vendredi 12 mars 2021

Prévention du suicide : le CHU de Lille coordonne la mise en place d’un numéro national


Prévention du suicide : le CHU de Lille coordonne la mise en place d’un numéro national

Rédigé par Rédaction le Vendredi 12 Mars 2021

Prévue par le Ségur de la santé, la création d’un numéro national de prévention du suicide se met progressivement en place. Le CHU de Lille a été choisi pour le déploiement opérationnel de ce numéro qui devrait voir le jour le 10 septembre prochain, journée internationale de prévention du suicide.

Dans la continuité de la Feuille de route santé mentale et psychiatrie de 2018, le Ségur de la santé, dont les conclusions ont été rendues en juillet 2020, a confirmé la volonté de mettre en service pour l’ensemble de la population française un numéro de prévention du suicide. Suite à un appel à projet publié le 8 décembre 2020, le CHU de Lille a été désigné comme pôle national en charge du déploiement opérationnel de ce numéro dédié. Cette première étape lance les travaux d’un numéro national, qui verra le jour le 10 septembre 2021, à l’occasion de la journée internationale de prévention du suicide.

« Le suicide peut être lié à certaines pathologies psychiatriques, mais il est également révélateur de problématiques individuelles, sociales ou encore économiques », rappelle le CHU dans un communiqué. « Dès lors que ces facteurs multiples se conjuguent, ils peuvent mener une personne vers une période de vulnérabilité et de déséquilibre psychique. Il importe donc de considérer la personne dans sa globalité pour appréhender les idées suicidaires ; elles traduisent, en effet, l’état d’une personne en grande souffrance psychique. »

Mise en place d’une stratégie globale

Pensé par l’équipe du Pr Pierre Thomas – chef du pôle de psychiatrie, médecine légale et médecine en milieu pénitentiaire du CHU de Lille – le futur numéro national de prévention du suicide s’appuiera donc sur le déploiement d’une stratégie « globale », dont le numéro dédié sera l’une des portes d’entrée. Le numéro dédié permettra donc de potentialiser : l’action de l’ensemble des acteurs mobilisés, au sein de chaque territoire, les interventions ciblées menées à l’échelon individuel et celles menées à l’échelon collectif ainsi que les connaissances issues de champs de savoir différents.

Derrière le téléphone et le tchat, 24h/24, 7j/7, des professionnels spécifiquement formés assureront des missions d’écoute, d’évaluation, d’orientation et d’intervention. En plus de contribuer à la correction des inégalités territoriales et de désengorger les services d’urgence, le numéro unique de prévention du suicide répondra à un spectre large de sollicitations : des personnes ayant des idées suicidaires, depuis les premières idées de mort jusqu’à l’acmé de la crise ; les proches, l’entourage, les médecins généralistes... éprouvant de l’inquiétude pour une personne ; les endeuillés par suicide et les personnes exposées à un suicide ; ou encore les institutions impactées par le suicide d’un de leurs membres. 


https://www.hospitalia.fr/Prevention-du-suicide%C2%A0-le-CHU-de-Lille-coordonne-la-mise-en-place-d-un-numero-national_a2578.html

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Le 29/03/2021
Bientôt un numéro national de prévention du suicide
Le Reportage de la rédaction par Cécile Bidault
Le CHU de Lille a été choisi par le gouvernement pour coordonner la création du futur numéro national de prévention du suicide. Un numéro de téléphone qui sera activé le 10 septembre 2021. Il pourra être appelé par des personnes qui ont des idées suicidaires, et leur entourage. Dépression•

Alors que les questions de santé mentale et de détresse psychologique sont revenues en force dans le débat public avec la pandémie de Covid-19 et les confinements, le gouvernement a annoncé la mise en place d'un numéro national de prévention du suicide. Il sera activé le 10 septembre prochain, date de la journée mondiale de prévention du suicide et il sera coordonné par le centre hospitalier universitaire de Lille.

Ce numéro d'appel sera une porte d'entrée pour toute personne ayant des idées suicidaires, ou inquiète pour l'un de ses proches : au bout du fil, 7 jours sur 7, 24 heures sur 24, des soignants pour écouter, orienter vers des soins, voire déclencher une intervention s'il y a urgence.

Reportage de Cécile Bidault de France Bleu Nord.
Pour les personnes en détresse et leurs proches

Le professeur Pierre Thomas est le chef du pôle de psychiatrie du CHU de Lille, qui est en train de conceptualiser et d'organiser cette ligne d'écoute.
Le CHU de Lille a été choisi par le gouvernement pour coordonner la mise en place d'un numéro de téléphone de prévention du suicide• Crédits : Cécile Bidault - Radio France

"Le but est que chaque personne qui a dans l'idée de se suicider puisse joindre ce numéro pour avoir des recours", explique le professeur Pierre Thomas, chef du pôle de psychiatrie du CHU de Lille, mais aussi des proches, des professionnels. Ça peut être le médecin généraliste, un enseignant, ou même un entraîneur de foot qui remarque qu'un de ses gars ne va pas bien. L'idée est de proposer des ressources à tout un chacun qui se poserait des questions, pour lui ou pour autrui.
Prise de conscience

Avec 8 500 décès chaque année, et 200 000 tentatives, la France est l'un des pays d'Europe où le taux de suicide est le plus élevé. Près de 5% de la population a pensé à passer à l'acte au cours des 12 derniers mois, selon Santé Publique France.

Pourtant, cette terrible situation n'est pas une fatalité : d'après Pierre Thomas, avec les ressources nécessaires, on peut améliorer ces statistiques. Et donc sauver des vies.

Le suicide est une cause de décès évitable. L'expérience a montré qu'il s'agit souvent d'une crise suicidaire, et qu'il suffit de rompre cette crise, recréer un lien, pour retrouver le sens de la vie.
CHU reconnu comme expert dans ce domaine

Il y aura des plateformes dans chaque région, sur le modèle en cours de développement à Lille. Car le CHU est reconnu en la matière : il existe plusieurs programmes de prévention du suicide, notamment Vigilans, qui consiste à garder le contact avec des personnes ayant déjà fait une tentative, pour empêcher les récidives. Ou Papageno, qui lutte contre la propagation suicidaire et tente d'améliorer la manière dont l'information circule sur les suicides.

Ce futur numéro sera une nouvelle étape dans la prévention.

Charles-Edouard Notredame, psychiatre au CHU de Lille, coordinateur adjoint du projet :

Les préoccupations ne sont pas récentes, ça fait un moment qu'on y réfléchit. La crise actuelle suscite beaucoup d'inquiétudes par rapport à la santé mentale, donc il y a probablement eu un effet catalytique sur le lancement de ce nouveau projet, très attendu.

Le numéro de cette ligne téléphonique de prévention du suicide reste à définir, il devra être simple à retenir, à trois ou quatre chiffres, et accessible à chacun, quel que soit son handicap.
https://www.franceculture.fr/emissions/le-reportage-de-la-redaction/bientot-un-numero-national-de-prevention-du-suicide