Chaque année, 30 Polynésiens
en moyenne se suicident. Pour sensibiliser et libérer la parole,
l’association SOS Suicide intervient en milieu scolaire. Une de nos
équipes l’a suivie au CJA de Faa’a. Hasard du calendrier, un des anciens
élèves a mis fin à ses jours récemment. Ses camarades sont encore
choqués. Il s’agissait de les inviter à en parler.
Apprendre à voir
le positif, reprendre confiance en soi après une épreuve…Aujourd’hui,
l’association SOS Suicide délivre un message de prévention au CJA de
Faa’a. "C'est une problématique qui touche évidemment nos élèves,
mais qui touche tous les élèves, tous les adolescents, puisque ce n'est
pas propre à Faa'a ni au CJA de Faa'a...C'est une problématique comme le
harcèlement, la violence, la drogue...Donc on fait intervenir...pour la
prévention", souligne Poerava A Manea, directrice du CJA de Faa’a.
Le suicide reste la 2ème cause de mortalité chez les jeunes.
Récemment, un ancien élève de l’établissement a mis fin à ses jours. Un
choc et une incompréhension pour ses anciens camarades. "Ca nous a
tous choqués", "c'est un collègue à moi, on a passé beaucoup de temps
ensemble", "on l'a emmené à l'hôpital psychiatrique", voilà quelques réactions de quelques camarades.
Les bénévoles de SOS Suicide invitent à parler de son mal-être, mais
aussi à écouter celui des autres,
sans jugement, sans moquerie…Et briser la loi du silence. "Il faut parler. Je sais qu'à la maison, dans certaines famille c'est "Tais toi !"...vrai ou faux ?", lance une intervenante de l'association de prévention aux élèves. Le silence, bombe à retardement
"On a tendance quand on est un jeune adolescent à intérioriser, à prendre sur soi, à garder en soi tout un tas de frustrations et d'émotions qui malheureusement font un peu l'effet d'une bombe à retardement", explique Nathalie Colin-Fagotin, psychologue.
Chaque année, une trentaine de personnes mettent fin à leurs jours en Polynésie. En parler, c’est déjà commencer à aller mieux.
Améliorer la prévention face aux traumatismes et conduites suicidaires
Une conférence autour de la question du suicide se tiendra jeudi. Elle rassemblera des spécialistes locaux et étrangers et permettra d'exposer les moyens de prise en charge de la personne.
Comment améliorer la prévention, face aux traumatismes et aux
conduites suicidaires ? C’est la question que se pose conjointement
l’association SOS Suicide et Unité Inserm.
Pour ce faire, une conférence ouverte à tous se tiendra ce jeudi 3
mars à l’hôtel Le Tahiti Pearl Beach de 19h à 21h. L’ensemble des
spécialistes locaux et étrangers se succèderont pour relayer les
dernières avancées en terme de prise en charge des personnes en
détresse, mais aussi pour exposer une enquête de grande envergue
intitulée Autopsom. Une étude, à l’initiative de l’Inserm qui démarrera
cette année jusqu’en 2023 dans différents territoires d’Outre-mer. Elle
reposera sur des entretiens avec les proches de défunts et vise à
connaître les circonstances entourant le décès, les diagnostiques
psychiatriques, le parcours de soin.
Maya Rereao, psychologue et vice-présidente de l’association SOS Suicide, invite “toute personne intéressée par le suicide et le psycho-trauma” à venir s’informer. “On
va mettre en avant l’enquête Autopsom mais aussi, on va parler du
suicide, de ce qu’on sait sur le suicide en Polynésie, des actions de
l’association SOS Suicide pour venir en aide à notre population. On a
déjà remarqué avec l’association qu’il y a des modes d’intervention qui
sont différents. C’est-à-dire que les Polynésiens n’appellent pas. Quand
ils ont besoin d’aide, ils ne vont pas appeler, et c’est à nous à aller
vers eux pour leur proposer de l’aide, pour les rassurer parce qu’ils
ont honte ou ils ont peur, et l’approche se fait comme ça. On a une
trentaine de suicides par an en Polynésie française, et on pense que les
chiffres sont sous-évalués”.
Invité sur le plateau de Tahiti Nui Télévision, le professeur Louis
Jehel, chef de service au CHU Amiens-Picardie et professeur à
l’Université Picardie Jules Verne, reconnaît qu’“on ne déclare pas
suffisamment le nombre de suicides qui surviennent et on retrouve ce
problème dans la plupart des pays d’Outre-mer”. “Il y a besoin
d’accepter les décès par suicide par que les reconnaître permet e
ensuite de développer des actions d’intervention et de protéger les
familles de ces deuils qui sont terribles”.
La Polynésie française recense officiellement 30 suicides par an, sur une population de plus de 280 000 habitants. Les tentatives de suicide, elles, sont estimées à plus de 200 par an. Des chiffres "certainement sous-évalués" selon Maya Rereao, psychologue clinicienne. Face à ce constat, une formation adressée aux professionnels - médecins et psychologues - a démarré lundi 28 février, jusqu'à jeudi. Cette formation vise à mieux comprendre les facteurs de risques et améliorer la prise en charge pour éviter au maximum les passages à l'acte.
Au fenua, les suicides sont le plus souvent liés à des problèmes familiaux ou conjugaux. Le suicide peut aussi être le fruit d'un traumatisme - des antécédents d'agressions par exemple. 82% des victimes ont entre 18 et 29 ans.
