Troubles du sommeil et tentative de suicide à l’adolescence : trait de vulnérabilité ou marqueur d’un état à risque ?
J. Rolling1, F. Ligier 2, C. Schroder1, ,
1 Service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, Strasbourg, France
2 Hôpital d’enfants, service de pédopsychiatrie, Nancy, France
Available online 24 February 2018
J. Rolling1, F. Ligier 2, C. Schroder1, ,
1 Service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, Strasbourg, France
2 Hôpital d’enfants, service de pédopsychiatrie, Nancy, France
Available online 24 February 2018
Médecine du Sommeil
Volume 15, Issue 1, March 2018, Pages 5 CO 1-8
Objectif
Les troubles du sommeil, en particulier les anomalies des rythmes circadiens et la privation de sommeil, constituent un des facteurs de risque du suicide. L’adolescence s’accompagne fréquemment d’un retard de phase de sommeil avec possible désynchronisation des rythmes biologiques. Nous nous sommes intéressés au sommeil et au chronotype d’adolescents suicidants, dans le mois précédent leur tentative de suicide, en les comparant à un groupe contrôle.
Méthodes 58 adolescents suicidants, recrutés via notre activité aux urgences pédiatriques, et 225 témoins, ont été évalués concernant leurs rythmes veille-sommeil (Munich chronotype questionnaire = MCTQ) et leurs fonctionnement cognitif et psychique (Vie et santé perçue-Ado = VSP-A, Multidimensional Scale of Perceived Social Support = MSPSS et Kidscreen-27).
Résultats
Les suicidants (âgés de 14,3 ans (± 1,5) versus 14,2 (± 1,1), p = 0,8) dormait en moyenne une heure de moins dans le mois précédant leur tentative de suicide (TTS en période scolaire [6 h30 (± 2 h12) versus 7 h20 (± 1h09), p = 0,01], reflétant une dette de sommeil significativement plus importante par rapport aux contrôles. La latence d’endormissement était allongée (1 h24 [± 1h20] versus 54 min [± 1 h12], p = 0,04).
Conclusion
Ces résultats révèlent des modifications majeures du sommeil et une dette de sommeil importante dans le mois précédant l’acte suicidaire. Nos données incitent à poursuivre les recherches sur ces troubles du sommeil : sont-ils primaires, représentant un trait de vulnérabilité prodrome d’un trouble psychique ? Ou sont-ils secondaires, et donc marqueur d’un état à risque plus récent ?
Déclaration de liens d’intérêts
https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1769449318300086