jeudi 22 février 2018
Ce jeudi 22 février, l'antenne
clermontoise de l'association SOS Amitié inaugurait ses nouveaux locaux,
proches du parc Montjuzet. L'occasion de rencontrer Martine*, écoutante
depuis 5 ans au sein de la structure.
Clermont-Ferrand, France
Je me suis dit, qu'est ce que je sais faire de mieux dans ma vie ? Et j'ai pensé que c'était écouter. " - MartineMartine a ce petit quelque chose dans le sourire de bienveillant, qui fait parler les gens. Elle nous reçoit dans sa cabine où elle répond aux appels de personnes en situation de détresse, qui cherchent une oreille attentive à leurs problèmes. Les bénévoles se relaient sur des plages de quatre heures, et reçoivent parfois jusqu'à 15 appels sur ce laps de temps. Martine a travaillé 40 ans dans le social avant de prendre une retraite bien méritée. Au bout de deux ans de cette retraite, elle a ressenti le besoin d'aider les gens, à nouveau. Et écouter, ce n'est pas forcément aussi évident que ça en a l'air : " On est un bon écoutant en ne jugeant pas, en ne donnant pas de conseils, il faut laisser la personne parler, faire avec ce qu'elle veut bien vous dire, ne pas être intrusif, ne pas poser de questions, sauf bien sûr si elle vous le demande. "
Etre prêt à répondre à tous les cas de détresseLes écoutants reçoivent énormément d'appels, pour l'antenne clermontoise de SOS Amitiés on en dénombre 15 000 par an environ. Pour être capable de faire face aux multiples cas de figure, Martine bénéficie bien sûr de son expérience dans le social, mais pas que : " Une fois par mois on a des réunions de partage avec une psychologue, où on met en commun les situations que l'on a au téléphone. On a aussi une journée de formation avec un intervenant extérieur quand on arrive. Ensuite _il y a une formation en interne où on a 10 écoutes avec un écoutant confirmé_, pour se faire une petite expérience avant de commencer seul. " Un apprentissage qui se fait petit à petit, et qui permet de pouvoir mieux appréhender les cas extrêmes, comme les personnes qui appellent parce qu'elles veulent se suicider : " Là il y a une procédure. Si on a quelqu'un de suicidaire, on va essayer de parler, parler avec lui, et si on voit que la personne ne lâche pas son idée, est toujours dans sa démarche, on lui demande si elle souhaite rompre l'anonymat. Et là, si elle dit ok, on peut appeler les secours. "
Une expérience enrichissanteBien qu'elle ait toujours travaillé au service des autres, cette expérience marque profondément Martine : " C'est très enrichissant. Ca fait réflechir sur les problèmes de société, on est moins indifférent au monde qui nous entoure quand on est écoutant, je crois que c'est ça. " Elle qui est maman et grand-mère, est parfois déstabilisée quand elle reçoit des appels de jeunes de l'âge de ses petits-enfants. Mais la situation dans laquelle elle a le plus de mal à prendre du recul, finalement, c'est quand elle se reconnait dans l'histoire de certaines personnes qui l'appellent. Le plus important dit-elle, c'est de relativiser, et ça Martine sait faire : " Quand on a affaire à des cas vraiment dramatiques, et bien des fois on se dit qu'on est bien heureux, et que la vie est belle. "
L'association cherche 6 à 10 bénévoles sur Clermont-Ferrand. Pour postuler, rendez-vous ici.
* Le prénom a été modifié, les écoutants doivent rester anonymes.
https://www.francebleu.fr/infos/economie-social/portrait-martine-ecoutante-depuis-5-ans-pour-sos-amities-a-clermont-ferrand-1519329671