage, la prise en charge et le suivi ? Comment repérer et évaluer les idées suicidaires ? Comment prévenir le passage à l’acte ?
Reconnaitre et prendre en charge un enfant ou un adolescent à risque suicidaire peut s’avérer délicat et demande un engagement collectif. Dans ce contexte et dans le cadre de son programme « Psychiatrie et santé mentale » 2018-2023, la HAS a décidé de mettre à jour ses recommandations de bonne pratique de prévention, repérage, évaluation et prise en charge des idées suicidaires chez l’enfant et l’adolescent à destination de l’ensemble des professionnels se trouvant régulièrement au contact d’enfants et d’adolescents. Ces recommandations sont adaptées aux différents maillons constituant la chaine de prise en charge (professionnels des urgences, acteurs de soins de 1ère ligne, hospitaliers et de 2ème ligne, professionnels non cliniciens, décideurs).
A terme, les objectifs sont multiples : réduire la fréquence des passages à l’acte, la mortalité, les handicaps et les incapacités résultant de tentatives de suicide et diminuer les nouvelles tentatives de suicide.

 Les idées suicidaires chez l’enfant et l’adolescent ne doivent pas être banalisées

Le suicide est un sujet tabou, douloureux et intime. Il est très difficile, surtout chez les plus jeunes, d’accepter de demander de l’aide concernant sa santé mentale. Il est commun de penser que la période de l’adolescence est difficile pour tout le monde et propice aux idées suicidaires, et il arrive très souvent que celles-ci soient donc banalisées. Pourtant, selon une enquête IPSOS pour la Fondation Pierre Deniker¹, 95% des jeunes sont globalement heureux et intéressés par la vie.

Parmi les signes qui doivent alerter, on retrouve : un changement brutal du comportement, la consommation fréquente de drogue ou d’alcool, les actes d’automutilation ou encore les propos suicidaires, qui ne doivent jamais être pris à la légère. Le repérage des enfants et des adolescents suicidaires repose sur une écoute active et un questionnement direct. Il est donc important de prendre au sérieux la parole de tous les enfants et adolescents qui expriment ces idées et de leur apporter une réponse réactive et adaptée. Par ailleurs, il est primordial de noter que le fait de poser de façon explicite la question à un enfant ou un adolescent sur la présence d’idées suicidaires n’induira pas de telles idées ou même un passage à l’acte.

 Des recommandations pour permettre aux différents acteurs de première ligne d’évaluer le risque suicidaire

Pour orienter l’échange avec les enfants et les adolescents, les professionnels disposent de plusieurs outils qui peuvent les guider dans la conduite de la consultation mais qui ne remplacent pas une écoute attentive et un questionnement direct :

  • Le Bullying Insomnia Tobacco Stress Test (BITS) aborde des points tels que la qualité du sommeil, le stress lié au travail scolaire et à l’ambiance familiale, les maltraitances, le tabagisme...
  • L’Ask Suicide-Screening Questions (ASQ) est utile lors des consultations pour des difficultés en lien avec la santé mentale ou lorsque des difficultés se révèlent au cours de la consultation. Celui-ci aborde directement les idées suicidaires.
  • La Columbia Suicide Severity Rating Scale peut aider pour un état des lieux des idées suicidaires et du risque potentiel de passage à l’acte à court, moyen ou long terme.

Pour une appréciation plus complète du risque suicidaire, un entretien avec l’enfant ou l’adolescent dans un contexte propice doit être réalisé : lieu adéquat, climat d’empathie, de non-jugement et de bienveillance, respect de la confidentialité. Celui-ci sera complété par le recueil d’informations auprès du ou des titulaires de l’autorité parentale ainsi que d’autres personnes, dans le respect du secret médical (infirmier et/ou médecin scolaire, médecin traitant, pédiatre, etc.) tout en prenant systématiquement en compte l’environnement de l’enfant et de l’adolescent, en particulier ses interactions avec sa famille et ses pairs. Ces échanges permettront notamment de recueillir des éléments sur d’éventuels problèmes liés au harcèlement sur les réseaux sociaux. D'autres entretiens différés pourront faire suite, dont le délai d’organisation doit être inversement proportionnel au niveau d’urgence et de vulnérabilité estimé.

 Le risque de vulnérabilité ou d’urgence suicidaire doit déterminer la prise en charge

L’évaluation d’une crise suicidaire de l’enfant ou de l’adolescent repose sur l’estimation du niveau d’urgence et de vulnérabilité, qui déterminera la suite de la prise en charge :

  • L’urgence suicidaire correspond à la probabilité que la personne adopte une conduite suicidaire potentiellement létale sur le court terme. Celle-ci ne doit jamais être sous-estimée. Elle nécessite l’appréciation du niveau de souffrance ou de douleur psychique, la caractérisation des idées suicidaires, la recherche d’un scénario suicidaire, l’estimation du niveau d’intentionnalité suicidaire et la recherche de facteurs dissuasifs.
  • La vulnérabilité suicidaire correspond à la probabilité que la personne adopte une conduite suicidaire sur le moyen ou le long terme. Celle-ci est liée aux facteurs de risque, tels que les antécédents personnels et familiaux, l’existence d’un trouble psychiatrique ou encore de difficultés d’ordre familial, et les facteurs de protection présentés par la personne, notamment le soutien social, la cohésion familiale, la spiritualité et les croyances religieuses.

