vendredi 25 janvier 2019

SAUJON (17) Un programme de soins spécifiques pour traiter le burn-out est lancé cette année aux thermes et à la clinique Villa du Parc

Sud Ouest  Charente
mercredi 23 janvier 2019 
Charente
Ils luttent contre le burn-out
SAUJON (17) Un programme de soins spécifiques pour traiter le burn-out est lancé cette année aux thermes et à la clinique Villa du Parc
Stéphane Durand
Le mal est insidieux. Démotivation professionnelle en raison de conflits de valeurs, de relations difficiles avec des collègues ou un manque de reconnaissance, épuisement à la tâche... Dans tous les cas, on n'a plus d'énergie pour avancer au boulot et on devient souvent insomniaque. Les causes peuvent être multiples et liées aussi à des problèmes personnels. Les conséquences, elles, peuvent être terribles et aller jusqu'au suicide. Le burn-out professionnel peut toucher tout le monde et à tout moment.
Le docteur Olivier Dubois, qui dirige les thermes de Saujon et les deux cliniques Villa du Parc et Hippocrate spécialisées dans les troubles anxieux, dépressifs ou bipolaires, souhaite accélérer, cette année, sur la prise en charge de cette souffrance au travail. Voilà plusieurs années qu'il se penche sur la question avec une approche psycho-éducative auprès des patients et en 2016, déjà, avec l'idée de sortir hors les murs pour aller à la rencontre des salariés dans les entreprises (lire " Sud Ouest " du 29 octobre 2016). Si le projet met un peu de temps à se développer, quelques interventions ont déjà eu lieu.
En 2019, c'est à Saujon que la prise en charge des personnes souffrant de burn-out va monter en puissance avec la création d'une unité dédiée et d'un séjour de quatre semaines à la clinique Villa du Parc à partir du mois de mars calqué sur le même format que celui mis en place pour soigner les personnes bipolaires. " Il y aura un programme de soins spécifiques avec de la balnéothérapie, de la psycho-éducation pour que le patient connaisse mieux sa maladie afin de pouvoir la gérer plus facilement, des ateliers psycho-corporels et bien évidemment un suivi psychologique et psychiatrique. De nouveaux psychiatres viennent d'être recrutés ", annonce le docteur Dubois.
Ce séjour sera pris en charge par la Sécurité sociale. " Nous recevons déjà beaucoup de monde pour des burn-out. Ça correspond à 23 % de nos patients. La patientèle existe. Cette unité spécialisée sera une corde supplémentaire à notre arc pour répondre aux attentes ", prévient le directeur des Thermes et des cliniques.
" Un sentiment de honte "
Mais l'ambition ne s'arrête pas là. Un accompagnement du personnel soignant atteint de burn-out est également dans les cartons. Dans le cadre de l'école thermale du stress, des courts séjours de cinq et trois jours vont être lancés avec une première session en février. " On ne le sait pas toujours mais beaucoup de médecins ou d'infirmiers sont aussi touchés par ce problème. Les statistiques parlent de 50 % du personnel soignant ayant déjà exprimé un sentiment de burn-out. En réalité, on peut parler de 5 à 7 %. Ce qui est déjà pas mal. Sur 100 000 soignants dans la région Nouvelle Aquitaine, ça pourrait concerner entre 7 000 et 8 000 personnes ", note le docteur Dubois.
Un phénomène qui peut s'expliquer par un surinvestissement. " Les soignants sont toujours dans l'obsession de guérir l'autre en s'oubliant un peu. Il peut aussi y avoir de la frustration de ne pas arriver à mieux soigner. Certains vivent très mal l'échec. Ça les fait douter de leur capacité. J'ai récemment rencontré un confrère médecin âgé de plus de 60 ans qui a vécu un drame médical dont il se sentait responsable. Il était effondré et remettait en cause toute sa carrière alors qu'il n'y était pour rien ", confie Olivier Dubois qui est aussi psychiatre.
Il y a une difficulté à sortir de l'empathie. " Vous souffrez en même temps que les malades. Et lorsqu'on est pris dans le siphon du burn-out, la prise de conscience est très difficile. On normalise la souffrance. Il peut y avoir aussi un sentiment de honte. Le soignant est là pour soigner l'autre, pas lui. Certains ont du mal à changer le logiciel. "
Après la bipolarité, les thermes de Saujon s'attaquent donc en profondeur à ce fléau invisible mais bien réel.