vendredi 29 octobre 2021

Sondage Ipsos : un quart des Français souffrent de troubles anxio-dépressifs

Sondage Ipsos : un quart des Français souffrent de troubles anxio-dépressifs

Stéphanie Lavaud Auteurs et déclarations

28 octobre 2021 https://francais.medscape.com/*

France – Le colloque « La psychiatrie à l’heure de la Covid-19, et après ? » organisé lundi dernier au Conseil Economique Social et Environnemental par la fondation FondaMental a été l’occasion de faire le point sur la santé mentale des Français à travers un récent sondage Ipsos. Le Pr Marion Leboyer (Fondation FondaMental) a, de son côté, résumé les liens entre Covid et psychiatrie et proposer des pistes pour une meilleure prise en charge des personnes souffrant de troubles psychiques, en particulier dans le contexte de la crise sanitaire actuelle (voir encadré).
 

Un quart des Français en souffrance psychique

Près d’un an après avoir sondé les Français sur leur santé mentale, l’Institut Ipsos, a réalisé à la demande de FondaMental une deuxième enquête* sur la période du 24 au 27 septembre 2021, afin d’évaluer comment avait évoluer leur humeur en cette période de crise sanitaire.

*Un échantillon qui a porté sur 1000 Français, représentatifs de la population française, âgés de 18 ans et plus, a été interrogé par Internet selon la méthode des quotas.

Le sondage a demandé aux personnes interrogées de compléter le GAD-7, un test de dépistage du trouble d’anxiété généralisé (TAG). Un score supérieur à 7, synonyme de suspicion de TAG, a été retrouvé pour 26% de l’échantillon. « Soit un peu moins que l’année dernière où on était à 31% (déc. 2020), mais cela reste extrêmement important qu’un Français sur 4 se situe dans cette zone » a commenté Brice Teinturier, directeur général délégué, Ipsos France. Certains publics sont particulièrement concernés, notamment les jeunes âgés de 18 à 24 ans (41%), les personnes qui travaillent dans le secteur de la santé (37%), particulièrement exposées – « aussi au niveau structurel pas seulement à cause du Covid » – et chez les personnes qui ont été malades du Covid (37%). Ce taux est aussi de 35% chez les personnes qui ont pu télétravailler. « Le télétravail, les Français en font un bilan largement positif, mais cela ne veut pas dire pour autant que cela ne s’accompagne pas potentiellement aussi d’effets pervers, susceptibles de porter atteinte à la santé des Français », a commenté Brice Teinturier.

Les résultats du PHQ9, outil de repérage de la sévérité des symptômes dépressifs, sont aussi un indicateur important. Ils montrent que 24% des répondants au sondage peuvent être considérés comme victime de dépression modérée à sévère – dont 13% modérément sévère et sévère – ce qui là encore n’est pas négligeable, mais semble assez stable par rapport à la dernière enquête. « En revanche, nous ne savons pas quels étaient les taux de TAG et de symptômes dépressifs chez les Français avant le Covid ».

Dans le détail, en prenant les dimensions une à une, on se rend compte que certaines sont un peu plus basses désormais (se sentir fatigué, difficultés à s’endormir, se sentir triste…). En revanche, deux ressentis progressent, à savoir la mauvaise estime de soi (40% vs 38%) et l’idée qu’ils seraient « mieux morts » (20% vs 18%).

Mal-informés sur les maladies mentales

A la question de savoir si les Français se sentent bien informés sur les questions de santé mentale, les résultats sont éloquents. Si 58% des personnes interrogées se disent informées sur les professionnels de santé à consulter en cas de questions sur sa santé mentale – un chiffre de mon point de vue faible, juge Brice Teinturier – pour le reste, il ressort du sondage un sentiment massif de méconnaissance. En effet, une majorité de Français disent être mal informés sur les structures disponibles en cas de problème de santé mentale, les facteurs de risque des maladies mentales, la conduite à tenir en cas de problèmes de santé mentale d’un de vos proches…

« Dans ce type de questions, il est important de connaitre l’intensité de la réponse, et ici, les personnes qui disent être « tout à fait bien informées » sur les différents items sous à chaque fois sous la barre des 15%, ce qui est très faible », considère Brice Teinturier.
En demande d’informations et qu’on en fasse plus pour la psychiatrie

« Le constat est que, majoritairement, la population se sent très démunie en termes d’informations, alors même qu’un quart des Français est en situation d’anxiété forte, voire présente des symptômes dépressifs » ajoute-t-il.

« De fait, quand on propose aux Français nombre de mesures visant à les informer, c’est un plébiscite, puisqu’elles reçoivent toutes entre 85 et 90% d’approbation », commente le président d’Ipsos. Et plus de 30% des Français considèrent que ce serait « très important » de former des infirmiers en pratique avancée à la psychiatrie (pour prise en charge plus rapide des patients), d’améliorer la formation des médecins généralistes à la psychiatrie ou encore d’augmenter le nombre de lits dans les établissements afin d'améliorer la prise en charge des patients.

