Un texte de
Pascale Lacombe
« On
s’est aperçu que 25 % de l’absentéisme était dû à la santé mentale. On
s’est dit : "wow, c’est un chiffre important" », raconte le directeur
général de la division Produits forestiers Résolu valeur ajoutée, Michel
Cyr.
Le directeur général a aussi vécu le deuil d’un employé qui
s’est suicidé dans une usine du Lac-Saint-Jean, il y a une dizaine
d’années. « La question qu’on nous a posée c’est : "pourquoi on ne
l’avait pas détecté?" […] C’est curieux comment ce n’est pas facile à
voir. C’est ça qu’on cherchait, un outil pour que la personne nous aide à
le détecter. »
Des employés et des membres de la direction de l'usine Produits
forestiers Résolu de Château-Richer discutent du programme « Et moi
comment ça va? ». Photo : Radio-Canada/Carl Boivin
L’entreprise
Produits forestiers Résolu a fait appel au Centre de prévention du
suicide de Québec. Le programme « Et moi, comment ça va? », implanté
dans trois autres entreprises de Québec, cible les hommes de 30 à 50 ans
qui sont surreprésentés dans les statistiques de suicide.
Le suicide au Québec :
- 3 Québécois s’enlèvent la vie chaque jour;
- 2 personnes s’enlèvent la vie par semaine à Québec;
- les hommes âgés de 45 à 64 ans présentent le taux de suicide le plus élevé;
- 75 % des suicides sont complétés par des hommes.
Sources : Centre de prévention du suicide et l’Institut national de santé publique du Québec
« Les
hommes, c’est mal vu, on n’a pas le droit d’être faibles, de se
tromper, on n’a pas le droit d’avoir un moment où on va moins bien. Et
ça [la campagne], ça a dédramatisé ça », admet Nicholas Pinette,
président du syndicat.
Un coffre à outils en carton dans lequel on
retrouve une liste de ressources d’aide a été distribué à tous les
employés de l’usine de Château-Richer. Des affiches tapissaient les murs
des aires communes.
« On ne travaille pas la crise suicidaire. On
vient la travailler en amont, c’est-à-dire, bien avant que le mur
arrive », explique le conseiller au Centre de prévention du suicide de
Québec (CPSQ), Guy Houde.
Le coffre à outils de la campagne « Et moi comment ça va? », qui a été
distribué aux employés de Produits forestiers Résolu de Château-Richer.
Photo : Radio-Canada/Carl Boivin
Si on ne crée pas l’occasion d’en parler, les personnes n’en parleront pas.
Les
employés s’absentent moins longtemps. « Au lieu d’être des quatre mois
ou six mois, on parle de quatre semaines, des fois cinq semaines. […]
Ils détectent [leur détresse] réellement avant et ils s’assoient et
ouvrent le sujet », constate Michel Cyr.
Soutien de l’employeur
« On
sent que [notre employeur] nous appuie, que si jamais à un moment donné
ça va mal, il va être en arrière de nous autres », soutient David
Villeneuve, ébouteur classeur de l’usine de Château-Richer.
Dans
un contexte de pénurie de main-d’œuvre, un tel programme peut faire la
différence. « Ça leur démontre qu’on tient à eux. C’est quand même notre
meilleure ressource », conclut Michel Cyr.
Caroline Biron est professeure au département de Management à
l'Université Laval. Elle est spécialisée en prévention des problèmes de
santé psychologique au travail. Photo : Radio-Canada
La
professeure au département de Management de l'Université Laval, Caroline
Biron, qui est spécialisée en prévention des problèmes de santé
psychologique au travail, explique que le soutien de l’employeur diminue
grandement la détresse psychologique et les risques de dépression.
Selon
ses travaux, 90 % des personnes qui s’absentent pour un problème de
santé psychologique identifient le travail comme étant une cause
principale de leur absence.
Papiers forestiers Résolu compte déployer ce programme à toutes ses divisions au Québec et en Ontario.
http://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1085921/produits-forestiers-resolu-detresse-psychologique-programme-sante-mentale