jeudi 11 février 2021

IRAK Le suicide chez les jeunes femmes yézidies victimes de Daech

Courrier International (site web)
Irak, lundi 8 février 2021


Le suicide, fléau chez les jeunes femmes yézidies victimes de Daech

"Je lis la nouvelle du suicide de Salma Saïd, une jeune Yézidie de 16 ans. Ce n'est pas le premier événement de ce type. La veille avait vu le suicide de deux jeunes Yézidies de 15 et 22 ans. Le lendemain, un autre suicide, cette fois-ci celui d'un jeune Yézidi de 18 ans. Sa soeur s'était suicidée six mois plus tôt." C'est le récit que fait une journaliste irakienne sur le site panarabe As-Safir Al-Arabi, où elle consacre un article au sort des Yézidis d'Irak, martyrisés par l'organisation État islamique (EI).

Tous ces suicides de jeunes femmes issues de la communauté kurdophone d'Irak ont eu lieu au même endroit, note As-Safir Al-Arabi. Un camp de déplacés de la localité de Dahuk, située non loin de Mossoul (reprise en 2017), dans le nord du territoire où vivent les Yézidis - lequel s'étend autour des monts Sinjar, dans le nord-ouest de l'Irak, et jusqu'en Syrie.

L'origine du traumatisme est évidente. "Après l'occupation de Mossoul en 2014 par l'État islamique, les Yézidis d'Irak ont été victimes du pire génocide, de la pire épuration ethnique du XXIe siècle" écrit le site panarabe. Quelque 6?500 personnes ont été enlevées. Le sort de la moitié d'entre elles est inconnu. Daech a détruit leurs villages", poursuit-il, avant d'ajouter :

Mais la plus grande des tragédies, dont les conséquences sont encore visibles, c'est la réduction en esclavage des femmes, des filles mineures et des enfants, après l'assassinat des hommes et des personnes âgées."

"L'État islamique a utilisé les personnes enlevées comme des marchandises, des biens qui se vendent, s'achètent, s'offrent en guise de cadeau et que l'on utilise à différentes fins - services sexuels ou main-d'oeuvre pour la fabrication de grenades et de missiles", rappelle le site.

"Malgré le fait que de nombreuses personnes ont été libérées, ces dernières continuent de vivre dans des conditions déplorables dans des camps de déplacés", indique As-Safir Al-Arabi, précisant qu'environ 350?000 déplacés yézidis vivent dans des camps en Irak et en dehors du pays.

"Six ans après, la situation des déplacés yézidis s'est aggravée, particulièrement après que les aides fournies par les organisations humanitaires aux camps ont diminué", note le site libanais, soulignant que "les camps manquent de services de soin, de ressources courantes comme l'eau et l'électricité, et de services éducatifs" mais aussi "psychologiques".

Certaines de celles qui ont été kidnappées par Daech souffrent encore de traumatismes psychologiques en raison de l'horreur à laquelle elles ont assisté, de la violence, de l'exploitation et des crimes contre elles et leurs familles, ce qui les rend vulnérables à la dépression et à la perte d'envie de vivre."

L'article indique que l'Irak, plus largement, a connu un taux de suicide inquiétant ces dernières années - 594 en 2019 et 375 en 2020, selon le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme.
Cet article est paru dans Courrier International (site web)
https://www.courrierinternational.com/article/traumatisme-le-suicide-fleau-chez-les-jeunes-femmes-yezidies-victimes-de-daech