Tout enfant ou adolescent ayant fait une tentative de suicide récente doit être orienté vers un service d’urgences, quel que soit le niveau d’urgence suicidaire actuel.

 Si l’enfant ou l’adolescent présente des idées suicidaires mais n’a pas fait de tentative de suicide récente, la conduite à tenir est fonction de l’évaluation de l’urgence suicidaire :

  • Si l’urgence suicidaire est élevée (inquiétude quant à un passage à l’acte imminent), l’enfant ou l’adolescent est envoyé aux urgences ;
  • Si l’urgence suicidaire est faible à moyenne, l’enfant ou l’adolescent est orienté vers une prise en charge ambulatoire de deuxième ligne (telle qu’un centre médico-psychologique ou un centre médico-psycho-pédagogique, un psychiatre libéral, ou selon le territoire une Maison des adolescents).

En dehors des situations d’urgence élevée, une réévaluation peut être reconduite à 2 ou 3 jours afin de préciser le niveau d’urgence et de vulnérabilité.

Pour éviter un nouveau passage à l’acte, il est recommandé de recourir au plan de sécurité. Il s’agit d’une intervention souple, de mise en œuvre relativement simple et dont l’efficacité est soutenue par des éléments de preuve, en particulier chez l’adolescent après une tentative de suicide. Celui-ci comprend :

  • L’identification des signaux d'alarme associés à une aggravation de la crise suicidaire,
  • Le renforcement des stratégies de coping²;
  • La sécurisation de l'environnement en limitant l'accès aux moyens de suicide ;
  • La mobilisation du réseau social de proximité ;
  • Le renforcement de l'adhésion au suivi et mise à disposition de ressources en cas d'urgence.

 ¹ Enquête réalisée en ligne par IPSOS auprès de 603 jeunes de 15 à 25 ans, 601 parents d’enfants de 11 à 25 ans et 235 enseignants, réalisée du 2 au 12 février 2016

² Ensemble des procédures et des processus qu'un individu peut imaginer et installer entre lui et un événement qu’il juge inquiétant, voire dangereux, afin d'en maîtriser les conséquences potentielles sur son bien-être physique et psychique.

Source https://www.has-sante.fr/jcms/p_3289297/fr/idees-suicidaires-chez-l-enfant-et-l-adolescent-reperer-evaluer-et-orienter-la-prise-en-charge

 ***

Idées et conduites suicidaires chez l’enfant et l’adolescent : prévention, repérage, évaluation, prise en charge

Recommandation de bonne pratique - Mis en ligne le 30 sept. 2021

L’objectif de ce travail est l’élaboration de recommandations dans le but d’améliorer le repérage, l’évaluation, la prise en charge et le suivi des enfants et adolescents ayant des idées suicidaires ou des conduites suicidaires.

Après une présentation des définitions et des quatre principes généraux de la prévention du suicide, la recommandation comporte les parties suivantes :

  • Comment identifier les enfants et adolescents suicidaires ou à risque suicidaire ?
  • Comment évaluer une crise suicidaire de l’enfant ou de l’adolescent ?
  • Comment orienter ?
  • Comment prendre en charge la crise suicidaire en aigu ?
  • Prise en charge hospitalière
  • Plan de sécurité
  • Accompagnement de moyen et long terme
  • À la sortie d’un séjour hospitalier ou des urgences

Documents

 source https://www.has-sante.fr/jcms/p_3288864/fr/idees-et-conduites-suicidaires-chez-l-enfant-et-l-adolescent-prevention-reperage-evaluation-prise-en-charge


***

Idées suicidaires de l’enfant et de l’adolescent : quelle prévention ?

Stéphanie Lavaud 31 janvier 2022 https://francais.medscape.com/*

France – La Haute Autorité de Santé (HAS) a publié en octobre dernier de nouvelles recommandations consacrées à la « prévention des idées suicidaires chez l’enfant et l’adolescent ». Lors du congrès de l’Encéphale 2022, le Dr Charles-Edouard Notredame (MCU-PH dans le service de Psychiatrie de l'Enfant et de l'Adolescent du CHU de Lille), qui a co-dirigé ce travail, est revenu sur les nouveautés de ce texte, tandis que son collègue, le Dr Vincent Trebossen, psychiatre de l'enfant et de l'adolescent à l’hôpital Robert Debré (Paris) a abordé l’impact de la pandémie Covid-19 sur la santé mentale des jeunes [1].

Suicide : 2ème cause de décès chez les 15-24 ans

Avec 23 cas chez les 5-14 ans en 2017 et 312 chez les 15-24 en 2017, le suicide des enfants et des adolescents reste rare. « Néanmoins rapporté aux chiffres de la mortalité à ces âges-là, ces chiffres prennent de l’importance puisque le suicide représente alors 14% de la part de la mortalité chez les 15-24 ans et se place en 2ème position de la cause des décès dans cette tranche d’âge », a rapporté le Dr Charles-Edouard Notredame.