L'association SOS Suicide vient en aide aux personnes en souffrance. Une ligne verte gratuite fonctionne 24 heures sur 24 : le 44 47 67. Au bout du fil, des agents sont à l'écoute de quiconque leur demande de l'aide. Ils peuvent ainsi "évaluer" le niveau suicidaire de l'appelant et intervenir en fonction. Dans ce sens, SOS Suicide travaille en lien étroit avec les pompiers et la police municipale.
L'association peut proposer un suivi psychologique aux personnes en souffrance mais aussi aux familles touchées par le suicide d'un de leur proche et le traumatisme qu'un tel acte peut engendrer.
"Ce n'est la faute de personne, c'est la faute de la personne qui a décidé de passer à l'acte", avait sagement rassuré Annie Tuheiava, présidente de l'association SOS Suicide, lors de son intervention dans notre matinale radio du 10 février dernier.
Tahiti, le 28 février 2022 - Identifier des facteurs de risques suicidaires communs en menant des enquêtes auprès des personnes qui ont perdu un proche, c’est l’objectif du projet Autopsom qui va s’étendre sur deux ans. L’objectif est d’aider au mieux à la prévention du suicide qui demeure une des premières causes de mortalité sur le territoire. L’association SOS Suicide organise pour l’occasion une conférence jeudi à 19 heures à l'hôtel Tahiti à Arue.
Le travail d’enquêtes nommé Autopsom (Apport de l'autopsie psychologique à la compréhension des conduites suicidaires en Outre-mer), va être mené par une équipe constituée de psychologues, d’un anthropologue et d’un psycholinguiste qui seront formés par l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale).
“Il y a une formation clinique pour les intervenants d’une part, et il y a aussi un effort qui sera mené en Polynésie comme dans quatre autres territoires d’Outre-Mer”, explique Monique Séguin, professeure à l’Université du Québec dans la région de l'Outaouais et chercheur au groupe McGill d’études sur le suicide. “C’est un effort qui consistera à mener une étude pour mieux comprendre les trajectoires de vie d’une personne décédée par suicide. On veut déceler quelles sont les trajectoires et le cumul d’adversité qui arrive dans la vie des personnes décédées et de voir s’il y a des facteurs communs pour les gens habitant les territoires Outre-mer.”
Participer malgré la douleur
Les enquêtes Autopsom, qui s’étendent sur une longue durée afin d’avoir le temps d’accumuler un maximum de données, seront coordonnées par Maya Rereao, psychologue clinicienne et vice-présidente de l’association SOS Suicide. “C’est une excellente équipe avec laquelle nous allons travailler, explique la psychologue, c’est un grand honneur de participer à ça. C’est un travail très important pour nous chercheurs et qui nous permettra d’obtenir des résultats utiles pour améliorer la prévention du suicide”.
Les chercheurs encouragent les personnes qui habitent sur le territoire de la Polynésie à parler de leur souffrance et à aller chercher de l’aide. Et dans le cas où malheureusement, il y a un décès par suicide, le fait de participer à l’étude malgré la douleur personnelle permet de contribuer à aider quelqu’un d’autre. “La population doit voir cette étude non pas comme quelque chose qui se veut intrusif, mais comme quelque chose qui permettrait de mieux aider les personnes qui sont encore là”, ajoute Monique Séguin.
L’association SOS Suicide organise une conférence sur les thèmes du suicide, du psycho-traumatisme et de la Cump (cellule d’urgence médico-psychologique), jeudi à 19 heures à l'hôtel Tahiti by Pearl Resort, à Arue.
TAHITI, le 27 janvier 2022 - En 2022 et 2023 une enquête
épidémiologique baptisée Autopsom va être menée en outre-mer pour
identifier le risque suicidaire. La Polynésie française y participe. Une
équipe coordonnée par la psychologue Maya Rereao sera formée début
mars. L’action de terrain démarrera dans la foulée.
Maya Rereao est psychologue et vice-présidente de l’association SOS
Suicide. Elle a participé aux dernières enquêtes menées sur le thème du
suicide dans le fenua: Start en 2006 et SMPG en 2017 (voir encadré).
Elle est également la coordinatrice en Polynésie française de l’enquête
Autopsom qui sera menée en 2022 et 2023 et qui est également le sujet de
sa thèse. Elle nous en dit plus.
Que signifie Autopsom ? "Autopsom est l’acronyme de “Apport de l'autopsie psychologique à la compréhension des conduites suicidaires en Outre-mer”.
Qu’est-ce que l’autopsie psychologique ? “L’autopsie
psychologique repose sur des entretiens avec les proches du défunt et
vise à connaître les circonstances entourant le décès, les diagnostiques
psychiatriques, le parcours de soin. L’entretien de plusieurs heures
est une sorte de conversation semi-dirigée. On peut compléter ce travail
en lisant les dossiers médicaux et enquêtes de police si nous y avons
accès. Un des spécialistes actuels au niveau mondial de l’autopsie
psychologique est la professeure Monique Seguin qui travaille au Canada
et qui viendra à Tahiti début mars pour former l’équipe polynésienne
d’Autopsom.”
Pouvez-vous nous décrire Autopsom, quand se déroulera-t-elle et où ? “Cette
étude, à l’initiative de l’Institut national de la santé et de la
recherche médicale (Inserm), va se dérouler en 2022 et 2023 dans
différents territoires d’outre-mer : la Polynésie mais aussi, la
Réunion, la Guyane et la Martinique. Nous aurons en plus un site en
France, à Amiens, qui servira de référence. Nous travaillerons sur 25 à
30 cas au plus par territoire, ce qui nous semble représentatif. Nous
aurons les premiers résultats en 2024. Chaque territoire aura sa propre
équipe de recueil des données.”