« La conclusion est assez simple, a déclaré Brice Teinturier pour clore sa présentation. Oui, il y a des niveaux d’anxiété élevés dans le pays. Ils ont un peu baissé par rapport à l’année dernière et on est dans une situation de manque d’informations criant, avec des niveaux d’attente extrêmement forts des Français pour augmenter le niveau d’information. »


Covid : un impact fort sur une spécialité déjà à bout de souffle

Après qu’Anne Gautier, co-rapporteur de l’avis du CESE "Améliorer le parcours de soin en psychiatrie", a dressé un tableau peu réjouissant – mais lucide – de la psychiatrie en France (retard à la prise en charge, errance diagnostique, difficulté d’accès à la psychiatrie sectorisée avec des délais indécents, pénurie de pédopsychiatres…), le Pr Marion Leboyer, psychiatre (CHU Créteil) est revenue sur les conséquences du Covid-19 sur la santé mentale des Français qui viennent s’additionner et aggraver les lacunes actuelles de la prise en charge. Elle a confirmé que la pandémie de Covid-19 s’était accompagnée d’une augmentation mondiale des troubles anxio-dépressifs, en particulier chez les femmes, les jeunes de moins de 24 ans, les personnes en situation de précarité économique et les patients infectés par le Covid-19 (hospitalisés ou non) – dont 1/5 va développer une maladie mentale dans les 90 jours qui suivent l’infection. La présidente de la fondation FondaMental a, par ailleurs, rappelé que les personnes souffrant d’une pathologie mentale pré-existante étaient deux fois plus atteintes par des formes graves de Covid. Pour faire face à ces impacts de la pandémie, la psychiatre préconise de déstigmatiser, d’informer et de détecter, mais aussi de déployer des consultations psy-Covid simples d’accès. Elle prône la création de plateformes numériques dédiées, pour dépister et soigner et insiste sur la nécessité de vacciner de façon prioritaire les personnes atteintes de pathologies mentales – toutes à ce jour ne le sont pas, a-t-elle précisé.

  https://francais.medscape.com/voirarticle/3607724#vp_1

AUTOUR DE LA QUESTION Morts de la rue : les SDF décédés recensés en 2020 avaient en moyenne 48 ans


Morts de la rue : les SDF décédés recensés en 2020 avaient en moyenne 48 ans


Publié le 28 octobre 2021par C.M. / Localtis https://www.banquedesterritoires.fr/

Les personnes sans domicile fixe dont la mort a pu être recensée en 2020 sont en moyenne décédées à l'âge de 48 ans, contre 79 pour le reste de la population, selon un décompte publié mercredi 27 octobre par le collectif "Les morts de la rue" (CMDR) qui analyse ces décès chaque année.
D'après les données, "non exhaustives", recueillies par ce collectif, 587 personnes vivant à la rue ou en structure d'hébergement provisoire sont mortes en 2020, dont au moins une sur quatre de mort violente (agression, suicide, noyade, accident). Parmi ces 587 personnes, 24% avaient passé plus de dix ans en errance, précise le collectif dans un communiqué.
"Les morts de la rue" a également recensé le décès en 2020 de 81 autres personnes qui avaient connu une période sans domicile, et qui sont mortes en moyenne à l'âge de 58 ans. "Les personnes ayant connu un parcours à la rue même une fois entrées dans un logement subissent toujours le poids de temps passé à la rue qui impacte leur santé et l'âge moyen de leur décès", explique à l'AFP Julien Ambard, épidémiologiste.
Plus de 45% des décès recensés sont concentrés en Île-de-France (suivent les Hauts-de-France et l’Occitanie).
En 2019, au moins 531 personnes SDF étaient mortes, en moyenne à l'âge de 49 ans, selon la même source. Qui précise l'ampleur probable de la non-exhaustivité : "Selon l’étude effectuée en 2014 par des scientifiques extérieurs au CMDR, la réalité se tiendrait autour d’un peu plus de 2.000 décès par an (6.730 personnes sans domicile décédées entre 2008 et 2010)."
Quel a été l’effet de la crise sanitaire sur la mortalité des personnes SDF ? Difficile à dire pour l'heure. En tout cas, "la mobilisation sans précédent des acteurs de l’urgence sociale et des pouvoirs publics a permis d’atteindre des situations exceptionnelles au cours du premier confinement (baisse de 70 à 80% des appels au 115 entre les semaines 7 et 19, baisse des demandes non pourvues) et a contribué à contenir l’impact de l’épidémie sur cette population vulnérable", écrit CMDR dans son propos introductif à ce rapport détaillé de 94 pages.
Toutefois, au-delà des dispositions d'urgence en termes de places d'hébergement temporaires prises par le gouvernement au début de la pandémie, le collectif considère qu'il "ne suffit pas de prendre des mesures ponctuelles, aussi importantes soient-elles, pour réduire la mortalité des personnes sans chez soi, elles doivent être durables et soutenues dans le temps".




