jeudi 21 mars 2019

CHRU de Besançon Questions à Dr Baptiste Michel : "Le lien est fondamental pour éviter la récidive"

Questions à Dr Baptiste Michel : "Le lien est fondamental pour éviter la récidive"
Dr Baptiste Michel, responsable de l’Unité de soins post-urgence psychiatrique au CHRU de Besançon
Le 21/03/2019 www.estrepublicain.fr/*
Photo ER /Pierre LAURENT
Photo HD Photo ER /Pierre LAURENT
Responsable de l’Unité de soins post-urgence psychiatrique (UPUP) au CHRU de Besançon, vous accueillez toutes les formes de crises psychologiques ou psychiatriques. Quelle est la part des tentatives de suicide ?
C’est au moins 80 % de notre activité, soit environ 500 personnes sur une année. Sachant qu’il existe une unité semblable à Vesoul pour les personnes du nord-ouest de la Haute-Saône.
Quels sont les profils auxquels vous êtes confrontés ?
Nous avons plus d’un tiers des patients qui souffrent de troubles psychiques au long cours. Mais dans la plupart des cas, je dirai 60 %, il s’agit de personnes soumises à des facteurs de stress psychosociaux : chômage, divorce, mais aussi des aidants en burn out. Viennent ensuite, pour 5 % environ, les personnes dont la crise suicidaire a été suscitée par un traumatisme violent.
Quel mode de prise en charge proposez-vous aux personnes qui ont tenté d’en finir ?
Il s’agit d’abord d’accueillir la personne, de lui permettre d’exprimer sa souffrance, de se sentir entendue et comprise. Parce qu’il y a souvent un sentiment de honte, les gens ont du mal à en parler. Paradoxalement, ils sont plus soucieux de ne pas déranger leurs proches avec leurs problèmes qu’ils ne se préoccupent du mal qu’ils leur feraient en s’ôtant la vie. C’est après cette phase de décompression, souvent de deux à trois jours, que l’on envisage les solutions pour les aider à reprendre goût à la vie.
Combien de temps cela prend-il pour sortir d’une crise suicidaire ?
Les études montrent que la crise suicidaire peut durer de six à huit semaines. Durée pendant laquelle le risque est présent.
Ce qui explique le taux de récidive de 9 %, dont un quart durant le premier mois ?
C’est cela. D’où les appels téléphoniques opérés dans le cadre du dispositif VigilanS. Cela permet de rester en contact, de maintenir un lien. Le lien est fondamental pour éviter la récidive. D’où l’équipe mobile de prévention de la récidive suicidaire que nous sommes en train de créer au CHU de Besançon. Elle sera bientôt opérationnelle et se rendra régulièrement au domicile des personnes pour faire le point sur leur situation.
Il y a souvent un sentiment de honte, les gens ont du mal à en parler.
Dr  Baptiste Michel
Responsable de l’UPUP au CHRU de Besançon
 https://www.estrepublicain.fr/actualite/2019/03/21/le-lien-est-fondamental-pour-eviter-la-recidive

***


Suicides : le triste "record" de la Haute-Saône
Une étude sur le suicide pointe de fortes disparités au sein de la grande région, globalement au-dessus de la moyenne nationale. Le taux le plus faible étant en Côte-d’Or et le plus élevé en Haute-Saône.
Le 20/03/2019 à 19:40
www.estrepublicain.fr/*
Photo HD La région est dans la moyenne de la France métropolitaine s’agissant des pensées suicidaires (5,1 % de la population), des tentatives déclarées dans les 12 derniers mois (0,18 %) et au cours de la vie (6,3 %). Photo ER /S. C.
 
Si le nombre de suicides baisse en Bourgogne-Franche-Comté comme sur l’ensemble du territoire national, la région demeure néanmoins au-dessus de la moyenne nationale.
Avec 425 morts en 2015, le fait d’attenter à ses jours représente 1,7 % des décès de la région.
Soit un taux régional de 18,5 suicides pour 100 000 habitants, le taux national étant de 15,6.
Autant d’éléments qui émergent de l’étude de Santé publique France, agence nationale de santé publique placée sous la tutelle du ministère.
Entre 10 et 26 décès pour 100 000 habitants selon les départements
Le phénomène cependant n’est pas général. Ainsi, avec près de 26 suicides pour 100 000 habitants, la Haute-Saône est le département le plus concerné parmi les huit de la grande région, la Côte-d’Or étant le moins touchée avec un taux avoisinant les 10 décès pour 100 000 habitants.
Et si le Doubs se situe dans la moyenne régionale (avec un taux de 18,5) et le Jura au-dessus (23,6), le Territoire-de-Belfort se caractérise en la matière par un faible taux de décès (13,6 pour 100 000 habitants) tout en affichant le plus fort taux d’hospitalisations pour tentatives de suicide de la grande région : 235 pour 100 000 habitants.

Des hommes pour les 3/4, la plupart entre 25 et 59 ans

S’agissant du profil des personnes qui ont mis fin à leurs jours, plus de 75 % sont des hommes, âgés pour plus de la moitié de 25 à 59 ans (la plupart ayant entre 50 et 54 ans). Viennent ensuite les plus de 60 ans (39 %) et les 10-24 ans (4 %).
Quant aux modes opératoires, comme à l’échelon national, la pendaison est le plus utilisé, tant chez les hommes (61 %) que pour les femmes (39 %), devant les armes à feu (20 %) pour les premiers et l’auto-intoxication médicamenteuse (27 %) pour les secondes.

Les femmes majoritaires dans les tentatives

Si les femmes représentent moins d’un quart des décès par suicide, elles sont en revanche majoritaires (61 %) parmi les 13 700 hospitalisations pour tentative de suicide enregistrées en Bourgogne Franche-Comté entre 2015 et 2017.
Le taux le plus élevé se trouvant chez les adolescentes entre 15 et 19 ans (1 424 pour 100 000 habitants). Et le moyen le plus souvent utilisé étant l’auto-intoxication médicamenteuse (84 % des cas).

Le plus souvent le lundi soir

Pour personnel que soit l’acte, l’autolyse n’en répond pas moins à des facteurs sociologiques.
Ainsi les tentatives de suicide ont-elles le plus souvent lieu un lundi, entre 20 heures et minuit, en mars ou en mai.

Plus d’une personne sur 15 concernée au cours de sa vie

Toujours selon le rapport de Santé publique France, la Bourgogne-Franche-Comté est comparable à la France métropolitaine en matière de pensées suicidaires (5,1 %) comme pour les tentatives de suicide déclarées dans les douze derniers mois (0,18 % de la population) et au cours de la vie (6,3 %).
Ce qui signifie qu’à ce jour, plus d’une personne sur quinze a, au moins une fois dans sa vie, tenté de se supprimer.
D’où les préconisations nationales en faveur de formation des médecins à la prise en charge des troubles dépressifs et au repérage de la crise suicidaire.
Textes Pierre LAURENT
 https://www.estrepublicain.fr/encadres/2019/03/20/suicides-le-triste-record-de-la-haute-saone