ADN : Une étude scientifique montre que la prédisposition au suicide serait liée à une composante génétique
Avec
Michel Debout www.atlantico.fr* 1/03/2019
Atlantico : Une étude américaine affirme
qu'une des explications possibles du suicide serait d'ordre génétique.
Serait-on donc naturellement plus voué à devenir dépressif et en venir à
se suicider ?
En fait c'est une interrogation ancienne, on a observé depuis
longtemps que certaines familles y sont plus confrontées. Ce qui laisse à
penser que le risque suicidaire serait dans les gènes, et se
transmettrait d'une génération à une autre. Mais il y a une autre piste,
un acte suicidaire initiale dans une génération va être déclencheur
d'un traumatisme familial, qui provoquera une fragilisation chez les
descendants. Observer qu'il y a des familles avec des risques
suicidaires importants ne signifie pas forcément qu'ils sont d'origines
génétiques. Au contraire de la dépression clinique, qui elle, peut se
transmettre par les gênes.
Cela confirme-t-il l'idée répandue selon laquelle avoir des ascendants qui se sont suicidés augmente le risque de suicide ?
C'est une observation intéressante, mais ce n'est pas parce que vous
avez un ancêtre qui s'est suicidé que vous ferez de même. A l'inverse
certains suicidés n'avaient aucuns antécédents familiaux. Cependant s'il
y a des facteurs héréditaires et comportementaux pouvant mener au
suicide, comme la dépression, l'anxiété, ou des comportements
autodestructeurs, il faut être plus vigilant.
Quelle importance à cette composante génétique dans l'ensemble des explications qui amène une personne à cet acte extrême ?
Un humain vit en relation avec les autres, tous ces facteurs
interagissent. Nous ne sommes pas qu'un tas de chromosomes ! Grâce à
l'épigénétique on sait que les gènes dont on hérite peuvent varier en
fonction des facteurs environnementaux. Cela complexifie encore la
compréhension de l'hérédité des pathologies dans les gènes, toutefois
peut être pourra-t-on repérer à l'avenir les personnes les plus "à
risques", qui présentent des chances d'anxiété ou de dépression. Mais le
grand défi n'est pas de comprendre les facteurs de risques suicidaires,
dont on connait les éléments aggravants ou détendant (Famille, amis,
environnement social…) mais le passage à l'acte en lui-même. Quesque qui
va provoquer le passage à l'acte ? Quand on prend deux personnes avec
les mêmes facteurs de risques et de protections, l'une va se suicider et
l'autre pas. Peut être que l'on s'apercevra que c'est au niveau du
passage à l'acte que les gènes sont importants.
Pourrait-on utiliser ces données pour cibler les profils
suicidaires, ou éviter par d'autres moyens que les profils de type
suicidaires passent à l'acte ?
Encore une
fois le suicide est un révélateur de la complexité de l'humain, à
travers sa psychologie, sa sociologie, jamais un humain ne se résumera à
ses gènes. La prévention du suicide restera toujours au niveau de la
personne humaine, et pas de la génétique.https://www.atlantico.fr/decryptage/3567147/une-etude-scientifique-montre-que-la-predisposition-au-suicide-serait-liee-a-une-composante-genetique-michel-debout