Les recommandations de CMDR

A. Mieux connaître :
- la population des "sans chez soi"
- le nombre de décès et leurs causes
B. Prévenir la perte de logement :
- rendre effective la production de logements sociaux et très sociaux par une loi de finances sans coupes budgétaires
- prévenir les expulsions locatives
- s’interroger sur l’utilité réelle des évacuations d’habitats informels (campements, bidonvilles, squats...)
- un revenu garanti pour les 18-25 ans
- accompagner la sortie des dispositifs ASE (aide sociale à l'enfance)
C. Assurer l’accès au logement pour des populations fragiles
- femmes enceintes et leurs familles
- mineurs et jeunes en danger
- demandeurs d'asile
D. Renforcer l’effectivité de l’accès au logement des publics en situation de rue dans le cadre de la politique "Un logement d’abord"
E. Accompagner le soin et la prévention


Pour aller plus loin


Accéder au rapport et à son résumé sur le site du collectif

 

Source https://www.banquedesterritoires.fr/morts-de-la-rue-les-sdf-decedes-recenses-en-2020-avaient-en-moyenne-48-ans

Avec une nouvelle Coalition paneuropéenne, l’OMS/Europe fait sortir la santé mentale de l’ombre

Avec une nouvelle Coalition paneuropéenne, l’OMS/Europe fait sortir la santé mentale de l’ombre
3 05-10-2021

« Il y a quelques années à peine, alors que je me trouvais seule sur un pont près de chez moi, mon monde s’est assombri et rétréci à un point incroyable. Fraîchement diplômée de l’université, j’étais en passe de devenir l’une des dirigeantes de demain, décrochant des distinctions et représentant mon pays. À l’intérieur de moi, pourtant, j’étais si seule. J’étais seule dans mes pensées, je croyais que la douleur que je ressentais était trop vive pour être supportable par quiconque, j’étais certaine que personne ne pourrait m’aider. »

Prenant la parole à l’occasion de la présentation officielle de la nouvelle Coalition paneuropéenne pour la santé mentale, c’est ainsi qu’Aimée-Louise Carton, jeune militante pour la santé mentale, s’est souvenue de ses difficultés.

« Mais mon histoire n’a rien d’exceptionnel. Selon les estimations, 13 % des jeunes de cette Région seraient confrontés à leurs propres démons, et beaucoup d’entre eux pensent qu’eux aussi sont seuls », a-t-elle déclaré. « Chaque personne, dans cette salle, est un mécanisme de changement et d’espoir pour les jeunes comme moi, dans toute la Région. »
 

Un déclencheur d’espoir

Présentée officiellement le 30 septembre à Bruxelles (Belgique) lors d’un événement hybride, en présence de Sa Majesté Mathilde, Reine des Belges, la nouvelle Coalition a pour objectif de remédier aux défaillances des services de santé mentale et de maintenir la santé mentale tout en haut de l’ordre du jour des décideurs, pour les millions de gens qui, comme Aimée-Louise, ont été et restent aux prises avec une mauvaise santé mentale. À l’heure actuelle, plus de 150 millions de personnes vivent avec un problème de santé mentale, et seule une petite minorité d’entre elles reçoivent les soins dont elles ont besoin.

« Cette Coalition est une de mes aspirations personnelles, un désir ardent qui est né durant les nombreuses années passées à écouter les histoires des gens sur le terrain, à travailler avec les personnes les plus marginalisées de la société dans le monde entier », a déclaré lors de cet événement le docteur Hans Henri P. Kluge, directeur régional de l’OMS pour l’Europe.

« Je la vois comme un catalyseur d’où naît l’espoir, un espoir de changement. Cette Coalition sera le moyen de transformer cet espoir de changement en une réalité concrète qui déterminera l’avenir de nos enfants et celui des enfants de nos enfants. »
Remédier aux carences des services

Avant l’apparition de la pandémie, en 2020, il existait des carences dans les services de santé mentale, mais la situation s’est fortement aggravée avec la COVID-19.

Les confinements, l’isolement, le chômage, les fermetures d’écoles, la peur d’une infection : ces facteurs ont affecté tous les membres de la société. Mais des estimations ont montré que les enfants et les jeunes gens ont souffert de manière disproportionnée.

« Nos jeunes sont notre avenir et notre espoir. Nous avons l’obligation de les protéger et de les soutenir maintenant », a dit Sa Majesté la Reine Mathilde.

« Je suis heureuse de voir que cet esprit de collaboration et cette nécessité impérieuse sont des éléments essentiels de la Coalition paneuropéenne pour la santé mentale qui est présentée officiellement aujourd’hui. [Les gens] veulent voir cesser la négligence et la stigmatisation, ils veulent pouvoir consulter et être soignés. Ils aspirent à être reconnus comme des membres actifs de leur communauté locale. Et ils veulent de la dignité. »
Appliquer les décisions des États membres

La Coalition est une initiative collaborative qui réunira des dirigeants et des organisations, tous pays et secteurs confondus. Le rôle des partenariats, comme celui entre l’OMS et l’Union européenne, sera capital pour son succès.

Ces partenariats sont un point pivot du Programme de travail européen 2020-2025 (PTE) – « Une unité d’action pour une meilleure santé en Europe ». La Coalition est l’une des 4 initiatives phares de ce Programme. Lors de la 71e session du Comité régional de l’OMS pour l’Europe, les États membres ont adopté le Cadre d’action européen pour la santé mentale, principal instrument stratégique qui orientera les efforts plus intenses déployés dans toute la Région pour promouvoir le bien-être mental.

Le PTE met l’accent sur les aspects des activités de l’OMS qui s’écartent du simple travail quotidien de l’Organisation. Il ménage la possibilité d’une mise en œuvre agile, permettant d’obtenir plus rapidement des résultats et de soutenir un investissement dans l’avenir. La Coalition est le moyen de mettre en œuvre ce Cadre d’action européen pour la santé mentale.

