Par Corinne Tutin le 13-02-2019 https://www.egora.fr/*
Un
décès maternel sur 3 serait secondaire au suicide dans l’année suivant
une grossesse, un risque insuffisamment pris en compte.
Le suicide après la grossesse était considéré comme exceptionnel. En
réalité, les données de l’enquête nationale confidentielle sur les morts
maternelles (ENCMM), mise en place depuis 1996 en France, révèlent que
cet événement n’est malheureusement pas si rare lorsqu’on prend en
compte, comme le recommande depuis 2012 l’Organisation mondiale de la
santé (OMS) une période d’un an après l’accouchement, a expliqué le Dr
Catherine Deneux-Tharaux (Paris), en charge de cette étude.Ainsi, 62 suicides ont été constatés pour la période 2007-2009, dont 7 % durant la grossesse, 7 % au cours des 42 jours du post-partum et 86 % entre 42 et 365 jours (ce qui correspond pour l’OMS à la définition de mort maternelle tardive), en médiane à 179 jours. Les données relevées sur les périodes ultérieures vont dans le même sens. "Ces chiffres sur 1 an conduisent à estimer que le suicide représente 20 % de la mortalité maternelle. Ce qui en fait le premier motif de mortalité maternelle." Des études danoise et britannique ont rapporté des taux de respectivement 18 % et 13 %.
"Il faudrait sensibiliser les équipes obstétricales, psychiatriques, les sages-femmes et les médecins généralistes qui voient les femmes en ville à ce risque, qui survient chez des femmes avec ou sans des antécédents psychiatriques (dépression, psychose)", a insisté le Dr Deneux-Tharaux. L’analyse de cas suggère en effet que "certains de ces suicides étaient évitables".
Des recherches devront aussi être entreprises pour comprendre pourquoi ces suicides surviennent souvent bien après le délai de survenue des dépressions du post-partum et pour identifier des facteurs de prévention.
Sources :
D’après la communication de C. Deneux-Tharaux (Paris), lors du congrès de l’Encéphale (Paris 23-25 janvier 2019).