Vol. XI | 2014 : Parentalités enfermées/Objets et enfermement/Probation française
Varia
Enjeux autour de la responsabilité du geste suicidaire en institution carcérale
Analyse des enquêtes du coroner de Montréal entre 1892 et 1950
Patrice Corriveau, Jean-François Cauchie et Isabelle Perreault
Source : http://champpenal.revues.org/8973
Résumés
Au Québec, une enquête du coroner
est entreprise dès qu’une mort survient sur le territoire afin d’établir
si celle-ci est due à des causes naturelles ou non. C’est le cas lors
des décès dans les institutions carcérales. Dans le présent article,
nous étudierons plus spécifiquement comment le suicide en prison devient ce
que les acteurs sociaux et les rapports officiels en disent dans
l’enquête du coroner. Nous disposons à cet effet d’un corpus empirique
de première main : les enquêtes des coroners du district judiciaire de
Montréal qui ont conclu à des décès par suicide entre 1892 et 1950.
Notre étude permet de saisir comment les diverses explications du
suicide en institution carcérale se construisent au fil de l’enquête des
coroners, par les informations qu’ils colligent et notent dans leurs
rapports, mais aussi par les témoignages qu’ils recueillent et les mots
utilisés par les uns et les autres pour décrire les événements entourant
la mort (et le mort). Nous verrons notamment qu’un « suicide » peut
connaître des interprétations différentes selon les acteurs sociaux
appelés à le commenter et l’expliquer, de même que selon la période dans
laquelle il est nommé. Nous constaterons aussi que les verdicts de
suicide dans les institutions carcérales montrent que le statut de
détenu comme paria rend concevable la « volonté suicidaire » aux yeux du
coroner (et de ses témoins), alors que ce n’est pas le cas pour les
verdicts touchant la population générale.
Mots-clés :
suicide, enquêtes, coroner, Montréal, institutions carcérales, prisons, prison
Plan
Introduction
I - Mise en contexte de la problématique du suicide en prison
II - L’enquête et les dossiers du coroner comme source empirique
III - À qui la faute…
1) La faute aux institutions, à son personnel ou au détenu lui-même ?
2) La faute à l’alcool, mère de tous les maux ?
3) La faute à un « moment de folie » ?
Pour conclure
Article en ligne http://champpenal.revues.org/8973