« Comme dans n’importe quelle crise, ce sont les plus vulnérables d’entre nous qui ont le plus souffert. En tant que dirigeants politiques, nous devons tirer des enseignements de toute crise, et l’une des leçons les plus évidentes pour moi est la nécessité d’en faire plus pour préserver et améliorer la santé mentale de nos concitoyens », a déclaré Mme Stella Kyriakides, commissaire européenne à la santé et à la sécurité alimentaire, lors de la présentation de la Coalition. « Nous sommes solidaires : la Commission, l’Organisation mondiale de la santé, les États membres, les acteurs concernés, les professionnels et les personnes directement touchées. »
La santé mentale ne doit plus être oubliée

La Coalition exhorte tous les niveaux des pouvoirs publics à investir adéquatement dans les services de santé mentale, dans le personnel et dans des infrastructures de soins modernes.

« Notre objectif est de veiller à ce que la santé mentale reste bien en vue dans l’ordre du jour des décideurs, même après la COVID-19 », a déclaré lors de la présentation officielle le docteur Natasha Azzopardi-Muscat, directrice de la division Politiques et systèmes de santé des pays à l’OMS/Europe. « Les personnes comme Aimée-Louise doivent être entendues, écoutées et soutenues. Maintenant que nous avons cette Coalition, nous sommes prêts à travailler avec tous nos partenaires pour concrétiser cette ambition. »

Assurer une visibilité à la santé mentale signifie sensibiliser à cette question et veiller à ce que la population soit informée au sujet des problèmes et du bien-être dans le domaine mental. Mais cela signifie aussi recueillir et diffuser de bonnes informations, repérer les personnes qui souffrent d’une mauvaise santé mentale et concevoir des interventions concrètes pour les aider.

La Coalition est essentiellement un effort collaboratif. L’OMS/Europe veut être contactée par des personnes et des organisations qui souhaitent rejoindre la Coalition et faire partie du changement.

Soulignant le caractère urgent de ce dossier, la présentation officielle prévoyait également un atelier avec des experts techniques et des représentants des ministres, qui ont discuté des prochaines étapes de la mise en œuvre et de la manière de faire avancer la Coalition. Les participants ont débattu sur les moyens d’éviter que l’on n’oublie les groupes vulnérables, tels que les migrants et les Roms, sur la nécessité d’envisager sérieusement l’aspect des droits humains et sur la manière de prendre en considération la santé mentale dans les situations d’urgence.

« Chacun de vous doit prendre une décision aujourd’hui. Jusqu’où êtes-vous disposés à aller pour soutenir la génération suivante ? », a demandé Aimée-Louise aux ministres assis dans la salle. « L’important, ce sont vos décisions des prochaines années. Vous serez peut-être la raison pour laquelle une jeune personne, seule sur un pont, survit et réapprend à aimer la vie. »
Déclaration - Présentation officielle de la Coalition paneuropéenne pour la santé mentale


La Coalition paneuropéenne pour la santé mentale
Rejoignez la Coalition paneuropéenne pour la santé mentale (en anglais seulement)
Video - Launch of the Pan-European Mental Health Coalition - Dr Hans Henri P Kluge
Video - Launch of the Pan-European Mental Health Coalition - Stella Kyriakides
Video - Launch of the Pan-European Mental Health Coalition - Her Majesty Queen Mathilde of the Belgians 

https://www.euro.who.int/fr/health-topics/noncommunicable-diseases/mental-health/news/news/2021/10/whoeurope-brings-mental-health-out-of-the-shadows-with-new-pan-european-coalition 


***
La Coalition paneuropéenne pour la santé mentale

En 2021, plus de 150 millions de personnes vivent avec un problème de santé mentale dans la Région européenne de l’OMS, et seulement un tiers des personnes souffrant de dépression reçoivent les soins dont elles ont besoin. Pour remédier à ce manque de services et de soutien, souvent aggravé par la pandémie de COVID-19, l’OMS/Europe a instauré une nouvelle Coalition paneuropéenne pour la santé mentale.

Présentée officiellement le 30 septembre à Bruxelles, avec la participation de Sa Majesté Mathilde, Reine des Belges, cette Coalition est un partenariat voué à l’amélioration de la santé mentale dans toute la Région européenne de l’OMS. Cette Coalition s’attaquera aux carences des services de santé mentale en réunissant des dirigeants nationaux, des professionnels, des membres de la société civile, des représentants d’organisations internationales et des experts, pour une collaboration qui visera à faire sortir la santé mentale de l’ombre et à lui assurer une place dans notre quotidien.

Les principales priorités de la Coalition seront de transformer les services de santé mentale et de prendre la santé mentale en considération dans les interventions en situation d’urgence et les efforts menés pour la reprise, ainsi que de promouvoir la santé mentale et de prévenir la mauvaise santé psychique tout au long de la vie.
 

Rejoindre la Coalition

Les organisations et personnes intéressées possédant des connaissances spécialisées dans le domaine de la santé mentale sont encouragées à rejoindre la Coalition en remplissant le formulaire « Join the Pan-European Mental Health Coalition ».
 

La santé mentale, tout en haut de l’ordre du jour politique

La santé mentale représente un élément essentiel du bien-être individuel et collectif. Elle peut être compromise par des conditions de vie et de travail ou une situation économique stressantes ou défavorables, ainsi que par les inégalités sociales, la violence et les conflits : à cet égard, la pandémie de COVID-19 a montré à quel point la santé mentale peut être vulnérable.

