vendredi 23 novembre 2018

Saône-et-Loire L’Éducation nationale permet chaque année en Saône-et-Loire à des professionnels d’être formés sur la question.

« Casser les idées reçues sur le suicide pour mieux le prévenir »
Le Journal de Saône et Loire jeudi 8 novembre 2018 
Face à une personne en crise suicidaire, pas toujours évident de savoir comment réagir. L’Éducation nationale en tête permet chaque année en Saône-et-Loire à des professionnels d’être formés sur la question.
Ce n’est pas simple d’être toujours à l’écoute lorsqu’on a un sentiment d’impuissance, il faut sans cesse analyser, poser des questions.Docteur Miguet, psychiatre
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Dans une salle de cours du lycée Emiland-Gauthey à Chalon-sur-Saône mardi, des élèves particulières assistent avec attention à une formation sur un sujet souvent tabou : le suicide. L’assistance est composée essentiellement de professionnelles de l’Éducation nationale (infirmières scolaires, assistantes sociales…), mais aussi de personnels de mission locale, d’association… Face à elles, la psychiatre Laurence Miguet et la psychologue Céline Alberici du CHS Jura délivrent les clés pour repérer et gérer la crise suicidaire.
« Savoir poser les bonnes questions »
« Le geste suicidaire résulte bien d’un choix », « suicidaire un jour, suicidaire toujours », « les personnes qui veulent se suicider ne donnent pas d’indications sur leurs intentions à leur entourage »… Les échanges commencent toujours avec les idées reçues. « Notre objectif est de casser tout ça, assure Céline Alberici. De les aider à savoir comment parler du suicide, poser les bonnes questions pour évaluer si la personne est en crise suicidaire, à quel stade elle en est, si elle a déjà élaboré un scénario… Et ensuite pouvoir orienter et sécuriser la personne suicidaire, l’éloigner des moyens pour passer à l’acte. »
La participation des stagiaires est active, toutes ont beaucoup de questions et peu de temps pour tout assimiler. Deux journées sont prévues pour cette formation « et une troisième dans six mois pour faire un retour d’expérience ». Les deux formatrices s’adaptent à leur public. « On ne peut pas tout aborder donc on fait en fonction des attentes des stagiaires, le but est de favoriser les échanges, signale le docteur Miguet. Là, avec du personnel de l’Éducation nationale, on axe beaucoup sur les jeunes, la façon d’aborder le sujet, le processus de la crise suicidaire… La majorité des stagiaires de cette session ont déjà eu à accompagner quelqu’un de suicidaire ou un proche. »
Laurence Miguet et Céline Alberici rassurent les stagiaires. « Les adultes doivent avoir des discours positifs mais pas banaliser non plus. Ce n’est pas simple d’être toujours à l’écoute lorsqu’on a un sentiment d’impuissance, il faut sans cesse analyser, poser des questions… »
« Je me sens moins seule et mieux armée, confie une stagiaire. J’ai hâte de finir la formation pour mettre en application ces connaissances. »
Ce n’est pas simple d’être toujours à l’écoute lorsqu’on a un sentiment d’impuissance, il faut sans cesse analyser, poser des questions.Docteur Miguet, psychiatre
Illustration(s) :
Les professionnels du secteur sanitaire éducatif et social suivent une formation pour savoir repérer une crise suicidaire et avoir les outils pour éviter un drame. Photo Gilles DUFOUR
Note(s) : Ce n’est pas simple d’être toujours à l’écoute lorsqu’on a un sentiment d’impuissance, il faut sans cesse analyser, poser des questions.Docteur Miguet, psychiatre


« Un projet particulier en partenariat avec le rectorat »
Le Journal de Saône et Loire jeudi 8 novembre 2018
Sandrine Louesdon, assistante de direction à l’IREPS
97 % estiment que les éléments du contenu de la formation leur seront utiles à leur exercice professionnel.Sandrine Louesdon, Ireps
L’Instance régionale d’éducation et de promotion de la santé (Ireps) de Bourgogne Franche-Comté se charge d’organiser des formations axées sur la prévention santé. Parmi ses missions, elle s’occupe de la formation particulière “Repérer et gérer la crise suicidaire”.
« Cette formation prévention du suicide a été mise en place en 2006 par le docteur Pierre Besse, président de l’association Ireps, mais elle n’était pas, à l’époque, spécifique à l’Éducation nationale, explique Sandrine Louesdon, assistante de direction à l’Ireps. La demande étant importante du côté du personnel de l’Éducation nationale, notamment les infirmières scolaires, l’agence régionale de santé (ARS) et le rectorat ont eu la volonté de s’associer pour rendre cette formation accessible et gratuite au personnel. »
Ce « projet particulier » est donc né il y a quelques années. « C’est la déclinaison régionale de la stratégie nationale du ministère de la Santé. C’est d’autant plus important depuis les différents problèmes de harcèlement scolaire rencontrés, précise Sandrine Louesdon. Le rectorat veut permettre à son personnel de mener à bien ses missions, lui donner les outils pour repérer et alerter une crise suicidaire. »
Chaque année, une formation de ce type est organisée en Saône-et-Loire pour 18 stagiaires. « 12 sont issus de l’Éducation nationale, les autres viennent de l’enseignement agricole ou privé, du secteur sanitaire, social… » Cette formation est très sollicitée et appréciée. « Sur les 123 stagiaires ayant bénéficié de cette formation en 2017 sur la région, les retours sont positifs puisque 97 % estiment que les éléments du contenu de la formation leur seront utiles à leur exercice professionnel, note Sandrine Louesdon. Et 67 % ont pu mettre en pratique les techniques et outils présentés par le binôme de formateurs (un psychiatre et un psychologue). »
97 % estiment que les éléments du contenu de la formation leur seront utiles à leur exercice professionnel.Sandrine Louesdon, Ireps