Communiqué
À la veille de la 29e Semaine de prévention du
suicide, qui se tiendra du 3 au 9 février, l’Association québécoise de
prévention du suicide (AQPS) dévoile les plus récents résultats sur le
suicide.
D’après les données analysées par l’Institut national de santé publique du Québec, en collaboration avec le Bureau du coroner, le nombre de suicides continue à diminuer au Québec en 2016. Il y a en effet eu 104 suicides de moins, comparativement à 2015, pour un total de 1046 décès. Cette baisse indique que les efforts déployés pour prévenir le suicide semblent avoir été profitables, notamment chez les hommes.
«104 suicides de moins, cela signifie qu’il y a 104 personnes de plus qui sont toujours avec nous. Cette baisse des taux doit nous encourager à redoubler d’efforts en matière de prévention. Nous profitons de l’occasion pour tendre la main à la ministre de la Santé et des Services sociaux, Danielle McCann, afin de collaborer à l’élaboration d’une stratégie nationale de prévention du suicide ambitieuse», a affirmé Jérôme Gaudreault, directeur général de l’AQPS. «Le problème affecte encore trop de familles, de couples, de milieux de vie.»
Inégalités sociales et suicide
Il existe un lien entre l’état de santé et les inégalités sociales et matérielles, notamment en ce qui concerne le suicide. En effet, selon la mise à jour de l’INSPQ, les personnes vivant dans des milieux matériellement et socialement défavorisés sont beaucoup plus susceptibles de s’enlever la vie que celles vivant dans des milieux plus aisés. Ce phénomène s’observe chez les hommes et les femmes.
«Pour diminuer de manière encore plus importante les taux de suicide, nous devons renforcer les mesures destinées à l’ensemble de la population : services de psychothérapie accessibles, ligne 1 866-APPELLE spécialisée en prévention du suicide, intervention en ligne, etc. Mais ce qui manque cruellement à l’heure actuelle, ce sont des mesures ciblées pour les populations les plus vulnérables», a commenté Janie Houle, professeure de psychologie à l’UQAM, chercheure et ambassadrice de la Semaine de prévention du suicide 2019. «N’attendons pas que les personnes en détresse et davantage défavorisées viennent vers les ressources d’aide. Allons à leur devant, développons des ressources qui vont vers ces populations.»
Campagne Parler du suicide sauve des vies
Par le biais de sa campagne Parler du suicide sauve des vies, l’AQPS invite la population à ouvrir le dialogue au sujet du suicide. Pour outiller les gens qui souhaitent en parler, elle a mis en ligne le site commentparlerdusuicide.com, également offert en version anglaise. Par le biais de vidéos, les autres ambassadeurs de la Semaine, dont l’animateur Dave Morissette et les humoristes Colin Boudrias et Alexandre Forest, valorisent la demande d’aide et l’importance de la parole pour la prévention du suicide.
À propos
Initiée par l’AQPS, la Semaine nationale de prévention du suicide est soulignée partout au Québec par de nombreux citoyens et organisations. Elle a pour but de sensibiliser et de mobiliser les Québécois au problème et aux moyens de le prévenir. La Commission de la santé mentale du Canada, Québecor et le Réseau communautaire de santé et de services sociaux sont les partenaires majeurs de cette 29e édition. Fondée en 1986, l’AQPS a pour mission de développer la prévention du suicide et de réduire le suicide et ses conséquences en mobilisant le maximum d’individus et d’organisations.
Besoin d’aide pour vous ou un proche?
Ligne québécoise de prévention du suicide : 1-866-APPELLE (277-3553). Disponible partout au Québec, 7 jours sur 7, 24 heures sur 24.
Vidéos : http://commentparlerdusuicide.com/semaine-de-prevention-du-suicide/
Statistiques : www.aqps.info ou site de l’INSPS dès le 31 janvier, 8 h www.inspq.qc.ca/publications
https://www.lanouvelle.net/2019/01/31/baisse-des-deces-par-suicide-mais-toujours-urgent-de-se-doter-dune-strategie-nationale/
Le suicide en baisse au Québec, mais pas chez cette catégorie d’individus
Pierre Saint-Arnaud
Le Presse Canadienne
MONTRÉAL — Le nombre de suicides a continué à diminuer au Québec en 2016 selon des données dévoilées jeudi, mais les hommes de 50 à 64 ans et les plus démunis demeurent les plus à risque et de loin.
L’analyse des données de l’Institut national de santé publique du Québec et du Bureau du coroner réalisée par l’Association québécoise de prévention du suicide (AQPS) montre qu’il y a eu 104 suicides de moins en 2016 par rapport à 2015, soit un total de 1046 décès.
