Les drogués au jeu, « une population difficile à accrocher »
Recueilli par S. B.
Ouest-France
Vitre
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Ille-et-Vilaine, lundi 20 mai 2019 425 mots, p. Vitré_9
Entretien
Héléna Delmas, psychiatre au Centre de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie l’Envol, au centre hospitalier Guillaume-Régnier de Rennes, membre du PoSRAJ (Pôle spécialisé régional sur les addictions aux jeux).
Depuis quand existe l’addiction aux jeux d’argent ?
Elle est ancienne mais a longtemps été mal documentée. C’est aujourd’hui la seule addiction comportementale reconnue par le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, la référence mondiale.
Quel est le parcours type d’un joueur addict ?
Le parcours type du joueur pathologique compte quatre phases. La première phase de gain est celle où le joueur a l’impression de s’enrichir. Un des facteurs de risque souvent retrouvé est le « big win » (gros gain) où le joueur peut se dire qu’il a un don particulier. La seconde phase est la phase de perte : le joueur se rend compte qu’il a des dettes mais il joue avec l’idée qu’il va se refaire. Ensuite, vient la phase de désespoir où tout s’écroule. Les créanciers ne veulent plus prêter, il y a des conflits et un fort risque suicidaire. La quatrième phase est la phase d’abandon, où le joueur a compris les dégâts mais continue à jouer pour l’amour du jeu et/ou pour rester en lien avec les connaissances faites dans les lieux de jeux.
Y a-t-il un profil type ?
Non. Dernièrement, l’addiction aux jeux serait en augmentation chez les femmes et les adolescents. Chez les jeunes hommes passionnés de sport, je remarque de plus en plus d’addictions aux paris sportifs.
Internet ne met pas de borne au jeu : il y a une offre permanente et accessible partout. Alors que pour les jeux de grattage, il faut se rendre dans un commerce. On conseille aussi aux joueurs de jouer avec billets et pièces. L’argent virtuel entraîne la perte de conscience de l’argent dépensé.
Quel accompagnement proposez-vous ?
Tout d’abord, un suivi addictologique personnalisé avec une psychothérapie. Je propose aussi aux patients de rencontrer une assistante sociale pour évaluer l’ampleur des difficultés financières. Nous avons des groupes de parole pour les malades, toutes addictions confondues, et également pour l’entourage. Une dizaine d’addictions différentes sont traitées ici. Même si les objets de l’addiction sont différents, ce sont les mêmes processus qui sont à l’œuvre. Les personnes souffrant d’addiction aux jeux sont difficiles à accrocher, elles ont souvent tendance à stopper le suivi au bout de quelques semaines.
Héléna Delmas, psychiatre au Centre de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie l’Envol, au centre hospitalier Guillaume-Régnier de Rennes, membre du PoSRAJ (Pôle spécialisé régional sur les addictions aux jeux).
Depuis quand existe l’addiction aux jeux d’argent ?
Elle est ancienne mais a longtemps été mal documentée. C’est aujourd’hui la seule addiction comportementale reconnue par le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, la référence mondiale.
Quel est le parcours type d’un joueur addict ?
Le parcours type du joueur pathologique compte quatre phases. La première phase de gain est celle où le joueur a l’impression de s’enrichir. Un des facteurs de risque souvent retrouvé est le « big win » (gros gain) où le joueur peut se dire qu’il a un don particulier. La seconde phase est la phase de perte : le joueur se rend compte qu’il a des dettes mais il joue avec l’idée qu’il va se refaire. Ensuite, vient la phase de désespoir où tout s’écroule. Les créanciers ne veulent plus prêter, il y a des conflits et un fort risque suicidaire. La quatrième phase est la phase d’abandon, où le joueur a compris les dégâts mais continue à jouer pour l’amour du jeu et/ou pour rester en lien avec les connaissances faites dans les lieux de jeux.
Y a-t-il un profil type ?
Non. Dernièrement, l’addiction aux jeux serait en augmentation chez les femmes et les adolescents. Chez les jeunes hommes passionnés de sport, je remarque de plus en plus d’addictions aux paris sportifs.
Internet ne met pas de borne au jeu : il y a une offre permanente et accessible partout. Alors que pour les jeux de grattage, il faut se rendre dans un commerce. On conseille aussi aux joueurs de jouer avec billets et pièces. L’argent virtuel entraîne la perte de conscience de l’argent dépensé.
Quel accompagnement proposez-vous ?
Tout d’abord, un suivi addictologique personnalisé avec une psychothérapie. Je propose aussi aux patients de rencontrer une assistante sociale pour évaluer l’ampleur des difficultés financières. Nous avons des groupes de parole pour les malades, toutes addictions confondues, et également pour l’entourage. Une dizaine d’addictions différentes sont traitées ici. Même si les objets de l’addiction sont différents, ce sont les mêmes processus qui sont à l’œuvre. Les personnes souffrant d’addiction aux jeux sont difficiles à accrocher, elles ont souvent tendance à stopper le suivi au bout de quelques semaines.