Publié le 04/07/2018 sur www.jim.fr*
On estime qu’une personne meurt toutes les 40 secondes par suicide
dans le monde, ce qui correspond environ à 804 000 décès durant
l’année 2012. Mais dans cette comptabilité macabre, le nombre réel
des suicides est vraisemblablement sous-estimé, car ce sujet
demeure très sensible, d’un point de vue social, culturel,
religieux (voire juridique, certaines législations voyant encore le
suicide comme un acte « illégal »).
Contrer l’extension du suicide passe par des stratégies de prévention, en limitant les moyens de le commettre, notamment l’accès aux armes à feu et à des médicaments détournés de leur usage thérapeutique. Réalisée en collaboration dans 13 pays d’Europe (Autriche, Belgique, Danemark, Espagne, Estonie, Finlande, Grande-Bretagne, Hongrie, Italie, Lituanie, Norvège, Pologne et Suisse) et exploitant des données sur la mortalité par suicide entre 1991 et 2001 chez des Européens âgés de 35 à 79 ans, une étude confirme le poids des « inégalités socio-économiques » et « l’écart grandissant » dans l’épidémiologie du suicide en Europe. Dans les années 1990, les sujets avec le niveau le plus faible (du point de vue éducatif et socio-économique) ont ainsi un risque de suicide « 1,82 fois plus grand » que ceux du groupe au profil le plus élevé, alors que cette amplification du risque atteint depuis l’an 2000 un facteur 2,12 (soit une augmentation proche de 17 %).
Dr Alain Cohen
Contrer l’extension du suicide passe par des stratégies de prévention, en limitant les moyens de le commettre, notamment l’accès aux armes à feu et à des médicaments détournés de leur usage thérapeutique. Réalisée en collaboration dans 13 pays d’Europe (Autriche, Belgique, Danemark, Espagne, Estonie, Finlande, Grande-Bretagne, Hongrie, Italie, Lituanie, Norvège, Pologne et Suisse) et exploitant des données sur la mortalité par suicide entre 1991 et 2001 chez des Européens âgés de 35 à 79 ans, une étude confirme le poids des « inégalités socio-économiques » et « l’écart grandissant » dans l’épidémiologie du suicide en Europe. Dans les années 1990, les sujets avec le niveau le plus faible (du point de vue éducatif et socio-économique) ont ainsi un risque de suicide « 1,82 fois plus grand » que ceux du groupe au profil le plus élevé, alors que cette amplification du risque atteint depuis l’an 2000 un facteur 2,12 (soit une augmentation proche de 17 %).
Surmortalité disproportionnée chez les plus défavorisés
Cette étude suggère que la prévention du suicide peine à réduire les inégalités, avec une surmortalité « disproportionnée » chez les sujets les plus défavorisés et dans certaines populations européennes, et « des inégalités plus marquées en 2001 » que dix ans plus tôt, « malgré l’adoption de politiques préventives » durant la décennie considérée, dans la plupart des pays concernés. On doit donc déplorer, avec les éditorialistes du British Journal of Psychiatry, « l’échec des pays d’Europe pour contrer les disparités » en matière de suicide. Et d’autant plus qu’aux inégalités géographiques (taux de suicides plus élevés en Europe de l’Est, notamment en Hongrie et en Lituanie, mais plus faibles en Europe du Sud et en Grande-Bretagne) se superposent des inégalités entre les sexes (plus grande vulnérabilité masculine aux facteurs de risque connus, comme un faible niveau d’éducation). Constat inquiétant : non seulement les inégalités observées subsistent chez les hommes dix ans plus tard, mais elles commencent aussi à « émerger chez les femmes vers l’an 2000, alors qu’elles n’étaient pas présentes auparavant. »
Face à ces signaux d’alerte épidémiologique, les auteurs de
l’étude préconisent d’accorder « une plus grande attention aux
sujets les plus vulnérables », c’est-à-dire les hommes avec un
faible niveau d’instruction et les moins insérés au plan
professionnel, lesquels devraient constituer la « cible
explicitement prioritaire » des systèmes de soins
psychiatriques et des politiques de prévention en santé
mentale.
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