jeudi 8 novembre 2018

La souffrance au travail touche aussi les patrons. Un réseau s'est créé autour des tribunaux de commerce pour leur venir en aide. Le tribunal de Nantes va rejoindre le dispositif.

D'apres article "Souffrance au travail. Ils lancent des bouées aux patrons en détresse "
Marion Dubois.  Publié le 04/11/2018 ouest-france.fr

La souffrance au travail touche aussi les patrons. Un réseau s'est créé autour des tribunaux de commerce pour leur venir en aide. Le tribunal de Nantes va rejoindre le dispositif.

« Entre 400 et 600 chefs d'entreprise se suicident chaque année », évalue Marc Binnié, cofondateur du dispositif Apesa (Aide psychologique aux entrepreneurs en souffrance aiguë). Combien de fois, après l'annonce d'une décision de justice, ce greffier au tribunal de commerce de Saintes (Charente-Maritime) est allé soutenir des patrons qui venaient de perdre leur entreprise. « Mais sans solution à leur proposer. » En 2013, il a lancé Apesa, avec un psychologue, pour aider les patrons « ruinés financièrement et moralement. Quand on est entrepreneur, ce n'est pas évident de dire : « Je ne vais pas bien. » Dans le monde de l'entreprise, si on est affaibli, on devient une proie ».

Un réseau de sentinelles

Ceux qui sont en contact avec les chefs d'entreprise - juges, avocats, greffiers, comptables, mandataires - repèrent les patrons en souffrance. « Cela peut être au moment d'une audience, à l'ouverture d'une procédure...», explique Marc Binnié. Ces professionnels vont proposer au chef d'entreprise d'être aidé. Une fiche alerte est créée. « En trois heures environ, un psychologue l'appelle pour évaluer la gravité de la situation. »

Derrière la détresse des entrepreneurs se cachent souvent trois « D » : dépôt de bilan, divorce, dépression.
1 500 patrons aidés en cinq ans

Si la personne accepte d'être aidée, un coordinateur d'Apesa passe le relais à un psychologue de sa région appartenant au dispositif. Cinq séances lui seront proposées. Toutes payées par l'association, financée par le monde économique. Le traitement d'une alerte coûte 140 €. Chaque entretien psychologique, 50 €.

Depuis la création du dispositif, 1 500 chefs d'entreprise ont été aidés. « Les organisations professionnelles vont être sensibilisée», espère le président d'Apesa. Poser des mots permet aux chefs d'entreprise de trouver les outils pour s'en sortir. « Car en réglant les problèmes de l'entreprise, on ne règle pas ceux de l'entrepreneur. »
Le dispositif Apesa dans l'Ouest

S'il existe d'autres dispositifs d'aide aux patrons dans l'Ouest comme 60 000 rebonds, Apesa est présent dans quinze villes du grand Ouest : Laval, Angers, Rennes, Caen, Coutances, Cherbourg, Saint-Malo, Lorient, Vannes, Le Mans, Lisieux, La Roche-sur-Yon...

Et bientôt à Nantes avec l'association Apesa44. « Le tribunal de commerce va développer un réseau de sentinelles. Des acteurs de la justice au contact des chefs d'entreprise vont être formés à détecter leurs idées suicidaires. »

https://www.ouest-france.fr/economie/entreprises/souffrance-au-travail-ils-lancent-des-bouees-aux-patrons-en-detresse-6051109