Résumé : L’examen des
réglementations successives relatives à la prévention du suicide montre
qu’un souci croissant de protection de la vie des détenus, concré- tisé
par la préoccupation de prévenir les « risques suicidaires », voit le
jour, notam- ment sous l’effet des évolutions de la jurisprudence et de
la pression militante actions associatives. L’observation des pratiques
concrètes dans deux établisse- ments pénitentiaires conduit néanmoins à
nuancer l’hypothèse d’un mouvement historique linéaire au cours duquel
les pouvoirs traditionnels de l’institution péni- tentiaire perdraient
de leur force sous la pression de cette nouvelle exigence. Le dispositif
de prévention du suicide entre en effet en tension avec d’autres
logiques professionnelles, ainsi qu’avec un souci grandissant de
protéger des « victimes potentielles » qui peut favoriser un maintien en
détention et pérenniser, par ce maintien, l’état suicidant du sujet.