L’Association attribue la baisse aux efforts déployés pour prévenir le suicide, notamment chez les hommes.
«C’est chez les hommes de moins de 50 ans qu’on voit les plus importantes diminutions. C’est très encourageant parce qu’il y a eu beaucoup d’efforts à ce niveau», a expliqué Janie Houle, professeure de psychologie à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) et ambassadrice de la Semaine de prévention du suicide.
Pas d’explication
Par contre, la situation demeure préoccupante dans le groupe d’âge suivant, les hommes de 50 à 64 ans, qui présentent le taux de suicide le plus élevé, soit plus de 30 par 100 000 habitants, ce qui est deux fois et demie plus élevé que le taux moyen de l’ensemble de la population qui se situe, lui, à 12 pour 100 000 habitants.
«Chose certaine, il va falloir trouver d’autres stratégies pour rejoindre ces hommes parce que présentement on n’y arrive pas», soupire la professeure Houle, signalant que ce taux n’a pas bougé depuis au moins 10 ans.
Les chercheurs n’ont pas d’explication définitive de ce phénomène, seulement «plusieurs hypothèses», reconnaît Mme Houle : «Il y a peut-être un effet de cohorte : les hommes de 50-64 ans font partie d’une certaine génération où l’on peut penser à une adhésion un peu plus rigide au rôle masculin traditionnel qui fait en sorte que de demander de l’aide est un signe de faiblesse.»
«Aussi, poursuit-elle, c’est possible que de perdre son emploi entre 50 et 64 ans et que ce soit ensuite plus difficile de se replacer puisse provoquer une crise suicidaire, en conjugaison avec d’autres facteurs.»
Statut socioéconomique
L’Association note par ailleurs que, pour la première fois, l’Institut national de santé publique a colligé les taux avec le statut socioéconomique des victimes ce qui démontre de façon nette un lien entre l’état de santé et les inégalités sociales et matérielles en ce qui concerne le suicide; les personnes défavorisées sont en effet bien plus susceptibles de s’enlever la vie que celles vivant dans des milieux plus aisés.
«Ça confirme ce qu’on voit un peu partout dans le monde, note Janie Houle. Plus on s’élève dans l’échelle sociale, moins notre risque de suicide est élevé.»
Elle prend l’exemple des lignes d’appel pour personnes suicidaires, une ressource pourtant gratuite et facilement accessible : «Ce n’est pas parce qu’une ressource est disponible pour tous qu’elle est accessible pour tous. Certaines personnes démunies, par exemple, n’ont même pas de téléphone.»
«Aussi, certaines personnes peuvent être intimidées ou gênées de s’adresser à des gens plus scolarisés qu’elles. Elles se sentent en position d’infériorité. C’est bien documenté dans la littérature que les personnes moins scolarisées ont une certaine méfiance à l’égard des ressources.»
Mme Houle estime qu’il est «vraiment nécessaire d’avoir des actions ciblées pour les populations les plus vulnérables» et non des mesures mur-à-mur que l’on croit adaptées à tout le monde, mais qui, dans les faits, ne le sont pas.
«Ce que ça prend pour les rejoindre? Il faut sortir de notre bureau», s’exclame-t-elle en riant à l’autre bout du fil. «Il faut aller vers ces personnes et non pas attendre qu’elles viennent vers nous. Ça prend d’autres types d’approches avec des travailleurs de proximité dans ces milieux-là pour rencontrer les personnes.»
Appel à la ministre McCann
De son côté, bien que le taux général soit en baisse, le directeur général de l’AQPS, Jérôme Gaudreault, appelle à de nouveaux efforts en matière de prévention. Il tend la main à la ministre de la Santé et des Services sociaux, Danielle McCann, pour élaborer une stratégie nationale de prévention du suicide ambitieuse, car malgré les statistiques encourageantes, le suicide affecte encore trop de familles, de couples et de milieux de vie.
Cette année, la Semaine de prévention du suicide débutera dimanche et se poursuivra jusqu’au 9 février. Avec sa campagne intitulée, Parler du suicide sauve des vies, l’AQPS a mis en ligne le site www.commentparlerdusuicide.com.
