Compte-rendu et vidéo | L’appropriation par les adolescentes du contenu d’une série de fiction sur le suicide : le cas de 13 Reasons Why
Vidéo : L’appropriation par les adolescentes du contenu d’une série de fiction sur le suicide : le cas de 13 Reasons Why
Le
28 septembre dernier à l’UQAM, Pénélope Chandonnet, étudiante au
doctorat en communication à Concordia, a présenté les résultats de
recherche de son mémoire de maîtrise qui portait sur l’appropriation du
contenu de la série 13 Reasons Why par
les adolescentes. Sa présentation explore d’abord le contexte de
production et de réception de la série à travers un survol historique de
la représentation du suicide dans les médias. Elle nous présente
ensuite les résultats de recherche et l’analyse des points de vue des
adolescentes qui se décline en quatre volets: l’expérience d’écoute,
l’appropriation, la panique morale et la transformation des
significations.
Méthodologie et enjeux éthiques
La recherche de Pénélope s’inscrit dans les études sur les filles, fondées sur l’écoute des voix des jeunes femmes. La méthodologie adoptée est qualitative et inductive et c’est par l’entremise d’une analyse thématique des commentaires publiés par des adolescentes sur la page Facebook de la série qu’elle a pu analyser la perception de la série et des enjeux abordés. Le cadre méthodologique de départ qui visait des entretiens avec 15 à 30 adolescentes de 12 à 18 ans a provoqué une réticence de la part des comités d’éthique, notamment puisqu’il semble avoir une vulnérabilité perçue des adolescentes (par exemple, par l’isolement que pourrait engendrer un recrutement en ligne sur les médias sociaux ou la difficulté de rejoindre des participantes issues de communautés plus à risque). La réorientation vers une analyse de commentaires sur Facebook a pu palier aux enjeux éthiques, mais l’étudiante de Concordia note les apports multiples qu’aurait permis une triangulation des données rendue possible par des entretiens.
Thèmes abordés et l’importance de la voix des adolescentes
D’abord, il importe de souligner l’importance du thème du suicide dans la série. Les scènes choquantes ont laissé place à des opinions à la fois favorables et défavorables quant à la diffusion de la scène de suicide graphique du personnage principal de Hannah. Pour certaines, une telle scène permet de mettre en lumière la souffrance liée aux troubles de santé mentale, alors que d’autres ont souligné le potentiel déclenchement d’idéations suicidaires auprès des spectatrices et spectateurs. À l’enjeu principal du suicide s’ajoute la publication de commentaires adressant la violence faites envers les filles et les femmes. En effet, on a vu émerger des opinions variées et parfois contradictoires, surtout en matière de représentation des violences sexuelles. Les commentaires des adolescentes laissent transparaître un esprit plus critique vis-à-vis le contenu de la série que le laissent croire les autorités interviewées dans les médias. Malheureusement, la voix des adolescentes est absente et se voit dépassé par le contexte de panique morale alimenté par les médias traditionnels. En ce sens, l’étudiante au doctorat souligne l’importance de mettre de l’avant l’agentivité des jeunes femmes, surtout en contexte de productions culturelles qui visent les jeunes. Finalement, le visionnement de la série a laissé place à des enjeux d’empathie puisqu’il n’était pas rare de voir des adolescentes offrir leur aide et/ou soutien psychologique de manière ciblée à des commentatrices de la page Facebook.