Avant la crise Covid, c’était 8 adolescents de 17 ans sur 100 qui disaient avoir eu des idées suicidaires tandis que 14 avaient fait une tentative de suicide hypothéquant leur pronostic vital. Des chiffres préoccupants « car des études ont montré qu’une tentative de suicide à l’adolescence péjorerait, indépendamment de toute pathologie psychiatrique, le risque vital et fonctionnel et augmenterait le risque de troubles psychiatriques ultérieurement, de même que celui d’avoir davantage de troubles somatiques, de souffrir d’isolement et d’avoir besoin d’aide sociale », a expliqué le psychiatre lillois. Cette hypothèque de l’avenir des jeunes après une tentative de suicide, justifie, pour l’orateur, « l’effort considérable à mener en termes de prévention. »

Le fort impact Covid

Et ce d’autant qu’il y a véritablement un avant et un après Covid quant à la santé mentale des jeunes. Depuis 2019, les chiffres ont littéralement explosé avec plus de 126% de passages aux urgences pour des idées suicidaires chez les 11-17 ans, et une augmentation de 30% des tentatives de suicide. « Et le début 2022 est très inquiétant avec des données qui sont déjà le double de 2021 », a précisé le psychiatre lillois.

Un constat inquiétant corroboré par le Dr Vincent Trebossen, qui a vu une nette augmentation des passages aux urgences de l’hôpital Robert Debré (Paris) à partir de septembre 2020, surtout chez les moins de 15 ans, par rapport aux années précédentes. « Il est indéniable que le Covid a eu un impact sur la santé mentale », a affirmé le psychiatre parisien. S’il y a une tendance à l’augmentation depuis 2010, on assite à une nette accélération ces derniers mois, a-t-il précisé.

C’est donc dans ce contexte tendu que la HAS a procédé à la mise à jour des recommandations en matière de prévention, de repérage, d’évaluation et de prise en charge des idées suicidaires chez l’enfant et l’adolescent, parue en octobre 2021, alors que les dernières dataient de 1998. « L’idée a été de capitaliser sur les anciennes pour en faire de nouvelles », a expliqué le Dr Notredame, qui a copiloté ce travail.

Plusieurs changements de paradigme

Parmi les changements de paradigme retenus figure le fait de ne plus mettre de limites d’âge aux recommandations pour les adolescents et les jeunes suicidants, mais de les étendre à la tranche allant de 11 à 25 ans, compte-tenu que l’adolescence est « sous-tendue par un processus développemental biopsychosocial », explique le psychiatre lillois. Autre grand principe : les idées suicidaires de l’enfant ou de l’adolescent ne doivent plus être banalisées, il faut, autrement dit, « en finir avec l’idée communément admise que tout ado a des idées suicidaires ou que faire une tentative de suicide à l’adolescence, c’est normal » sachant qu’il existe un « continuum » allant des pensées suicidaires au suicide complété. « Il est largement étayé que les personnes qui adoptent des conduites suicidaires préparatoires sont exposées à un surrisque de tentatives de suicide futures, et que le fait d’avoir fait une tentative de suicide augmente à son tour le risque de mourir de suicide. De même, les idées suicidaires augmentent la probabilité d’une tentative de suicide ultérieure, voire d’un suicide complété », peut-on lire dans les recommandations.

En termes de prise en charge, il s’agit par exemple « de ne plus préconiser de façon systématique l’hospitalisation car de nombreux autres dispositifs sont nés depuis [les dernières recommandations], des dispositifs ambulatoires, des dispositifs originaux ou renforcés, des suivis étroits tels l’Asma à Marseille ou à VigilanS, le dispositif permettant de recontacter les jeunes après une tentative de suicide. On peut donc désormais s’appuyer sur des dispositifs post-hospitaliers et on a décidé aussi de mutualiser les différentes solutions qui peuvent être mises en œuvre après une tentative de suicide », a considéré le psychiatre.

Autre changement en termes de priorités et des enjeux de la prévention du suicide : passer sur le mode collectif. « S’il y avait à l’époque, une volonté de mobiliser le sanitaire, on veut aujourd’hui aller plus loin » et faire en sorte d’engager « la responsabilité collective, avec la nécessité d’une mobilisation de l’ensemble des acteurs de la prévention, supposant une meilleure coordination de l’action de ses acteurs dans le respect du champ de responsabilité et de compétence de chacun », a-t-il précisé.

Changement de vocabulaire : « appeler un chat, un chat »

Un point sur lequel les auteurs de la recommandation se sont montrés « un peu pointilleux, voire exigeant » est celui du vocabulaire employé pour désigner les conduites et pensées relatives au suicide. « Premièrement, on a préconisé d’arrêter de parler de « suicide accompli ou réussi » ou de « tentative de suicide ratée » parce que nous avons voulu vider la terminologie autour des conduites suicidaires de toutes dimensions morales », explique le Dr Notredame, « en considérant que ce n’est jamais une réussite de se suicider, que ce n’est jamais un échec de faire une tentative de suicide ». « Deuxièmement, on a évité tout ce qui est « idées noires, tentative de suicide, parasuicide » pour appeler un chat, un chat. Si on veut faire de la prévention et de la recherche exigeantes, il faut pouvoir avoir des terminologies précises sans utiliser des éléments de pudeur ». Le champ du vocabulaire faisant référence au champ pénal est aussi à bannir. Ainsi on parlera non plus de « récidives suicidaires mais de ré-itération suicidaire », ne pas dire « commettre un suicide mais plus simplement, se suicider. » De même, essayer d’éviter les termes « menaces de suicide ou chantage au suicide » qui sont aussi très connotés moralement, a indiqué le Dr Notredame.

Une approche globale, développementale, éco-systémique et pro-active

Sinon, de façon plus générale, les auteurs de la recommandation HAS ont souhaité « ancrer quatre principes forts de la prévention du suicide, à savoir une approche globale, développementale, écosystémique et proactive », a rappelé le psychiatre lillois.

