Le Populaire du Centre
Pédopsychaitrie - Un nouveau bâtiment d hospitalisation pour les
enfants et adolescents en souffrance psychique à Limoges, mercredi 9
octobre 2019
Un nouveau bâtiment d'hospitalisation pour les enfants et adolescents en souffrance psychique à Limoges
Dans ces murs clairs et lumineux, entre chambres, salles de soins et de cours, bibliothèque, table de ping-pong ou baby-foot, sont hébergés des enfants ou adolescents en grande souffrance psychique.
Crise suicidaire, épisode psychotique aigu, troubles du comportement alimentaire aggravés, ou encore pathologie ayant entraîné une déscolarisation plus ou moins longue : leurs maux nécessitent un environnement sécurisé et une prise en charge renforcée. Un nouveau bâtiment d'hospitalisation destiné à cet usage a donc été inauguré, le 4 octobre, au centre hospitalier Esquirol, à Limoges.
Il a été baptisé Roger-Garoux, du nom du professeur qui exerça cette discipline au sein de l'établissement de santé mentale (lire ci-dessous).
La structure, qui rassemble plusieurs pavillons jusque-là éparpillés (dont le plus important, Bellevue), accueille les mineurs à temps complet (week-end compris) ou seulement en semaine, quand leur état psychique nécessite une surveillance et des soins particuliers. Les deux unités, nommées « L'Odyssée » et « le Petit Prince », disposent chacune de dix places.
Une file active de 2.500 patients
« En Limousin, nous suivons 2.500 jeunes patients, dont une moitié est renouvelée chaque année, explique le professeur Bertrand Olliac, responsable du pôle universitaire de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent au CH Esquirol. Neuf sur dix ne seront jamais hospitalisés car l'objectif est de ne pas les couper de leur lieu de vie. Mais parfois, l'hôpital est un passage obligé. »
Le bâtiment d'hospitalisation Roger-Garoux s'inscrit dans la construction d'une réponse plus globale aux besoins de la pédopsychiatrie, avec notamment le Centre de consultations et de soins ambulatoires Itard, inauguré en 2014.
Un enjeu de santé publique
En pédopsychiatrie, le contexte national reste compliqué. Manque de moyens, délais d'attente, absence de coordination entre les structures de soins et le médico-social, risque de rupture, lacunes dans la prévention et la détection des troubles psychiatriques : les problèmes sont légion, a énuméré le directeur d'Esquirol, Thomas Roux, alors que les besoins explosent avec l'émergence de nouvelles problématiques (décrochage scolaire, violence, harcèlement, réseaux sociaux, radicalisation...).
Quand la photo permet à de jeunes patients hospitalisés à Esquirol à Limoges de s'exprimer
Et d'insister sur l'enjeu de santé publique que cela représente. « En France, 600.000 enfants et adolescents sont pris en charge annuellement par les services de pédopsychiatrie. 75 % des affections psychiatriques de l'adulte débutent avant l'âge de 20 ans et la plupart des troubles sévères apparaissent à l'adolescence. » Autant de faits qui demandent une réponse à la mesure.
Au-delà de l'architecture plus chaleureuse du bâtiment Garoux, c'est son fonctionnement qui permettra de faire progresser la prise en charge de ces enfants et adolescents « qu'on dit difficiles, mais qui sont surtout fragiles ».
Qui était Roger Garoux ?
Le nouveau bâtiment porte le nom de Roger Garoux (1946-2011). Reçu major de l'internat en 1969, cet érudit, apprécié pour sa rigueur scientifique et son empathie, devenu « enseignant par vocation », a créé la discipline de pédopsychiatrie à Limoges. Il fut d'ailleurs chef du service dès 1981 et contribua à la renommée de l'établissement.
« En 1991, nous étions une petite équipe qui, grâce à lui, a pu être reconnue au niveau national en accueillant le premier congrès de la Société française de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent et disciplines associés (SFPEADA) », a rappelé le docteur Marie-Michèle Bourrat.
Il travailla à établir des passerelles avec les partenaires extérieurs de l'hôpital, comme l'école, le médico-social...
Roger Garoux fut pendant 13 ans président de la commission médicale de l'hôpital.
Hélène Pommier
Cet article est paru dans Le Populaire du Centre (site web)