vendredi 5 juillet 2019

ETUDE RECHERCHE CRITIQUES DEBATS la question de l'altitude et risques suicidaires

Le mystère des suicides en altitude enfin résolu?
Repéré par Alice Ballot — 3 juillet 2019  http://www.slate.fr*
Repéré sur Vice

"L'altitude modifie la production de la sérotonine, le neurotransmetteur responsable de l'humeur."

C'est un fait: les taux de suicide sont beaucoup plus élevés dans certains États de l'ouest des États-Unis, comme l'Utah et le Colorado, situés dans la région gaiement surnommée «the suicide belt» [la ceinture du suicide]. Leur point commun? L'altitude. Des scientifiques ont enquêté sur le sujet pour tirer cette histoire au clair.
Des résultats significatifs

En 2011, une théorie a été avancée par le psychiatre et neurobiologiste Perry Renshaw et ses collègues, selon laquelle les hautes altitudes seraient à mettre en relation avec le suicide; le manque d'oxygène pourrait, en plus d'altérer le fonctionnement des médicaments contre la dépression, entraîner une hypoxie et affecter certains processus du cerveau, comme la production de la sérotonine, neurotransmetteur qui joue un rôle-clé dans l'humeur. Ils ont constaté que le taux de suicide dans les régions de moins de 600 mètres d'altitude correspondait à la moitié de celui des régions s'élevant entre 1.200 et 1.500 mètres d'altitude.

Renshaw a par la suite continué ses expériences, la dernière datant de mai 2019, dans laquelle il constate qu'il existe une corrélation entre l'altitude moyenne d'un État et le taux de suicide total des anciens combattants.

Brent Kious, psychiatre à l'Université d'Utah, a également publié les résultats d'une expérience sur l'altitude en mai 2019, et en a tiré la conclusion suivante: «Si vous n'êtes pas déjà déprimé, ce ne sera pas un gros problème, explique-t-il, mais si quelqu'un est déjà modérément déprimé, cela peut faire une différence et avoir un impact sur le risque de suicide.»

Ces publications ont suscité de nombreuses réactions et permis de prendre des mesures d'approvisionnement en oxygène en cas de dépression. «Les gens envoient des courriers électroniques et disent: “Je comprends enfin ce qu'il se passe avec moi”», confie la neuroscientifique Shami Kanekar, collègue de Renshaw.

Des résultats similaires ont été observés en Espagne, en Corée du Sud et en Autriche.
Une théorie contredite

Certains restent dubitatifs quant à ce raisonnement qu'ils ne trouvent pas adapté. «Nous ne pouvons pas simplement généraliser l'association entre l'altitude et la santé mentale», déclare Hoehun Ha, assistant professeur de géographie.

Ben Honigman, professeur en médecine d'urgence, est également sceptique à propos des études publiées, qu'il dit basées uniquement sur des données d'observation.

«Nous avons trouvé de nombreux autres facteurs qui rivalisent avec l'altitude: si elle joue un rôle, il est mineur, affirme Honigman. Nous ne pouvons pas ignorer tous les TSPT et les éléments déclencheurs [...] comme l'accès aux armes et toutes ces choses effrayantes qui entrent en jeu dans la suicidalité.»

Mais chaque nouvelle étude que réalisent Renshaw et ses collègues renforce la conviction que l'altitude a bien une influence sur la santé mentale des individus.

http://www.slate.fr/story/179070/suicide-altitude-oxygene-sante-mentale-depression