Prévention du risque suicidaire
MàJ : 03/09/2019 sur www.unccas.org/*
Le projet politique de la ville de la Châteaubriant est de longue date orienté vers le bien-être des citoyens, avec une forte implication des élus autour des questions de santé publique. A ce titre, le CCAS conduit depuis 2010 des actions de prévention du suicide, qui avaient fait l’objet d’une récompense de la part du Prix de l’Innovation de l’Unccas en 2013, et ont continué d’évoluer depuis.
Contexte
Dans le cadre de sa politique de prévention, la Ville mène des efforts importants dans les domaines suivants :- sécurité routière,
- alcool et consommation de produits illicites,
- accidents domestiques,
- actions prévention santé (vaccination, cancer, obésité).
Un comité de pilotage a été créé dès 2009 afin de travailler sur la méthodologie du projet à engager sur le territoire. Deux axes prioritaires se sont dessinés :
- travailler en direction des professionnels médico-sociaux agissant dans les secteurs personnes âgées, jeunes, adultes en difficulté sociale et personnes handicapées.
- travailler en direction du grand public
Description / Fonctionnement de l'action
2010
Les objectifs initiaux du dispositif, à destination des professionnels étaient les suivants :- acquérir une meilleure connaissance du risque suicidaire (données épidémiologiques),
- reconnaître les facteurs de risques et les signes d’alerte,
- identifier les structures aidantes sur le territoire.
Des actions ont été organisées à destination du grand public. L’objectif général de cette démarche était de fournir des informations sur le risque suicidaire et les différents moyens pour aller vers le mieux être.
En octobre, une soirée théâtre débat s’est déroulée au sein du théâtre municipal de Châteaubriant (499 places). Le théâtre 3 de Nantes a proposé un préambule théâtral de 30 minutes (monologue de 3 femmes exprimant leur mal de vivre), suivi d’un débat, en présence de professionnels de l’association Recherche et rencontres et de deux psychiatres du centre médico-psychologique.
2011
Au cours de cette deuxième année d’action, le CCAS a souhaité :- faire en sorte que les professionnels soient plus à l’aise face à la problématique du suicide dans le cadre de leur pratique,
- les aider ) apprendre à se sentir « à sa place » dans l’écoute à apporter aux usagers,
- permettre un passage de relais vers les structures spécialisées dans de bonnes conditions.
Tout comme en 2010, des actions ont été proposées auprès du grand public avec deux journées de sensibilisation, sous forme d’ateliers :
- atelier rire (jeu d’expression, approche ludique du rire et de l’être ensemble : 45 min),
- atelier look et bien être (travail sur la colorimétrie, la morpho-silhouette, maquillage : 45 min),
- atelier écriture (jeu de mots, acrostiche, photolangage : 1h30),
- atelier table ronde (qu’est ce qui fait vivre, qu’est ce qui fait mourir ? : 45 min).
Toutes ces actions ont fait l’objet d’un travail de communication avec la presse locale et les radios locales.
2012
Intervention sur 1 journée ½ de formation, du Centre hospitalier spécialisé de Blain. Le thème proposé par les formateur s’intitulait "Décès par suicide : ceux qui restent, l’implication de l’entourage, le retentissement du suicide, place et rôle des accueillants", avec un méthode de jeux de rôle à partir de cas concrets.Une journée de sensibilisation aux risques suicidaires en direction des seniors, envers le grand public :
- une table ronde,
- des ateliers : écriture, look et bien-être, discussion, art thérapie,
- un spectacle,
- un forum.
2013
Des réunions d’informations menées par l’association Recherche et Rencontres, ont été organisées au sein d’un l’établissement scolaire.Un Colloque inter-régional (Bretagne/Pays de Loire) a été organisé en partenariat avec le CHS de Blain et l’ARS Pays de Loire. 500 professionnels ont pu bénéficier de ce temps privilégié d’échanges et de partage des connaissances mutuelles : professionnels de santé de la région (médecins, pharmaciens, infirmiers, aides-soignants), professionnels du social de la région (directeurs de CCAS, travailleurs sociaux, associations), élus, étudiants médicaux, paramédicaux et médico-sociaux.
L’objectif était d’alimenter la réflexion à travers les échanges, notamment avec un professeur, de transmettre des expériences locales et de mobiliser un plus grand nombre d’acteurs sur la thématique de la prévention du suicide.
La communication a commencé par un envoi d’invitations par courrier à tous les professionnels répertoriés, puis une diffusion de l’objet et la date du colloque dans les magazines spécialisés : ASH, UNCCAS, magasines spécialisés en santé. Ensuite, une prise de contact avec les structures, repérées comme ressource sur la thématique, est effectuée dans les 6 mois après le colloque. Les outils sont les suivants : plaquette, programme, mallette, documentation, questionnaire d’évaluation.
Cette même année, l’action préventive du CCAS a également été saluée par un Prix de l’Innovation décerné par l’UNCCAS.
