Journée prévention du risque suicidaire
17/11/2018
Le 15 novembre 2018, La salle Moncey de la Direction de la Gendarmerie était pleine à craquer. Le directeur général de la gendarmerie a pris la parole pour accueillir les participants à une journée de tables rondes ayant pour thème la prévention du risque suicidaire. L’hécatombe d'actes auto-agressifs depuis le 1er janvier semble être le déclencheur d’une prise de conscience collective qui a conduit le Général Richard Lizurey, à inviter à débattre, sans tabou, des représentants des services de santé des armées, des commandants de région, des représentants de la police nationale, de la concertation interne, des psychologues cliniciens, des psychiatres, des journalistes et les deux Associations Professionnelles Nationales Militaires de l’institution.
Autour de quatre grandes thématiques, les différents intervenants ont tour à tour relaté leur expérience, le regard qu’ils portent sur Le sujet, la communication et les perspectives de prévention.
Gendarmes et citoyens n'a pas manqué ce rendez-vous qu’elle appelle de ses vœux depuis plusieurs années. Sans langue de bois et avec sincérité, chacun a pu exprimer ses sentiments et partager son vécu en terme de suicide ou de souffrance au travail.
La journée s’est achevée sur des remerciements appuyés du Général Lizurey qui s'est engagé à faire connaître très rapidement les décisions qui seront prises pour tenter de venir en aide aux militaires et prévenir les risques suicidaires. Il a également pris date pour un bilan d’étape l’année prochaine.
À cette occasion, les deux représentants de Gendarmes et Citoyens lui ont remis un document regroupant de nombreuses propositions pour lutter contre le mal-être dont souffrent de plus en plus de gendarmes.
S'il fallait encore une preuve de l’utilité et de l'efficacité de l'association, la place que le Directeur Général lui a donnée le 15 novembre 2018, devrait convaincre ceux qui doutaient encore de sa légitimité dans le paysage de la concertation.
(Photo: Cne er Jean-François CHARRAT CA AG&C, Gal Richard LIZUREY DGGN, Lcl François-Xavier ALARY CA AG&C)
https://www.assogendarmesetcitoyens.com/single-post/2018/11/17/Journ%C3%A9e-pr%C3%A9vention-du-risque-suicidaire
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Autre article
L’AAMFG conviée à la journée de réflexion sur la prévention du risque suicidaire
article 14/11/2018 **
L’AAMFG conviée à la journée de réflexion sur la prévention du risque suicidaire organisée à la direction générale de la gendarmerie nationale le jeudi 15 novembre à Issy-Les-Moulineaux.
Journée de réflexion sur la prévention du risque suicidaire
Dans le cadre de la prévention du risque suicidaire, la direction générale de la gendarmerie nationale organise, ce jeudi 15 novembre, une journée de réflexion rassemblant, autour des représentants de la gendarmerie nationale, des personnels de tous horizons intéressés par cette thématique, dont des professionnels de l’accompagnement des ministères des armées et de l’intérieur.
Depuis une vingtaine d’années, la prévention du risque suicidaire fait l’objet d’une attention particulière en gendarmerie.
Affectée par la disparitions de 31 de ses personnels par autolyse en 2018, elle organise, ce jeudi, une séance de travail pluridisciplinaire réunissant outre les commandants de région accompagnés des représentants des personnels, de nombreux partenaires d’horizons différents.
L’objectif de cette journée et de s’imprégner des études et expériences de chacun pour ensemble faire émerger des pistes propre à renforcer le dispositif de prévention déjà mis en œuvre par l’Institution.
Ce séminaire sera articulé autour de tables rondes et d’échanges avec l’auditoire sur les quatre thèmes suivants :
– « Définitions et état des lieux » ;
– « Regards croisés » ;
– « Comment parler du suicide ? » ;
– « Nouvelles perspectives de prévention ».
Au fil des années, la gendarmerie a misé sur la cohésion, l’esprit de camaraderie et de corps pour bâtir un dispositif de proximité attentif à la détection des signaux faibles, ainsi qu’un accompagnement adapté des personnels en souffrance.