Dans la Région européenne, les problèmes de santé mentale ont une prévalence élevée et représentent l’une des principales causes de souffrance et d’invalidité.

Les défis posés par ces problèmes affectent tous les âges et tous les groupes sociaux. Il s’agit notamment de la montée en flèche des maladies du désespoir, de la prévalence persistante de troubles dépressifs et de l’anxiété chez les jeunes, de l’augmentation des comportements auto-agressifs et des suicides, ainsi que des besoins non satisfaits des personnes atteintes de démence ou de troubles du spectre autistique. L’augmentation des cas d’épuisement chez les professionnels de santé, la nécessité de faire face aux incidences de la crise de la COVID-19 pour la santé mentale et la nécessité de conforter la résilience des communautés touchées par un conflit représentent des défis concrets.

Dans de nombreux cas, la souffrance des individus et de leur famille est aggravée par la stigmatisation, la discrimination et la violation des droits humains, et l’exclusion sociale. La manière dont la société considère les personnes souffrant de problèmes de santé mentale constitue donc une part du problème lui-même.

La Coalition pour la santé mentale réunira des personnalités engagées, de premier plan, ainsi que des acteurs influents comme les personnes affectées elles-mêmes, afin de transformer les attitudes de la société à l’égard de la santé mentale.

Cette Coalition
fournira une structure globale pour l’échange de données d’expérience et la mobilisation des militants, des défenseurs et des innovateurs de services à l’échelle nationale ;
assurera l’encadrement général d’un passage en revue des enseignements acquis et des perspectives d’avenir pour la formulation et la mise en œuvre de politiques de santé mentale. Cet examen sera effectué pour toute la Région et de multiples organisations ;
encouragera la recherche fondamentale et appliquée sur la santé mentale, en accordant une attention particulière à l’interface entre les soins de santé, l’aide sociale et les soins communautaires et au rôle des soins primaires ; à l’intersection entre la santé mentale et les sexospécificités ; et au rôle de l’insécurité financière temporaire ou chronique ;
facilitera la concertation nationale sur les politiques de santé mentale et de soutien psychosocial, en vue d’intégrer les priorités essentielles de la santé mentale (prévention intersectorielle, numérisation des services de santé mentale, prestation de soins en dehors des instituts psychiatriques et investissement dans des structures de proximité adaptées, collaboration entre les réseaux de soins de santé et d’aide sociale, santé mentale médico-légale, etc.) dans les politiques et plans nationaux.

La Coalition pour la santé mentale : une initiative phare de l’OMS/Europe (2020)

 

jeudi 28 octobre 2021

Fondation d'entreprise Ramsay Santé Prévention du harcèlement scolaire et prévention du suicide chez les jeunes : deux nouveaux livres blancs

Prévention du harcèlement scolaire et prévention du suicide chez les jeunes : deux nouveaux livres blancs

En France, plus d’un élève sur dix scolarisé à l’école primaire au collège et au lycée est victime de harcèlement scolaire. Ce comportement, et son prolongement sur les réseaux sociaux, ont un effet dévastateur sur leurs victimes.

Deuxième cause de mortalité après les accidents de la route, le suicide des jeunes, aggravé par la pandémie et les périodes de confinement, reste un sujet majeur de de santé publique.

Les deux livres blancs publiés par la Fondation d'entreprise Ramsay Santé, investie depuis plusieurs années dans la prévention santé des jeunes dressent les enjeux, donnent la parole aux experts et recensent quelques initiatives majeures en matière de prévention du harcèlement scolaire et du suicide des jeunes.

Télécharger le livre blanc harcèlement scolaire

Télécharger le livre blanc prévention du suicide


REPORTAGE « Une jeunesse sur le fil », sur LCP : à l’hôpital de Rennes avec des adolescents en détresse

« Une jeunesse sur le fil », sur LCP : à l’hôpital de Rennes avec des adolescents en détresse

Sonia Hedidi a rencontré des jeunes dont la crise sanitaire a amplifié le mal-être, accueillis dans le service de pédopsychiatrie.
Par Pascale Santi Publié 27/10/21



Image extraite du documentaire « Covid, une jeunesse sur le fil », de Sonia Hedidi. BABEL DOC

LCP Assemblée nationale - MERCREDI 27 OCTOBRE À 20 H 30 - DOCUMENTAIRE ET DÉBAT

Les conséquences de la pandémie de Covid-19 et des divers confinements continuent de peser sur la santé mentale des enfants et des adolescents. Les alertes se multiplient. Le nombre de passages aux urgences pour idées suicidaires, troubles de l’humeur, dépressions, addictions, progresse fortement dans plusieurs régions françaises.