« L’approche globale, c’est une approche multi-niveau, ciblée, impliquée, sélective et universelle. Cela signifie qu’elle est multimodale, conjuguant différentes actions, multidisciplinaires, avec différents champs pouvant être convoqués, mais aussi multi-secteurs, englobant le sanitaire, le médico-social, le social, l’éducatif.... L’approche développementale signifie, elle, que l’on prend en compte les besoins et les modalités d’action spécifiques à l’enfant et à l’adolescent », a décrypté le psychiatre. Par approche éco-systémique, comprendre que la famille doit tenir une place importante dans la prise en charge de conduites suicidaires. « Dans l’approche proactive, exit le temps où l’on attendait que l’adolescent soit motivé ou soit en demande, pour le prendre en charge. L’idée, c’est d’aller au-devant des enfants et des adolescents, et d’assumer le fait qu’ils ont des difficultés (surtout les ados) à demander de l’aide (surtout quand ils ne vont pas bien) ».

Le but de toute cette démarche est de « structurer une chaine de prévention depuis la détection qui s’appuie sur le repérage et le dépistage, puis l’évaluation de l’urgence et de la vulnérabilité suicidaire, l’orientation vers les bonnes ressources et, enfin, la prise en charge en termes de protection, de soins et d’accompagnement », a précisé l’orateur. « Nous avons proposé que toute cette chaîne s’appuie sur la structuration de parcours territoriaux auprès des acteurs de primaire et de seconde ligne », a-t-il poursuivi, avant de promouvoir, pour clore son intervention la ligne de prévention du suicide 3114 (voir encadré ci-dessous) mise en place fin 2021.

De nouveaux outils

Si la période pandémique a été (et est encore) une période très difficile en termes d’impact psychologique sur les enfants et les adolescents, elle a aussi vu émergé de nouveaux outils à destination de la population, a fait remarquer la Pre Priscille Gerardin, responsable de la pédopsychiatrie au CHU de Rouen, qui co-animait la session. Le Dr Vincent Trebossen a ainsi souligné la création du site de ressources clepsy.fr qui regroupe de nombreuses fiches pratiques, conçues par les professionnels du Centre d’Excellence des Troubles Neurodéveloppementaux de l'Hôpital Robert Debré AP-HP (InovAND) sous la houlette du Dr Benjamin Landman, pour accompagner les familles dans leur quotidien. (Lire Des fiches pour aider les parents d’enfants en difficulté pendant le confinement). Le Dr Notredame a, quant à lui, fait la promotion du numéro national de prévention du suicide mis en place le 1er octobre dernier. Gratuit et confidentiel, le 3114 permet une prise en charge sanitaire des personnes ayant des idées suicidaires 7j/7 et 24h/24, sur tout le territoire national.

https://francais.medscape.com/voirarticle/3608079#vp_1

 

samedi 22 janvier 2022

Rapport annuel d’activité 2020 sur les évènements indésirables graves associés à des soins (EIGS)

Rapport annuel d’activité 2020 sur les évènements indésirables graves associés à des soins (EIGS)
Études et Rapports - Mis en ligne le 20 janv. 2022 https://www.has-sante.fr*


Pour cette quatrième année, la HAS publie son rapport annuel dans un format renouvelé afin d’apporter une meilleure lisibilité aux analyses faites sur le plan national et ainsi mieux sensibiliser à la « culture sécurité » et au retour d’expérience en France.

Il est composé de 3 documents :

Un format court,  « les abrEIGéS », condensant les principaux éléments à retenir pour cette année avec une sélection de risques spécifiques

Un « retour d’expérience national » détaillant les préconisations ainsi que les focus sur des regroupements d’EIGS

Un « cahier technique » avec les tableaux statistiques (tris à plats et quelques tris-croisés)
  
Ce quatrième bilan annuel porte sur 3 088 déclarations d’EIGS reçues à la HAS au 31 décembre 2020 et stockées dans une base de retour d’expérience (base REX-EIGS). Les informations reçues à la HAS intègrent les deux parties du formulaire de déclaration qui sont anonymisées avant réception.

L’année 2020 marque la première baisse de transmission des déclarations d’EIGS observée depuis l’ouverture du dispositif (1 081 EIGS pour l’année 2020 contre 1 187 en 2019).

La démarche de déclaration des EIGS constitue un levier essentiel pour comprendre les circonstances de survenue des EIGS, et pour permettre collectivement de les éviter, de réduire leur gravité, voire leur récurrence ; et de sortir ainsi de la culture de la faute.
 
Description des premiers EIGS

En 2020, les déclarations d’EIGS proviennent principalement des établissements de santé (83 %), puis du secteur médico-social (11 %), et enfin de la ville/domicile (3 %). Plus de la moitié des déclarations de l’année 2020 (51 %) proviennent des services de médecine, chirurgie et obstétrique.

Le dispositif est exclusivement centré sur la compréhension des évènements les plus graves [1], ce qui explique que la moitié (52 %) des déclarations a comme conséquence le décès du patient.

Les soins délivrés aux patients ont principalement un but thérapeutique (80 %). Ils sont délivrés pour près d’une moitié (49 %) dans un contexte d’urgence et, pour l’autre moitié, lors d’une prise en charge programmée (47 %). Bien que la situation clinique du patient, avant la survenue de l’événement, soit considérée complexe dans 60 % des situations, la moitié (56 %) des EIGS sont jugés évitables.

