vendredi 23 mars 2018

Dispositif de santé mentale psychiatrique en Vendée

Vendée
Suicides en Vendée : « un combat quotidien »
Recueilli par Patrick Guyomard.
Publié le 21/03/2018 https://www.ouest-france.fr*
 
130 personnes se sont suicidées dans le département en 2017, et 749 ont voulu se donner la mort. Le Dr Bescond, psychiatre, évoque les crises suicidaires en Vendée.

Entretien

Dr Yves Bescond,psychiatre au centre hospitalier spécialisé Georges-Mazurelle de La Roche-sur-Yon. Responsable de la cellule d'urgence psychiatrique départementale.

Combien de personnes se suicident ou envisagent de passer à l'acte en Vendée ?

En 2017, 130 personnes se sont volontairement donné la mort dans le département. 749 ont été vues par des professionnels des urgences pour des tentatives de suicide ou des envies suicidaires. Ces chiffres sont stables ces dernières années. Dans la région Pays de la Loire, le taux de suicide est supérieur de 25 %, à la moyenne nationale. Rien n'explique précisément ce chiffre. En France, on déplore environ 12 000 suicides par an.

C'est un combat quotidien pour les services d'urgence vendéens. Toutes les 24 h, le centre hospitalier départemental de La Roche-sur-Yon voit passer jusqu'à cinq personnes qui ont tenté de se suicider ou qui ont des idées suicidaires. Cela représente 40 % de l'activité des urgences du CHD. La mort volontaire par pendaison est de loin la plus fréquente en Vendée, devant la phlébotomie (le fait de s'ouvrir les veines), et la surdose de médicaments...

Qui sont les personnes en crise suicidaire, et pourquoi ?

La tentative de suicide survient dans une situation de malaise intense, d'une perte de repères, de lien avec la société. Elle est multifactorielle, et peut-être liée à une rupture sentimentale, à une précarité sociale, à l'annonce d'une maladie, à des problèmes professionnels, à l'addiction aux stupéfiants, à l'alcool... La crise suicidaire touche tous les âges. Plus on vieillit, plus les états dépressifs sont présents. Les personnes âgées sont très impactées en raison des pathologies physiques qui s'accentuent, comme l'arthrose invalidante, le cancer, la perte de la vue... Sur les 130 suicides en Vendée en 2017, 35 personnes avaient plus de 65 ans. Les adolescents sont aussi très touchés. Les causes sont notamment la rupture amoureuse, le harcèlement en milieu scolaire. Les urgences du CHD gèrent en moyenne trois crises suicidaires d'adolescents par semaine.

Quels sont les signes qui doivent alerter ?

Le dépistage de la crise suicidaire est très complexe. Nous ne sommes pas très bons sur la prévention, et la pénurie de médecins traitants en Vendée n'arrange pas les choses. Certaines personnes vont clairement exprimer leur souhait de mourir, d'autres pas du tout. Il faut être attentifs aux patients souffrant de dépression.

Leur demander s'ils ont des envies suicidaires n'est plus tabou. Chez les adolescents, tout changement de comportement doit alerter, notamment en cas de rupture scolaire brutale, de consommations de toxiques, d'isolement.

Que mettez-vous en oeuvre pour aider les patients en crise ?

Il existe aujourd'hui une prise en charge médico-psychologique et psychiatrique dans les quatre services d'urgences de Vendée, à Challans, aux Sables, à Fontenay, à Luçon et à La Roche. Les personnes sont systématiquement vues et évaluées par un infirmier de formation psychiatrique ou un psychiatre. L'an dernier, ces soignants ont réalisé 2 150 entretiens au CHD, dont 71 % aux urgences, et 1 105 au centre hospitalier des Sables. Depuis un an sur le CHD, nous avons mis en place un « Rappel suicidant » pour faire de la prévention sur la récidive. 520 personnes sont entrées dans le dispositif en 2017. Tous les patients touchés par une crise suicidaire qui passent par les urgences, sont rappelés trois fois dans les trois semaines suivant la crise pour faire un bilan.

Nous disposons d'un bon dispositif de santé mentale psychiatrique en Vendée, avec des centres de consultation, une permanence des soins à l'hôpital Mazurelle. Outre la maison départementale des adolescents à La Roche, le centre d'accueil thérapeutique l'Arc-en-ciel est ouvert de 17 h à 22 h, à l'entrée du CHD.

* https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/vendee/suicides-en-vendee-un-combat-quotidien-5639219