D’abord, il importe de souligner l’importance du thème du suicide dans la série. Les scènes choquantes ont laissé place à des opinions à la fois favorables et défavorables quant à la diffusion de la scène de suicide graphique du personnage principal de Hannah. Pour certaines, une telle scène permet de mettre en lumière la souffrance liée aux troubles de santé mentale, alors que d’autres ont souligné le potentiel déclenchement d’idéations suicidaires auprès des spectatrices et spectateurs. À l’enjeu principal du suicide s’ajoute la publication de commentaires adressant la violence faites envers les filles et les femmes. En effet, on a vu émerger des opinions variées et parfois contradictoires, surtout en matière de représentation des violences sexuelles. Les commentaires des adolescentes laissent transparaître un esprit plus critique vis-à-vis le contenu de la série que le laissent croire les autorités interviewées dans les médias. Malheureusement, la voix des adolescentes est absente et se voit dépassé par le contexte de panique morale alimenté par les médias traditionnels. En ce sens, l’étudiante au doctorat souligne l’importance de mettre de l’avant l’agentivité des jeunes femmes, surtout en contexte de productions culturelles qui visent les jeunes. Finalement, le visionnement de la série a laissé place à des enjeux d’empathie puisqu’il n’était pas rare de voir des adolescentes offrir leur aide et/ou soutien psychologique de manière ciblée à des commentatrices de la page Facebook.
Pistes de réflexion, limites et apports de la recherche
L’étudiante identifie les limites et les apports de sa recherche ainsi que des pistes de réflexion pour des recherches à venir. D’abord, l’analyse a permis de contribué à la littérature sur l’expérience de l’écoute en rafale, notamment en contexte de croisement entre les médias traditionnels et les nouvelles formes d’écoute en ligne sur des plateformes comme Netflix. Pénélope souligne qu’il existe peu de littérature sur la réception des séries à « l’ère post-réseaux » du numérique et que les contextes pluriels de visionnement actuels laissent place à des opportunités d’études intéressantes. Il est noté que les adolescentes qui ont participé à un visionnement en rafale commentaient sur les médias sociaux qu’elles s’étaient livrées à cette formule de « binge watch » de la série. Par ailleurs, elle note qu’il serait intéressant de voir comment l’encadrement de l’écoute par les adultes pourrait influencer la production de significations par les jeunes, ou comment une analyse sur Twitter aurait pu générer des données en direct. La dernière piste qu’identifie Pénélope est celle de la représentation de la douleur dans la série (par exemple, la douleur physique et la douleur émotionnelle ressentie par les proches) comme moyen dissuasif de passer au suicide. À la lumière de ces constats, il devient évident que les pratiques de visionnement en ligne chez les jeunes offrent des contextes de recherche riches et prometteurs.
L’étudiante identifie les limites et les apports de sa recherche ainsi que des pistes de réflexion pour des recherches à venir. D’abord, l’analyse a permis de contribué à la littérature sur l’expérience de l’écoute en rafale, notamment en contexte de croisement entre les médias traditionnels et les nouvelles formes d’écoute en ligne sur des plateformes comme Netflix. Pénélope souligne qu’il existe peu de littérature sur la réception des séries à « l’ère post-réseaux » du numérique et que les contextes pluriels de visionnement actuels laissent place à des opportunités d’études intéressantes. Il est noté que les adolescentes qui ont participé à un visionnement en rafale commentaient sur les médias sociaux qu’elles s’étaient livrées à cette formule de « binge watch » de la série. Par ailleurs, elle note qu’il serait intéressant de voir comment l’encadrement de l’écoute par les adultes pourrait influencer la production de significations par les jeunes, ou comment une analyse sur Twitter aurait pu générer des données en direct. La dernière piste qu’identifie Pénélope est celle de la représentation de la douleur dans la série (par exemple, la douleur physique et la douleur émotionnelle ressentie par les proches) comme moyen dissuasif de passer au suicide. À la lumière de ces constats, il devient évident que les pratiques de visionnement en ligne chez les jeunes offrent des contextes de recherche riches et prometteurs.
Pour télécharger la présentation PowerPoint :L’appropriation par les adolescentes du contenu d’une série de fiction sur le suicide : le cas de 13 Reasons Why
https://comsante.uqam.ca/compte-rendu-et-video-i-lappropriation-par-les-adolescentes-du-contenu-dune-serie-de-fiction-sur-le-suicide-le-cas-de-13-reasons-why/