Voir la vidéo : https://vimeo.com/138313746
2014Un colloque ARS a été organisé au Mans en février sur le thème Agir ensemble contre le suicide en Pays de Loire/ Le suicide de la personne âgée, au cours duquel 225 participants ont répondu présentes. Le CCAS a participé en temps qu’intervenant, en co-animation avec le CHS de Blain (antenne de Châteaubriant), lors de la table ronde : Du repérage à la coordination.
La Journée Mondiale de prévention du suicide s’est organisé en septembre 2014, au Marché de Châteaubriant. En partenariat avec le CHS de Blain et l’association Recherche et Rencontres, le CCAS a organisé une matinée d’information ayant pour objectif d’ouvrir le dialogue. 9 professionnels de ces structures étaient présents. 565 personnes ont été abordées, pour 165 d’entre elles une véritable discussion sur la thématique a eu lieu. Une distribution de 750 marques page et 71 livres INPES sur la dépression ont été remis.
Pour clore l’année 2014, la soirée-débat Le deuil après suicide au Foyer Restaurant a eu lieu en octobre.
Les objectifs de cette soirée étaient de :
- susciter échanges-débat autour du deuil après suicide,
- diffuser des informations sur la mise en place d’un cycle de réunion à destination des personnes endeuillées par un suicide.
2015
Un groupe d’entraide et de soutien pour les endeuillés par suicide s’est réuni sur Châteaubriant. Durant cette année, un groupe de 4 personnes (2 parents, 1 sœur et 1 conjoint) ont pu participer, de façon assidue, à 6 séances de 2 heures en soirée, tous les derniers jeudis du mois au CCAS. Les séances ont été animées par l’association Recherche et Rencontres ainsi qu’un travailleur social du CCAS.Les thèmes abordés étaient les suivants :
- Un deuil pas comme les autres ? ;
- Quand tout bascule… ;
- Continuer à vivre…Pourquoi ? ;
- La culpabilité ;
- La colère ;
- La phase de déstructuration ;
- Les dates ;
- La phase de restructuration.
La conférence intervenait dans le cadre de la semaine nationale d’information sur la santé mentale. Elle alliait interventions de spécialistes sur le sujet à celles d’acteurs de terrain :
- une équipe du CCAS de Châteaubriant,
- des équipes du Pôle Centre, du pôle de psychiatrie infanto-juvénile et du service formation du CHS de Blain.
2017
Action sur le Marché :
En février, 2 personnels du CMP de Châteaubriant et 3 personnels CCAS ont sensibilisé le public à la crise suicidaire. 300 flyers ont été distribués et 256 personnes ont été abordées.
Soirée Théâtre - débat : parlons des pressions
Les objectifs visaient à sensibiliser auprès de la population, à prévenir le risque suicidaire, le mal-être et la dépression.L’action incluait un spectacle suivi d’un débat, au théâtre de Verre de Châteaubriant, en présence de bénévoles et professionnels intervenant à différents stades du processus.
Action de sensibilisation à la population : du repérage à l’alerte
Cette action avait pour objectif de permettre à tout à chacun de repérer et d’orienter une personne en crise suicidaire, au foyer restaurant de Châteaubriant et était menée par un travailleur social du CCAS ayant suivi la formation du professeur Terra et une personne employé spécialement pour l’action.La séance durait 3 heure avec 28 participants dont : 2 élus CCAS, 14 salariés, 3 chefs d’entreprise, 1 étudiante en ESF, 6 élèves infirmiers et 2 retraités.
Contenu : échange autour des idées reçues ; données épidémiologiques ; le modèle de crise ; jeux de rôle
La formation a été unanimement appréciée par les participants.
Action en direction des professionnels du territoire
Cette action portait sur le thème : la prévention et la prise en charge des complications du deuil après suicide. Les objectifs étaient de constituer un groupe de travail pour améliorer, au niveau départemental, la prévention des familles endeuillées. Ce groupe de travail a eu lieu dans un foyer restaurant en décembre.Le contenu de ce groupe de travail : présentation de l’association Repères 44, sensibilisation au deuil après suicide et la présentation d’une plaquette d’information sur les lieux ressources.
16 professionnels et un particulier étaient présents, représentant le CCAS, le CMP de Châteaubriant, les Assistantes sociales scolaires du territoire, les associations Apsyades, Recherche et Rencontres, Alcool Assistance et un médecin généraliste.
2018
Le CCAS a participé en tant qu’intervenant au 22ème colloque de la Mutualité Française Bretagne le 13 février, dans le cadre de la Journée Nationale pour la Prévention du Suicide.Sollicité par l’UNICEF, le CCAS a aussi participé au 14ème rendez-vous des collectivités amies des enfants à la Mairie de Paris.
