mardi 29 janvier 2019

ETUDE RECHERCHE Des ados en psychiatrie adulte…

Des ados en psychiatrie adulte…

Réalisé par la F2RSM-Psy, un audit croisé inter-établissements permet d’objectiver et de questionner l’hospitalisation des adolescents en psychiatrie adulte.
La quasi-totalité des unités d’hospitalisation pour adultes (94 %) est amenée à prendre en charge des adolescents, alors qu’elles n’ont pas de lits dédiés. Cette pratique, qui va à l’encontre des recommandations en vigueur, est le sujet de l’audit croisé inter-établissements annuel organisé par la Fédération de recherche en santé mentale des Hauts-de-France (F2RSM-Psy) en 2018. 19 établissements ont participé à cet audit, soit au total 62 unités d’hospitalisation de psychiatrie adulte.
En 2017, 690 jeunes de 15 à 18 ans ont ainsi été hospitalisés à temps plein en psychiatrie adultes et 172 en psychiatrie infanto-juvénile (PIJ), d’après les données du Recueil d’information médicalisé en psychiatrie (Rim-P). Suivant l’âge, le pourcentage augmente : près d’un 1/3 des jeunes de 15 ans hospitalisés en psychiatrie le sont chez les adultes, à 16 ans, ce taux atteint près de 50 %. En termes de volume, les établissements ont accueilli en moyenne 11 jeunes par an. Par ailleurs, 53 % des unités ne disposent pas de personnel à compétences spécifiques et 65 % des répondants expliquent ne pas disposer de professionnels formés à ces prises en charge. De manière générale, 76 % des adolescents sont déjà suivis en psychiatrie à leur arrivée. Les motifs principaux d’hospitalisation sont, dans l’ordre : les troubles du comportement (38 %), le risque suicidaire, puis les addictions et les troubles des comportements alimentaires (TCA), le contexte socio-familial, la psychose. Dans la moitié des unités, une prise en charge spécifique est organisée. La durée de séjour d’un adolescent est le plus souvent d’une semaine à 1 mois.
Au-delà des chiffres, les résultats de ce travail font émerger plusieurs préconisations pour améliorer cet accueil lorsque cette hospitalisation est inévitable. Plusieurs découlent de la nécessité d’une meilleure information et formation des professionnels, sur le plan clinique et législatif (un guide sur les modalités d’accueil d’un adolescent mineur pourrait être élaboré), ainsi que du développement de collaborations entre la PIJ et psychiatrie adulte, notamment pour organiser le relais des prises en charge. Il s’agirait aussi d’adapter les soins et la prise en charge de l’adolescent à son niveau de maturité et de compréhension et d’y associer les parents si possible (livret d’accueil adapté).
  • Les adolescents dans les unités d’hospitalisation de psychiatrie adulte. Premiers résultats de l’audit croisé, L. Plancke, A. Amariei, D. Pastureau, F2RSM-Psy, www.f2rsmpsy.fr.
https://www.santementale.fr/actualites/des-ados-en-psychiatrie-adulte.html