L'Est Républicain * 25B - Montbéliard-nord, jeudi 10 janvier 2019
Le Pôle de gérontologie et d’innovation propose un cycle itinérant de rencontres citoyennes sur les communes de Blamont, Écurcey et Meslières pour lutter contre l’isolement et agir pour la prévention du suicide.
Les personnes âgées, en particulier à partir de 65 ans, représentent une population à risque élevé de décès par suicide. Les facteurs conduisant à cet acte sont aujourd’hui mieux connus. Il est donc possible de sensibiliser le public à ce risque en renforçant le lien social, en luttant contre l’isolement et en agissant pour la prévention du suicide. Le Pôle de gérontologie et d’innovation propose ainsi un cycle itinérant de rencontres citoyennes sur les communes de Blamont, Écurcey et Meslières. Cette action est financée par la Conférence des Financeurs de la prévention de la perte d’autonomie du Doubs. Afin d’inaugurer cette action, le PGI, le CLIC de Montbéliard, le Pays de Montbéliard Agglomération et le CRCAS Agirc-Arrco Bourgogne-Franche-Comté, en partenariat avec l’Ehpad de Blamont ont le plaisir de vous convier au théâtre forum « Je voudrais être loin ». Proposé par la Compagnie des Trois Sœurs, le rendez-vous est fixé au lundi 21 janvier à 14 h, à la maison de retraite.
Le théâtre forum est un spectacle de théâtre interactif qui permet de faire émerger la parole et la réflexion autour d’un thème. Les comédiens jouent d’abord plusieurs courtes scènes évoquant des situations quotidiennes, parfois conflictuelles ou bloquées. Puis, ces scènes sont rejouées, de telle sorte que le public puisse venir remplacer un personnage sur scène pour essayer de parvenir à une issue plus satisfaisante. Le « spect-acteur » devra tenter de mettre en place des alternatives possibles aux difficultés rencontrées.
Deux rencontres-débats seront ensuite proposées à Écurcey (lundi 11 février à 14 h) et à Meslières (lundi 4 mars à 14 h). Elles seront animées par Gérard Vallat, psychologue-psychothérapeute.
Les risques psychiques liés à l’avancée en âge sous forme de théâtre-forum
Théâtre-forum, lundi 21 janvier à 14 h à l'EHPAD de Blamont.
Entrée libre et gratuite. Renseignements et inscriptions auprès de Doriane Candas au 03 81 41 97 92.
https://www.estrepublicain.fr/edition-belfort-hericourt-montbeliard/2019/01/10/blamont-du-theatre-pour-parler-des-risques-psychiques-aux-seniors
PRESSE
L'Est Républicain
25B - Ouverture 25B, mercredi 23 janvier 2019
Théâtre-forum à Blamont, Écurcey et Meslières : jouer sur scène pour déjouer la dépression
Il
ne suffit pas de nourrir des idées noires, d’avoir des difficultés à
trouver le sommeil et de se sentir triste, déprimé(e) pour affirmer que
l’on souffre de dépression. Les coups de mou, les moments de cafard, les
mauvaises passes font partie de la vie de tout un chacun.
Pour diagnostiquer avec certitude la dépression, l’une des maladies psychiques les plus répandues, « il faut que les perturbations de l’humeur soient multiples et bien caractérisées, qu’elles se manifestent de manière quasi permanente durant une période supérieure à deux semaines, qu’elles entraînent une gêne dans un ou plusieurs domaines de la vie courante (difficulté ou incapacité à se lever, à aller à son travail, à sortir pour faire ses courses, etc.) », liste l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (INPES) dans une étude datant de 2005.
Le même institut y rappelle que « 19 % des Français âgés de 15 à 75 ans, soit près de 8 millions de personnes, ont vécu ou vivront une dépression au cours de leur vie » et que « 8 % des Français âgés de 15 à 75 ans, soit près de 3 millions de personnes, ont vécu une dépression au cours des douze mois précédant l’enquête ».
La parole est d’or, le silence d’argent
Or les personnes âgées (les « séniors » en langage plus policé) forment une population à risque élevé de décès par suicide, notamment à partir de 65 ans. Les actions de prévention, de sensibilisation, d’information s’avèrent donc plus que jamais indispensables.
Le pôle de gérontologie et d’innovation (PGI) de Bourgogne Franche-Comté a programmé, au cours du premier trimestre 2019, un cycle itinérant de rencontres citoyennes dans le pays de Montbéliard. Trois communes sont concernées : après Blamont, lundi 21 janvier, ce sera au tour d’Écurcey lundi 11 février, à 14 h, à la salle polyvalente, puis de Meslières lundi 4 mars, à 14 h, également à la salle polyvalente (1) .
Ces rencontres s’appuient sur le théâtre-forum, un spectacle de théâtre interactif propice à la réflexion collégiale, à l’émergence de la parole, à l’échange à bâtons rompus autour d’un thème. En toute liberté et sans le moindre interdit.
