Le taux de suicide en Corée est le plus élevé parmi les pays de l'OCDE
Par La Rédaction Séoul | Publié le 23/01/2018 lepetitjournal.com*
Publié le: 2018-01-23 16:27:27 Mis à jour le: 2018-01-24 17:35:29
Par La Rédaction Séoul | Publié le 23/01/2018 lepetitjournal.com*
Mardi le gouvernement a annoncé son intention de réduire drastiquement son taux de suicide dans les cinq prochaines années.
La Corée du Sud a le taux de suicide le plus élevé parmi les membres de l'OCDE. En moyenne, 25.6 personnes sur 100,000 en Corée du Sud ont perdu la vie par un suicide en 2016. Soit près de 36 personnes chaque jour.
Selon un ensemble de mesures globales finalisées lors d'une réunion du cabinet, le gouvernement vise à faire passer le taux à 17 pour 100,000 d'ici 2022.
Parmi ces mesures, la 4ème économie asiatique entend de former un million de "gardiens de la vie" qui auront pour but d'apporter une assistance aux personnes en détresse.
Mais aussi la mise en place d'un dépistage de symptômes dépressifs, à réaliser toutes les décennies à partir de l'âge de 40 ans.
Depuis 2003, la Corée du Sud affiche un taux de suicide deux fois supérieur à la moyenne de l'OCDE.
https://lepetitjournal.com/seoul/le-taux-de-suicide-en-coree-est-le-plus-eleve-parmi-les-pays-de-locde-221588
La Corée du Sud a le taux de suicide le plus élevé parmi les membres de l'OCDE. En moyenne, 25.6 personnes sur 100,000 en Corée du Sud ont perdu la vie par un suicide en 2016. Soit près de 36 personnes chaque jour.
Selon un ensemble de mesures globales finalisées lors d'une réunion du cabinet, le gouvernement vise à faire passer le taux à 17 pour 100,000 d'ici 2022.
Parmi ces mesures, la 4ème économie asiatique entend de former un million de "gardiens de la vie" qui auront pour but d'apporter une assistance aux personnes en détresse.
Mais aussi la mise en place d'un dépistage de symptômes dépressifs, à réaliser toutes les décennies à partir de l'âge de 40 ans.
Depuis 2003, la Corée du Sud affiche un taux de suicide deux fois supérieur à la moyenne de l'OCDE.
https://lepetitjournal.com/seoul/le-taux-de-suicide-en-coree-est-le-plus-eleve-parmi-les-pays-de-locde-221588
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Lutte contre le suicide : le gouvernement élabore un plan d’actions quinquennalPublié le: 2018-01-23 16:27:27 Mis à jour le: 2018-01-24 17:35:29
Le taux de suicide en Corée du Sud est
malheureusement toujours le plus élevé dans la zone OCDE, et ce pour la
13e année consécutive. Il s’élève à 25,6 pour 100 000 habitants, contre
12,1 en moyenne pour l’ensemble des pays de l’Organisation de
coopération et de développement économiques. Rien qu’en 2016, 13 000
sud-Coréens se sont donné la mort.
Le gouvernement se mobilise afin de lutter contre ce fléau. En conseil des ministres aujourd’hui, il a dévoilé un « plan d’action quinquennal » en ce sens. Il prévoit entre autres de passer au crible les causes et le contexte de l’ensemble des 70 000 suicides des cinq dernières années.
Les informations ainsi recueillies alimenteront un nouveau système de surveillance des suicides. L’exécutif s’attend à ce que cela permette de les prévenir et d’y réagir rapidement. Son objectif : réduire à 17 le taux moyen pour 100 000 habitants d’ici 2022.
http://world.kbs.co.kr/french/news/news_Dm_detail.htm?No=59039
Le gouvernement se mobilise afin de lutter contre ce fléau. En conseil des ministres aujourd’hui, il a dévoilé un « plan d’action quinquennal » en ce sens. Il prévoit entre autres de passer au crible les causes et le contexte de l’ensemble des 70 000 suicides des cinq dernières années.
Les informations ainsi recueillies alimenteront un nouveau système de surveillance des suicides. L’exécutif s’attend à ce que cela permette de les prévenir et d’y réagir rapidement. Son objectif : réduire à 17 le taux moyen pour 100 000 habitants d’ici 2022.
http://world.kbs.co.kr/french/news/news_Dm_detail.htm?No=59039
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Peu après la mort du chanteur Kim Jong-Hyun, Séoul a annoncé un nouveau plan de lutte contre le suicide, devenu un fléau national au fil des années.
Kim Jong-hyun
Le 18 décembre
dernier, Kim Jong-hyun s’est donné la mort à l’âge de 27 ans dans une
chambre d’hôtel de Séoul, en faisant brûler une briquette de charbon sur
une poêle à frire. Quelques années auparavant, il était devenu une star
de la musique pop sud-coréenne, la K-pop, avec le groupe SHINee. Il
comptait des millions de fans. Tous ses albums ont cartonné, certains
arrivant même en tête de la section World Albums du classement Billboard,
le magazine de référence de l’industrie musicale. Kim Jong-hyun était
perçu comme un exemple pour la jeunesse, avec ses talents de chanteur et
de danseur, son absence de frasques amoureuses et de problèmes de
drogues ou d’alcool. Et pourtant, il était « brisé de l’intérieur ».