L’information du patient ou des proches est réalisée (93 %). Il reste 7 % de situations où aucune information n’est délivrée.
Analyse des EIGS par la HAS

Les déclarations d’EIGS répondent à la définition du décret pour 92 % d’entre elles. Cependant, 48 % des déclarations présentent encore une qualité d’analyse insuffisante.

L’analyse permet de regrouper les EIGS sur des sujets récurrents et selon des perspectives variées. Il peut s’agir de regroupements selon un contexte accidentogène identique (suicides ou chutes de patients etc.) ; un soin ou une pratique professionnelle spécifique (utilisation des voies centrales, contention physique etc.) ; une circonstance immédiate commune (erreurs, gestes traumatiques, oublis etc.) ; une circonstance profonde commune dont des causes organisationnelles (personnel non habituel dans l’équipe, systèmes d’information, etc.) ; une nature de prise en charge (SAMU/SMUR, IRM, dialyse, etc.) ; une conséquence particulière (décès inexpliqués, brûlures, etc.).

Trois analyses spécifiques sont mises en évidence dans le retour d’expérience national :
1. EIGS en lien avec une chute de patient

2. EIGS en lien avec une tentative de suicide


La HAS mène un travail spécifique sur les tentatives de suicides dont le rapport intégral sera publié en 2022.

Le retour d’expérience national rapporte des résultats préliminaires et cibles de premières préconisations, notamment :
deux axes d’amélioration pour les hôpitaux généraux que sont la modification de l’environnement hospitalier (sécurisation des locaux) et la formation des professionnels de soin,
accompagner les soignants et les équipes dans ces situations traumatisantes (seconde victime) ; la postvention doit être un élément indispensable de l’accompagnement des équipes et proches.

3. EIGS en lien avec la dialyse 

[1] Décret n° 2016-1606 du 25 novembre 2016 relatif à la déclaration des événements indésirables graves associés à des soins et aux structures régionales d'appui à la qualité des soins et à la sécurité des patients


Documents
AbrEIGes 2020
Retour d'expérience national 2020
Cahier technique 2020
Infographie – Que nous apprennent les EIGS déclarés de l’année 2020 ?

https://www.has-sante.fr/jcms/p_3309996/fr/rapport-annuel-d-activite-2020-sur-les-evenements-indesirables-graves-associes-a-des-soins-eigs

jeudi 20 janvier 2022

OUTIL DESTINE AUX PROFESSIONNEL.LE.S : Grille d'analyse d'une conduite suicidaire

Grille d'analyse d'une conduite suicidaire 

INFORMATION DE LA STARAQS

​"En cette nouvelle année 2022, la STARAQS poursuit son élaboration des guides d'analyse des Evènements Indésirables Graves associés aux Soins afin de vous soutenir dans cette pratique.

Nous sommes ravis de partager avec vous le "guide d'analyse d'un suicide ou d'une tentative de suicide" élaboré avec le Pr Fabrice JOLLANT et la FORAP (Fédération nationale des Structures Régionales d'Appui).

Pour accéder au guide, cliquez ici.

Destiné aux professionnels des secteurs sanitaire, médico-social et en soins primaires, ce guide vous propose un questionnement spécifique de la prise en charge du patient - résident présentant une conduite suicidaire, qui vient compléter la grille ALARM.

Ce guide a été rédigé dans la continuité de la conférence sur la prévention du suicide du 10 Septembre 2021, dont vous trouverez le replay, les diaporamas et des outils en cliquant ICI.

Nous espérons vous retrouver le vendredi 09 Septembre 2022 pour la prochaine journée régionale sur la prévention du suicide, que nous animerons avec le Pr Fabrice Jollant.

N'hésitez pas à nous solliciter si vous avez besoin d'un accompagnement pour analyser ces événements complexes.

Bien à vous,

L'équipe de la STARAQS. "

Source : Lettre d'information de la STARAQS le 20/01/2022



vendredi 22 octobre 2021

CANADA RESSOURCES Guides de soutien, guides de bonnes pratiques etc du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec

Documents du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec Rubrique :


Prévention du suicide
Guide de soutien au rehaussement des services à l'intention des gestionnaires
Guide de bonnes pratiques à l'intention des intervenants
 

Trajectoire pour les personnes suicidaires selon les indices de dangerosité
Trajectoire pour personnes suicidaires selon les indices de dangerosité
Présentation Trajectoire
Capsule trajectoire
 

Suivi étroit pour la clientèle suicidaire du territoire MCQ
Suivi étroit pour la clientèle suicidaire du territoire MCQ
Présentation Suivi étroit
Capsule suivi étroit
 

Agir en amont pour favoriser la santé mentale de tous et prévenir le suicide
Agir en amont pour favoriser la santé mentale de tous et prévenir le suicide
Capsule vidéo (à venir)
 

Intervention auprès des enfants à risques suicidaires
Guide de soutien pour intervenir auprès des enfants
Présentation du Guide de soutien pour intervenir auprès des enfants de 5 à 13 ans
Aide-mémoire en soutien à votre jugement clinique - enfants 5 à 13 ans
Capsule vidéo (à venir)
 

Stratégie numérique en prévention du suicide
Stratégie numérique en prévention du suicide
Lien Web : suicide.ca et découvrez la section Espace découverte
 

L'impact du suicide d'un aîné sur ses enfants et petits-enfants
L'impact du suicide d'un aîné sur ses enfants et petits-enfants
Capsule vidéo (à venir)
 