La réalisatrice Sonia Hedidi nous plonge dans le quotidien de cinq filles, âgées de 11 à 17 ans et un garçon qui ont eu – ou ont encore – des idées suicidaires, certains ayant fait des tentatives de suicide. Ils sont tous passés par le service des urgences du CHU de Rennes et pris en charge par l’équipe mobile d’urgences pédopsychiatriques de Sylvie Tordjman, chef du pôle hospitalo-universitaire de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent de Rennes, où l’on organise aussi des rendez-vous à domicile.
« Idées sombres »

Paul, 15 ans, dit partir souvent la nuit à vélo. « Je me concentre juste sur le chemin (…). Le vélo, ça fait que je ressens rien, et quand on est triste, ne rien ressentir c’est cool, ça enlève toutes les souffrances, les idées sombres. » Ce soir-là, il restera deux heures au-dessus d’un pont, avec l’envie de sauter. « Pourquoi on fait l’effort de continuer à exister quand on trouve ça plus logique de partir », questionne Adélaïde, 16 ans, qui dit avoir « une peur panique de la solitude » et « très très mal vécu le confinement ». Pour Eloane, 17 ans, « en plein confinement, vivre devenait dur, vivre devenait épuisant ». Fumer du cannabis, « jusqu’à onze joints par jour », lui permettait « de ne plus penser ». Madina, 12 ans, dit « avoir fait la con… j’ai pas réfléchi, j’ai pris toute la boîte de Doliprane ». Lire aussi Article réservé à nos abonnés Covid-19 : les effets de la crise sanitaire sur la santé mentale perdurent

« La crise sanitaire a été un amplificateur pour des jeunes qui avaient des problèmes bien antérieurs, des difficultés psychologiques qui étaient déjà là. Le confinement a aussi diminué l’activité physique, augmenté le temps d’écran, ce qui désynchronise les horloges physiologiques », analyse Sylvie Tordjman. « L’isolement social a majoré les choses », ajoute le pédopsychiatre Paul Guillemot, qui décrit aussi un autre phénomène : des jeunes « nous ont amené leurs parents », dont certains ne vont pas bien du tout…

Le documentaire raconte aussi les coulisses des consultations, les équipes confrontées au manque de lits, le désarroi des soignants, leur fatigue. Ces histoires souvent difficiles peuvent faire écho aux leurs. « Je reste persuadée qu’une rencontre peut suffire à faire dévier une trajectoire », tente de (se) rassurer Tu-Anh, infirmière spécialiste en thérapie familiale de l’équipe de Rennes. Deux mois après une tentative de suicide, le jeune Paul dit avoir « perdu ses angoisses nocturnes ».

Covid, une jeunesse sur le fil, de Sonia Hedidi (Fr., 2021, 60 min).Suivi d’un débat animé par Elizabeth Martichoux. LCP Assemblée nationale

Pascale Santi
https://www.lemonde.fr/culture/article/2021/10/27/une-jeunesse-sur-le-fil-sur-lcp-a-l-hopital-de-rennes-avec-des-adolescents-en-detresse_6100126_3246.html










AUTOUR DE LA QUESTION « Chasseur de solitude » est une mobilisation citoyenne proposée par les Petits Frères des Pauvres

« Chasseur de solitude » est une mobilisation citoyenne proposée par les Petits Frères des Pauvres. Chacun de nous a le pouvoir de changer les choses. Nous savons combien chaque geste, même simple, compte. C’est tous ensemble que nous arriverons à briser l’isolement de nos ainés."

"2 millions d’aînés souffrent d’isolement. Ouvrons les yeux sur un fléau invisible. en savoir plus : https://chasseurdesolitude.petitsfreresdespauvres.fr


"Aujourd’hui en France, de nombreuses personnes âgées vivent sans contact, dans un isolement extrême. Si nous n'agissons pas tous face à ce fléau, la situation pourrait s’aggraver.

À l’occasion de la Journée internationale des personnes âgées et de la publication de la 2e édition de notre baromètre sur l’isolement des plus de 60 ans, qui montre une aggravation alarmante de la situation d’isolement des aînés en 4 ans, nous vous proposons d’en apprendre plus sur ce fléau et de vous mobiliser pour agir près de chez vous.

Télécharger le Kit Pour vous permettre de passer à l’action et devenir « chasseur de solitude »
https://chasseurdesolitude.petitsfreresdespauvres.fr/kit.html

Idées suicidaires, humiliation, antidépresseurs : cette enquête montre à quel point les étudiants en médecine vont mal

Idées suicidaires, humiliation, antidépresseurs : cette enquête montre à quel point les étudiants en médecine vont mal 

 Par Marion Jort  le 27-10-2021 https://www.egora.fr/*

“La santé mentale des futurs médecins est en danger !”, alertent plusieurs associations représentatives et syndicats d’étudiants en médecine, qui dévoilent, ce mercredi 27 octobre, une grande enquête sur le sujet. Alors que près de 40% des carabins présentent des symptômes de dépression au cours de leurs études, l’Anemf, l’Isnar-IMG et l’Isni ont voulu sonder les futurs médecins sur l’état de leur santé mentale, cherchant à comprendre quels en étaient les facteurs aggravants et quel est l’impact des maltraitances dont ils peuvent être victimes lors des stages. Idées suicidaires, troubles psychopathologiques, sentiment d’humiliation, harcèlement… Le constat est sans appel pour les auteurs de l’enquête. État des lieux.  

Dépression, burn out, anxiété, épuisement, stress, violence… Ces mots sont depuis longtemps communément associés aux études de médecine. Malgré bon nombre d’alertes, de rapports, le constat reste le même au fil des ans : la santé mentale des carabins est en danger. 

