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21 août 2018 leparisien.fr*
Onze détenus se sont déjà donné la mort en 2018 dans la plus grande prison d’Europe. Un phénomène que l’administration pénitentiaire tente d’enrayer, sans forcément en comprendre l’origine.
A
chaque nouveau suicide en prison, une commission se rassemble pour «
faire le point sur les éventuels dysfonctionnements » ayant mené au
drame. Ces réunions sont malheureusement plus nombreuses que jamais à
Fleury-Mérogis cette année. Onze détenus se sont déjà donné la mort en 2018 au sein de la maison d’arrêt, contre trois seulement l’an passé. Un inquiétant phénomène dans un établissement connu pour avoir un taux de suicide bas.
Surtout,
ces discussions entre spécialistes restent désespérément stériles. « On
n’arrive pas à comprendre ce qui provoque ce pic », admet
l’administration pénitentiaire. Les syndicats, eux, dénoncent une «
ambiance délétère ». Ainsi que le manque d’expérience du personnel, un
problème également identifié par la direction. En réponse, une nouvelle
prime pouvant atteindre les 5 000 € par an va être créée afin de
conserver les surveillants d’expérience. Elle sera versée aux personnels
qui resteront plusieurs années d’affilée sur les secteurs prioritaires,
comme l’Ile-de-France.
Mais
aux yeux de l’administration, cela ne suffit pas à expliquer la vague
de suicide : les effectifs sont restés stables ces dernières années dans
la plus grande prison d’Europe. Et les autres grands indicateurs ne
montrent pas plus de changement majeur.
De la surpopulation, mais loin d’être la pire
La
surpopulation, qui touche une bonne partie des prisons françaises, ne
serait ici pas en cause. Avec un taux d’occupation de 143 %,
Fleury-Mérogis est la maison d’arrêt la moins touchée par ce problème en
Ile-de-France. Pire, c’est justement la solitude d’un détenu qui
expliquerait son passage à l’acte. « Toutes les personnes qui se sont
suicidées étaient seules dans leur cellule », indique l’administration
pénitentiaire.
Pour y remédier, un dispositif de «
codétenus de soutien » va être mis en place dans les prochains mois dans
deux des cinq bâtiments de Fleury-Mérogis. Des détenus formés par la
Croix-Rouge seront installés dans les cellules de ceux identifiés comme à
risque.
Pas de profil à risque
Mais
rien n’indique que cela fonctionnera. Car si les surveillants sont déjà
parvenus à intervenir à temps dans 77 tentatives de suicide cette
année, ils n’ont pas détecté de signes avant-coureurs chez ceux qui sont
décédés. Il est également difficile d’établir un profil à risque tant
les cas étaient différents. Certains détenus n’avaient même pas encore
été condamnés. D’autres effectuaient de courtes peines.
Lucas, le dernier détenu à s’être donné la mort, au mois de juillet,
devait sortir de prison trois mois plus tard. Il avait même vu un
psychologue quelques jours avant de passer à l’acte, sans que le
spécialiste ne décèle de signe de détresse.
La médiatisation en cause ?
Les
pistes pour redresser la barre sont donc très minces. Et
l’administration pénitentiaire est d’autant plus frileuse à aborder le
sujet que, pour elle, la médiatisation des suicides pourrait en être la
principale cause. Par effet de mimétisme, les détenus seraient plus
enclins à se suicider lorsqu’ils entendent parler d’un cas.
«
La prison est une microsociété, souligne un responsable. Quand la
presse en parle, cela aliment les conversations à l’intérieur. » Des
articles et reportages qui sont d’autant plus nombreux que la plus
grande prison d’Europe a « toujours été un cas à part ».
* http://www.leparisien.fr/essonne-91/fleury-merogis-l-administration-penitentiaire-n-arrive-pas-a-comprendre-la-vague-de-suicide-21-08-2018-7859826.php
INFO PLUS :
Rappel ecoute & Soutien :
- ARAPEJ Numéro d’accès pour les personnes incarcérées : 99 # 110
Pour les familles et proches de détenus : 01 43 72 98 41
http://www.arapej.fr/services-numero-vert.html
- « Croix-Rouge Ecoute… les Détenus https://www.croix-rouge.fr/Nos-actions/Action-sociale/Personnes-sous-main-de-justice
* http://www.leparisien.fr/essonne-91/fleury-merogis-l-administration-penitentiaire-n-arrive-pas-a-comprendre-la-vague-de-suicide-21-08-2018-7859826.php
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Rappel ecoute & Soutien :
- ARAPEJ Numéro d’accès pour les personnes incarcérées : 99 # 110
Pour les familles et proches de détenus : 01 43 72 98 41
http://www.arapej.fr/services-numero-vert.html
- « Croix-Rouge Ecoute… les Détenus https://www.croix-rouge.fr/Nos-actions/Action-sociale/Personnes-sous-main-de-justice