D’après European Psychiatry Volume 29, Issue 8,
Supplement, November 2014, Pages Hors-série 1 – 6ème Congrès Français de
Psychiatrie – Nice, novembre 2014
3 résumés d’interventions
sur la question du suicide et Afrique
SMAO - La
clinique suicidaire en Afrique sub-saharienne: de l’analyse sociologique à la prévention
P. Legrand ? Clinique
Fanon, centre hospitalier du Rouvray, Sotteville-les-Rouen, France
Adresse
e-mail : pierre.legrand@ch-lerouvray.fr
Malgré un
manque d’études et de statistiques officielles, la progression de la clinique
suicidaire (idées suicidaires, tentatives de suicide et suicide) en Afrique Sub-saharienne
semble incontestable sur le terrain. Cette avancée de l’intentionnalité de se
donner la mort, s’explique sans doute en partie par les profondes mutations que
les sociétés africaines vivent actuellement dans le cadre de la globalisation
économique et culturelle.
De ce point
de vue, cette augmentation semble donner raison au postulat du sociologue Émile
Durkheim selon lequel le fait social serait au moins aussi important que le
déterminisme individuel dans l’explication du suicide [1]. Dans une première partie
,nous tenterons d’analyser l’évolution des sociétés contemporaines africaines
au filtre des concepts Durkheimiens de «régulation» et d’«intégration» pour tenter de donner une ébauche
sociologique du suicide en leur sein. Nous envisagerons dans une seconde
partie, de donner un cadre épidémiologique et sémiologique à la clinique
suicidaire africaine contemporaine et comment celle-ci a pu naître et évoluer
par rapports aux représentations traditionnelles qui y étaient rattachées [2,3]
.Nous terminerons par la présentation de l’action que l’association santé
mentale en Afrique de l’Ouest (SMAO) développe à travers la mise en place de
centre-relais de santé mentale avec son partenaire, l’Ong Saint-Camille de
Lellis, au Bénin. Ce programme de formation sur trois années permet de
sensibiliser les acteurs de santé de première ligne (infirmiers de soins
généraux) à cette clinique du suicide qui reste encore taboue et difficile à appréhender,
tant sur le plan culturel que religieux [4].
Mots clés Suicide
; Afrique sub-saharienne ; Durkheim ; Représentations du suicide ; Smao ; Ong
Saint-Camille de Lellis
Déclaration d’intérêts L’auteur n’a pas transmis de déclaration de conflits d’intérêts.
Déclaration d’intérêts L’auteur n’a pas transmis de déclaration de conflits d’intérêts.
Références
[1] Durkheim
E. Le suicide. Ed Puf; 1897.
[2] Nwuso
SO, Odesamni WO. Patterns of suicides in Ile-Ife Nigeria.
West Afr J
Med 2001;20:259–62.
[3] Ndosi
NK, Mbonde MP, Lyamuya EL. Profile of suicide in Dar es
Salaam. East
Afr Med J 2004;81:207–11.
[4] Plan
d’action pour la Santé Mentale 2013–2020. OMS, Genève.
FA25A
L’Afrique
contemporaine au révélateur de Durkheim
W. Alarcon, Centre
hospitalier Mas-Careiron, section 30G05, Uzès, France
Adresse
e-mail :colletdedeze@gmail.com
En 1897,
Émile Durkheim, père de la sociologie moderne fait paraître un de ses ouvrages clefs,
«Le Suicide», qui va bouleverser le regard que l’on porte sur ce phénomène.
Il y affirme, que loin d’être un phénomène purement individuel, le suicide est
aussi un fait social, qui peut dire quelque chose de la société dans laquelle
vit le suicidant [1]
.Durkheim révèle
les «déterminants sociaux» pouvant influencer le passage à l’acte suicidaire et
il conclue à l’existence de plusieurs catégories sociales de suicide. Il met
surtout en évidence que ce sont les mutations sociales rapides qui sont les
périodes les plus à risque d’augmentation de la pathologie suicidaire. Dans une
première partie, nous tenterons ainsi d’analyser l’évolution des sociétés
contemporaines africaines au filtre des concepts Durkheimiens de «régulation» et d’«intégration» pour tenter de donner une ébauche sociologique du
suicide en leur sein. Nous envisagerons dans une seconde partie, d’analyser les
critiques opposables à la vision de Durkheim pour essayer de s’approcher au
plus près d’une représentation sociale actualisée du suicide, mêlant à la fois les
bouleversements sociétaux d’une Afrique plongée dans la globalisation et les
aspirations individuelles nouvelles entre tradition et modernité [2–4] .
Mots clés Suicide
; Afrique sub-saharienne ; Durkheim ; Régulation ; Intégration ; SMAO Déclaration
d’intérêts L’auteur n’a pas de conflit d’intérêt.
Références
Références
[1] Durkheim
E. Le suicide. Ed. Puf; 1897.
[2] Baudelot
C, Establet R. Suicide: l’envers de notre monde. Ed.
Seuil; 2006.
[3] Auge M.
Pour une anthropologie des mondes contemporains.
Ed.
Flammarion Champs-Essai; 2010.