En 2017, quatre organisations représentatives d’étudiants en médecine, l’Anemf*, l’Isnar-IMG*, l’Isni* et l’INSCCA (aujourd’hui Jeunes Médecins, ndlr), ont déployé une vaste enquête afin de dresser un état des lieux précis de l’état de la santé mentale des étudiants d’alors. Sans surprise, le constat était alarmant : 66.2% des jeunes et futurs médecins présentaient des symptômes anxieux, 27.7% présentaient des symptômes dépressifs et 23.7% affirmaient avoir des idées suicidaires. Un constat qui, malgré tout, n’avait donné lieu à aucune réponse de la part des ministères de l’Enseignement supérieur et de la Santé, qui ont néanmoins commandé, en 2019, un nouveau rapport sur le même sujet au Dr Donata Marra. Fruit d’une “longue mise en évidence” pour les syndicats, il n’avait pourtant pas fait ciller les ministères, qui s’étaient contentés de promesses d’engagement, sans réels actes. Celles concernant le respect du temps de travail, notamment. 

Deux ans plus tard, où en est-on ? La crise sanitaire liée au Covid a permis de mettre en lumière l’engagement et la mobilisation des jeunes et futurs médecins… Mais aussi des tensions sur l’exercice du soin en ville comme à l’hôpital. Beaucoup d’internes ont été réquisitionnés pendant leurs stages, ont enchaîné les gardes et les heures pour prendre en charge le surplus de patients Covid, parfois même au détriment de leur propre formation et de leur santé. Leur situation, déjà précaire, a empiré. Des phénomènes qui ne sont pas sans conséquences pour les carabins. 

L’enquête santé mentale relancée

Tous les ans, plus d’une dizaine d’étudiants en troisième cycle de médecine mettent fin à leurs jours. Selon la Fondation Jean Jaurès, un interne à trois fois plus de risques de se suicider qu’un Français du même âge de la population générale.  Une étude parue l’an dernier estime, en effet, que le taux de suicide des internes est de 33 pour 100.000. A titre de comparaison, celui de la population générale pour la même tranche d’âge (25-34 ans) était de 10,9 pour 100.000 habitants en 2014. Depuis le début de l’année, quatre décès ont déjà été recensés officiellement. Furieux de l’inaction des instances étatiques, les étudiants en médecine se sont largement mobilisés au cours de ces derniers mois : organisation d’un rassemblement devant le ministère, campagne de sensibilisation massive sur les réseaux sociaux au moyen des #pronosticmentalengagé et #protègetoninterne... Une mobilisation suffisante pour pousser Frédérique Vidal et Olivier Véran à signer, en avril dernier, un grand plan pour prévenir et maîtriser les risques psychosociaux des étudiants en santé. L’Anemf, l’Isnar-IMG et l’Isni ont également décidé de relancer l’enquête santé mentale** afin de réactualiser les données obtenues en 2017, mais aussi de rechercher d’éventuels facteurs aggravants, mesurer l’impact du temps de travail réellement effectué en stage, et enfin, estimer la prévalence des maltraitances (violences sexistes et sexuelles) chez les carabins. Il ressort d’abord des résultats, qui paraissent ce mercredi 27 octobre, une aggravation de la prévalence des symptômes anxieux : 75% des interrogés ont ainsi montré, cette année, des symptômes d’anxiété pathologique (+9% par rapport à 2017) et 39% des symptômes de dépression sur les sept derniers jours précédant leur réponse au questionnaire (+12%). Selon les organisations représentatives, plusieurs facteurs expliquent les épisodes dépressifs caractérisés, à commencer par le temps de travail hebdomadaire, mais aussi le harcèlement, les agressions sexuelles ou les difficultés financières. 

Pour la première fois, les externes et les internes ont également été interrogés sur le syndrome d’épuisement professionnel, ou burn out. Et là aussi, le phénomène est massif : 67% des carabins ont estimé en souffrir. Les étudiants de premier cycle, eux, sont 39%. 



Facteurs de risque (rouge) et facteurs protecteurs (bleu)



“Le constat est sans appel : la santé mentale des étudiants en médecine s’est dégradée. La crise sanitaire ne saurait être la seule explication à une telle dégradation”, jugent les syndicats et associations représentatives en conclusion de leur enquête. Car au-delà des chiffres, ce qui se dégage de cette étude, c’est la relation très forte entre la santé psychologique des étudiants en médecine et internes avec leur études et conditions de travail. Pour aller plus loin dans l’état des lieux, une analyse lexicométrique a été réalisée à partir d’une question d’expression libre présente à la fin du questionnaire. Trois grandes catégories de réponses ont immédiatement émergé : les conditions d’études (64,2% des commentaires) à partir de mots clés tels que “étude”, “travail”, “temps”, “métier”, “système”, “devenir”. “Je suis venue pour apprendre à soigner et parfois j’ai la sensation d’avoir appris autant à encaisser la douleur des remarques et des échecs qu’à soigner mes patients”, témoigne par exemple une étudiante de deuxième cycle. Un constat partagé par un interne ayant, lui aussi, participé à l’enquête : “les gardes de 24 heures voire plus sont épuisantes et nuisent clairement et objectivement à notre santé psychique mais aussi physique d’autant que les moyens techniques donnés pour assurer notre travail sont vraiment indignes”, écrit-il. 