Chacun, militaire ou civil, peut ainsi compter sur la vigilance de ses camarades, l’attention de ses chefs, l’écoute des conseillers concertation et le soutien des acteurs spécialisés du réseau de santé au travail (médecins, psychologues, assistantes sociales, sections santé sécurité au travail…).
Auteur : SIRPA – DPMGN
Crédit photo : D.R
Source : gendcom.gendarmerie.interieur.gouv.fr
** http://www.aamfg.fr/laamfg-conviee-a-la-journee-de-reflexion-sur-la-prevention-du-risque-suicidaire/
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Sophrologie, cellule d’écoute et journée d’intégration: les préconisations de Gendarmes et citoyens pour lutter contre le suicide
https://lessor.org 15 novembre 2018
Assemblée générale de l’APNM Association Gendarmes et citoyens, le 2 février à la direction générale (MG/L’Essor).
L’association professionnelle Gendarmes et citoyens n’est pas venue les mains vides ce jeudi 15 novembre. Ses membres sont arrivés à la journée de travail consacrée aux risques psycho-sociaux dans la Gendarmerie avec seize propositions. Dans des registres variés, elles offrent des pistes pour répondre au mal-être qui touche certains gendarmes. Ils vont les détailler ce matin lors des tables rondes organisées à la direction générale à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine).
Lire aussi sur L’Essor: Suicide: la Gendarmerie va plancher sur le malaise des gendarmes
Le maréchal des logis chef Thierry Guerrero de gendarmes et citoyens ( Photo DR)
Ces travaux sont tristement d’actualité: alors que la séance de travail s’ouvrait, le bilan des suicides pour 2018 s’établissait à 31 gendarmes. Ce chiffre figure parmi les plus importants des dix dernières années et, surtout, place pour l’instant la Gendarmerie devant la Police, ce qui est inédit.
“Nous attendons beaucoup de cette réunion que nous réclamions depuis des années. On ne peut pas rester à regarder le massacre sans rien faire. Je ne sais pas si cela va marcher mais ces tables rondes sont innovantes. Cela montre que le directeur essaye plusieurs pistes pour essayer d’endiguer ce phénomène ». (Thierry Guerrero, président de Gendarmes et citoyens).
Voici le détail des différentes propositions (à retrouver in extenso en bas de cet article) de Gendarmes et citoyens:
Structures dédiées
Pour Gendarmes et citoyens, il est d’abord nécessaire de mettre en place une chaîne de prévention des risques psychosociaux. L’association envisage des structures dédiées aux niveaux national, régional et départemental. Tout en haut figurerait une “commission permanente nationale de prévention” chargée “de la politique générale de formation des militaires référents” et dotée “d’un budget spécialement dédié à cette mission”.
Au niveau régional, l’association demande la “réactivation des sections régionales de prévention” rassemblant commandement, médecin, psychologue, assistant social, membre de la concertation et représentant des associations professionnelles. Enfin, au niveau départemental, une cellule locale de prévention serait chargée d’une veille permanente sur ces questions, notamment à travers des indicateurs quantifiant “les jours d’arrêts maladie par unités, les demandes de mutation en cours, les jours de déplacement en année glissante pour la gendarmerie mobile, les procédures de plus de six mois, les nombre de jours d’arrêt par unité”.
Pour renforcer cette nouvelle chaîne de prévention, Gendarmes et citoyens propose de “donner les moyens aux associations professionnelles nationales de militaire volontaires d’armer H24 une cellule d’écoute à travers un numéro vert qui permettrait de désamorcer des situations dramatiques”. L’association le fait déjà de manière informelle. Elle propose que les adhérents volontaires reçoivent une formation préalable et une indemnité “correspondant à l’Ijat (indemnité journalière d’absence temporaire) métropole”.