Quel est le but de cette étude ? “Autopsom
vise à identifier des facteurs de risque suicidaire communs ou
spécifiques sur ces territoires. Nous essaierons d’identifier également
des nouveaux facteurs de risque parmi les facteurs socioculturels afin
de mettre en place des programmes de prévention plus adaptés. À terme,
nous envisageons d’initier une coordination du monitorage des suicides,
de créer une sorte d’observatoire toujours dans un souci de prévention.
Une attention sera portée sur la violence comme facteur traumatique
favorisant le suicide, les violences conjugales et celles faites aux
enfants.”
Qui compose l’équipe polynésienne de travail ? “Il
y a un psycholinguiste mais il ne sera pas sur place, quatre
psychologues et une anthropologue, Simone Grand. Nous connaissons plus
ou moins les facteurs de risque sur les territoires, mais nous pensons
que certaines choses nous échappent encore. Le fait qu’un
psycholinguiste et une anthropologue soient associés est très innovant
et précieux.”
Quels sont les chiffres en Polynésie, et qui est concerné ? “Il
y a environ 200 tentatives de suicide et 30 à 40 morts par suicide par
an en Polynésie (200 décès par an sur tous les outre-mer). Cela touche
plutôt les hommes. C’est la première cause de mortalité chez les adultes
de 25-45 ans. Nous savons grâce aux enquêtes précédentes que les
chiffres sont sous évalués.”
États des lieux
Deux études ont déjà été
menées sur le territoire pour faire un bilan de la situation, mieux
comprendre les facteurs de risque qui peuvent mener au suicide.
En 2006, START était réalisée sous l’égide de l’Organisation Mondiale
de la Santé (OMS). L’enquête s’est intéressée aux tentatives de suicide
(Amadéo et al, 2016) et aux suicides aboutis (Amadéo et al, 2021) :
facteurs de risques mettant en lumière un lien entre le suicide, la
crise économique, les changements politiques. Un autre composant
s’intéressait à un dispositif de prévention (Amadéo et al, 2015), qui
s’est prolongé par une enquête locale intégrant la culture polynésienne
(Amadéo et al, 2020). Ces publications sont disponibles sur le site web
de SOS Suicide.
L’étude la santé mentale en population générale : images et réalités
(SMPG), réalisée entre 2015 et 2017, a cherché à en savoir plus sur les
représentations de la maladie psychiatrique en Polynésie et le risque
suicidaire. Il s’agissait d’une recherche-action internationale menée
par l’association septentrionale d’épidémiologie psychiatrique (Asep) et
le centre collaborateur de l’OMS pour la recherche et la formation en
santé mentale de Lille. Les résultats sont pour l’instant en cours de
publication. Ces enquêtes ont pu être faites grâce au soutien de
l’association SOS Suicide, le CHPF, la CPS, le Ministère de la santé,
l’ARASS et le Procureur de la république.
Rendez-vous
Le samedi 5 février, un
regroupement est prévu de 13 à 16 heures à la mairie de Pirae à
l’occasion de la journée nationale de la prévention du suicide :
“Plaidoyer pour une prévention partagée”. L’association SOS suicide
invite les associations et les confessions religieuses pour les
sensibiliser à la problématique. L’entrée est ouverte à tous.
Du 2 au 3 mars une
formation est prévue sur l’intervention de crise suicidaire par la
professeure de psychologie et de psychoéducation à l’Université du
Québec Monique Séguin. Le professeur Louis Jehel, chef de service et
professeur au CHU d’Amiens formera des intervenants dans une Cellule
d’Urgence Médico-Psychologique (CUMP) (les 28/02 et 01/03) avec la
participation des Pr Stéphane Amadéo (CHU de Martinique) et Moerani
Rereao (doctorante Paris Saclay), avant le 31 janvier.
Une
conférence “Faire face aux traumatismes et aux conduites suicidaires,
pourquoi la prise en charge est une urgence, comment améliorer la
prévention ?” sera donnée le 3 mars à 19 heures (hôtel Tahiti
Pearl Resort) sur la prévention du suicide et du psychotrauma (contacter
l’association au 87 (89).20.25.23) ou par mail : mrereao1@gmail.com).
Le suicide au fenua, « une vengeance » contre « une injustice »
Tahiti, le 29 mars 2021 – Bardée de diplômes, Yasmina
Taerea s’est encore illustrée en décrochant le deuxième prix du jury au
concours "Ma thèse en 180 secondes" à l’UPF. Son approche
socio-anthropologique du suicide a permis de mettre en évidence le rôle
de la famille dans le passage à l’acte, mais aussi dans la prévention de
la récidive.
Licence d’Histoire-géo, licence en
sciences humaines et sociales, en socio-anthropologie, Master en
recherche comparative en anthropologie, histoire et sociologie à
Marseille… Bardée de diplômes, Yasmina Taerea s’est encore illustrée
récemment en décrochant le deuxième prix du jury au concours "Ma thèse en 180 secondes"
à l’UPF. Également présidente de l'association polynésienne de
prévention 'Te Torea', enseignante à l’Isepp, mais aussi mère de
famille, elle a quand même pris le temps de vulgariser en peu plus en
détail sa thèse sur une approche socio-anthropologique du suicide.