Comprendre la détresse psychologique et les comportements suicidaires chez les personnes ayant une déficience intellectuelle ou un trouble du spectre de l’autisme dans une perspective écologique
Comprendre la détresse psychologique et les comportements suicidaires chez les personnes ayant une DITSA
Lien Web : ditsasuicide.ca/
Capsule vidéo (à venir)
Conférence en ligne

La santé mentale au temps du coronavirus
Cliquez ici pour visionner la conférence en différé
Consultez la présentation
 

Outils divers
Trajectoire de services en postvention à la suite d'un suicide
Questionnaire pour la prévention du suicide

Pour de l'information sur les services en prévention suicide, visitez la section : Suicide

Source https://www.ciusssmcq.ca/a-propos-de-nous/documentation/documentation-partenaires/prevention-du-suicide/

jeudi 20 mai 2021

Partenariat entre ASC sécurité et infosuicide : élaboration d’un protocole d’intervention de prévention du suicide pour les agent.e.s de sécurité

Partenariat entre ASC sécurité et infosuicide.Org : élaboration d’un protocole d’intervention de prévention du suicide pour les agent.e.s de sécurité

La question du suicide sur les lieux publics est difficile, c’est un évènement relativement rare et pour lequel il est difficile de s’y préparer. Par définition les lieux sont publics et chacun est principalement concentré sur sa tâche : visiter, traverser , y travailler etc. L’acte suicidaire casse donc de façon soudaine, brutale et inattendue le quotidien et l’ordre public du lieu.
Par ailleurs, ces évènements sont difficiles à quantifier. En effet la détermination du lieu du suicide, à partir des certificats de décès, sur lesquels les données des suicides en France s’élaborent, est partielle. Elle repose sur le certificat de décès qui indique le lieu du décès, et qui n’est pas forcément le lieu du suicide. Si une personne meurt à l’hôpital à la suite d’un suicide, le certificat de décès mentionnera l’hôpital comme lieu de décès, sans que l’on sache si l’acte a eu lieu à l’hôpital, au domicile ou dans un lieu public.

Les tentatives quant à elles ne sont quantifiées que par les données hospitalières, un réseau sentinelles de médecins généralistes ainsi que des sondages ou baromètre en population générale, et la question du lieu de la tentative n’est jamais abordée et/ou recensée. Il existe quelques études locales dans la littérature de psychiatrie internationale mais il est difficile d’en esquisser des généralités. Une étude anglaise suggère qu'environ un tiers de tous les suicides ont lieu à l'extérieur du domicile, dans un lieu public[i] [ii].

Des préventions spécifiques, reconnues efficaces, de limitations d’accès aux moyens sont envisagées sur certains sites, par exemple pour les suicides par sauts (filets de sécurité, pose de hautes parois vitrées etc.), néanmoins elles peuvent s’avérer difficiles par leur coût financier, la faisabilité architecturale ou même pour des raisons esthétiques.

Par ailleurs pour penser une problématique, faut-il encore reconnaitre le risque même quand celui-ci se produit, hors aucun site ne veut être associé à un suicide et encore moins à des suicides ou des tentatives de suicide.

Toutefois, il en est autrement dans la réalité de terrain et il arrive que des tentatives de suicide ou suicides se produisent sur ces lieux : monuments historiques, centre commercial, administrations, métro, building etc. Des lieux qui sont susceptibles d’avoir de la surveillance humaine (agent.e de prévention et de sécurité, gardien.ne, etc. ), avec pour aide un système de vidéosurveillance pouvant aider à détecter des comportements inquiétants.

Suite à des échanges et retours d’expériences de terrain avec des opérationnels, intervenant pour le compte de la société ASC sécurité sur la question, plusieurs constats ont été avancés :
des suicides et tentatives de suicide ont lieu dans les espaces publics ou établissement recevant du public et la première personne primo-intervenante qui est souvent sur place est un.e agent.e de sécurité, en adéquation avec ses missions premières à savoir la protection des personnes.

Dans les faits de nombreux agent.e.s de sécurité sauvent ou contribuent à sauver des vies du suicide. Néanmoins, ces intervenants à qui on ne pense pas forcement restent souvent invisibles. Bien qu’ils/elles y soient régulièrement confronté.e.s, on ne leur a pas donné d’outils spécifiques ni de reconnaissance. Les agent.e.s ont dans leurs formations une approche des soins en premiers secours mais quand est-il des soins en premiers secours de l’ordre de la souffrance psychique, d'autant si la question des suicides est occultée parce que personne ne veut ni n’admet qu’elle arrive ?
 
Ils/elles sont par ailleurs susceptibles de pouvoir repérer des comportements ou attitudes inquiétantes ou significatives avant un passage à l’acte grâce à l’analyse comportementale (ex : une personne qui passe des rambardes de sécurité d’un haut lieu, une personne qui semble abattue ou au contraire très agitée restant de longues heures dans un coin avec un objet tranchant etc.). Même si la majorité des procédures ou le bon sens consiste à appeler les pompiers ou la police, il n’empêche qu’il y a un temps où l’équipe de sécurité et de sureté peut être la seule sur place ou la première à pouvoir rentrer en contact avec la personne afin de tenter de temporiser et intervenir dans la limite de leur sécurité, en attendant les équipes de secours.

On envisage de former à l’évaluation et à l’intervention de crise suicidaire les pompiers, voir  les policiers, les psychologues, psychiatres mais qu’en est-il des autres professions qui sont présentes lors de la crise à sa plus haute intensité ?

