AUTOUR DE LA QUESTION Initiative Le plan pour lutter contre le désert médical sur le Val Parisis
Le plan pour lutter contre le désert médical sur le Val Parisis
>Île-de-France & Oise>Val-d'Oise|Alexandre Boucher| 04 février 2018, 17h30 |1
L’année 2018 marque le lancement d’une série d’actions. La plus symbolique, qui devrait être effective à la rentrée, voit la mise en place d’une bourse pour les étudiants en médecine du territoire.
«
On est presque en désertification médicale. Des villes comme Frépillon
ne vont plus avoir de médecin. C’est maintenant qu’il faut agir », lance
Jean-Christophe Poulet, vice-président délégué à la Politique de la
ville au Val Parisis. Si la situation n’est pas encore alarmante, les
élus de cette agglomération de 15 villes* et 270 000 habitants, en
concertation avec des professionnels libéraux et salariés ainsi que les
partenaires et institutions, élaborent depuis deux ans un contrat local
de santé. Adopté par le bureau communautaire, celui-ci vise « à
favoriser l’attractivité du territoire, à renforcer la prévention et les
actions de promotion de la santé et à améliorer la prise en charge des
personnes en souffrance psychique », énumère Jean-Christophe Poulet.
En
2016, le diagnostic local de santé, réalisé auprès des mêmes
intervenants, avait en effet fait apparaître une offre de médecine
générale « inégale et préoccupante », une offre de médecine spécialiste
libérale « insuffisante », une offre libérale d’ophtalmologues et de
dentistes » ainsi qu’une offre en gynécologie et en pédiatrie »
également « insuffisantes ». Un constat qui pourrait encore empirer dans
les prochaines années : selon des chiffres de l’Agence régionale de
santé (ARS) de 2015, 57 % des 171 médecins généralistes du territoire
ont plus de 55 ans.
L’année
2018 marquera donc le lancement d’une série d’actions. La plus
symbolique, qui devrait être effective à la rentrée, verra la mise en
place d’une bourse pour les étudiants en médecine du territoire. « Cela
nous permettra de recenser le nombre d’étudiants en médecine sur le Val
Parisis car c’est très compliqué d’obtenir des chiffres sur le sujet,
explique l’élu. Il s’agira d’un prêt d’honneur, renouvelable chaque
année, avec une somme significative à la clé (NDLR : le montant n’est
pas encore arrêté).
La maison de santé pluridisciplaire des Espérances à Ermont regroupe généralistes, infirmiers et kinésithérapeutes. LP/A.B. L’étudiant
ne devra pas le rembourser s’il s’installe sur le Val Parisis à la fin
de ses études. On veut aller à la rencontre des étudiants à travers un
partenariat avec les universités du nord de Paris (NDLR : Bichat,
Avicenne-Bobigny, Hôtel-Dieu, Descartes, Pierre et Marie Curie). On va
aussi créer une cellule de deux personnes pour accompagner les
professionnels dans leur installation. Enfin, on veut inciter les
médecins à prendre des stagiaires. Les statistiques montrent qu’un
étudiant sur trois reste à l’endroit où il a effectué son stage. »
Le
Val Parisis a également noué un partenariat avec l’association 2AH afin
de permettre aux habitants qui ne possèdent pas de complémentaire santé
d’en acquérir une au meilleur prix. Un véhicule aux couleurs de
l’agglomération, dédié à la prévention et animé par des services
civiques, accompagnera les associations et permettra d’accueillir les
partenaires. * Beauchamp, Bessancourt, Cormeilles-en-Parisis,
Eaubonne, Ermont, Franconville, Frépillon, Herblay, La Frette-sur-Seine,
Le Plessis-Bouchard, Montigny-les-Cormeilles, Pierrelaye,
Saint-Leu-la-Forêt, Sannois,Taverny.
Christophe Félix : «les médecins ne veulent plus travailler seuls »
Le
docteur Christophe Felix, gérant de SOS Medecins 95, a participé à
l’élaboration du contrat local de santé de l’agglomération du Val
Parisis. LP/C.L.
« Il vaut mieux avoir trois médecins sur la
commune d’à côté que zéro dans les deux. Les patients ont commencé à le
comprendre. C’est plus long avec les élus... » Gérant de SOS Médecin 95
installé mars 2017 à Taverny, Christophe Félix fait partie des
professionnels de santé qui participent aux groupes de travail mis en
place par l’agglomération du Val Parisis pour élaborer le contrat local
de santé.
« C’est une bonne démarche d’associer les
professionnels de santé à la réflexion » juge ce médecin pour qui
«raisonner au niveau communal n’a plus de sens ». «Aujourd’hui, il y a
très peu d’installations en libéral, poursuit-il. Les médecins veulent
être salariés dans un hôpital ou un centre de santé pluridisciplinaire.
Ils ne veulent plus travailler seuls. »
Le contrat local de santé
du Parisis suffira-t-il à empêcher la désertification médicale déjà
amorcée sur le territoire ? « ça peut être une motivation pour
s’installer ici plutôt qu’ailleurs, estime Christophe Félix. La bourse
est une preuve pour les étudiants qu’ils pourront exercer sur leur
territoire d’origine et que leur installation sera facilitée. » A.B.