« La dépression qui me ronge doucement m’a finalement englouti tout entier », dit-il dans un message d’adieu posté sur Instagram par son amie Nain9, également musicienne. « J’étais si seul », poursuit-il. « Dîtes-moi s’il vous plaît que j’ai fait du bon boulot », implore-t-il avant de conclure : « Tu as travaillé dur. Tu as vraiment souffert. Adieu. » De fait, les artistes de
la K-pop sont soumis à un entraînement épuisant. Et ce dans un
environnement extrêmement compétitif : les jeunes Sud-Coréens sont des
milliers à se lancer dans la musique depuis le succès mondial du
chanteur Psy avec le titre « Gangnam Style » en 2012.
Les
agents des stars de la K-pop édictent toutes leurs lignes de conduite,
de leur régime alimentaire à leurs relations sentimentales en passant
par l’utilisation de leur téléphone. Car elles sont peu à peu devenues
les visages de la Corée du Sud, leur musique nourrissant ce qu’on appelle la « vague coréenne » ou encore « Hallyu
», qui répand dans le monde les produits high-tech et cosmétiques de ce
pays de 50 millions d’habitants. Elles jouent même parfois un véritable
rôle d’ambassadeurs politiques. Le
président sud-coréen Moon Jae-in a par exemple emmené plusieurs
vedettes de la K-pop en Chine lors de sa dernière visite, afin d’apaiser
les tensions qui subsistent entre Séoul et Pékin.
Aussi la vague de tristesse
suscitée par l’annonce de la mort de Kim Jong-hyun a-t-elle largement
dépassé les frontières de la Corée du Sud. Quelques heures après
seulement, c’était le sujet de conversation numéro un du réseau social
chinois Weibo, avec plus de 140 millions de vues. « Je n’arrive pas à croire que tu es parti », écrivait alors un internaute. « J’espère
que tu seras en paix au paradis et une personne ordinaire dans ta
prochaine vie, avec un sourire heureux sur le visage. » Mais une vie « ordinaire » ne garantit pas de « sourire heureux sur le visage », en Corée du Sud peut-être encore moins qu’ailleurs.
Car comme le souligne Philippe Li, avocat à Séoul et ancien président de la Chambre de commerce franco-coréenne, « aucune profession ni catégorie d’âge n’est épargnée » par le suicide en Corée du Sud. « C’est
un pays où l’on vit continuellement sous pression depuis très
longtemps. Dans sa vie professionnelle et personnelle. La réussite
accélérée de la Corée, c’est aussi ça. C’est vrai que cela provoque
beaucoup de dysfonctionnements et des cas malheureusement tragiques,
mais c’est connu et les Coréens l’appréhendent complètement. C’est
essentiellement perçu comme des coups du sort, comme un train qui
déraille en quelque sorte. »
Hara-kiri
La
Corée du Sud affiche un taux de suicide parmi les plus élevés du
monde – 25,6 suicides pour 100 000 habitants selon l’Organisation
mondiale de la santé (OMS), contre une moyenne mondiale de 12,1 pour 100
000. La Corée du Sud est par ailleurs le seul membre de l’Organisation
de coopération et de développement économiques (OCDE) qui a vu ce taux
augmenter depuis les années 1990. Lorsque le roman La Mort à demi-mots, qui
raconte l’histoire d’un homme payé par ses clients pour les aider à se
tuer, a été publié, en 1996, son auteur, l’écrivain sud-coréen Kim
Yeong-ha, n’avait aucune raison de penser que le suicide deviendrait « un tel fléau » dans son pays.
Mais
l’année suivante, un krach économique a mis des milliers de personnes
au chômage, tout en installant durablement en Corée du Sud la crainte
d’un nouvel épisode de ce type. Et de nombreuses études montrent une
corrélation entre stress économique et bien-être physique et émotionnel.
L’une d’elles, publiée dans le Journal of Royal Society of Medicine en 2013, montre en outre que même les personnes qui conservent leur emploi ne sont pas « immunisées »
contre les effets d’une crise économique : stress chronique, anxiété,
dépression, addictions et suicide, qui apparaît selon les chercheurs « comme
un mécanisme d’adaptation plus commun dans les cultures asiatiques,
lesquelles soutiennent le concept de “sauver la face” au lieu de
continuer à vivre avec peu d’estime de soi, une mentalité rappelant la
culture du hara-kiri ».
