"Annihilation": Le vrai sujet du film Netflix avec Natalie Portman, c'est la dépression
Un film de science-fiction, mais pas seulement...
Paramount Pictures
Bande annonce https://www.youtube.com/watch?v=_iKmTBhcg7g
Une question d'autodestruction
Cette lecture psychologique se vérifie dès les premières minutes du long-métrage, lorsqu'on apprend que les quatre femmes que l'on va suivre "n'ont rien à perdre". Le cancer, le suicide, l'alcoolisme ou la perte d'un proche, chacune des héroïnes a un fardeau à porter. Elles connaissent l'autodestruction. "On fume, on boit, on foire les boulots ou les mariages heureux", lance d'ailleurs un personnage. Un symptôme que l'on retrouve dans la zone qu'elles explorent. L'autodestruction y est biologique.
"Si je devais mettre un visage sur ma dépression, ce serait sûrement celui là"
Le phénomène de miroitement ("the shimmer") qui intéresse les scientifiques dans ce film, peut aussi être perçu comme une représentation de la folie, estiment certains. Il désoriente les personnages et les transforment progressivement pour les éloigner de plus en plus de leur personnalité de départ... "The shimmer" modifie l'ADN des créatures de la zone comme une maladie mentale modifie la personne qui en souffre.
"Pour ce que ça vaut, ce qui est
vraiment impressionnant avec le film "Annihilation" c'est la façon dont
il décrit avec précision ce que c'est de vivre avec une dépression ou
une maladie mentale, sans dire que ça concerne principalement ce sujet".
"Je pense qu'"Annihilation" est un
film qui montre comment la dépression peut nous rendre méconnaissables.
Essayer d'expliquer la dépression aux autres, c'est comme expliquer un
monde extraterrestre. Ce film m'a profondément touchée."
"J'ai vu "Annihilation aujourd'hui.
Tout le film est une métaphore de la dépression, et les créatures sont
l'incarnation du chagrin, du traumatisme et de la lutte de chaque femme.
Je suis admirative."
Dans son texte très personnel, la critique de Vulture confie
bien connaître la désorientation que les personnages subissent dans le
film. Elle dit la vivre au quotidien. "Une fois que tu y rentres, tu
n'en ressors plus, ou tu en ressors changé à jamais", confie-t-elle.
L'auteure dit également avoir retrouvé sa
dépression dans l'une des créatures les plus effrayantes du film: "Si je
devais mettre un visage à ma dépression, peut-être qu'elle
ressemblerait à ça", écrit-elle.
Cette critique psychologique et ce
témoignage a changé la perception du film pour beaucoup de spectateurs
outre-Atlantique, si bien que certains se sont dits prêts à voir
"Annihilation" une seconde fois, sous cet angle. Il serait donc dommage
de passer à côté de cette clé de lecture.
"J'ai beaucoup aimé ce film la
première fois, comme une méditation sur la nature, mais je souffre de
dépression depuis plusieurs années et tout ça a du sens. Maintenant, je
l'aime deux fois plus. Merci, merci, merci."