Les gens qui croient avoir besoin d’aide sont invités à utiliser la ligne téléphonique québécoise de prévention du suicide : 1-866-277-3553, disponible partout au Québec,
7 jours sur 7, 24 heures sur 24.
https://www.latribune.ca/actualites/le-fil-groupe-capitales-medias/le-suicide-en-baisse-au-quebec-mais-pas-chez-cette-categorie-dindividus-4c9b3ca76bc6a950e601b27035b123e5
D’après les données analysées par l’Institut national de santé publique du Québec, en collaboration avec le Bureau du coroner, le nombre de suicides continue à diminuer au Québec en 2016. Il y a en effet eu 104 suicides de moins, comparativement à 2015, pour un total de 1046 décès. Cette baisse indique que les efforts déployés pour prévenir le suicide semblent avoir été profitables, notamment chez les hommes.
«104 suicides de moins, cela signifie qu’il y a 104 personnes de plus qui sont toujours avec nous. Cette baisse des taux doit nous encourager à redoubler d’efforts en matière de prévention. Nous profitons de l’occasion pour tendre la main à la ministre de la Santé et des Services sociaux, Danielle McCann, afin de collaborer à l’élaboration d’une stratégie nationale de prévention du suicide ambitieuse», a affirmé Jérôme Gaudreault, directeur général de l’AQPS. «Le problème affecte encore trop de familles, de couples, de milieux de vie.»
Inégalités sociales et suicide
Il existe un lien entre l’état de santé et les inégalités sociales et matérielles, notamment en ce qui concerne le suicide. En effet, selon la mise à jour de l’INSPQ, les personnes vivant dans des milieux matériellement et socialement défavorisés sont beaucoup plus susceptibles de s’enlever la vie que celles vivant dans des milieux plus aisés. Ce phénomène s’observe chez les hommes et les femmes.
«Pour diminuer de manière encore plus importante les taux de suicide, nous devons renforcer les mesures destinées à l’ensemble de la population : services de psychothérapie accessibles, ligne 1 866-APPELLE spécialisée en prévention du suicide, intervention en ligne, etc. Mais ce qui manque cruellement à l’heure actuelle, ce sont des mesures ciblées pour les populations les plus vulnérables», a commenté Janie Houle, professeure de psychologie à l’UQAM, chercheure et ambassadrice de la Semaine de prévention du suicide 2019. «N’attendons pas que les personnes en détresse et davantage défavorisées viennent vers les ressources d’aide. Allons à leur devant, développons des ressources qui vont vers ces populations.»
Campagne Parler du suicide sauve des vies
Par le biais de sa campagne Parler du suicide sauve des vies, l’AQPS invite la population à ouvrir le dialogue au sujet du suicide. Pour outiller les gens qui souhaitent en parler, elle a mis en ligne le site commentparlerdusuicide.com, également offert en version anglaise. Par le biais de vidéos, les autres ambassadeurs de la Semaine, dont l’animateur Dave Morissette et les humoristes Colin Boudrias et Alexandre Forest, valorisent la demande d’aide et l’importance de la parole pour la prévention du suicide.
À propos
Initiée par l’AQPS, la Semaine nationale de prévention du suicide est soulignée partout au Québec par de nombreux citoyens et organisations. Elle a pour but de sensibiliser et de mobiliser les Québécois au problème et aux moyens de le prévenir. La Commission de la santé mentale du Canada, Québecor et le Réseau communautaire de santé et de services sociaux sont les partenaires majeurs de cette 29e édition. Fondée en 1986, l’AQPS a pour mission de développer la prévention du suicide et de réduire le suicide et ses conséquences en mobilisant le maximum d’individus et d’organisations.
Besoin d’aide pour vous ou un proche?
Ligne québécoise de prévention du suicide : 1-866-APPELLE (277-3553). Disponible partout au Québec, 7 jours sur 7, 24 heures sur 24.
Vidéos : http://commentparlerdusuicide.com/semaine-de-prevention-du-suicide/
Statistiques : www.aqps.info ou site de l’INSPS dès le 31 janvier, 8 h www.inspq.qc.ca/publications
https://www.lanouvelle.net/2019/01/31/baisse-des-deces-par-suicide-mais-toujours-urgent-de-se-doter-dune-strategie-nationale/
***
Le suicide en baisse au Québec, mais pas chez cette catégorie d’individus
Pierre Saint-Arnaud
Le Presse Canadienne
MONTRÉAL — Le nombre de suicides a continué à diminuer au Québec en 2016 selon des données dévoilées jeudi, mais les hommes de 50 à 64 ans et les plus démunis demeurent les plus à risque et de loin.
L’analyse des données de l’Institut national de santé publique du Québec et du Bureau du coroner réalisée par l’Association québécoise de prévention du suicide (AQPS) montre qu’il y a eu 104 suicides de moins en 2016 par rapport à 2015, soit un total de 1046 décès.
