Rhône Tarare: il rend hommage à son ami qui s'est suicidé à travers une expo photo
Après le suicide de Noé, 16 ans, un projet photos ambitionne de prôner le droit à la différence.
Le 03/11/2018 https://www.leprogres.fr*
Une vingtaine de personnes étaient présente. Photo Farah Houssami
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reportage photo https://www.leprogres.fr/rhone-69-edition-tarare/2018/11/03/tarare-il-rend-hommage-a-son-ami-qui-s-est-suicide-par-une-expo-photo
En ce premier week-end de novembre, une vingtaine de personnes avaient répondu présent à l’appel du JSN Project. Née de la volonté du jeune Ancelin, 16 ans, de rendre hommage à son ami Noé, qui s’est suicidé, cette initiative se veut un appel à la tolérance.
A travers des photographies atypiques, le JSN Project souhaite valoriser la différence de chacun.
Les clichés ont été placés ce samedi sur l’un des murs du cinéma Jacques-Perrin.
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INFO +
JSN PROJECT
Le mouvement « Je suis nous » est parti de Tarare après
le suicide d’un lycéen de 16 ans, Noé. Mené par des jeunes déterminés à
« faire l’éloge de la différence », il débouche sur un projet
artistique, collectif et citoyen. Une expo photos qui sera installée sur
les murs du cinéma Jaques Perrin le premier week-end de novembre.
Articles sur le sujet
Tarare - Initiative jeunes Sheila, la maman de Noé, suicidé à 16 ans : « Mon fils était en dehors de tout moule »
https://www.leprogres.fr/rhone-69-edition-tarare/2018/10/04/sheila-la-maman-de-noe-mon-fils-etait-en-dehors-de-tout-moule Le 04/10/2018
Le Progrès vous avait raconté la naissance du projet “Je suis nous”, parti de Tarare après le suicide de Noé, 16 ans. Mené par des jeunes déterminés à « faire l’éloge de la différence », il débouchera sur une expo photos, conçue comme un projet collectif de prise de conscience. Lors du shooting, les participants se sont confiés.
Devant l’objectif de Vincent Delesvaux (photo) et Jérémy Penel, les participants se prêtent de bonne grâce à la photographie. À l’arrivée, les portraits seront découpés en quarts afin de réaliser une fresque collective de visages bigarrés mais étrangement humains, accolés à des phrases chocs. Photo Tatiana VAZQUEZ
Ancelin, 16 ans, lycéen. Ami de Noé, c’est lui qui a lancé le “JSN Project”
« Noé était différent. Trop intelligent, trop spécial. Il assumait sa différence. Certains avaient du mal à le comprendre et au collège, il avait été victime de harcèlement. Le JSN Project me tenait à cœur, car je ne comprends pas que dans notre société, on ait peur de la différence. Il faut rendre hommage à la différence. C’est notre force même si parfois c’est compliqué. Je sais bien que l’on essaie de tout faire pour se ressembler, on s’habille de la même manière, on écoute la même musique, on parle avec les mêmes mots. Mais en vérité, on est tous différents dans ce qu’on est. »
Inès, 17 ans, lycéenne
« Je suis là pour dire que le harcèlement, ça ne mène à rien d’autre qu’à faire souffrir. Je suis contre ça. Chacun est libre d’être ce qu’il est. »
Guillaume, 29 ans, directeur de l’école La Plaine
« Cela fait deux, trois ans, qu’on fait vraiment attention à ça, même si on en parle, par la force des choses, en cours d’éducation morale et civique. En début d’année, j’ai fait un discours pour parler du harcèlement aux élèves de l’école et lancer le débat. Que peut-on faire contre le harcèlement ? Comment réagir quand on voit un camarade se faire harceler ? C’est compliqué le harcèlement car c’est insidieux, cela peut être invisible. Au départ, cela peut être une broutille d’enfant hautement banale qui finit par prendre des proportions. J’ai eu un cas, une fois dans ma classe. Un groupe d’enfants avait décrété qu’un de leurs camarades était “contaminé”. Plus personne ne s’approchait de lui. Heureusement, nous l’avons su et nous avons pu régler le problème. »
Sheila, la maman de Noé
« La cour de l’école n’est pas tendre. On vit dans un monde qui prône la différence mais dans les faits, c’est l’uniformisation qui règne. Et on pointe du doigt celui qui n’entre pas dans le moule. Mon fils était en dehors de tout moule. Le JSN Project, c’est comme un coup de gueule qui doit faire prendre conscience de cette réalité pour changer le monde. »
Dinesh, 50 ans, oncle de Noé
« Je sais ce que c’est d’être différent et de souffrir à cause de cette différence. J’ai eu la polio à deux ans et demi et à l’école, j’étais le souffre-douleur pour ça. Je n’étais pas comme les autres et je dérangeais. Je connais ce que ça fait d’être dans une position de faiblesse, de tristesse. Ça ne me convenait pas. Ma seule solution a été de rendre les coups. J’ai inversé la tendance grâce au sport. Grâce à un prof de gym qui m’a soutenu et encouragé dans le judo. J’avais 8 ou 9 ans. Après, ça a été différent. Quand j’ai appris pour Noé, j’ai été en colère. J’en ai marre du harcèlement. Moi, j’ai connu le harcèlement physique. Il est aujourd’hui moral. C’est pire. Car la violence morale fait encore plus mal que les coups. »
Tanguy, 18 ans
« Sans doute qu’à l’école primaire, je ne me suis pas comporté correctement vis-à-vis de camarades. J’en ai fait souffrir. Aujourd’hui, je le regrette mais quand on est petit, on ne se rend pas compte. Au début, ça peut être un jeu. On ne se doute pas… La différence, on vit avec tous les jours. Elle est culturelle, religieuse, sexuelle… Tout se mélange et c’est très bien. »
Alexandre, 19 ans, étudiant
« On ne prend pas le harcèlement suffisamment au sérieux, y compris à l’école. Il faut dire aux jeunes que les mots ça blesse. Surtout à cet âge-là, où le regard que les autres jettent sur nous est très important. »
Françoise, 51 ans, amie de la famille
« Je trouve ce projet intéressant car il réunit tous ces jeunes dans leur diversité. Ils sont sans artifice. J’aimerais que cela permette de prendre conscience du problème du suicide chez les jeunes. »
Muriel, 26 ans, proche de la famille
« Je vis dans des milieux marginaux, de voyageurs, d’altermondialistes, de punk… La différence, c’est la base de ma manière de penser le monde. J’en arrive aujourd’hui à ne plus la voir, tant tout ça me semble naturel, tant ça fait partie de moi. J’ai besoin de vivre dans des mégalopoles tant je suis en recherche de rencontres et de mélanges de cultures ou de modes de vie, de brassages de population. Jamais on ne me mettra dans une case tellement je suis faite de diversité. Et pourtant, quand on me raconte Noé, je me rends compte à quel point il est important de questionner la société dans laquelle on vit… C’est pour ça que je suis ici. »
Recueilli par Tatiana VAZQUEZ
autre article https://www.pressreader.com/france/le-pays-roannais-tarare/20181025/281492162304510