"Je me suis toujours intéressée au rapport de l’homme à la vie et à la mort", confie la jeune femme, admettant une "inspiration philosophique" à son questionnement. "Qu’est-ce
qui va pousser une personne à décider de mettre fin à ses jours ?
Comment réagit la famille, que fait-on de la dépouille ?" Profondément troublée par "les raisons"
du passage à l’acte, la doctorante en anthropologie se saisit de la
question douloureuse du suicide au fenua, par le prisme du milieu
familial. Parce que c’est souvent là que les raisons trouvent leur
origine.
"Les suicides sont d’avantage liés à une situation affective ou conjugale, après une rupture sentimentale, une jalousie,ou à la suite d’une pression exercée par les parents sur leurs enfants, y compris lorsqu’ils sont devenus des adultes", précise la doctorante.
200 tentatives de suicide par an
Un registre "affectif" a priori caractéristique de la Polynésie. "En
métropole ou au Japon, si on est licencié ou qu’on se voit refuser
l’entrée d’une école, ça peut expliquer le passage à l’acte", commente la jeune femme. "Si
on perd son emploi ici, on ne va pas se suicider pour autant. Par
contre, si on perd sa campagne parce qu’on a perdu son emploi, là, c’est
la partie affective qui prend le dessus." Elle fait par ailleurs
remarquer que beaucoup de couples polynésiens se sont formés sur les
bancs du lycée, voire du collège, avec des ruptures d’autant plus
difficiles à gérer.
En moyenne au fenua, 200 personnes
font une tentative de suicide et 30 à 40 y parviennent malheureusement
chaque année. Un drame qui concerne autant les hommes que les femmes, "dont les méthodes employées et les raisons évoquées dans le passage à l’acte sont similaire", contrairement à ce qu’on peut observer ailleurs.
"On a tendance à avoir des études genrées, notamment dans les pays
occidentaux, où le passage à l’acte est beaucoup plus violent et létale
chez l’homme", développe Yasmina Taerea. "Alors que la femme va
préférer l’auto-intoxication ou la pendaison, l’homme préfère l’usage
de l’arme à feu, d’un objet tranchant ou la défenestration." Ainsi
en Polynésie, qu’on soit un homme ou une femme, la pendaison est la
méthode privilégiée, puisque plus accessible d'un point de vue pratique.
"Finalement, ici, le suicide n’a pas de genre."
Une réponse à une pression familiale
Les données ethnographiques recueillies sur un terrain comparatif (Tahiti, Moorea, Rangiroa, Raivavae) montrent notamment "qu’en
majorité, se tuer, sous le verbe ha'apohe, répond à une pression
exercée par la famille, laquelle pousserait au premier suicide, mais
préviendrait des récidives".
La pression en question
se caractérise souvent par le refus d’une liaison. Yasmina évoque ainsi
le cas de deux jeunes femmes d’une vingtaine d’années qui reprochaient à
leur père respectif de leur interdire une relation avec un garçon du
même âge. "Dans ce cas-là, soit tu choisis ton partenaire et tu
perds ta famille, soit tu choisis ta famille et tu perds ton partenaire,
dans les deux cas tu es perdant", résume la doctorante. Entre le marteau et l’enclume, le suicidant choisit le passage à l’acte comme pour "se venger dans la mort d’une injustice vécue au sein de la famille". Il s’agit de montrer qui est la cause du suicide. "En
général, tout est scénarisé : le lieu, le moment, pour que le corps
soit découvert. Tout est rationalisé, rien n’est laissé au hasard, explicite la jeune femme. Il
s’agit de culpabiliser celui qu’on accuse comme étant à l’origine du
suicide : tu n’as pas voulu que j’épouse un tel, voilà le résultat."
Quel est l'impact du confinement ?
En revanche, lorsque que la personne échappe finalement au suicide et
survit à l’acte, elle devient un formidable facteur de prévention des
récidives. "La famille s’organise pour éviter une nouvelle tentative, ce qui amorce une réorganisation du fonctionnement familial", positive la jeune femme, soulignant le rôle des familles pour éviter le drame. À condition d’être à l’écoute. "Ici, on fonctionne beaucoup à la suggestion, on ne dit pas forcément les choses", reprend Yasmina. D'un côté "les enfants ne vont pas forcément exprimer leur mal-être en le disant, mais par des gestes ou des comportements", de l'autre "les familles ont tendance à se dire que la personne est capable d’encaisser."
Dans un contexte de crise sanitaire, la doctorante s’apprête à
actualiser les données de sa thèse en y intégrant la variable Covid. "La question se pose de savoir si le confinement peut avoir eu un impact sur les pressions familiales exercées sur les enfants, précise la doctorante. Les dynamiques sont-elles les mêmes ? Comment passer à l’acte à l’abri des regards s’il y a du monde à la maison ?"
Lancement de l’assistance technique en charge d’appuyer l’élaboration
du projet d’établissement du pôle de Santé Mentale de Polynésie
Française
Ce projet répond à la demande du Ministère de la Santé et de la
Prévention (MSP) de Polynésie Française et vise à proposer un diagnostic
et l’orientation pluriannuelle du pôle de santé mentale, nouvellement
créé au sein du Centre Hospitalier de Polynésie Française (CHPF), tout
en lui permettant de mener à bien avec agilité et flexibilité les divers
projets de structuration qui lui sont propres en proposant une démarche
concertée, participative et inclusive.