Lundi, à Blamont (l’Ehpad de la commune a mis l’une de ses salles à disposition du PGI), trois comédiens de la Compagnie des Trois Sœurs (Besançon) ont interprété quatre saynètes évoquant avec réalisme le quotidien d’un couple dont le mari, affaibli par l’âge de ses artères et la maladie, est aidé par son épouse. Une épouse qui supplée en fait chacun de ses faits et gestes.
Puis ces scènes ont été rejouées avec des spectateurs invités à monter sur scène et à se substituer à l’un ou l’autre des acteurs en vue d’esquisser des solutions aux problèmes soulevés, tel que l’épuisement du conjoint ou de la conjointe devenu(e) aidant(e) à son corps défendant.
Si cette animation théâtrale démontre qu’il n’y a pas de solution miracle pour contrer la dépression, elle tord le cou à un vieil adage : c’est la parole qui est d’or et le silence d’argent, et non l’inverse. Il faut parler, renforcer le lien social pour sortir de l’impasse et éviter le pire.
Pour diagnostiquer avec certitude la dépression, l’une des maladies psychiques les plus répandues, « il faut que les perturbations de l’humeur soient multiples et bien caractérisées, qu’elles se manifestent de manière quasi permanente durant une période supérieure à deux semaines, qu’elles entraînent une gêne dans un ou plusieurs domaines de la vie courante (difficulté ou incapacité à se lever, à aller à son travail, à sortir pour faire ses courses, etc.) », liste l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (INPES) dans une étude datant de 2005.
Le même institut y rappelle que « 19 % des Français âgés de 15 à 75 ans, soit près de 8 millions de personnes, ont vécu ou vivront une dépression au cours de leur vie » et que « 8 % des Français âgés de 15 à 75 ans, soit près de 3 millions de personnes, ont vécu une dépression au cours des douze mois précédant l’enquête ».
La parole est d’or, le silence d’argent
Or les personnes âgées (les « séniors » en langage plus policé) forment une population à risque élevé de décès par suicide, notamment à partir de 65 ans. Les actions de prévention, de sensibilisation, d’information s’avèrent donc plus que jamais indispensables.
Le pôle de gérontologie et d’innovation (PGI) de Bourgogne Franche-Comté a programmé, au cours du premier trimestre 2019, un cycle itinérant de rencontres citoyennes dans le pays de Montbéliard. Trois communes sont concernées : après Blamont, lundi 21 janvier, ce sera au tour d’Écurcey lundi 11 février, à 14 h, à la salle polyvalente, puis de Meslières lundi 4 mars, à 14 h, également à la salle polyvalente (1) .
Ces rencontres s’appuient sur le théâtre-forum, un spectacle de théâtre interactif propice à la réflexion collégiale, à l’émergence de la parole, à l’échange à bâtons rompus autour d’un thème. En toute liberté et sans le moindre interdit.
Lundi, à Blamont (l’Ehpad de la commune a mis l’une de ses salles à disposition du PGI), trois comédiens de la Compagnie des Trois Sœurs (Besançon) ont interprété quatre saynètes évoquant avec réalisme le quotidien d’un couple dont le mari, affaibli par l’âge de ses artères et la maladie, est aidé par son épouse. Une épouse qui supplée en fait chacun de ses faits et gestes.
Puis ces scènes ont été rejouées avec des spectateurs invités à monter sur scène et à se substituer à l’un ou l’autre des acteurs en vue d’esquisser des solutions aux problèmes soulevés, tel que l’épuisement du conjoint ou de la conjointe devenu(e) aidant(e) à son corps défendant.
Si cette animation théâtrale démontre qu’il n’y a pas de solution miracle pour contrer la dépression, elle tord le cou à un vieil adage : c’est la parole qui est d’or et le silence d’argent, et non l’inverse. Il faut parler, renforcer le lien social pour sortir de l’impasse et éviter le pire.
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La sédentarité, un facteur aggravant
23 janvier 2019 estrepublicain.fr *
Questions à Doriane Candas Chef de projet au pôle de gérontologie et d’innovation de Bourgogne Franche-Comté 23 janvier 2019 estrepublicain.fr *
Questions à
La dépression est-elle plus fréquente dans notre société qu’on ne le croit ?
« Elle est sous-estimée, c’est une certitude. Elle est très présente dans les campagnes, sans doute moins en ville où l’on communique davantage autour de cette maladie, où les activités culturelles, associatives proposées sont plus nombreuses. En milieu rural, il y a la problématique des transports : il n’est pas toujours aisé de se déplacer pour aller au spectacle, au cinéma. »
On parle souvent d’une forme de solidarité dans les campagnes.
« C’est vrai, elle existe, mais probablement un peu moins que dans le passé. »
Les solidarités familiales sont-elles en perte de vitesse ?
« C’est difficile à dire. Elles existent toujours et continueront d’exister, mais face à la dépression, l’entourage est souvent démuni. Il ne sait pas quoi faire, quelles aides il peut solliciter. »
La dépression touche-t-elle autant les femmes que les hommes ?
« Elle touche davantage les femmes. Environ deux fois plus de femmes que d’hommes sont diagnostiquées comme souffrant de la maladie. »
Que faire, comment réagir quand, autour de soi, quelqu’un, une personne âgée par exemple, est touché par une dépression ?
