Actualité des PME
Le burn-out des dirigeants de PME : un tabou français en train de sauter
Hubert Vialatte / Correspondant à Montpellier | Le 31/10 à 17:43, mis à jour le 03/11 à http://www.lesechos.fr/pme-innovation/actualite-pme/0203904907770-le-burn-out-des-dirigeants-de-pme-un-tabou-francais-en-train-de-sauter-1059763.php?xtor=CS1-60&yxoceVBalp31tPZp.99
Sondage mené aurpès de 292 dirigeants par amarok - DR
+ VIDEO - Un suicide tous les deux jours touche un patron de pme un agriculteur ou un artisan .
La détresse des petits patrons n’est plus un sujet honteux. Le 10 juillet dernier, à Montpellier, se tenait la première journée nationale traitant du sujet. Au cœur du dispositif : Olivier Torrès, un chercheur montpelliérain, créateur en 2009 de l’ observatoire Amarok , spécialisé dans l’étude de la santé des dirigeants de PME, artisans, commerçants et professions libérales. « Le suicide d’un salarié d’Orange, ça fait le “20 Heures”. Un artisan qui se pend dans son garage, c’est trois lignes dans la rubrique faits-divers du journal local. Rien n’existait auparavant, alors que c’est un vrai sujet de société ! Dans une PME, si le dirigeant disparaît ou tombe malade, cela peut entraîner le dépôt de bilan », précise-t-il. Soutenu par Malakoff Médéric et une trentaine de fédérations syndicales et patronales – bâtiment, métallurgie, Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME), Medef… –, Amarok veut jeter les bases d’un service préventif pour la santé au travail des dirigeants. « Je souhaite porter cette question au plus haut niveau de la recherche universitaire », insiste Olivier Torrès. Quatre thèses sont soutenues en cette fin d’année à l’université Montpellier-I.L’observatoire a « ausculté » 1.000 patrons français à ce jour. Les premiers résultats montrent que les deux tiers d’entre eux travaillent plus de 50 heures par semaine. Ils font moins de sport que les salariés (deux fois moins de sport quotidien chez les dirigeants), ont un mauvais équilibre alimentaire (35 % des dirigeants contre 30 % des salariés) et dorment moins (trente minutes de différence avec les salariés). Il y a en France un suicide tous les deux jours touchant un patron de pme un agriculteur ou un artisan.
Un fort besoin d’accompagnement
Les patrons interrogés sont appelés tous les deux mois, avec une batterie de questions portant sur les problèmes de sommeil, le stress et la situation financière de leur affaire. La fiche est transmise à un médecin de travail et à un psychologue du travail, l’entrepreneur restant anonyme. Le spécialiste envoie ses préconisations au dirigeant par l’intermédiaire d’Amarok. 60 % des patrons de PME suivis disent avoir modifié depuis leurs comportements quotidiens. Arrêt du tabac, aménagement de microsiestes, reprise du sport, non-consommation de café au-delà d’une certaine heure, temps libre pour voir davantage les proches, telles sont les préconisations.Côté entrepreneurs, le besoin d’accompagnement est bien là : « Parler avec des psys et des confrères permet de dédramatiser et de rester sur le factuel, glisse Elisabeth Guillaumond, patronne de Fabrix, une PME (70 salariés) spécialisée dans les menuiseries extérieures et la radioprotection. On se rend compte également que l’on a tous les mêmes soucis : délais d’exécution intenables, pénalités injustes, difficultés à être réglés, ou encore problèmes de management en interne. Les collaborateurs jouent sur le côté affectif propre au dirigeant de PME, sachant qu’ils ont le droit du travail avec eux. » Un autre patron de la Vienne raconte : « Un salarié me poursuit aux prud’hommes pour racisme. Cette accusation me minait. Je suis sorti de la séance collective lessivé, mais avec un nœud en moins dans le ventre, ayant compris que je n’étais pas responsable de la situation. »Sur le terrain, certaines associations, SOS Entrepreneur, 60.000 Rebonds, ou encore le Centre d’informations sur la prévention des difficultés des entreprises (CIP) des tribunaux de commerce, tentent d’aider les chefs d’entreprise. « L’échec professionnel est encore stigmatisé en France. Mais les lignes sont en train de bouger. Certains investisseurs américains en font même une condition préalable. Pour eux, on ne devient senior que quand on a connu l’échec et travaillé dessus », affirme Philippe Rambaud, président de 60.000 Rebonds.
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