Gendarmerie. Un officier pilote la prévention
Le Télégramme (Bretagne)
mardi 21 mai 2019 p. CDA2
Dimitri Rouchon-Borie Le lieutenant-colonel Laurent Kerdoncuff vient de rejoindre le groupement de gendarmerie des Côtes-d'Armor en qualité d'officier adjoint commandement. C'est lui qui sera chargé de piloter la prévention dans le département. Avec des axes forts : les seniors sur la route, la prise en charge des victimes et l'épineuse question du suicide.
Cela surprendra sans doute ceux qui imaginent plus volontiers les gendarmes du côté de la répression des bords de route que dans l'action préventive. Mais voilà : il y a un officier chargé de la prévention dans tous les groupements départementaux. Dans les Côtes-d'Armor, ce poste de commandement vient d'être attribué au lieutenant-colonel Laurent Kerdoncuff.Son travail s'appuie sur un « diagnostic de territoire en matière de délinquance, mais pas seulement », explique-t-il. « Le groupement a déjà mis un grand nombre de choses en place, avec l'association des maires, mais aussi la CCI ou la chambre de métiers, les professionnels de la mer... Il faut poursuivre dans cette voie et développer aussi des actions différentes ».
Les seniors sur la route
Les chantiers de l'officier passeront forcément par la case cambriolages, pour les particuliers mais aussi les entreprises. La sécurité routière sera au coeur de sa mission avec un axe de travail spécifique : « On va mettre en place des choses autour des seniors. À partir d'ateliers qui leur permettront d'évaluer leurs compétences, d'évoquer aussi l'effet de certains médicaments... On s'est rendu compte que l'on faisait beaucoup pour les publics jeunes, les motards, et peu pour les plus anciens, alors que c'est un sujet ici. On a des zones rurales, avec des personnes isolées, géographiquement mais aussi parfois psychologiquement, et la voiture reste indispensable alors que l'âge avance ».
Mieux détecter les situations à risque
Autre dossier épineux ? Le suicide. « On a chaque année de très nombreux cas, et les gendarmes sont concernés en première ligne pour les recherches notamment. On va travailler à la mise en place d'un réseau de veille, pour améliorer la détection de situations fragiles et mieux orienter les personnes concernées vers les bons acteurs ». Cela suppose, pour la gendarmerie, de la formation en interne. « Mais au-delà, on peut envisager la construction d'un groupe de référents pour l'aide aux victimes au sens large, car nous sommes également concernés de manière forte par la problématique des violences intrafamiliales. Nous avons développé des compétences pour l'audition des mineurs victimes, cela va dans ce sens ».
« Une expérience intense »
De racines finistériennes, le colonel a passé une partie de son enfance à Saint-Brieuc, avant d'entrer en gendarmerie à Quimper. Sous-officier, il a commencé sa carrière en Ille-et-Vilaine puis dans les Côtes-d'Armor, à Rostrenen. Une expérience « intense et très formatrice ». Il est ensuite muté sur le ressort de la compagnie de Vitré (35), où il passe le concours d'officier. De Bretagne, il part dans le Sud-Ouest et le Gers, avant de « franchir la Garonne » pour devenir instructeur à l'école de gendarmerie de Libourne. Il quittera ensuite le Sud pour les Deux-Sèvres avant de rejoindre l'état-major de Région à Nantes, où il gérait déjà les partenariats, les actions de prévention et la coordination des moyens spéciaux : unité nautique, négociateurs.Dimitri Rouchon-Borie
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20 mai 2019 -