Les travaux engagés en 2016 pour la construction du pôle de santé
mentale sont en cours. En prévision de son ouverture, l’assistance
technique viendra définir la vision et l’organisation du pôle.
L’enjeu principal de ce projet réside dans la capacité à construire
une offre en Santé Mentale sur-mesure qui réponde aux besoins de la
Polynésie Française et contribue à :
Réduire les inégalités d’accès aux soins et les inégalités sociales en santé ;
Prévenir et prendre en charge les traumatismes psychiques sur l’ensemble du territoire ;
Réduire les taux de suicide et de tentatives de suicide en prenant en compte notamment la dépression ;
Lutter contre les additions avec l’ouverture d’un pôle d’addictologie.
L’appui visera en outre à faire ressortir les pistes de réflexion,
les enjeux et difficultés techniques, les problématiques
médico-sociales, à fixer des priorités avec agilité et à porter une
vision en lien avec les orientations stratégiques du gouvernement.
La création du pôle et l’élaboration du projet d’établissement
permettront de regrouper l’ensemble des dispositifs intervenant en santé
mentale et plus spécifiquement la psychiatrie adulte, la
pédopsychiatrie, l’addictologie et le centre d’action médico-sociale. Le
projet médical du pôle devra en outre engager les synergies et
complémentarités entre d’une part les missions du pôle et un dispositif
prenant en compte la grande singularité géographique du territoire
polynésien comprenant les archipels. Ce dispositif se voudra
nécessairement ouvert vers l’extérieur.
SOCIÉTÉ Un projet pilote de gestion des émotions au lycée Samuel Raapoto
Dimanche 3 Février 2019 www.tntv.pf/*
ÉDUCATION – Le lycée Samuel Raapoto, en partenariat avec la
direction de la Santé, a monté un projet pilote de gestion des émotions à
destination de ses élèves. Deux classes y participent et les débuts
sont encourageants.
(crédit photo : Tahiti Nui Télévision)
"Identifier ce qui se passe, accepter ce qui se passe et après
l’exprimer pour le gérer, ce sont des étapes obligatoires pour pouvoir
gérer ses émotions", explique Ramon Walker, infirmier à la direction de la Santé.
Tristesse, peur ou colère, les adolescents ont tous déjà ressenti ces
émotions. Mais les comprennent-ils ? Au lycée Samuel Raapoto, avec une
infirmière scolaire et une équipe de la direction de la Santé, les
élèves de deux classes de seconde apprennent à mettre des mots sur les
maux du quotidien.
Pour Eva, l’une d’entre eux, c’est "intéressant, parce qu’on ne sait pas grand-chose des émotions, en tout cas personnellement je ne savais pas grand-chose…"
Alicia, elle, a vite appris la leçon. "Les émotions, c’est important qu’elles soient extériorisées pour qu’on puisse être compris", confie-t-elle.
Selon une enquête de l’Organisation mondiale de la santé (OMS)
réalisée en 2016, 44% des 13-17 ans scolarisés en Polynésie déclarent
avoir bu de l’alcool avant 14 ans. 14% ont sérieusement pensé au
suicide. Des chiffres qui ont servi de point de départ à ce projet
pilote.
A l’échelle de l’établissement, l’enquête a démontré que certains élèves souffrent de mal-être. "L’échantillonnage
sur le lycée Samuel Raapoto rapporte aussi beaucoup de situations où
les jeunes sont anxieux, ont peur de l’échec, ont peur de l’avenir, précise Rachel Tomei, l’infirmière scolaire de l’établissement. C’est
normal, mais parfois ça prend des proportions plus importantes quand
elles sont cumulées à un mal-être lié à des difficultés d’ordre
familial, de sécurité financière…"
Le mal-être est un
facteur de risque selon les spécialistes de la direction de la Santé.
Les émotions influent sur les comportements. Ces lycéens cherchent à
savoir à quels besoins elles correspondent. Objectif des professionnels
de santé : éviter que les jeunes tombent dans une dépendance.
Grace à des vidéos, des exercices, des interventions d’une
psychomotricienne, ces lycéens vont apprendre à canaliser leurs
émotions.
À l’issue des séances, une roue des émotions
sera construite. Elle sera un outil pour orienter les jeunes en cas de
tristesse, colère ou dégoût, vers des solutions adaptées.
Les émotions positives comme la joie, la confiance ou l’attention ne
sont pas oubliées. Elles font partie des clefs pour retourner la
situation dans le bon sens.
Compte-rendu de l'intervention des membres
bénévoles de SOS SUICIDE Polynésie française auprès de plus de 1500 jeunes le 9 novembre 2018 Lire le communiqué
Ministère des Solidarités Journée « santé mentale et prévention du suicide » au CHPF
La Journée « santé mentale et prévention du suicide » a débuté,
vendredi matin, à l’amphithéâtre de l’hôpital du Taaone, en présence
notamment du ministre des Solidarités, Jacques Raynal.
La première partie de la journée s’est déroulée sous le signe du futur
plan de santé mentale. Le Pr Bruno Falissard, pédopsychiatre, directeur
du CESP (centre de recherche en épidémiologie et santé des populations),
rattaché à l’INSERM, a débuté la série de conférences par un exposé sur
l’avenir de la pédopsychiatrie dans le monde.