[4] Abélès
M. Anthropologie de la globalisation. Ed. Payot Petite
Bibliothèque;
2012.
http://dx.doi.org/10.1016/j.eurpsy.2014.09.172
FA25B
Épidémiologie
et représentations du suicide en Afrique sub-saharienne J.-C. Bernard
CHU de
Nantes, Nantes, France
Adresse
e-mail : j-charles.bernard@hotmail.fr
Le suicide
dans les sociétés traditionnelles africaines est depuis longtemps sujet
d’interrogations multiples et de fantasmes divers. Existe-t-il? Prend-il une forme
particulière? Les peuples traditionnels d’Afrique possèdent-ils des mécanismes
de protection? Si oui, quels sont-ils? Sur le plan épidémiologique, la rareté
des études nous force à rester dans des conjectures. Mais les six articles scientifiques
que nous présenterons ([1,2] ...) convergent
vers des caractéristiques statistiques «classiques» du suicide – avec toutefois un très
jeune âge moyen retrouvé, probablement plus reflet de la pyramide des âges africaine
que d’une caractéristique en soi du « suicide à l’africaine ». Dans un
second temps, nous nous pencherons sur les caractéristiques traditionnelles
sociales et anthropologiques des sociétés traditionnelles africaines qui pourraient
faire penser à une appréhension différente de cet acte autodestructeur. Nous
aborderons le rôle des religions monothéistes et animistes, la place du suicide
dans l’histoire traditionnelle et les légendes, et le récit d’un reporter
occidental au long cours en Afrique [3], pour nous rendre compte que les
sociétés traditionnelles ne possèdent probablement pas plus d’amulette de
protection contre le suicide que les sociétés occidentales. Le tabou est, lui,
certainement plus fort.
In fine,
l’évolution de la société africaine vers une société urbanisée au tissu social
de plus en plus globalisé et individualiste rendra la question de la teinte
culturelle du suicide en Afrique sub-saharienne de plus en plus obsolète...
Mots clés Suicide
; Afrique sub-saharienne ; Urbanisation ; Légendes ; Animisme ; Tabou
Déclaration d’intérêts L’auteur n’a pas de conflit d’intérêt.
Déclaration d’intérêts L’auteur n’a pas de conflit d’intérêt.
Références
[1] Ndosi
NK, Mbonde MP, Lyamuya EL. Profile of suicide in Dar es Salaam. East Afr Med J
2004;81:207–11.
[2]
Maniboliot Soumah M, ngwé Eboué A, Ndiaye M, Lami M, Sow E. Aspects
épidémiologiques du suicide à Dakar. Pan Afr Med J 2013;15:2010–21.
[3]
KapúscínskiR.Ébène:aventuresafricaines.Paris:Plon;2000.p. 43.
http://dx.doi.org/10.1016/j.eurpsy.2014.09.173
FA25C
Suicide en
Afrique: de la clinique à la prévention
C. Bergot CHU
de Montpellier, Montpellier, France
Adresse e-mail : camillebergot@yahoo.fr
Adresse e-mail : camillebergot@yahoo.fr
La santé
mentale, notamment la dépression et le suicide, est l’un des troubles majeurs
du 21esiècle. L’Organisation mondiale de
la santé (OMS), par son plan d’action pour la santé mentale 2013–2020 [1],
préconise de renforcer les dispensateurs de soins non spécialisés, afin qu’ils
intègrent la santé mentale à leur prise en charge, permettant l’utilisation de
moyens à faible coût, à grande échelle, et ce dans un cadre communautaire.
L’OMS insiste également sur la nécessité d’articuler santé physique et santé mentale,
pour une prise en charge globale et multidimensionnelle de l’individu.
Pour ce
faire, santé mentale en Afrique de l’Ouest (SMAO) développe avec son partenaire
l’ONG Saint-Camille de Lellis, au Bénin, un réseau de centres relais de santé
mentale, organisés en première ligne de la prévention et la prise en charge des
maladies psychiatriques, dont le suicide.
Un programme
de formation d’agents de santé communautaires (infirmiers de soins généraux) est
mis en place sur 3 années, dont le but est de les sensibiliser à la pratique psychiatrique.
Un pré-requis à ce travail est de briser le tabou autour du suicide, qui peut concerner
toute personne quels que soient son sexe, son âge, sa culture et sa religion. Destigmatiser
le suicide autorisera les patients à en parler, et permettra aux soignants de leur
porter un regard non jugeant et non culpabilisant, donnant accès à une
évaluation plus fine, notamment par le biais d’échelles d’évaluation simples.
Le patient, si besoin, pourra être revu rapidement en consultation au centre relais.
Ce système, en offrant une alternative à l’hospitalisation, permet aux patients
et aux familles l’accès aux soins à moindre coût Ce réseau tend à se généraliser
au Bénin, et l’on peut espérer que les services de soins en santé mentale
seront prochainement répartis équitablement sur tout le territoire.
Mots clés
OMS ; Plan
d’action ; Centre relais ; Prévention ; Évaluation ; Prise en charge communautaire
Déclaration d’intérêts L’auteur n’a pas de conflit d’intérêt.
Référence [1] Plan d’action pour la santé mentale 2013–2020. OMS: Genève
Déclaration d’intérêts L’auteur n’a pas de conflit d’intérêt.
Référence [1] Plan d’action pour la santé mentale 2013–2020. OMS: Genève