Il nous a donc paru intéressant d’élaborer un protocole donnant des éléments d’interventions possibles mais aussi un cadre, des ressources adaptées, des éléments afin de pouvoir ouvrir une discussion avec les personnes en crise suicidaire, des limites d’intervention et surtout une visibilité de leur action.
Le cadre de leurs missions, leurs ressources déjà existantes et inhérentes à leur fonction ne sont pas anodines pour la prévention du suicide :  l’humain et son pouvoir relationnel tout d’abord mais aussi les vidéos surveillances, les rondes, une surveillance des lieux avec peu de passage ou donnant accès à des espaces dangereux, des procédures complémentaires déjà en place, une culture etc. Mais aussi un cadre d’intervention : veiller à la sécurité des biens et des personnes.

Ce protocole permet aussi de mettre des mots sur la difficulté de ce type d’interventions auxquelles ils.elles sont confronté.e.s et permet d’être informé.e.s sur l’existence des espaces vers lesquels ils.elles peuvent s’orienter. Par ailleurs l'impact d’un suicide public s'étend bien au-delà du cercle habituel des membres de la famille, des amis et des connaissances. Les spectateurs, y compris les agent.es de sécurité, peuvent souffrir de traumatismes durables en étant témoins d'un suicide dans un lieu public ou en découvrant un corps. Certaines méthodes de suicide impliquent également directement une autre personne, ce qui peut avoir des conséquences psychologiques importantes.

En dehors même de ces actes graves, les agent.e.s peuvent être aussi être les dépositaires d’un mal être voire de propos suicidaires d’habitué.e.s du site, de collègues, de proches etc. Il est donc important de proposer des ressources pour que ces agent.es puissent orienter si besoin et ainsi, participer à une prévention primaire du suicide. 

Liens :  https://ascsecurite.fr/ & http://www.infosuicide.org/


[ii] Owens C, Lloyd-Tomlins S, Emmens T, Aitken P. Suicides in public places: findings from one English county. European Journal of Public Health 2009; 19(6): 580-2.

lundi 12 avril 2021

Consensus - Recommandations Prise en charge du patient adulte à présentation psychiatrique dans les structures d’urgences , Recommandations de Bonne Pratique Clinique SFMU 2021

Consensus - Recommandations
Prise en charge du patient adulte à présentation psychiatrique dans les structures d’urgences , Recommandations de Bonne Pratique Clinique SFMU 2021

Recommandations validées par le CA SFMU le 31/03/2021 


Extraits :

"L’identification du risque suicidaire lors de la prise en charge préhospitalière du patient (en régulation notamment) est essentielle. La formation des médecins du SAMU à l’évaluation du risque suicidaire s’intègre à la priorité ministérielle visant à réduire la mortalité par suicide en France. Il est donc nécessaire de former les personnels des SAMU à la détection de ces facteurs.Les tentatives d’autolyse avec passage à l’acte (intoxication, traumatisme...) nécessitent une première évaluation dans les SU de la sévérité et des conséquences induites 5 par le geste suicidaire, et la réalisation éventuelle d’examens complémentaires. L’expression d’idées suicidaires, autant que le passage à l’acte suicidaire, doit faire l’objet d’une évaluation psychiatrique une fois la prise en charge somatique finalisée (cf. section 2.3)."

...
2.3 Évaluation du risque suicidaire
Les SU prennent en charge de manière courante des patients suicidaire ou suicidant (après le passage à l’acte). L’apparition d’idées suicidaires et a fortiori le passage à l’acte est à comprendre comme l’acutisation d’un processus pathologique sous-jacent. Il existe donc une réelle opportunité de détecter le risque suicidaire dans nos structures, d’autant plus que proposer un suivi permet de diminuer la morbi-mortalité [18][19]. L’évaluation du risque suicidaire par l’urgentiste est possible en s’aidant de différents outils décrits dans la littérature sous forme de score de risque sans qu’aucun n’ait montré sa supériorité sur les autres. Une des échelles validées aux urgences est la Manchester Self-Harm rule qui se base sur quatre points : antécédents d’autolyse ?, antécédents de prise de traitement à visée psychiatrique ?, utilisation de benzodiazépines dans la tentative d’autolyse actuelle ?, traitement par psychotrope en cours ? Les patients qui ont un score nul sont beaucoup moins a risque de récidive [20] . Un des critères majeurs de l’évaluation initiale reste de demander dès l’accueil IOA, puis lors de l’entretien médical s’il existe encore une velléité suicidaire. Dans ce cas, le risque de récidive précoce y compris en intra hospitalier est non nul. L’évaluation de la stratégie de prise en charge d’orientation d’un patient suicidaire ou suicidant est complexe. De fait, l’évaluation psychiatrique doit être systématique [21]. La prise en charge du patient psychiatrique nécessite une surveillance et une sécurisation des lieux. En dehors des situations où il existe un risque vital somatique, les SU ne sont pas structurellement prévues pour cela et des unités de santé mentale au sein des services d’urgences devraient être le plus possible implémentées lorsque cela est possible. 8 La décision d’hospitalisation ou de non-hospitalisation doit être conjointe entre le médecin psychiatre et le médecin urgentiste. Le lieu d'hospitalisation en soins libres ne dépend pas forcément du secteur dont dépend le patient, contrairement aux hospitalisations sans consentement. La recherche d’une place d’hospitalisation en psychiatrie reste de la responsabilité du psychiatre, le transfert se faisant après accord entre ce dernier et le service d’aval. En cas de fugue, la déclaration administrative doit être systématique avec demande de recherche justifiée auprès des forces de l’ordre s’il existe un risque suicidaire, si le patient présente des idées délirantes ou s’il existe une hétéro dangerosité.