Au niveau mondial, dans le tableau complet des maladies, la part
relative aux troubles mentaux augmente, et ce même si en parallèle la
santé générale des individus s’améliore. D’où l’intérêt porté à la santé
mentale par les politiques publiques de santé. Les pays en voie de
développement investissent massivement dans le domaine de la
pédopsychiatrie en raison de la part importante que représentent les
jeunes dans la démographie de ces pays. Du fait de leurs faibles
ressources, ils s’adaptent et s’appuient en partie sur des acteurs
locaux (travailleurs sociaux, infirmiers, religieux…) et le tissu social
de la communauté. Ils inventent ainsi un système peu onéreux qu’ils
peuvent déployer sur l’ensemble de leur territoire. C’est une politique
très « coût-efficace » car les effets se font sentir sur le long terme
et impactent également l’ensemble de la famille même s’ils ne se voient
pas toujours dans l’immédiat.
La Direction de la Santé a poursuivi en présentant l’état d’avancement
du premier plan de santé mentale de Polynésie française. Les indicateurs
collectés pointent la nécessité de concentrer les efforts en direction
des jeunes et des personnes en situation de précarité. L’importance de
la prévention en direction du public scolaire mais également
l’accompagnement des familles en difficulté devraient permettre de
renforcer les capacités à faire face aux difficultés de la vie
quotidienne des individus.
La nécessité de développer l’offre de soins spécialisés de proximité en
lien avec les soins de santé primaires pour couvrir l’ensemble des
archipels est une donnée qui n’est plus à rappeler et qui fait l’objet
d’un large consensus. Les soins ambulatoires sont une réelle alternative
à l’hospitalisation dans un grand nombre de situations.
L’accompagnement social et le passage des professionnels de santé dans
les dispositifs sociaux et médico-sociaux sont des étapes importantes.
D’une part, les dispositifs sociaux arrivent à saturation du fait de
l’augmentation du nombre de familles en difficulté, d’autre part, les
professionnels de santé doivent repenser le modèle de soins et
développer leurs actions de suivi en direction des familles d’accueil,
des centres d’hébergement ou des foyers, en lien avec les partenaires
extérieurs.
Le Dr Stéphane Amadéo a poursuivi par un exposé sur l’enquête
multicentrique SMPG « Santé mentale en population générale » conduite
fin 2015 par l’association SOS suicide sous l’égide de l’OMS
(Organisation mondiale de la santé). Cette enquête a montré que plus de
40% de la population présentait au moins un trouble psychique, que
celui-ci soit minime ou qu’il occasionne de la gêne dans la vie
quotidienne de l’individu. Les risques suicidaires, les troubles de
l’humeur, les problèmes liés à l’alcool ou à la drogue sont fortement
représentés. Une particularité de la Polynésie française montre que peu
de personnes ont recours aux soins de santé primaire pour un problème de
santé mentale.
Un autre fait important est le nombre élevé de personnes ayant vécu un
ou plusieurs traumatismes, soit 44% des personnes interrogées. Parmi ces
traumatismes, 30% était d’origine physique, et 16% d’origine sexuelle,
et l’on sait par ailleurs que la majorité des violences déclarées sont
d’origine intra-familiale. Le Dr Amadéo a également abordé le projet de
psychiatrie de secteur visant à développer les consultations « hors les
murs » pour permettre une alternative à l’hospitalisation. Il est
également revenu sur le plan de prévention du suicide de l’OMS.
L’après-midi devait être consacrée à la prévention du suicide. Un
exposé sur l’historique et l’évolution du centre de prévention du
suicide Didi Hirch MHS était ainsi prévu par Me Patricia Speelman du
centre de prévention de Los Angeles.
Le Pr Pierre Thomas de l’Observatoire national du suicide, psychiatre
au CHU de Lille, devait pour sa part présenter une revue des tendances
globales du suicide dans les prisons et le nouveau plan de prévention du
suicide en France qui décline un kit opérationnel basé sur des mesures
probantes. Une de ces mesures consiste à recontacter la personne qui a
fait une tentative de suicide dans les suites de son acte afin de
maintenir le lien et prévenir ainsi les récidives. D’autres mesures ont
été exposées, telles que la mise en place d’un numéro vert unique
pouvant être régulé par la plateforme d’écoute des pompiers, la
formation des médecins généralistes au suivi des patients dépressifs et à
la reconnaissance de signes de gravité, la mise en place d’un portail
« grand public », la prise en compte du sur-risque chez les personnes de
l’entourage afin de travailler sur la notion de « contagion
suicidaire ».
Le Dr Didier Delhaye, du CHU de Bordeaux, devait en outre évoquer le
dépistage et la prise en charge des dépressions selon les nouvelles
recommandations, lesquels constituent un axe majeur de la prévention du
suicide. Il est particulièrement impliqué dans les cas de « dépressions
résistantes ». Le plus souvent, ces dépressions difficiles à traiter
sont la conséquence de parcours de soins brisés mais plus rarement il
s’agit de véritables dépressions résistantes pour lesquelles on retrouve
dans l’histoire de la personne soit des co-morbidités, soit des
pathologies anxieuses qui sont un frein à la guérison, ou encore des
syndromes de stress post-traumatiques ou des épisodes passés de
dépressions, ce qui donne à penser qu’il est important de prendre en
compte précocement les épisodes dépressifs.
A la fin de la journée, une table ronde était prévue sur la thématique
de la recherche épidémiologique en santé et ce qu’elle peut apporter à
la formation, aux soins, avec également l’évocation de la création d’un
centre d’hébergement d’urgence en Polynésie. L’ensemble de ces
contributions permettront, lors de l’élaboration du « plan de Santé
Mentale », d’alimenter les réflexions au vu de ces récentes avancées
nationales et internationales.