Un mal-être multi-factoriel

La deuxième catégorie (26% des commentaires) cible les troubles psychopathologiques conséquents, en mettant en exergue des mots comme “consulter”, “burn out”, “antidépresseur”, “anxieux”, “consommation”, “suicidaire”, “psychiatre”. Sous couvert d’anonymat, un interne a, par exemple, avoué être tombé dans l’alcool et souffrir d’idées suicidaires : "​dépression relativement sévère en début de deuxième cycle à cause d’un stage inadapté pour l’accueil d’étudiant débutant. Charge de travail extrême avec pression des examens, consommation alcoolique quasi quotidienne pendant plusieurs semaines, idées suicidaires, mise sous antidépresseurs jusqu’à la fin du deuxième cycle, prise de 10kg au cours de cette période, dépression et anxiété majeure au début de l’internat [...]”. “J’ai dû consulter ma médecin généraliste plus d’une dizaine de fois après un mois d’idées noires et de pleurs constants toute la journée, et l’impossibilité de réviser. J’ai été mise sous antidépresseurs Venlafaxine pour une durée minimum de 6 mois jusqu’au concours”, confie aussi une externe. La troisième et dernière catégorie concerne les violences sexistes et sexuelles subies et représente 8% des réponses. 
Afin de faire évoluer l’enquête de 2017, les carabins ont, en effet, dû répondre à de nouvelles questions ciblant différents aspects de la santé mentale, qui n’étaient pas présents dans l’enquête de 2017. Ainsi, 23% des futurs médecins ont estimé avoir souffert à cause d’un épisode d’humiliation la semaine précédant le sondage. Un quart, à cause du harcèlement. Enfin, dans un contexte de libération de la parole sur les violences sexuelles et sexistes dans le milieu médical, 4% des étudiants interrogés ont reconnu avoir souffert à cause d’agressions sexuelles. L’enquête précise d’ailleurs que plus de trois-quarts des violences sexistes et sexuelles surviennent à l’hôpital. 14% se déroulent en soirée étudiante et 7%, à l'université. Leurs auteurs sont en grande majorité (60%) des médecins thésés. 12% des auteurs sont des soignants non-médecins, 13% des internes et 10% des étudiants en médecine. “À deux reprises dans deux stages différents j’ai eu des médecins hommes un peu trop tactiles de type massage sans autorisation, évidement main sur la cuisse et des comportements de type clin d’oeil, regards insistants... Ces comportements m’ont mise mal à l'aise quand je travaillais avec eux”, rapporte une étudiante en deuxième cycle. 

Selon l’Anemf, l’Isnar-IMG et l’Isni, les causes de ce mal-être des étudiants en médecine sont multi-factorielles. Outre le manque de respect des droits et conditions de travail des carabins, ils pointent notamment du doigt l’immobilisme des politiques publiques. Malgré la mise en place du Centre national d’appui à la qualité de vie des étudiants en santé (CNA), conformément aux préconisations du rapport Marra, ce dernier n’a pu être financé que fin 2020, soit quelques mois avant la clôture de la lettre de mission qui l'instituait, jusqu’à fin mai 2021... Ce centre s’est ainsi “​​heurté à un certain nombre d’embûches institutionnelles et de ralentissements”, estiment les organisations représentatives. De plus, le CNA n’a pas été systématiquement associé aux groupes et réunions ministérielles concernant les études de santé en dépit de plusieurs alertes. Si l’engagement récent d’Olivier Véran et Frédérique Vidal sur les risques psychosociaux des études de médecine est un premier pas en la matière, les syndicats déplorent le fait que le temps de travail hebdomadaire de 48 heures par semaine ne soit toujours pas respecté. Tous les ministres de la Santé successifs l’ont pourtant promis… Mais à l’heure actuelle les internes travaillent en moyenne 58,4 heures par semaine. 

Des propositions à différentes échelles pour améliorer les choses

Forts de ce constat, l’Anemf, l’Isnar-IMG et l’Isni ont formulé plusieurs propositions à mettre en place à l’échelle nationale, locale et individuelle pour faire bouger les choses. Ils préconisent d'abord de cesser la dichotomie “étudiants fragiles” contre “étudiants forts” ainsi que de déstigmatiser les troubles psychiatriques chez les médecins. Parmi leurs propositions figurent également : la garantie de moyens humains et financiers, la sanction des auteurs de maltraitances ou de violence et la mise en place d’une commission nationale habilitée à résoudre des contextes locaux difficiles pour lesquels l’université, l’ARS ou l’hôpital ne peuvent trancher. 

A l’echelle locale, il est nécessaire, selon les organisations représentatives, de renforcer les relais locaux des structures d'accompagnement ou de désigner un référent qualité de vie au sein de la faculté de médecine appartenant au corps des personnels administratifs, et chargé de faire le lien entre l’étudiant et les structures locales. 

Enfin, à l’échelle individuelle, les organisations représentatives insistent sur la nécessité d’assurer la confidentialité d’un étudiant qui serait amené à solliciter de l’aide par un dossier médical protégé avec un secret médical renforcé mais aussi sur l’importance de mettre en place un accompagnement personnalisé des stagiaires et la protection des externes ou internes maltraités pendant leurs stages via une suspension de l’agrément, par exemple. 

*Anemf : Association nationale des étudiants en médecine de France ; Isnar-IMG : InterSyndicale Nationale Autonome Représentative des Internes de Médecine Générale, Isni : InterSyndicale Nationale des Internes. 

** Enquête menée via un questionnaire, accessible pendant six semaines entre les mois de mai et de juin. 11 754 réponses ont été analysées.  

https://www.egora.fr/etudiants/vie-etudiante/69627-idees-suicidaires-humiliation-antidepresseurs-cette-enquete-montre-a