Depuis une vingtaine d’années, plusieurs études laissent présumer
que l’épilepsie pourrait constituer, indépendamment de toute
pathologie psychiatrique, un facteur de risque en matière de
vulnérabilité suicidaire (tentative ou suicide accompli).
Exploitant des données de l’organisme d’assurance-maladie de
Taïwan, une étude confirme cette association épidémiologique entre
la comitialité et un risque accru de suicide.
Traitant des informations relatives à une cohorte de près de 70 000 patients (âgés de 18 ans ou plus) souffrant d’épilepsie (comparés à une population-contrôle deux fois plus grande), les auteurs ont établi les rapports de cotes ajustés (AHR, Adjusted Hazard Ratio) après ajustement des données pour plusieurs facteurs : âge, sexe, revenus mensuels, type d’habitat (niveau d’urbanisation ou rural), activité professionnelle et comorbidités éventuelles (en particulier psychiatriques). Les résultats montrent que les sujets épileptiques ont « un risque de tentatives de suicide deux fois plus important », comparativement à la population-témoin (AHR = 2,06 intervalle de confiance à 95 % [1,65–2,56]). On observe que cette amplification du risque ne dépend pas du sexe et, de façon très surprenante, qu’elle n’est pas liée non plus « à la présence ou à l’absence » d’une possible comorbidité psychiatrique.
Ce constat est paradoxal, dans la mesure où, comme dans la population générale, on s’attendrait au contraire à une incidence péjorative d’une problématique psychiatrique (notamment d’ordre dépressif) sur le risque de suicide. Mais il suggère que la comitialité constitue bien un facteur de risque per se de vulnérabilité suicidaire. Par conséquent, cette conclusion montre que la prévention du suicide représente une dimension « importante chez les sujets épileptiques », pourtant souvent méconnue dans leur suivi. Et que, réciproquement, pour l’objectif de réduction du suicide dans la population générale, le diagnostic et le traitement équilibré d’une éventuelle comitialité constituent des facteurs assignables.
Dr Alain Cohen
Traitant des informations relatives à une cohorte de près de 70 000 patients (âgés de 18 ans ou plus) souffrant d’épilepsie (comparés à une population-contrôle deux fois plus grande), les auteurs ont établi les rapports de cotes ajustés (AHR, Adjusted Hazard Ratio) après ajustement des données pour plusieurs facteurs : âge, sexe, revenus mensuels, type d’habitat (niveau d’urbanisation ou rural), activité professionnelle et comorbidités éventuelles (en particulier psychiatriques). Les résultats montrent que les sujets épileptiques ont « un risque de tentatives de suicide deux fois plus important », comparativement à la population-témoin (AHR = 2,06 intervalle de confiance à 95 % [1,65–2,56]). On observe que cette amplification du risque ne dépend pas du sexe et, de façon très surprenante, qu’elle n’est pas liée non plus « à la présence ou à l’absence » d’une possible comorbidité psychiatrique.
Ce constat est paradoxal, dans la mesure où, comme dans la population générale, on s’attendrait au contraire à une incidence péjorative d’une problématique psychiatrique (notamment d’ordre dépressif) sur le risque de suicide. Mais il suggère que la comitialité constitue bien un facteur de risque per se de vulnérabilité suicidaire. Par conséquent, cette conclusion montre que la prévention du suicide représente une dimension « importante chez les sujets épileptiques », pourtant souvent méconnue dans leur suivi. Et que, réciproquement, pour l’objectif de réduction du suicide dans la population générale, le diagnostic et le traitement équilibré d’une éventuelle comitialité constituent des facteurs assignables.
Dr Alain Cohen