Résumé :
Contexte : L’intoxication médicamenteuse volontaire (IMV) est le mode de
tentative de suicide le plus fréquente. Les mécanismes et la prévention
optimale de sa récidive demeurent méconnus. Méthodes : Une étude sur
dossiers médicaux au CHU de Grenoble en 2012 a identifié les facteurs
associés à une première IMV, seconde et troisième ou plus (3+) par une
modélisation multinomiale, les taux de réadmission et les coûts.
Résultats : 730 IMV pour 645 patients ont été analysées (57% de
récidives). Un antécédent de scarification et un suivi médical en cours
ou interrompu étaient associés à la récidive. Les sujets 3+ étaient plus
à risque d’être sans emploi, de trouble de la personnalité, d’usage du
tabac, de mésusage de l’alcool, d’ingérer des benzodiazépines pour leur
IMV et d’être réadmis à un an pour le même motif (9%, 15% et 30% en cas
de première, seconde et 3+ IMV). L’idéation suicidaire (49%) et la
préméditation (10%) étaient similaires entre les groupes. Le coût des
IMV répétées s’élevait à 902 mille euros, soit 54% du coût total des IMV
en 2012. Conclusion : Une vulnérabilité à l’usage du tabac et au
mésusage de l’alcool, l’usage de benzodiazépines pour l’IMV, un
binge-drinking associé, la chronicité des IMV, l’absence d’idéation
suicidaire dans 51% des IMV et la grande part d’actes impulsifs (10%
d’IMV préméditées) chez les sujets 3+ évoqueraient un mésusage des
psychotropes, à l’origine des récidives. Les IMV répétées
s’apparenteraient à des prises médicamenteuses massives sur un temps
restreint (binge-drugging). L’évaluation de la consommation des
benzodiazépines (abusive, répétée, impulsive-compulsive-automatique) est
déterminante afin de proposer des soins adaptés.