vendredi 23 mars 2018

Un moyen de prevention du suicide potentiel à penser ? Les pharmaciens autorisés à pratiquer des bilans de médication


Un moyen de prévention du suicide potentiel ? 


Les pharmaciens autorisés à pratiquer des bilans de médication
, par  Delphine Delarue sur www.mutualistes.com*

Depuis le 16 mars, les pharmaciens peuvent réaliser des bilans partagés de médication en lien avec le médecin traitant. Cet accompagnement, réservé aux personnes en affection de longue durée (ALD) âgées de plus de 65 ans et aux patients polymédiqués de plus de 75 ans, a pour objectif de lutter contre la iatrogénie médicamenteuse et la mauvaise observance des traitements.
Depuis quelque temps déjà, le rôle du pharmacien ne se limitait plus à du simple conseil concernant les médicaments, leurs interactions et le suivi des traitements. Après l’accompagnement des patients asthmatiques et des malades sous anticoagulants oraux ou la contribution au dépistage de certaines maladies comme le diabète, le rôle du pharmacien évolue une nouvelle fois : depuis le 16 mars, il est autorisé à réaliser des bilans partagés de médication. Destiné aux personnes souffrant d’affection de longue durée (ALD) âgées de plus de 65 ans et aux patients polymédiqués de plus de 75 ans, ce service a pour objectif de lutter contre la iatrogénie médicamenteuse (effets indésirables graves des médicaments) et la mauvaise observance des traitements. « A partir de 75 ans, la présence d’au moins deux maladies chroniques est très fréquente, explique le professeur Sylvie Legrain, gériatre et médecin de santé publique à l’AP-HP de Paris, interrogée sur le site de l’Assurance maladie. Un peu plus de 9 millions d’individus sont dans cette situation. Parmi eux, 3,9 millions sont très exposés aux risques iatrogènes liés à la polymédication, au sens où ces malades prennent au moins cinq traitements chroniques différents. »

Analyse pharmacologique
Concrètement, le suivi du patient, établi en lien avec le médecin traitant, s’articule sous la forme de rendez-vous pluriannuels organisés à l’officine. Lors d’un premier entretien, le pharmacien recense les différents médicaments (prescrits ou non) consommés par le patient et recueille ses observations concernant ses traitements (effets indésirables, difficultés à suivre la posologie), son état de santé général et son hygiène de vie. Ces informations pourront être complétées par les éléments éventuellement contenus dans le dossier patient de l’officine ou dans le dossier médical partagé (DMP), censé être généralisé à l’automne prochain. A partir de là, le pharmacien établit une analyse pharmacologique des traitements recensés, assortie de conclusions qui devront être intégrées au DMP et transmises au médecin traitant. A l’occasion d’un second entretien, il expliquera au patient les éventuelles adaptations de traitement décidées avec le médecin traitant. Enfin, les années suivantes, deux rendez-vous de suivi seront organisés. Si les traitements ont été modifiés entre-temps, l’analyse initiale devra être actualisée.
Un tel dispositif devrait permettre aux personnes âgées d’être mieux entendues au sujet des contraintes qu’elles rencontrent dans la prise de leurs médicaments. Cela devrait logiquement favoriser leur adhésion au traitement prescrit par leur médecin et améliorer dans le même temps les faibles taux d’observance constatés chez les maladies chroniques.


Vaccination en officine : les pharmaciens réclament la généralisation de l’expérimentation

Depuis l’automne dernier, les pharmaciens des régions Auvergne-Rhône-Alpes et Nouvelle-Aquitaine sont autorisés à vacciner contre la grippe certaines populations à risque (personnes âgées, malades chroniques) ayant reçu une invitation de l’Assurance maladie et disposant donc d’un bon de vaccination ou d’une ordonnance. Prévue pour trois ans, cette expérimentation a pour objectif d’améliorer la couverture vaccinale et de protéger les personnes les plus vulnérables. Selon Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (Uspo) cité dans Les Echos, le dispositif a permis de vacciner 156 000 personnes pendant la saison 2017-2018, soit « quatre fois plus que la prévision initiale de 30 000 à 40 000 ». Face à ce succès, le président de l’Upso a demandé à la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, que l’opération soit étendue à l’ensemble du territoire et qu’elle soit accessible non pas aux seules personnes à risque, mais à tous les patients.

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