« Ce doit être le problème d’un peu tout le monde. Nous devons tous nous interroger sur ce qui se passe autour de nous, au domicile des personnes âgées. Pour cela, il suffit de passer chez elles pour voir comment elles vont, parler un peu avec elles, leur montrer qu’elles ne sont pas seules. Quand cela est nécessaire, il faut persuader de consulter un professionnel de santé et de suivre un traitement approprié. »
N’y a-t-il pas un risque d’intrusion dans la vie privée ?
« Bien sûr, il ne faut pas aller trop loin, mais simplement entretenir le lien social, informer par exemple les séniors qu’il va se passer tel ou tel événement à côté de chez eux, qu’on peut les y emmener s’ils le souhaitent. On peut inciter, mais pas forcer. »
Quelle est l’importance du suicide chez les séniors ?
« Il est relativement fréquent. C’est une réalité méconnue, dont ne parle pas du tout. Et c’est très regrettable. À une certaine époque, le suicide était pris à la légère. C’est comme la dépression : avec l’avancée en âge, on entend qu’il est normal d’avoir des idées noires, que c’est inévitable. C’est faux. La dépression est une maladie qui se soigne. »
L’isolement, la solitude, le repli sur soi ont-ils un effet accélérateur sur le développement de certaines maladies comme le cancer ?
« Je ne suis pas médecin, mais la sédentarité, on le sait, est un facteur aggravant pour certaines maladies dont la dépression. Moins on a d’activités, moins on sort de chez soi, et plus les risques psychiques augmentent. »
La plupart des personnes présentes lundi 21 janvier à Blamont ont été invitées par leur caisse de retraite. Faudrait-il rendre obligatoire le théâtre-forum ?
« Je ne crois pas. En revanche, parler sans tabou de la dépression, du suicide devrait être obligatoire. »
https://www.estrepublicain.fr/edition-belfort-hericourt-montbeliard/2019/01/23/la-sedentarite-un-facteur-aggravant
La dépression est-elle plus fréquente dans notre société qu’on ne le croit ?
« Elle est sous-estimée, c’est une certitude. Elle est très présente dans les campagnes, sans doute moins en ville où l’on communique davantage autour de cette maladie, où les activités culturelles, associatives proposées sont plus nombreuses. En milieu rural, il y a la problématique des transports : il n’est pas toujours aisé de se déplacer pour aller au spectacle, au cinéma. »
On parle souvent d’une forme de solidarité dans les campagnes.
« C’est vrai, elle existe, mais probablement un peu moins que dans le passé. »
Les solidarités familiales sont-elles en perte de vitesse ?
« C’est difficile à dire. Elles existent toujours et continueront d’exister, mais face à la dépression, l’entourage est souvent démuni. Il ne sait pas quoi faire, quelles aides il peut solliciter. »
La dépression touche-t-elle autant les femmes que les hommes ?
« Elle touche davantage les femmes. Environ deux fois plus de femmes que d’hommes sont diagnostiquées comme souffrant de la maladie. »
Que faire, comment réagir quand, autour de soi, quelqu’un, une personne âgée par exemple, est touché par une dépression ?
« Ce doit être le problème d’un peu tout le monde. Nous devons tous nous interroger sur ce qui se passe autour de nous, au domicile des personnes âgées. Pour cela, il suffit de passer chez elles pour voir comment elles vont, parler un peu avec elles, leur montrer qu’elles ne sont pas seules. Quand cela est nécessaire, il faut persuader de consulter un professionnel de santé et de suivre un traitement approprié. »
N’y a-t-il pas un risque d’intrusion dans la vie privée ?
« Bien sûr, il ne faut pas aller trop loin, mais simplement entretenir le lien social, informer par exemple les séniors qu’il va se passer tel ou tel événement à côté de chez eux, qu’on peut les y emmener s’ils le souhaitent. On peut inciter, mais pas forcer. »
Quelle est l’importance du suicide chez les séniors ?
« Il est relativement fréquent. C’est une réalité méconnue, dont ne parle pas du tout. Et c’est très regrettable. À une certaine époque, le suicide était pris à la légère. C’est comme la dépression : avec l’avancée en âge, on entend qu’il est normal d’avoir des idées noires, que c’est inévitable. C’est faux. La dépression est une maladie qui se soigne. »
L’isolement, la solitude, le repli sur soi ont-ils un effet accélérateur sur le développement de certaines maladies comme le cancer ?
« Je ne suis pas médecin, mais la sédentarité, on le sait, est un facteur aggravant pour certaines maladies dont la dépression. Moins on a d’activités, moins on sort de chez soi, et plus les risques psychiques augmentent. »
La plupart des personnes présentes lundi 21 janvier à Blamont ont été invitées par leur caisse de retraite. Faudrait-il rendre obligatoire le théâtre-forum ?
« Je ne crois pas. En revanche, parler sans tabou de la dépression, du suicide devrait être obligatoire. »
https://www.estrepublicain.fr/edition-belfort-hericourt-montbeliard/2019/01/23/la-sedentarite-un-facteur-aggravant