Les adolescents ont tendance à reproduire les comportements dont ils sont victimes.
La Presse canadienne
Les
enfants à qui des parents hostiles infligent de mauvais traitements
sont ensuite plus susceptibles de devenir des intimidateurs ou des
intimidés, démontre une nouvelle étude internationale à laquelle a
participé un chercheur de l'Université Concordia.
« Les
mauvais traitements, c'est la façon dont je m'adresse [à un enfant] et
la façon dont je vais faire une intervention auprès d'un enfant en
utilisant le sarcasme, le mépris, le dénigrement, a expliqué Éric
Morissette, de la Faculté des sciences de l'éducation de l'Université de
Montréal. On appelle ça communément "de petites violences" ».
L'étude publiée par le Journal of Youth and Adolescence (en anglais) (Nouvelle fenêtre)
est l'oeuvre de chercheurs de l'université américaine Florida Atlantic
et de l'université suédoise Uppsala, en collaboration avec le professeur
Daniel J. Dickson de Concordia.
Ils ont suivi pendant trois ans quelque 1400 adolescents
âgés de 13 à 15 ans. Ils ont constaté que l'humiliation et le
dénigrement qui leur sont infligés par leurs parents sont source de
colère, de difficultés à gérer les émotions, d'hostilité et
d'agressivité verbale et physique, ce qui augmente ensuite le risque
qu'ils soient auteurs ou victimes d'intimidation.
Ils risquent aussi de devenir des intimidateurs-victimes,
à savoir des intimidateurs qui sont eux-mêmes victimisés par d'autres
intimidateurs. Des études indiquent que ces intimidateurs-victimes ont
le plus grand risque de problèmes de santé mentale, de troubles de
comportement et de pensées suicidaires, comparativement à ceux qui sont
« uniquement » des victimes ou des intimidateurs.
Les conclusions de cette étude ne sont pas étonnantes,
puisque l'enfant qui est systématiquement humilié ou dénigré à la maison
pourra avoir deux réactions, ajoute Éric Morissette.
Si je viens d'un milieu où j'ai été victimisé par les adultes qui m'entourent et mon tempérament a fait que j'ai continué à camper ce rôle-là à l'école (sans rien dire) et sans que mes parents m'équipent pour me défendre (...) je finis par me convaincre que c'est normal et que c'est mon rôle à moi, a-t-il dit. Et on a l'autre qui dit, "hey je vois comment on agresse, donc je vais agresser à mon tour".
Le message véhiculé par cette nouvelle étude s'adresse
donc directement aux parents : faites attention à ce que vous dites,
chaque mot a son importance, et si vous vous échappez, comme ça arrive
tôt ou tard à n'importe quel parent, récupérez ça au plus vite.
« Et excusez-vous. Un enfant qui voit un adulte s'excuser
apprend que c'est normal de faire des erreurs et il apprend comment
récupérer une erreur », conseille M. Morissette.