lundi 4 mars 2019

Fonction publique territoriale Risques psychosociaux Pourquoi le repérage des agents en souffrance patine

Risques psychosociaux
Pourquoi le repérage des agents en souffrance patine
La Gazette des communes, no. 2455
lundi 4 mars 2019  p. 27
Maud Parnaudeau
Accompagner une personne en situation de mal-être ou victime de harcèlement implique d'être averti de ses difficultés. La parole doit être libérée...
Les agents ont tendance à cacher leur souffrance. Demander de l'aide, voire tout simplement exposer ses problèmes, n'est pas simple. La peur d'être jugé, montré du doigt ou reclassé dans un autre service et/ou un autre emploi constitue souvent un frein à la libération de la parole. Comment créer les conditions pour inciter les agents à parler de leurs difficultés ? Comment mieux repérer les situations de mal-être au travail ? Laisser de telles situations perdurer, faute d'en avoir connaissance, c'est risquer d'en aggraver les effets.
Par ailleurs, un agent ne va pas nécessairement s'adresser au bon interlocuteur. Il devra ensuite réexpliquer son cas, sa démarche pourra prendre du temps. D'où l'initiative prise en avril 2018 par l'Unsa Territoriaux d'ouvrir une adresse email dédiée (1) pour permettre aux agents victimes de harcèlement, et plus largement de souffrance au travail, d'en parler à un interlocuteur unique. Après la réception du message, le syndicat contacte la personne par téléphone pour une première écoute et délivrer une information sur les démarches pouvant être entreprises. Le responsable de chaque section syndicale est ensuite chargé d'accompagner l'agent dans ses démarches.
Il faudrait professionnaliser les dispositifs d'écoute et de signalement selon une logique d'implication commune.
ÉCOUTE ACTIVE
En 2007, le conseil départemental du Val-de-Marne (7 500 agents) faisait figure de pionnier en créant un réseau d'écoutants baptisé « Allo, boulot, bobo ». Réseau qui rassemblait une dizaine d'agents départementaux, cadres et responsables syndicaux de fonctions et statuts divers.
Tous avaient suivi une formation spécifique à l'écoute active. Joignables par téléphone et disponibles pour recevoir en entretien les agents en souffrance, ces écoutants avaient pour mission de les orienter vers la structure ou de les conseiller sur la démarche susceptible de les aider à résoudre leur problème. Jugé peu pertinent et efficace, le dispositif a été abandonné il y a quelques années. « Il s'agissait de régler des problèmes individuels, a posteriori. On ne parlait pas de travail. Nous nous concentrons aujourd'hui, d'abord et avant tout, sur la prévention collective primaire et secondaire », indique Elsa Peralta , responsable du service « santé, sécurité et conditions de travail » du conseil départemental .
CONFIDENTIEL, VRAIMENT ?
Là où ils existent, les dispositifs de signalement suscitent des avis mitigés. C'est en tout cas ce qu'il ressort d'une étude de l'observatoire de l'emploi, des métiers et des compétences de la fonction publique territoriale du CNFPT (2). Qu'il s'agisse de cellules d'écoute, de numéros dédiés, de référents ou de veilleurs « risques psychosociaux » dans les directions, « soit les agents hésitent à les mobiliser pour des raisons de confidentialité, soit, à l'inverse, ils sont débordés par des demandes de toute nature qui sont ensuite difficiles à orienter et à accompagner », expliquent les auteurs de l'étude.
Ils préconisent de « professionnaliser les dispositifs d'écoute et de signalement selon une logique d'implication commune et partagée, tant par les acteurs des risques psychosociaux que par l'ensemble des encadrants et des agents ».