Reste que les autres pays asiatiques ne sont pas tous confrontés à des taux de suicide aussi élevés que la Corée du Sud. La « culture du hara-kiri » n’est donc certainement pas seule responsable. « Trop de Sud-Coréens ont une vision dépassée de la maladie psychologique », déplore pour sa part Kim Yeong-ha. « Et
il n’est pas facile d’obtenir un traitement contre la dépression en
Corée du Sud, où il existe encore une forte résistance de la société à
la psychothérapie », ajoute l’écrivain. « Kim Eo-su,
professeur de psychiatrie à l’hôpital de Yonsei Severance, m’a confié
qu’ “un patient souffrant de dépression sur trois arrête à la moitié du
traitement. L’un des plus gros problèmes est que de nombreux patients
pensent qu’ils peuvent surmonter la dépression par eux-mêmes, grâce à la
religion ou au sport.” »
Or, d’après le ministère
sud-coréen de la Santé et de l’aide sociale, 90 % des 13 000 personnes
qui se sont donné la mort dans le pays en 2016 souffraient d’une maladie
psychiatrique. Seules 15 % d’entre elles suivaient un traitement. « Beaucoup de personnes nécessitant un traitement psychiatrique craignent que les médecins ne tiennent des dossiers », signale Kim Yeong-ha. « Il
y a eu récemment une rumeur parmi les femmes mariées selon laquelle
avoir des antécédents de traitement ou de médication pour la dépression
pouvait signifier la perte de la garde de vos enfants si votre mari
devait intenter une action en divorce. »
Le pont de la vie
Face à ce type de réticences, le
gouvernement a décidé d’inclure le dépistage de la dépression dans le
bilan de santé annuel obligatoire pour tous les Sud-Coréens âgés de 40 à
70 ans. C’est du moins ce qu’il a annoncé en conseil des ministres le
23 janvier dernier parmi d’autres mesures, dans le cadre d’un « plan d’action quinquennal
» de lutte contre le suicide. Il prévoit notamment de passer au crible
les causes des 70 000 cas des cinq dernières années. Les informations
ainsi recueillies alimenteront un nouveau système de surveillance des
suicides, mais le gouvernement est d’ores et déjà certain que 90 % des
personnes envoient des signaux d’avertissement avant de passer à l’acte
et que les suicides peuvent donc en partie être évités par la
sensibilisation de la population.
Les larmes des jeunes Coréens seront-elles le point de départ d’une rébellion ?
Séoul prévoit également de criminaliser les « pactes de suicide »,
de décourager la diffusion de programmes télévisés valorisant le
suicide, et de rendre obligatoire la sensibilisation au suicide pour
tous les soldats. Son objectif affiché est de faire passer le taux de
suicide de la Corée du Sud de 26,6 suicides pour 100 000 habitants à 17
pour 100 000. Mais ses dernières campagnes de lutte contre le suicide se
sont avérées inefficaces. Voire même contre-productives.
« Le pont Mapo, qui traverse le fleuve Han à Séoul, a vu tant de gens se jeter à l’eau qu’il a été rebaptisé “pont du suicide” », raconte Kim Yeong-ha. « En
2012, le gouvernement de Séoul et l’assureur Samsung Life Insurance ont
lancé un projet conjoint pour transformer le “pont du suicide” en “pont
de la vie”. Une entreprise de publicité a invité le public à suggérer
des salutations à placer sur des panneaux lumineux au-dessus des
garde-fous du pont. Les panneaux s’illuminaient au fur et à mesure que
les gens s’approchaient des grilles, saluant les piétons avec des
phrases comme “Je sais que c’est difficile pour vous ”et “Comment
allez-vous aujourd’hui ?” Un an plus tard, le taux de suicide
du pont Mapo était six fois plus élevé. Au lieu de dissuader les gens de
se tuer, la campagne du “pont de la vie” les y a encouragés. »
Et que vaut une campagne de
prévention sans profonde remise en cause de la société ? Pour Philippe
Li, s’il n’y en a pas en Corée du Sud, c’est « parce que le système, finalement, est rodé ». « Beaucoup
de gens savent que ce n’est pas le plus épanouissant ni le plus
exemplaire. Mais c’est un modèle qui a fait ses preuves et fonctionne
dans cette société très confucianiste qui prône un certain nombre de
valeurs primordiales, dont une valeur clé : le travail. En revanche, on
observe un mouvement sociétal, une aspiration à vivre différemment,
mieux. Avec un peu plus de temps libre et d’initiative personnelle. Les
jeunes n’ont plus les mêmes réflexes et ne vivent plus de la même
manière que les anciennes générations. »
Ce sont les jeunes, justement,
qui ont le plus pleuré la mort de Kim Jong-hyun. Est-ce que leurs larmes
seront le point de départ d’une véritable rébellion ? Rien n’est moins
sûr, d’autant que le chanteur de SHINee n’est pas la première star
sud-coréenne à se donner la mort. « On a vu des cas se répéter
depuis une quinzaine d’années. Il y a eu plusieurs artistes, pas
seulement des chanteurs. Davantage qu’avant. Et un cas reste
emblématique : la mort de l’actrice qui était quasiment la plus en vue à
l’époque, Choi Jin-sil (…) trois semaines après le suicide d’un autre
acteur. Cela avait crée un raz-de-marée émotionnel et médiatique. » Mais pas de remise en cause du modèle promu par la société sud-coréenne.