Bilan
La formation des professionnels, en 2010
51 personnes ont suivi la formation d’une demi-journée et 18 souhaitaient s’investir dans les futures actions. En 2011, 45 personnes ont pu être formées. Les participants ont apprécié la qualité des interventions ainsi que la méthode d’apprentissage via des jeux de rôle, en revanche le temps (1/2 journée) attribué à la formation semblait trop court.La soirée débat auprès du grand public, en 2010
Le préambule a permis un échange riche avec une nouvelle image donnée au monde psychiatrique local. L’idée phare était que chacun peut avoir sa place dans l’aide à apporter à un individu suicidaire.En 2011
248 personnes ont participé aux actions (173 aux ateliers et 75 à la soirée). 20 personnes ont laissé leurs coordonnées pour poursuivre les actions en 2012. Au regard des bilans très positifs de ces actions, les élus ont pris la décision de poursuivre le travail engagé sur la prévention du risque suicidaire. Le grand public était manifestement très en attente de la poursuite de ces actions de prévention.La soirée débat de 2014
20 personnes y ont participé et un support de communication a été créé, afin d’informer le grand public sur le démarrage d’un groupe de soutien et d’entraide pour les endeuillés par suicide. La réalisation de 7 entretiens individuels sur la période novembre-décembre 2014 pour la préinscription au groupe, a été effectué.La conférence débat public en 2015
300 personnes ont assisté à cette conférence.La soirée théâtre débat en 2017
75 personnes ont participé à la soirée.Quelques verbatims
« La pièce était excellente ; captivante : les comédiens ont su amener du dynamisme, de l’humain, du réalisme ; Beaucoup d’informations données avec humour, très agréable à regarder ; cette pièce permet réellement d’avoir une vision extérieure de la dépression et de sensibiliser le grand public ; le thème a bien été abordé ; bien mis en scène et joué, points de vue autres que psychopathologiques abordés intéressants ; le message passe mieux avec de l humour, très bonne pièce ; elle présente la maladie dans ses grands traits, très bien ; la pièce permet de dé-stigmatiser ; sujet évoqué sans jugement ; permet de casser les a priori ; très intéressant mais trop vaste pour être traité en une soirée ; pièce qui interpelle ; sujet très bien traité, réaliste ; cela remplace une boîte de médicaments ; bien rigolé, cela m’a fait du bien »Qu’avez-vous pensez du débat ?
« Il y a ceux qui sont dans l’action et ceux qui sont passif ; intéressant mais forme peu conviviale, apposer nous des professionnels et structures présentes ; très constructif, la présence des jeunes (obligatoire) gâche réellement la soirée (2ème conférence, 2ème constat) ; enrichissant car des points de vue différents ; merci aux personnes présentes qui ont éclairées le débat ; riche ; une approche d’une personne malade aurait pu être intéressante ; permet de connaître des associations ; intervenants en attente de question, je m’attendais à avoir des bases sur les symptômes et actions ; je pensais que nous allions parler davantage de la dépression, assez tendu parfois ; riche en diversité et possibilité au vu du nombre d’intervenants ; pas obtenu les réponses avec les psychiatres ; pas assez de questions »
Action en direction des professionnels du territoire en 2017
Ce sont 376 personnes qui ont eu une information sur la thématique de la crise suicidaire.Moyens
Moyens humains
- L’élue aux affaires sociales
- 2 travailleurs sociaux du CCAS
- 2 bénévoles pour l’animation de l’atelier d’écriture
- 1 bénévole pour la co-animation de la table ronde
- 6 associations intervenant selon les animations
Coût total du projet
Budget : 3 056 eurosLes partenaires
Partenaires opérationnels
- Centre Médico-psychologique (pédo-psychiatrie, adulte, santé mentale et vieillissement)
- SOS Amitié 44
- SOS Dépression 44
- GEM « étoile filante »
- UNAFAM
- Médecin généraliste
- L’association Recherches et Rencontres
Ils financent l'action
Les financements autres que ceux du CCAS :- 2015 : ARS à hauteur de 1 500 euros et CHS à hauteur de 1 413,15 euros.
- 2017 : ARS à hauteur de 1 000 euros
Les observations du CCAS/CIAS
Ce dispositif offre une réponse originale et des outils atypiques pour traiter de la thématique. Les actions menées sont de qualité et leur coût a pu rester faible grâce à l’investissement d’habitants (animation de l’atelier d’écriture par 2 bénévoles, recours à une psychologue à la retraite en partenariat avec le centre médico-psychologique pour l’animation de la table ronde).Une grande diversité de professionnels a été sensibilisée (aides à domicile, assistantes sociales du conseil général, du centre hospitalier, formateurs de la maison familiale rurale, associations de retraités, associations caritatives, conseillers principaux de l’éducation nationale, foyer de jeunes travailleurs, chantier d’insertion, ESAT de Châteaubriant) et des publics touchés. Par ailleurs, le maillage territorial permet de donner une force et une légitimité au travail pour construire ensemble et pérenniser des actions sur une thématique peu aisée à aborder.
Photo : Wikimedia Commons / Oie Blanche