Problèmes de santé mentale : quelles solutions ?
www.tahiti-infos.com/*
Le ministère de la Santé a lancé en avril un appel d'offres pour l'élaboration d’un plan et d’un projet d’établissement du pôle santé mental. Le plan de santé mentale devra être rédigé avant la fin de l'année. PAPEETE, le 9 mai 2018. La Journée de Santé mentale est
organisée ce vendredi 11 mai à l'amphithéâtre du centre hospitalier du
Taaone. Des spécialistes interviendront toute la journée.
L’association SOS Suicide organise, en partenariat avec le
ministère et la Direction de la Santé ainsi que le CHPF, une journée de
santé mentale ce vendredi 11 mai au Taaone. Cette journée a pour but de
faire le point sur le plan de santé mentale de Polynésie française et
des programmes de prévention du suicide.
Des personnalités importantes seront présentes. Le professeur
Bruno Falissard, pédopsychiatre et directeur du Centre de recherche en
épidémiologie et santé des populations à Paris et le Professeur Pierre
Thomas, Psychiatre au CHRU de Lille et directeur adjoint du laboratoire
de Sciences cognitives et affectives), le Dr Didier Delahaye,
Psychiatre Chef de Clinique au CHRU de Bordeaux et Patricia Speelman,
Directrice du Centre de Prévention du Suicide de Los Angeles, seront
présents.
Cette journée de santé mentale, ouverte au grand public, débutera à 8h15 dans l'amphithéâtre.
La matinée de vendredi sera consacrée au plan de santé mentale. Le
professeur Bruno Falissard évoquera l'avenir de la psychiatrie pour
enfant dans le monde avant que la direction de la santé en Polynésie
française présente le projet de plan de santé mentale.
Le rôle joué par l'association SOS Suicide sera ensuite rappelé.
L'après-midi, des interventions sur le "suicide et les troubles mentaux
chez quelques illustres personnages, les soins psychologiques à distance
et la religion et la prévention du suicide" seront évoqués.
Trois heures seront ensuite consacrées à la prévention du suicide,
de 14 à 17 heures. Patricia Speelman présentera le fonctionnement et
l'évolution du centre e prévention du suicide Los Angeles. Le professeur
Pierre Thomas évoquera ensuite la question des suicides en prison et le
plan de prévention du suicide en France.
Le docteur Didier Delhaye clôturera cette séquence avec une
intervention sur le dépistage des dépressions et leur prise en charge
selon les nouvelles recommandations, "un axe majeur de prévention du
suicide". De 16h15 à 17 heures, une table ronde ouverte au grand public
se tiendra sur le thème "améliorer la formation et la recherche médicale
en Polynésie française". Les questions suivantes seront ainsi abordées :
"La création d'un CHU est-elle possible en Polynésie française ? Que
peut apporter la recherche en épidémiologie à la formation, aux soins et
à la prévention en santé mentale dans le contexte polynésien et dans
les Outre Mers français ?"
https://www.tahiti-infos.com/Problemes-de-sante-mentale-quelles-solutions_a171472.html
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SOCIÉTÉ
Suicide: en parler diminue le risque de passage à l'acte
Jeudi 10 Mai 2018 https://www.tntv.pf*
PAPEETE - Il provoque autant de mort que les accidents de la route :
le suicide. Il sera au cœur des préoccupations vendredi à l’occasion
d’une journée de santé mentale qui se tiendra au CHPF. Cette journée,
organisée par l’association SOS Suicide, réunira des bénévoles mais
aussi plusieurs médecins psychiatres venus de métropole pour partager
leurs expériences.
Cette journée sera l’occasion de définir les bonnes pratiques en
matière de prévention mais aussi de prise en charge des personnes
suicidaires et de leur entourage. Autant de conseils qui pourront être
pris en compte dans le plan de santé mentale qui est en ce moment en
train d’être rédigé par le Pays. Car en Polynésie, tout reste à faire ou
presque, en matière de prévention et de prise en charge du suicide. Le
taote Stéphane Amadeo, président de l’association SOS Suicide, fait le
point sur la différence de traitement entre la métropole et la
Polynésie.
"Le taux de personnes qui ont des idées de
suicide ou qui ont fait des tentatives est de 20% en Polynésie, alors
qu'en métropole, il est de 10%." constate le docteur Stéphane
Amadeo indiquant qu'en France la moyenne nationale est de 23 psychiatres
pour 100 000 habitants, alors qu'en Polynésie, les psychiatres sont au
nombre de quinze pour 280 000 habitants.
"Après, il y a
très peu de psychiatres libéraux, il n'y pas d'offres de soins ni
d'hospitalisation en clinique, donc on a 65 lits qui sont full. Ceci
montre la difficulté que l'on a à gérer les urgences psychiatriques
lorsque l'on a pas suffisamment de place pour les recevoir, ou de moyens
pour bien, les suivre, une fois que les patients sont sortis."
Le psychiatre Pierre Thomas du centre hospitalier de Lille,
spécialiste de la prévention du suicide est l'un des intervenants de la
journée, et estime qu'il y a beaucoup à faire dans ce domaine, tant en
France qu'en Polynésie. "Il y a une mobilisation depuis les
années 90 sur la prévention du suicide et un rapport récent montre que
ces stratégies de prévention, n'ont pas été efficaces."