Sensibilisation et formation
L’association plaide également pour le rafraîchissement du fascicule “expliquant le phénomène du suicide au sein de l’Institution et donnant des conseils en diffusant le numéro vert”. Ce document ne “donne pas satisfaction” car la liste des personnes vers qui se tourner comprend leurs grades. “Les médecins du service de santé des armées sont tous des officiers et, psychologiquement cela crée une barrière importante pour le militaire qui a déjà du mal à se confier”, explique Thierry Guerrero. Il demande également une campagne d’affichage “dans chaque salle de repos des unités” martelant le message “le véritable homme fort, c’est celui qui sait demander de l’aide”, afin de “lutter contre (…) l’hyper-virilisation propre aux corps en uniforme”.
Par ailleurs, une formation, “a minima pendant 8 heures”, d’un “référent par unité sur la question de la crise suicidaire” est jugée nécessaire, tandis que chaque promotion d’école, quel que soit le corps, devrait être soumis à “une conférence d’au moins deux heures” sur le sujet. Enfin, Gendarmes et citoyens plaide pour une formation aux ressources humaines, avec un module dédié à la prévention du suicide, pour les officiers affectés dans cette spécialité et qui ne seraient pas “titulaires d’un diplôme universitaire en lien avec les ressources humaines”.
Sport
Le sport est un élément essentiel de la prévention du mal-être pour l’association. Au niveau symbolique, la prise en charge des licences sportives pour les gendarmes adjoints volontaires “enverrait un message”, explique Thierry Guerrero. Plus inattendu, il propose qu’un moniteur d’intervention professionnelle ou un instructeur sportif anime des séances de sport axées, “une fois par an, sur les techniques de sophrologie”. S’il reconnait que “cela peut paraître décalé” en raison de l’image de “gros dur” véhiculée par les moniteurs, il assume ce choix d’un personnel unique “chargé de mettre en oeuvre ces séances. Si on multiplie les personnes qui en sont chargées, il devient difficile de les réunir au même moment”.
Cohésion et soutien des pairs
Pour Gendarmes et citoyens, il est essentiel de mettre la grande famille de la Gendarmerie au service de la prévention. Plusieurs pistes sont proposées. Exemple avec la création dans chaque unité au mois de septembre d’une demi-journée obligatoire d’intégration des nouveaux arrivants. Cela existe déjà de manière informelle, mais Thierry Guerrero préférerait que le système soit figé:
« On ne programme rien pour les deux premiers jours et on fait faire le tour de la compagnie au nouvel arrivant avec un autre militaire. Mais dans d’autres unités, on vous montre votre casier et votre bureau et votre tuteur et c’est parti”.
Autre proposition, la création d’une demi-journée de cohésion obligatoire par unité, à réaliser entre mai et juin. Lui même a servi à la brigade de la Verpillère (Isère) sous les ordres d’un commandant de brigade “très à cheval sur ce principe” qui organisait “entre une et deux journées de cohésion par an”. “C’est tout à fait possible si le commandant de compagnie le veut bien. Il suffit de fermer la brigade et de se faire relayer par celle d’à côté”, ajoute-t-il.
Dernière proposition pour le soutien entre gendarmes: “affecter impérativement dans une caserne de Gendarmerie un militaire ayant subi une mutation d’office dans l’intérêt du service, quelle que soit sa charge de famille“. “Quand vous subissez ce type de mutation, vous n’êtes pas forcément dans les meilleurs dispositions psychologiques”, précise Thierry Guerrero. “Si en plus vous êtes logé à l’extérieur, pour peu que vous soyez célibataire, cela peut rapidement être compliqué. En caserne, celui qui arrive, on a un oeil dessus.”
Une dernière proposition est plus inattendue. L’automne est “malheureusement la période la plus sensible concernant les suicides”. Gendarmes et citoyens propose de “déplacer le calendrier des diverses affectations, agréments ou autre avancement au second trimestre de chaque année” et de tirer le bilan de cette expérience au bout de trois ans.
Matthieu Guyot
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https://lessor.org/a-la-une/sophrologie-cellule-decoute-et-journee-dintegration-les-preconisations-de-gendarmes-et-citoyens-pour-lutter-contre-le-suicide/