L’Association attribue la baisse aux efforts déployés pour prévenir le suicide, notamment chez les hommes.
«C’est chez les hommes de moins de 50 ans qu’on voit les plus importantes diminutions. C’est très encourageant parce qu’il y a eu beaucoup d’efforts à ce niveau», a expliqué Janie Houle, professeure de psychologie à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) et ambassadrice de la Semaine de prévention du suicide.
Pas d’explication
Par contre, la situation demeure préoccupante dans le groupe d’âge suivant, les hommes de 50 à 64 ans, qui présentent le taux de suicide le plus élevé, soit plus de 30 par 100 000 habitants, ce qui est deux fois et demie plus élevé que le taux moyen de l’ensemble de la population qui se situe, lui, à 12 pour 100 000 habitants.
«Chose certaine, il va falloir trouver d’autres stratégies pour rejoindre ces hommes parce que présentement on n’y arrive pas», soupire la professeure Houle, signalant que ce taux n’a pas bougé depuis au moins 10 ans.
Les chercheurs n’ont pas d’explication définitive de ce phénomène, seulement «plusieurs hypothèses», reconnaît Mme Houle : «Il y a peut-être un effet de cohorte : les hommes de 50-64 ans font partie d’une certaine génération où l’on peut penser à une adhésion un peu plus rigide au rôle masculin traditionnel qui fait en sorte que de demander de l’aide est un signe de faiblesse.»
«Aussi, poursuit-elle, c’est possible que de perdre son emploi entre 50 et 64 ans et que ce soit ensuite plus difficile de se replacer puisse provoquer une crise suicidaire, en conjugaison avec d’autres facteurs.»
Statut socioéconomique
L’Association note par ailleurs que, pour la première fois, l’Institut national de santé publique a colligé les taux avec le statut socioéconomique des victimes ce qui démontre de façon nette un lien entre l’état de santé et les inégalités sociales et matérielles en ce qui concerne le suicide; les personnes défavorisées sont en effet bien plus susceptibles de s’enlever la vie que celles vivant dans des milieux plus aisés.
«Ça confirme ce qu’on voit un peu partout dans le monde, note Janie Houle. Plus on s’élève dans l’échelle sociale, moins notre risque de suicide est élevé.»
Elle prend l’exemple des lignes d’appel pour personnes suicidaires, une ressource pourtant gratuite et facilement accessible : «Ce n’est pas parce qu’une ressource est disponible pour tous qu’elle est accessible pour tous. Certaines personnes démunies, par exemple, n’ont même pas de téléphone.»
«Aussi, certaines personnes peuvent être intimidées ou gênées de s’adresser à des gens plus scolarisés qu’elles. Elles se sentent en position d’infériorité. C’est bien documenté dans la littérature que les personnes moins scolarisées ont une certaine méfiance à l’égard des ressources.»
Mme Houle estime qu’il est «vraiment nécessaire d’avoir des actions ciblées pour les populations les plus vulnérables» et non des mesures mur-à-mur que l’on croit adaptées à tout le monde, mais qui, dans les faits, ne le sont pas.
«Ce que ça prend pour les rejoindre? Il faut sortir de notre bureau», s’exclame-t-elle en riant à l’autre bout du fil. «Il faut aller vers ces personnes et non pas attendre qu’elles viennent vers nous. Ça prend d’autres types d’approches avec des travailleurs de proximité dans ces milieux-là pour rencontrer les personnes.»
Appel à la ministre McCann
De son côté, bien que le taux général soit en baisse, le directeur général de l’AQPS, Jérôme Gaudreault, appelle à de nouveaux efforts en matière de prévention. Il tend la main à la ministre de la Santé et des Services sociaux, Danielle McCann, pour élaborer une stratégie nationale de prévention du suicide ambitieuse, car malgré les statistiques encourageantes, le suicide affecte encore trop de familles, de couples et de milieux de vie.
Cette année, la Semaine de prévention du suicide débutera dimanche et se poursuivra jusqu’au 9 février. Avec sa campagne intitulée, Parler du suicide sauve des vies, l’AQPS a mis en ligne le site www.commentparlerdusuicide.com.
Les gens qui croient avoir besoin d’aide sont invités à utiliser la ligne téléphonique québécoise de prévention du suicide : 1-866-277-3553, disponible partout au Québec,
7 jours sur 7, 24 heures sur 24.
https://www.latribune.ca/actualites/le-fil-groupe-capitales-medias/le-suicide-en-baisse-au-quebec-mais-pas-chez-cette-categorie-dindividus-4c9b3ca76bc6a950e601b27035b123e5