Pour le spécialiste, il n'y a pas eu de diminution de la mortalité du
suicide, qui reste à 10 000 morts par an en métropole, alors que les
accidents de la route ont diminué, passant de 10 000 à 3 000 grâce aux
méthodes de prévention. "Ce qu'il faut savoir c'est que le suicide fait partie des décès qui peuvent être évités et l'on est tous concernés."
Il existe cependant des stratégies qui ont fait leurs preuves et qui
seront mises en place, car l'objectif est clair, diminuer de 20% sur les
quatre prochaines années, la mortalité par suicide.
"On
a plusieurs pistes, comme le suivi des personnes qui ont fait une
tentative de suicide, car c'est cette population qui est la plus
vulnérable." Maintenir le lien, soit par SMS, courriels, coup de fil et cette procédure, selon le docteur, est "
une méthode qui a montré son efficacité et qui devrait être déployée
dans les deux ans qui viennent sur l'ensemble du territoire."
En Polynésie, le docteur Amadéo a instauré ce processus avec un numéro
SOS suicide (444 767) où outre un suivi, des soins sont proposés. Quant
à savoir ce qu'est une bonne campagne de prévention: "La première
chose est de lutter contre les idées reçues, telles que l'on ne peut
rien faire, d'autant que la contagion suicidaire est un fait avéré qui
se diffuse par les réseaux sociaux, mais aussi par les médias."
Et de citer le suicide de stars que parfois les médias ont tendance à rendre glamour. "Il
faut bien évidemment en parler, mais d'expliquer que si cette personne
s'est donnée la mort, c'est qu'il souffrait, qu'il était isolé, et qu'il
existe des ressources pour ne pas arriver à cette extrémité."
En discuter, même si cela ne semble pas évident, il faut dialoguer avec la personne susceptible de passer à l'acte. "On
a toujours peur d'en parler, y compris les médecins, pensant que l'on
risque de provoquer l'acte, alors que rien que le fait d'en parler va en
diminuer le risque."
La journée de santé mentale, aura lieu ce vendredi dans l’amphithéâtre du 2ème
étage de l’hôpital de Taaone, entre 7h30 et 17h, et qu’elle est ouverte
à tous gratuitement. Pour rappel, si vous avez besoin d’aide, vous
pouvez contacter le 444 767, un numéro gratuit et disponible 24h/24. https://www.tntv.pf/Suicide-en-parler-diminue-le-risque-de-passage-a-l-acte_a25623.html
Un plan de santé mentale avant la fin de l'année
Source tahiti-infos.com
PAPEETE, le 19 avril 2018. Le ministère de la Santé a lancé un appel d'offres pour l'élaboration d’un plan et d’un projet d’établissement du pôle santé mental. Le plan de santé mentale devra être rédigé avant la fin de l'année.
Les travaux pour le pôle de santé mentale, derrière le CHPF, ont débuté fin 2016. D'un coût de 3.5 milliards de Fcfp, ils sont prévus pour durer 3 ans et devraient donc s'achever fin 2019.
En prévision de son ouverture, il s'agit maintenant de définir ce qui sera réalisé dans cet établissement. Le ministère de la Santé a lancé le 10 avril un appel d'offres pour l'élaboration d’un plan et d’un projet d’établissement du pôle santé mental. Les dossiers doivent être déposés avant le 11 mai. "L’objectif principal de la politique de santé mentale est de contribuer globalement à améliorer le bien-être et la santé mentale de la population polynésienne", précise le cahier des charges. Pour ce faire, il s'agit de "réduire les inégalités d’accès aux soins et les inégalités sociales en santé, prendre en charge et prévenir les traumatismes psychiques en prenant en compte les souffrances psycho-affectives, réduire les taux de suicide et de tentatives de suicide en prenant notamment mieux en compte la dépression et lutter contre les addictions". Le ministère de la Santé demande au futur prestataire de tenir des assises de la santé mentale en août-septembre prochain. A l'issue de ces assises, le gouvernement attend un rapport qui "doit faire ressortir les pistes de réflexion, les problématiques, les priorités, les points forts et les points faibles du système actuel".
Le plan de santé mentale devra être rédigé en novembre avant les fiches-actions qui devront être éditées en décembre prochain.
"La création d’un pôle de santé mentale, rattaché au CHPF, permettra de regrouper l’ensemble des dispositifs intervenant en santé mentale: pédopsychiatrie, psychiatrie adulte, addictologie, centre d’action médico-sociale précoce", rappelle le ministère. Les missions actuellement confiées à la Direction de la Santé seront aussi intégrées au pôle. Le projet médical du pôle devra donc articuler les missions du futur établissement et aussi "proposer un dispositif ouvert sur l’extérieur, privilégiant le « hors les murs » et prenant en compte les archipels".
Un comité de pilotage donnera les grandes orientations et validera les étapes de l’élaboration du projet d’établissement.
Le pôle d'addictologie pourra ouvrir
Un pôle d'addictologie pourra enfin être ouvert grâce à la construction de ce pôle de santé mentale. C'est quelque chose qui n'existe pas actuellement. Ce sera un service avec des lits d'hospitalisation qui nous permettra de faire des soins spécialisés pour un temps assez long. Les personnes seront là pour un à trois mois pour travailler sur la manière dont ils vont modifier leurs habitudes de vie pour arrêter les produits qu'ils consomment et reconstruire leur vie.
Ce service va combler un besoin pour les gens de Tahiti mais aussi des îles, quand ces derniers seront évasanés, une structure pourra les accueillir.