Télécharger le fichier joint

Source https://www.sfmu.org/fr/vie-professionnelle/outils-professionnels/consensus/prise-en-charge-du-patient-adulte-a-presentation-psychiatrique-dans-les-structures-d-urgences-/con_id/540

lundi 1 février 2021

Le suicide, 2e risque identifié d'événements indésirables graves associés aux soins (EIGS)

Le suicide, 2e risque identifié d'événements indésirables graves associés aux soins (EIGS)

51% des Evénements indésirables graves associés aux soins (EIGS) restent évitables en 2019, d'après la Haute Autorité de santé (HAS) qui publie son rapport pour l'année 2019. 1 187 déclarations ont été faites, parmi lesquelles on comptabilise 441 situations liées à un défaut de prise en charge et 439 au suicide du patient. 57% des déclarations émanent de services de médecine, chirurgie et psychiatrie.

Parmi ses missions, la Haute Autorité de santé reçoit les déclarations d’Evénements indésirables graves associés aux soins (EIGS) anonymisées, les analyse et publie un rapport annuel accompagné de préconisations pour améliorer la sécurité du patient.

Ce troisième rapport annuel porte sur 2007 déclarations d’EIGS reçues à la HAS au 31 décembre 2019 et stockées dans une base de retour d’expérience (base REX-EIGS). Les informations reçues à la HAS intègrent les deux parties du formulaire de déclaration qui sont anonymisées avant réception.

Description

En 2019, les déclarations d’EIGS proviennent principalement des établissements de santé (79 %), puis du secteur médico-social (15 %), et enfin de la ville (4 %). Plus de la moitié des déclarations de l’année 2019 (57 %) proviennent des services de médecine, chirurgie et psychiatrie, ces derniers représentant également plus de la moitié des lits d’hospitalisation.

Le dispositif est exclusivement centré sur la compréhension des évènements les plus graves, ce qui explique que la moitié (51 %) des déclarations a comme conséquence le décès du patient, un tiers (33 %) la mise en jeu du pronostic vital, et dans 16 % des cas, un probable déficit fonctionnel permanent.

Les soins délivrés aux patients ont principalement un but thérapeutique (83 %). Ils sont délivrés pour près d’une moitié (46 %) dans un contexte d’urgence et, pour l’autre moitié, lors d’une prise en charge programmée (48 %). Bien que la situation clinique du patient, avant la survenue de l’événement, soit considérée complexe dans 60 % des situations, la moitié (51 %) des EIGS sont jugés évitables. Le déclarant estime avoir maîtrisé ou être en cours de maîtrise de la situation après la survenue de l’évènement (96 %), notamment par la prise de mesures immédiates (85 %). L’information du patient ou des proches est réalisée (93 %). Il reste 7 % de situations où aucune information n’est délivrée.

Analyse

Les déclarations d’EIGS répondent à la définition du décret pour 89 % d’entre elles. Cependant, 49 % des déclarations présentent encore une qualité d’analyse insuffisante.

L’analyse permet de regrouper les EIGS sur des sujets récurrents et selon des perspectives variées. Il peut s’agir de regroupements selon un contexte accidentogène identique (suicides ou chutes de patients…) ; un soin ou une pratique professionnelle spécifique (utilisation des voies centrales, contention physique…) ; une circonstance immédiate commune (erreurs, gestes traumatiques, oublis…) ; une circonstance profonde commune dont des causes organisationnelles (personnel non habituel dans l’équipe, systèmes d’information…) ; une nature de prise en charge (SAMU/SMUR, IRM, dialyse…) ; une conséquence particulière (décès inexpliqués, brûlures…).

Deux sujets mis en évidence dans le rapport précédent ont abouti à des études plus approfondies : l'une porte ainsi sur l’analyse des erreurs médicamenteuses et l'autre sur les EIGS survenus dans les SAMU/SMUR.

Préconisations de la HAS pour améliorer la sécurité du patient

La HAS définit les préconisations suivantes centrées sur la sécurité des patients, en lien avec les sujets mis en évidence dans le rapport :

  • adapter, mettre en œuvre et évaluer l’utilisation de la check-list chirurgicale dans les secteurs opératoires et interventionnels ;
  • réduire les risques associés à la pose d’une sonde nasogastrique ;
  • réduire les risques associés à la création d’un pneumopéritoine en chirurgie digestive ;
  • consolider la démarche d’amélioration de la qualité dans les SAMU ;
  • assurer et développer les connaissances et les compétences individuelles et collectives des équipes, tout en continuant à sensibiliser au respect des bonnes pratiques de prescription, d’administration, de dispensation des produits de santé.

Comme le dispositif de déclaration des EIGS est récent, il doit encore se développer et gagner en maturité. C’est pourquoi est inscrit dans ce rapport une préconisation invitant les structures régionales d’appui à réaliser un rapport annuel sur l’activité d’accompagnement des professionnels de santé dans le cadre du dispositif EIGS.

Rapport annuel d’activité 2019 sur les évènements indésirables graves associés à des soins (EIGS), HAS, janvier 2021, en pdf

https://www.santementale.fr/actualites/evenements-indesirables-rapport-2021.html